Texte de Nicole Bonanni
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Texte de Nicole Bonanni
Texte de Nicole Bonanni Il avait décidé à la fin de ses études de partir sur l’Ile de la Réunion, afin d’explorer ces paysages somptueux d’une incroyable diversité et de rapporter un témoignage photographique de son périple. Il ne savait pas combien de temps il resterait mais il avait du temps. Fin mai, c’est la saison sèche, la meilleure période pour partir sac à dos à l’aventure. Arrivée - Ste Marie - traversée de la ville en bus. Il ne resta que très peu de temps dans la ville, pressé de découvrir ce magnifique patrimoine. Il marchait depuis quelques jours en suivant les sentiers balisés quand il s’aperçut qu’il s’était égaré, il s’apprêtait à rebrousser chemin. Perdu, il s’était perdu ! quand il a vu au loin une vieille femme. Il alla vers elle. Elle lui souriait, sans doute habituée à ce genre de hasard. C’était une chance de l’avoir rencontrée. Cela lui évitait de redescendre et la nuit commençait à tomber. Après avoir fait connaissance, la discussion s’installa et elle le pria de partager son repas. Au cours du dîner il lui raconta qu’il était attiré par ce pays, sans doute à cause d’une aïeule qui avait eu un enfant illégitime. Cette histoire n’avait été révélée que depuis quelques années à sa famille, et comment retrouver sa descendance ? Quelque part il se sentait appartenir à ce pays. La Réunion n’est-elle pas comme son nom l’indique une mosaïque de races vivantes, toutes en harmonie. Dans le cadre de l’atelier d’écriture de la médiathèque de Taverny, mai 2011 Textes de Emmanuelle Dextreit 1La femme est arrivée un soir dans une salle sombre. La femme est arrivée un soir dans une salle sombre qui s’éclaire par de grosses lumières. La femme est arrivée un soir dans une salle sombre pleine de lumière éclairant par des lampes. Eclairant par des lampes. La femme qui est arrivée un soir s’en alla en courant courant et trébuchant. La femme qui était arrivée un soir se blessa. Se blessant, elle appela au secours ! Au secours ! Et un monsieur la ramassa et ils s’en allèrent tous les deux chez elle et ils faisaient leur vie ensemble. Devant un café on buvait un thé, dans un grand café même immense. Sans bruit et sans cris on buvait notre café et notre thé. 2C’est l’odeur de l’essence qui m’a réveillé. Car je dormais profondément. Du coup restant assis un moment j’en allumais une pour me détendre, une cigarette qui me faisait tousser. Je l’éteignis et je m’endormis. Et le lendemain matin, j’écoutais de la musique à la place. Des messieurs prenaient un café au lait chacun un. En prenant un café, au café d’en face. Les messieurs parlaient du beau temps car c’était l’été. Un bel été d’août. Après cette peur qu’il a eu dans sa voiture il s’en alla. Et il prenait le temps de vivre. En prenant un café, dans le café d’en face. 3Un garçon, un jeune homme bien poli, plein de délicatesse, et de sagesse. Il s’en alla loin sur la plage. On voyait son pull bleu, et gris. D’un seul coup, il s’arrêta, plissa les yeux. Et il se retournait sur ses pas. Et il s’en allait au loin. On le voyait comme un point noir. Le lendemain il dansait, il tournait, il s’enivrait de soleil. Cette lumière embellissait son visage. Il rencontrait une femme. Et ils allaient tous deux dans la lumière, la lumière du soleil. Qui les embellissait. Dans le cadre de l’atelier d’écriture de la médiathèque de Taverny, mai 2011 Texte d’Anthony Martins Un jeune homme Sébastien se demandait où se trouvait son erreur. Il avait pourtant pris un chemin simple, une longue ligne droite depuis son hôtel, avec un ou deux virages à la rigueur… Chaque fois qu’il courait