Chartres - la basse ville

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Chartres - la basse ville
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CHARTRES
LA BASSE-VILLE
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Monographie de Chartres – la Basse Ville ADEL 1081 W 150
C.R.G.P.G
Avril 2013
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La Basse Ville
Vue générale de Chartres
Au second plan : la basse ville
La capitale de la Beauce doit son pittoresque à toute la partie ancienne. Tout le vieux Chartres est appelé
couramment la basse ville. Délimitons le quartier que nous allons visiter : parcourons ce qui est enfermé par le
boulevard de la Courtille, la rue ST Michel, la rue des Grenets, la Porte Coudreuse, la rue des Ecuyers, la rue du
Bourg et la rue de la Porte Guillaume.
Nous en étudierons d’abord l’aspect général, ce que nous appellerons le paysage , puis les conditions
sociales du peuplement.
Ensuite, nous étudierons plus spécialement la Rue Saint-Pierre.
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Le Paysage
I Les Rues
Lorsque l’on flâne dans ce quartier, on est frappé par l’imbroglio des rues ; elles présentent une
disposition très irrégulière, elles s’imbriquent les unes dans les autres. Leur tracé ne représente jamais de ligne
droite ; ainsi la rue du Chêne Doré, qui est pourtant très courte, présente deux coudes très prononcés, je dirais
presque qu’elle a la forme d’un 4 mal fait.
Les maisons ne sont généralement pas alignées ; ex : Le N°56 de la rue de la Foulerie avance beaucoup sur
ses voisines.
Ce quartier présente donc une disposition anarchique, ce qui dénote un développement spontané. On peut
lui reprocher aussi d’avoir une disposition archaïque : les rues ne sont pas adaptées à la circulation moderne,
elles sont très étroites ; la rue Saint-Pierre, qui est sans doute la plus importante du quartier, atteint
difficilement 6 mètres de large, en comptant les trottoirs ; la rue de Foulerie ne dépasse pas 5 mètres, la rue du
Frou n’a que 2 mètres de largeur.
Gênant aussi la circulation moderne, il y a plusieurs impasses ou tertres ; Impasse Saint-Pierre, Impasse
des Herses, Tertre Saint-François avec ses nombreuses marches.
C’est en effet un très vieux quartier, la plupart des maisons datent du moyen-âge. la photo IV montre cet
aspect de vielle ville que présente la Basse Ville.
Photo I
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Photo II
Même vue que précédemment sous deux angles différents, prise du pont Saint-Hilaire
II Les Maisons
En 1942, le casier sanitaire au Service des travaux de la ville donnait le compte rendu suivant :
Taudis (état des locaux)
Défaut de propreté
Surpeuplement
Défaut d’eau potable
461
100
50
150
761
Pourtant en 1900, il y avait eu un essai d’assainissement : on avait détruit des taudis et bâti, à la place,
des maisons jumelées. Ces maisons avaient été construites par la Caisse d’épargne.
Mais ceci présentait un défaut : c’était fait à une petite échelle et surtout il manquait un plan d’ensemble.
Aussi le caractère dominant de ce quartier est encore celui de vieux, de vétusté même.
Les maisons sont construites en torchis, maintenu par des lattes de bois. On le remarque sur le pignon en
premier plan sur la photo I Ce pignon a, d’ailleurs été recrépi depuis la prise de la photo.
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La disposition des maisons est très serrée, les maisons sont accolées et ont une forme irrégulière : leur
façade est très peu large, le plus souvent, même, c’est le pignon qui est tourné du côté de la rue. Elles
enferment des courettes très étroites ; on dénote également un grand nombre de maisons-arrières, comme on
peut en juger d’après les photos i et III
Il résulte de cet état de chose une faible aération des logements, qui entraînent des conditions de vie
insalubres.
