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SPÉCIAL SALON
DES ENTREPRENEURS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
Supplément gratuit au numéro 20.355 l Ne peut être vendu séparément
www.lesechos.fr
ÉDITORIAL
Les bonnes
nouvelles
se fabriquent
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
A
nnoncer de mauvaises
nouvelles est hélas le
lot quotidien des
journaux économiques ces
jours-ci. Même lorsqu’on est
conscient qu’elles contribuent
à entretenir la morosité, il est
difficile d’y échapper. Mais
qu’est-ce qu’une bonne
nouvelle en ces temps de
récession ? Ce peut être
évidemment le résultat d’une
entreprise moins mauvais que
prévu, maintenu, voire
augmenté. Les meilleures
nouvelles sont cependant les
promesses de richesses à
venir. C’est un investissement
confirmé. C’est, encore mieux,
le développement d’une
technologie ou d’un service
inédit et/ou une entreprise qui
se crée.
Donner l’occasion aux futurs
entrepreneurs de se
renseigner et peut-être de
boucler leur projet comme le
fait le « Salon des
entrepreneurs », simplifier
leur démarche (le statut de
l’autoentrepreneur va très loin
dans ce sens) et la soutenir
comme le fait l’Etat, peut
paraître incongru dans une
période de fort pessimisme.
Qui a envie de se lancer dans
une pareille ambiance ? Ce
n’est pourtant pas le plus
mauvais moment. Rares sont
les commentaires
d’économistes dans « Les
Echos » ou ailleurs qui
n’arrivent pas à la conclusion
que la meilleure relance n’est
ni monétaire, ni budgétaire.
La meilleure relance est celle
qui favorise le développement
de nouvelles technologies ou
de nouveaux produits, les
gains de productivité et de
compétitivité du pays et, au
bout du compte, l’emploi et la
prospérité des Français.
C’est pourquoi ce premier
supplément « entrepreneurs »
des « Echos » met l’accent sur
l’innovation. L’innovation au
sens large. On peut devenir
un intermédiaire innovant s’il
ne s’agit pas seulement de
rallonger la chaîne des
intervenants et l’addition des
coûts.
Investir à contre-conjoncture
est peut être bon pour
l’économie mais est-ce bon
pour les entrepreneurs ?
Toutes les belles histoires de
jeunes entreprises qu’on lira
dans ce numéro confirment ce
qu’on peut facilement
imaginer : entre le moment où
on se lance et celui où on
arrive sur le marché, des mois
ont passé, à peu près le temps
qui peut s’écouler entre le
creux de la récession et les
frémissements de la reprise.
Investir « à contreconjoncture » est certainement
le moyen d’être prêt au bon
moment. Certes, les
financements sont moins
évidents en ce moment. Mais
ils ne sont pas inexistants
comme nous l’expliquons
pages 16 et 17. Certes, on ne
surfera pas sur la vague
comme ceux qui ont l’art de
participer aux grands
enthousiasmes qui font les
belles bulles. Mais le projet
n’en sera peut-être que plus
solide.
JEAN-CLAUDE HAZERA
DE LA HIGH-TECH À L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE
Des idées
pour entreprendre
Tout savoir sur le nouveau statut de l’autoentrepreneur
Lire pages 18 et 19
SOMMAIRE
L’innovation, remède à la crise
1. High tech − L’Etat
déroule le tapis rouge
pour les PME
pages 4 et 5
4. Entrepreneuriat
solidaire − Le boom
de l’économie sociale
page 12
2. Formation −
La différenciation, clef
du succès
page 6
5. Croissance verte −
Les emplois verts font
rêver les gouvernements
Lire pages 14 et 15
3. Services aux
entreprises et
aux particuliers −
Unecréativitétous azimuts
pages 8 et 9
Financement − Start-up
et PME : merci l’ISF !
Capital-risque la fin
de l’âge d’or.
Lire pages 16 et 17
Pas de crise pour l’autoentreprise
Pages 18 et 19
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
2
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
L’innovation, remède à la crise
Malgré le marasme économique, les opportunités de création et de développement
d’entreprises ne manquent pas. Encore faut-il identifier les secteurs d’avenir et trouver
la bonne idée.
P
as une journée sans
qu’une nouvelle défaillance d’entreprise ne
soit annoncée ou qu’un
chiffre catastrophique ne fasse la
une des journaux. Pour autant,
cette crise qui s’est installée durablement dans l’actualité peut
également être l’occasion d’un
coup de pouce à la création et au
développement de nouveaux business. D’ailleurs 31 % des Français souhaitent créer leur entreprise, selon une enquête Ifop
pour la CCI Entreprendre en
France et 34 % d’entre eux le
prévoient concrètement dans les
deux ans, contre 26 % en 2008.
Soit un vivier de 3,5 millions de
créateurs potentiels !
Le nombre d’entreprises
créées a déjà atteint un record en
2008, à 327.396 entreprises, et la
tendance devrait se poursuivre
en 2009, aidée par le lancement
du statut d’autoentrepreneur.
Mais attention, en période de
crise, la concurrence s’exacerbe
et les défaillances sont légion.
Elles ont progressé de 10,3 % en
2008, à 54.820 entreprises, un record depuis 1997, selon Altares.
Pas question donc de créer au
hasard d’une vague inspiration. Il
faut innover ! Une innovation
entendue au sens large, qu’il
s’agisse de produit ou de service,
mais également de canal de commercialisation ou encore de production. Contrairement aux
idées reçues, l’innovation ne se
limite pas à la technologie, même
si cette dernière est souvent indispensable. « Il faut réfléchir à sa
différenciation et au créneau sur
lequel existe et existera une demande », résume Jean-Luc Massol, consultant senior à l’Agence
pour la création d’entreprises
(APCE) et auteur d’un livre (*).
Une réflexion que se doivent
aussi de mener les PME existantes et malmenées par la
conjoncture. « L’innovation, ce
Les créations et défaillances d’entreprises
En milliers
216,2
321,5
Créations
213,6
Défaillances*
239,7
214,9
268,4
46,9
44,1
2000
43,4
2001
270,3
327,4
285,7
54,8
48,3
49,7
49,3
47,1
44,9
2002
Chiffres activités marchandes en France hors agriculture
2003
2004
2005
2006
2007
2008
* Douze mois glissants
« Les
Le Echos
Ech » / Sources
e : Insee, REE, Alltare
aress / Photo : Phot
Ph onon
o
stop
p
Si la crise est un formidable moteur d’innovation, c’est également le moment où la concurrence s’exacerbe et où les défaillances sont légion.
n’est pas simplement inventer. Il
s’agit ici d’innovation permanente : que vais-je pouvoir apporter de plus pour répondre aux
attentes ? » explique Françoise
Savès, présidente du comité création et développement des entreprises du Conseil supérieur de
l’ordre des experts-comptables.
« La crise est un formidable moteur d’innovation. Les entreprises
rivalisent d’imagination pour
trouver des alternatives efficaces
et se sortir du marasme », ajoutet-elle.
Accélération des mutations
D’abord, il s’agit d’identifier les
secteurs porteurs aujourd’hui
mais surtout pour les années à
venir. Formation, services aux
entreprises et aux particuliers,
green business, entrepreneuriat
solidaire, transport et mobilité,
« low cost », etc., le choix est
large. « La crise ne va pas changer
fondamentalement les tendances
déjà identifiées, mais elle va accélérer les mutations », explique
Françoise Savès, qui a dirigé un
travail de prospective sur les marchés du futur pour 2008-2012.
Dans le domaine du développement durable par exemple, où il y
avait déjà une prise de conscience
des consommateurs, il y a aujourd’hui une véritable demande
pour « faire bien avec moins ».
« L’hyper-choix n’est plus la panacée, le concept de réduction de
gamme va monter en puissance »,
indique Françoise Savès. La biscuiterie Vital, qui vend des gâteaux haut de gamme en grandes
surfaces, l’a bien compris. Au vu
des baisses de ses ventes en juin
dernier, l’entreprise a décidé de
faire monter en puissance sa
gamme bio, jusqu’ici minoritaire,
et a développé des gammes précises de produits simples et de
petite taille. Un succès qui lui a
l’amélioration d’une offre existante souffrant de lacunes, l’apport de valeur ajoutée à un produit ou service banalisé ou
encore la duplication d’un
concept étranger, peu importe...
L’important, c’est de se différencier.
permis de maintenir son niveau
de ventes. Stéphane Baudet a,
lui, fondé Thermie Ouest en
2004, sur le créneau des pompes à
chaleur. En pariant sur l’innovation et en développant ses
propres composants. La jeune société, qui a ainsi déposé deux
brevets, a déjà réalisé 3 millions
d e c hi f fr e d’ af f ai r es s u r
2007-2008 et table sur 14 millions
d’euros l’année prochaine. Elle
va embaucher 50 personnes supplémentaires et construire une
usine.
Toute la problématique est de
trouver « la » bonne idée qui répondra à une attente réelle. Les
idées d’entreprises nouvelles
naissent souvent de difficultés vécues au quotidien ou observées
chez les autres, de constats de
carence du marché par rapport à
un besoin à satisfaire dans la vie
de tous les jours. Cela peut être
un service ou un produit inédit,
Accompagnement sur trois ans
Evidemment la recherche est
souvent un bon point de départ.
A l’instar de Climpact, une startup parisienne fondée par des
scientifiques, qui a élaboré un
modèle mathématique permettant d’aider les entreprises impactées par les variations météorologiques. Mais les opportunités
sont loin de ne concerner que les
férus de high-tech. La Compagnie du Bain, jeune société lyonnaise, a, elle, inventé un nouveau
concept : le maillot de bain pour
frileux. Toujours dans le textile,
secteur pourtant réputé sinistré,
3 QUESTIONS À
JEAN-LUC MASSOL CONSULTANT SENIOR À L’APCE
DR
Créée en 1996, l’Agence pour la
création d’entreprise (APCE) dépend du secrétariat d’Etat aux
PME et a une mission de service
public de conseil et d’information.
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
FRANK NIEDERCORN
ET CÉLIA PÉNAVAIRE
(*) « Trouver une idée
de création d’entreprise »,
Edtitions d’Organisation, APCE.
En pratique
« Le remue-méninges pour trouver la bonne idée »
En pleine crise, les règles du jeu
pour créer son entreprise sontelles les mêmes ?
Oui, mais il faut réfléchir encore
davantage au créneau sur lequel
on veut investir. Crise ou pas, le
premier principe à garder à l’esprit
est de veiller à rester en cohérence
avec son projet personnel, ses
centres d’intérêt. La crise peut
aussi fournir des opportunités.
L’une à laquelle beaucoup de gens
ont déjà pensé, c’est celle du « low
cost ». La simple veille économique générale fournit aussi des
idées. Par exemple, depuis le
1er janvier, l’expertise électrique
d’un bien immobilier est obligatoire pour toute transaction. Une
fois le secteur choisi, on peut travailler sur le processus intégral de
consommation du produit ou du
service. On part de l’amont, c’està-dire du besoin duclient, jusqu’au
recyclage,s’il s’agit d’un produit. A
chaque étape, on envisage ce que
l’on pourrait apporter de plus, par
exemple : facilité d’accès au produit ou au service, réduction de
prix, raccourcissement des délais de livraison, fonctions supplé-
Esquad, une petite société de
Castres, innove en proposant une
toile de jean aussi résistante que
du cuir. Le marché ? Celui des
motards qui veulent allier esthétique et sécurité.
La bonne nouvelle pour les
jeunes entreprises, c’est que les
pouvoirs publics ont envie de les
chouchouter. Dans le domaine
de la propriété industrielle, souvent ignorée des PME car jugée
trop complexe et coûteuse. L’Institut national pour la propriété
industrielle (Inpi) a mis en place
un programme d’aide et de
conseil. « Nous envoyons un de
nos experts dans l’entreprise pour
faire le bilan de ses lacunes et de
son potentiel en matière de propriété industrielle. Deux fois sur
trois l’entreprise visitée met en
place une action concrète dans les
six mois », se félicite Benoît Battistelli, le directeur général de
l’Inpi.
Quant au financement, les possibilités sont multiples. Des aides
en tout genre existent. A tel point
même qu’il est difficile de s’y
retrouver. La dimension conseil
et accompagnement est également primordiale pour pérenniser l’activité. C’est aujourd’hui le
gros point noir. Aujourd’hui, environ 30 % des entreprises créées
ne survivent pas plus de trois ans.
Ainsi, la nouvelle aide à la création d’entreprise destinée aux
chômeurs (Nacre) intègre, outre
l’apport financier, un programme d’accompagnement sur
trois ans. Le financement restant
bien l’un des points délicats de la
vie des PME. René Ricol, le médiateur du crédit, n’a-t-il pas été
saisi de 3.727 dossiers en deux
mois et demi ?
tous les défauts d’un service ou
d’un produit et à chercher à faire
mieux (défectuologie). Celle de
« l’espace de consommation » est
intéressante car très facile à exploiter. Pour un produit ou service
existant, on fait varier le type de
consommateur ou le besoin ou le
lieu d’utilisation ou le contexte ou
le moment habituel de consommation. Un exemple simple consiste à
adapter un service ou un produit
pour humain aux animaux. N’a-ton pas vu ouvrir, ces derniers
temps, à Paris une pâtisserie ou un
spa pour chiens ?
x Le Salon des entrepreneurs se tient au Palais des
Congrès de Paris les 4 et 5 février (www.salondesentrepreneurs.com). Pour sa 16e édition,
le Salon accueille 180 exposants
et organise 150 conférences et
ateliers thématiques à destination des créateurs d’entreprise
et porteurs de projet, mais aussi
des chefs d’entreprise et des
repreneurs et cédants. Parmi les
thèmes phares : la révolution de
l’autoentrepreneur, les business anticrise et les nouveaux
leviers de croissance et leur financement. Toutes les conférences sont désormais téléchargeables en libre accès sur le site
du Salon.
Une fois que l’on a ces bonnes
idées, quel est l’apport de
l’APCE ?
Nous offrons une grande quantité
de ressources gratuites et téléchargeables surlesite.Vous trouvezpar
exemple quantité de documents
types (contrat de travail à durée
déterminée), des fiches techniques
(déposer une marque ou protéger
un logiciel), des fiches pays, des
bases de données de centres de
ressources utiles pour le créateur,
etc. Nous aurons également en
2009 une action très forte enfaveur
de la reprise d’entreprise : sensibilisation des cédants et des repreneurs, formations, création de nouveaux contenus méthodologiques
et de nouveaux supports…
x Sur www.lesechospme.fr
et www.tpe-pme.com, deux
sites du Groupe Les Echos, tous
ces thèmes sont traités, depuis
la création-reprise d’entreprise,
l’aide et le financement, la gestion, la fiscalité, le droit, les
secteurs porteurs, ainsi que
toute l’actualité des PME. Ces
deux sites abordent également
les aspects pratiques pour
créer, diriger et développer son
entreprise : agenda, témoignages vidéos, dossiers thématiques, avis d’experts, fiches
pratiques, simulateurs, modèles de lettre... En outre, l’actualité du Salon sera couverte
grâce à des interviews vidéo
réalisées sur place.
Jean-Luc Massol.
mentaires, service après-vente
amélioré…
Et lorsque l’on n’a pas cette bonne
idée ? Vous évoquez dans votre
livre les outils de créativité. Comment les utilise-t-on ?
Je préconise la technique du remue-méninges, ou « brainstorming », conçue par Alex Osborn. Il
faut être au moins cinq personnes,
car c’est de l’émulation, de
l’échauffement des esprits, de la
liberté de ton et de la folie des
réponses que jaillissent des idées
intéressantes. Dans mon livre, j’ai
retenu plusieurs méthodes utilisables grâce au remue-méninges
qui est une technique générale,
commecellequiconsisteàrecenser
PROPOS RECUEILLIS PAR F. N.
LES ARDENNES, UN ESPACE EUROPÉEN
OUVERT SUR LE MONDE.
ENTREPRENEURS,
LES ARDENNES
VOUS OUVRENT
DE NOUVELLES
PERSPECTIVES.
Le département des Ardennes est devenu un espace attractif
en Europe :
- par sa position stratégique et incontournable sur le grand axe
autoroutier (Paris-Reims-Charleville-Mézières-Bruxelles-AnversAmsterdam) ;
- par sa liaison ferroviaire avec le TGV Est-Européen,
pour le flux de marchandises en provenance des grands ports
européens ;
- par sa position au cœur d’un marché de 250 millions
de consommateurs.
Le département des Ardennes offre :
- une fiscalité unique en Europe de l’Ouest avec la plus grande
zone franche de France (exonération de l’Impôt sur les Sociétés,
de Taxe Professionnelle et de charges sociales employeurs) ;
- un prix du foncier le moins cher du Nord-Est ;
- 5 grands parcs d’activités dont une plateforme multimodale
de 300 ha au NO de Charleville-Mézières en relation avec
les ports de Anvers et de Zeebrugges ;
- des zones complémentaires destinées à accueillir différentes
activités industrielles, tertiaires et commerciales ;
- un environnement exceptionnel et une qualité de vie rare.
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
www.zone-franche-ardennes.com
www.business-in-ardennes.com
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
4
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
1. HIGH-TECH
L’Etat déroule le tapis rouge pour les PME
E
ntre février 2007 et janvier
2008, selon les chiffres publiés par Coface Services,
12.000 sociétés se sont créées en
France dans le domaine de l’informatique, de l’électronique et des
télécoms. Combien vont survivre ?
« Le taux d’échec peut aller jusqu’à
80 % pour les apporteurs d’idées en
phase d’amorçage et avec un capital
très faible, mais il tombe à 5 % une
fois passée la phase de recherche et
développement initiale », prévient
Laurent Scheinfeld, directeur associé de Subventium, un cabinetconseil spécialisé dans les aides économiques et les subventions d’Etat,
dont les 280 clients sont des entreprises innovantes avec d’importants
projets de R & D.
Très gourmands en trésorerie et
sujets aux aléas techniques, les travaux de R & D nécessaires avant la
commercialisationdespremiers produits constituent la période de tous
les dangers pour les jeunes entreprises high-tech. « Nous avons fait
l’erreurdecréernotresociétéavec très
peu de moyens, car nous pensions
quenostechnologiesétaientsuffisamment mûres pour trouver rapidement
des débouchés, relate, par exemple,
Yvan Ridé, quarante-trois ans, cofondateur d’Evodia, une société rennaise spécialisée dans les logiciels de
reconnaissance d’écriture. En réalité,
nous avons mis trois ans à rencontrer
notre marché. » Aujourd’hui,
l’Apave, un organisme d’inspection
et de contrôle technique, va équiper
300techniciensde tabletPCdotésdu
logiciel Script & Go d’Evodia, pour
leur permettre de saisir plus rapidementschémasetrapports, tandisque
Thalesétudie la possibilitéd’intégrer
Scipt & Go dans un écran tactile
destiné aux pilotes d’avion.
Ce qui a sauvé Evodia ? Tout
d’abord, en trois ans, l’entreprise a
bénéficié de prèsde 400.000 eurosde
subventions ou d’avances remboursables. En effet, à côté des « love
money, seed money » et autre capital-risque (lire pages 16 et 17), il
existe une kyrielle de subventions,
prêts à taux zéro et autres dispositifs
fiscaux prévus par l’administration
française et l’Europe pour aider les
start-up (Microsoft en propose un
annuaire en ligne, voir ci-contre).
« La France est undespays d’Europe
où la recherche coûte le moins cher,
souligneLaurentScheinfeld.Cen’est
pas par hasard si de grands groupes
étrangers comme Microsoft y implantent des centres de recherche. »
Autre raison à la survie d’Evodia :
elle a bénéficié d’une licence pour
exploiter les technologies développées par l’équipe Imadoc (Images et
Documents), de l’Irisa (Institut de
recherche en informatique et systèmes aléatoires), un laboratoire public, à Rennes. Il n’existe pas encore
de statistiques précises dans ce domaine, mais il semble que, par
exemple, les spin-off, les start-up
issues des travaux de grands groupes
ou grands laboratoires, survivent
mieux que l’ensemble des jeunes
Stéphane Texier 2009/DR
Financements, transferts de technologie... Des efforts sont faits pour aider à l’innovation.
Le logiciel d’Evodia permet de saisir rapidement schémas et rapports.
pousses high-tech. « Sur les 92 entreprises de l’Inria, en vingt ans, 23 ont
disparu, 12 ont été rachetées et 57
existent encore de façon autonome »,
calculeBrunoSportisse, directeurdu
transfert et de l’innovation à l’Inria,
l’Institut national de recherche en
informatiqueetenautomatisme(lire
ci-dessous). « Quand vous prenez
une technologie qui a été développée
dans un laboratoire, il est à peu près
certain quelarecherchea étécorrectement menée, en respectant les fondamentaux : vous êtes déjà sur la bonne
voie », avance Laurent Scheinfeld.
Forts de ce constat, les pouvoirs
publics tentent par tous les moyens
de favoriser les transferts de technologies entre les laboratoires publics
et les PME. C’est un des rôles des
71 pôles de compétitivité, destinés à
Publi-rédactionnel
Chartres
Blois
Tours
Avec 2.5 millions d’habitants, un patrimoine historique et culturel
de renommée mondiale, un environnement économique diversifié, un 6ème rang
national pour l’activité industrielle, la région Centre compte pour tout
PARIS
Orléans
entrepreneur qui veut créer ou reprendre une entreprise.
