haydn infelda delusa - Philharmonie de Paris

Transcription

haydn infelda delusa - Philharmonie de Paris
cité de la musique
François Gautier, président
Brigitte Marger, directeur général
Ce n’est certainement pas un hasard si Joseph Haydn, pour fêter la
venue de l’impératrice Marie-Thérèse à Esterhaza en 1773, a abandonné l’idée d’un opéra mythologique Acis et Galatée au profit d’une
burletta per musica (farce musicale) intitulée L’infedeltà delusa (L’infidélité
déjouée). Air du temps : les paysans toscans (riches et pauvres
d’ailleurs) y remplacent les rôles traditionnels des héros et des dieux
qui faisaient l’apanage des productions princières. La construction du
livret (signé Marco Coltellini, le successeur de Métastase à Vienne)
s’inscrit d’ailleurs dans le prolongement des réformes de l’opéra opérées par Gluck et Calzabigi : intrigues simplifiées, nombre réduit des
personnages, vérité et simplicité des sentiments. En complément de
toute cette légèreté, la partition de Joseph Haydn apporte une dimension complémentaire à cette comédie par l’agilité de son phrasé et par
la virtuosité de l’écriture vocale, parfaitement adaptées à l’humour raffiné, mais sachant aussi - notamment dans les trois ensembles - se faire
plus solennelle, voire dramatique.
vendredi 15 mai - 20h / salle des concerts
Joseph Haydn
L’infedeltà delusa, Hob. XXVIII : 5
burletta per musica en deux actes, livret de Marco Coltellini
Marek Janowski, direction
Donna Brown, soprano (Vespina)
Sumi Jo, soprano (Sandrina)
Herbert Lippert, ténor (Filippo)
Olaf Baer, baryton (Nanni)
Gunnar Gudbjörnsson, ténor (Nencio)
Orchestre Philharmonique de Radio France
concert avec entracte
durée : 2 heures 35
coproduction cité de la musique, Radio France
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Joseph Haydn
L’infedeltà delusa
L’infedeltà delusa fut composé par Haydn pour les fêtes en l’honneur de
la princesse Maria Anna, et réentendu lors du séjour à Esterháza de
l’impératrice Marie-Thérèse. La première représentation eut lieu le 26
juillet 1773. Après quoi le palais et le parc furent illuminés, et les
hôtes du prince - parmi lesquels se trouvaient incognito l’archiduchesse Marie-Christine, fille de l’impératrice Marie-Thérèse, et son
époux le duc Albert de Sachsen-Teschen - assistèrent à un bal masqué.
Une légende veut qu’après ces spectacles, Marie-Thérèse ait déclaré :
« Quand je voudrai entendre un bon opéra, je reviendrai à Esterháza ».
Il semble que par la suite, du moins si l’on s’en tient aux documents
disponibles, L’infedeltà delusa n’ait été repris qu’une seule fois du
vivant de Haydn : le 1er juillet 1774, lors d’une visite à Esterháza (en
l’absence du prince) de l’ambassadeur de Modène.
livret
Selon une coutume courante à l’époque, les livrets imprimés par Johann
Joseph Siess, d’Oedenburg (Sopron), pour les représentations de juillet
et septembre 1773, n’indiquent pas le nom du librettiste de L’infedeltà
delusa. Le musicologue H. C. Robbins Landon a pu montrer, grâce à
la découverte d’un livret homonyme (avec nom d’auteur cette fois)
mis en musique pour le carnaval de Florence de 1783 par un certain
Michele Neri, qu’il s’agissait de Marco Coltellini, né à Livourne le 13
octobre 1719 et mort à Saint-Pétersbourg en 1777. Arrivé à Vienne
en 1758, Coltellini avait succédé à Métastase comme « poeta Cesareo »
en 1769, et était parti en 1772 pour Saint-Pétersbourg, où la même
année il avait fourni à Traetta le livret d’Antigone. Il avait sur la réforme
de l’opéra des idées semblables à celles de Gluck et de Calzabigi. Après
l’échec (fin 1770) de Paride ed Elena, sa troisième œuvre écrite en collaboration avec Gluck, Calzabigi désigna lui-même Coltellini comme
son successeur en tant que librettiste à Vienne.
Le livret de L’infedeltà delusa n’est plus du tout du type de ceux que
Métastase avait jadis confectionnés. Il ne met en scène ni nobles, ni
dieux ni déesses, mais uniquement des paysans. Ces paysans sont
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Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
toscans, tout comme Coltellini, qui n’hésita pas à les faire s’exprimer à l’occasion dans le dialecte de son pays natal. Un noble apparaît bien à un certain moment, mais il n’est autre qu’une paysanne
déguisée ! En outre, le livret a le double avantage de se concentrer sur
une seule histoire, sans ces intrigues secondaires et ces chemins de traverse dans lesquels on se perd, et de proposer des situations franchement amusantes.
argument et personnages
L’argument est simple, mais en même temps propre à maintenir une
action en mouvement. Le vieux paysan Filippo veut marier sa fille
Sandrina au riche paysan Nencio. Mais Sandrina aime Nanni, qui
a le malheur d’être pauvre et dont la sœur Vespina est éprise de
Nencio. C’est donc Vespina, giovane spiritosa, qui noue et dénoue les
ficelles de l’intrigue : elle a d’autant plus d’intérêt à favoriser les
retrouvailles de Sandrina, ragazza semplice, et de Nanni, que Nencio
en reviendra libre et qu’elle pourra ainsi récupérer pour elle-même cet
infidèle. Au deuxième acte, nous voyons Vespina déguisée en vieille
femme délaissée, en serviteur allemand, en marquis de Ripafratta,
puis en notaire évidemment. Elle n’a pas moins de quatre airs dont
deux sous un déguisement, alors que Nanni n’en a qu’un (l’extraordinaire Non v’è rimedio) et les trois autres personnages deux. Elle
chante en outre un duo avec Nanni (Son disperato). Le premier air de
Vespina, Come piglia, juste avant son duo avec Nanni au premier acte,
exprime son amour pour Nencio. Les trois autres sont au second
acte. Elle chante Ho un tumore déguisée en vieille femme, l’air à boire
Trinche vaine allegramente déguisée en serviteur allemand et, dans Ho
tesa la rete, elle explique à Nanni que ses filets sont tendus. Ces quatre
airs, forts différents, exigent de grandes qualités d’actrice que
Magdalena Friberth, la créatrice du rôle devait sûrement posséder. Il
en va de même pour la partie tenue par Vespina dans le second finale,
où elle apparaît déguisée en notaire.
Le duo Nanni-Vespina, où le frère et la sœur jurent vengeance contre
Nencio, est un autre grand moment de la partition. Au premier acte,
Nencio chante sous les fenêtres de Sandrina la sérénade « Chi s’impaccia », aux accents à la fois sereins et inquiets, et au second, « Oh che
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gusto ! », air de vengeance ricanant contre Filippo. Celui-ci invective
Sandrina au premier acte dans « Quando viene », puis Nencio au
second dans « Tu sposarti alla Sandrina ? ». Dans « Che imbroglio è
questo ? », Sandrina désarçonnée par les projets de son père s’adresse
à Nanni, et dans « È la pompa un grand’imbroglio », juste avant le
second finale et alors que tout semble se liguer contre elle, elle redit
son dédain pour le luxe et les richesses. Dans l’air déjà évoqué « Non
v’è rimedio », le seul en mineur, Nanni exprime sa rage à l’idée de
perdre Sandrina.
Il y a trois grands ensembles : l’introduction « Bella sera », d’une
beauté assez sensuelle, et les deux finales d’acte, le premier (« O piglia
questa ») au rythme endiablé, le second (« Nel mille settecento ») d’abord
franchement bouffe, puis dramatique et enfin solennel.
