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Nous défendons le droit international humanitaire
Lettre ouverte à:
Son Excellence Monsieur Ricardo Lagos, Président de la République du Chili,
Son Éminence Monseigneur Francisco Javier Errázuriz, Cardinal Archevêque de Santiago,
Son Excellence Monsieur José Miguel Insulza, Chef du Cabinet et Ministre de l'Intérieur,
Madame Clara Szczaranski, Présidente du Conseil de Défense de l'État,
Monsieur le Sénateur José Antonio Viera-Gallo, Président de la Commission des Droits de l'Homme du Sénat,
Date:
Nous soussignés, nous sommes très inquiets à propos Vos déclarations de ces derniers jours, que nous estimons de nature à
remettre en cause des principes essentiels du droit international humanitaire contemporain.
1. En effet, avec quelques jours d'intervalle, Vous Vous êtes tous montré publiquement opposés au dépôt de plaintes pour
dénoncer des actes de tortures commis par des agents de l'État durant les premières années de la dictature chilienne, tout en
appelant les victimes à s'abstenir de le faire. Le Ministre de l'intérieur, Monsieur José Miguel Insulza, s'est même permis
d'établir une distinction entre les tortures et les autres traitements cruels, inhumains et dégradants, allant jusqu'à qualifier ces
derniers de "faits mineurs".
Son Éminence, le Cardinal Errázuriz, a, en outre, plaidé pour une justice limitée aux "cas les plus graves et emblématiques". Ce
faisant, Votre Éminence, non seulement Vous avez réitéré l'idée d'exclure les actes de torture des délits à dénoncer, mais Vous
avez introduit une distinction hideuse entre les personnalités "importantes" qui mériteraient la justice, et les humbles qui n'en
auraient pas le droit, discrimination maintes fois critiquée par les associations de familles des victimes.
Le Président de la Commission des droits de l'Homme du Sénat a même félicité des victimes qui, ayant subi des graves
tortures, se sont abstenues, "pour le bien du pays", de porter plainte contre leurs tortionnaires. Excusez-nous, Monsieur VieraGallo, mais ce que vous avez affirmé équivaudrait à féliciter une personne victime de viol du fait de garder le silence sur les
sévices subies! Perdez-vous de vue que pour les victimes, il est souvent très pénible de parvenir à évacuer les traumas qui les
paralysent, et que le fait de porter plainte est généralement le début du travail indispensable de réparation psychique?
De la sorte, Vous avez tous ignoré un principe fondamental du droit international contemporain, consacré dans la "Convention
internationale contre la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants", dont le Chili est signataire. Comme son
nom le signale expressément, les "autres traitements cruels, inhumains et dégradants" y sont inclus dans la désignation du délit.
Mais, de toute façon, la qualification de celui-ci est strictement du ressort des Tribunaux.
2. Aussi, Vous avez tous exprimé ces derniers jours des sentiments de compassion à l'égard des tortionnaires, tout en justifiant
publiquement leurs actes du fait qu'«ils avaient dû accomplir des ordres». Permettez-nous de Vous dire que Vous mettez en
question, par là, un autre principe essentiel du droit international humanitaire, consacré déjà dans le Statut du Tribunal de
Nürnberg (article 8), selon lequel le fait d'obéir à des ordres n'innocente pas un subalterne, dont les seules options éthiques sont
désobéir et démissionner. De toute façon, s'il était vrai que certains de ces anciens tortionnaires éprouvent des remords, ils ont
toujours la possibilité d'avoir recours aux Tribunaux et contribuer ainsi par leurs témoignages à l'éclaircissement de tant des faits
encore impunis dans Votre pays. Ne croyez-Vous pas que la justice chilienne saura apprécier à leur juste valeur ces actes de
repentir au moment de prononcer les sentences? Ce qui est clair, en tout cas, est le fait que pour les victimes, pour leur travail
de réparation psychique, il est indispensable que la société, à travers la justice, établisse les délits et désigne les coupables,
indépendamment de la sévérité des peines qui seront finalement prononcées.
Dans ce même ordre d'idées, Votre Éminence, Monseigneur le Cardinal, dans Votre discours du 5 mars, prononcé devant le
Président de la République, Vous êtes allé jusqu'à mettre sur un pied d'égalité la douleur des victimes et les remords de leurs
tortionnaires: «Ils souffrent, ceux qui recherchent les restes de leurs être-chers (… ). Et elles souffrent, aussi, les Forces Armées
et de l'Ordre pour des raisons anciennes et actuelles», avez-Vous déclaré. Excusez-nous d'estimer que Votre comparaison est
franchement scandaleuse!
En espérant que Vous ne manquerez pas de rectifier, à l'unisson, des entorses aussi flagrantes au droit international
humanitaire, nous Vous prions d'agréer l’expression de nos sentiments les meilleurs.
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Au verso, les coordonnées des destinataires.
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COORDONNÉES DES DESTINATAIRES:
Son Excellence Monsieur Ricardo Lagos, Président de la République du Chili,
Palais de La Moneda
SANTIAGO - Chili
Fax: ++56-2-638.73.32
E-mail: "Monsieur le Président de la République":<[email protected]>, <[email protected]>;
Son Éminence Monseigneur Francisco Javier Errázuriz, Cardinal Archevêque de Santiago,
Erasmo Escala 1884
SANTIAGO
Fax: ++56-2-698.91.37
E-mail: "Son Éminence le Cardinal Archevêque de Santiago" <[email protected]>,
Son Excellence Monsieur José Miguel Insulza, Chef du Cabinet et Ministre de l'Intérieur,
Palais de La Moneda
SANTIAGO - Chili
Fax: ++56-2- 690.40.00
Madame Clara Szczaranski, Présidente du Conseil de Défense de l'État,
Agustinas 1687, P1
SANTIAGO
Fax: ++56-2- 675.18.00
E-mail: "Madame la Présidente du Conseil de Défense de l'État" <[email protected]>,
Monsieur le Sénateur José Antonio Viera-Gallo, Président de la Commission des Droits de l'Homme du Sénat,
Av. Pedro Montt s/n
VALPARAÍSO
Fax: ++56-32-23.26.58
E-mail: "Monsieur le Président de la Commission des Droits de l'Homme du Sénat":<[email protected]>, <[email protected]>;
S'IL VOUS PLAÎT, ENVOYER COPIES À:
•Monsieur Victor Barrueto, Président de la Chambre des Députés du Chili
Edificio del Congreso Nacional
Pedro Montt s/n
VALPARAÍSO - Chili
Fax: ++56-32- 26.31.00 ou
Compañía 1175
SANTIAGO
Fax: ++56-2- 270.17.00
E-mail: "Monsieur le Président de la Chambre des Députés":<[email protected]>, <[email protected]>;
•Monsieur Jaime Naranjo, Président de la Commission des Droits de l'Homme de la Chambre des Députés
Edificio del Congreso Nacional
Pedro Montt s/n
VALPARAÍSO - Chili
E-mail: "Monsieur le Président de la Commission des Droits de l'Homme de la Chambre":<[email protected]>,
<[email protected]>;
•Corporation de Promotion et Défense des Droits du Peuple (CODEPU)
Brown Sur 150,
SANTIAGO
Fax: ++56-2-341.50.40
E-mail: <[email protected]>,
•Agrupación de Familiares de Detenidos Desaparecidos
Avda. Ricardo Cumming 1161
SANTIAGO
Fax: ++56-2-696.06.78
E-mail: <[email protected]>,
•Agrupación de Familiares de Ejecutados Políticos
San Diego 287, Dpto 302
SANTIAGO
Fax: ++56-2-699.58.38