Bourges
Châteauroux
Région Centre : un territoire
pour Entreprendre
Située à une heure au sud de Paris, la région
Centre donne à l’esprit d’entreprendre un cadre
unique pour s’exprimer : un environnement
économique porteur et diversifié (cosmétique,
pharmacie, mécanique, logistique, plasturgie…),
un cadre touristique de renommée internationale
(vallée de la Loire ; les châteaux de Chambord,
Chenonceau, Blois, les cathédrales de Bourges,
de Chartres ; la Sologne, le Berry, la Beauce…)
et un accompagnement personnalisé pour le
créateur ou le repreneur d’entreprise.
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
La région Centre attire !
Les créations d’entreprises y ont augmenté de près de 4%
en 2008, contre 3% environ en moyenne nationale. Forte
d’une grande diversité économique, la région attire tout
type de projet d’entreprise dans l’hotellerie-restauration,
dans le commerce, dans l’artisanat, dans l’industrie ou
encore dans le secteur agricole.
En matière de reprise d’entreprises, les réseaux
consulaires (Commerce-Industrie, Métiers-Artisanat,
Agricole) disposent d’un fichier actif de plus de 1 500
entreprises, commerces, ou exploitations à reprendre.
Parmi elles, près de 600 annonces d’entreprises à
reprendre sont directement consultables sur le site
1001-opportunites.com, créé à l’initiative du Conseil
régional et des réseaux consulaires de la région Centre.
Quelque soit son projet, l’entrepreneur bénéficie d’un suivi
personnalisé pour le mener à bien. En effet, un repreneur
d’entreprise accompagné accroît nettement ses chances
de réussite. Dans chaque département, pour chaque projet
(industrie, commerce, artisanat, agricole, etc.) et pour tout
type de public, la région Centre dispose d’une structure
d’accompagnement et de conseil adaptée (structures
consulaires, réseaux des PEIL, boutiques de gestion,
réseaux associatifs spécialisés…).
Un accompagnement personnalisé
L’entrepreneur bénéficie ainsi de conseils personnalisés
auprès de spécialistes qui, en fonction du profil du
candidat et de son projet, lui permettent de sélectionner
les entreprises à reprendre, de connaître les exigences de
qualification professionnelle et les démarches à effectuer,
de s’informer sur les réglementations spécifiques à
l’activité (hygiène, sécurité, environnement…), d’obtenir
des informations économiques sectorielles, ou encore
d’identifier les différents partenaires du réseau d’appui
à l’installation.
L’aide va encore plus loin. Un “Contrat d’accompagnement”
est proposé aux repreneurs d’une entreprise artisanale
ou commerciale. Ce dispositif, financé par le Conseil
régional du Centre, permet aux repreneurs de passer le
cap critique des premières années d’activité en proposant
un accompagnement de 2 ans post installation. Cet
accompagnement structuré est assuré par les réseaux des
Chambres de Métiers et de l’Artisanat et des Chambres de
Commerce et d’Industrie du Centre.
La création et la transmission d’entreprises sont des enjeux
économiques majeurs. C’est la raison pour laquelle le Conseil
régional du Centre les a inscrites comme actions prioritaires
dans le cadre du Schéma de Développement Economique
et Social de la région Centre. C’est dans cette volonté que la
Région a créé des aides économiques pour accompagner le
projet de reprise d’entreprises (bénéficier du réseau régional
d’accompagnement, de conseils personnalisés, pérenniser
l’installation, simplifier l’intégration professionnelle et
familiale), pour financer le projet, pour renforcer les fonds
propres du repreneur, pour garantir les crédits, ou encore
accompagner la croissance de l’entreprise.
Pour votre projet de reprise d’entreprise,
consultez notre site
www.1001-opportunites.com
“Pour votre entreprise,
choisissez la région Centre.”
Pour plus d’informations :
CENTRECO • Agence de promotion et de développement économique de la région Centre
Tél 02 38 79 95 40 - E-Mail : [email protected]
Web : www.centreco.regioncentre.fr
Publi_centreco_Echos_Format_Spe.indd 1
16/01/09 11:08:08
dégager des synergies entre labos,
grands groupes et PME, autour de
projets innovants. Plus de
4.000 PME sont membres d’un pôle.
Mais l’administration veut aller encore plus loin. Par exemple, entre fin
2005 et fin 2006, 33 laboratoires publicsfrançais ontreçulelabel Institut
Carnot, décerné aux organismes de
recherche qui s’engagent à développer les partenariats avec les entreprises. « L’idée originelle s’inspire du
modèle des Fraunhofer-Gesellschaft,
les instituts de recherche allemands
réputés pour les liens étroits qu’ils
entretiennent avec les entreprises, explique Alain Duprey, directeur général de l’Association des Instituts
Carnot. Notre label est accordé à des
laboratoires publics reconnus pour
leur excellence scientifique et qui font
de la recherche partenariale au profit
des entreprises une de leurs priorités. » Pour l’instant, les résultats à
l’égard des PME sont mitigés,
puisque la proportionde l’argent(en
termes de fonds, 10 %, ou en termes
de nombre de projets, 20 %) injecté
parlesPMEdanslesInstitutsCarnot
est la même que dans l’ensemble des
labos publics français…
« Les PME éprouvent souvent des
difficultésà identifierun partenairede
recherche pertinent en réponse à leur
besoin d’innovation, explique Alain
Duprey. C’est pourquoi nous avons
des actions spécifiques à leur égard,
comme lesRDV Carnot, un Salon de
la recherche dédié aux entreprises. »
Enfin, la Direction générale des entreprises (DGE) du ministère de
l’Economie, de l’Industrie et de
l’Emploi, a mis en ligne, il y a
quelques mois, une base de données
(l i r e ci - co n t re ) re ce n s a nt
1.100 centres de recherche, publics
ou privés, qui travaillent sur les
83 technologies-clefs pour l’avenir
de la France. « L’objectif est d’aider
lesentreprisesà rechercherfacilement
de l’information sur les technologies
qui les intéressent », commente Michel Aribart, chargé de mission au
sein du service des politiques d’innovation etde compétitivité, à la DGE.
Les PME innovantes, qui ont besoin
d’une technologie pour satisfaire un
nouveau besoin repéré chez leurs
clients, y trouveront peut-être leur
bonheur…
En pratique
x Le Retis est un réseau qui
fédère technopoles, CEEI
(Centres européens d’entreprises
et d’innovation) et incubateurs
publics. www.retis-innovation.fr
x Le programme Cap
Subvention, proposé par
Microsoft, comprend un
annuaire en ligne pour
rechercher des subventions.
www.microsoft.com/france/
entrepreneur/subventions/
default.mspx
x Les Rendez-vous Carnot (13
et 14 mai 2009 au Palais des
congrès à Versailles) permettent
la rencontre directe entre
entreprises confrontées à des
problématiques de R&D et
laboratoires de recherche.
www.instituts-carnot.eu
x Le ministère de l’Economie,
de l’Industrie et de l’Emploi a
mis en ligne une base de
données recensant 1.100 centres
de recherche français. Ils
travaillent sur 83 technologiesclés. www.expertises2010.com
x Le pacte PME a été mis en
œuvre depuis fin 2005 par Oséo,
pour faciliter les relations entre
les PME innovantes et les grands
comptes. Il se positionne comme
un équivalent modernisé du
Small Business Act américain.
www.pactepme.org
JACQUES HENNO
KEENEO
Analyser les images de vidéosurveillance
Keeneo est née de la rencontre de
Benoît Georis, chercheur au sein du
laboratoire d’analyse vidéodel’Inria
Sophia-Antipolis, et de Thomas
Herlin, responsable commercial
pour l’Europe du Nord chez ASK
(produits sans contacts). Quatre ans
plus tard, Keeneo emploie une quinzaine de personnes et a réalisé en
2008 un chiffre d’affaires de quelque
700.000 euros. « Nous éditons des
logiciels pour l’analyse de mouvements et l’identification d’événements
à partir d’images fournies par des
caméras de surveillance », explique
Thomas Herlin.
Ces solutions sont utilisées pour
détecter des intrusions dans des sites
protégés comme des aéroports ou
des centres de recherche, mais aussi
pour gérer des infrastructures : si le
système détecte une longue file d’attente devant un poste de douane, il
conseille d’ouvrir un second guichet.
Parmi ses clients, Keeneo compte
ADP(Aéroportsde Paris), Renault,
Toyota, DCN… « Pour la Société
Générale, nous avons contribué à la
mise en place du Bison futé des cantines, sourit Thomas Herlin. Au siège
social de la Défense, des caméras
surveillent la fréquentation des cantines et, via un intranet, indiquent aux
salariésles temps d’attente, cequi aide
à lisser les passages au restaurant
d’entreprise. »
Analyse en 4D
Derrière les logiciels Keeneo se cachent des technologies mises au
point par l’équipe Orion de l’Inria à
Sophia-Antipolis : son objectif était
de développer des logiciels pour l’interprétation automatique d’images
et le pilotage automatique de programmes. Keeno a bénéficié d’un
accordd’essaimageetde transfertde
technologiesdelapartdel’Inriapour
Le conseil de
Thomas Herlin
« Nous ne lançons pas de
nouvelle application si nous
ne sommes pas certains qu’il
y ait un marché solvable
dans les trois ans à venir. »
utiliser les résultats de ces travaux.
« Noslogicielsdéclenchenttrèspeude
fausses alarmes, car ce sont les seuls à
fairede l’analyseen 4D, affirme Thomas Herlin. Nous utilisons des outils
de reconnaissance en 3D capables de
situer dans l’espace les objets et les
personnes, plus une analyse temporelle pour suivre les actions dans le
temps. » Dans le futur, ces logiciels
pourront aussi être utilisés pour l’assistance aux personnes âgées, handicapées ou malades.
J. H.
TROIS QUESTIONS À
BRUNO SPORTISSE DIRECTEUR DU TRANSFERT ET DE L’INNOVATION À L’INRIA
Privilégier le transfert de technologies vers les PME
L’Institut national de recherche
en informatique et en automatique a déjà soutenu la création
de 90 entreprises. Il veut accélérer le mouvement.
Quelle est la politique de l’Inria pour
les transferts de technologies ?
Le transfert de technologies est une
des priorités de l’institut. Il peut
prendre cinqformes. Premièrement,
l’aideàunchercheurouuningénieur
qui veut créer son entreprise − une
« spin off ». On a, deuxièmement, le
transfertdirectde technologiesàune
entreprise, sous forme de licence ou
de cession d’actifs de propriété intellectuelle. Troisièmement, nous pouvons participer à des opérations de
standardisation autour d’un brevet
de l’Inria. Ensuite, cela peut prendre
la forme de diffusion de nos logiciels
en « open source », comme c’est le
cas avec Scilab, un logiciel de calcul
numérique.Enfin,il yalacréationde
joint-ventures (consortiums) pour
soutenir un logiciel : nous nous
sommes par exemple associés à l’industrie pharmaceutique pour développer un logiciel de simulation.
Quelle est la place des PME dans ce
dispositif ?
Nous voulons clairement privilégier
le transfert de technologies vers les
PME. Nous venons ainsi d’initier
avecOséoet le comité Richelieuune
extension du pacte PME au transfert. La difficulté est de repérer les
besoins. Nous avons une double approche : capitaliser surla dynamique
des pôles de compétitivité et répondre aux besoins desPME grâce à
nos « prospecteurs de PME » orientés secteur. L’objectif à terme est de
faire de l’interpôle : repérer par
exemple une PME de Sophia-Antipolis vers laquelle nous pourrions
effectuer un transfert des travaux
menésdansnotrecentredeLille.Les
prospecteurs, eux, rencontrent des
PME pour comprendre leurs attentes. Nous regardons alors si,
parmi nos 170 équipes-projets, l’une
d’entre elles ne développe pas une
technologie potentiellementtransférable, que nous ferons alors « maturer » en fonction du marché.
Aquels marchés vous adressez-vous
en priorité ?
La richesse de notre domaine est
qu’ils’adressepotentiellementà tous
les marchés. Nous avons défini cinq
marchésprioritaires: réseauxettélécoms ; santé, biotechnologie et
sciences du vivant ; édition de logiciels et systèmes embarqués ; aéronautique, espace et défense ; et enfin
énergie, développement durable et
environnement.
PROPOS RECUEILLIS PAR J. H.
LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
5
1. HIGH-TECH
WYGWAM
La jeune société de conseil en
informatique gagne sa vie en faisant du service tout en poursuivant une active R&D. Le lien avec
le pôle de compétitivité lillois
s’avère utile.
Un wigwam est un type d’habitation construit par les Amérindiens
semi-nomades d’Amérique du
Nord. « C’est là que les sages de la
tribu se réunissaient pour trouver
des solutions aux problèmes du
groupe, précise Grégoire Malvoisin, PDG de Wygwam, une société
de conseil en informatique de Villeneuve-d’Ascq, près de Lille.
Nous aussi nous réfléchissons pour
les autres : nous aidons les entreprises à maîtriser les nouvelles technologies en avance de phase. »
Créée − entièrement sur fonds
propres − le 1er avril 2003, par deux
Belges, Grégoire Malvoisin,
trente-six ans, diplômé d’Ichec
(Institut catholique des hautes
études commerciales de Bruxelles), et Grégory Renard, trentetrois ans, ingénieur, Wygwam em-
ploie une vingtaine de personnes.
L’entreprise s’est fait remarquer, il y a quelques mois, par
l’e-Médiateur qu’elle a développé
pour le médiateur de la République : disponible vingt-quatre
heures sur vingt-quatre et sept
jours sur sept, sous forme de chat
sur Windows Live Messenger ou
Google Talk, l’e-Médiateur offre
un premier niveau d’information
sur les droits et quelques solutions
pratiques sous la forme d’envoi de
documents ou de renvoi vers des
sites Internet plus compétents.
Le conseil de
Grégoire Malvoisin
« Le risque pour une entreprise innovante est de vouloir financer sa R&D en
vendant des prestations de
services, qui vont accaparer
son équipe de recherche et
retarder d’autant ses travaux. Il vaut mieux distinguer les deux activités − services et recherche − et leur
affecter des équipes différentes. C’est ce que nous
faisons depuis un an et
demi. »
Vers un maire virtuel
Pour accéder à l’e-Médiateur, il
suffit d’ajouter mediateur.republiqueegmail.com ou mediateur-republiqueehotmail.fr à la liste de
ses contacts Google Talk ou MSN
et d’envoyer un premier message à
ce nouvel interlocuteur. « Google
et Microsoft éditent des protocoles
de communication ; la valeur ajoutée de Wygwam réside dans la mise
au point d’un robot de conversation
qui va s’enrichir au fur et à mesure
des échanges », estime Grégoire
Malvoisin, qui veut décliner cet
agent conversationnel pour
d’autres marchés. Celui-ci va être
proposé sous forme de maire virtuel,maisilpeutaussiservird’agent
domotique pour piloter entièrement une maison, via Google Talk
ou MSN.
Photononstop
MEDRIA
La santé des vaches à distance
Medria dispose de un à deux ans d’avance sur ses concurrents.
La jeune société innovante bretonne est capable de surveiller à
distance les animaux d’élevage
grâce à des capteurs. Une quinzaine d’organismes publics l’ont
soutenue.
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Les vaches sur le pointde vêler font
l’objet d’une attention toute particulière de la part des éleveurs bien
souventcontraintsdeseleverlanuit
afin d’évaluer l’imminence de la
naissance. Un nouvel appareil, le
Velphone, leur permet de passer
des nuits tranquilles : ce thermomètre vaginal envoit la température de l’animal à une base radio
GSM quirelaierégulièrementcette
information vers le téléphone portable du fermier sous forme de
SMS. Et quand le Velphone est
expulsé par la poche des eaux, il en
avertit l’agriculteur.
Terre d’élevage
Le Velphone a été mis au point par
une jeune société innovante, Medria (Monitoring Early Detection
for Remote Industrial Applications),créée en juin 2004etinstallée
àChâteaugiron, à une quinzaine de
kilomètres à l’est de Rennes.
« Nous sommes sur un projet singulier : développer des plates-formes
desuivi de production,enparticulier
pour la production animale, en ins-
Le conseil de
Jean-Pierre Lemonnier
« Essayez de trouver une activité au croisement de vos
compétences et des atouts
économiques ou naturels de
la région qui vous accueille.
C’est pour cela que notre société s’est positionnée sur le
marché de l’électronique destinée au monde agricole. »
tallant des capteurs sur ou dans les
animaux », explique Jean-Pierre
Lemonnier, quarante et un ans,
président et cofondateur, ingénieur
(Télécom Bretagne), mais aussi fils
et frère d’éleveurs.
Ces capteurs peuvent être temporaires, comme le Velphone (déjà
200 clients), ou permanents,
comme des gélules capables de rester,par simple gravité, au fond de la
panse de l’animal et de communiquer sa température ou son rythme
cardiaque. Et l’entreprise travaille,
entre autres, à la mise au point d’un
compteur debouchéesaupâturage,
fixé au licol, pour s’assurer que
l’animal mange suffisamment : un
microphone détectant le « crunch »
caractéristique de la bouchée. Tous
ces appareils sollicitent une très
longue chaîne de composants électroniques (collecte, transmission,
analyse…) et de l’informatique sophistiquée (couches hautes : la synthèse des résultats présentée sur
l’ordinateur ou le portable de l’éleveur doit êtretrès simple). Medriaa
doncsollicitél’aided’unequinzaine
d’organismes : l’Inra (Institut national de la recherche agronomique),
Télécom Bretagne, l’Isen (Institut
supérieur de l’électronique et du
numérique) de Brest, etc.
« Nous avons entre un an et demi
et deux ans d’avance sur les deux
projets concurrents, aux Etats-Unis
et en Israël », affirme Jean-Pierre
Lemonnier. Stratégiques pour une
terred’élevagecommelaBretagne,
les travaux de Medria ont reçu de
très nombreuses aides, de la part de
la région, d’Oséo, de l’incubateur
Emergys, de la technopole de
RennesAtalante…« La somme est
presque indécente », rougit JeanPierre Lemonnier, qui ose à peine
dévoilerlatotalitédessoutiens dont
a bénéficié sa société d’une vingtaine de personnes : plus de 1 million d’euros !
J. H.
Autre application : Wygwam
travaille avec des enseignes et des
laboratoires de recherche sur un
projet de vendeur virtuel ubiquitaire (VVU) au sein du Picom, le
pôledecompétitivitéde Lille dédié
aux industries du commerce. « Le
VVU est un agent multicanal pour
aider les clients, détaille Grégoire
Malvoisin. Le pôle de compétitivité
constitue un excellent moyen pour
rencontrer les services R&D des
grandes enseignes et pour créer des
liens avec des laboratoires de recherche fondamentaux. »
Pour l’instant, près des trois
quarts du chiffre d’affaires deWygwam (1,2 million d’euros dans les
services, entre juillet 2007 et juin
2008) sont liés à des prestations de
services autour de la plate-forme
Microsoft. « Nous conseillons les
développeurs et les directeurs informatiques de grands comptes,
comme Airbus, l’Otan, Aéroports
de Paris ou Opodo, ainsi que des
SSII ou des éditeurs de logiciels,
sans oublier les PME », détaille
Grégoire Malvoisin. Grâce à son
Photononstop
Comment bien utiliser un pôle de compétitivité
L’e-Médiateur développé par Wygwam propose des informations sur
les droits et des solutions pratiques telles que l’envoi de documents.
statut de JEI (jeune entreprise innovante), qui lui permet d’importantes réductions de charges, Wygwa m dé g a ge u n r é s u l t a t
d’exploitation de plus de 10 %. Il
possède une filiale en Belgique et
va en ouvrir une en Suisse cette
année.
J. H.
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
6
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
2. FORMATION
La différenciation, clef du succès
« E-learning », « low cost », contenus originaux : les nouveaux concepts se multiplient.
uelentrepreneur ou salarié ne rêverait de travailler sur un vaste marché
qui croît bon an mal an autour de
4 % ? C’est le cas du secteur de la
formation professionnelle,quidemeure relativement insensible à
la conjoncture. Et pour cause : si
pendant les années fastes, les entreprises investissent en formation pour accroître leur compétitivité, récompenser ou faire
progresser leurs collaborateurs,
en période de crise, les nouveaux
chômeurs alimentent la demande
de stages à des fins de reconversion. Les derniers chiffres connus
témoignent de la résilience de ce
secteur, soutenu à la fois par l’argent public et les obligations des
entreprises en la matière : en 2006,
13.800 organismes publics ou pri-
En pratique
L’Agence pour la création
d’entreprise (APCE) s’intéresse
aux professionnels de la
formation et a même dédié un
partie de son site aux
enseignants. C’est notamment
la porte d’entrée pour l’Office
des pratiques pédagogiques en
entrepreneuriat (OPPE) créé en
2001. Il répondait au départ à
un besoin de connaissance des
dispositifs entrepreneuriaux
mis en place dans l’appareil
d’enseignement secondaire et
supérieur. Aujourd’hui, il est
davantage un outil de
mutualisation, de promotion et
d’échanges autour des
pédagogies entrepreneuriales,
au service des établissements,
des enseignants, des étudiants,
des réseaux
d’accompagnement à la
création d’entreprise et des
institutions.
http://www.apce.com/
vés de formation professionnelle
ont réalisé un chiffre d’affaires de
5,9 milliards d’euros, soit + 4 %
par rapport à l’année précédente.
La même année, la dépense nationale pour la formation professionnelle continue et l’apprentissage, un agrégat bien plus large
qui englobe d’autres acteurs du
système comme les OPCA (organismes paritaires collecteurs
agréés chargés de collecter et de
répartir l’argent de la formation)
réalisait une performance comparable : elle augmentait de 3,9 %,
pour s’établir à 27,1 milliards selon la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des
études et des statistiques) du ministère du Travail.
