haydn infelda delusa - Philharmonie de Paris
Transcription
haydn infelda delusa - Philharmonie de Paris
cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général Ce n’est certainement pas un hasard si Joseph Haydn, pour fêter la venue de l’impératrice Marie-Thérèse à Esterhaza en 1773, a abandonné l’idée d’un opéra mythologique Acis et Galatée au profit d’une burletta per musica (farce musicale) intitulée L’infedeltà delusa (L’infidélité déjouée). Air du temps : les paysans toscans (riches et pauvres d’ailleurs) y remplacent les rôles traditionnels des héros et des dieux qui faisaient l’apanage des productions princières. La construction du livret (signé Marco Coltellini, le successeur de Métastase à Vienne) s’inscrit d’ailleurs dans le prolongement des réformes de l’opéra opérées par Gluck et Calzabigi : intrigues simplifiées, nombre réduit des personnages, vérité et simplicité des sentiments. En complément de toute cette légèreté, la partition de Joseph Haydn apporte une dimension complémentaire à cette comédie par l’agilité de son phrasé et par la virtuosité de l’écriture vocale, parfaitement adaptées à l’humour raffiné, mais sachant aussi - notamment dans les trois ensembles - se faire plus solennelle, voire dramatique. vendredi 15 mai - 20h / salle des concerts Joseph Haydn L’infedeltà delusa, Hob. XXVIII : 5 burletta per musica en deux actes, livret de Marco Coltellini Marek Janowski, direction Donna Brown, soprano (Vespina) Sumi Jo, soprano (Sandrina) Herbert Lippert, ténor (Filippo) Olaf Baer, baryton (Nanni) Gunnar Gudbjörnsson, ténor (Nencio) Orchestre Philharmonique de Radio France concert avec entracte durée : 2 heures 35 coproduction cité de la musique, Radio France Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Joseph Haydn L’infedeltà delusa L’infedeltà delusa fut composé par Haydn pour les fêtes en l’honneur de la princesse Maria Anna, et réentendu lors du séjour à Esterháza de l’impératrice Marie-Thérèse. La première représentation eut lieu le 26 juillet 1773. Après quoi le palais et le parc furent illuminés, et les hôtes du prince - parmi lesquels se trouvaient incognito l’archiduchesse Marie-Christine, fille de l’impératrice Marie-Thérèse, et son époux le duc Albert de Sachsen-Teschen - assistèrent à un bal masqué. Une légende veut qu’après ces spectacles, Marie-Thérèse ait déclaré : « Quand je voudrai entendre un bon opéra, je reviendrai à Esterháza ». Il semble que par la suite, du moins si l’on s’en tient aux documents disponibles, L’infedeltà delusa n’ait été repris qu’une seule fois du vivant de Haydn : le 1er juillet 1774, lors d’une visite à Esterháza (en l’absence du prince) de l’ambassadeur de Modène. livret Selon une coutume courante à l’époque, les livrets imprimés par Johann Joseph Siess, d’Oedenburg (Sopron), pour les représentations de juillet et septembre 1773, n’indiquent pas le nom du librettiste de L’infedeltà delusa. Le musicologue H. C. Robbins Landon a pu montrer, grâce à la découverte d’un livret homonyme (avec nom d’auteur cette fois) mis en musique pour le carnaval de Florence de 1783 par un certain Michele Neri, qu’il s’agissait de Marco Coltellini, né à Livourne le 13 octobre 1719 et mort à Saint-Pétersbourg en 1777. Arrivé à Vienne en 1758, Coltellini avait succédé à Métastase comme « poeta Cesareo » en 1769, et était parti en 1772 pour Saint-Pétersbourg, où la même année il avait fourni à Traetta le livret d’Antigone. Il avait sur la réforme de l’opéra des idées semblables à celles de Gluck et de Calzabigi. Après l’échec (fin 1770) de Paride ed Elena, sa troisième œuvre écrite en collaboration avec Gluck, Calzabigi désigna lui-même Coltellini comme son successeur en tant que librettiste à Vienne. Le livret de L’infedeltà delusa n’est plus du tout du type de ceux que Métastase avait jadis confectionnés. Il ne met en scène ni nobles, ni dieux ni déesses, mais uniquement des paysans. Ces paysans sont 2 |cité de la musique Joseph Haydn - L’infedeltà delusa toscans, tout comme Coltellini, qui n’hésita pas à les faire s’exprimer à l’occasion dans le dialecte de son pays natal. Un noble apparaît bien à un certain moment, mais il n’est autre qu’une paysanne déguisée ! En outre, le livret a le double avantage de se concentrer sur une seule histoire, sans ces intrigues secondaires et ces chemins de traverse dans lesquels on se perd, et de proposer des situations franchement amusantes. argument et personnages L’argument est simple, mais en même temps propre à maintenir une action en mouvement. Le vieux paysan Filippo veut marier sa fille Sandrina au riche paysan Nencio. Mais Sandrina aime Nanni, qui a le malheur d’être pauvre et dont la sœur Vespina est éprise de Nencio. C’est donc Vespina, giovane spiritosa, qui noue et dénoue les ficelles de l’intrigue : elle a d’autant plus d’intérêt à favoriser les retrouvailles de Sandrina, ragazza semplice, et de Nanni, que Nencio en reviendra libre et qu’elle pourra ainsi récupérer pour elle-même cet infidèle. Au deuxième acte, nous voyons Vespina déguisée en vieille femme délaissée, en serviteur allemand, en marquis de Ripafratta, puis en notaire évidemment. Elle n’a pas moins de quatre airs dont deux sous un déguisement, alors que Nanni n’en a qu’un (l’extraordinaire Non v’è rimedio) et les trois autres personnages deux. Elle chante en outre un duo avec Nanni (Son disperato). Le premier air de Vespina, Come piglia, juste avant son duo avec Nanni au premier acte, exprime son amour pour Nencio. Les trois autres sont au second acte. Elle chante Ho un tumore déguisée en vieille femme, l’air à boire Trinche vaine allegramente déguisée en serviteur allemand et, dans Ho tesa la rete, elle explique à Nanni que ses filets sont tendus. Ces quatre airs, forts différents, exigent de grandes qualités d’actrice que Magdalena Friberth, la créatrice du rôle devait sûrement posséder. Il en va de même pour la partie tenue par Vespina dans le second finale, où elle apparaît déguisée en notaire. Le duo Nanni-Vespina, où le frère et la sœur jurent vengeance contre Nencio, est un autre grand moment de la partition. Au premier acte, Nencio chante sous les fenêtres de Sandrina la sérénade « Chi s’impaccia », aux accents à la fois sereins et inquiets, et au second, « Oh che notes de programme |3 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa gusto ! », air de vengeance ricanant contre Filippo. Celui-ci invective Sandrina au premier acte dans « Quando viene », puis Nencio au second dans « Tu sposarti alla Sandrina ? ». Dans « Che imbroglio è questo ? », Sandrina désarçonnée par les projets de son père s’adresse à Nanni, et dans « È la pompa un grand’imbroglio », juste avant le second finale et alors que tout semble se