Photo III
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Photo IV
En 1946, la municipalité a mené une enquête du Pont Taillard au Pont des Minimes et de la rue de la
Tannerie à la rue Saint-Pierre ; dans cette enquête, il résulte, des conditions qui viennent d’être exposées, que
l’aération est insuffisante dans la proportion de 70%
De plus, beaucoup de maisons (70%) ont des plafonds trop bas, c’étaient à l’origine, des locaux non
destinés à l’habitat. Tel est le cas de bon nombre de maisons en bordure de l’Eure qui sont d’anciens petits
ateliers de « laineurs ».
La vue IV montre un aspect de ces maisons riveraines de l’Eure
9% des maisons ne voient jamais le soleil, ce qui est dû nous le savons, à l’étroitesse des rues, à
l’encombrement des arrières.
Il faut ajouter à cela l’âge des maisons 80% sont anciennes, d’où dégradées :
60% des maisons ont leur toiture à réviser
50% ont besoin de réparations aux portes et fenêtres
47% ont une humidité permanente, ou périodique au rez-de-chaussée.
Cette dégradation est accentuée :
Dune part, le propriétaire peut-être relativement trop pauvre pour entreprendre des réparations.
D’autre part, il n’y a aucun intérêt à réparer les maisons : les rues étant inadaptées à la circulation
moderne, il vaut mieux laisser les maisons s’écrouler avant l’expropriation ; la ville paie moins cher ; faisons
cependant une exception pour les maisons de commerce et les maisons particulières habitées par le propriétaire
Il y en a quelques unes.
Les intérieurs sont en comparaison bien mieux tenus ; cependant 23% des maisons sont infestées de
punaises et dans 10% des cas, ces parasites ne sont pas combattus.
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En général, ces maisons ont peu de commodités :
Beaucoup ont des escaliers étroits et mal éclairés
431 logements sur 583 ont seulement une ou deux pièces
40% des logements sont surpeuplés
Beaucoup ont des dépendances inexistantes ou peu pratiques
Au point de vue de l’adduction de l’eau, l’enquête menée par la municipalité a donné les résultats
suivants :
20% des maisons sont sans eau
3,7% n’ont pas l’eau sur l’évier : il y a un robinet commun pour deux, trois, quatre et même seize
ménages.
Au sujet des W.C. l’enquête a donné les résultats suivants :
3,4% des maisons sont sans W.C. Elles doivent utiliser celui d’une maison voisine
33,6% ont des W.C. privés.
17,7% ont des W.C. communs à deux ménages.
43,3% ont des W.C. communs à trois, quatre et même jusqu’à dix ménages.
Pour les riverains de l’Eure la question ne se pose pas, il n’existe pas de fosse d’aisance, tout est déversé
dans l’Eure.
Sur la question des logements, l’enquête n’a pas donné de meilleurs résultats :
Sur 262 maisons :
4 sont inhabitables
91 sont des maisons particulières sur lesquelles 2 sont inhabitées.
167 sont des immeubles collectifs, comprenant 583 logements dont 133 d’une
pièce, 260 de deux pièces, 70 de plus de trois pièces.
Si on affecte une pièce par habitants, on s’aperçoit que 240 logements sont surpeuplés soit 40%
Sur les 89+583=672 foyers vivant dans ces 262 maisons, soit 1710 personnes
Sont bien logés 123 foyers soit 312 personnes
Sont mal logés 549 foyers soit 1398 personnes
Sur ces 549 foyers, 364, soit 834 personnes peuvent attendre. Les autres doivent être relogés car leurs
logements doivent être, soit démolis, soit améliorés.
Ce problème du logement se présente de la façon suivante :
a) cas très urgent : 81 foyers soit 273 personnes
b) Cas urgent : 104 foyers soit 291 personnes
Ainsi, on peut conclure que sur 262 immeubles ,61 sont salubres ; 201 sont insalubres dont 150 sont
améliorables et 51 sont à démolir.
