Programme de troisième
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Programme de troisième
Babel Du 28 mai au 29 août Pistes pédagogiques Programme de 3ème 1 Programme de troisième : l’espace, l’œuvre et le spectateur Rez-de-chaussée L’expérience sensible de l’espace permet d’interroger les rapports entre le corps du spectateur et l’oeuvre (être devant, dedans, déambuler, interagir). er 1 étage L’expérience sensible de l’espace permet d’interroger les rapports entre l’espace perçu et l’espace représenté, la question du point de vue (fixe et mobile) - Prendre en considération les données physiques d’un espace plan - Expérimenter et réaliser des productions en rapport avec l’espace - Exposer leurs travaux selon différentes modalités. Le dessin et la peinture créent également des espaces qui se déploient dans la bidimensionnalité Artistes, oeuvres Prolongements Rez-de-chaussée Rez-de-chaussée 5. Etienne BOSSUT Cette sculpture sera l’occasion d’aborder la question du rapport de la sculpture à l’espace mais aussi ce que le recours aux nouveaux matériaux permet. Les moulages en polyester permettent d’obtenir des couleurs aux tonalités vives ainsi que des formes creuses permettant les emboîtements. Cette procédure rompant avec la tradition de la sculpture prolonge les collages et assemblages du siècle dernier. Les références à l’histoire de l’art et au design permettront de comprendre le cheminement créatif d’Etienne Bosssut. er 1 étage Grand Laocoon, 2004, moulage en polyester teinté dans la masse, 200 × 300 × 215 er 1 étage 2. Fabian MARCACCIO Babylon Noise, 2003, encres pigmentées, huile et silicone sur toile, 183 × 244 10. 11. Pierre MABILLE Sans titre, 2000, acrylique sur toile, 60 × 60 chaque 12. Richard TUTTLE Paris Piece I, 1990, bois peint, tissu libre peint, structure en bois tendu de vinyle orange, 137 × 97 × 16 13. Raoul de KEYSER Opponents, 2007, acrylique sur toile, 100 × 68. Babylon Noise offre une variété de lectures. Le recours au silicone, combiné à des images réalisées en infographie à des échelles variées, induit pour le spectateur un déplacement. Les quatre traces de silicone dans Babylon Noise sont l’évocation des trajectoires des avions du 11 septembre 2001. C’est aussi le résultat de l’interaction entre le geste, l’outil et le médium. Ce dernier venant d’un champ extérieur au domaine de l’art. Des signes sont intégrés dans l’image et l’on pourra s’attacher à en repérer quelques uns : le symbole hippie, des réseaux sous forme de lignes colorées se combinent à une image satellite. Travaillés à une échelle différente, ce sont des fragments de toile qui apparaissent juxtaposés à des espaces colorés. Pierre Mabille est un artiste qui attache peu d’importance à la facture, il dit « ne pas chercher à dépasser les limites de son habileté ». On notera cependant les jeux de transparence, superposition, opacité, trames qui jalonnent ces variations chromatiques d’un motif répétitif qui sature l’espace pictural. Richard Tuttle est l’artiste dont les œuvres se caractérisent par leur aspect rudimentaire en apparence, mais en fait très élaboré notamment dans le rapport à l’espace de présentation. L’image produite qui « pourrait entretenir un lien avec une représentation stéréotypée d’une vue en perspective de la Seine à Paris surplombée par un soleil rougeoyant » (journal de l’exposition) affirme surtout sa présence par ses matériaux et l’accrochage très singulier qui donne un peu l’impression d’un abandon. Une peinture du presque rien où l’on distingue 4 points bleus et deux lignes roses. Un espace frontal, comme un fragment de réalité qui renvoie peut être à une autre activité de Raoul de Keyser, arrivé assez tardivement à la peinture à l’âge de 33 ans, celle de reporter sportif. L’artiste va puiser dans son environnement proche, dans la réalité quotidienne d’infimes détails dont il fait son miel. Cette peinture revient sans cesse sur cette question inépuisable de l’abstraction. Raoul de Keyser va fouiller « de petites choses (qui) aspirent le monde, et deviennent le monde » (Jean-Charles Vergne, « Raoul de Keyser », catalogue FRAC Auvergne juin 2008, p.6). 