Avec ses considérations sur la pauvreté et sur la richesse, sur les gens
de la ville et sur ceux de la campagne, le livret de L’infedeltà delusa
témoigne, par delà son action menée tambour battant, d’une profondeur et d’une subtilité certaines. La couleur locale ne s’y limite pas
à certaines tournures d’expression : Ripafratta est une pittoresque
bourgade dotée d’une forteresse située entre Lucques et Pise, et
Mugnone (lorsqu’on dresse le contrat de mariage, Filippo appelle
sa fille Sandra di Mugnone) le nom d’une rivière près de Florence. Sur
ce livret, Haydn écrivit une musique pétillante, aux tournures populaires mais aussi aux accents passionnés. Il se rendit sûrement compte
des côtés « progressistes » d’un tel sujet, et ce n’est pas pour rien
qu’après avoir envisagé de remanier pour les festivités de juillet 1773
son ancien opéra mythologique Acide e Galatea, il abandonna ce projet et réalisa à sa place L’infedeltà delusa.
Marc Vignal
(avec l’aimable autorisation
de Philips Classics, Amsterdam)
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Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
ouverture
acte I
vouez un amour paternel, allez, dites-moi ce
qu’il en est, parlez franchement car, pour
moi, je ne sais trop que faire maintenant.
Filippo
scène 1
Campagne où l’on voit la maison de Filippo
et où se profilent, dans le lointain, d’autres
chaumières de paysans.
introduction
Filippo, Vespina, Nencio, Nanni
Ô soirée splendide et brise bénéfique qui,
de cette journée, dissipez la chaleur torride et excessive.
Régnez et soufflez encore plus avec sérénité et comblez tous nos souhaits. Faites
en sorte que nos cœurs s’égayent.
Filippo (à Nencio)
Fort bien, monsieur ! Nous voici donc
d’accord.
Nencio
Bien, monsieur. Tout est clair.
Filippo, Nencio
Nul besoin alors de prolonger cet entretien.
(Nencio s’en va.)
Vespina
Il part sans même me dire au revoir !
Nanni
Où peut bien être la femme que j’aime ?
Vespina, Nanni
Un doute commence à s’insinuer dans
mon esprit.
Vespina, Filippo, Nanni
Puisse le ciel m’assister dans mon projet,
car, d’une œuvre, j’entends dès à présent
triompher à bon escient.
(Entre Sandrina.)
Sandrina
Ah ! père, vous qui, en tant que tel, me
Pour l’instant, ma fille, mieux vaut ne
rien dire. Le temps ne se prête pas toujours aux confidences. Comprends-tu ?
Me suis-tu ? Je n’ose parler.
Vespina, Nanni
Ce serait en effet manquer de civilité que
de vous priver de la liberté de parler
quand bon vous semble. Pour l’heure,
allons donc, mon frère (ma sœur) dîner.
Tous
Que chacun se serve et se mette à l’aise.
Nous pourrons toujours, le moment
venu, nous rencontrer et, satisfaits, entre
nous converser.
(Vespina et Nanni s’éloignent.)
récitatif
Filippo
Eh oui, ma fille, enfin, j’ai trouvé à te
marier.
Sandrina
Et puis-je savoir quand ?
Filippo
L’affaire vient tout juste d’être conclue.
Sandrina
Avec Nanni ?
Filippo
Ah ! Surtout pas Nanni ! Ce pauvre diable
peut bien aller se faire voir. Cette fois, l’affaire ne le concerne pas.
Sandrina
Mais...
Filippo
Il n’y a pas de mais, ma fille. Nanni est
pauvre.
notes de programme |5
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Sandrina
Et moi, suis-je riche ?
Filippo
Tu le seras.
éviter que l’on se querelle, mettons donc à
cet entretien un terme. Garde-toi bien de
dire oui car, sinon, je te ferai t’en repentir.
Je suis ton père, et tel est mon désir.
S’il vient te courtiser, etc.
Sandrina
scène 2
Que peut bien m’importer le jour où je serai
fortunée si mes désirs ne sont pas comblés ?
récitatif
Filippo
Et pourquoi ne le seraient-ils ?
Sandrina
Parce que c’est de lui que je suis éprise.
Filippo
Laisse-moi rire. Désormais, c’est de celuilà que tu t’amouracheras.
Sandrina
Mais pourrais-je vraiment l’aimer si mon
cœur est à un autre destiné ?
Sandrina
Pauvre de moi ! Pauvre Nanni !
Comment pourrais-je ainsi me refuser à
lui quand, toujours, j’aurais envie de lui
dire oui ? Il m’aimait tellement ! Cela fait
si longtemps que nous nous aimons ! Et il
faudrait qu’ainsi je le quitte ? J’en suis
toute meurtrie. Pourtant il me faudra
bien obéir, même si je dois en mourir.
C’est injuste ! Le voici qui arrive : il est
préférable que je m’en aille.
Nanni
Filippo
Où vas-tu, Sandrina ?
Absolument ! Les jeunes femmes n’ont pas
de constance.
Sandrina
Moi-même je ne le sais pas.
Sandrina
Mais si cela est, comment ferai-je ?
Nanni
Peut-être es-tu fâchée contre moi ?
Filippo
Tu dois m’obéir et ne rien dire.
Sandrina
Absolument pas.
Sandrina
Mais alors que dois-je faire si Nanni, avec
toute sa grâce, s’en vient à...
Filippo
Nanni
Mais tu es troublée. Tu as les yeux rougis.
On dirait presque que tu as pleuré. Dismoi, ma chérie, que s’est-il passé ?
Tu lui tournes le dos et tu t’éloignes.
Sandrina
air
Rien.
Filippo
Nanni
S’il vient te courtiser, tu n’auras qu’à le
repousser. M’aimes-tu ? Non, monsieur.
Veux-tu m’épouser ? Monsieur, non
merci. Moi, je ne suis que trop lucide. Je
suis ton père, et tel est mon désir. Pour
Mais pourquoi ne me regardes-tu ?
Pourquoi ne me parles-tu pas ?
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Sandrina
Et pourquoi pas ?
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Nanni
Que dis-tu là ? Que t’ai-je fait ?
Sandrina
Je ne le sais pas.
Nanni
Mais dis-moi, parle-moi ; mais enfin
décide-toi. M’aimes-tu ou ne m’aimes-tu
pas ? Dois-je partir ou rester ? Suis-je ton
époux ou ne le suis-je pas ?
d’autre compensation. Rien que d’y penser, je me sens enrager. Je suis tout fiel,
tout poison. Mes entrailles s’embrasent.
Mon cœur s’enflamme. Plutôt que de la
perdre, je préfère en crever. Il n’y a pas
d’autre solution... Ce vieux bougre, cette
immonde créature qui n’a plus que la
peau sur les os n’aura qu’à s’en prendre
qu’à lui si je l’envoie se faire pendre.
(Il s’en va.)
scène 4
air
Sandrina
Quel embrouillamini ! Que veux-tu que
je te dise ? Que veux-tu que je fasse ?
Mon père, ton adversaire, me blâme et
me menace si j’avoue l’amour que je te
voue, si j’ose accepter de t’épouser. Il me
donne des ordres et me dit qu’il m’a
trouvé un mari, qu’il ne m’est pas donné
de m’y opposer, que c’est un meilleur
parti. Je dois te quitter. Je ne puis te parler. Mais je me meurs d’ennui. Est-ce
assez explicite ?
(Elle part.)
scène 3
récitatif
Une pièce avec une batterie de cuisine, une
cheminée, une table dressée et des chaises
dans la maison de Nanni.
Vespina essorant de la salade et s’affairant à
diverses tâches ménagères en chantonnant.
air
Vespina
Comment l’amour peut-il aussi bien viser
quand il a les yeux bandés ? Comment
peut-il avoir des ailes et alentour voler lorsqu’il est encore dans mon cœur ancré ?
Comment peut-il être un angelot qui aime
se divertir si, par pur plaisir, il nous
décoche ses flèches en plein cœur et
ensuite, se rit de notre douleur ? On m’a
dit que l’amour était une abeille qui donnait le miel, mais dardait les cœurs. Et il
m’a piquée ; j’en sens toute l’ardeur, mais
il ne m’a pas encore donné son miel.
Nanni
Maintenant, je comprends de quoi il
s’agit. Ce ballot, ce sorcier de vieux perverti m’inflige ouvertement cette brimade. Mais j’ai mon mot à dire, moi
aussi. Je m’en vais aller trouver son père.