liguer contre elle, elle redit son dédain pour le luxe et les richesses. Dans l’air déjà évoqué « Non v’è rimedio », le seul en mineur, Nanni exprime sa rage à l’idée de perdre Sandrina. Il y a trois grands ensembles : l’introduction « Bella sera », d’une beauté assez sensuelle, et les deux finales d’acte, le premier (« O piglia questa ») au rythme endiablé, le second (« Nel mille settecento ») d’abord franchement bouffe, puis dramatique et enfin solennel. Avec ses considérations sur la pauvreté et sur la richesse, sur les gens de la ville et sur ceux de la campagne, le livret de L’infedeltà delusa témoigne, par delà son action menée tambour battant, d’une profondeur et d’une subtilité certaines. La couleur locale ne s’y limite pas à certaines tournures d’expression : Ripafratta est une pittoresque bourgade dotée d’une forteresse située entre Lucques et Pise, et Mugnone (lorsqu’on dresse le contrat de mariage, Filippo appelle sa fille Sandra di Mugnone) le nom d’une rivière près de Florence. Sur ce livret, Haydn écrivit une musique pétillante, aux tournures populaires mais aussi aux accents passionnés. Il se rendit sûrement compte des côtés « progressistes » d’un tel sujet, et ce n’est pas pour rien qu’après avoir envisagé de remanier pour les festivités de juillet 1773 son ancien opéra mythologique Acide e Galatea, il abandonna ce projet et réalisa à sa place L’infedeltà delusa. Marc Vignal (avec l’aimable autorisation de Philips Classics, Amsterdam) 4 |cité de la musique Joseph Haydn - L’infedeltà delusa ouverture acte I vouez un amour paternel, allez, dites-moi ce qu’il en est, parlez franchement car, pour moi, je ne sais trop que faire maintenant. Filippo scène 1 Campagne où l’on voit la maison de Filippo et où se profilent, dans le lointain, d’autres chaumières de paysans. introduction Filippo, Vespina, Nencio, Nanni Ô soirée splendide et brise bénéfique qui, de cette journée, dissipez la chaleur torride et excessive. Régnez et soufflez encore plus avec sérénité et comblez tous nos souhaits. Faites en sorte que nos cœurs s’égayent. Filippo (à Nencio) Fort bien, monsieur ! Nous voici donc d’accord. Nencio Bien, monsieur. Tout est clair. Filippo, Nencio Nul besoin alors de prolonger cet entretien. (Nencio s’en va.) Vespina Il part sans même me dire au revoir ! Nanni Où peut bien être la femme que j’aime ? Vespina, Nanni Un doute commence à s’insinuer dans mon esprit. Vespina, Filippo, Nanni Puisse le ciel m’assister dans mon projet, car, d’une œuvre, j’entends dès à présent triompher à bon escient. (Entre Sandrina.) Sandrina Ah ! père, vous qui, en tant que tel, me Pour l’instant, ma fille, mieux vaut ne rien dire. Le temps ne se prête pas toujours aux confidences. Comprends-tu ? Me suis-tu ? Je n’ose parler. Vespina, Nanni Ce serait en effet manquer de civilité que de vous priver de la liberté de parler quand bon vous semble. Pour l’heure, allons donc, mon frère (ma sœur) dîner. Tous Que chacun se serve et se mette à l’aise. Nous pourrons toujours, le moment venu, nous rencontrer et, satisfaits, entre nous converser. (Vespina et Nanni s’éloignent.) récitatif Filippo Eh oui, ma fille, enfin, j’ai trouvé à te marier. Sandrina Et puis-je savoir quand ? Filippo L’affaire vient tout juste d’être conclue. Sandrina Avec Nanni ? Filippo Ah ! Surtout pas Nanni ! Ce pauvre diable peut bien aller se faire voir. Cette fois, l’affaire ne le concerne pas. Sandrina Mais... Filippo Il n’y a pas de mais, ma fille. Nanni est pauvre. notes de programme |5 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Sandrina Et moi, suis-je riche ? Filippo Tu le seras. éviter que l’on se querelle, mettons donc à cet entretien un terme. Garde-toi bien de dire oui car, sinon, je te ferai t’en repentir. Je suis ton père, et tel est mon désir. S’il vient te courtiser, etc. Sandrina scène 2 Que peut bien m’importer le jour où je serai fortunée si mes désirs ne sont pas comblés ? récitatif Filippo Et pourquoi ne le seraient-ils ? Sandrina Parce que c’est de lui que je suis éprise. Filippo Laisse-moi rire. Désormais, c’est de celuilà que tu t’amouracheras. Sandrina Mais pourrais-je vraiment l’aimer si mon cœur est à un autre destiné ? Sandrina Pauvre de moi ! Pauvre Nanni ! Comment pourrais-je ainsi me refuser à lui quand, toujours, j’aurais envie de lui dire oui ? Il m’aimait tellement ! Cela fait si longtemps que nous nous aimons ! Et il faudrait qu’ainsi je le quitte ? J’en suis toute meurtrie. Pourtant il me faudra bien obéir, même si je dois en mourir. C’est injuste ! Le voici qui arrive : il est préférable que je m’en aille. Nanni Filippo Où vas-tu, Sandrina ? Absolument ! Les jeunes femmes n’ont pas de constance. Sandrina Moi-même je ne le sais pas. Sandrina Mais si cela est, comment ferai-je ? Nanni Peut-être es-tu fâchée contre moi ? Filippo Tu dois m’obéir et ne rien dire. Sandrina Absolument pas. Sandrina Mais alors que dois-je faire si Nanni, avec toute sa grâce, s’en vient à... Filippo Nanni Mais tu es troublée. Tu as les yeux rougis. On dirait presque que tu as pleuré. Dismoi, ma chérie, que s’est-il passé ? Tu lui tournes le dos et tu t’éloignes. Sandrina air Rien. Filippo Nanni S’il vient te courtiser, tu n’auras qu’à le repousser. M’aimes-tu ? Non, monsieur. Veux-tu m’épouser ? Monsieur, non merci. Moi, je ne suis que trop lucide. Je suis ton père, et tel est mon désir. Pour Mais pourquoi ne me regardes-tu ? Pourquoi ne me parles-tu pas ? 6 |cité de la musique Sandrina Et pourquoi pas ? Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Nanni Que dis-tu là ? Que t’ai-je fait ? Sandrina Je ne le sais pas. Nanni Mais dis-moi, parle-moi ; mais enfin décide-toi. M’aimes-tu ou ne m’aimes-tu pas ? Dois-je partir ou rester ? Suis-je ton époux ou ne le suis-je pas ? d’autre compensation. Rien que d’y penser, je me sens enrager. Je suis tout fiel, tout poison. Mes entrailles s’embrasent. Mon cœur s’enflamme. Plutôt que de la perdre, je préfère en crever. Il n’y a pas d’autre solution... Ce vieux bougre, cette immonde créature qui n’a plus que la peau sur les os n’aura qu’à s’en prendre qu’à lui si je l’envoie se faire pendre. (Il s’en va.) scène 4 air Sandrina Quel embrouillamini ! Que veux-tu que je te dise ? Que veux-tu que je fasse ? Mon père, ton adversaire, me blâme et me menace si j’avoue l’amour que je te voue, si j’ose accepter de t’épouser. Il me donne des ordres et me dit qu’il m’a trouvé un mari, qu’il ne m’est pas donné de m’y opposer, que c’est un meilleur parti. Je dois te quitter. Je ne puis te parler. Mais je me meurs d’ennui. Est-ce assez explicite ? (Elle part.) scène 3 récitatif Une pièce avec une batterie de cuisine, une cheminée, une table dressée et des chaises dans la maison de Nanni. Vespina