2 15. Sergej JENSEN Sans titre, 2006, Lin, coton, toile de jute, 247,5 x 198 - Prendre en considération les données physiques d’un espace plan 16. Mette WINCKELMANN Sans titre, 2007, tissu, 205 × 224 17. Frank NITSCHE UBS-2-2006, 2006, huile sur toile, 185 × 155 Le dessin et la peinture créent également des espaces qui se déploient dans la bidimensionnalité La prise en compte et la compréhension de l’espace de l’oeuvre Le rapport entre l’échelle de l’oeuvre et l’échelle du lieu Dialectique du plein et du vide, de l’intérieur et de l’extérieur, la forme se déploie dans l’espace et en même temps, elle le génère. 20. Gérard GASIOROWSKI Construction, ouvrage, voie, 1986, acrylique sur papier marouflé sur toile, 122 × 320 21. Martin BARRE 73-74 C, 1973-1974, glycéro, acrylique sur toile, 149 × 140 22. 23. Julije KNIFER Sans titre, acrylique sur toile, 2 × (180 × 160) L’expérience sensible de l’espace permet d’interroger les différents rapports entre le corps de l’auteur et l’oeuvre (geste, posture) - Réaliser une production artistique qui implique le corps (geste) 24. Pierre SOULAGES Peinture, 114 × 162, 17 octobre 1978, 1978, huile sur toile, 114 × 162 25. Jean DEGOTTEX ETC V, 1967, encre de chine, toile bistre, 210 × 130 Dans ces trois oeuvres l’espace pictural se construit selon des opérations quelque peu différentes. Dans les deux premières ce sont des matériaux de textures et couleurs différentes qui s’agrègent les uns aux autres par couture. La structure de l’œuvre de Sergej Jensen est verticale. Pour celle de Mette Winckelmann la fragmentation en petites zones colorées tient du patchwork. Elle est très rigoureuse et avec les élèves il sera possible, sous forme de schémas, de faire apparaître les diagonales qui traversent la surface ainsi que toutes les autres lignes qui organisent l’espace. La construction de cette œuvre fait appel à des modes de représentations graphiques qui empruntent au design, à l’histoire de l’art ou à la bande dessinée. On peut ainsi convoquer la bande dessinée avec les dessins d’architectures de F. Schuiten et B. Peeters (La Tour ou La fièvre d’Urbicande), les eaux fortes de Piranèse (suite des Prisons) ou encore la Bataille de San Romano de Paolo Ucello. La densité des indications graphiques, la rigueur de leur traitement font également directement penser à des épures condensées dans un même espace, et aux dessins d’architecture. Cette œuvre de grande dimension invite le spectateur à des déplacements. En la longeant tout d’abord pour en appréhender la longueur. En s’en rapprochant ensuite pour en goûter toutes les subtilités chromatiques. L’histoire de l’art de la peinture du XXème siècle a été marquée par l’incessante question de sa disparition. Le propos de G. Gasiorowski est d’affirmer le contraire au travers de « séries qui font l’éloge de la peinture … un travail de jubilation (qui) donne la mesure de la juste énergie de Gasiorowski follement peintre » (J. Y. Jouannais Art Press n°200 p.28) La lisibilité du processus de production transparaît dans l’œuvre de Martin Barré 73-74 C – 149x140. Cet artiste qui mène une réflexion sur l’espace du tableau procède par séries. Dans les années 70 il réalise des tableaux rayés, auxquels appartient celui-ci, qui laissent deviner différentes couches superposées et certaines traces de gestes. Notre regard est ainsi conduit à s’attacher à leur repérage, à approfondir les différentes étapes de la réalisation du tableau. Les méandres de Sans titre de J. Knifer organisent un autre espace, un espace qui se déploie au delà des limites du tableau. En effet, présenté en diptyque, c’est l’espace de présentation, le mur de l’exposition qui est pris