Je veux savoir quel est mon rival ; je veux
qu’il me dise la vérité, toute la vérité. Et,
quand ensuite il m’aura dévoilé en entier
le mystère, l’un des deux devra atterrir au
cimetière.
air
Nanni
Il n’y a pas d’autre solution. Il n’y a pas
récitatif
Vespina
Bigre ! La nuit est tombée et Nencio n’est
pas encore rentré. Je ne voudrais pas que
le diable s’en mêle et de ma route le
détourne. De toute la journée, il ne s’est
pas montré. Hier soir, je l’observais,
attristé et troublé, renfrogné, me répondant de travers, osant à peine me regarder. Parce que je suis pauvre, que, lui, est
riche et possède des biens au soleil, toutes
les femmes me l’envient et veulent le
conquérir. S’il n’avait rien, je n’aurais pas
d’ennemies et je serais ravie. Mais j’ennotes de programme |7
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
tends quelqu’un venir. Le voici. Ah non,
ce n’est pas lui. C’est mon cher Nanni
qui revient affligé et tourmenté. Que lui
sera-t-il arrivé ?
scène 5
Entre Nanni.
Nanni, Vespina
Vite, allons le retrouver. Je veux lui arracher le cœur ; je veux l’étriper.
scène 6
La campagne avec la maison de Filippo
Nencio, une guitare à la main,
sous l’une des fenêtres
duo
air
Nanni
Je suis désespéré. J’ai les nerfs à vif. Je
voudrais en finir.
Vespina
Parle. Qu’est-ce mon frère ? Ah tu me fais
trembler. Que s’est-il passé ?
Nanni
Je suis ruiné.
Vespina
Comment ? Pourquoi ?
Nanni
Sandrina, mon aimée, ne m’est pas destinée.
Vespina
Et qui t’a joué ce mauvais tour ?
Nanni
Nencio
Qui s’embarrasse d’une épouse citadine
part en quête d’une dot, mais ne trouve
que soucis. La nuit venue, elle déambule
et, le matin, reste au lit. Elle n’est pas charnue, mais a beaucoup d’allure. Si elle t’apparaît les joues roses, contrains-la à se
laver et tu verras son vrai visage. Ôte-lui
son corset, ses fanfreluches, sa perruque,
et je m’étonnerai si tu la reconnais. Nos
femmes, elles, se pomponnent à l’eau
fraîche ; elles se mirent dans une fontaine,
dans une vasque ; elles n’ont pas de
mouche et n’aiment pas les intrigues. Elles
savent mieux travailler que raconter des
balivernes. Si une femme de la ville se
colle à toi, prends garde, car malheur à qui
succombe à son charme. Prends garde ;
tiens-toi aux aguets, car elle a un postiche
à la place du cœur, comme du visage.
(Vespina et Nanni arrivent et se dissimulent.)
C’est ton Nencio qui a fait le coup.
récitatif
Vespina
Mon Nencio ?
Vespina
Notre « ami » est ici.
Nanni
Eh oui !
Nanni
Vespina, Nanni
L’as-tu entendu ? Le moment est venu de
prendre ma revanche.
Ô rage ! Ô dépit ! Je sens mon cœur bondir. Cela ne saurait se passer ainsi.
Vespina
Vespina
Non, laisse-moi faire. Calme-toi et
attends.
Et où est ce traître ?
Nanni
Avec Sandrina à faire le joli cœur.
8 |cité de la musique
Filippo (à la fenêtre)
Est-ce toi Nencio ?
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Nencio
C’est moi. Où est mon épouse ?
Sandrina (apparaissant à la fenêtre et
s’adressant à son père dans la pièce)
Que dois-je lui dire ?
Filippo
Elle est là en pleurs.
Nencio
Nanni
Est-ce toi, Sandrina ?
(La pauvre petite)
Sandrina
Nencio
Oui, c’est moi.
Peut-être ne veut-elle pas m’épouser ?
Nencio
Filippo
Mais non, voyons ! Tu sais comment sont
les femmes. Elles sont comme les chats,
d’humeur bizarre. Tu les entends miauler
quand elles veulent être courtisées.
Pourquoi pleures-tu ?
Sandrina
Parce que j’en ai envie.
Nencio
Nanni
(En veux-tu davantage ?)
Nencio
Filippo, je vous en prie. Parlez-lui en ma
faveur.
Ton père ne t’a-t-il dit que demain nous
unirons nos mains, que pour toi je me
pâme, que je ne saurais vivre en paix
faute d’être satisfait, si tu ne devenais ma
femme ?
Sandrina
Filippo
C’est bien pour ça que je suis en larmes.
N’en doute pas.
Nencio
Nencio
Donc, tu ne m’aimes pas ?
Je m’en remets à vous. Puissè-je seulement lui parler !
Sandrina
Filippo veut que je dise si.
Filippo
Je te l’envoie sur-le-champ.
(Il quitte la fenêtre.)
Nanni (à Vespina)
Mais, as-tu entendu ?
Nencio
Mais toi, Sandrina, si tu pouvais parler en
toute liberté, me dirais-tu le contraire ?
Dis-le moi franchement.
Sandrina
Vespina
Je ne sais.
J’ai parfaitement entendu.
Nencio
Nanni
Je brûle d’une flamme intérieure. La rage,
la fureur, me rongent le cœur. Je ne puis
plus me retenir.
Vespina
Calme-toi et attends.
Ecoute-moi. Je n’ai pas l’intention de te
prendre de force. Où que j’aille, j’obtiendrai une centaine de femmes, toutes
mieux les unes que les autres. Si, à toi, ce
mariage ne sied, je pourrai en trouver une
autre et vivre en paix. Si je me marie, ce
n’est pas pour ensuite avoir à en pâtir.
notes de programme |9
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Sandrina
finale
Puis-avoir confiance ?
Vespina
Nencio
Aie confiance, et parle ouvertement. Je te
promets de ne pas me lamenter, et de
n’en souffler mot à quiconque.
(s’approchant de lui et lui donnant une gifle)
Prends plutôt celle-ci ! Infidèle ! C’est
ainsi que tu me trahis ?
Nanni (s’approchant à son tour)
Sandrina
Alors, écoute : mon père veut à tout prix
me forcer à t’épouser et un jour, peutêtre, pourrais-je le faire, je pourrais m’incliner. Mais il veut aussi que je t’aime : et
là, je ne puis lui obéir. J’ai essayé, mais je
le regrette, crois-le, mon cher Nencio,
cela ne me réussit pas.
C’est comme ça que tu me ravis ma
Sandra ?
Nanni, Vespina
Traître ! Scélérat !
Nencio
A l’aide ! Au secours ! Je suis perdu.
Personne ne vient me prêter main forte.
Nencio
Pourtant, Sandrina, je ne crois pas que tu
me dises la vérité.
Vespina, Nanni
Sandrina
Vespina
Oh ! Tu m’offenses ! Je le jurerai si tu le
désires.
Toi, tu oses me trahir ?
Je vais t’arracher le cœur.
Nencio
Nencio
Mais non, tu te trompes.
Non, je veux le vérifier par moi-même. Je
veux faire de toi mon épouse. Pour ma part,
j’ai aimé Vespina, mais je ne l’aime plus.
Nanni
Vespina
Nencio
(Le traître !)
Mais non, tu te trompes.
Nencio
Sandrina
Tu pourrais, à ton tour, encore changer.
Ah ! Pauvre de moi ! C’est mon Nanni.
Ah ! Je me sens mourir d’effroi !
Toi, tu oses me tourner en ridicule ?
Sandrina
N’y compte pas.
Nencio
Je sais qu’à cause de Nanni, à cause de ce
minable de Nanni, tu me méprises, et je
me suis mis en tête de te prendre, fût-ce
de force.
Filippo (sortant de chez lui)
Quelle impudence ! Quelle violence ! Quel
est ce vacarme ? Que se trame-t-il là ?
Vespina, Nanni
De quoi vous mêlez-vous, ignoble personnage ?
Filippo, Nencio
Allez-vous-en d’ici. Ne faites donc pas
tant d’esbroufe ou, sinon, je ferai appeler
les justiciers.