essorant de la salade et s’affairant à diverses tâches ménagères en chantonnant. air Vespina Comment l’amour peut-il aussi bien viser quand il a les yeux bandés ? Comment peut-il avoir des ailes et alentour voler lorsqu’il est encore dans mon cœur ancré ? Comment peut-il être un angelot qui aime se divertir si, par pur plaisir, il nous décoche ses flèches en plein cœur et ensuite, se rit de notre douleur ? On m’a dit que l’amour était une abeille qui donnait le miel, mais dardait les cœurs. Et il m’a piquée ; j’en sens toute l’ardeur, mais il ne m’a pas encore donné son miel. Nanni Maintenant, je comprends de quoi il s’agit. Ce ballot, ce sorcier de vieux perverti m’inflige ouvertement cette brimade. Mais j’ai mon mot à dire, moi aussi. Je m’en vais aller trouver son père. Je veux savoir quel est mon rival ; je veux qu’il me dise la vérité, toute la vérité. Et, quand ensuite il m’aura dévoilé en entier le mystère, l’un des deux devra atterrir au cimetière. air Nanni Il n’y a pas d’autre solution. Il n’y a pas récitatif Vespina Bigre ! La nuit est tombée et Nencio n’est pas encore rentré. Je ne voudrais pas que le diable s’en mêle et de ma route le détourne. De toute la journée, il ne s’est pas montré. Hier soir, je l’observais, attristé et troublé, renfrogné, me répondant de travers, osant à peine me regarder. Parce que je suis pauvre, que, lui, est riche et possède des biens au soleil, toutes les femmes me l’envient et veulent le conquérir. S’il n’avait rien, je n’aurais pas d’ennemies et je serais ravie. Mais j’ennotes de programme |7 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa tends quelqu’un venir. Le voici. Ah non, ce n’est pas lui. C’est mon cher Nanni qui revient affligé et tourmenté. Que lui sera-t-il arrivé ? scène 5 Entre Nanni. Nanni, Vespina Vite, allons le retrouver. Je veux lui arracher le cœur ; je veux l’étriper. scène 6 La campagne avec la maison de Filippo Nencio, une guitare à la main, sous l’une des fenêtres duo air Nanni Je suis désespéré. J’ai les nerfs à vif. Je voudrais en finir. Vespina Parle. Qu’est-ce mon frère ? Ah tu me fais trembler. Que s’est-il passé ? Nanni Je suis ruiné. Vespina Comment ? Pourquoi ? Nanni Sandrina, mon aimée, ne m’est pas destinée. Vespina Et qui t’a joué ce mauvais tour ? Nanni Nencio Qui s’embarrasse d’une épouse citadine part en quête d’une dot, mais ne trouve que soucis. La nuit venue, elle déambule et, le matin, reste au lit. Elle n’est pas charnue, mais a beaucoup d’allure. Si elle t’apparaît les joues roses, contrains-la à se laver et tu verras son vrai visage. Ôte-lui son corset, ses fanfreluches, sa perruque, et je m’étonnerai si tu la reconnais. Nos femmes, elles, se pomponnent à l’eau fraîche ; elles se mirent dans une fontaine, dans une vasque ; elles n’ont pas de mouche et n’aiment pas les intrigues. Elles savent mieux travailler que raconter des balivernes. Si une femme de la ville se colle à toi, prends garde, car malheur à qui succombe à son charme. Prends garde ; tiens-toi aux aguets, car elle a un postiche à la place du cœur, comme du visage. (Vespina et Nanni arrivent et se dissimulent.) C’est ton Nencio qui a fait le coup. récitatif Vespina Mon Nencio ? Vespina Notre « ami » est ici. Nanni Eh oui ! Nanni Vespina, Nanni L’as-tu entendu ? Le moment est venu de prendre ma revanche. Ô rage ! Ô dépit ! Je sens mon cœur bondir. Cela ne saurait se passer ainsi. Vespina Vespina Non, laisse-moi faire. Calme-toi et attends. Et où est ce traître ? Nanni Avec Sandrina à faire le joli cœur. 8 |cité de la musique Filippo (à la fenêtre) Est-ce toi Nencio ? Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Nencio C’est moi. Où est mon épouse ? Sandrina (apparaissant à la fenêtre et s’adressant à son père dans la pièce) Que dois-je lui dire ? Filippo Elle est là en pleurs. Nencio Nanni Est-ce toi, Sandrina ? (La pauvre petite) Sandrina Nencio Oui, c’est moi. Peut-être ne veut-elle pas m’épouser ? Nencio Filippo Mais non, voyons ! Tu sais comment sont les femmes. Elles sont comme les chats, d’humeur bizarre. Tu les entends miauler quand elles veulent être courtisées. Pourquoi pleures-tu ? Sandrina Parce que j’en ai envie. Nencio Nanni (En veux-tu davantage ?) Nencio Filippo, je vous en prie. Parlez-lui en ma faveur. Ton père ne t’a-t-il dit que demain nous unirons nos mains, que pour toi je me pâme, que je ne saurais vivre en paix faute d’être satisfait, si tu ne devenais ma femme ? Sandrina Filippo C’est bien pour ça que je suis en larmes. N’en doute pas. Nencio Nencio Donc, tu ne m’aimes pas ? Je m’en remets à vous. Puissè-je seulement lui parler ! Sandrina Filippo veut que je dise si. Filippo Je te l’envoie sur-le-champ. (Il quitte la fenêtre.) Nanni (à Vespina) Mais, as-tu entendu ? Nencio Mais toi, Sandrina, si tu pouvais parler en toute liberté, me dirais-tu le contraire ? Dis-le moi franchement. Sandrina Vespina Je ne sais. J’ai parfaitement entendu. Nencio Nanni Je brûle d’une flamme intérieure. La rage, la fureur, me rongent le cœur. Je ne puis plus me retenir. Vespina Calme-toi et attends. Ecoute-moi. Je n’ai pas l’intention de te prendre de force. Où que j’aille, j’obtiendrai une centaine de femmes, toutes mieux les unes que les autres. Si, à toi, ce mariage ne sied, je pourrai en trouver une autre et vivre en paix. Si je me marie, ce n’est pas pour ensuite avoir à en pâtir. notes de programme |9 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Sandrina finale Puis-avoir confiance ? Vespina Nencio Aie confiance, et parle ouvertement. Je te promets de ne pas me lamenter, et de n’en souffler mot à quiconque. (s’approchant de lui et lui donnant une gifle) Prends plutôt celle-ci ! Infidèle ! C’est ainsi que tu me trahis ? Nanni (s’approchant à son tour) Sandrina Alors, écoute : mon père veut à tout prix me forcer à t’épouser et un jour, peutêtre, pourrais-je le faire, je pourrais m’incliner. Mais il veut aussi que je t’aime : et là, je ne puis lui obéir. J’ai essayé, mais je le regrette, crois-le, mon cher Nencio, cela ne me réussit pas. C’est comme ça que tu me ravis ma Sandra ? Nanni, Vespina Traître ! Scélérat ! Nencio A l’aide ! Au secours ! Je suis perdu. Personne ne vient me prêter main forte. Nencio Pourtant, Sandrina, je ne crois pas que tu me dises la vérité. Vespina, Nanni Sandrina Vespina Oh ! Tu m’offenses ! Je le jurerai si tu le désires. Toi, tu oses me trahir ? Je vais t’arracher le cœur. Nencio Nencio Mais non, tu te trompes. Non, je veux le vérifier par moi-même. Je veux faire de toi mon épouse. Pour ma part, j’ai aimé Vespina, mais je ne l’aime plus. Nanni Vespina Nencio (Le traître !) Mais non, tu te trompes. Nencio Sandrina Tu pourrais, à ton tour, encore changer. Ah ! Pauvre de moi ! C’est mon Nanni. Ah ! Je me sens mourir d’effroi ! Toi, tu oses me tourner en ridicule ? Sandrina N’y compte pas. Nencio Je sais qu’à cause de Nanni, à cause de ce minable de Nanni, tu me méprises, et je me suis mis en tête de te prendre, fût-ce de force. Filippo (sortant de chez lui) Quelle impudence ! Quelle violence ! Quel est ce vacarme ? Que se trame-t-il là ? Vespina, Nanni De quoi vous mêlez-vous, ignoble personnage ? Filippo, Nencio Allez-vous-en d’ici. Ne faites donc pas tant d’esbroufe ou, sinon, je ferai appeler les justiciers. 