14/02/13 1 DIEU N`EXISTE PAS ? ! DIEU n`existe pas Voyage dans

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14/02/13 1 DIEU N`EXISTE PAS ? ! DIEU n`existe pas Voyage dans
DIEU N’EXISTE PAS ? ! DIEU n’existe pas Voyage dans la France des athées tel est le titre de première page de la
Vie, titre un peu provocateur pour un hebdomadaire chrétien dans son numéro 3518 du 31
janvier au 6 février 2013. Ces pages m’ont interpellé et je vous livre quelques-unes de mes
réflexions sans prétendre résoudre, en deux pages, la question de Dieu qui est infinie et à
laquelle il appartient à chacun de nous de répondre dans l’intimité de sa conscience.
Les athées sont des personnes pour qui Dieu n’existe pas, qui rejettent, parfois agressivement,
toute idée de Dieu. Quelques-uns admettent une certaine spiritualité et vont jusqu’à accepter
un dialogue avec les croyants et reconnaissent parfois les valeurs des religions monothéistes,
notamment judéo-chrétiennes. C’est le cas de Julia Kristeva, psychanalyste athée, qui fut
invitée par Benoît XVI pour représenter les incroyants à la rencontre interreligieuse d’Assise
en 2011 (La Vie, p. 21). D’autres contestent violemment toute religion. Ainsi, Michel Onfray,
philosophe, notamment dans son traité intitulé Athéologie (2005), comme dans beaucoup
d’autres de ses écrits, critique avec acharnement et virulence les religions monothéistes (La
Vie, p. 20). Il n’est pas question, ici, d’entrer dans une argumentation polémique. Je
m’interroge simplement : pourquoi tant d’acharnement envers un Dieu qui n’existe pas ? S’il
n’existe pas, point besoin de polémiquer : son culte disparaitra de lui-même !
Des athées, comme Vincent Peillon, « s’opposent systématiquement à une Église catholique
réactionnaire » (La Vie, p. 22). Le catholicisme n’est pas d’abord affaire de loi ni de morale,
mais d’amour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Il serait
facile de citer les Évangiles pour montrer que les paroles, faits et gestes de Jésus-Christ ne
sont pas réactionnaires : non seulement il a prêché l’amour, mais aussi la justice1. Mais, dirat-on, depuis Jésus-Christ, l’Église a changé son message. Celui-ci est-il pour autant devenu
réactionnaire ? Que l’on se penche honnêtement et scrupuleusement sur la doctrine sociale de
l’Église pour analyser ce qu’elle propose. Toutes les encycliques des Papes, depuis Rerum
novarum de Léon XIII en 1891 à Caritas in veritate (2009) de Benoît XVI, situées dans leur
contexte historique, montrent la position ouverte et avancée de la doctrine sociale de l’Église.
Par ailleurs, je ne citerai qu’un court extrait de la Constitution pastorale Gaudium et Spes du
Concile Vatican II au paragraphe 69 intitulé ‘Les biens de la terre sont destinés à tous les
hommes’ : « C’est pourquoi l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les
choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi
1 Ainsi l’évangéliste Matthieu insiste sur la justice : « 5, 6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils
seront rassasiés! 5, 20 Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous
n'entrerez point dans le royaume des cieux. 6, 33 Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ».
1 14/02/13 comme communes... Quant à celui qui se trouve dans l’extrême nécessité, il a le droit de se
procurer l’indispensable à partir des richesses d’autrui. » Ce n’est pas réactionnaire, c’est
révolutionnaire ! Je ne connais pas beaucoup de textes de loi de notre république française qui
soient aussi radicaux que les deux phrases citées ! Si Dieu n’existe pas parce que l’Église
catholique est réactionnaire, n’est-ce pas une fausse interprétation à courte vue ?
Le philosophe André Comte-Sponville « ne croit pas en Dieu mais partage des valeurs
chrétiennes … et il garde pour l’homme Jésus beaucoup de tendresse et d’admiration ». Le
philosophe aurait perdu la foi parce que, dit-il, « je prie, je parle à Dieu, mais lui ne me dit
jamais rien ». Un prêtre lui aurait répondu : « Dieu ne parle pas parce qu’il écoute » (la Vie,
p. 23). Oui, Dieu écoute et même il répond, mais pas toujours là où on l’attend ! Le 1er Livre
des Rois au chapitre 19, v. 11 et suivants nous dit que la Parole de Dieu fut adressée à Élie,
mais que celui-ci ne la reçut pas là où il l’attendait2… mais dans le « bruit d’un fin silence »3,
« d’une brise légère »4. Où cherchons-nous la réponse de Dieu ?
« Nous vivons dans une société où chaque espace, chaque moment semble devoir être
«rempli» par des initiatives, des activités, des sons; nous n’avons souvent même pas le temps
d’écouter et de dialoguer. Chers frères et sœurs! N’ayons pas peur de faire le silence en nous
et à l’extérieur de nous, si nous voulons être capables non seulement de percevoir la voix de
Dieu, mais également la voix de ceux qui sont à nos côtés, la voix des autres »5. À méditer !
En Occident, le nombre d’athées ne cesse d’augmenter en même temps que celui des
chrétiens ne cesse de diminuer, notamment en France (La Vie, p. 20). Faut-il s’en inquiéter ?
Sans doute ou peut-être ? Mais ouvrons nos yeux sur le monde dont Jésus avait dit : « Allez,
faites de toutes les nations des disciples (Mat. 28, 19) » Deux mille ans après les douze
apôtres, les chrétiens représentent plus de deux milliards de personnes, dont un peu plus d’un
milliard de catholiques. N’oublions qu’il nous est (seulement !) demandé dans l’Évangile de
Matthieu : « Vous êtes le sel de la terre (5, 13). Vous êtes la lumière du monde (5, 14). Et « on
n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et
elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison » (5, 15). Croire en Dieu, c’est une rencontre
personnelle en cœur à cœur avec Lui. Nous sommes au moins deux milliards d’êtres humains
à l’avoir rencontré : Vivons dans l’espérance !
2
1 Rois 19, 11-12 « l'Éternel n'était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre: l'Éternel
n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu: l'Éternel n'était pas dans le
feu. Et après le feu, un murmure doux et léger ». (Bible Segond)
3
Traduction de la Bible « Bayard »
4
Traduction œcuménique de la Bible. 5
Propos de Benoit XVI le 4 juillet 2012, lorsqu’il s’est rendu dans la région de Sulmona (Italie) pour le « pardon
de Célestin V ».
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