dans un pays étranger ou même une autre ville, il se perdait. Il prenait ça comme une malédiction et se réjouissait qu’elle fût si ridicule. Il marcherait, jusqu’à croiser un habitant qui pourrait le renseigner. Il ne parlait pas portugais mais avait prit soin de noter l’adresse de son hôtel sur un papier. Au loin il aperçut une petite silhouette noire. Ce doit être une vieille dame, pensa-t-il. Plus tôt, il s’était étonné que toutes les vieilles dames de cette île semblaient porter le deuil. Sa femme lui avait répondu qu’au Portugal et particulièrement à Funchal, une femme porte le deuil jusqu’à ce que sa peine s’en aille. Sébastien s’approchait de la vieille dame et pensait qu’avec une tradition pareille, les femmes seraient toujours vêtues de noir. Elle était assise sur un rocher, les deux mains jointes, appuyées sur une canne mais sans que celle-ci soit vraiment nécessaire. Elle aurait pu tenir cette position sans aucun appui, on aurait alors pu deviner qu’elle priait. Sébastien, arrivé à sa hauteur, lui tendit son papier avec un large sourire… Dans le cadre de l’atelier d’écriture de la médiathèque de Taverny, mai 2011 Texte de Lucie Hovelaque Une vieille dame toute pimpante dans sa robe fleurie habite cette île depuis de nombreuses années, ayant voulu fuir une existence somme toute peu agréable et dont elle n’a jamais voulu parler. Sa maison, aussi pimpante qu’elle, entourée d’un jardinet débordant de fleurs : roses, pétunias, jacinthes, pensées, seringas, est flanquée d’une petite écurie dont la porte peinte en vert ne dépare pas le paysage. Tenant son âne par le licol, elle veut le faire rentrer dans sa stalle, mais maître Aliboron ne l’entend pas de cette oreille et freine des quatre fers, si bien que sa maîtresse doit faire preuve d’autorité et l’obliger à obtempérer et elle ferme cette porte sur cet entêté ; en se retournant, elle tomba nez à nez sur un personnage, haut en couleur, botté, casqué, traînant une vieille moto surchargée de sacs, de valises, prête à rendre l’âme. Ce quidam, que rien ne saurait arrêter, prit la vieille dame dans ses bras en s’écriant : « bonjour Henriette, te voilà enfin, j’ai presque fait le tour du monde pour te chercher, pourquoi t’es-tu enfui si vite après nos âpres disputes ? Je n’ai jamais voulu que nous nous séparions. Nos réconciliations étaient aussi rapides que nos empoignades et tout repartait… et toi tu es partie ; je ne peux pas vivre sans toi ! » La vieille dame, abasourdie par cette visite intempestive, ne put répondre aussitôt et dans sa tête défila toutes les années passées avec ce personnage et elle ne sentait pas prête à recommencer une existence avec cet homme qu’elle aimait, bien sûr, mais si peu fiable et d’un autre côté, vue l’heure tardive, le renvoyer ainsi lui posait un problème, elle si accueillante … : « Entre dit-elle, en s’effaçant, nous allons parler et la nuit portant conseil, nous verrons demain ce qu’il conviendra de faire. » Et le lendemain matin, après une nuit où personne ne ferma l’œil, il était important qu’une décision soit prise. Henriette, c’était à elle de décider de la suite à donner à ces retrouvailles et ce n’était pas facile. Pendant plusieurs années elle avait apprécié de vivre dans le calme de son île à son rythme et sans avoir de comptes à rendre à personne et voilà que ce calme était menacé par le retour de son compagnon, retour qui lui rappelait l’humeur vagabonde et imprévisible de l’homme qui avait partagé son existence si longtemps. Qu’allait –elle faire ? Lui signifier que ce qu’ils avaient partagé était loin derrière eux et que le passé ne plaidait pas en sa faveur ou bien que, s’il était capable de se comporter