10 |cité de la musique Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Vespina, Nanni Vespina Va-t-en toi-même, horrible vieillard, ou sinon, il va t’en coûter de pire. Crois-tu que Filippo pourra me reconnaître ? Sandrina Nanni Mon dieu ! Arrêtez ! Ah ! Mon père, par pitié, rentrez. Pas le moins du monde. Vespina Filippo, Nencio Ça me va bien ? Allez-vous-en d’ici. Ne faites donc pas tant d’esbroufe ou, sinon, je ferai appeler les justiciers. Nanni Vespina, Nanni Vespina De douleur... Et que penses-tu de cet autre costume ? A merveille. Nanni Filippo, Nencio, Sandrina De peur... Avec celui-là... une femme me paraît quelque peu ridicule. Tous Filippo (de l’intérieur) ... Je sens que mon âme défaille. Si nous n’y mettons pas plus de bon sens, nous allons sombrer tous ensemble. Attendons demain pour y voir clair. Dépêche-toi ! acte II scène 1 Campagne où l’on voit la maison de Filippo et où se profilent, dans le lointain, d’autres chaumières de paysans Vespina déguisée en vieille décrépite et Nanni Vespina Silence ! J’entends venir des gens. Metstoi à l’écart. Nanni Je m’éclipse illico. (Il se cache.) Vespina Voici le moment de conduire l’intrigue. scène 2 récitatif Vespina Ô mon frère ! Cette nuit, je n’ai pas fermé l’œil et, jusqu’au petit jour, j’ai tant tourné en tous sens et agi de telle façon que, si le démon ne se met en travers, je compte bien entraver cette hyménée. Eh ! Tu le sais, à qui se lève matin, Dieu aide et prête la main. Filippo et Sandrina sortent de chez eux. Vespina se met à l’écart. récitatif Filippo Dépêche-toi ! Sandrina J’arrive. Mais où allons-nous ? Nanni Je te l’accorde ! Tu n’as pas ta pareille si tu y parviens. Filippo Chez le juge pour porter plainte contre ce gredin de Nanni. notes de programme |11 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Sandrina Sandrina Ah ! mon père, je suis verte de peur.Vous allez voir que si le notaire essaie de m’interroger, comme une feuille, je me mettrai à trembler. Pauvre femme ! Filippo (Elle aiguise ma curiosité.) Avec moi, vous pouvez parler en toute liberté. Filippo Tremble, sois en proie à la peur, meurs ; quoi qu’il arrive, tu dois venir. Vespina Vespina (s’approchant de Filippo) Filippo S’il vous plaît, monsieur, dites-moi, est-ce bien ici qu’habite un certain Nencio Sgarra ? Que dites-vous ? C’est le mari... Vespina Vespina Oh, rien... La parole est d’argent et le silence est d’or, comme dit le proverbe, et trop parler nuit. Je ne suis pas une cancanière... et c’est là ma recette ! Chat échaudé craint l’eau froide. C’est bien ma chance ! Il fallait encore bien que je me trompe de chemin ! Filippo Filippo Parlez donc.Vous ne risquez rien en vous confiant à moi. Filippo Non, ma sœur. Je vais vous indiquer. C’est tout près. Vespina Vespina Ah ! Ereintée comme je suis et vu mon grand âge, ce sera, je le crains, encore trop loin. J’en pleurerais rien que d’y penser. Mais, dans la vie, un malheur n’arrive jamais seul, comme dit le proverbe, et qui ne fait rien jamais ne faillit. Pourtant, un jour, la vérité finit par éclater. Filippo Voici ! C’est ici ! Filippo Et que lui est-il arrivé ? Vespina Dieu vous le rendra. Ô mon frère, vous me ramenez à la vie. Si vous saviez dans quel pétrin je me trouve à cause de ce coquin ! Mais, comme dit le proverbe, dans la vie, il faut avaler sa langue, et qui n’a pas pour deux sous de jugeote doit avoir de bonnes jambes. Vespina Ledit Nencio, un jour de carnaval, est venu à Peretola. Il vit ma fille et s’en éprit. Chacun s’accordait pour dire que c’était un beau parti, et ma fille se laissa séduire. Son cœur s’enflamma, et le démon tant et tant l’embrasa qu’ils se marièrent en cachette. Filippo Et en quoi ce jeune homme vous intéresse-t-il ? Filippo (Nencio marié ! Ah ! Le vaurien ! Ce mécréant ne mérite pas que l’on s’apitoie.) Vespina Je ne puis en dire davantage. Je dois rester coite et ronger mon frein. 12 |cité de la musique Vespina Ah ! Mon frère, le procès, les tribunaux Joseph Haydn - L’infedeltà delusa n’ont pas mes faveurs. L’argent n’a pas d’odeur et un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès, comme dit le proverbe. Qui n’a pas de quoi graisser la patte a toujours tort. Alors, les huissiers, les commandements, les appels, les assignations, les enquêtes, les témoignages contradictoires, mon frère, n’ont plus de cesse. Or, je suis âgée et accablée de soucis. air Filippo Oh, la richesse est peut-être l’apanage de ceux qui ont pour fâcheuse tendance de devenir des gredins. Sandrina Il est donc préférable d’être misérable. Filippo Assurément ! Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. Vespina Sandrina J’ai au genou une tumeur qui me force à claudiquer. J’ai dans l’œil une fistule qui me fait toujours larmoyer. J’ai une toux, atchoum, qui me tue et j’ai du mal à respirer. Et cette pauvre petite est en train de mourir. Ah ! Qu’adviendrait-il de moi si, en plus de tous ces ennuis, il me fallait aller plaider ? J’ai au genou une tumeur, etc. (Elle se retire.) Le voici qui arrive. Filippo Il vaut mieux que nous évitions une telle confrontation. (Ils rentrent chez eux et verrouillent la porte.) scène 4 Nencio se présente. récitatif scène 3 Nencio récitatif Sandrina Qu’en dites-vous ? Filippo Ah, ma chère et tendre fille, je suis quasiment hors de moi. Sandrina Si Nencio est marié, il ne pourra m’épouser ? Filippo Ho ! Filippo ! Sandrina ! Ne vous enfermez pas. Ecoutez-moi. Comment peuvent-ils être aussi impolis ? Ils m’ont pourtant vu et savent pour quelle raison je reviens sur leurs traces. Et ils me claquent la porte en pleine face ! Voyons un peu ce qu’il en est... (Il frappe à la porte.) Personne ne répond... Hé ! Y a-t-il quelqu’un ? (Il frappe à nouveau.) Pas de réponse ! Sapristi ! (Il frappe encore plus fort.) Y a-t-il quelqu’un ? Nous allons l’envoyer épouser le gibet ! Le vaurien ! Le chenapan ! Gare à lui si, devant moi, il se présente. Filippo (de l’intérieur) Sandrina Nencio Pourtant, ne disiez-vous pas qu’il était riche ? Filippo, c’est moi. C’est moi, Nencio. Ouvrez.Vous ne me reconnaissez donc pas ? Bon sang ! Seriez-vous devenu sourd ? Qui est-ce ? notes de programme |13 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Filippo (Il retourne frapper à la porte.) Et que voulez-vous ? Nencio Ah ! Elle est bien bonne celle-là ! Ce que je désire ? J’ai tout arrangé. J’ai trouvé le préposé. J’ai convié mes proches parents et, si vous acceptez, les épousailles peuvent avoir lieu ce soir. Vespina (apparaissant déguisée en domestique allemand et tenant en main une bouteille et un verre.) Eh, paysan ! Nencio Qu’est-ce encore que celui-ci ? Filippo Tu peux plutôt aller te faire pendre. Fourbe, voyou, misérable pendard.Va rejoindre ta femme.Va nourrir tes petits, père indigne. Ôte-toi de mon passage ou je saisis une trique. Vespina Hé, paysan stupide. Ah ! toi garstiger Kerle ! Pourquoi ne réponds-tu pas ? Nencio Monsieur, je ne comprends pas. air Vespina Filippo Moi, pourtant, parler français. Toi, épouser Sandrina ? Tu peux la chasser de tes pensées. Ou sinon ma pique ou le pilori te prendra, un de ces jours, pour époux. Ne te présente plus jamais devant moi, bougre de voyou, entaché de vices, de péchés, sans amour ni pitié. Toi, épouser Sandrina ? Tes enfants sont en larmes. Ton entourage te blâme. Et ta pauvre femme implore la charité. Délaissée, abandonnée, elle n’a personne qui puisse l’aider. Elle n’a plus rien à manger. Ne te présente plus jamais devant moi, etc. Nencio Admettons. Dans ce cas, parlez en bon chrétien et je vous comprendrai. Vespina Où se troufer mon maître ? Nencio Et qu’en saurais-je ? Vespina scène 5 Lui venir épouser ein jeune fille du paysan Filippo. Et moi m’arrêter pour boire, et pas le troufer. Toi, poufoir m’indiquer ? récitatif Nencio Je n’y comprends goutte. Nencio Que signifie cette parodie ? Serait-il devenu fou ? Aurait-il bu ? Serait-il devenu la proie du diable ? Je ne sais plus où j’en suis. Il me claque la porte au nez et disparaît ! Mais de quelle femme, de quels enfants parle-t-il ? Rêve-t-il ? Plaisante-t-il ? Ah ! Le vieil impudent ! Il use ce faisant d’une ruse, d’un fauxfuyant pour me tourner en ridicule, pour me maltraiter. Mais j’irai jusqu’au bout ! Je vais aller m’en assurer. Vespina Ah ! guter Freund ! Ah ! Charmant paysan ! Quand maître à Sandrina marié, lui fouloir trinquer, fouloir en compagnie s’enivrer, fouloir danser, rester gai. Nencio Que dites-vous là ? Votre maître doit épouser Sandrina ? Vespina Eh oui, jolie petite. 14 |cité de la musique Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Nencio Nencio Et c’est aujourd’hui que se font les épousailles ? Je voudrais dire deux mots à Filippo. Vespina Vespina Le connais-tu ? Ja, aujourd’hui, oui, oui. Nencio air Bien sûr. Vespina Vespina Moi, boire vin avec gaîté, car, maître, ce jour, se marier. Toi danser, toi chanter. Moi fouloir m’enivrer. Lustig, lustig paysan. Tout manger et rien payer. Toi, payson, allègre, car, aujourd’hui maître paie. Lustig, lustig paysan. (Elle part.) Et moi, me connais-tu ? scène 6 Nencio Je ne crois pas vous avoir jamais vu. Vespina Ecoute-moi, vilain, et tu le sauras. Je suis le Marquis de Ripafratta. Nencio Je vous crois, illustre personnage. récitatif Vespina Nencio A présent, je découvre de quoi il retourne. Maintenant, je comprends pourquoi Filippo s’est barricadé. Il a saisi meilleur parti. Peu m’importent les commérages, mais je refuse de passer pour ridicule. Je veux que les choses rentrent dans l’ordre. Je ne veux pas me laisser accabler. Mais ce n’est pas tout. Sache que si, de cette porte, tu oses encore t’approcher, je te ferai bâtonner. Nencio Ah ! Monseigneur, ne vous dérangez pas. Vespina As-tu vraiment compris ? (Vespina revient déguisée en chevalier.) Nencio Vespina Oui, Sérénissime, mais oui. Gentilhomme ! Vespina Nencio Alors, veille sur toi. Illustrissime ! Nencio Vespina Que fais-tu ? N’en doutez pas. Mais sachez, par ailleurs, que Filippo m’a joué un tour de cochon. Nencio Rien, Monseigneur. Vespina Et lequel ? Vespina Comment rien ? Que cherches-tu dans cette maison ? Nencio Hier soir, pas plus tard qu’hier soir, il me promettait la main de Sandrina. En cette notes de programme |15 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa matinée, je viens donc, comme convenu, pour l’épouser, et voilà qu’il me chasse comme un pestiféré. Vespina Vespina Nencio Ah ! Ah ! Tu me fais rire. J’y vais. Nencio (Vespina entre dans la maison de Filippo.) Rentre alors et patiente. J’enverrai l’un de mes domestiques te prévenir. Et je sais qu’en ce jour Sandrina vous épouse. Il n’empêche, je voudrais avec lui m’expliquer. Vespina Ecoute. Tu me parais être un homme intègre. Je vais donc te confier mon secret tout entier. Je lui ai fait entendre, sous le prétexte d’un vœu que j’avais fait, que je désirais prendre Sandrina pour femme. Mais au moment de signer le contrat, les noms seront changés, et l’un de mes valets se substituera à moi pour l’épouser. Dès lors, elle deviendra ma femme de service. air Nencio Oh ! Quelle joie en perspective s’il m’arrive de voir ce vieillard baver de dépit, se fâcher, s’emporter en découvrant finalement la marquise mariée à un cuisinier. Quels cris poussera, quelle grise mine fera ce vieux sorcier ! Déjà, je crois que je puis me tordre de rire. Oh ! quelle joie en perspective, etc. (Il part.) scène 7 Nencio Oh ! c’est magnifique ! Mais, quand il le saura, que dira Filippo ? Vespina Que veux-tu qu’il dise ? Sandrina aura consenti et, une fois la contrat signé, il ne pourra plus se rétracter. Ce qui est fait est fait. Nencio Le voilà dans de beaux draps ! Oh ! que ne donnerais-je pour assister à cette hyménée ! récitatif Vespina ( sortant de la maison de Filippo) Nanni, viens vite, hâte-toi. La chose est faite. Nanni Et comment cela ? Vespina Le vieux est tombé dans le piège. Allonsnous en, et vite. Nanni Mais où ? Vespina Viens, tu pourras servir de témoin. Vespina Changer d’habits. Nencio Ah ! volontiers, seigneur, par charité ! Nanni Vespina Mais n’as-tu pas dit que l’affaire était arrangée ? Mais où loges-tu ? Nencio Ma demeure est toute proche. 