10 |cité de la musique
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Vespina, Nanni
Vespina
Va-t-en toi-même, horrible vieillard, ou
sinon, il va t’en coûter de pire.
Crois-tu que Filippo pourra me reconnaître ?
Sandrina
Nanni
Mon dieu ! Arrêtez ! Ah ! Mon père, par
pitié, rentrez.
Pas le moins du monde.
Vespina
Filippo, Nencio
Ça me va bien ?
Allez-vous-en d’ici. Ne faites donc pas
tant d’esbroufe ou, sinon, je ferai appeler
les justiciers.
Nanni
Vespina, Nanni
Vespina
De douleur...
Et que penses-tu de cet autre costume ?
A merveille.
Nanni
Filippo, Nencio, Sandrina
De peur...
Avec celui-là... une femme me paraît
quelque peu ridicule.
Tous
Filippo (de l’intérieur)
... Je sens que mon âme défaille.
Si nous n’y mettons pas plus de bon sens,
nous allons sombrer tous ensemble.
Attendons demain pour y voir clair.
Dépêche-toi !
acte II
scène 1
Campagne où l’on voit la maison de Filippo
et où se profilent, dans le lointain, d’autres
chaumières de paysans
Vespina déguisée en vieille décrépite et Nanni
Vespina
Silence ! J’entends venir des gens. Metstoi à l’écart.
Nanni
Je m’éclipse illico.
(Il se cache.)
Vespina
Voici le moment de conduire l’intrigue.
scène 2
récitatif
Vespina
Ô mon frère ! Cette nuit, je n’ai pas
fermé l’œil et, jusqu’au petit jour, j’ai tant
tourné en tous sens et agi de telle façon
que, si le démon ne se met en travers, je
compte bien entraver cette hyménée. Eh !
Tu le sais, à qui se lève matin, Dieu aide
et prête la main.
Filippo et Sandrina sortent de chez eux.
Vespina se met à l’écart.
récitatif
Filippo
Dépêche-toi !
Sandrina
J’arrive. Mais où allons-nous ?
Nanni
Je te l’accorde ! Tu n’as pas ta pareille si
tu y parviens.
Filippo
Chez le juge pour porter plainte contre ce
gredin de Nanni.
notes de programme |11
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Sandrina
Sandrina
Ah ! mon père, je suis verte de peur.Vous
allez voir que si le notaire essaie de m’interroger, comme une feuille, je me mettrai à trembler.
Pauvre femme !
Filippo
(Elle aiguise ma curiosité.) Avec moi,
vous pouvez parler en toute liberté.
Filippo
Tremble, sois en proie à la peur, meurs ;
quoi qu’il arrive, tu dois venir.
Vespina
Vespina (s’approchant de Filippo)
Filippo
S’il vous plaît, monsieur, dites-moi, est-ce
bien ici qu’habite un certain Nencio
Sgarra ?
Que dites-vous ?
C’est le mari...
Vespina
Vespina
Oh, rien... La parole est d’argent et le
silence est d’or, comme dit le proverbe, et
trop parler nuit. Je ne suis pas une cancanière... et c’est là ma recette !
Chat échaudé craint l’eau froide.
C’est bien ma chance ! Il fallait encore
bien que je me trompe de chemin !
Filippo
Filippo
Parlez donc.Vous ne risquez rien en vous
confiant à moi.
Filippo
Non, ma sœur.
Je vais vous indiquer. C’est tout près.
Vespina
Vespina
Ah ! Ereintée comme je suis et vu mon
grand âge, ce sera, je le crains, encore
trop loin.
J’en pleurerais rien que d’y penser. Mais,
dans la vie, un malheur n’arrive jamais
seul, comme dit le proverbe, et qui ne fait
rien jamais ne faillit. Pourtant, un jour, la
vérité finit par éclater.
Filippo
Voici ! C’est ici !
Filippo
Et que lui est-il arrivé ?
Vespina
Dieu vous le rendra. Ô mon frère, vous
me ramenez à la vie. Si vous saviez dans
quel pétrin je me trouve à cause de ce
coquin ! Mais, comme dit le proverbe,
dans la vie, il faut avaler sa langue, et qui
n’a pas pour deux sous de jugeote doit
avoir de bonnes jambes.
Vespina
Ledit Nencio, un jour de carnaval, est
venu à Peretola. Il vit ma fille et s’en
éprit. Chacun s’accordait pour dire que
c’était un beau parti, et ma fille se laissa
séduire. Son cœur s’enflamma, et le
démon tant et tant l’embrasa qu’ils se
marièrent en cachette.
Filippo
Et en quoi ce jeune homme vous intéresse-t-il ?
Filippo
(Nencio marié ! Ah ! Le vaurien ! Ce
mécréant ne mérite pas que l’on s’apitoie.)
Vespina
Je ne puis en dire davantage. Je dois rester
coite et ronger mon frein.
12 |cité de la musique
Vespina
Ah ! Mon frère, le procès, les tribunaux
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
n’ont pas mes faveurs. L’argent n’a pas
d’odeur et un mauvais arrangement vaut
mieux qu’un bon procès, comme dit le
proverbe. Qui n’a pas de quoi graisser la
patte a toujours tort. Alors, les huissiers, les
commandements, les appels, les assignations, les enquêtes, les témoignages contradictoires, mon frère, n’ont plus de cesse.
Or, je suis âgée et accablée de soucis.
air
Filippo
Oh, la richesse est peut-être l’apanage de
ceux qui ont pour fâcheuse tendance de
devenir des gredins.
Sandrina
Il est donc préférable d’être misérable.
Filippo
Assurément ! Bonne renommée vaut
mieux que ceinture dorée.
Vespina
Sandrina
J’ai au genou une tumeur qui me force à
claudiquer. J’ai dans l’œil une fistule qui
me fait toujours larmoyer. J’ai une toux,
atchoum, qui me tue et j’ai du mal à respirer. Et cette pauvre petite est en train
de mourir. Ah ! Qu’adviendrait-il de moi
si, en plus de tous ces ennuis, il me fallait
aller plaider ?
J’ai au genou une tumeur, etc.
(Elle se retire.)
Le voici qui arrive.
Filippo
Il vaut mieux que nous évitions une telle
confrontation.
(Ils rentrent chez eux et verrouillent la porte.)
scène 4
Nencio se présente.
récitatif
scène 3
Nencio
récitatif
Sandrina
Qu’en dites-vous ?
Filippo
Ah, ma chère et tendre fille, je suis quasiment hors de moi.
Sandrina
Si Nencio est marié, il ne pourra m’épouser ?
Filippo
Ho ! Filippo ! Sandrina ! Ne vous enfermez pas. Ecoutez-moi. Comment peuvent-ils être aussi impolis ? Ils m’ont
pourtant vu et savent pour quelle raison
je reviens sur leurs traces. Et ils me claquent la porte en pleine face ! Voyons un
peu ce qu’il en est...
(Il frappe à la porte.)
Personne ne répond... Hé ! Y a-t-il quelqu’un ?
(Il frappe à nouveau.)
Pas de réponse ! Sapristi !
(Il frappe encore plus fort.)
Y a-t-il quelqu’un ?
Nous allons l’envoyer épouser le gibet !
Le vaurien ! Le chenapan ! Gare à lui si,
devant moi, il se présente.
Filippo (de l’intérieur)
Sandrina
Nencio
Pourtant, ne disiez-vous pas qu’il était
riche ?
Filippo, c’est moi. C’est moi, Nencio.
Ouvrez.Vous ne me reconnaissez donc
pas ? Bon sang ! Seriez-vous devenu
sourd ?
Qui est-ce ?
notes de programme |13
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Filippo
(Il retourne frapper à la porte.)
Et que voulez-vous ?
Nencio
Ah ! Elle est bien bonne celle-là ! Ce que
je désire ? J’ai tout arrangé. J’ai trouvé le
préposé. J’ai convié mes proches parents
et, si vous acceptez, les épousailles peuvent avoir lieu ce soir.
Vespina (apparaissant déguisée en domestique allemand et tenant en main une bouteille
et un verre.)
Eh, paysan !
Nencio
Qu’est-ce encore que celui-ci ?
Filippo
Tu peux plutôt aller te faire pendre.