en compte. Pour ces deux œuvres c’est la question du geste, et donc de l’implication du corps de l’artiste lors de la réalisation de l’œuvre, qui sera soulignée. Dans l’œuvre de P. Soulages, l’ « outre noir » n’a pas encore complètement envahi l’espace littéral. Le geste est par contre au cœur du processus, un signe se développe avec amplitude. ETC V est ce que l’on peut nommer un geste unique. La seule trace de l’outil barrant la toile sur toute sa hauteur ne suffit pas à expliquer l’œuvre ; elle est associée à l’amplitude du geste, mais aussi la nature du médium et sa fluidité, à la charge du pinceau. Adéquation de l’un à l’autre qui masque la longue maturation de ce type de geste. 3 Le dessin et la peinture créent également des espaces qui se déploient dans la bidimensionnalité 30. Shirley JAFFE Tiges et grilles, 2001 huile sur toile « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » (Maurice Denis cité par Dora Vallier dans L’art abstrait ed. le livre de poche 1980). En écrivant cette phrase en 1890 Maurice Denis annonce la naissance virtuelle de l’art abstrait. L’art va se définir en dehors de toute référence au monde extérieur. L’œuvre de Shirley Jaffe est à envisager avec les élèves comme un espace dont la littéralité est un élément si ce n’est l’élément prépondérant. C’est à l’intérieur de celui-ci que se mettent en place les composantes plastiques que sont les formes et les couleurs. Ces éléments fondent la matérialité de l’œuvre qui est à appréhender tout au long du cursus de l’élève. Ces éléments se mettent en place dans un espace donné et c’est ainsi l’occasion de s’interroger sur la distinction à apporter entre organisation et composition. Plus loin elle définit cette organisation comme une dispersion. « La dispersion que je vois dans la ville et que je fais rentrer dans mes tableaux n’a pas d’objet central. L’ensemble des formes est éclaté sur la surface, comme un chaos organisé, comme un jeu visuel complexe (…) qui correspond à ma vision du monde, aux rythmes que je recherche. En ville, je trouve à tout instant cette nourriture visuelle. Toute ma curiosité marche avec cette dispersion et cette dislocation ». (Entretien avec Catherine Lawless catalogue de l’exposition au musée de Valence, FRAC Limousin 1992) L’expérience sensible de l’espace permet d’interroger les rapports entre le corps du spectateur et l’oeuvre (être devant, dedans, déambuler, interagir). L’espace, l’oeuvre et le spectateur dans la culture artistique. Il s’agit d’aborder l'oeuvre dans ses dimensions culturelles, sociales et politiques (symbolisation, engagement de l’artiste) 33. Rémy HYSBERGUE Pour l’instant n°11, 2006, acrylique polymère sur miroir acrylique, 131 × 150 36. 37. Nancy SPERO La Folie I + II, 2001, estampe, encre et collage sur papier, 125 × 50 chaque (135 × 60 encadrés) La place du spectateur est dans cette œuvre de R.Hysbergue questionnée par la nature du support. Le PMMA miroitant renvoie l’image de l’espace de présentation, et par là celle du spectateur, dans les zones non peintes. Par ses dimensions, il est possible de s’immerger dans l’espace pictural. A cette question de l’image que donne le miroir, Rémy Hysbergue répond qu’elle «est toujours là et toujours fuyante. Il y a l’artiste en train de peindre – la prétention à l’état pur ; il y a toutes les images qui seront de toute façon toujours plus présentes que ta peinture, même si parfois on a l’illusion que ça marche, et c’est là que l’on rejoint l’illusion, donc aussi une partie de la peinture. Il y a la vanité extrême, toutes les lumières. Et puis, c’est par là aussi que l’on rejoint la vision asiatique de la peinture, à savoir que l’espace non-peint est aussi important que l’espace peint. » L’implication de l’artiste dans la vie sociale et politique se traduit dans ce qu’elle réalise. La vision qu’elle donne de la destruction des Twin Towers dans ce triptyque en témoigne. 4