16 |cité de la musique Vespina La mascarade n’est pas encore finie. Joseph Haydn - L’infedeltà delusa voire même en chaise à porteurs. Nanni Mais dis-moi au moins ce qu’il en est. Vespina Pour l’instant, c’est impossible. Alors que j’ai de si bonnes jambes, j’aurai plutôt l’impression d’être au supplice. Nanni Filippo Alors, au moins, dis-moi comment tout cela finira. D’être toujours vêtue de soie et de velours. Vespina Sandrina Viens d’abord apprendre ta leçon. Peut-être ces habits protègent-ils davantage des frimas. Vespina air Vespina Filippo J’ai tendu le filet, j’ai déposé l’appeau et je sais qu’aisément je pourrai y attirer plus d’un oiseau. Mais sache que si je me laisse divertir, si à temps je ne tire, s’ils s’élèvent à tire d’ailes, une fois ma ruse découverte, je resterai le bec dans l’eau. J’ai tendu le filet, etc. (Ils partent.) De prendre goût au port de la crinoline. Sandrina Oh ! Certes, le plaisir n’est pas minime que de se cogner les mollets dans cet appareil ! Filippo D’avoir une foule de domestiques à ton service. scène 8 Une pièce dans la maison de Filippo récitatif Sandrina Et d’afficher au grand jour tous mes faits et gestes. Filippo Filippo Dans ce coin, place cette table. Tendons sur elle cette nappe. Ici, une chaise. Là, une autre. Un tabouret. Ici une autre. Parfait ! Ô ma fille, tu es née coiffée. D’avoir chaque jour sur la table dressée non pas un seul mets, mais un banquet. Sandrina Sandrina Invention on ne peut plus sublime pour vous couper l’appétit. C’est là en effet une chance inespérée ! Filippo Filippo Allons, petite sotte. Le moment est décisif ! Il s’agit pour toi de devenir une grande dame. Tais-toi et rabats ton caquet ou sinon je vais te gifler. Sandrina Sandrina Mais comment voulez-vous que je m’habitue à faire la dame ? Et de me déshabituer à travailler et à rester en bonne santé. Filippo Filippo Comment ? Serais-tu la première à le faire ? Vois-tu, ma fille, quand le sort a fait le reste, l’apparence et l’extravagance Et de rouler à tout jamais en carrosse, notes de programme |17 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa s’acquièrent très vite. Mais silence ! J’entends venir des gens. Peut-être est-ce le marquis qui, avec le notaire, s’en revient pour la signature des écritures. Maintenant, tu vas voir ce que signifie changer de peau. Nanni Il viendra pour contresigner le contrat. Pour l’instant, il est allé donner les consignes requises pour le départ, choisir les parures qu’il destine à son épouse, les carrosses d’apparat et tant de choses comme ça ! Sandrina Pas question ! Je ne veux que du pain, des oignons et mon Nanni. air Filippo Oh, ma fille, quelle chance tu as ! Nanni Hé bien, monsieur le notaire, je vous serai gré de daigner commencer à rédiger. Sandrina La pompe est un bagne pour une âme qui dédaigne les honneurs, la richesse et le faste. Quant à moi, je n’aspire et ne désire qu’à avoir le cœur paisible. La pompe est un bagne, etc. scène 9 Entrent Nanni, déguisé en domestique, Vespina en tenue de notaire, et Nencio. récitatif Vespina Je suis prêt. finale Vespina En l’an mille sept cents, devant un officier public, les personnes suivantes se sont présentées pour déclarer leur accord et leur volonté de s’épouser. Les noms ? Qui les connaît ? Nanni Filippo Je suis, à votre grandeur, le plus dévoué des serviteurs. Le nom de ma fille est Sandra di Mugnone. Sandrina Vespina Et quel est le nom du maître ? A qui parle-t-il ? Filippo Filippo Son domestique va nous le dire. Mais à toi ! Que ne le vois-tu ? Nanni Mon maître, en ces lieux, m’envoie, avec monsieur le notaire pour que soit signé le contrat de son mariage. Il m’a en outre chargé de trouver un témoin. Nanni C’est le comte, le baron ; c’est le prince et le marquis. Nencio, Nanni et Vespina (Et maintenant, on va voir ce qu’on va voir.) Filippo Oh ! Fort bien ! Mais monsieur le Marquis ne doit-il être présent à cet événement ? 18 |cité de la musique Vespina Et à combien se chiffre la dot ? Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Filippo, Sandrina Vespina, Nanni, Sandrina C’est une enfant extrêmement pauvre qui n’a rien et qui se marie par charité. A vrai dire, mieux vaut en rire. Filippo, Nencio Nencio, Nanni Pas de dot, pas de trousseau : pour ça, je le crois ! D’ailleurs, qui ne le sait pas ! Que signifie cette supercherie ? Quelle est cette parodie ? Nanni, Vespina Ainsi est châtiée l’infidélité. Vespina En cet état, donc, fidélité ils se promettent ; en cet état, ils s’unissent par les liens du mariage, sans autres formes de contraintes ou obligations. Ça suffit ainsi. Filippo, Nencio Pour autant que je sache, je n’ai pas signé de pacte. Je saurai toujours m’en sortir. Nanni, Vespina, Sandrina Filippo, Sandrina Entendu. Qu’ils signent. Le contrat est bel et bien signé, il n’est plus possible de le résilier. Nencio, Nanni Nanni (à Sandrina) Où ? Où ? Te voici devenue mon épouse. Vespina Vespina (à Nencio) Ici. Et les témoins ? Te voici devenu mon époux. Nanni, Nencio Nanni, Vespina Nous voici. Tout est bien qui finit bien. Filippo Filippo ( à Nencio, le toisant avec dédain) Où est le marquis ? Sieur Trompe-l’œil, Sieur Vagabond, veuillez quitter ces lieux sur-le-champ. Sandrina Où est mon mari ? Nencio Nanni, Vespina, Nencio Nul au monde sur moi ne s’apitoie ! Que va-t-il advenir de moi ? Il va venir. (A vrai dire, mieux vaut en rire.) Filippo (à Nencio) M’as-tu entendu, malotru ? Filippo, Sandrina Mais quand est-il censé venir ? Nencio Tu me fais grand tort. Vespina, Nanni (montrant qui ils sont) Le voici ! Filippo Tu as trahi ta propre femme ! Sandrina Mais c’est mon cher Nanni ! Nencio C’est un parfait mensonge. Nencio Mais c’est Vespina ! Filippo Et abandonné tes enfants ! notes de programme |19 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Nencio C’est là une intrigue que quelqu’un a contre moi ourdie. Vespina Ecoutez ! Silence ! Maintenant, regardez la vérité telle qu’elle est. J’ai feint d’être cette vieille femme qui sans cesse disait : « comme dit le proverbe » ; j’ai aussi joué le rôle du serviteur allemand qui psalmodiait : « Hé, paysan stupide ! » Filippo, Nencio C’est assez. C’est donc toi,Vespina, qui a été la plus maligne. Tu as su, il nous faut l’admettre, nous prendre en traître. Ce fut de ta part de l’irrespect, mais comment y remédier ? Tous Ce qui est fait est fait. Réjouissons-nous plutôt que tout se soit soldé par une double hyménée. traduction Yvette Gogue © 1980 20 |cité de la musique Joseph Haydn - L’infedeltà delusa biographies Marek Janowski Né à Varsovie, de père polonais et de mère allemande, Marek Janowski arrive en Allemagne dès son plus jeune âge. Il fait ses études à la Hochschule de Cologne. Elève de Wolfgang Sawallisch, il est engagé très jeune à l’Opéra de Hambourg par Rolf Liebermann qui, en 1973, l’appelle à diriger pour la première fois à l’Opéra de Paris. De 1973 à 1979, il est directeur musical des opéras de Fribourg et de Dortmund. Depuis 1979, il est régulièrement invité par les plus grands opéras : Paris, Berlin, Hambourg, Munich, Metropolitan Opera de New-York, Chicago, San Francisco et Staatsoper de Vienne. En concert, Marek Janowski travaille régulièrement avec la plupart des grands orchestres internationaux, notamment le Philharmonique de Berlin, le Deutsches Symphonie Orchester de Berlin dont il est le premier chef invité, le Gewandhaus de Leipzig, la Staatskapelle de Dresde, le Royal Philharmonic et le Philharmonia de Londres, le BBC Symphony Orchestra, le Boston Symphony Orchestra, le Philadelphia Orchestra, le Pittsburgh Orchestra, le Los Angeles Philharmonic et l’Orchestre de la NHK de Tokyo. De 1986 à 1990, il occupe le poste de directeur musical du Gürzenich Orchester de Cologne. Depuis 1984, Marek Janowski est à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Des dates importantes jalonnent la carrière du chef et de son orchestre : 1986 (10e anniversaire de l’orchestre) : Der Ring des notes de programme |21 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Nibelungen de Richard Wagner à Paris, œuvre reprise aux Chorégies d’Orange en 1988. 