Le boom du « e-learning »
Cette croissance soutenue et le
nombre élevé d’intervenants se
conjuguent pour stimuler les innovations qui irriguent en permanence le secteur de la formation.
Certaines sont transversales, tel
l’« e-learning » qui prend chaque
année de l’ampleur, même si son
développement a été ralenti par la
résistance au changement et des
contenus pédagogiques insuffisamment rodés. Aujourd’hui, les
formations à distance tendent à
appuyer plus qu’à remplacer les
formations présentielles pour
constituer le «blended learning ».
D’autres innovations plus ponctuelles portent sur les contenus.
Ainsi Constance Rietzler, cofondatrice de la Belle Ecole, a-t-elle
créé un module inédit sur le
« savoir-vivre en entreprise ». Son
objectif ? Enseigner de manière
pratique ces codes de bienséance
qui peuvent faire la différence
auprès d’un client, qu’il s’agisse de
communiquer par courriel ou
d’adopter la bonne posture ou
comportement face à un client
interne ou externe. Ces formations, qui concernent générale-
Sagaphoto.com
Q
Horses and coaching confronte les hommes aux chevaux, qui sont dotés d’une perception fine de la communication.
leurs classiques (voir encadré),
Horses and Coaching propose
d’améliorer leurs compétences en
les confrontant à la plus belle
conquête de l’homme. Car les
équidés perçoivent de manière
très fine la communication verbale et non verbale des humains,
explique Guillaume Antoine, le
fondateur d’Horses and Coaching. En vertu de quoi, les participants alternent durant deux
jours passages en manège, retours
et partages d’expérience avec des
coachs. Le point commun entre
ces formations innovantes ? Elles
fontla part belle aux compétences
comportementales, au développement personnel et introduisent
une dimension ludique appréciée
par les stagiaires. Or leur succès
repose en grande partie sur l’éva-
ment des vendeurs en boutiques
de luxe ou des responsables commerciaux, permettent aux sociétés « de se différencier par la qualité de service et de lisser les
relations professionnelles », souligne Constance Rietzler. Dans la
même veine, Lookadok apprend
aux salariés à mieux gérer leur
image professionnelle. Car le décalage entre celle que pense
émettre un collaborateur et celle
perçue par ses interlocuteurs peut
nuire tant à sa réussite professionnelle qu’à l’image de son employeur.
D’autres organismes renouvellent des thèmes rebattus (leadership, conduite du changement…)
en s’appuyant sur des médiations
originales : quand Mythes et
Opéra fait revisiter aux managers
luation qu’en font ces derniers…
Des stages à prix discount
L’innovation dans la formation ne
se limite cependant pas aux contenus. A l’ère d’Internet, elle irrigue
l’en semb le des processus,
d’amont en aval. En guidant les
entreprises dans le dédale des
offres et en prenant en charge la
gestion des dossiers, Place de la
Formation a effectué une jolie
percée (voir encadré). Dans un
registre comparable, Formaguide
s’est imposé comme une place de
marché dédiée à la rencontre de
l’offre et de la demande de formation. S’inspirantdu « business model » des soldeurs de voyages,
Discount-formation.com propose
des réductions significatives sur
les premières et dernières places
des sessions interentreprises.
Créée en décembre dernier, cette
jeune pousse connaît un développement prometteur. Au rythme
actuel, elle prévoit fin février de
référencer sur son site une cinquantaine d’organismes de formation et de mettre en ligne
3.000 stages vendus à prix discount. De son côté, Formetris innove en aval en se spécialisant
dans l’évaluation de l’efficacité
des formations. Formetris fournit
en effet les outils standardisés et
informatisés qui faisaient jusquelà défaut aux entreprises clientes.
« Le questionnaire distribué par
les organismes en fin de stage ne
suffit pas : le jour même, les réponses sont biaisées, il faut du
recul pour répondre à certaines
questions critiques. Par ailleurs, il
est nécessaire d’avoir une référence pour donner du sens aux
informations collectées. Comment
savoir si l’on doit sesatisfaire d’une
note moyenne de 75/100 pour l’utilité du contenu d’une formation ?
Les évaluations sont donc mutualisées entre entreprises, ce qui permet de réaliser des analyses comparatives », argumentent Laurent
Balagué etNicolas Méary,les fondateurs de Formetris.
En définitive, l’innovation dans
la formation professionnelle
s’opère sur deux axes très différents. D’un côté, des organismes
de formation rivalisent de créativité dans le contenu ou les méthodes pédagogiques pour attirer
un public de salariés qui demande
à être surpris et séduit. De l’autre,
les prestataires opérant dans l’orbite de ces organismes innovent
en promettant aux entreprises
plus de rigueur dans la sélection,
l’achat et l’évaluation des formations. Reste à savoir qui des premiers ou des seconds captera le
mieux leur part des 27,1 milliards
que pèse ce secteur.
FRÉDÉRIC BRILLET
ALALMA
PLACE DE LA FORMATION
L’opéra, outil de management Une start-up utilise le courtage pour faire baisser les prix
Que ferait l’empereur Titus,
l’ombrageux Othello, le prédicateur Moïse s’ils étaient manager
dans une entreprise (la tunique
en moins, la cravate en plus) ?
Partant de cette question, le cabinet conseil en ressources humaines Alalma propose des séminaires sur la conduite du
changement, le coaching et le
développement managérial qui
se réfèrent aux mythes et grandes
œuvres de l’opéra. Baptisée
« Mythe & Opéra », cette approche qui mêle formation et
événementiel a permis à ce cabinetde se démarquer de la concurrence et d’acquérir une notoriété
sans commune mesure avec sa
taille et son effectif modeste
(deux personnes).
Moïse, guide inspiré
Mais l’approche n’a rien de gratuit, insistent Maria Diaz et Stéphane Longeot, respectivement
directrice du cabinet et consultant associé d’Alalma. « Titus est
l’empereur qui a su restaurer son
autorité, Moïse est le guide inspiré
qui a su sortir son peuple
d’Egypte… Les héros mythiques
sont des grandes figures du dépassement qui “parlent” aux managers. Confrontés à l’échec d’un
projet, aux difficultés liées à la
conduite du changement, à des
prises de décision inconfortables,
ceux-ci peuvent tirer parti du parcours d’un héros pour “penser
autrement” leur problématique et
développer des solutions inattendues. »
Le jour, les participants à ces
séminaires analysent le parcours
de grandes figures de l’histoire ou
de la mythologie sous l’angle managérial, développent l’écoute de
leurs émotions, s’ouvrent à différentes lectures et interprétations.
Le soir venu, ils assistent à une
représentation de l’œuvre étudiée dans le cadre d’un récital
privé ou d’un spectacle à l’opéra.
Lancés en 2006, les séminaires
Mythe & Opéra séduisent les managers confirmés de grandes entreprises telles que La Poste,
EDF, Christian Dior Parfum et
représentent 30 % du CA 2008
d’Alalma, qui s’établit à 0,4 million d’euros. Pour 2009, le cabinet ressent déjà l’impact de la
crise à sa manière. « Le mythe
d’Orphée qui descend aux Enfers
pour ramener Eurydice à la vie
fait résonance chez nos clients
dans la conjoncture actuelle. »
F. B.
Ce qu’il faut retenir
Dans un marché très encombré, l’innovation permet de se diférencier.
La start-up réalise pour les entreprises tout le travail administratif
et prépare la sélection quand
elles recourent à des organismes
de formation.
Les entreprises passent beaucoup
de temps àsélectionner des formations en adéquation avec les demandes de leurs salariés. Sans certitude de faire le meilleur choix,
tant l’offre est pléthorique. Elles
doivent ensuite gérer de fastidieuses démarches administratives : demandes de prise en
charge auprès des OPCA (organismes paritaires collecteurs
agréés chargés de collecter et de
répartir l’argent de la formation),
gestion des conventions de formation aveclesorganismes, desfiches
de présence, constitution des dossiers de remboursement pour les
OPCA, déclarations fiscales et sociales liées à la formation. Autant
de tâches ingrates que Place de la
Formation leur propose d’effectuer pour leur compte. Avec un
objectif : « Faire entrer la formation professionnelle dans l’ère de la
simplicité, de l’efficacité, de la qualité et de la réduction des coûts. »
Cette jeune pousse promet en effet à ses clients des gains en temps,
mais aussi en qualité. « Nous élargissons le spectre de consultation
des organismes avant de proposer
aux entreprises une short-list. Les
responsables RH peuvent alors se
consacrer à leur cœur de métier :
définition des actions de formation
Photononstop
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Une petite entreprise utilise les
grands personnages d’opéra
comme supports à la formation
de cadres dirigeants.
L’objectif de Place de la Formation : faire entrer la formation
professionnelle dans l’ère de la simplicité.
et suivi de ces dernières », résume
Jérôme Lesage, directeur général
de Place de la Formation.
Pas de surcoût
Le coût de cette prestation pour
les entreprises qui y recourent ?
Nul, puisque ce courtier d’un nouveau genre se rémunère exclusivement par une commission prélevée sur les organismes de
formation. « En outre, l’entreprise
paie le prix de la formation sans
aucun surcoût et généralement
moins cher par effet de mutualisation des demandes », affirme Jérôme Lesage.
Doté d’une culture informatique et de service aux entreprises,
cet ancien cadre de SSII a choisi
d’innover dans la formation, « car
c’est un gros marché avec beaucoup d’offreurs et de demandeurs
où il n’existait pas grand-chose
entre les deux ». Encore fallait-il
pour que ce modèle économique
fonctionne proposer un choix crédible. C’est aujourd’hui chose
faite puisque Place de la Formation a constitué une base de données qui recense 7.000 organismes
et plus de 50.000 modules de formation sélectionnables par différents critères (positionnement,
moyens pédagogiques dates, prix,
localisation…). Cette masse de
données numérisées lui vaut
aujourd’hui d’intéresser des
grands comptes : Bolloré, Vivendi, Total, Toyota et autres
McDonald’s qui représentent
60 % d’une activité en plein essor.
Fondée en 2006, Place de la Formation, quiemploie15 salariés eta
clôturé 2008 avec un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros, espère atteindre 2,3 millions fin
2009. Ce décollage prometteur
doit enfin beaucoup à la capacité
du courtier à intéresser les autres
intervenants quesont les OPCA et
les organismes de formation.
Epinglés par les pouvoirs publics,
les premiers peuvent profiter des
systèmes d’information de Place
de la Formation pour diminuer
leurs frais de gestion excessifs. Les
organismes peuvent quant à eux
s’appuyer sur ce courtier pour réduire leurs frais de commercialisation ou améliorer le taux de remplissage de leurs stages en rognant
sur leurs prix de vente quand ils
passent par le courtier.
F. B.
Ce qu’il faut retenir
On peut créer de toutes
pièces une fonction d’intermédiaire qui n’existait pas si
on peut prouver qu’elle correspond à un vrai besoin.
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SPÉCIAL ENTREPRENEURS
8
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
3. SERVICES AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS
Une créativité tous azimuts
A
vec 40 % des emplois marchands et près de 70 % des
créations d’emplois, les services sont une chance pour la
France », a l’habitude de répéter
Georges Drouin, président du comitéde liaisonavantageservicesqui,
En pratique
Trois propositions
Pour accélérer le mouvement, Michèle Debonneuil a émis, dans son
rapport de septembre2008, trois
propositions, qui constituent autant
de pistes à suivre pour les Français
désireux d’innover dans le domaine
des services : mettre en place un
CSU (compte emploi service uni-
Tout un écosystème de PME innovantes se développe actuellement en France autour des mobiles.
automatique aux organismes financeurs.
versel) qui permettrait à tous les
Français de bénéficier immédiatement d’une réduction de 50 % sur
les services à la personne ; mieux
former les salariés de ce secteur, en
particulier pendant leurs périodes
d’inactivité ; et utiliser les nouvelles
technologies pour optimiser la production et la gestion des services à la
personne (accès aux services, suivi
desprestatairesà distance, paiement
des prestations). De plus en plus
d’enseignes de ce secteur construisent d’ailleurs leur propre plateforme de gestion (lire l’interview
ci-contre) : par exemple, l’Assad 77
(Association de soins et services à
domicile de Seine-et-Marne) a
choisi d’équiperses400 intervenants
d’une solution mobile (Y-Dom de
Prylos), qui a permis de supprimer le
papier et d’automatiser la facturation, la paie ainsi que le reporting
(1.000 techniciens en Europe), une
application fonctionnant sur téléphones PDA. « Chaque matin, le
technicien reçoit sur son PDA le
planning de sa tournée, auquel peuvent s’ajouter des dépannages à réaliser en urgence », détaille Luc Haberkorn, responsable marketing de
Kimoce. Les PDA permettent de
géolocaliser tous les techniciens et
donc derepérer leplus proche de la
pompe en panne. Une fois sur
place, celui-ci utilise son PDA pour
connaître les pièces détachées disponibles dans sacamionnetteou en
atelier et éditer un rapport d’intervention. Enfin, les temps de déplacements et en clientèle sont automatiquement calculés par le
système, ce qui facilite la facturation.
Plus largement, tout un écosystème de PME innovantes se déve-
Covoiturage dynamique
Michèle Debonneuil, elle, préconise la mise en place d’une infrastructure commune à toutes les
sociétés, à partir de mobiles sans
contact, utilisant la norme NFC
(voir encadré). Il est vrai que le
téléphone mobile constitue un très
intéressant canal pour les entreprises qui souhaitent rester en
contact avec leurs salariés sur le
terrain et ainsi améliorer les services qu’elles proposent à d’autres
entreprises. Kimoce, un éditeur
français de logiciels de solution, qui
emploie 38 personnes à Mulhouse,
en Alsace, a ainsi mis au point pour
Tokheim, leader européen de la
fabrication, distribution et maintenance de pompes à essence
loppe actuellement en France autour du téléphone portable, de la
mobilité (des personnes, des salariés) et des services. PSM (Point
Service Mobiles), une chaîne de
magasins spécialisés dans la réparation des mobiles, créée fin 2006, n’a
eu aucun mal, ily a un an, à clôturer
une première levée de fonds de
7millionsd’eurosauprèsdeSocadif
(une filiale du Crédit Agricole
d’Ile-de-France) et d’Ile-de-France
Capital (une émanation de la région,deschambres decommerceet
des banques et industriels franciliens). « Nous espérons ouvrir
85 PSM d’ici à 2011, en franchise
pour l’essentiel », détaille Martine
Bocquillon, fondatrice et directeur
général de PSM. Les boutiques
contiennent même un Destresso
Kafé, un coin détente où l’on peut
patienter autour d’un café, se
connecter à Internet, passer des
appels au moyen d’un téléphone
mobileprêtépendantquelesienest
en réparation…
Deux frères se sont fait remarquer, eux, pour une application
pour les téléphones mobiles tournant sous l’OS Android de Google.
Christophe (spécialiste des applications Java) etSébastien (professeur
agrégé d’anglais dans un lycée parisien) Petit ont développé Piggyback, un système de covoiturage
dynamique. Ilgèreentempsréelles
utilisateurs, les transferts d’argent,
les trajets ainsi que les préférences
et les évaluations des abonnés. Piggyback a été un des lauréats du
dernier Android Developer Challenge, mis en place par Google. Les
125.000dollars (93.000euros) qu’ils
ont gagnés vont leur permettre de
développer Piggyback pour
d’autres téléphones (Nokia, BlackBerry…) et de participer au prochain concours national d’aide à la
création d’entreprises d’Oséo.
PUCES SANS CONTACT
Les villes gérent des voitures en libre accès
Les services sur mobiles se multiplient
Cette société d’Antibes développe des solutions informatiques pour les collectivités locales qui veulent proposer des
services de voitures en libre accès.
Les puces sans contact vont être
le support privilégié de nouveaux
services. Ce ne sont plus seulement les transports, mais la commande de repas ou les systèmes
de fidélité qui vont être concernés.
Depuis juillet 2007, la ville d’Antibes (75.000 habitants) est le lieu
d’une expérience originale. 70 personnes se sont abonnées à un service de voitures électriques en libre
accès total, disponible 24 heures
sur 24 et 7 jours sur 7. Un coup de fil
à un automate vocal suffit pour
obtenir l’emplacement du véhicule
le plusproche. Lesutilisateursn’ont
pas besoin d’indiquer combien de
temps ils souhaitent louer la voiture
ni où ils comptent la restituer. Un
service rendu possible grâce aux
logiciels développés par une jeune
entreprise locale, Vu Log, créée en
mai 2006 par David Emsellem,
Georges Gallais et David Gibory.
« Notre mission est de mettre l’innovation technologiqueau servicedela
mobilité, explique Georges Gallais,
ancien spécialiste de l’électronique
embarquée passé ensuite par le
Le conseil de
Georges Gallais
Bien prévoir le financement
des périodes de recherche.
« Nous avions anticipé une
baisse de notre chiffre d’affaires en 2008, année quia été
consacrée à de nouveaux développements sur notre technologie. »
DR
VU LOG
Le service est disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.
centre de recherche de Toyota à
Sophia-Antipolis et par l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique). Il n’y a
pas de bouchon sur Internet, il ne
devrait pas y en avoir dans les
rues ! »
Une soixantaine de projets
Des accords de transfert de technologie signés avec l’Inria et l’I3S (Laboratoire d’informatique, signaux
et systèmes de Sophia-Antipolis)
ont permis à Vu Log de développer
et de breveter Vu Soft, une solution
composée d’une centrale de réservation, d’un logiciel embarqué dans
les véhicules et d’une application
sur les terminaux des équipes chargées de la gestion des voitures sur le
terrain. « Vu Soft comporte un module de localisation des véhicules au
mètre près, y compris dans les soussols, détaille Georges Gallais. Mais
aussi des algorithmes de classification pour les usages et permet ainsi
d’avoir un retour d’expérience. Les
villessont découpéesen cellules, liées
justement à ces usages, comme
l’offre de stationnement. »
Vu Log a reçu l’aide de la ville
d’Antibes, de l’Ademe (Agence de
l’environnement et de la maîtrise de
l’énergie), d’Oséo et, en 2008, 2 millions d’euros du Fonds d’investissement pour le développement de
l’écomobilité de la SNCF. Elle fait
partie du pôle de compétitivité Véhicule du futur, installé à Etupes,
dans le Doubs. Ses futurs marchés ?
La soixantaine de projets de voiture
en libre accès ou libre partage que
des villes françaises comme Paris ou
Besançon ont dans leurs cartons.
« Mais, pour cela, il faut que la
production de véhicules électriques
suive », reconnaît Georges Gallais.
J. H.
En mai 2008, Luc Chatel, secrétaired’Etatchargédel’Industrie et
de la Consommation, a lancé le
Forum des services mobiles sans
contact, pour développer de nouveaux services interactifs et sécurisés sur les téléphones mobiles.Présidé par Jean-Yves Granger,
précédemment directeur du pôle
études, prospective et innovation
du groupe LaSer, le Forum a vu le
jour en octobre dernier et rassemble 35 membres. Ces services
« sans contact » utiliseront la communication en champ proche
(Near Field Communication ou
NFC), une norme qui utilise les
technologies de radio-identification (RFID) pour permettre des
échanges sécurisés de données à
une distance de seulement
quelques centimètres.
Billet électronique
La NFC estdéjà largement utilisée
au Japon dans les téléphones mobiles et aux Etats-Unis dans les
cartes bancaires. « Il y a déjà plusieurs expériences pilotes en
France, mais portant uniquement
sur une seule application : le paiement, le transport, rappelle JeanYvesGranger. Lebutduforum est,
cette fois, de faire émerger des bouquets de services. »
AFP
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
x Au sein du Medef, le comité
de liaison avantage services fait
la promotion des entreprises de
ce secteur, mais peut également
fournir des informations sur ces
activités.
www.avantage-services.medef.fr
x La Fédération des entreprises
de services à la personne
présente sur son site l’actualité
économique et législative du
secteur. www.sesp.asso.fr
x Les pages Côté
professionnels, du site de
l’Agence nationale des services
à la personne, décrivent tout ce
qu’il faut savoir sur la création
d’entreprise, les agréments,
l’emploi, etc. dans ce secteur.
w w w . s e rv i c e sa l ap e r s o nn e .
gouv.fr
x Le Forum des services
mobiles sans contact, lancé par
Luc Chatel, rassemble déjà une
trentaine de membres et
cherche à faire émerger des
bouquets de services sans
contact sur mobiles, associant
des prestataires de toutes tailles
et intervenant dans plusieurs
secteurs. Par exemple, pouvoir
utiliser un téléphone mobile
muni d’une carte sans contact
pour retirer de l’argent à un
automate bancaire, payer ses
transports en commun, ou
comme carte de fidélité dans
une enseigne de distribution…
www.forum-smsc.org
au Medef, rassemble les professions
de services. Si les services aux entreprises représentent la plus grosse
part de ce secteur (60 % du chiffre
d’affaires de l’ensemble des services
sont déjà réalisés entre entreprises),
ce sont les services à la personne qui
se développent le plus rapidement.
L’imagination des entrepreneurs,
danscesdomaines,semble d’ailleurs
sans limites. Corinne Venutolo
Bouet a ainsi créé en 2007 Co Relook’in, une agence parisienne de
conseil en image personnelle et relooking, qui s’adresse aussi bien aux
entreprises qu’aux particuliers. Une
de ses originalitésest de commercialiser ses services sous forme de
chèques-cadeaux ou de packs prépayés. Georges Gallais, lui, s’intéresseauxtransportsurbainsenaccès
libre (voir l’encadré sur Vu Log).
Mais un autre segment semble
appelé à encore plus d’avenir : les
services à domicile (aide à domicile
pour les personnes âgées, soutien
scolaire, jardinage ou assistance informatique…). C’est en tout cas le
souhait des pouvoirs publics.
