extrait 3 de la Route du Soi
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extrait 3 de la Route du Soi
ANNE DELENN, Conteuse et Auteur Extraits de la Route du Soi Extrait 3 p. 182 «La sorcière, rassemblant l’Eau et le Feu (éléments utilisés par le christianisme pour sacrifier les sorcières) sous son toit, réunit une énergie féminine et une énergie masculine, auxquelles elle ne saurait être étrangère. Apparaissant sous des traits féminins, la sorcière, nous venons de le voir, endosse également des caractéristiques masculines, bénéficiant, comme les déesses et les femmes mythologiques d’un animus fort et expressif. Ainsi, certaines légendes racontent que le feu s’est engendré dans le sexe d’une sorcière (dans le four de l’animus), ce qui ne paraîtrait pas incohérent à BACHELARD, si l’on considère que la pilosité rousse (le feu, l’énergie, la vie) de la sorcière est une interface active entre son sexe et le balai de bois qu’elle chevauche, non sans mouvements et sans frottements, créant ainsi l’étincelle. Et cette étincelle, ne serait-elle pas celle que l’alliance du membre masculin et de l’entre jambe féminin cherchent à éprouver ? Le sexe féminin, lieu de création et d’intimité d’où tout le monde naît, est un antre, un réceptacle alchimique d’énergie et de bouillonnement. Le forgeron, maître du feu par excellence, a lui aussi un caractère féminin (pouvant faire de lui une des figures archaïques de l’anima) dans sa création et dans son implication dans la naissance initiatique de Pierre. La sorcière et lui sont donc bien...» Extrait 1 p. 18 «Il n’était jamais allé là-bas ; peu de personnes d’ailleurs s’y rendaient. Il fallait avoir de bonnes raisons pour visiter ce mystérieux bonhomme dont tout le monde se méfiait un peu. « Toc, toc, toc. » Pas de réponse. Pierre entrebâilla la porte grinçante, jeta un regard, fit un pas timide à l’intérieur et referma la porte derrière lui. Il faisait une chaleur d’enfer et un vacarme du tonnerre, entre le marteau actionné et l’eau échaudée. Au fond, il vit le vieux Pertuis qui s’affairait devant l’enclume, une face éclairée par le rougeoiement des braises et l’autre dans l’ombre du reste de l’atelier. Il martelait puissamment le fer. Ses yeux profonds étaient aveuglés par des cheveux collés par la sueur. Puis vint le moment de pureté où, d’un geste décidé, il plongea l’ouvrage dans la bassine. Son image disparut derrière la vapeur et réapparut doucement, comme rajeuni. Mais la cadence recommença: Le soufflet excita à nouveau les braises et le rituel reprit. Enfin le vieux sentit la présence de Pierre et leva sur lui son regard de chien sauvage. Pierre s’approcha, posa l’étui sur un établi, l’ouvrit et en sortit la hachette. Il la prit, fit deux pas en avant et tendit l’objet au « maître du métal ». Pertuis s’avança face au gamin, saisit l’objet, l’inspecta et le redonna : « Et alors ? fit sa voix rauque. - Répare-la, ordonna Pierre avec insolence. » Le forgeron garda le silence et dévisagea le jeune homme. Il reconnut l’objet :» Extrait 2 p. 69 «Tempête crachée de la bouche d’un dieu en colère, cyclone ivre et meurtrier, le souffle est parfois destructeur. Et si après le chaos pointe le renouveau, la vie reprend, non pas son cours mais différemment, à la lumière de l'enseignement de la destruction et à la faveur de ses dégâts. La grandeur de la vie serait alors d'oser aller vers la réalisation de soi, impliquant la perte et surtout le renoncement qui nous détache de cette perte, dont on ne saurait être attristé plus longtemps. Finalement, le chaos n'est tel que parce que nous le vivons comme tel, oubliant la renaissance à venir. Pour supporter ces passages en zone de perturbation il y a l'espoir, l'attente ou la résignation, la dépression, la mise à mort. Ces issues passives sont finalement semblables, l'espoir ne vaut pas mieux que le désespoir, ils nous mettent en position de spectateur à la merci d'un pseudo destin. Et ce destin lui-même n'existe que parce que nous en traçons la voie. Aussi, il ne s’agirait pas de croire au renouveau mais de l’accueillir, savoir qu'il va venir et en guetter les signes. Il serait dommage de ne pas se doter d'une belle longue vue et de se priver des tours de garde au risque de louper sa visite. S'il tambourine à la porte et que nous restons sourds car la télévision est trop forte, que nous préférons passer l'aspirateur ou mieux, passer les journées entières au fond de notre lit à dépérir comme Robinson dans ses bains de boue, le renouveau et la renaissance passeront leur chemin pour trouver hospitalité chez le voisin. Et nous y revoilà à l'accueil, le bon gîte et le bon couvert, à l'acceptation des signes et la vigilance. L'affût. Il en est ainsi, jusqu'à notre dernier souffle, Celui dont on dit, qu'après il n'y a plus rien. Celui dont on dit, qu'après il y a tout le reste. L'autre monde. Le dernier souffle éteint la chandelle sur la nuit qui clôt nos paupières Comme le vieillard qui utilise son dernier soupir pour souffler sa bougie, de peur de la gaspiller. Le dernier souffle a tout juste la force de finir le travail du forgeron ; Au lever du jour, ses ciseaux m'ont séparé(e) de ma mère encore haletante, Au lever de la nuit, sa faux me sèvre du monde des choses Et coupe l'amarre de la barque qui navigue enfin dans les brumes célestes. Voici un chant que le souffle peut accompagner dans sa randonnée au gré du chemin droit de la flûte. Que fera t-il alors sur son passage des feuilles de menthe séchées et recroquevillées comme des œufs dans un nid?»