Cependant, la municipalité ne veut pas raser systématiquement des pâtés entiers de maisons, car
plusieurs de celles-ci ont une valeur historique certaine.
Des maisons doivent dons être conservées, mais améliorées, ce qui reviendra très cher.
D’autre part, des constructions annexes ont été ajoutées au cours des temps ; elles obstruent les arrières
des maisons voisines ; elles sont appelées à disparaître, mais leur disparition amènera la réfection des façades
postérieures.
De plus, la disparition de certaines maisons risque de compromettre la stabilité d’immeubles voisins ; dans
le sous-sol, il peut se produire des effondrements dus aux caves ou aux marnes ; c’est ainsi qu’il y a eu, rue au
Lait, des glissements de terrain ; il a fallu consolider les immeubles en danger.
Au point de vue des espaces verts, ce quartier se montre complètement démuni, si ce ne sont les arbres
plantés en bordure de l’Eure, ou, pour être plus exacte, en bordure des anciens fossés de la ville.
Le plan d’ensemble du quartier rend compte de tous ces problèmes qui se posent à la municipalité.
Sur ce plan, on voit les différents monuments ou même les simples détails que la ville tient à conserver.
C’est ainsi qu’on voit l’existence d’un détail intéressant au coin de la rue des Béguines et du Chêne Doré : une
maison médiévale présente un encorbellement sculpté que l’on voit sur la photo V. Certaines maisons sont
notées comme intéressantes : elles ont conservés un caractère purement médiéval, tel est le cas des maisons
30, 32, 34 de la rue Saint-Pierre, les numéros 3 et 26 de la rue des Ecuyers. Dans cette même rue on peut
admirer l’Escalier de la Reine Berthe, joyau du XVIe siècle. Sur la place Saint-Pierre, se dresse l’église SaintPierre, magnifique chapelle de l’ancienne abbaye de Saint-Pierre en Vallée ; on peut y admirer les vitraux
datant des XIIIe et XIVe siècles ; mais elle est surtout réputée pour sa collection d’émaux de Léonard Limosin.
Sur ce plan est également notée la Porte Guillaume, l’un des plus beaux exemples de l’architecture militaire du
Moyen Âge. Malheureusement, elle a été détruite en Août 1944. Les photos VI et VII nous montrent la Porte
Guillaume avant et après sa destruction.
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Photo V
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Photo VI : Porte Guillaume
Photo VI : Porte Guillaume
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Escalier de la Reine Berth
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Vue sur les fossés
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Conditions sociales du peuplement
Cette même enquête de 1946 a révélé que dans la population de cette partie de la ville, il y avait une
proportion faible de foyers asociaux, 10% de la population, si l’on désigne par « foyers asociaux » les familles
difficilement éducables ou les personnes âgées vivant seules.
L’enquête a montré aussi que 12% des foyers vivaient dans des meublés sommairement garnis. Dans la
plupart des cas, les personnes vivant dans ces conditions sont des ouvriers agricoles saisonniers, des manœuvres
français ou étrangers.
On a vu que dans ces maisons, on en notait 40% surpeuplées ; la densité de ce quartier est très forte ;
d’autant plus que les familles nombreuses n’y sont pas rares.
Cherchons où se recrute le peuplement de ce quartier. Pour cela, voyons de quel milieu viennent les
enfants qui en fréquentent l’école.
Prenons le cas d’une classe de la rue des Béguines :
Sur 40 enfants, 21 viennent de foyers ouvriers, si l’on réunit sous cette rubrique des manœuvres,
quelques ouvriers métallurgistes, des ouvriers du camp d’aviation, trois ouvriers da la S.N.C.F., des ouvriers
agricoles, un ouvrier de la ville, un de la Ruche Chartraine.
Sur ces 21 ouvriers, un travaille dans une usine à Paris, un autre, un arabe, est mécanicien à Paris.
D’autre part, on note 3 enfants dont le père est maçon, un dont le père est terrassier.