Dans le cadre de la loi du 26 juillet
2005 (dite loi Borloo), ces métiers
ont en effet bénéficié d’un plan de
soutien de quelque 1,4 milliard d’euros. Malheureusement, sur les
500.000emplois espérés, seuls
235.000emploisont été créésen trois
ans, comme l’a constaté Michèle
Debonneuil, inspecteur général des
finances, chargée l’année dernière
par Christine Lagarde d’évaluer le
dispositif Borloo.
Garel/Réa
Travail, domicile, déplacements : les Français de plus en plus friands de services innovants.
JACQUES HENNO
cofondateur,avecCyril Porteret, de la société Airtag (partenaire du Forum), le
croit : « En 2006, nous
avons été parmi les
premiers à nous positionner sur ce créneau-là. Ce sont les
nouveaux services
marketing qui vont
rendre ces technologies attrayantes. » La
start-up, qui a été hébergée par l’incubateur de Télécom ParisTech, areçu unprêt
d’honneur de Scientipôle Initiative, une
avance remboursable
à 0 % d’Oséo et 2 millions d’euros du cabinet de capital-risque
Seventure.Elle est actuellement en pourparlers avec une
grosse enseigne de
restauration rapide
sur un projet de
« kiosque de commande sur téléphone
mobile ». Le client
passerait et réglerait
sa commande grâce à
A terme, de nouveaux services interactifs seront son téléphone mobile
développés sur les téléphones portables.
connecté à Internet ;
et lorsqu’il arriverait
Le téléphone portable servira- dans le restaurant, la puce sans
t-il ainsi un jour de « billet électro- contact de son mobile lui permetnique » pour le train, le cinéma ou trait de transmettre sa commande
la restauration rapide ? Voire de aux préparateurs et de prouver
carte defidélité pourdes enseignes qu’il l’a bien payée.
de ces secteurs ? Jérémie Leroyer,
J. H.
LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
9
3. SERVICES AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS
WEBINTERPRET
La traduction simple comme
un coup de fil
3 QUESTIONS À
GUILLAUME RICHARD FÉDÉRATION DES ENTREPRISES DE SERVICES À LA PERSONNE
« Même le ménage a besoin d’innovation technologique »
Photononstop
Un serveur de voix sur IP reroute la traduction vers la bonne personne.
Même si l’anglais s’impose
comme langue de travail internationale, le fait de pouvoir discuter
dans sa langue maternelle reste
parfois important. Une start-up
rend compatible la traduction simultanée avec les réunions téléphoniques.
La traduction simultanée au téléphone. C’est la promesse de WebInterpret, un service lancé en
septembredernierpardeuxanciens
de l’EM Lyon (Ecole de managementde Lyon), Benjamin Cohen et
Patrick Smarzynski. Et la demande
est là, qu’il s’agisse d’entreprises
ayant à travailler à l’international,
d’administrations ou d’ONG. Le
client souhaitantorganiser une réunion téléphonique réunissant des
interlocuteurs répartis dans le
monde entier et parlant plusieurs
langues se connecte sur Webinterpret.com et planifie cette rencontre
en indiquant les langues qui seront
utilisées.
« Nous disposons d’une communauté de 850 interprètes parlant une
soixantaine delangues,expliquePatrick Smarzynski. Le coût par minute est de 1,50 euro pour chaque
traducteur nécessaire et de 0,5 euro
par participant. » L’innovation réside ici à plusieurs niveaux. Tout
d’abord le concept du service. « Il
n’existait aucune solution pour travailler à distance et se faire comprendre », affirme Patrick Smarzynski. La réalisation technique est
également compliquée. « Nous
avons mis au point un serveur de
voix sur IP qui reroute la traduction
vers la bonne personne », précise
PatrickSmarzynski, quiinsisteaussi
sur l’ergonomie : « Ilétait important
d’entendre, en fond, les voix d’origine des personnes, afin de comprendre, à leur intonation, leur état
d’esprit. » Un spécialiste polonais
de la voix sur IP est devenu directeur technique de la société et un
laboratoire de Sophia Antipolis a
collaboré à la mise au point de
l’ergonomie, afin que celle-ci soit la
plus naturelle possible.
Epaulée par l’incubateur Paca
Est, la start-up a bénéficié de prêts
régionaux, de subventions,
d’avance remboursable et a levé fin
2007 1,1 million d’euros auprès de
Seventure (une filiale de Natixis
Private Equity) et de trois « business angels ».
J. H.
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Guatemala, printemps 2003. Antoine Brenner, ingénieur centralien, féru d’informatique, bidouille
un logiciel l’aidant à réviser les six
heures de cours d’espagnol qu’il
prend quotidiennement. Six ans
plus tard, A9 GymGlish, la société
qu’il a fondée en février 2004 avec
son associé Benjamin Lévy, donne
des cours d’anglais par e-mail à
quelque 12.000 clients : environ
5.000 personnes dans 750 entreprises,2.000étudiantset5.000particuliers.
Intelligence artificielle
« Notre principale innovation réside
dans le moteur d’intelligence artificielle que nous avons développé et
qui va permettre à chaque leçon
d’être adaptée aux capacités de mémorisationetaurythmed’apprentissage de chacun, précise Benjamin
Lévy. De plus, toutes les leçons que
nous envoyons par e-mail sont scénarisées, pour capter l’attention. »
Les courriers électroniques invitent
les « élèves » à suivre les aventures
d’un Français, Bruno Delavigne,
qui dirige une entreprise à San
Francisco. L’e-mail demande dix à
quinze minutes d’attention et les
réponses du client sont immédiate-
minutes qui suivent l’heure prévue,
une alerte se déclenche : nous
contactons le salarié absent et trouvons éventuellement une solution
de rechange.
Tout cela a un coût ?
Oui, mais cela génère aussi des
gains. Nos agences ne mettent plus
que deux heures par mois pour
éditer des bulletins de facture
contre plus d’un jour auparavant.
De plus, nous avons prévu de filialiser notre département informatique qui a développé toutes ces
technologies : nous pourrons ainsi
plus facilement commercialiser nos
logiciels de back-office et de télégestion auprès d’autres entreprises
productrices de services à la personne. Le ménage est un des plus
vieux métiersdu monde :ilabesoin
des innovations technologiques
pour se professionnaliser et dégager des gains de productivité.
PROPOS RECUEILLIS PAR
JACQUES HENNO
Transmission-reprise d’entreprise
5 000 emplois repris avec
le soutien du Conseil régional d'Aquitaine
Le conseil de
Patrick Smarzynski
Dans certains domaines très
pointus, il est parfois nécessaire d’utiliser des compétences étrangères ; celles-ci
sontdésormaisfacilement accessibles grâce à Internet.
« Notre directeur technique,
spécialiste de la voixsur IP, est
d’origine polonaise et nous
avons ouvert une antenne à
Varsovie où se font une
grande partie de nos développements informatiques. »
A9 GYMGLISH
Des cours d’anglais par e-mail
Depuis 2004, A9 GymGlish propose des leçons personnalisées
d’anglais par e-mail
Les membres de la FESP sont-ils
déjà adeptes des nouvelles technologies ?
Nos entreprises font depuis longtemps des efforts dans ce domaine.
Par exemple, Acadomia, spécialisé
dans les cours à domicile, a développé un logiciel spécifique pour
éditer les feuilles de paie des intervenants,pourlecomptedesparents
employeurs. De plus, la fédération
fait partie du projet eSAP qui rassemble une société de conseil en
informatique,leministère de l’Eco-
en France. Nous avons
nomie et les princidéveloppé en interne
pales associations de
un logiciel maison qui
services à la perpeut dialoguer avec les
sonne et qui vise à
téléphones mobiles
normaliser les fordont sont désormais
mats d’échange de
équipés tous nos saladonnées entre les
riés. Lorsque ceux-ci
donneursd’ordre,du
arrivent chez nos
type La Poste, qui
clients, ils photogracommercialisent des
phientuncodeendeux
prestations, et les
dimensions, dit « QR
producteurs de sercode » ; ce cliché est
vices. Cela dit, il Guillaume Richard.
envoyéànotrelogiciel,
n’existe pas encore
de groupe de réflexion au sein de la qui connaît ainsi, grâce à l’horloge
FESP sur les nouvelles technolo- du téléphone, l’heure à laquelle
gies. C’est un manque patent qu’il notresalariéestarrivéchezleclient.
Unenouvellephotoest prisequand
va falloir combler.
le salarié s’en va. Les temps d’interQuels nouveaux services pour- vention sont automatiquement calculés et facturés, ce qui évite les
raient être apportés ?
Je vais vous donner l’exemple de la erreurs de saisie. De même pour la
société que je dirige. Le groupe O2, paie. Enfin nos salariés qui récupèc’est 3.200 salariés en France rentdesenfantsàlasortiedesécoles
qui font à 85 % du ménage et à doivent nous adresser un cliché du
14 % de la garde d’enfant pour code présent sur leur badge. Si cet
12.000 clients, tous des particuliers, envoi n’est pas fait dans les quatre
DR
La FESP (Fédération des entreprises de services à la personne)
regroupedessociétésproductrices
de services à la personne, qui emploient 14.000 équivalent temps
plein en France. Président de la
société O2 et membre du conseil
d’administrationetdu bureaudela
FESP, Guillaume Richard fait le
pointsurlesnouveauxservices que
ces entreprises peuvent proposer
grâce aux nouvelles technologies.
ment corrigées en retour. La jeune
entreprise assureainsin’enregistrer
que 20 % d’abandons en cours de
formation, contre jusqu’à 80 %
pour d’autres méthodes d’e-learning.
Cette société qui possède le statut de JEI (jeune entreprise innovante) a tout développé en interne.
« Les seules choses qui viennent de
l’extérieur sont les études scientifiques − publiques, elles sont en
ligne − sur le fonctionnement de la
mémoire sur lesquelles une partie de
nos algorithmes s’appuient », précise Benjamin Lévy. En 2008,
A9 GymGlish aurait réalisé 2 millions d’euros de chiffre d’affaires et
une marge nette de 25 %.
J. H.
Le conseil de
Benjamin Lévy
Ne pas aller trop vite à l’international. « Nous avons
voulu nous internationaliser
trop vite ; nous y sommes
allés comme des chiens fous,
en particulier auprès des
communautés hispanophones d’Amérique du
Nord. Nous allons devoir reprendre les choses à zéro
dans quelques mois. »
Le plan d’actions
mis en œuvre il y a 3 ans
par la Région pour faciliter la transmission et la reprise
d’entreprise porte ses fruits.
Conseil
- évaluation de l’entreprise
- accompagnement du cédant et du repreneur : conseils d’experts
Formation et ressources humaines
- bilan de compétences
- formations à la gestion et aux techniques de l’entreprise
- recrutement du repreneur potentiel
Financement
-
compte épargne transmission
prêts d’honneur
garanties bancaires
investissement
renforcement du fonds de roulement
> N° Azur 0810 813 815
transmission-reprise.aquitaine.fr
PUBLI-REPORTAGE
Un salon efficace contre la crise
La 16e édition du Salon des
Entrepreneurs ouvre ses portes
les 4 et 5 février au Palais des congrès
de Paris. Eclairages d’experts et
sélection de programmes.
www.salondesentrepreneurs.com
Auto-entrepreneur : une révolution en marche
Quelle est l’origine de ce régime et de quoi s’agit-il ?
Hervé Novelli m’a confié la rédaction d’un rapport
sur l’amélioration du travail indépendant en France.
Grâce à la conviction dont a su faire preuve le ministre,
il a été traduit en projet de loi dès le printemps 2008 et
adopté en août. Le régime de l’auto-entrepreneur vient
donc de voir le jour le 1er janvier 2009. Malgré toutes
les simplifications administratives, l’acte
de créer son entreprise
reste compliqué pour
beaucoup de projets
qui correspondent François Hurel.
plus à des créations
d’activité. Il fallait donc développer la culture de la
petite entreprise individuelle, voir du travailleur indépendant, et permettre notamment que la création d’activité devienne compatible avec tout autre régime ou
situation (salarié, retraité, étudiant…).
A qui s’adresse ce régime et comment fonctionne t-il ?
Que l’on soit étudiant, salarié, retraité, demandeur
d’emploi ou fonctionnaire, on peut lancer une activité grâce à une simple inscription. Ensuite, le régime fiscal et social est extrêmement simple puisque
les charges fiscales et sociales ne sont calculées que
sur les recettes effectivement touchées. C’est donc le
risque zéro.
Dès qu’il aura touché un règlement, l’auto-entrepreneur
s’adressera à un collecteur unique et paiera la somme
forfaitaire de 13 %, 23 % ou 20,5 % selon l’activité (service, commerce ou libéral). Cette contribution couvre
tout le social et le fiscal. Il n’y a ni taxe professionnelle,
ni TVA. Le régime est plafonné à 80 000 euros de chiffre
d’affaires pour les activités commerciales, 32 000 euros
pour les services.
En quoi ce régime est une révolution et quelle sera le
rôle de l’Union des Auto-Entrepreneurs (UAE) ?
C’est une triple révolution :
• technique puisque c’est le premier système qui
concrétise un prélèvement forfaitaire à la source,
Les entrepreneurs à l’heure québécoise
La présence du Québec au Salon
permet d’en savoir plus sur les
dispositifs québécois d’accompagnement
à la création d’entreprise.
Un panorama dressé par Raymond
Bachand, ministre du Développement
économique, de l’Innovation et de
l’Exportation du Québec.
Comment le Québec soutient-il la création d‘entreprises ?
Le Québec bénéficie d’une structure légale souple facilitant le démarrage de nouvelles entreprises et l’accès –
dans certains cas – à des déductions supplémentaires…
Le Québec favorise depuis longtemps la culture entrepreneuriale car il s’agit d’une source importante de richesse et d’emploi qui joue assurément un rôle décisif
dans la transformation du tissu industriel.
Parlez nous du Programme de mentorat d’affaires de
la Fondation de l’entrepreneurship…
Le Programme de mentorat d’affaires de la Fondation
de l’entrepreneurship a comme finalité de favoriser la
pérennité des nouvelles entreprises créées au Québec et
leur passage au cap très critique des cinq années d’existence. Ce programme permet à un nouvel entrepreneur
d’être accompagné par un entrepreneur chevronné bénévole qui s’appuie sur son vécu, afin de favoriser chez
le nouvel entrepreneur l’acquisition de compétences en
gestion. Le réseau de mentorat compte présentement
1100 mentors et 67 chefs mentors qui œuvrent dans les
17 régions administratives du Québec.
Ce programme apporte une contribution importante
au taux de survie des entreprises qui sont créées au
Québec en évitant bien des écueils aux nouveaux entrepreneurs qui ont peu d’expérience en gestion d’entreprise. Le taux de survie des entreprises qui ont été
mentorées est de 73%, contre 34% pour celles qui ne
l’ont pas été. Environ 3400 jumelages ont été réalisés
depuis la création du programme en 2000.
Ce programme a fait des petits en France, puisque la
Fondation de l’entrepreneurship a collaboré avec la
Chambre de commerce et d’industrie de Paris pour la
création de l’Institut du mentorat entrepreneurial.
Le Programme de soutien aux travailleurs autonomes
(STA) est-il comparable au statut de l’auto-entrepreneur ?
Oui, le statut de l’entrepreneur individuel ou auto-entrepreneur pourrait s’apparenter à celui du travailleur autonome au Québec. En 2007, le Québec
comptait 361 000 travailleurs ayant ce statut, soit 9,4%
du nombre total de tous les travailleurs.
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Les experts-comptables – très présents
au Salon – décryptent la loi TEPA
La loi TEPA votée en 2007 commence
à produire ses effets en matière
d’investissement dans les PME. Plus de
50 000 contribuables ont profité de
l’occasion de déduire leurs investissements
de l’ISF en 2008.
Le point avec Jean-Pierre Alix, président de
l’Ordre des Experts-Comptables.
Le fléchage de l’ISF vers les PME est-il une bonne
mesure ?
Les entreprises françaises manquent structurellement
de capitaux pour développer leur activité. Ce constat
a conduit le législateur à accorder en 2008 des réductions d’ISF aux redevables de cet impôt ayant décidé
d’investir dans le capital des PME, soit directement,
soit par le biais de fonds.
Cette mesure a permis d’injecter de l’argent dans les
petites et moyennes entreprises et de les aider ainsi à
se développer… tout en donnant un sens, une utilité
économique, à l’ISF.
La crise financière n’a-t-elle pas remis en cause la
pertinence de cette mesure ?
Au contraire ! Cette mesure apporte une réponse aux
Le programme de soutien
aux travailleurs autonomes apporte un soutien
technique et financier à ce
type d’entrepreneurs dans
le processus de démarrage
de leur entreprise.
Neuf personnes sur dix
étaient encore en emploi
dans les mois suivants
leur participation à ce programme. Le taux de survie des entreprises créées
est élevé : au moins 73%
d’entre elles étaient toujours en opération deux
ans après leur démarrage.
Il s’agit principalement de Raymond Bachand.
micro entreprises. Parmi
celles-ci, 51% ne comptent comme main d’œuvre que le
dirigeant de l’entreprise, alors que 34% emploient entre
une et cinq personnes. ■
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le stand
238, Village 2 – niveau 2
Faut-il créer en
période de crise ?
De nombreuses conférences du Salon
traiteront de ce sujet. Un éclairage de
Pierre Simon, président de la CCIP (1).
difficultés de financement rencontrées par les entreprises, complémentaire par exemple aux initiatives
prises pour la résolution des difficultés de financement bancaire. Ce dispositif conserve donc, dans la
période actuelle, une pertinence accrue, en palliant
le déficit de financements d’amorçage en France et
en créant un véritable mode d’accompagnement des
PME par les contribuables assujettis à l’ISF.
Quelles sont les perspectives pour 2009 ?
A l’évidence, l’année 2009 s’annonce difficile. Mais
on peut d’ores et déjà déceler des évolutions favorables pour l’avenir : effets d’entraînement du plan de
relance, forte chute du prix du pétrole, contraction
des stocks, qui sera suivie d’une reprise de la production,… Il est ainsi raisonnable d’espérer une sortie de
crise au cours du second semestre.
Quel rôle les experts-comptables ont-ils joué dans
ce dispositif ?
Ils ont été très actifs pour le faire connaître. L’Ordre
s’est associé à Oseo pour créer avec le soutien de
Christine Lagarde un site qui met en relation les dirigeants de PME et les contribuables à l’ISF souhaitant
investir dans le capital des PME.
Par ailleurs, les experts-comptables sont idéalement
placés pour promouvoir ce dispositif en étant présents à la fois auprès des PME qu’ils accompagnent
au quotidien et de leurs clients chefs d’entreprise
assujettis à l’ISF, qu’ils peuvent sensibiliser sur cet
investissement original, simple à réaliser, utile… et
qu’il convient de pérenniser. ■
Comment préparer l’avenir ?
Au-delà des problèmes de trésorerie à court terme des
entreprises, il est impératif de se préparer au rebond.
Les enjeux de compétitivité, d’innovation, d’attractivité restent primordiaux pour notre économie. Les
plans de soutien du gouvernement doivent être mis
au service de ces facteurs de croissance.
• administrative par l’extrême simplicité de son mode
d’inscription, de gestion et de radiation
• et culturelle surtout par l’accès à la liberté professionnelle qu’il offre et qui correspond à une aspiration des
Français.
Ce régime est également une opportunité en matière de
pouvoir d’achat et un début de réponse à toutes celles
et ceux qui s’inquiètent pour leur emploi. J’ai la conviction que 500 000 auto-entrepreneurs s’inscriront cette
année. Pour eux, il me semblait indispensable de créer
un outil fédératif, informatif et pourquoi pas revendicatif. C’est l’objectif de l’UAE (www.union-autoentrepreneur.com) que je vous invite à rejoindre. ■
Pour tout savoir sur l’Auto-entrepreneur,
rendez-vous stand n°264, Village 2 –
niveau 2. Cérémonie d’ouverture, le mercredi
4 février à 11h
Panorama de
la création
d’entreprise
en 2008
Jean-Claude Volot, président du conseil de
l’APCE (1) et multi-entrepreneur présentera
l’état de l’art de la création d’entreprise
lors de la conférence d’ouverture du Salon,
mercredi 4 février à 11h.
Quel est l’état de la création d’entreprise en 2008 ?
La création d’entreprise en 2008 se porte bien et devrait
être à peu près équivalente à 2007. Nous avons battu
des records au premier semestre avec 8% d’augmentation ; pour rappel la moyenne enregistrée depuis 2002
était de 7% par an. Le second semestre a subi un ralentissement qui peut s’expliquer en grande partie par
le très attendu régime de l’auto-entrepreneur activé
en janvier. En ce qui concerne les secteurs d’activité,
tous n’ont pas évolué de la même manière. Alors que
la plupart des secteurs se stabilisent, les services aux
entreprises et aux particuliers, qui connaissent depuis
de nombreuses années une forte croissance, continuent
leur progression en 2008 (+ 7%).
La crise ne semble pas avoir eu d’effet sur la création
d’entreprise…
La conjoncture actuelle renforce mon idée que lorsque le
salariat se fragilise, l’entrepreneuriat augmente. Et cela
se vérifie, puisque 40% des entrepreneurs sont demandeurs d’emploi au moment de la création. Bon nombre
d’entre eux rebondissent positivement sur cette situation
et profitent de cette opportunité pour passer à l’acte et
ainsi réaliser un projet latent depuis plusieurs années.
Quel soutien apporte l’APCE aux créateurs ?
