Pharma-News

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Pharma-News
Octobre 2010
Le journal de l'équipe officinale
Numéro 78
Sommaire
Ce n’est qu’un au revoir…
Editorial :
Nouveautés :
DAOSIN°
Génériques du VALTREX°
ATRIPLA°
SAFLUTAN°
Moins d’histamine dans le bol
Zona ou herpès
Du 3 en 1 contre le HIV
« Nouveauté » contre le glaucome
Pour en savoir plus : L’herpès
Le suivi des patients HIV en officine
Le syndrome des jambes sans repos
En bref :
Sur les lèvres
Comment optimiser ?
Que peut-on faire pour rester calme ?
GLUCOPHAGE° - LIOSANNE° - LADONNA°
Tests
L’image du mois :
Une bière qui donne envie…
Editorial
Longue vie au Pharma-News !
Depuis bientôt huit ans, le Pharma-News nous permet à tous de porter un regard plus critique sur
les nouveaux médicaments qui apparaissent sur le marché. Qu'apportent-ils vraiment ? Doit-on
changer notre conseil ? Que dire aux patients qui se voient prescrire ce nouvel anti-hypertenseur ?
etc… etc… L'équipe de pharmacie dispose ainsi d'un outil unique pour tenir ses connaissances à
jour en permanence et organiser ses colloques internes.
J'ai eu l'immense plaisir de conduire dès le début ce projet avec mon ami Pierre Bossert et une
équipe de rédaction compétente et motivée. J'ai vécu cette collaboration avec eux comme un
privilège rare et enrichissant. Le Pharma-News est maintenant, je le crois, devenu une petite
institution dans le monde de l'officine suisse et nous sommes très fiers de ce succès. Cela montre
que notre journal comble un réel besoin des équipes en pharmacie.
Après ces huit années, le temps est toutefois venu pour moi de passer le flambeau. C'est donc le
Dr Jérôme Berger, un jeune pharmacien dynamique et déjà actif dans le domaine de la formation,
qui me remplacera au sein de l'équipe du Pharma-News. Il saura, j'en suis sûr, apporter sa "patte"
personnelle et participer à son tour à faire évoluer notre périodique.
Au nom de toute l'équipe de rédaction, je vous remercie pour votre fidélité au Pharma-News et
vous souhaite, comme chaque mois, une bonne lecture !
Jérôme Berger
Julia Farina
Pierre Bossert
Marie-Thérèse Guanter Germanier
Caroline Mir
Christophe Rossier
Séverine Huguenin
Martine Ruggli
Nouveautés
DAOSIN° (diamine oxydase)
La firme Xanapharm a sorti en Suisse début
juillet le DAOSIN°. Ce produit, qui se classe
dans les adjuvants alimentaires, se compose de
diamine oxydase (DAO) d’origine porcine. Il
s'agit d'une enzyme naturellement présente dans
notre intestin. Elle est la principale responsable
de la dégradation de l’histamine ingérée 1.
Le DAOSIN° est « susceptible de diminuer la
teneur en histamine du bol alimentaire », selon
le fabricant 2. Cette propriété permettrait
d'atténuer l’intolérance à l’histamine par
l’augmentation de sa dégradation.
1
2
L. Maintz, N. Novak, Histamine and histamine intolerance, Am. J. Clin. Nutr., 2007, 85: 1185-96.
courrier Xanapham aux pharmaciens
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Numéro 78, octobre 2010
L’intolérance à l’histamine provoque des symptômes proches de ceux de l’allergie avec congestion
nasale, asthme, urticaire, prurit, mais également des troubles gastro-intestinaux, des maux de tête,
hypotonie, arythmie, etc. Elle est liée à un déséquilibre entre l’accumulation et la dégradation de
l’histamine au niveau intestinal. Un apport élevé en histamine par les aliments (tableau 1) ou une
surproduction endogène peuvent en être une des raisons. Cependant, la principale cause provient
d’un dysfonctionnement au niveau de sa métabolisation. Ce dysfonctionnement se caractérise soit
par un déficit au niveau de l’enzyme de dégradation, la DAO, soit par son inhibition par des
substances comme l’alcool ou certains médicaments (morphine, vérapamil, acetylcystéine, etc.).