Fourbe, voyou, misérable pendard.Va
rejoindre ta femme.Va nourrir tes petits,
père indigne. Ôte-toi de mon passage ou
je saisis une trique.
Vespina
Hé, paysan stupide. Ah ! toi garstiger
Kerle ! Pourquoi ne réponds-tu pas ?
Nencio
Monsieur, je ne comprends pas.
air
Vespina
Filippo
Moi, pourtant, parler français.
Toi, épouser Sandrina ? Tu peux la chasser de tes pensées. Ou sinon ma pique ou
le pilori te prendra, un de ces jours, pour
époux. Ne te présente plus jamais devant
moi, bougre de voyou, entaché de vices,
de péchés, sans amour ni pitié. Toi, épouser Sandrina ? Tes enfants sont en larmes.
Ton entourage te blâme. Et ta pauvre
femme implore la charité. Délaissée,
abandonnée, elle n’a personne qui puisse
l’aider. Elle n’a plus rien à manger.
Ne te présente plus jamais devant moi, etc.
Nencio
Admettons. Dans ce cas, parlez en bon
chrétien et je vous comprendrai.
Vespina
Où se troufer mon maître ?
Nencio
Et qu’en saurais-je ?
Vespina
scène 5
Lui venir épouser ein jeune fille du paysan Filippo. Et moi m’arrêter pour boire,
et pas le troufer. Toi, poufoir m’indiquer ?
récitatif
Nencio
Je n’y comprends goutte.
Nencio
Que signifie cette parodie ? Serait-il
devenu fou ? Aurait-il bu ? Serait-il
devenu la proie du diable ? Je ne sais plus
où j’en suis. Il me claque la porte au nez
et disparaît ! Mais de quelle femme, de
quels enfants parle-t-il ? Rêve-t-il ?
Plaisante-t-il ? Ah ! Le vieil impudent ! Il
use ce faisant d’une ruse, d’un fauxfuyant pour me tourner en ridicule, pour
me maltraiter. Mais j’irai jusqu’au bout !
Je vais aller m’en assurer.
Vespina
Ah ! guter Freund ! Ah ! Charmant paysan !
Quand maître à Sandrina marié, lui fouloir trinquer, fouloir en compagnie s’enivrer, fouloir danser, rester gai.
Nencio
Que dites-vous là ? Votre maître doit
épouser Sandrina ?
Vespina
Eh oui, jolie petite.
14 |cité de la musique
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Nencio
Nencio
Et c’est aujourd’hui que se font les épousailles ?
Je voudrais dire deux mots à Filippo.
Vespina
Vespina
Le connais-tu ?
Ja, aujourd’hui, oui, oui.
Nencio
air
Bien sûr.
Vespina
Vespina
Moi, boire vin avec gaîté, car, maître, ce
jour, se marier. Toi danser, toi chanter.
Moi fouloir m’enivrer. Lustig, lustig paysan. Tout manger et rien payer. Toi, payson, allègre, car, aujourd’hui maître paie.
Lustig, lustig paysan.
(Elle part.)
Et moi, me connais-tu ?
scène 6
Nencio
Je ne crois pas vous avoir jamais vu.
Vespina
Ecoute-moi, vilain, et tu le sauras. Je suis
le Marquis de Ripafratta.
Nencio
Je vous crois, illustre personnage.
récitatif
Vespina
Nencio
A présent, je découvre de quoi il
retourne. Maintenant, je comprends
pourquoi Filippo s’est barricadé. Il a saisi
meilleur parti. Peu m’importent les commérages, mais je refuse de passer pour
ridicule. Je veux que les choses rentrent
dans l’ordre. Je ne veux pas me laisser
accabler.
Mais ce n’est pas tout. Sache que si, de
cette porte, tu oses encore t’approcher, je
te ferai bâtonner.
Nencio
Ah ! Monseigneur, ne vous dérangez pas.
Vespina
As-tu vraiment compris ?
(Vespina revient déguisée en chevalier.)
Nencio
Vespina
Oui, Sérénissime, mais oui.
Gentilhomme !
Vespina
Nencio
Alors, veille sur toi.
Illustrissime !
Nencio
Vespina
Que fais-tu ?
N’en doutez pas. Mais sachez, par
ailleurs, que Filippo m’a joué un tour de
cochon.
Nencio
Rien, Monseigneur.
Vespina
Et lequel ?
Vespina
Comment rien ? Que cherches-tu dans
cette maison ?
Nencio
Hier soir, pas plus tard qu’hier soir, il me
promettait la main de Sandrina. En cette
notes de programme |15
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
matinée, je viens donc, comme convenu,
pour l’épouser, et voilà qu’il me chasse
comme un pestiféré.
Vespina
Vespina
Nencio
Ah ! Ah ! Tu me fais rire.
J’y vais.
Nencio
(Vespina entre dans la maison de Filippo.)
Rentre alors et patiente. J’enverrai l’un de
mes domestiques te prévenir.
Et je sais qu’en ce jour Sandrina vous
épouse. Il n’empêche, je voudrais avec lui
m’expliquer.
Vespina
Ecoute. Tu me parais être un homme
intègre. Je vais donc te confier mon secret
tout entier. Je lui ai fait entendre, sous le
prétexte d’un vœu que j’avais fait, que je
désirais prendre Sandrina pour femme.
Mais au moment de signer le contrat, les
noms seront changés, et l’un de mes
valets se substituera à moi pour l’épouser.
Dès lors, elle deviendra ma femme de
service.
air
Nencio
Oh ! Quelle joie en perspective s’il m’arrive de voir ce vieillard baver de dépit, se
fâcher, s’emporter en découvrant finalement la marquise mariée à un cuisinier.
Quels cris poussera, quelle grise mine
fera ce vieux sorcier ! Déjà, je crois que je
puis me tordre de rire.
Oh ! quelle joie en perspective, etc.
(Il part.)
scène 7
Nencio
Oh ! c’est magnifique ! Mais, quand il le
saura, que dira Filippo ?
Vespina
Que veux-tu qu’il dise ? Sandrina aura
consenti et, une fois la contrat signé, il ne
pourra plus se rétracter. Ce qui est fait est
fait.
Nencio
Le voilà dans de beaux draps ! Oh ! que
ne donnerais-je pour assister à cette
hyménée !
récitatif
Vespina ( sortant de la maison de Filippo)
Nanni, viens vite, hâte-toi. La chose est faite.
Nanni
Et comment cela ?
Vespina
Le vieux est tombé dans le piège. Allonsnous en, et vite.
Nanni
Mais où ?
Vespina
Viens, tu pourras servir de témoin.
Vespina
Changer d’habits.
Nencio
Ah ! volontiers, seigneur, par charité !
Nanni
Vespina
Mais n’as-tu pas dit que l’affaire était
arrangée ?
Mais où loges-tu ?
Nencio
Ma demeure est toute proche.
16 |cité de la musique
Vespina
La mascarade n’est pas encore finie.
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
voire même en chaise à porteurs.
Nanni
Mais dis-moi au moins ce qu’il en est.
Vespina
Pour l’instant, c’est impossible.
Alors que j’ai de si bonnes jambes, j’aurai
plutôt l’impression d’être au supplice.
Nanni
Filippo
Alors, au moins, dis-moi comment tout
cela finira.
D’être toujours vêtue de soie et de
velours.
Vespina
Sandrina
Viens d’abord apprendre ta leçon.
Peut-être ces habits protègent-ils davantage des frimas.
Vespina
air
Vespina
Filippo
J’ai tendu le filet, j’ai déposé l’appeau et
je sais qu’aisément je pourrai y attirer
plus d’un oiseau. Mais sache que si je me
laisse divertir, si à temps je ne tire, s’ils
s’élèvent à tire d’ailes, une fois ma ruse
découverte, je resterai le bec dans l’eau.
J’ai tendu le filet, etc.
(Ils partent.)
De prendre goût au port de la crinoline.
Sandrina
Oh ! Certes, le plaisir n’est pas minime
que de se cogner les mollets dans cet
appareil !
Filippo
D’avoir une foule de domestiques à ton
service.
scène 8
Une pièce dans la maison de Filippo
récitatif
Sandrina
Et d’afficher au grand jour tous mes faits
et gestes.