L’APCE est une source d’information incontournable
à la disposition des créateurs. Au travers de son outil
Internet, qui a accueilli plus de 6 millions de visiteurs
distincts en 2008, l’agence assure l’orientation et les
premières informations nécessaires aux entrepreneurs
pour les aider à formaliser leur projet. L’APCE apporte
également un soutien aux pouvoirs publics en matière
de service. Nous participons activement à la montée en
puissance du régime de « l’auto-entrepreneur ». ■
(1) Agence pour la Création d’Entreprise
350 000
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le stand
n°239 , Village 2 – niveau 2
Est-ce le moment pour entreprendre ?
Bien sûr. Toute crise est un accélérateur de progrès.
Pour autant, il est essentiel de bien préparer son projet. Et c’est là où la Chambre
de commerce et d’industrie
Pour en savoir
de Paris et ses conseillers peuplus, rendezvent, très concrètement, aider
vous sur le stand
les entrepreneurs. ■
n°246, Village 2
(1) Chambre de Commerce et
– niveau 2
d’Industrie de Paris
300 000
250 000
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28
57
32
14
32
78
32
73
96
Focus majeur du Salon, le nouveau
régime de l’auto-entrepreneur,
permettant à tous de créer son
activité, connait un succès considérable
auprès d’un large public. Cette mesure
attendue sera présentée en détails par
François Hurel, président du Forum
de l’Entrepreneuriat de l’OCDE, à
l’occasion de la conférence d’ouverture
mercredi 4 février à 11h.
200 000
19
93 994 995 996 997 998 999 000 001 002 003 004 005 006 007 008
2 2
1
2
1 2
2
1 1 1 1
2 2 2
2
Création d’entreprises depuis 15 ans.
Pour en savoir plus, rendez-vous à la
conférence d’ouverture du Salon, le mercredi
4 février à 11h (Grand Amphithéatre) :
« Création d’entreprise et création d’activité :
la révolution de l’auto-entrepreneur »
LES ECHOS
SALONPUBLI-REPORTAGE
DES ENTREPRENEURS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
21
PUBLI-RÉDACTIONNEL
Le Médiateur du Crédit, René Ricol,
en clôture du Salon
12 semaines après sa nomination par Nicolas Sarkozy, le Médiateur du crédit intervient lors de la
conférence de clôture du Salon pour faire le point sur un dispositif désormais ouvert à toutes les
entreprises qui rencontrent des difficultés de financement ou de trésorerie.
Existe-t-il de nouveaux critères d’accès au crédit en
2009 ?
Non, les critères n’ont pas changé. Dès lors que l’entreprise a un projet, un plan d’actions cohérent et la
volonté ou l’équipe pour l’entreprendre sur un marché porteur, elle doit pouvoir trouver le financement
pour le mener à bien. Conséquence de la crise financière, les banques avaient fermé le robinet du crédit.
Les mesures dont elles ont bénéficiées leur ont donné
les moyens de recommencer à exercer leur métier,
celui du financement de l’activité économique. En
revanche, ce qui va changer en 2009, ce sont les comportements face au risque. Les entreprises doivent
anticiper leurs problèmes de financement, motiver,
justifier leurs besoins. Les banques doivent, en temps
de crise, accepter de prendre plus de risques. La crise
doit nous rendre solidaires. Nous sommes entrés dans
l’ère de l’économie sociale.
Quel est le rôle du Médiateur du crédit dans ce
contexte ?
Le rôle du Médiateur c’est d’aider à sortir des situations de blocage en tentant de rapprocher les positions
divergentes et en amenant chacune des parties en présence à prendre leur part de responsabilité. Notre mission est pragmatique, notre vocation est économique.
Aux entreprises de présenter un plan de financement
consistant et cohérent, aux banques de jouer leur rôle
sans qu’il soit question de leur faire courir des risques
anormaux.
Quels sont les premiers résultats de médiation 10 semaines après votre nomination ?
3800 dossiers reçus. 3500 dossiers acceptés en médiation. 1500 dossiers clôturés dans 63% des cas positivement. Plus de 1000 entreprises sauvées. Ces résultats
ont pu être obtenus grâce à l’efficacité des directeurs de
la Banque de
France qui dans
chaque département, sont René Ricol.
les Médiateurs
du crédit. Ils prennent en charge les dossiers des entreprises au plus près de leurs intérêts. Avec les Préfets,
les TPG, ils forment un trio efficace pour permettre aux
entreprises, en liaison avec l’ensemble des acteurs du
financement et de l’accompagnement, de trouver des
solutions concrètes à leurs difficultés. ■
Pour en savoir plus, rendez-vous à la
cérémonie de clôture du Salon, le jeudi
5 février à 16h30 (Amphithéatre Bordeaux) :
« Financer et développer son entreprise en
2009 : les nouvelles stratégies »
Ministres en visite
officielle
Patrick Devedjian, ministre en charge
de la mise en œuvre du Plan de relance
jeudi 5 février à 17h
Nathalie Kosciusko-Morizet,
secrétaire d’Etat chargée de la Prospective
jeudi 5 février à 14h
Christine Lagarde, ministre de
l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi
mercredi 4 février à 16h30
Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé
du Commerce, de l’Artisanat, et des PME
mercredi 4 février à 11h30
Valérie Pécresse, ministre de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche
mercredi 4 février à 11h
Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat
chargé de l’Emploi
mercredi 4 février à 16h
Agir pour nos entreprises, c’est agir pour l’emploi
Eric Woerth, ministre du Budget, des
Comptes publics et de la Fonction publique
jeudi 5 février à 11h
Orchestrée par le Service d’Information du gouvernement, la communication des entreprises et des
entrepreneurs est particulièrement offensive ces derniers mois.
Analyse de son directeur Thierry
Saussez, délégué interministériel à
la Communication.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur
le stand n°210, Village 2 – niveau 2
tuent le tissu de notre économie, partout
sur le terrain, et que ce sont elles qui créent
les emplois. Il ne faut pas pour autant laisser caricaturer, malgré les excès et les crises, nos grands groupes internationaux qui
font face à la concurrence mondiale.
Ces dernières années, constatez-vous
En quoi la communication gouvernemenune évolution des Français concer- Thierry Saussez.
tale prend-elle en compte la place des ennant l’esprit d’entreprise ?
treprises dans notre société ?
Oui. Néanmoins, la situation est paradoxale. D’un
Fin 2008, nous avons organisé avec le ministère de l’Ecocôté, le besoin de sécurité qui pousse à privilégier la
nomie, de l’Industrie et de l’Emploi, une grande camfonction publique. De l’autre, l’envie d’entreprendre,
pagne de communication sur le thème « Agir pour nos
de construire un projet de vie. Aux entrepreneurs de
entreprises, c’est agir pour l’emploi ». C’était la meilleure
donner l’exemple. A nous de les accompagner.
façon d’envoyer un signal fort à tous les entrepreneurs.
Ils amortissent la crise quand elle est là, ils accélèrent
Les Français aiment-ils leurs entrepreneurs ?
la croissance lorsqu’elle revient. Nous développons la
Oui. Spécialement les PME. Les Français ont assimilé
présence du gouvernement aux grands événements
l’idée que ces petites et moyennes entreprises constiéconomiques comme le Salon des Entrepreneurs. Nous
Il fait bon entreprendre en Ile-de-France
La Région Ile-de-France met la priorité sur
la recherche et l’innovation et multiplie les
initiatives soutenant la création d’entreprise,
comme l’explique son président, Jean-Paul
Huchon, à l’occasion du Salon.
Pourquoi avoir mis en place le site internet www.
creersaboite.fr ?
Nous avons souhaité mettre à la disposition des créateurs d’entreprises un outil simple pour faciliter leursdémarches dans notre Région. Et cela répond à une
réelle attente puisqu’en 2008, année de lancement du
site, le site a reçu plus de 350 000 visites ! En se rendant
sur www.creersaboite.fr, les entrepreneurs ont notamment accès à de multiples informations sur les offres
d’accompagnement adéquates et de qualité disponibles dans leur département.
Face à la crise économique, quelles sont les réponses
de la Région pour aider les entrepreneurs ?
Le premier effet de la crise, c’est d’entraîner une raréfaction du crédit. C’est pourquoi, dès novembre dernier, nous avons très fortement augmenté les différents
fonds de garantie, de capital-risque et de prêts d’honneur. Que ce soit pour la gestion de trésorerie, pour les
projets de développement comme dans les cas de reprise transmission. J’invite les entrepreneurs à s’adresser
à OSEO, aux fonds régionaux de capital risque et bien
sûr aux services de la Région pour identifier les aides
destinées à surmonter les difficultés actuelles. Au-delà,
nous amplifions aussi nos aides « classiques » à destination des PME-PMI et TPE. Par exemple, dans le champ
de l’export, avec le programme PM’UP. 200 nouvelles
entreprises seront ainsi sélectionnées dans le courant
du premier trimestre.
La Région met aussi la priorité sur la recherche et
l’innovation… comment ?
Elle poursuit son engagement dans le cadre des pôles de compétitivité qui permettent de renforcer la
coopération entre PME-PMI, grands groupes et laboratoires dans certains secteurs stratégiques pour le
rayonnement de la métropole. Mais nous avons aussi
engagé une complète refonte de la politique régionale
d’innovation. Au travers de la création du « Lieu du
Design » qui permettra de conseiller les entreprises sur
ce champ clef de la compétitivité de demain. Ou encore
par la réorganisation de l’ensemble des structures de
transferts technologiques en un seul Centre régional de
l’innovation. ■
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le stand
n°242, Village 2 – niveau 2
assurons avec Hervé Novelli, la promotion de l’autoentrepreneur. Nous communiquons sur le Plan de relance. En cette période de crise, l’économie, l’emploi, et
donc les entrepreneurs, doivent être au cœur de la communication gouvernementale. ■
Quelques événements
et temps forts du Salon
Franchise : bilan
positif et perspectives
heureuses
Le point avec Chantal ZIMMER, déléguée
générale de la Fédération Française de la
Franchise (FFF).
L
Hervé Novelli
préside la
cérémonie
d’ouverture.
es fins d’année sont toujours l’occasion de tirer
des bilans. Avec un différentiel positif de plus
de 90 réseaux (et 3 000 entreprises franchisées)
entre 2007 et 2008, la franchise continue de se développer en France, en particulier dans les secteurs de l’alimentaire, de la restauration rapide, du prêt-à-porter,
des services esthétiques aux personnes. Elle concerne
aujourd’hui plus de 1 200 réseaux et près de 50 000 entreprises franchisées.
La cérémonie d’ouverture
La nature même de la franchise explique une résistance
à la crise qu’elle a toujours démontrée au cours de son
histoire : c’est un réseau commercial qui implique des
indépendants, qui repose sur un concept fort et fortement différenciant (avec, la plupart du temps, un
rapport qualité-prix particulièrement avantageux) ; et
qui, enfin, dépend essentiellement de la transmission
du savoir-faire et de la façon dont le réseau est animé.
Plus l’animation est efficace (mieux elle irrigue le réseau), plus le concept est en phase avec des consommateurs extrêmement volatils. Avec la franchise, on
est de plain-pied dans l’économie réelle. Les franchisés
d’un réseau sont, pour une enseigne, pour un concept
commercial, autant de points forts dans sa défense (et
dans son attaque) !
Plénière Entrepreneuriat social
En France, comme à l’étranger, les réseaux prévoient
donc de se développer en 2009 ! En a témoigné fin 2008
Top Franchise Méditerranée, qui a connu une fréquentation renforcée (+17%) ; nous attendons une progression également importante à Franchise Expo Paris (13
au 16 mars – Porte de Versailles). ■
Création d’activité & création d’entreprise : la
révolution de l’auto-entrepreneur !
Mercredi 4 février, 11h00 - 13h00 > Grand Amphithéâtre
Est-ce le bon moment pour se lancer ? Les dernières mesures à votre disposition. Tout savoir sur le régime de
l’auto-entrepreneur ! Avec Hervé NOVELLI, Raymond
BACHAND, Laurence PARISOT...
Devenez entrepreneur social : du sens et des
opportunités
Mercredi 4 février - 14h à 16h > Amphithéatre Bordeaux
Penser autrement son projet d’entreprise dans les secteurs du commerce équitable, des services à la personne
ou des finances solidaires. Avec Laurent WAUQUIEZ,
Emmanuel FABER...
Le Grand débat
Internet, low cost, service client, green
business... Les business anti-crise !
Mercredi 4 février, 16h00 - 18h00 > Grand Amphithéâtre
Comment traverser la crise et en tirer le meilleur profit ?
Avec Christine LAGARDE, Michel-Edouard LECLERC,
Guillaume PEPY, Jean-François ROUBAUD...
Et aussi : 10 entrepreneurs sociaux défendent leur business
plan face à des investisseurs - mercredi 4 février - de 17h30 à 19h
Pour en savoir plus, rendez-vous aux
Consultations Franchise, Village 3 – niveau 1
Plénière Innovation
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
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du Guide du
Routard de
la Création
d’entreprise :
l’outil
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votre projet et
identifier vos
interlocuteurs.
Les Rencontres de l’Innovation et des Entreprises de
Croissance (Niveau 1)
La Fabrique (stands 271 à 287)
Innover pour grandir !
Quels sont les nouveaux leviers de croissance
et comment les financer ?
Jeudi 5 février, 11h30 - 13h00 > Amphithéâtre Bleu
Innovation et export : premiers facteurs de croissance
pour les entreprises et priorité pour les investisseurs.
Témoignages et conseils d’investisseurs. Avec Valérie
PECRESSE, Pierre KOSCIUSKO-MORIZET, Benoit
BATTISTELLI...
Crédit impôt recherche, business angels, capital investissement,
protection et valorisation de l’innovation, pôles de compétitivité… un programme de conférences et ateliers et des rendez-vous
d’affaires pour assurer le développement de votre entreprise innovante.
Plénière Secteurs Porteurs
Secteurs porteurs et business de demain !
Un lieu unique pour trouver des idées, pour tester,
financer, développer et réussir votre projet avec la
Caisse des Dépots et les réseaux d’accompagnement : des espaces de consultations individuelles,
des ateliers de formation en continu et 3 espaces
dédiés : Entreprendre au féminin, entrepreneuriat
social, la Fabrique à idées.
Retrouvez les 22 espaces rencontres et animations et
les 150 conférences et ateliers sur www.salondesentrepreneurs.com
Jeudi 5 février, 14h00 - 15h30 > Amphithéâtre Bleu
Découvrez les tendances et les stratégies gagnantes
pour réussir. Avec Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.
La cérémonie de clôture
Financer et développer son entreprise en 2009 :
les nouvelles stratégies
Jeudi 5 février, 16h30 - 18h00 > Amphithéâtre Bordeaux
Quel impact de la crise financière sur les petites et moyennes entreprises ? Toutes les clés et conseils pour convaincre banquiers, investisseurs et partenaires… Avec Patrick
DEVEDJIAN, Augustin de ROMANET, René RICOL...
Et aussi : Loi de Finance 2009 et actualité fiscale en faveur des
PE/TPE - jeudi 5 février de 11h à 12h30
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
12
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
4. ENTREPRENEURIAT SOLIDAIRE
Le boom de l’économie sociale
Avec la crise des modèles classiques, il faut désormais satisfaire le consom’acteur.
Créer du sens
Du commerce équitable, à l’aide aux
personnes, en passant par la récupération d’électroménager à recycler,
l’économie sociale et solidaire prend
des visages multiples. Pour autant,
les entreprises de cette mouvance
partagent trois caractéristiques communes : aux côtés d’un projet économique « classique » (production de
biens et de services, rentabilité...),
elles possèdent également une finalité sociale (lutte contre l’exclusion,
insertion, développement durable…), ainsi que bien souvent une
gouvernance participative (sous la
forme de coopérative par exemple).
Une tendance, certes, mais sur
quels créneaux ? Selon Hugues Si-
La marque de vêtements Ekyog mixe bio et approche solidaire.
prouve Ekyog, une marque de textile mixant bio et approche éthique
en France… Une marque lancée il y
a six ans par Louis-Marie Vautier et
Nathalie Lebas. « Le marché du textile étant saturé, avoue ce dernier,
notre quête de sens ne pouvait pas se
faire autrement qu’en créant une
marque très forte, car faire du “ bio ”
ne suffit pas. » Créer des vêtements,
bio donc, mais pas question pour
autant de donner dans le poncho
multicolore !Ekyog,avecses21boutiques, sa présence chez Nature &
Découvertes ou Etam, a réussi son
parioùvaleursetréussiterimentsans
complexe.
bille, président de l’Avise (*), « il est
souvent plus facile de créer dans le
secteur des services, car les investissements y sont moins lourds et les
champs de création s’adaptent bien à
une démarche d’entrepreneuriat social ». Environnement, développement durable sont eux aussi porteurs. Assistance Event innove
même en lançant la première entreprise d’insertion et avec une approche équitable… dans l’événementiel !HuguesSibille est toutefois
plus partagé concernant le commerce équitable : « Il y existe déjà
beaucoup d’acteurs pour un marché
pas si grand que cela, d’autant qu’il
faudra faire face à la concurrence de
la grande distribution. »
Mais, au-delà des bons sentiments, l’affaire« solidaire »peut-elle
être rentable ? Oui, comme le
Contraintes financières
Autre exemple montrant qu’entreprendre différemmentest non seulement dans l’air du temps, mais peut
prendre de multiples visages : Sinéo. La société
lilloise a développé une
gamme deproduitsbiodégradables destinés au nettoyage de véhicules ainsi
qu’une technique de lavage sans eau éco-labellisée. Sa particularité ? Privilégier l’embauche
d’exclus dumarché dutravail... Une démarche récompensée par le prix de
l’Entreprise d’avenir décerné fin 2008.
Cependant, si la démarche « éthique et sociale » est tendance, elle
reste avant tout un acte
« entrepreneurial » à part
entière, avec ce que cela
suppose de contraintes.
« Hors la question des agréments et
labellisation, les contraintes sont essentiellement financières, souligne
Hugues Sibille de l’Avise. Il est en
effet souvent plus dur de lever des
fonds pour un “créateur social”. »
Autre limite : en devenant « tendance », l’entrepreneuriat social ne
risque-t-il pas de perdre ses valeurs,
de vendre son âme sur l’autel du
profit ? La question se pose de manière accrue pour le commerce équitable. « Plusieurs marques de
l’agroalimentaire lancent actuellement des produits non pas équitables,
mais qui relèvent plus du développement durable, affirme Rémi Roux,
d’Ethiquable. Cela peut semer la
confusion dans l’esprit des consommateurs. En outre, le risque est que
sous leur pression, Max Havelaar, le
label équitable, revoie ses exigences à
la baisse. »
Les pionniers de l’équitable ont imposé leur marque
Alexandre Gelebrat/Réa
Les produits Ethiquable sont
aujourd’hui présents sur la plupart
des linéaires de grandes surfaces.
cinq ans n’avait rien d’évident.
« C’étaitd’autantplus oséque, pour
que notre projet soit viable, il nous
fallait rapidement être présents
times plus cher ? » lance Rémi
Roux. Chocolat nomade (nouveauté 2009), jus de mangue pressé
sur place (unerareté),introduction
du tchaïindien :innovation,qualité
et évasion sont leur leitmotiv. Avec
72salariés et unchiffred’affaires de
18millions d’eurospour 2008,Ethiquable a tout d’une belle réussite.
Avec du sens !
V. T.
Ce qu’il faut retenir
Innovation, clef de voûte de
la différenciation.
Taille critique : sur ce marché, les fonds propres doivent être à la hauteur pour
se tailler une place face à la
grande distribution.
SANITAIRE QUALITÉ SERVICE
L’insertion, un domaine plein d’opportunités
« Créez une entreprise d’insertion !
C’est plus facile qu’une entreprise
classique et, surtout, c’est l’avenir ! »
Pas de doute, Nicolas Jourdier est
unentrepreneursocial convaincu…
et convaincant ! A trente-sept ans,
cet ancien d’HEC, après avoir créé
une belle entreprise d’informatique, s’est tourné vers l’entrepreneuriat social. « En 2000, j’ai lancé
Sanitaire Qualité Service, une entreprise d’insertion dans le domaine de
la plomberie. Sa raison d’être ? Former des personnes en situation
d’échec pour leur donner la possibilité de trouver un véritable emploi.
Aujourd’hui, l’entreprise compte
35 salariés, dont 25 en insertion. »
l’importance du phénoAprès ce succès, Nimène. Entre France Accolas Jourdier dévetive, le réseau Entreloppe avec un associé
prendre, les garanties
une autre entreprise
Sofaris, un créateur peut
d’insertion, en Inde
trouver, avecun bon doscette fois : « Cette
sier, 80.000 euros pour
structure forme des
démarrer. Et le statut
jeunes issus de bidond’entreprise d’insertion
villes à la boulangerie
ouvre droit à des aides
haut de gamme franpubliques. Le seul impéçaise. Cela fonctionne
ratif, c’est d’investir dans
très bien. »
un secteur porteur, car il
Fort de ses expé- Nicolas Jourdier.
ne faut jamais oublier
riences, Nicolas Jourdier incite les créateurs à se lancer : que, dans le “social business”, il y a
« Dansledomainedel’insertion, il est “business” ! »
Le nouveau défi de Nicolas Jourfaciledetrouverdesfinancements,car
de plus en plus de structures ont saisi dier ? Un film sur Muhammad YuDR
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Lancée sur le marché du commerce équitable il y a cinq ans, la
marque Ethiquable est aujourd’hui présente sur la plupart des
linéaires de grandes surfaces. C’est
même la marque équitable la plus
connue des consommateurs. A
l’origine de cette réussite, trois
amis aux profils différents : un économiste, Stéphane Comar, un ingénieur agronome, Christophe
Eberhart, et un professionnel de
l’agroalimentaire, Rémi Roux.