1992 : Marek Janowski remonte le Ring à Paris et dirige, pour la première fois en France, l’intégrale des symphonies d’Anton Bruckner à l’Opéra de ParisBastille. En première audition à Paris, il présente l’opéra de Richard Strauss Hélène d’Egypte qu’il crée également à Athènes (1993), puis un autre opéra rarement joué : Cadillac de Paul Hindemith (1994). En 1997, à l’occasion du bicentenaire de Schubert, le Philharmonique et son chef donnent en première audition en France le premier opéra de Schubert, Des Teufels Lustschloss, ainsi que Fierrabras. Donna Brown Originaire du Canada, elle étudie le piano, le chant et la composition à Ottawa et 22 |cité de la musique l’Université McGill de Montréal, avant de venir à Paris suivre l’enseignement de Noemic Perugia et de Daniel Ferro. En 1980, elle obtient une bourse pour aller étudier à l’Institut Franz Schubert de Baden (Autriche) et, en 1982, une nouvelle bourse pour suivre l’enseignement d’Edith Mathis à la Fondation Karajan (Salzbourg). Elle devient rapidement l’une des sopranos les plus demandées à travers l’Europe. Elle est donc amenée à travailler avec les plus grands chefs (Sawallisch, Giulini, Barenboïm,Tate, Jordan, Rilling et Gardiner), dans un répertoire s’étendant du XVIIIe au XXe siècle. Citons parmi ses principaux rôles d’opéra : Sophie (Der Rosenkavalier de Strauss à l’English National Opera et à l’Opéra de Toulouse), Almirena (Rinaldo de Haendel à l’Opéra de Genève), Pamina (Die Zauberflôte à l’Opéra Bastille et à l’Opéra de Tokyo), Margana (Alcina de Haendel à l’Opéra de Genève et au Théâtre du Châtelet), Chimène (Rodrigue et Chimène de Debussy) et Gilda (Rigoletto de Verdi à l’Opéra de Montpellier). Elle est par ailleurs devenue une récitaliste renommée et a donné de nombreux concerts à Paris, Montréal et dans les principaux festivals de musique de chambre. Elle chantera prochainement Rosina dans le Barbier de Séville (Ottawa), dans les messes de Haydn (avec John-Eliot Gardiner), et enregistrera pour Philips La Création de Haydn et La Messe en si mineur de Bach. Sumi Jo Née à Séoul, dotée d’un timbre de voix très pur et d’une tech- Joseph Haydn - L’infedeltà delusa nique stupéfiante, la soprano colorature a fait ses études de piano et de chant au Conservatoire Santa Cecilia de Rome. Elle est très vite remarquée par Herbert von Karajan, avec lequel elle chante Oscar (Un Ballo in Maschera), et enregistre une vidéo intitulée Karajan in Salzburg.Très vite, l’artiste est sollicitée par les grandes scènes internationales. Elle se produit au Mostly Mozart Festival de New-York, au Festival International d’été de Québec, au Staatsoper de Vienne, au Lyric Opera de Chicago, à la Scala de Milan, à la Santa Cecilia de Rome, au Japon avec le Trio Chung, en concerts à Séville, Toronto et à Londres avec Zubin Mehta (Carmina Burana enregistré par Teldec). Elle interprète Rigoletto avec Alfredo Kraus à Bilbao, L’Enfant et les sortilèges à Pittsburgh avec Lorin Maazel, Die Zauberflöte à Leipzig, Los Angeles, Florence, Salzbourg, Londres et Buenos Aires. Sumi Jo chante également Olympia (Les Contes d’Hoffmann) à l’Opéra National de Paris et à l’Opéra de Lille, Lucia di Lammermoor à l’Opéra du Rhin de Strasbourg, au Liceo de Barcelone, à l’Opéra National de Paris (Bastille) et au MET. Elle chante Ariadne auf Naxos à Buenos Aires, à Lyon et à Lisbonne, La Sonnambula à Trieste et à Santiago du Chili, Der Rosenkavalier à Los Angeles, Il Turco in Italia en Espagne, Adèle (Le Comte Ory) au Festival d’Aix-enProvence et à l’Opéra de Rome, Toreador à Londres, Lucio Silla au Festival Mozart de Würzburg. Elle signe un contrat d’exclusivité avec Erato et enregistre avec eux Giuletta (Les Contes d’Hoffmann), ainsi qu’un disque d’airs de Mozart et plusieurs disques d’airs bel canto. Gunnar Gudbjörnsson Originaire d’Islande, il a fait ses études musicales à la Iceland’s New Music School auprès de V.W. Dernetz puis à Berlin où il a eu comme professeur Hanne-Lore Kuhse. Il s’est perfectionné ensuite auprès de Nicolai Gedda avant de rejoindre le National Opera Studio de Londres. Il commence sa carrière en 1988 à l’Opéra d’Islande dans les rôles de Don Ottavio (Don Giovanni) et Lensky (Eugène Onéguine). L’Opéra de Wiesbaden lui offre ensuite la possibilité d’aborder des rôles aussi variés et étendus que Don Ottavio, Ferrando (Cosi fan tutte),Tamino (La Flûte enchantée), Cassio (Otello de Verdi), Paolino (Il notes de programme |23 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Matrimonio segretto de Cimarosa) ou le berger (Tristan und Isolde de Wagner). Il chante par ailleurs au festival de Buxton, au Welsh National Opera et au Festival d’Aldeburgh. La France l’accueille en mars 1995 pour le rôle titre de La Clémence de Titus à l’Opéra de Metz aux côtés de Michèle Lagrange et Hanna Schaer. Il devient ensuite membre de la troupe de l’Opéra de Lyon où il interprète Nemorino (L’Elisire d’amore de Donizetti), La Chauve-Souris de J. Strauss,Tamino et Ferrando. Au cours de la dernière saison, il a chanté à l’Opéra de Francfort dans le rôle d’Almaviva (Le Barbier de Séville de Mozart), à l’Opéra de Vienne dans celui de Tamino, à l’Opéra de Lille (Der Fliegende Holländer) et à l’Opéra de Toulouse (Cosi fan tutte). Il s’est également produit avec Daniel Barenboïm qui 24 |cité de la musique l’a invité à rejoindre le Deutsche Staatsoper de Berlin en 1999 comme premier ténor. Le 21 mars 1997, il s’est produit avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Marek Janowski dans l’opéra de Schubert Fierrabras. Herbert Lippert est né en 1957 à Linz (Autriche) et a commencé l’étude du chant comme soliste au Vienna Boys Choir. Il entre ensuite à la Musikhochschule de Vienne puis fait ses débuts d’opéra dans le rôle de Tamino dans La Flûte enchantée de Mozart (Staatsoper de Vienne, mars 1990). Après ce premier rôle, il est rapidement engagé dans la plupart des opéras, notamment au Royal Opera House Covent Garden (La Flûte enchantée de Mozart, Arabella de Richard Strauss, Les Maîtres Chanteurs de Richard Wagner) ainsi qu’à la Scala de Milan (L’Enlèvement au sérail de Mozart). Sir Georg Solti