Filippo
Filippo
Dans ce coin, place cette table. Tendons
sur elle cette nappe. Ici, une chaise. Là,
une autre. Un tabouret. Ici une autre.
Parfait ! Ô ma fille, tu es née coiffée.
D’avoir chaque jour sur la table dressée
non pas un seul mets, mais un banquet.
Sandrina
Sandrina
Invention on ne peut plus sublime pour
vous couper l’appétit.
C’est là en effet une chance inespérée !
Filippo
Filippo
Allons, petite sotte. Le moment est
décisif ! Il s’agit pour toi de devenir une
grande dame.
Tais-toi et rabats ton caquet ou sinon je
vais te gifler.
Sandrina
Sandrina
Mais comment voulez-vous que je m’habitue à faire la dame ?
Et de me déshabituer à travailler et à rester en bonne santé.
Filippo
Filippo
Comment ? Serais-tu la première à le
faire ? Vois-tu, ma fille, quand le sort a
fait le reste, l’apparence et l’extravagance
Et de rouler à tout jamais en carrosse,
notes de programme |17
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
s’acquièrent très vite. Mais silence !
J’entends venir des gens. Peut-être est-ce
le marquis qui, avec le notaire, s’en
revient pour la signature des écritures.
Maintenant, tu vas voir ce que signifie
changer de peau.
Nanni
Il viendra pour contresigner le contrat.
Pour l’instant, il est allé donner les
consignes requises pour le départ, choisir
les parures qu’il destine à son épouse, les
carrosses d’apparat et tant de choses
comme ça !
Sandrina
Pas question ! Je ne veux que du pain, des
oignons et mon Nanni.
air
Filippo
Oh, ma fille, quelle chance tu as !
Nanni
Hé bien, monsieur le notaire, je vous serai
gré de daigner commencer à rédiger.
Sandrina
La pompe est un bagne pour une âme qui
dédaigne les honneurs, la richesse et le
faste. Quant à moi, je n’aspire et ne désire
qu’à avoir le cœur paisible. La pompe est
un bagne, etc.
scène 9
Entrent Nanni, déguisé en domestique,
Vespina en tenue de notaire, et Nencio.
récitatif
Vespina
Je suis prêt.
finale
Vespina
En l’an mille sept cents, devant un officier public, les personnes suivantes se
sont présentées pour déclarer leur accord
et leur volonté de s’épouser.
Les noms ? Qui les connaît ?
Nanni
Filippo
Je suis, à votre grandeur, le plus dévoué
des serviteurs.
Le nom de ma fille est Sandra di
Mugnone.
Sandrina
Vespina
Et quel est le nom du maître ?
A qui parle-t-il ?
Filippo
Filippo
Son domestique va nous le dire.
Mais à toi ! Que ne le vois-tu ?
Nanni
Mon maître, en ces lieux, m’envoie, avec
monsieur le notaire pour que soit signé le
contrat de son mariage. Il m’a en outre
chargé de trouver un témoin.
Nanni
C’est le comte, le baron ; c’est le prince et
le marquis.
Nencio, Nanni et Vespina
(Et maintenant, on va voir ce qu’on va
voir.)
Filippo
Oh ! Fort bien ! Mais monsieur le
Marquis ne doit-il être présent à cet événement ?
18 |cité de la musique
Vespina
Et à combien se chiffre la dot ?
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Filippo, Sandrina
Vespina, Nanni, Sandrina
C’est une enfant extrêmement pauvre qui
n’a rien et qui se marie par charité.
A vrai dire, mieux vaut en rire.
Filippo, Nencio
Nencio, Nanni
Pas de dot, pas de trousseau : pour ça, je
le crois ! D’ailleurs, qui ne le sait pas !
Que signifie cette supercherie ?
Quelle est cette parodie ?
Nanni, Vespina
Ainsi est châtiée l’infidélité.
Vespina
En cet état, donc, fidélité ils se promettent ; en cet état, ils s’unissent par les
liens du mariage, sans autres formes de
contraintes ou obligations. Ça suffit ainsi.
Filippo, Nencio
Pour autant que je sache, je n’ai pas signé
de pacte. Je saurai toujours m’en sortir.
Nanni, Vespina, Sandrina
Filippo, Sandrina
Entendu. Qu’ils signent.
Le contrat est bel et bien signé, il n’est
plus possible de le résilier.
Nencio, Nanni
Nanni (à Sandrina)
Où ? Où ?
Te voici devenue mon épouse.
Vespina
Vespina (à Nencio)
Ici. Et les témoins ?
Te voici devenu mon époux.
Nanni, Nencio
Nanni, Vespina
Nous voici.
Tout est bien qui finit bien.
Filippo
Filippo ( à Nencio, le toisant avec dédain)
Où est le marquis ?
Sieur Trompe-l’œil, Sieur Vagabond,
veuillez quitter ces lieux sur-le-champ.
Sandrina
Où est mon mari ?
Nencio
Nanni, Vespina, Nencio
Nul au monde sur moi ne s’apitoie !
Que va-t-il advenir de moi ?
Il va venir.
(A vrai dire, mieux vaut en rire.)
Filippo (à Nencio)
M’as-tu entendu, malotru ?
Filippo, Sandrina
Mais quand est-il censé venir ?
Nencio
Tu me fais grand tort.
Vespina, Nanni (montrant qui ils sont)
Le voici !
Filippo
Tu as trahi ta propre femme !
Sandrina
Mais c’est mon cher Nanni !
Nencio
C’est un parfait mensonge.
Nencio
Mais c’est Vespina !
Filippo
Et abandonné tes enfants !
notes de programme |19
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Nencio
C’est là une intrigue que quelqu’un a
contre moi ourdie.
Vespina
Ecoutez ! Silence ! Maintenant, regardez
la vérité telle qu’elle est. J’ai feint d’être
cette vieille femme qui sans cesse disait :
« comme dit le proverbe » ; j’ai aussi joué
le rôle du serviteur allemand qui psalmodiait : « Hé, paysan stupide ! »
Filippo, Nencio
C’est assez. C’est donc toi,Vespina, qui a
été la plus maligne. Tu as su, il nous faut
l’admettre, nous prendre en traître. Ce
fut de ta part de l’irrespect, mais comment y remédier ?
Tous
Ce qui est fait est fait. Réjouissons-nous
plutôt que tout se soit soldé par une
double hyménée.
traduction Yvette Gogue © 1980
20 |cité de la musique
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
biographies
Marek Janowski
Né à Varsovie, de père
polonais et de mère
allemande, Marek
Janowski arrive en
Allemagne dès son
plus jeune âge. Il fait
ses études à la
Hochschule de
Cologne. Elève de
Wolfgang Sawallisch,
il est engagé très jeune
à l’Opéra de
Hambourg par Rolf
Liebermann qui, en
1973, l’appelle à diriger pour la première
fois à l’Opéra de Paris.
De 1973 à 1979, il est
directeur musical des
opéras de Fribourg et
de Dortmund. Depuis
1979, il est régulièrement invité par les
plus grands opéras :
Paris, Berlin,
Hambourg, Munich,
Metropolitan Opera
de New-York,
Chicago, San
Francisco et
Staatsoper de Vienne.
En concert, Marek
Janowski travaille
régulièrement avec la
plupart des grands
orchestres internationaux, notamment le
Philharmonique de
Berlin, le Deutsches
Symphonie Orchester
de Berlin dont il est le
premier chef invité, le
Gewandhaus de
Leipzig, la
Staatskapelle de
Dresde, le Royal
Philharmonic et le
Philharmonia de
Londres, le BBC
Symphony Orchestra,
le Boston Symphony
Orchestra, le
Philadelphia
Orchestra, le
Pittsburgh Orchestra,
le Los Angeles
Philharmonic et
l’Orchestre de la NHK
de Tokyo. De 1986 à
1990, il occupe le
poste de directeur
musical du Gürzenich
Orchester de
Cologne. Depuis
1984, Marek Janowski
est à la tête de
l’Orchestre
Philharmonique de
Radio France. Des
dates importantes
jalonnent la carrière
du chef et de son
orchestre : 1986 (10e
anniversaire de l’orchestre) : Der Ring des
notes de programme |21
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Nibelungen de Richard
Wagner à Paris, œuvre
reprise aux Chorégies
d’Orange en 1988.