On compte également quelques petits artisans :
1 menuisier
1 camionneur
On note aussi :
2 garçons de café
2 enfants n’ont pas de père ; ce sont leurs mères qui les élèvent en faisant des ménages.
On compte aussi :
1 agent de police
4 chômeurs
A côté de cela, on relève quelques professions « libérales »
2 employés des postes
1 employé de bureau
1 économe au centre d’apprentissage
De tout cela, on remarque que, dans ce quartier, se concentre surtout une population prolétarienne, ce
qui peut s’expliquer sans doute, par des loyers plus bas que dans la ville haute.
Le peuplement de ce quartier explique le type de commerce. On trouve beaucoup de petits magasins à
une devanture ; ce sont surtout des commerces à rayon local : on trouve très peu de magasins de confection,
mais une friperie, des merceries, qui font souvent épiceries en même temps, divers magasins d’alimentation :
épiceries, boulangeries, boucheries, charcuteries. C’est peut-être là qu’il faut voir la raison de la différence
constatée entre les prix de la basse ville et de la haute ville
Cependant, à la Porte Morard, sur l’emplacement d’anciennes maisons détruites lors des bombardements,
s’élèvent de nouveaux magasins dont un bazar qui tend à ressembler aux grands magasins.
Ce quartier n’a aucune usine, mais seulement quelques petits ateliers :
Serrurier :ex.10 rue de la Porte Morard
Electricien : ex. 25 rue Saint-Pierre
Menuisier : ex. 17 rue Saint-Pierre
Plombier : ex.4 rue du Pont Saint Hilaire
Fabrique de meubles : ex.2-4 rue Saint-Pierre
Et surtout de nombreuse blanchisseries, un peu partout, ce qui s’explique par la présence de
l’Eure.
Ce quartier a donc une double fonction
Résidence du prolétariat
Existence de petits ateliers et commerçants
Il n’y a pas de bâtiments administratifs, si ce ne sont la bibliothèque et les cours professionnels qui sont
d’ailleurs à la limite de ce quartier et n’ont sans doute aucun rapport avec lui.
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La rue Saint-Pierre
Etudions de plus près la rue Saint-Pierre. Elle descend, tortueuse et raide, de la Porte Cendreuse à la
place Saint-Pierre, avec une forte pente.
Le haut de la rue se rapproche de la Haute ville ; c’est là que l’on trouve la bibliothèque, les cours
professionnels.
Les maisons sont toutes très vieilles, sauf, peut-être, quelques exceptions, comme le N°14, petit pavillon
avec jardin devant. Elles ont deux étages au maximum, on en compte à peu près autant de u étage que de deux
étages.
Beaucoup de maisons ont transformé leur rez-de-chaussée en magasin, et cela surtout vers le bas de la
rue : au fur et à mesure que l’on descend, la rue prend de plus en plus le caractère de rue de vieille ville.
Si l’on regarde le plan de la rue Saint-Pierre, on voit, qu’à part quelques ecclésiastiques et employés, la
population est très ouvrière.
Sur 36 maisons, on compte :
2 logements de 3 pièces (y compris les dépendances)
15 logements de 2 pièces
14 logements de 4 pièces
5 logements de 1 pièce
5 logements de 5 pièces
3 logements de 7 pièces et plus.
Ainsi l’étude de la rue Saint-Pierre vient confirmer ce que nous avions conclu pour l’étude générale du
quartier
La Basse ville a une double fonction :
Résidence du prolétariat : de nombreuses personnes s’entassent dans des logements trop petits.
Existence de petits commerçants et artisans.
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Table des matières
-
Le paysage
Les rues
Les maisons
o commodités, adduction d’eau
o W.C., logements
-
Conditions sociales du peuplement
Types de commerces
La rue Saint-Pierre
Le plan et la conclusion ne sont plus dans le document
Monographie écrite vers 1946
14
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