Se lancer sur ce créneau il y a
dans 200 à 300 points de vente ! » se
souvient Rémi Roux.
Afin de financer leur création,
apport personnel et « love money » sont au rendez-vous : « Nos
proches ont investi 100.000 euros
dans l’affaire, ce qui nous a permis
de lever la somme de 300.000 euros
auprès des banques », explique
Rémi Roux. Une belle idée pour
rassurer les financeurs, d’autant
qu’Ethiquable a fait un autre pari :
opter pour le statut de société coopérative. « Ce statut, qui met
l’homme au centre de l’entreprise,
était le plus cohérent au regard de
notre créneau, le commerce équitable. »
Leur clef de réussite ? L’innovation. « Si les produits équitables copient simplement les produits existants, quel sera l’intérêt du
consommateur depayer20à30cen-
Outres les aides et conseils
classiques pour les créateurs
d’entreprises, voici des contacts
utiles dédiés à l’entrepreneuriat
social :
x Information
Avise (Agence de valorisation
des initiatives socioéconomiques) : www.avise.org
x Financement, subventions
et garantie
NEF : société coopérative de
finance solidaire mettant en
relation épargnants et
emprunteurs autour de projets
sociaux, environnementaux, etc. :
www.lanef.com
x France Active : mobilise
l’épargne salariale solidaire,
monte de nouveaux fonds, crée
des outils financiers adaptés...
Cette structure apporte aux
porteurs de projet une expertise
et un soutien financier. :
www.franceactive.org
x Fondation Crédit
Coopératif : favorise en les
Mais les lignes bougent. Ainsi,
peut-on saluer la naissance, en
2008, d’une nouvelle structure de
capital-investissement, Citizen
Capital, intégrant des critères différents de ceux des fonds d’investissement classiques (implantations dans des zones défavorisées,
parcours atypiques des dirigeants,
finançant les initiatives des
entreprises d’économie sociale.
www.credit-coo peratif.coop/
fondation/
x Cigales (Club d’investisseurs
pour une gestion alternative et
locale de l’épargne solidaire) :
structure de capital-risque
solidaire mobilisant l’épargne de
ses membres au service de la
création et du développement de
petites entreprises locales et
collectives : www.cigales.asso.fr
x Esfin-Ides (Institut de
développement de l’économie
sociale) : apporte des capitaux
propres aux entreprises de
l’économie sociale (intervention
essentiellement sous forme de
titres participatifs) :
www.esfin-ides.com
x Garrigue : société
coopérative de capital-risque
solidaire. Accompagne
financièrement des entreprises
en création ou en
développement avec un objectif :
la plus-value sociale :
www.garrigue.net
approche sociétale innovante,
etc.).
Entreprendre éthique ou pas ?
Dans quelques années, la question
paraîtra peut-être saugrenue !
VALÉRIE TALMON
(*) Agence de valorisation des
initiatives socio-économiques.
3 QUESTIONS À
HUGUES SIBILLE PRÉSIDENT DE L’AVISE
ETHIQUABLE
C’est LA « success story » du
commerce équitab le , citée
aujourd’hui en référence. L’aventure des trois fondateurs n’était
pourtant pas gagnée, d’autant
qu’ils ont parié pour une organisation originale en adoptant le
statut de coopérative.
En pratique
nus, prix Nobel de la paix fondateur
du microcrédit.
V. T.
Pour en savoir plus :
www.yunusmovie.com
Ce qu’il faut retenir
Une belle idée ne suffit pas :
visez un secteur rentable
(plomberie, peinture…) avec
une demande forte.
Frappez aux bonnes portes :
France Active et surtout le Comité national des entreprises
d’insertion : www.cnei.org.
« L’entrepreneuriat social
est ancré dans l’économie
de marché »
L’Agence de valorisation des initiatives socio-économiques
(Avise), créée en 2002 à l’initiative de la Caisse des Dépôts, réunit les représentants majeurs de
l’économie sociale. Son objectif
est de favoriser l’émergence de
nouvelles initiatives créatrices
d’emploi et porteuses de cohésion sociale. Hugues Sibille annonce la remise d’un Livre blanc
au gouvernement contenant
15 propositions.
en place d’une banque d’affaires de
l’entrepreneuriat social afin de faciliter les fusions ou les fortes croissances dans ce secteur. Nous souhaiterions aussi que l’innovation sociale
soit reconnue comme une innovation à part entière et que se développent des incubateurs et des pépinières dédiés aux entrepreneurs
sociaux. Il serait bon également de
mettre en place, comme en GrandeBretagne, une école dédiée à l’entrepreneuriat social,
ainsi que des outils
de mesure du retour
social sur investissement.
En tant que président de
l’Avise et président du
Codes (Collectif pour le développement de l’entrepreUn conseil pour les
neuriat social), comment
personnes désianalysez-vous l’émergence
reu ses d ’entrede l’éthique dans le monde
prendre sur cette
voie ?
de l’entreprise ?
L’entrepreneuriat social n’est
L’entrepreneuriat
pas un phénomène de mode, Hugues Sibille.
social n’est surtout
mais un mouvement durable.
pas un entrepreneuIl est cependant de plus en plus riat au rabais. S’il y a énormément
d’actualité du fait de la crise : c’est d’initiatives à prendre dans ce doune réponse à certains problèmes de maine, toutes ne peuvent réussir.
société comme le chômage ou les L’entrepreneuriat social est ancré
questions environnementales et il dans l’économie de marché, mais
offre une alternative aux modèles porte en lui d’autres valeurs. Etre un
économiquesclassiques.Il esturgent entrepreneur social exige de sentir
de mieux faire connaître l’entrepre- lesmarchés,d’avoiruneforteconvicneuriat social pour lui permettre de tion sociale, d’être particulièrement
se développer. Cela passe par la bien implanté dans son environneremise au gouvernement, à l’occa- ment afin de pouvoir par exemple
sion du Salon des entrepreneurs, travailler avec les collectivités lod’un Livre blanc où nous formulons cales, les administrations. Cela requiert donc de grandes qualités dans
15 propositions.
le domaine économique et humain.
Quelles sont les principales
PROPOS RECUEILLIS PAR V. T.
d’entre elles ?
Nousappelonsparexempleà lamise Pour en savoir plus : www.avise.org
DR
ommerce équitable, entreprise d’insertion, services
aux personnes, développement durable… L’entrepreneuriat
solidaire, aux contours pourtant
flous, n’a jamais été aussi « tendance ». Encore méconnue, l’économie sociale, c’est pourtant
800.000 entreprises, 2 millions de
salariés, dont 21.000 entreprises coopératives. De son côté, et malgré la
crise, le commerce équitable,
contrairement à d’autres secteurs,
est toujours en croissance, même si
celle-ci a marqué le pas en 2008
(+ 25 % en 2007). Consommer autrement, épargner autrement, travailler autrement : de l’émergence
du consom’acteur au développement de l’épargne solidaire, les
formes de consommation alternative se multiplient. Et l’entrepreneuriat social est une forme de création
atypique répondant à ces nouveaux
besoins.
Ekyog
C
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
14
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
5. CROISSANCE VERTE
Les emplois verts font
rêver les gouvernements
500.000 emplois créés ou sauvés d’ici à 2020 en France.
L
Alès-Nîmes
unies & unique
Sur l'arc méditerranéen entre mer et montagne,
les territoires d'Alès et de Nîmes offrent une
qualité de vie hors du commun. Chaleur,
couleurs et parfums du sud de la France,
richesses historiques, patrimoniales et culturelles, urbanité à dimension humaine et grands
espaces d'évasion...
Tout ici est propice au bonheur !
Et au coeur de ces espaces uniques, votre
réussite économique est notre trait d'union !
Choisir le territoire Alès-Nîmes, c'est vous
garantir des pôles d'activités complémentaires
et des filières adaptées à votre projet, des équipements et des services de qualité, un accueil
sur mesure, des solutions d'accompagnement
variées ainsi que des interlocuteurs professionnels pour concrétiser toutes vos demandes.
Bienvenue dans le sud de la France,
bienvenue sur le territoire Alès-Nîmes !
Jean-Paul FOURNIER
Max ROUSTAN
Sénateur du Gard
Président de Nîmes Métropole
Maire de Nîmes
Député du Gard,
Président du Grand Alès,
Maire d'Alès
’événement est symbolique. Demain et aprèsdemain à Washington se
tient une conférence intitulée
« Good Jobs, Green Jobs », organisée par les grands syndicats, des
entreprises et les grandes associations de défense de l’environnement. On y débattra des emplois
liés à la rénovation énergétique
des logements ou à la construction de nouvelles infrastructures
de transport, comme l’ont fait les
participants français du Grenelle
de l’environnement. Mais les participants échangeront aussi sur
une nouvelle manière d’utiliser
les milliards des fonds de pension
et l’argent des retraites pour financer une énergie propre et une
industrie moins polluante et plus
locale.
Après des années de déni par le
président Bush, l’Amérique enfourche le cheval de bataille de la
lutte contre le changement climatique et de la protection de la
planète avec un argument : la
création d’emplois non délocalisables. Le président Barack
Obama, qui a promis 5 millions
de « green jobs » pendant la campagne, prévoit de doubler la production d’énergie renouvelable
et d’isoler 2 millions de logements
dans les deux ans qui viennent.
Ban Ki-moon, secrétaire général
des Nations unies, a exhorté le
premier les chefs d’Etat à lancer
un « green new deal » pour lutter
contre les effets de la crise. Une
« nouvelle donne verte », qui fait
écho au New Deal américain de
Roosevelt.
En France, le gouvernement
espère contribuer à créer ou
maintenir plus de 500.000 emplois d’ici à 2020 en appliquant les
engagements du Grenelle de l’environnement. Sur le terrain, ces
grandes envolées commencent à
faire naître de nouveaux métiers.
Mondial Assistance travaille depuis des mois sur un projet
d’offres de services aux particuliers désireux d’améliorer l’efficacité énergétique de leur logement. L’idée est de devenir le
partenaire des banquiers qui vont
commencer à accorder les premiers prêts à taux zéro dits « écoPTZ ». Des accords ont déjà été
signés avec des établissements,
Mondial Assistance prendra en
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Les prêts éco-PTZ
Le gouvernement projette de faire
distribuer des prêts à taux zéro
pouvant atteindre 30.000 euros
sur dix ans à condition que les
utilisateurs se lancent dans un
véritable bouquet de travaux,
améliorant globalement l’efficacité
énergétique de leur logement.
charge les aspects conseil, diagnostic, propositions de solutions
énergétiques pour les clients des
agences. Un réseau de plus de
700 artisans et PME et des experts capables de répondre par
téléphone aux clients a été constitué. L’efficacité énergétique,
nouvel eldorado du bâtiment ou
moyen de maintenir l’emploi
dans un secteur qui employait
1,9 million d’actifs l’an dernier ?
L’étude d’impact des projets de la
loi Grenelle chiffre à plus de
200.000 les emplois nécessaires
pour réaliser les travaux nécessaires à la réduction d’émission
de CO2 des bâtiments anciens et
des bâtiments publics. Des salariés capables de poser des plaques
isolantes, de changer les fenêtres,
d’installer des panneaux solaires
dont il faut préparer la formation.
Un label Eco-artisan a été créé
par la fédération professionnelle
des artisans, la Capeb. Objectif :
permettre au x particuliers
d’identifier des professionnels
spécialement formés, capables
d’évaluer l’efficacité thermique
d’un logement dans son ensemble et de maîtriser les techniques. Au total, la profession du
bâtiment a obtenu des fournisseurs d’énergie qu’ils financent
sur deux ans la formation de
50.000 artisans ou salariés sur les
questions d’énergie renouvelable
et d’efficacité énergétique afin de
pouvoir répondre à la demande.
« Cols verts » londoniens
Aujourd’hui, l’ensemble du secteur des éco-industries représente un chiffre d’affaires de
30 milliards d’euros, affirme
l’Agence de l’environnement et
de la maîtrise de l’énergie
(Ademe), pour un nombre d’emplois supérieur à 200.000.
L’agence table sur 88.000 emplois
correspondant au surcroît d’activité lié à l’amélioration de l’efficacité énergétique. En tout cas,
montre une autre étude réalisée
par le WWF, les créations d’emplois seront largement supérieures aux destructions potentielles dans le secteur de l’énergie,
même si la consommation baisse.
Les Britanniques de leur côté
ne s’embarrassent pas de détails :
le maire de Londres, Boris Johnson, a promis récemment, devant
une assemblée de grandes entreprises, de créer une académie
destinée à transformer les demandeurs d’emploi en conseils
énergétiques. Ces « cols verts »
seront chargés de se déplacer
chez les particuliers pour effectuer des diagnostics et donner des
conseils sur la réalisation des travaux.
Si des mesures comme le prêt à
taux zéro, que le gouvernement
français s’apprête à mettre en
Prévisions d’évolution de l’emploi dans le secteur
Emploi, en nombre
2007
Taux de croissance envisagé 2007-2012, en %
Scénario 2012
Investissement en systèmes de production
et achats d’équipements de chauffage
Solaire thermique (équipement)
2.300
12.000
+ 422 %
Photovoltaïque
2.100
13.000
+ 519 %
Aérogénérateurs
7.000
16.000
+ 129 %
Appareils de chauffage au bois
14.000
24.000
+ 71 %
Pompes à chaleur
4.400
17.000
+ 325 %
Unités de production des biocarburants
2.400
700
– 70,8 %
Petite hydraulique
400
1.000
+ 150 %
Géothermie
200
1.300
+ 550 %
Biogaz : valorisation énergétique
800
1.300
+ 62,5 %
Incinération des déchets : valorisation énergétique
200
300
+ 50 %
Solaire thermique
150
600
+ 300 %
Energie d’origine photovoltaïque
10
100
+ 900 %
Energie d’origine éolienne
500
2.100
+ 320 %
9.000
14.000
+ 55,6 %
+ 367 %
Ventes d’énergies renouvelables
Bois d’énergie
300
1.400
Biocarburants
3.700
9.000
+ 143 %
Energie issue de la petite hydraulique
3.500
4.300
+ 22,9 %
Energie d’origine géothermique
600
1.000
+ 66,7 %
Energie issue de la valorisation du biogaz
100
300
+ 200 %
Energie renouvelable issue de l’incinération
des déchets ménagers
520
600
+ 15,4 %
Isolation
87.000
176.000
+102,3 %
Chauffage (chaudières à condensation)
6.000
21.000
+ 250 %
Electricité spécifique
5.000
18.000
+ 260 %
Infrastructures ferroviaires et trams. + matériel roulant
47.000
61.000
+ 30 %
Véhicules particuliers classe A et B
24.000
43.500
+ 81,3 %
221.180
440.000
+ 99 %
Pompes à chaleur
Efficacité énergétique
Total général
« Les Echos » / Source : Ademe
Les prévisions d’évolution misent sur un doublement des emplois
dans le secteur des éco-industries d’ici à 2012.
place, peuvent avoir un effet immédiat, les projets d’infrastructure prendront plus de temps. Il y
adeux ans, le gouvernementavait
décidé de financer à hauteur de
50 millions d’euros le maintien
des personnes âgées à domicile
en faisant quelques travaux dans
leurs logements. Résultat :
quelque 17.000 ménages avaient
réalisé des travaux en quelques
mois. Mais le fait de relancer la
construction de lignes de TGV
mettra plus de temps à agir. Dans
le cas du canal Seine-Nord, l’appel d’offres va être accéléré,
quelques travaux préliminaires
afin de détourner les routes et les
réseaux seront effectués, mais
rien ne commencera réellement
avant l’attribution du contrat et la
si gnatur e du per mis de
construire.
JULIE CHAUVEAU
« L’avenir est au verdissement des métiers existants »
Les experts de l’Ademe en sont
persuadés. Si l’impact en termes
d’emploi est important, toutes les
activités ne seront pas concernées au même chef. « Les taux de
croissance les plus forts sont liés
aux pompes à chaleur et au photovoltaïque », note Thomas Gaudin, chargé de mission au service
économie, observation et évaluation. Il n’en reste pas moins vrai
que les gros bataillons seront
d’abord employés pour les économies d’énergie, et notamment
dans le domaine de la rénovation
de l’habitat ancien. « C’est le vrai
sujet », assure Thomas Gaudin,
« cela signifie que le grand chantier, c’est la mobilisation des professionnels du bâtiment. » Une
personne travaille d’ailleurs à
plein temps sur ce sujet à
l’Ademe.
Evolution en douceur
Car l’une des conclusions du
Grenelle de l’environnement
était bien qu’il n’existait pas suffisamment de professionnels formés à ces nouveaux métiers sou-
vent aux confins de plusieurs
activités. Un spécialiste du chauffage solaire doit être à la fois
chauffagiste, couvreur, voire
électricien. Si quelques nouveaux métiers vont apparaître,
comme celui de coordinateur des
corps de métier, on va aller vers
une évolution en douceur, insiste
Thomas Gaudin : « Globalement, l’avenir est au verdissement
des métiers existants, avec dans
chacun d’eux l’ajout de compétences vertes. »
A côté du grand enjeu, la mo-
bilisation des professionnels du
bâtiment, l’Ademe travaille ainsi
à des scénarios pour évaluer les
besoins pour l’avenir. Déjà complexe au niveau d’une entreprise
ou d’une branche professionnelle, il s’agit de travailler à la
gestion des compétences au niveau du pays. L’Ademe travaille
déjà sur les régions de Nice,
Nancy et Bayonne, afin d’évaluer localement l’impact sur
l’emploi du Grenelle de l’environnement.
F. N.
LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
15
5. CROISSANCE VERTE
SKYWATER
ISOA
Valoriser l’eau de pluie
Laine, chanvre, lin : isoler avec des matières naturelles
Skywater
Armé de ce système et des données hydrologiques de Météo
France, Willy Rohdmann a déjà
équipé près de 600 toitures industrielles depuis 2004 pour un chiffre
d’affaires approchant les 2 millions
d’euros. Parmi ses clients : le château
de Versailles pour l’arrosage des
serres royales, Super U qui a ramené
àzérolepremierpostededépensede
ses portiques de lavage automobile,
Veolia Propreté qui nettoie les rues
de Nantes avec l’eau tombée du ciel,
ou encore nombre de logisticiens
intéressés par les perspectives d’économie surle poste d’entretiendeleur
flotte de véhicules. En dépit d’un
coût élevé − 24.000 euros hors travaux d’installation pour équiper une
réserve offrant 30 m3 d’autonomie −
leretoursurinvestissement n’excède
pas sept ans. Sans concurrent, et
pourvu d’un arrêté législatif qui banalise désormais son usage, Skywater prévoit au moins 2 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année,
le double de l’an passé.
Concessions décennales
Pour maintenir sa croissance malgré
la crise qui pénalise les investissements, sa société envisage désormais
de financer elle-même les équipements en contrepartie de concessions décennales pour la fourniture
en eau à un tarif stable convenu
d’avance. « Ce modèle nous permet
de financer 85 % des équipements
par des prêts bancaires à court
terme ». Le marché est énorme :
30 % de la consommation nationale
puisée sur le réseau public n’a pas
besoin d’être potable.
Skywater devrait pouvoir compter sur son
partenaire XAnge Private Equity, une société
de capital-risque entrée
au capital en 2007, pour
financer son nouveau
business model : en
équipant desentreprises
contractantes pour
5 millions d’euros d’investissement, la société
espère générer 32 millions d’euros de recettes
Skywater prévoit de doubler son chiffre
d’ici à cinq ans.
d’affaires cette année.
Avec sa filiale Naptural spécialisée dans les isolants naturels,
Isoa veut se positionner comme
leader national.
Pour Salvatore Di Leone, PDG du
groupe Isoa à Boulazac en Dordogne, l’engouement pour les isolants naturels date de 2004. Spécialisé depuis la création de
l’entreprise en 1991 dans le survitrage, il a alors un coup de cœur
pour la laine de coton, un produit
naturel issu du recyclage de textile.
Après cinq ans d’investissements,
l’entreprisequi dispose aujourd’hui
d’une offre symbolisée par un ourson blanc, s’adresse à trois marchés : les particuliers, la grande distribution spécialisée et le négoce.
Au départ, la laine utilisée
comme isolant thermique et phonique a été exclusivement mise en
œuvre par soufflage dans les
combles. Plus tard, Isoa a complété
sa gamme en façonnant la laine de
coton sous forme de rouleaux et de
panneaux. Une fabrication a
d’abord été sous-traitée à un fabri-
DR
Le 28 août 2008 est cerclé de rouge
sur l’agenda de Willy Rohdmann,
trente-sept ans,créateurdelasociété
Skywater installée à Reims. Ce jourlà, le « Journal officiel » a publié
l’arrêté qui encadre depuis l’installationdes récupérateursd’eaupourles
usages industriels. « Cinq ans que
j’attendais ce moment après un lobby
incessant auprès de l’Assemblée nationale », explique-t-il.
Quand il a créé son entreprise en
2002, ce jeune informaticien était
loin d’imaginer qu’un projet tout
bêtepuissenécessiterledéploiement
d’un arsenal législatif. « L’idée m’est
venue en observant la vitesse à laquelle se remplissait le seau de mon
gamin sous une pluie d’orage. J’ai
commencé à faire mes calculs. Un
business model s’est dessiné ». Mais
pour le mettre en forme, le jeune
créateur doit alors trouver des réponsesjuridiques et techniques àdes
questions aussi naïves que : « à qui
appartient l’eau de pluie ? » ou« estelle potable ? », « peut-on la mélanger au réseau urbain ? »… Avec
l’aide d’une école d’ingénieur, il
conçoit son dispositif de récupération, qu’il protège par deux brevets.