1992 : Marek
Janowski remonte le
Ring à Paris et dirige,
pour la première fois
en France, l’intégrale
des symphonies
d’Anton Bruckner à
l’Opéra de ParisBastille. En première
audition à Paris, il
présente l’opéra de
Richard Strauss
Hélène d’Egypte qu’il
crée également à
Athènes (1993), puis
un autre opéra rarement joué : Cadillac
de Paul Hindemith
(1994). En 1997, à
l’occasion du bicentenaire de Schubert, le
Philharmonique et
son chef donnent en
première audition en
France le premier
opéra de Schubert,
Des Teufels Lustschloss,
ainsi que Fierrabras.
Donna Brown
Originaire du Canada,
elle étudie le piano, le
chant et la composition à Ottawa et
22 |cité de la musique
l’Université McGill de
Montréal, avant de
venir à Paris suivre
l’enseignement de
Noemic Perugia et de
Daniel Ferro. En
1980, elle obtient une
bourse pour aller étudier à l’Institut Franz
Schubert de Baden
(Autriche) et, en
1982, une nouvelle
bourse pour suivre
l’enseignement
d’Edith Mathis à la
Fondation Karajan
(Salzbourg). Elle
devient rapidement
l’une des sopranos les
plus demandées à travers l’Europe. Elle est
donc amenée à travailler avec les plus
grands chefs
(Sawallisch, Giulini,
Barenboïm,Tate,
Jordan, Rilling et
Gardiner), dans un
répertoire s’étendant
du XVIIIe au XXe siècle.
Citons parmi ses principaux rôles d’opéra :
Sophie (Der
Rosenkavalier de
Strauss à l’English
National Opera et à
l’Opéra de Toulouse),
Almirena (Rinaldo de
Haendel à l’Opéra de
Genève), Pamina (Die
Zauberflôte à l’Opéra
Bastille et à l’Opéra
de Tokyo), Margana
(Alcina de Haendel à
l’Opéra de Genève et
au Théâtre du
Châtelet), Chimène
(Rodrigue et Chimène
de Debussy) et Gilda
(Rigoletto de Verdi à
l’Opéra de
Montpellier). Elle est
par ailleurs devenue
une récitaliste renommée et a donné de
nombreux concerts à
Paris, Montréal et
dans les principaux
festivals de musique
de chambre. Elle
chantera prochainement Rosina dans le
Barbier de Séville
(Ottawa), dans les
messes de Haydn
(avec John-Eliot
Gardiner), et enregistrera pour Philips La
Création de Haydn et
La Messe en si mineur
de Bach.
Sumi Jo
Née à Séoul, dotée
d’un timbre de voix
très pur et d’une tech-
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
nique stupéfiante, la
soprano colorature a
fait ses études de
piano et de chant au
Conservatoire Santa
Cecilia de Rome. Elle
est très vite remarquée
par Herbert von
Karajan, avec lequel
elle chante Oscar (Un
Ballo in Maschera), et
enregistre une vidéo
intitulée Karajan in
Salzburg.Très vite,
l’artiste est sollicitée
par les grandes scènes
internationales. Elle se
produit au Mostly
Mozart Festival de
New-York, au Festival
International d’été de
Québec, au Staatsoper
de Vienne, au Lyric
Opera de Chicago, à
la Scala de Milan, à la
Santa Cecilia de
Rome, au Japon avec
le Trio Chung, en
concerts à Séville,
Toronto et à Londres
avec Zubin Mehta
(Carmina Burana
enregistré par Teldec).
Elle interprète
Rigoletto avec Alfredo
Kraus à Bilbao,
L’Enfant et les sortilèges
à Pittsburgh avec
Lorin Maazel, Die
Zauberflöte à Leipzig,
Los Angeles,
Florence, Salzbourg,
Londres et Buenos
Aires. Sumi Jo chante
également Olympia
(Les Contes
d’Hoffmann) à l’Opéra
National de Paris et à
l’Opéra de Lille, Lucia
di Lammermoor à
l’Opéra du Rhin de
Strasbourg, au Liceo
de Barcelone, à
l’Opéra National de
Paris (Bastille) et au
MET. Elle chante
Ariadne auf Naxos à
Buenos Aires, à Lyon
et à Lisbonne, La
Sonnambula à Trieste
et à Santiago du Chili,
Der Rosenkavalier à
Los Angeles, Il Turco
in Italia en Espagne,
Adèle (Le Comte Ory)
au Festival d’Aix-enProvence et à l’Opéra
de Rome, Toreador à
Londres, Lucio Silla
au Festival Mozart de
Würzburg. Elle signe
un contrat d’exclusivité avec Erato et
enregistre avec eux
Giuletta (Les Contes
d’Hoffmann), ainsi
qu’un disque d’airs de
Mozart et plusieurs
disques d’airs bel
canto.
Gunnar
Gudbjörnsson
Originaire d’Islande, il
a fait ses études musicales à la Iceland’s
New Music School
auprès de V.W.
Dernetz puis à Berlin
où il a eu comme professeur Hanne-Lore
Kuhse. Il s’est perfectionné ensuite auprès
de Nicolai Gedda
avant de rejoindre le
National Opera
Studio de Londres. Il
commence sa carrière
en 1988 à l’Opéra
d’Islande dans les
rôles de Don Ottavio
(Don Giovanni) et
Lensky (Eugène
Onéguine). L’Opéra de
Wiesbaden lui offre
ensuite la possibilité
d’aborder des rôles
aussi variés et étendus
que Don Ottavio,
Ferrando (Cosi fan
tutte),Tamino (La
Flûte enchantée),
Cassio (Otello de
Verdi), Paolino (Il
notes de programme |23
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Matrimonio segretto de
Cimarosa) ou le berger (Tristan und Isolde
de Wagner). Il chante
par ailleurs au festival
de Buxton, au Welsh
National Opera et au
Festival d’Aldeburgh.
La France l’accueille
en mars 1995 pour le
rôle titre de La
Clémence de Titus à
l’Opéra de Metz aux
côtés de Michèle
Lagrange et Hanna
Schaer. Il devient
ensuite membre de la
troupe de l’Opéra de
Lyon où il interprète
Nemorino (L’Elisire
d’amore de Donizetti),
La Chauve-Souris de J.
Strauss,Tamino et
Ferrando. Au cours de
la dernière saison, il a
chanté à l’Opéra de
Francfort dans le rôle
d’Almaviva (Le
Barbier de Séville de
Mozart), à l’Opéra de
Vienne dans celui de
Tamino, à l’Opéra de
Lille (Der Fliegende
Holländer) et à l’Opéra
de Toulouse (Cosi fan
tutte). Il s’est également produit avec
Daniel Barenboïm qui
24 |cité de la musique
l’a invité à rejoindre le
Deutsche Staatsoper
de Berlin en 1999
comme premier ténor.
Le 21 mars 1997, il
s’est produit avec
l’Orchestre
Philharmonique de
Radio France sous la
direction de Marek
Janowski dans l’opéra
de Schubert
Fierrabras.
Herbert Lippert
est né en 1957 à Linz
(Autriche) et a commencé l’étude du
chant comme soliste
au Vienna Boys Choir.
Il entre ensuite à la
Musikhochschule de
Vienne puis fait ses
débuts d’opéra dans le
rôle de Tamino dans
La Flûte enchantée de
Mozart (Staatsoper de
Vienne, mars 1990).
Après ce premier rôle,
il est rapidement
engagé dans la plupart
des opéras, notamment au Royal Opera
House Covent
Garden (La Flûte
enchantée de Mozart,
Arabella de Richard
Strauss, Les Maîtres
Chanteurs de Richard
Wagner) ainsi qu’à la
Scala de Milan
(L’Enlèvement au sérail
de Mozart). Sir Georg
Solti avait apprécié sa
grande musicalité en
lui offrant de participer à plusieurs de ses
enregistrements (La
Création de Haydn,
Les Maîtres chanteurs
de Richard Wagner,
Don Giovanni de
Mozart), mais il a également collaboré avec
de nombreux chefs
d’orchestre, parmi lesquels il faut citer
Wolfgang Sawallisch
(concerts à Paris),
Nikolaus
Harnoncourt
(Musikverein de
Vienne, Lucerne,
Graz), Bernard
Haitink (Munich,
Valence), Kurt Masur
(Leipzig, Londres),
Sir Neville Marriner,
Herbert Blomstedt
(Dresde) et Giuseppe
Sinopoli (Florence).