comme un être responsable, la vielle dame était prête à faire un essai pendant un certain temps et à le rendre définitif si tout se passait bien . Et ainsi se termina un épisode de la vie d’Henriette et de son compagnon. Dans le cadre de l’atelier d’écriture de la médiathèque de Taverny, mai 2011 Textes de Frédérique Enard Joséphine était devenue une très vielle dame sans âge. Restée longtemps veuve d'un gardien de phare, c'est un marchand de cigares qu'elle suivit dans ses voyages. Elle le quitta pour s'installer sur une ile déserte dont elle était tombée amoureuse. De la civilisation elle ne connut plus aucune corvée, surtout pas celle de nettoyer le réfrigérateur. Elle avait ses rituels: à la tombée de la nuit en même temps qu'elle allumait un feu, elle fumait un cigarillo. C'était son calumet de sa paix, à elle. Elle, elle ne faisait plus de mal à personne. Des carnets l'accompagnaient sur lesquels elle annotait ses souvenirs, dressait des croquis de plantes, d'insectes, de fleurs. Avec l'arrivée de la saison sèche, elle décida d'aller poser son petit campement près d'une vallée qu'elle aimait particulièrement. C'est sur un des rochers surplombant la ravine qu'elle aperçut une silhouette. Sa vue baissait. Elle scruta. Ce n'était ni un singe, ni un rapace. C'était un homme. C'est lui qui lui fit un signe de la main en venant à sa rencontre. Il était leste. Elle lui trouva un air bon enfant et dans ses yeux noirs beaucoup de lumière. Ils se parlèrent jusque tard dans la nuit. Il avait décidé de faire un break. Il dût lui expliquer le sens du mot. Cela les fit rire. Il avait terminé des études de marketing mais ne se sentait pas la vocation des affaires. Il avait quitté sa famille. Il avait besoin d'ailleurs. Cette rencontre avec cette vieille dame pleine de secrets qu'il trouvait distinguée dans ses habits simples lui donna envie de rester quelques jours en sa compagnie. Il pourrait l'aider à quelques tâches, elle lui montrerait les trésors de son île. Ils bivouaquèrent en différents lieux, sous différents cieux. Elle se sentait l'âme d'une conteuse mais n'inventait rien. Leur tour de l'ile dura plus d'un mois. La chaleur devenait torride. Joséphine peinait sous l'ombrelle que lui tenait le jeune étudiant. C'est avec soulagement qu'ils retrouvèrent la ravine avec sa cascade sous laquelle il resta de longues minutes à regarder la vielle dame qui trempait ses pieds dans une petite bassine naturelle et s'aspergeait les bras, le cou et le front. Au soir elle se sentit beaucoup plus fatiguée. Il alluma le feu. Elle se coucha comme tous les soirs sur sa natte. La nuit était pleine d'étoiles. Ils s'endormirent rapidement. Au petit matin, ce furent les cris d'un perroquet qui le réveillèrent. Joséphine ne bougeait pas. Quelques mèches de ses cheveux blancs ondulaient. Il s'approcha et vit que ses mains tenaient un carnet. Il hésita, prit le carnet et se mit à lire en commençant par les dernières pages. «Je remercie celui qui m'enterrera à la nuit tombante la tête à l'est avec mon fanal...». C'était daté de quelques mois en arrière. Suivaient quelques indications. Il se tourna vers Joséphine. Elle souriait. Il attendit la nuit et l'enterra avec son fanal. Il alluma un feu, fuma un cigarillo et se mit à lire tous les carnets de Joséphine. Quand il quitta l'île il se mit à écrire des livres pour enfants. Son premier titre s'intitulait «la bassine de Joséphine». Tu es un souvenir qui coule dans nos veines Tu nous viens de l'enfance et ôtes toutes peines C'est étreindre jeunesse, quand le temps se dissout Tu es mémoire belle, tendresse qui absout. Dans le cadre de l'atelier d'écriture de la Médiathèque de Taverny, mai 2011