Le premierest un filtre microporeux
permettant de débarrasser l’eau de
pluie despoussièreset despollutions
atmosphériques. Le second répond
auxnormeseuropéennessurlaséparation des réseaux d’eau de pluie et
d’eau potable : un système de vide
d’aircommandé pardesvannesélectriques permet de basculer de l’un à
l’autre sans mélange et sans perte de
pression.
Menuiserie, survitrage, isolation... Isoa surfe sur un marché porteur.
cantvendéen, par ailleurs spécialisé
dans les isolants à base de plume
qu’Isoaaeu l’opportunitéderacheter début 2007. Depuis, le groupe a
créé une filiale destinée à une clientèle de professionnels à partir de
l’entité vendéenne. Baptisée
« Naptural », elle sera en capacité
de répondre à la demande grâce à
une usine de production supplémentaire de 5.900 m2 qui a mobilisé
un investissement de 4,5 millions
d’euros.SituéeàSaint-Astier (Dordogne), elle commencera à fabri-
quer dans le courant du premier
trimestre 2009.
Naptural est aujourd’hui riche
d’une large gamme d’isolants en coton, plume, mouton, chanvre et lin
sous forme de panneaux-rouleaux et
soufflage. Tous ces produits sont
actuellement en phase d’avis techniques, rendu par le CSTB. Ce qui
devrait conforter sa position auprès
des grandes enseignes de négoce et
dans la grande distribution, estime
confiant Salvatore di Leone : « A
l’èredudéveloppementdurable,l’iso-
lation fait partie des achats prioritaires. De plus, Naptural se situe sur
uncréneaufavorableavecleboomdu
marché de la rénovation. » Les résultats sont déjà probants. Arrivé à
l’équilibre, Naptural, qui emploie
une vingtaine de salariés, devrait
réaliser un chiffre d’affaires de
6,5 millions d’euros en 2009. La nouvelle filière ne se développe pas au
détriment de la menuiserie et du
survitrage, qui restent les premiers
métiers d’Isoa. Avec 32 millions
d’eurosdechiffred’affaires,uneffectif de 430 personnes et 22 agences
commerciales implantées sur le
Grand-Ouest, le groupe va poursuivre sa croissance.
CHRISTIANE WANAVERBECQ
Ce qu’il faut retenir
S’appuyer sur une activité
existante pour en développer une autre plus innovante est une très bonne
manière d’entreprendre.
PAUL MOLGA
AKNIN
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Imprimer sans solvants
En investissant dans une « imprimante verte », la société Aknin a eu
du flair. Malgré la baisse des budgets
de communication cette année, les
prestations écologiques qu’elle peut
désormais offrir sur le secteur traditionnel de la signalétique devraient
compenser la perte liées à la crise.
« Nous pouvons maintenant intervenir dans des domaines qui nous
étaient étrangers, comme la décoration, l’architecture d’intérieur et
même le revêtement de piscines », se
réjouit Robert Aknin le patron de
cettePMEfondéeilyaunevingtaine
d’années. Mieux, il est désormais en
tête des appels d’offre lancés par les
collectivités locales : l’article 5 du
Code des marchés publics leur impose désormais de privilégier les solutions respectueuses de l’environnement. Et pour faire respecter ses
droits, il a embauché un homme
politique, Christophe Masse, un ancien député rompu aux rouages des
appels d’offres.
Aknin figure parmi les 170 entreprises dans le monde qui travaillent
avec ce modèle d’impression à plat
conçu par la société Nur, une filiale
de Hewlett-Packard. Elle utilise le
principe du jet d’encre, mais sur des
formats qui peuvent atteindre 3,2 × 2
mètres en haute résolution et sur
toutes sortes de supports : papier,
plastique, métal, bois, verre, tissus,
faïence… Les encres sans solvants
utilisées par la machine sèchent
presque instantanément sous une
lumière ultraviolet. Elles durcissent
en surface au lieu de sécher, et ne
pénètrent donc pas dans le support.
« La qualité du rendu nous permet
de mordresur denombreux marchés
delasignalétiqueoùdomineencorele
film adhésif imprimé, explique le
patron : panneaux de direction mais
aussi plan desite industriel, enseignes,
affichagepublicitaire,décorationévénementielle et sportive, impression de
matériaux de décoration… » Sa société réalise ainsi 2 millions d’euros
de chiffre d’affaires dans des chantiers qui vont du petit adhésif à la
bâche de chantiers de façade.
Défauts de jeunesse
Dans les ateliers de l’entreprise, la
nouvelle machine trône à côté d’un
« vieux »modèle déposantlesencres
en plusieurs couches. « Les rendements n’ont rien à voir, constate Robert Aknin : d’un côté, nous imprimons des bobines de papier adhésif
que des spécialistes découpent et déroulent avecdélicatesse sur lesupport
choisit ; de l’autre, le support posé à
plat est imprimé en une seule fois et
immédiatement prêt à l’emploi. Gain
de temps : quatre heurespour l’un, un
quart d’heure pour l’autre ».
L’encre écolo a cependant
quelques défauts de jeunesse : son
manque d’élasticité qui empêche
l’impression sur des supports trop
souples, et son coût, jusqu’à 300%
plus élevés que les encres traditionnelles. « Qu’importe, assure le patron : de plus en plus de clients viennentcheznousdansl’idéedeconcilier
leur activité avec leur conscience écologique. Les moins contraints sont en
fait les plus sensibles. »
P. M.
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SPÉCIAL ENTREPRENEURS
16
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
FINANCEMENT
Start-up et PME : merci l’ISF !
La crise réduit les ressources venant du capital-risque. Les particuliers prennent le relai.
uarante pour cent des
sociétés de capital-investissement dans le
monde pourraient disparaître
d’ici à fin 2012, selon une étude
récente du Boston Consulting
Group : c’est dire si le financement des petites et moyennes
entreprises et des jeunes pousses
risque de devenir problématique. « La Bourse est fermée, le
capital-risque et le capital-développement tournent au ralenti, témoigne Robert de Vogüé, président d’Arkeon Finance, mais il
reste une option aux PME : les
investissements au titre de l’ISF. »
Leur impact promet d’être considérable, mais ils imposent de
nouvelles règles du jeu, particulièrement si l’entreprise ouvre
directement son capital aux redevables de l’impôt.
C’est par exemple le cas d’Alpha Value, qui a lancé en fin
Le mécanisme de
la réduction d’ISF
On peut réduire son ISF en
investissant dans le capital d’une
PME soit :
− En direct (y compris dans sa
propre entreprise). Réduction
d’impôt égale à 75 % de
l’investissement et limitée à
50.000 euros.
− Par l’intermédiaire d’un holding.
Mêmes conditions mais des
dispositions « anti-abus » entrent
en vigueur cette année.
− Par l’intermédiaire d’un véhicule
de placement collectif du type FIP,
SCPI, FCPR. La réduction est de
50 % seulement et limitée à
20.000 euros.
Les règles européennes limitaient
à 1,5 million d’euros les sommes
qu’une entreprise peut recevoir à
ce titre. Ce plafond vient d’être
porté à 2,5 millions.
dernier, 480 millions d’euros. Les
fonds dits « intermédiés » − FIP,
FCPI, FCPR, holdings − auraient reçu pour leur part
450 millions d’euros. Un chiffre
qui paraît modeste en regard des
640 millions d’euros, dont
110 millions en holdings, recensés selon les déclarations des gérants. Mais, dans tous les cas, ce
chiffre semble destiné à croître
cette année. L’an dernier, en effet, la collecte s’est trouvée réduite à trois mois environ, entre
le feu vert de la Commission
européenne et la date limite de la
déclaration ISF, le 15 juin. Pourtant, 92.000 redevables sur
550.000 environ ont réussi à en
profiter, générant une moinsvalue fiscale de 600 millions d’euros et réduisant le montant total
de l’impôt à 3,75 milliards d’euros.
d’année dernière un service
d’analyse financière indépendante sur les 500 premières valeurs européennes. L’entrepreneur, Christophe Havret, a réuni
2,5 millions d’euros en deux ans
auprès de 82 actionnaires particuliers. La principale contrainte
provient donc du plafond d’investissement de 1,5 million d’euros par an − au-delà, l’augmentation de capital peut se voir
requalifiée et en cas d’investissement direct l’entreprise est tenue
pour responsable. Par conséquent, le nombre d’actionnaires
peut donc croître très rapidement.
Une incitation fiscale puissante
Ce modèle a réussi dans le passé.
Cityvox, par exemple, une startup rachetée au printemps dernier
par Orange pour environ 30 millions d’euros, ne s’est jamais appuyée que sur des business angels, une trentaine au total. Il
laisse pourtant sceptiques de
nombreux investisseurs institutionnels. « Une jeune entreprise
peut difficilement gérer une telle
dispersion de l’actionnariat !,
s’exclame ainsi Olivier Protard,
un « venture partner » de Seventure : Il est nécessaire que les particuliers trouvent, au minimum,
une forme commune de représentation. » Chargé du fonds ISF de
cette filiale de capital-risque de
Natixis, il a notamment investi
dans Squareclock, un éditeur de
logiciels sur Internet qui permet
de concevoir en trois dimensions
la décoration de son habitat. Seventure lui a apporté 600.000 euros pendant l’été, prenant à ses
côtés quatre particuliers qui ont
misé 200.000 euros supplémentaires.
De même, Drimki, un service
immobilier du Web 2.0, a été
principalement soutenu par In-
David Muir/Masterfile
Q
Les souscriptions directes au capital de PME pour défiscaliser l’ISF
ont atteint, au 15 juin dernier, 480 millions d’euros.
novacom, qui a apporté 3 millions d’euros. Toutefois, au
même tour, six anciens collègues
du fondateur et d’autres business
angels ont tout de même apporté
500.000 euros. Ces niveaux importants témoignent de la puissance de l’incitation fiscale, qui
permet de déduire de l’ISF 75 %
de ses investissements directs ou
via des holdings, avec un plafond
de 50.000 euros.
Selon le ministère des Finances, les souscriptions directes
au capital de PME pour défiscaliser l’ISF ont atteint, au 15 juin
Les investissements en berne
Cette année, malgré la crise, un
plus grand nombre d’assujettis
devraient pouvoir profiter de la
mesure. « 3,5 milliards à 4 milliards de collecte fiscale potentielle pour l’ISF en 2009, ce sont
potentiellement plus de 5 milliards d’euros pour les PME dès
cette année ! », s’enthousiasme
Robert de Vogüé. Le sénateur
Adnot, dont les amendements à
la loi Tepa et à la dernière loi de
Finances ont donné corps aux
investissements ISF, se veut
beaucoup plus prudent : « Les
PME devraient recevoir au moins
1,2 milliard d’euros, peut-être
1,5 milliard d’euros », présume-til.
Dans tous les cas, de telles
sommes correspondent à un impact « contracyclique » majeur
sur le monde du capital-risque et
du capital-développement. Dans
ces deux segments, les professionnels ont misé presque 2 mil-
liards d’euros dans 973 PME en
2007, d’après leur association,
l’Afic. A partir du quatrième trimestre dernier, le ralentissement
a été sensible (voir ci-contre). Il
devrait être encore plus prononcé courant 2009.
Tous les signaux de l’investissement sont en effet passés au
rouge, à commencer par les valorisations. Leur déflation, enclenchée dès la rentrée dernière,
pousse les investisseurs à l’attentisme. En outre, l’incertitude sur
la violence et la durée de la crise
rend particulièrement complexe
le processus de budgétisation. Il
devient donc très précaire de déterminer la valeur de l’entreprise, qu’il s’agisse d’une start-up
innovante ou d’une PME traditionnelle. Cela grippe le mécanisme des fusions-acquisitions,
qui représentent habituellement
la principale porte de sortie des
investisseurs. Pire encore, la
« décollecte » des sources habituelles de financement des investisseurs a commencé aux EtatsUnis, où de nombreux « limited
partners » se font tirer l’oreille
lors des appels de fonds. En
France, les FIP et les FCPI (hors
ISF) ont marqué un net recul en
fin d’année dernière, de 30 %
à 50 % selon les gérants concernés.
Pour autant, l’investissement
ne s’arrêtera pas complètement.
Les fonds levés dans les années
précédentes − notamment la collecte record de fin 2007, plus de
1 milliard d’euros − devront s’investir en 2009. Et de nouveaux
fonds arrivent sur le marché :
Sofinnova a par exemple annoncé le premier closing, à
205 millions d’euros, de son sixième fonds. Mais les PME devront une fière chandelle à
l’ISF.
JEAN ROGNETTA
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Le CIR divise les entreprises
Face à la crise, l’Etat a mis au cœur
du plan de relance de l’économie le
créditd’impôtrecherche(CIR),qui
permet aux entreprises de déduire
de leurs impôts leurs dépenses en
R&D. Sur 29 milliards d’euros que
prévoit le plan de relance, 3,8 milliards sont destinés au remboursement immédiat des créances ainsi
accumulées depuis 2005, principalement par des PME. Un chiffre
qui, par coïncidence, correspond à
peu près au montant que les entreprises de toutes tailles recevront
désormais chaque année (les différentes estimations allant de 3,2 milliards à 4 milliards d’euros par an).
Un montant considérable si on le
rapporte aux dépenses privées de
R&D en France, de 22,5 milliards
d’eurosen 2006d’aprèsleministère
de la Recherche.
Seul hic : les grands groupes se
tailleront la part du lion, ont fait
observer les trois principales associations de PME innovantes françaises,CroissancePlus,FranceBiotechet lecomitéRichelieu. En 2005
− l’année du dernier recensement
public − 5.600 sociétés éligibles au
crédit d’impôts sur 7.500 employaient moins de 250 personnes.
« Le nombre total d’entreprises bénéficiaires a sans doute augmenté, à
environ 10.000, analyse Laurent
Scheinfeld, chargé de la question
auprès de l’association Croissance
Plus, et 75 % d’entre elles restent des
PME : mais pour ce qui est de l’argent reçu, la proportion s’inverse ! »
Cela résulte des réformes de début2008,qui ontnotamment déplafonné les dépenses éligibles au cré-
dit d’impôt, favorisant l’accès des
grandes entreprises au dispositif.
Elles ont aussi sorti de l’assiette les
avances remboursables d’Oséo, ce
qui a mis en difficulté certaines
jeunes pousses. Les biotechs − qui
gardent pourtant un régime favorable, car les dépenses de la
phaseIIIdesessais cliniquesrestent
pour l’essentiel éligibles au CIR −
reçoivent en effet souvent des montants considérables des deux côtés.
« Certains parlementaires se font
l’écho de ces critiques, observe Emmanuel Leprince, délégué général
du comité Richelieu, mais ils se
trompent de cible : la véritable erreur, c’est de réduire en faveur du
CIR la dotation d’Oséo. » Cette
dernière devrait baisser de quelque
40 % cette année.
J. R.
Le crédit d’impôt
recherche
Le crédit d’impôt recherche permet
à l’entreprise de déduire une partie
de ses dépenses de recherche de
l’impôt sur les bénéfices qu’elle
doit. C’est comme si l’Etat payait
cette partie de la recherche. Le
pourcentage est variable selon la
taille de l’entreprise et son
ancienneté notamment. Les
conditions sont assez strictes et
nombreuses. Hors plan de relance,
seules les jeunes entreprises qui ne
font pas encore de bénéfice et
n’ont pas encore d’impôt à
acquitter peuvent bénéficier de la
restitution immédiate de ce crédit.
LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
17
FINANCEMENT
Capital-risque : la fin de l’âge d’or
Les fonds ont injecté plus de 508 millions d’euros dans les jeunes pousses françaises l’an
dernier, soit une baisse de 20 %. La diversification est plus que jamais à l’ordre du jour.
Y
aura-t-il pénurie des capitaux octroyés aux jeunes
entreprises par les fonds
d’investissement en 2009 ? Difficile
àdire, si l’on se base sur les données
de l’an passé. Mais une chose est
certaine : l’heure n’est pas à l’euphorie. Plus que jamais, sur fond de
morosité économique, les capitalrisqueurs avancent avec prudence.
En atteste le niveau de leur soutien
aux jeunes pousses françaises en
2008. Selon les tout derniers relevés
de « Capital Finance » (groupe
« Les Echos »), ils leurs ont alloué
plus de 508 millions d’euros, tous
secteurs et stades de financement
confondus. Mis en rapport avec le
bilande2007(635millionsd’euros),
ce chiffre est sans appel : il fait état
d’une contraction de 20 %.
Une nouvelle dégradation, en
somme, après celle de près de 6 %
constatée entre 2006 et 2007. De
quoi déstabiliser,une fois encore, la
population des investisseurs en capital-risque. Celle-ci, on s’en souvient, avait été mise à mal par
l’explosion de la bulle Internet, en
2001… Et après une accalmie de
courte durée, elle doit soutenir des
entreprises par naturefragiles et,en
prime, souvent en première ligne
d’une crise économique sans
précédent.
Et d’ailleurs, nombre de ces financiers en témoignent : leur mé-
Les secteurs financés en France en 2008
Répartition des tours de table...
... en nombre de transactions
Secteur
d’activité
Total reçu,
en millions d’euros
Biotechnologies
Logiciels et informatique
Electronique
123,3
83,8
Parts des montants
collectés, en %
25 %
17 %
... et en montants alloués,
en millions d’euros
Total : 139
Total : 504,315
Amorçage
Amorçage
P.i.p.e.
Spin-off
72
14 %
4e et plus
Internet
68,6
13 %
3e
Energie, environnement
64,7
13 %
Autres
96
18 %
Total
508,4
100 %
4,085
1er
4e et plus
1
6
1er
6 5
48,2
3e
9
54,3
147,155
71
2e
41
2e
250,575
« Les Echos » / Source : « Capital Finance »
Les capital-risqueurs cherchent à renouveler leur sous-jacent. Plus d’une transaction sur deux s’est conclue à l’occasion d’une première ouverture de capital.
tier est devenu d’une rare complexité. Ils éprouvent les pires
difficultés à lever des capitaux auprès des institutionnels, depuis déjà
quelques mois. Et ce d’autant que
leurs performances propres pâtissentd’uneraréfactiondescessionsà
des industriels et des introductions
en Bourse. Depuis l’été dernier,
seuls trois d’entre eux ont signé une
collecte : Serena Capital, constitué
par une équipe issue de la Société
Générale, a obtenu une première
enveloppe de 90 millions d’euros,
tandis que Sofinnova Partners, le
« doyen » des fonds français, en
faisait de même pour son sixième
véhicule, à 205 millions. Quant à
Emertec Gestion, spécifiquement
dédiéàl’amorçage,iltotalise60millions pour son quatrième fonds.
Pour autant, le tableau n’est pas
aussi sombre qu’il y paraît…
123 millions pour les biotechs
En y regardant de plus près, il est
clair que les capital-risqueurs œuvrent sur des fondamentaux plus
solides qu’aux folles heures de l’Internet naissant. En multipliant les
secteurs financés, notamment. Premier d’entre eux à s’être distingué
en 2008, en valeur : les biotechnologies. Plus de 123 millions lui ont été
destinés, soit un quart du total alloué dans l’Hexagone. Rien d’étonnantàcela,puisquecinqdesdixplus
gros tours de table recensés l’an
dernier concernaient cette activité.
Endotis Pharma, doté de 25 millions d’euros, décroche même la
palmed’or detous lestours enregis-
trés. Dans le palmarès des secteurs
viennent ensuite les éditeurs de logiciels et les prestataires de services
informatiques (17 % des montants), devant l’électronique
(14 %). En outre, Internet
confirme son attrait retrouvé, talonné de près par un nouveau domaine, de plus en plus choyé par les
fonds : l’énergie et l’environnement. D’ailleurs, deux PME de
cettebranchesontparvenuesàfigurer parmi les cinq sociétés les mieux
pourvues en 2008 : le producteur
d’énergie alternative Solaire
Direct, crédité de 20 millions d’euros, et le bureau d’études pour l’éolien Valorem, doté de 16 millions.
Autre facteur positif du moment :
l’ardeur dont les fonds ont fait
preuve pour dénicher des nouvelles
cibles d’investissement. En période
de crise, d’ordinaire, ils « chouchoutent » leur portefeuille existant et
consacrent aux entreprises dans lesquelles ils sont déjà, parfois
contraints et forcés, l’essentiel de
leur obole. Cependant, depuis 2006,
ils ont à cœur de renouveler le sousjacent. Ainsi, plus d’une transaction
sur deux s’est conclue à l’occasion
d’une première ouverture de capital.
Y compris en 2008, où elles ont
encore dominé le panorama, devant
41 deuxièmes tours (29 %). A noter
également un « spin-off » remarqué,
celui de Sagem Communications,
financé parSofinnova, et six financements destinés à des sociétés cotées
(« private investment in public
equity », ou « PIPE »). Lepanorama
diffère légèrement, à l’étude des
sommes accordées par stade de développement. Cette fois, les deuxièmes augmentations de capital ont
dominé l’année 2008, avec près de
50 % des sommes. Mais cela n’entache pas réellement l’ampleur des
premiers tours, lesquels comptent
pour environ 30 %.
FRANCK MOULINS
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SPÉCIAL ENTREPRENEURS
18
LES ECHOS
MARDI 3 FÉVRIER 2009
Pas de crise pour l’autoentreprise
En créant le statut d’autoentrepreneur, la loi pour la modernisation de l’économie a suscité un vif
intérêt chez de nombreux Français. Cependant, d’autres structures existent, peut-être mieux
adaptées pour certains. Analyse comparée des différents dispositifs existants.