Olaf Baer
Originaire de Dresde,
où il a été en troupe à
l’Opéra, il est consi-
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
déré actuellement
comme l’un des
jeunes chanteurs de
lieder les plus passionnants de ces dernières
années. Depuis ses
débuts remarquables
au Wigmore Hall en
1983, il est retourné
de nombreuses fois à
Londres, y est toujours très apprécié par
les critiques et s’est
produit tant en
Europe (Dublin,
Portugal, Aix-enProvence, Paris,
Palerme, Milan,
Turin, Regensbourg),
qu’en Amérique du
Nord (New-York, San
Francisco,
Washington,
Cleveland,
Philadelphie,Toronto)
ainsi qu’à Hong
Kong, en Nouvelle
Zélande, en Australie
et au Japon. Olaf Baer
a récemment présenté
le cycle Italienisches
Liederbuch de Wolf
avec Dawn Upshauw
et Helmut Deutsch à
Lyon, Lisbonne,
Londres et Paris, et a
enregistré de nombreux lieder :
Dichterliebe op. 48,
Kernerlieder et
Liederkreis op. 24 de
Schumann, Die Schöne
Müllerin (Prix du
meilleur solo vocal de
disque en 1988),
Winterreise et
Schwanengesang de
Schubert, ainsi que
des Lieder de Wolf.
Olaf Baer poursuit
parallèlement une
brillante carrière
lyrique : il a fait ses
débuts à Covent
Garden en 1985 dans
le rôle d’Arlequin
dans Ariane à Naxos,
et s’est produit depuis
à la Scala (Papageno
dans La Flûte enchantée), au Festival d’Aixen-Provence
(Arlequin dans Ariane
à Naxos et Guglielmo
dans Cosi fan Tutte), à
l’Opéra de Francfort,
(Guglielmo dans Cosi
fan Tutte), au
Staatsoper de Vienne
(Olivier dans
Capriccio), au Festival
de Glyndebourne (le
Comte dans Capriccio
et le rôle titre de Don
Giovanni), à l’Opéra
de Zurich (Olivier
dans Capriccio) et
récemment à l’Opéra
d’Amsterdam (le
Comte dans Les Noces
de Figaro sous la direction de Nikolaus
Harnoncourt). Il a
chanté récemment
Germont Père dans
La Traviata, le Comte
des Noces de Figaro
dans une nouvelle
production dirigée par
Colin Davis,Wolfram
dans Tannhäuser à
Dresde, Olivier dans
Capriccio à Vienne et
Papageno dans La
Flûte enchantée à
Chicago, Zaïde de
Mozart, Alfonso e
Estrella de Schubert
sous la direction de
Nikolaus
Harnoncourt à
Zurich, Les Noces de
Figaro à l’Opéra de
Rome sous le direction de Jeffrey Tate, la
Passion selon Saint
Matthieu avec le New
York Philharmonic
dirigé par Kurt Masur
et Tannhäuser à
Dresde.
notes de programme |25
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
Orchestre
Philharmonique
de Radio France
Fondé le 1er janvier
1976 sous le nom de
Nouvel Orchestre
Philharmonique,
l’Orchestre
Philharmonique de
Radio France adopte
son nom actuel en
1989. Créé peu après
l’éclatement de l’ORTF
et la fondation de
Radio France, il
regroupe alors
l’Orchestre Lyrique,
l’Orchestre de
Chambre et
l’Orchestre
Philharmonique. La
direction de cette
importante formation
est confiée au compositeur Gilbert Amy.
L’originalité de cet
orchestre symphonique de 138 musiciens réside dans sa
très grande flexibilité
et dans la variété de
son répertoire.
L’orchestre peut en
effet être divisé en
deux, voire trois formations, ces
ensembles pouvant
fonctionner simulta-
26 |cité de la musique
nément dans des lieux
et des répertoires différents, et s’adapter
aux configurations
variables des
musiques de notre
temps. Il donne en
moyenne 70 concerts
par an, dont une vingtaine en province et à
l’étranger. Fidèle à sa
tradition de pionnier,
il consacre une part
importante de sa production à la musique
du XXe siècle, et l’on
ne compte plus les
créations qu’il a assurées. Grâce à Marek
Janowski qui en prend
la direction en 1984
en qualité de premier
chef invité, avant
d’être nommé directeur musical cinq ans
plus tard, l’orchestre
est devenu l’une des
principales formations
de France, se produisant dans les plus
prestigieuses salles de
concert de Paris et de
l’étranger. Parmi les
dernières tournées
citons l’Allemagne
(1992, 1997, 1998),
l’Autriche (1992,
1996, 1997),
l’Espagne (1997), la
Grèce (1993, 1995),
et le Japon (1991,
1995). Le
Philharmonique se
distingue également
par le travail réalisé
depuis l’arrivée de
Marek Janowski sur le
répertoire romantique
allemand avec les
grands cycles des
œuvres de Brahms,
Bruckner, Schumann,
Schubert, Richard
Strauss et les musiciens de la seconde
Ecole de Vienne. Il
s’est en outre illustré
dans le répertoire
lyrique, opéras et
grands oratorios.
Parmi les œuvres données en première
audition parisienne
citons Die Drei Pintos
de Weber/Mahler, La
Femme silencieuse et
Hélène d’Egypte de
Richard Strauss, ou
encore Cadillac de
Paul Hindemith. A
l’occasion de la première édition des
Victoires de la
Musique Classique,
organisée à Paris en
1994, les profession-
Joseph Haydn - L’infedeltà delusa
nels ont couronné
l’Orchestre
Philharmonique et
son chef dans la catégorie « Orchestre symphonique français de
l’année » pour l’enregistrement BMG
réunissant la
Turangalîla-Symphonie
et Un Sourire d’Olivier
Messiaen (une des
dernières œuvres du
compositeur dédiée à
Marek Janowski),
ainsi que le Concerto
pour orchestre de
Witold Lutoslawski.
Ce même enregistrement a également valu
à l’orchestre le Grand
Prix de la Nouvelle
Académie du Disque.
Toujours sur le plan
discographique,
l’Académie Charles
Cros et l’Académie du
Disque ont décerné
au Philharmonique
leur Grand Prix du
disque, respectivement en 1996 et
1997, pour l’intégrale
des symphonies
d’Albert Roussel.
hautbois
violons II
Hélène Devilleneuve
Stéphane Part
Jean-Jacques Justafre
Isabelle Leroy
Virginie Buscail
Mihai Ritter
André Aribaud
Claude Besenval
Florent Brannens
Juan-Fermin Ciriaco
Thérèse Desbeaux
Aurore Doize
Marguerite Renard
Isabelle Souvignet
trompettes
altos
Jean-Luc Ramecourt
Gilles Mercier
Gérard Boulanger
Jean-Pierre Odasso
Jean-Baptiste Brunier
Danièle Pons
Lucienne Halim
Gisèle Dubon
Nicole Monteux
Michel Pons
bassons
Chantal Colas-Carry
Claude Lamant
cors
timbales
Olivier Aranguren
violoncelles
clavecin
NNNNN
violons I
Elisabeth Balmas
Marie-Laurence
Camilleri
Nicole Canivez
Michèle Delay
Béatrice Gaugue-Natorp
François Laprevote
Laurent Manaud-Pallas
Virginie Michel
Roland Muller
Thomas Tercieux
Eric Levionnois
Raphaël Perraud
Claude Giron
Karine Jean-Baptiste
contrebasses
Gérard Soufflard
Jean Thevenet
technique
Joël Simon
régie générale
Jean-Marc Letang
régie plateau
Roland Picault
régie lumières
notes de programme |27

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