avait apprécié sa grande musicalité en lui offrant de participer à plusieurs de ses enregistrements (La Création de Haydn, Les Maîtres chanteurs de Richard Wagner, Don Giovanni de Mozart), mais il a également collaboré avec de nombreux chefs d’orchestre, parmi lesquels il faut citer Wolfgang Sawallisch (concerts à Paris), Nikolaus Harnoncourt (Musikverein de Vienne, Lucerne, Graz), Bernard Haitink (Munich, Valence), Kurt Masur (Leipzig, Londres), Sir Neville Marriner, Herbert Blomstedt (Dresde) et Giuseppe Sinopoli (Florence). Olaf Baer Originaire de Dresde, où il a été en troupe à l’Opéra, il est consi- Joseph Haydn - L’infedeltà delusa déré actuellement comme l’un des jeunes chanteurs de lieder les plus passionnants de ces dernières années. Depuis ses débuts remarquables au Wigmore Hall en 1983, il est retourné de nombreuses fois à Londres, y est toujours très apprécié par les critiques et s’est produit tant en Europe (Dublin, Portugal, Aix-enProvence, Paris, Palerme, Milan, Turin, Regensbourg), qu’en Amérique du Nord (New-York, San Francisco, Washington, Cleveland, Philadelphie,Toronto) ainsi qu’à Hong Kong, en Nouvelle Zélande, en Australie et au Japon. Olaf Baer a récemment présenté le cycle Italienisches Liederbuch de Wolf avec Dawn Upshauw et Helmut Deutsch à Lyon, Lisbonne, Londres et Paris, et a enregistré de nombreux lieder : Dichterliebe op. 48, Kernerlieder et Liederkreis op. 24 de Schumann, Die Schöne Müllerin (Prix du meilleur solo vocal de disque en 1988), Winterreise et Schwanengesang de Schubert, ainsi que des Lieder de Wolf. Olaf Baer poursuit parallèlement une brillante carrière lyrique : il a fait ses débuts à Covent Garden en 1985 dans le rôle d’Arlequin dans Ariane à Naxos, et s’est produit depuis à la Scala (Papageno dans La Flûte enchantée), au Festival d’Aixen-Provence (Arlequin dans Ariane à Naxos et Guglielmo dans Cosi fan Tutte), à l’Opéra de Francfort, (Guglielmo dans Cosi fan Tutte), au Staatsoper de Vienne (Olivier dans Capriccio), au Festival de Glyndebourne (le Comte dans Capriccio et le rôle titre de Don Giovanni), à l’Opéra de Zurich (Olivier dans Capriccio) et récemment à l’Opéra d’Amsterdam (le Comte dans Les Noces de Figaro sous la direction de Nikolaus Harnoncourt). Il a chanté récemment Germont Père dans La Traviata, le Comte des Noces de Figaro dans une nouvelle production dirigée par Colin Davis,Wolfram dans Tannhäuser à Dresde, Olivier dans Capriccio à Vienne et Papageno dans La Flûte enchantée à Chicago, Zaïde de Mozart, Alfonso e Estrella de Schubert sous la direction de Nikolaus Harnoncourt à Zurich, Les Noces de Figaro à l’Opéra de Rome sous le direction de Jeffrey Tate, la Passion selon Saint Matthieu avec le New York Philharmonic dirigé par Kurt Masur et Tannhäuser à Dresde. notes de programme |25 Joseph Haydn - L’infedeltà delusa Orchestre Philharmonique de Radio France Fondé le 1er janvier 1976 sous le nom de Nouvel Orchestre Philharmonique, l’Orchestre Philharmonique de Radio France adopte son nom actuel en 1989. Créé peu après l’éclatement de l’ORTF et la fondation de Radio France, il regroupe alors l’Orchestre Lyrique, l’Orchestre de Chambre et l’Orchestre Philharmonique. La direction de cette importante formation est confiée au compositeur Gilbert Amy. L’originalité de cet orchestre symphonique de 138 musiciens réside dans sa très grande flexibilité et dans la variété de son répertoire. L’orchestre peut en effet être divisé en deux, voire trois formations, ces ensembles pouvant fonctionner simulta- 26 |cité de la musique nément dans des lieux et des répertoires différents, et s’adapter aux configurations variables des musiques de notre temps. Il donne en moyenne 70 concerts par an, dont une vingtaine en province et à l’étranger. Fidèle à sa tradition de pionnier, il consacre une part importante de sa production à la musique du XXe siècle, et l’on ne compte plus les créations qu’il a assurées. Grâce à Marek Janowski qui en prend la direction en 1984 en qualité de premier chef invité, avant d’être nommé directeur musical cinq ans plus tard, l’orchestre est devenu l’une des principales formations de France, se produisant dans les plus prestigieuses salles de concert de Paris et de l’étranger. Parmi les dernières tournées citons l’Allemagne (1992, 1997, 1998), l’Autriche (1992, 1996, 1997), l’Espagne (1997), la Grèce (1993, 1995), et le Japon (1991, 1995). Le Philharmonique se distingue également par le travail réalisé depuis l’arrivée de Marek Janowski sur le répertoire romantique allemand avec les grands cycles des œuvres de Brahms, Bruckner, Schumann, Schubert, Richard Strauss et les musiciens de la seconde Ecole de Vienne. Il s’est en outre illustré dans le répertoire lyrique, opéras et grands oratorios. Parmi les œuvres données en première audition parisienne citons Die Drei Pintos de Weber/Mahler, La Femme silencieuse et Hélène d’Egypte de Richard Strauss, ou encore Cadillac de Paul Hindemith. A l’occasion de la première édition des Victoires de la Musique Classique, organisée à Paris en 1994, les profession- Joseph Haydn - L’infedeltà delusa nels ont couronné l’Orchestre Philharmonique et son chef dans la catégorie « Orchestre symphonique français de l’année » pour l’enregistrement BMG réunissant la Turangalîla-Symphonie et Un Sourire d’Olivier Messiaen (une des dernières œuvres du compositeur dédiée à Marek Janowski), ainsi que le Concerto pour orchestre de Witold Lutoslawski. Ce même enregistrement a également valu à l’orchestre le Grand Prix de la Nouvelle Académie du Disque. Toujours sur le plan discographique, l’Académie Charles Cros et l’Académie du Disque ont décerné au Philharmonique leur Grand Prix du disque, respectivement en 1996 et 1997, pour l’intégrale des symphonies d’Albert Roussel. hautbois violons II Hélène Devilleneuve Stéphane Part Jean-Jacques Justafre Isabelle Leroy Virginie Buscail Mihai Ritter André Aribaud Claude Besenval Florent Brannens Juan-Fermin Ciriaco Thérèse Desbeaux Aurore Doize Marguerite Renard Isabelle Souvignet trompettes altos Jean-Luc Ramecourt Gilles Mercier Gérard Boulanger Jean-Pierre Odasso Jean-Baptiste Brunier Danièle Pons Lucienne Halim Gisèle Dubon Nicole Monteux Michel Pons bassons Chantal Colas-Carry Claude Lamant cors timbales Olivier Aranguren violoncelles clavecin NNNNN violons I Elisabeth Balmas Marie-Laurence Camilleri Nicole Canivez Michèle Delay Béatrice Gaugue-Natorp François Laprevote Laurent Manaud-Pallas Virginie Michel Roland Muller Thomas Tercieux Eric Levionnois Raphaël Perraud Claude Giron Karine Jean-Baptiste contrebasses Gérard Soufflard Jean Thevenet technique Joël Simon régie générale Jean-Marc Letang régie plateau Roland Picault régie lumières notes de programme |27