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Mais comme père de famille, il
devra mettre à plat les diverses
formes de protection sociale
dont il dispose pour lui et pour
ses proches. Les couvertures retraite, chômage et santé d’un indépendant ne sont pas les mêmes
que celles d’un salarié. Il faut le
savoir avant d’entamer le grand
saut. Enfin, au regard de l’impôt
sur le revenu, les conséquences
sont loin d’être neutres. Or dans
cette affaire d’entrepreneur, le
but est bien d’être gagnant. A
tous les points de vue, humain
mais aussi financier. Pour se donner le maximum de chances de
réussite, il faut embarquer dans
le véhicule le mieux adapté à la
route.
mestre la TVA encaissée.
Ensuite, de nouveaux contacts
vont se nouer avec l’administration fiscale. Il se révèle en effet
plus avantageux d’opter pour
l’impôt sur les sociétés. C’est
donc un autre service que l’impôt
sur le revenu.
Pour le créateur d’EURL,
l’avantage de l’impôt sur les sociétés apparaît nettement au moment de se faire payer. En sa
qualité de gérant, il peut se fixer
une rémunération forfaitaire.
Attention, son montant doit rester raisonnable. L’usage veut
qu’elle ne doit pas excéder un
quart du chiffre d’affaires réalisé.
En contrepartie, ces émoluments
sont nets de cotisations sociales
pour le bénéficiaire et ils figurent
dans la colonne charges de l’entreprise. Pour compléter sa rémunération, l’indépendant se
fait généralement payer en dividendes. Mais attention à ne pas
en abuser : le législateur veille !
D’aucuns avaient dû se livrer à de
petits arrangements avec les
charges sociales : ils cotisaient
peu mais, le jour venu, ils en
profitaient largement. Du coup,
lors du vote de la loi de Finances
pour 2009, un certain nombre de
parlementaires ont considéré
que les dividendes étant des éléments de la rémunération, ils devaient être soumis aux charges
salariales. Ce qui correspond à
une amputation de leur montant
de près de 35 %. Finalement, le
couperet a été à demi clément : il
ne concerne cette année que les
activités libérales réglementées
(médecins, avocats, professions
de santé). Mais un précédent a
été créé. D’ici à ce que la sentence s’élargisse l’an prochain
aux activités de consultants, il n’y
a qu’un pas. Méfiance, donc,
maintenant.
1.
Du rêve à la réalité
de l’entreprise bonsaï
L’art du jardinage miniature
permet de faire pousser un chêne
ou un séquoia dans son appartement. De la même manière, avec
l’autoentreprise, il est désormais
possible de devenir un manager à
partir de son domicile. Nul besoin de s’acquitter des prestations d’un expert-comptable, ni
de se doter d’une domiciliation
commerciale spécifique. Il n’est
pas non plus obligatoire de s’inscrire au registre du commerce.
Pour donner un acte de naissance
à son affaire, il suffit d’une déclaration par Internet au CFE
(Centre de formalités des entreprises), via le site www.lautoentrepreneur.fr.
Mais, surtout, le particulier qui
opte pour cette formule peut
commencer à travailler sereinement et à percevoir ses premières
factures. Il peut être sûr de ne pas
voir sa boîte aux lettres immédiatement encombrée de courrier
des Urssaf, de la Cipav et de la
RSI. Autrement dit, les trois organismes auxquels doivent obligatoirement cotiser les travailleurs indépendants, afin de
financer leur protection sociale,
notamment la maladie et la retraite.
Ici, en matière de paperasserie, l’autoentreprise se rapproche davantage des facilités
mises en place avec le chèque
emploi service universel. Un organisme extérieur se charge de
faire le comptable. L’autoentrepreneur n’a pas non plus à se
compliquer la vie avec la TVA
puisqu’il en est exonéré. Tous ces
aspects sont détaillés ci-contre
dans l’article : « L’autoentreprise, pour qui, pourquoi ? »
Mais d’emblée, dans le salon
salle-à-manger qui lui sert de bureau directorial, l’autoentrepreneur doit prendre le temps de
réfléchir à l’activité qu’il entend
développer. Car ce n’est pas le
tout de vouloir créer sa structure
pour améliorer ses fins de mois.
Encore faut-il avoir quelque
chose à proposer. Cette étape
essentielle réclame une introspection : quels sont mes domaines d’excellence et en quoi
peuvent-ils intéresser le marché ? Quand on se lance en solitaire, il ne faut pas se mettre en
concurrence avec de grosses
structures, dont les équipes commerciales viendraient vous écraser comme un insecte. Il faut
trouver une niche, à valeur ajoutée, susceptible de procurer des
revenus pérennes.
A l’inverse, si le marché se
révèle porteur, le cadre bien délimité de l’autoentreprise peut rapidement trouver ses limites.
Pour une activité commerciale, il
faut réaliser moins de 80.000 euros de chiffre d’affaires, net des
3.
Monter en puissance
avec la SAS ou la SCM
Photononstop
A
ce niveau-là, ce n’est
plus un simple engouement, c’est un
phénomène de société. Plus de 30.000 Français
sont d’ores et déjà devenus autoentrepreneurs, selon le secrétariat d’Etat au Commerce, à
l’Artisanat et aux PME. Rarement une mesure n’avait suscité
autant de commentaires, avant
même son entrée en vigueur ! Un
exemple parmi tant d’autres, celui de ce retraité perpignanais de
soixante-seize ans qui, à la veille
de Noël, appelle « Les Echos ». Il
voulait préciser certains détails.
Question un peu gênée : « C’est
pour un de vos enfants, ou petitsenfants ? » « Non, c’est pour
moi ! Il se trouve que dans ma vie
professionnelle, j’ai été très impliqué, dans le monde associatif,
politique, économique, sportif,
culturel. Je suis souvent sollicité
pour prononcer des conférences.
Il n’y a pas de raisons que je ne
sois pas rémunéré. Je me dis
qu’avec ce statut, je pourrais produire une facture. »
En 2008, la nuit du 4 août
dernier aura été aussi révolutionnaire que celle de 1789 qui abolissait les privilèges. Elle a vu le
vote de la loi de modernisation
de l’économie. Or ce texte
fourre-tout porte en germe de
véritables bouleversements sociologiques. Notamment avec
son ambition de réconcilier les
Français avec les entrepreneurs.
Oui ! Avec ceux-là mêmes que
l’imagerie populaire présente encore souvent sous les traits d’un
personnage désagréable, au pire
voyou, au mieux profiteur. Pour
effacer les idées reçues, le législateur n’a pas lésiné sur les moyens.
Comme le note Danielle Depaepe, expert-comptable, « pas
moins de 54 articles de la loi LME
sont consacrés à ce sujet. De toute
évidence, le législateur a voulu
créer une génération d’entrepreneurs en herbe ».
En tout cas, les particuliers
visés ont capté le message. Salariés bridés dans l’évolution de
leur rémunération, chômeurs résolus à créer leur propre emploi,
retraités désireux d’améliorer
l’ordinaire de leur pension, une
diversité de Français ont réalisé
qu’une page de la protection sociale se tournait. A leurs yeux,
l’Etat providence ne pourra plus
subvenir à tous leurs besoins. Ils
ont donc décidé de se prendre en
main. Mais au regard de l’évolution des marchés boursiers, ils
ont aussi compris que pour financer l’appoint nécessaire à leur vie
quotidienne, mieux vaudra désormais compter sur les revenus
du travail plutôt que ceux de
l’épargne financière.
La solution de l’autoentrepreneur est donc tombée à point
nommé. Pour autant, peut-elle
répondre à toutes les situations ?
Il appartient à chacun de le vérifier, en fonction de l’ambition de
son projet d’entreprise et des limites de rémunération prévues
par le nouveau texte (voir cicontre). Si la réponse n’apparaît
pas satisfaisante, il existe
d’autres solutions. Le catalogue
des statuts juridiques est vaste :
en treprise u niperso nnelle,
SARL à 1 euro de capital,
comme l’avait instituée en 2003
la loi Dutreil, voire SAS (société
par actions simplifiée) ou SCM
(société civile de moyens).
Ces schémas doivent être analysés du point de vue de l’entrepreneur, bien sûr, mais aussi de
l’assuré social et du contribuable.
En effet, nous sommes tous potentiellement ces trois personnages à la fois. Le futur manager
devra évaluer le potentiel de développement de son activité.
Avec l’autoentreprise, il est désormais possible de devenir un manager à partir de chez soi. Nul besoin de
s’acquitter des prestations d’un expert-comptable, ni de se doter d’une domiciliation commerciale spécifique.
prélèvements sociaux. Le chiffre
à prendre en compte est donc
bien le montant exact des facturations envoyées aux clients.
Pour les prestations de services et
les activités de conseil, le plafond
est fixé à moins de 32.000 euros.
Certes, ces montants sont évolutifs. C’est-à-dire qu’ils seront actualisés chaque année, un peu
comme le fait le législateur avec
le barème de l’impôt sur le revenu.
Il n’empêche, pour certaines
activités, dès lors qu’elles rencontreront un début de succès,
ces toises seront vite enfoncées.
Or on ne bride pas naturellement
la croissance d’une entreprise
comme un passionné de bonsaï le
fait avec ses arbres. Autrement
dit, il faut envisager la perspective que le chiffre d’affaires dépasse ces seuils.
La loi LME l’a bien prévu.
L’autoentrepreneur sort de son
régime fiscal à partir du premier
jour du mois de dépassement des
seuils de chiffre d’affaires indiqués plus haut. Ses revenus seront alors imposés selon un régime réel d’imposition, comme
s’il entrait dans la cour des plus
grands, celle des travailleurs indépendants. Si son activité est
soumise à la TVA, la récupération de la taxe sur les achats de
biens et de services devient alors
possible. Par symétrie, il peut
aussi facturer cette même TVA
aux clients.
Du point de vue des cotisations sociales, le régime spécifique à l’autoentrepreneur s’appliquera jusqu’au 31 décembre
de l’année en cours. Puis, les
cotisations sociales seront calculées à partir du 1er janvier suivant,
selon les règles de droit commun
du régime des travailleurs non
salariés. C’est pourquoi, si l’on
est intéressé par la nouveauté
introduite par la loi LME, il
convient d’avoir déjà en tête ce
qui se passera le jour d’après le
franchissemen t d es seuils,
lorsque le bébé aura grandi.
2.
L’indépendance
relative de l’entreprise
unipersonnelle
Dans la pratique, il est même
possible que des autoentrepreneurs trouvent rapidement plus
judicieux de passer au statut d’indépendant. En effet, comment
préjuger des réactions des clients
qui ne verront pas figurer de
TVA sur les factures ? Certes,
ces interlocuteurs ne seront en
aucun cas lésés de ne pas voir
figurer de taxe. Mais on ne balaie
pas d’un trait de plume des années d’habitudes bien ancrées. Si
l’obtention d’un bon client se
paie au prix d’un changement de
statut, cela peut en valoir la
peine. Paris vaut bien une
messe ! De même, sans qu’il n’y
ait là aucune obligation, il est
vivement recommandé d’ouvrir
un compte bancaire spécifique
pour son autoentreprise. Oui,
mais, les banquiers accepterontils d’héberger dans leurs agences
de tels nouveaux interlocuteurs
hybrides ? Ils ont déjà eu tellement de mal à intégrer l’existence des SARL à 1 euro ! Tous
ces blocages sont d’ordre psychologique. Toutefois comme on ne
change pas les mentalités par décret, mieux vaut le savoir et
contourner d’emblée l’obstacle.
Dans la pratique, la solution peut
résider dans l’EURL (entreprise
unipersonnelle à responsabilité
limitée).
Plus précisément, il s’agit
d’une SARL dans laquelle la totalité des parts sociales est détenue par un associé unique. Ici,
point de plafond de chiffre d’affaires, mais il faut accepter l’idée
de se colleter avec la paperasserie. D’abord, un certain nombre
de cotisations sociales sont obligatoires. Il faut s’habituer à de
nouveaux interlocuteurs (assurance sociale des indépendants,
caisse spécifique de retraite, Urssaf). Il ne faut pas non plus oublier de reverser chaque tri-
Et puis, comme on n’est jamais
à l’abri d’une bonne nouvelle, il
se peut fort bien que le projet
initial grandisse encore et encore. S’il s’agit d’une entreprise
de services, la structure la mieux
adaptée réside dans la SAS (société par actions simplifiée) doublée d’une SCM (société civile de
moyens). Les associés y disposent d’une grande souplesse pour
rédiger les statuts selon leurs desiderata. Certes, il faut déjà atteind re une bo nn e taille,
puisqu’elle
né ce ssi te
37.000 euros de capital et la nomination d’un commissaire aux
comptes. Mais il ne faut jamais
insulter l’avenir. Cependant, tout
le monde n’a pas envie de travailler avec des associés. Les entrepreneurs au tempérament solitaire seront alors bien inspirés de
rester en EURL, quitte à se rapprocher d’autres confrères qui
partagent le même état d’esprit,
afin de partager certaines
charges et réaliser ainsi des économies. La SCM, société civile
de moyens, le permet. Chaque
associé reste indépendant dans
son activité. Cette structure offre
en outre l’avantage de dresser
une muraille entre le patrimoine
professionnel de l’entrepreneur
et ses avoirs personnels, d’après
un expert auprès des entreprises
artisanales. En cas de grosses difficultés, les créanciers ne pourront se payer que sur la SCM et
non pas sur les biens propres du
dirigeant. Une garantie précieuse en ces temps qui promettent de rester difficiles un bon
moment.
FRANÇOIS LE BRUN
LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009
SPÉCIAL ENTREPRENEURS
19
Un nouveau statut : pour qui, pourquoi ?
Tous droits réservés − Les Echos − 2009
Tous les Français sont concernés : le jeune, même mineur, si la
loi l’autorise à exercer l’activité
concernée, et le senior ; l’actif et
l’inactif ; le salarié du privé mais
aussi le fonctionnaire ; le mari et
la femme au sein d’un même
foyer fiscal.
Ainsi les collaborateurs des
entreprises ont le droit de devenir autoentrepreneurs, mais à
deux conditions : ils doivent
exercer leur seconde vie professionnelle en dehors de leurs horaires de travail. Et puis leur
activité ne doit pas les amener à
démarcher les clients de leur employeur sans l’accord de ce dernier !
Les fonctionnaires aussi sont
les bienvenus. Ils sont pourtant
soumis à une règle leur interdisant d’exercer une activité privée
lucrative, de manière à préserver
le fonctionnement normal du
service public. La nouvelle loi les
autorise cependant à déroger à
cette règle. Si l’agent public
exerce à temps plein ou à temps
partiel, il jouit du libre choix de sa
quotité de temps de travail. Sa
demande de cumul est simplement soumise à autorisation de la
part de son administration. Pour
les activités suivantes : expertises
ou consultations, enseignements
ou formations, travaux effectués
chez des particuliers, l’agent public, qu’il soit à temps plein ou
partiel, peut les exercer sous statut d’autoentrepreneur, sans limitation a priori dans le temps. A
noter cependant que, dans tous
les cas, l’administration peut
s’opposer à la poursuite de l’activité d’autoentrepreneur s’il
s’avère que celle-ci perturbe le
fonctionnement normal du service ou porte atteinte à la dignité
des fonctions exercées par
l’agent dans l’administration.
Les retraités sont également
invités à reprendre du service. Et
cela sans limitation de durée.
Simplement, ils seront soumis à
cotisations sociales comme tout
le monde, dont une proportion
ira au financement des retraites.
Même si en ce qui les concerne,
leurs versements ne leur procureront aucun droit supplémentaire. Attention aussi pour les
anciens entrepreneurs : la reprise
d’une nouvelle activité non salariée en tant qu’auto-entrepreneur devrait avoir des incidences
sur le versement de leur pension
de retraite.
Les demandeurs d’emploi sont
aussi les premiers visés par la
nouvelle loi. Ils pourront notamment percevoir les aides à la création d’entreprise des Assedic
tout en étant auto-entrepreneurs. Cependant, des précisions
doivent encore être apportées au
sujet du mode de calcul du revenu professionnel retenu pour
calculer le montant des allocations chômage maintenues.
x Pour faire quoi ?
Attention, tous les métiers
ne sont pas permis
Il ne suffit pas d’avoir trouvé une
bonne idée de business. Encore
faut-il qu’elle soit compatible
avec la loi. Or celle-ci exclut du
régime fiscal de la micro-entreprise les activités relevant de la
TVA agricole. Avant de se lancer
dans la production-commercialisation de fromages de chèvre ou
de foie gras, il conviendra donc
de se renseigner. Sont aussi interdites les activités de location de
matériels et biens de consommation durable. Le plaisancier qui
voulait mettre de temps à autre
son voilier en location devra
donc trouver un autre statut.
Egalement exclues les activités
ressortissant de la TVA immobilière, comme les locations d’immeubles nus à usage professionnel. A la liste des interdictions, il
convient d’ajouter la production
littéraire scientifique ou artistique, de même que la pratique
de sports, du moins lorsque les
bénéficiaires ont opté pour une
imposition sur la base d’une
moyenne des bénéfices des
quatre années précédentes.
De même, dans l’état actuel de
la législation, le nouveau régime
micro-social ne peut pas s’appliquer aux professions libérales.
Mais un projet de loi devrait
permettre de remédier très prochainement à cette situation. De
même, les vendeurs à domicile et
les artistes auteurs sont exclus du
dispositif, car ils bénéficient de
régimes particuliers.
En revanche, tout ce qui n’est
pas expressément interdit est autorisé. Parmi les activités les plus
souvent citées en exemple : les
loueurs de chambres d’hôte, les
traducteurs, les formateurs indépendants, les conducteurs de personnes dans le cadre des services
à la personne. A noter que tous
ces nouveaux métiers de proximité pourront être rémunérés
par des chèques emploi service
universel. Il suffira d’avoir été
agréé auparavant par une Direction départementale de l’emploi
et de la formation professionnelle. L’auto-entrepreneur interviendra bien en tant que prestataire de services et non en qualité
de salarié du particulier bénéficiaire.
x Où ? Le « siège social »
est à la maison.
x Quand ? Dès
l’inscription sur le site
www.lautoentrepreneur.fr
Une déclaration suffit. Inutile de
s’immatriculer au registre du
commerce et des sociétés ou au
répertoire des métiers. Une inscription sur le site en ligne
www.lautoentrepreneur.fr permet de commencer son activité
dès le lendemain. La même démarche vaut en sens inverse : dès
que le particulier souhaite interrompre son activité, il met un
point final en cliquant également
sur le site. Dès lors, il peut facturer et trouvera un modèle type de
facture sur le site.
x Comment ? Un seul
prélèvement social…
Chaque mois, ou chaque trimestre, à son choix, l’auto-entrepreneur devra s’acquitter d’un
seul prélèvement équivalent à
12 % de son chiffre d’affaires
pour toute activité commerciale,
21,3 % pour une activité de prestation relevant des bénéfices industriels et commerciaux ou à
18,3 % pour les activités de services. Concrètement, il convient
de remplir « un livre chronologique des recettes » pour enregistrer les ventes effectuées et, pour
les commerçants, de remplir un
« livre des achats ». S’il ne réalise
aucun chiffre d’affaires, l’autoentrepreneur ne paiera aucune
charge. Lorsqu’il cesse son activité, cela ne coûte rien non plus ;
Dès lors, l’auto-entrepreneur est
affilié à la Sécurité sociale et il
peut valider des trimestres de
retraite. Il bénéficiera de la couverture assurance-maladie dès le
premier euro de chiffre d’affaires. Il s’acquitte forfaitairement de ses charges sociales uniquement sur ce qu’il encaisse. La
déclaration de charges peut s’effectuer par Internet, toujours sur
le site officiel www.lautoentrepreneur.fr
… et une case à remplir
dans sa déclaration
de revenus
En tant qu’autoentrepreneur, le
contribuable relève de la microentreprise. Il ne facture donc pas
de TVA et il est soumis à l’impôt
sur le revenu. Il peut choisir entre
deux modes d’imposition :
− le calcul et le paiement de
l’impôt l’année qui suit la réalisation du bénéfice ;
− ou bien le nouveau régime
micro-fiscal simplifié (versement
libératoire de l’impôt sur le revenu), qui, en outre, exonère
l’entreprise de taxe professionnelle durant ses trois premières
années d’existence.
En ce cas, chaque mois ou
chaque trimestre, il faudra s’acquitter de l’impôt sur le revenu,
suivant un montant correspondant aux recettes encaissées durant la période.
Il sera de 1 % s’il s’agit d’une
activité commerciale ; 1,7 % en
cas d’activité de BIC ; 2,2 % pour
les prestations de services.
Pour y prétendre, il faut avoir
un revenu fiscal de référence
n’excédant pas 25.195 euros par
part de quotient familial (ce plafond n’interdit pas de bénéficier
du dispositif en matière de
charges sociales).
L’option pour ce versement
libératoire devra figurer sur la
déclaration de création au CFE.
F. L. B.
Autoentrepreneur :
l’arme anti-crise ?
Le nouveau statut
simplifié de création
d’entreprise a été lancé
le 1er janvier 2009 par le
secrétaire d’Etat chargé
du Commerce, de
l’Artisanat, des Petites et
Moyennes entreprises.
l Quel bilan pour le
premier mois ?
l A quelle situation ce
statut est-il adapté ?
l Quels sont ses
avantages et ses
inconvénients ?
Photononstop
x Qui ? Nous sommes
presque tous des
autoentrepreneurs
potentiels
Actifs ou inactifs, jeunes ou seniors, tous les Français sont concernés.
i Retrouvez le
compte-rendu de notre
chat avec Hervé Novelli
sur www.lesechos.fr

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