Tableau 1 : Aliments riches en histamine 1, 4
Viandes :
charcuteries
Poissons :
thon, maquereau, sardines, hareng (surtout sous forme de conserves
ou fumés)
Fromages :
tous les fromages vieillis, gouda, emmental, gruyère, parmesan,…
Légumes :
choucroute, épinards, aubergine, ketchup, conserves
Fruits :
agrumes, fraises
Champignons : cèpes, morilles
Boissons :
vin, bière, champagne
En raison de la ressemblance des symptômes avec ceux de l’allergie, l’intolérance à l’histamine est
souvent sous-diagnostiquée. On estime que 1% de la population en souffre 1. Le diagnostic est posé
lorsque la personne présente plus de deux symptômes typiques de cette affection et que ceux-ci
diminuent avec un régime pauvre en histamine. Le test de l’activité de la DAO dans le sérum s’est
quant à lui révélé n’être d’aucune utilité dans la détermination d’une intolérance 3.
Le traitement consiste principalement en une diète pauvre en histamine. Les médicaments et
substances, comme l’alcool, qui diminuent l’activité de la DAO son également déconseillés. Dans
certains cas aigus, un antihistaminique à forte dose peut être administré 1.
Il est aussi question de traitement par un apport de DAO, type DAOSIN° 1,4. Cette approche n’a
pour l’instant fait l’objet d’aucune étude clinique. Nous ne pouvons donc pas nous prononcer quant
à son efficacité et son utilité et il faut selon nous attendre d'en savoir plus avant de le conseiller.
Les recommandations de prise pour le DAOSIN° sont de deux capsules deux fois par jour, avant
les repas principaux. Il est disponible en emballage de 30 capsules au prix recommandé de
Fr. 67.80 (Liste Négative), soit une semaine de traitement seulement.
DAOSIN° – A retenir pour le conseil :




adjuvant alimentaire proposé lors d’intolérance à l’histamine
aucune preuve sur son efficacité, alors que c'est un produit cher et non remboursé
posologie : deux capsules deux fois par jour avant les repas principaux
en cas d’intolérance à l’histamine, privilégier une diète pauvre en histamine (éviter
notamment : charcuterie, fromages, conserves, etc.) et éviter l’alcool
3
B. Töndury1, B. Wüthrich, P. Schmid-Grendelmeier, B. Seifert , B.K. Ballmer-Weber, Histaminintoleranz: Wie
sinnvoll ist die Bestimmung der Diaminoxidase-Aktivität imSerum in der alltäglichen klinischen Praxis?,
Allergologie, Jahr gang 31, Nr. 8/2008, S. 350–356
4
B. Wüthrich, Histaminintoleranz Fakt oder Fiktion ?, TMJ, Allergologie, 2009, 29-31.
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Numéro 78, octobre 2010
GENERIQUES DU VALTREX° (valaciclovir)
Fin de brevet pour le VALTREX°
(valaciclovir), déferlante de génériques en
vue :
VALACICLOVIR
MEPHA°,
SANDOZ°, HELVEPHARM°, SPIRIG°,
STREULI°, TEVA°, ACTAVIS°. En
réponse, GlaxoSmithKline annonce une
adaptation de ses prix pour début novembre.
Encadré5
Le valaciclovir est un antiviral. Inactif en luimême, il doit être transformé dans le corps en
aciclovir, la molécule active (présente dans
ZOVIRAX° et ses génériques) 6. L’avantage
du valaciclovir, c’est qu’il passe mieux dans
le sang que l’aciclovir. Ceci permet de réduire
la fréquence d'administration et le nombre de
comprimés à avaler 7.
L’une des indications du valaciclovir est le
traitement du zona . Il est administré dans
cette indication à raison de 1000 mg trois fois
par jour durant une semaine 8. Le traitement
doit être entrepris au plus tard dans les 72
heures suivant l’apparition des symptômes,
car il n’est efficace que lorsque le virus est en
phase de réplication 9. Le valaciclovir s’est
montré efficace pour diminuer la durée des
douleurs postzostériennes et les atteintes
Pour aller plus loin…
Le valaciclovir est un dérivé inactif de
l’aciclovir, un antiviral. Cette forme
« prodrogue » a pour unique but
d’augmenter l’absorption intestinale de
l’aciclovir 6. Ce dernier, dont la structure
est proche des bases qui composent l’ADN,
peut,
une
fois
activé,
interférer
spécifiquement avec la machinerie de
réplication génétique du virus (mécanisme
de
la
classe
des
analogues
antinucléosidiques).
Le zona
Le zona est provoqué par le virus varicelle-zona. La primoinfection, le plus souvent durant l’enfance, se caractérise par
une éruption vésiculaire, la varicelle. Après disparition des
symptômes, le virus reste latent dans les ganglions nerveux.
Dans certaines conditions, on observe une réactivation du
virus qui se caractérise par une éruption douloureuse,
irrégulière et unilatérale, localisée sur le trajet d’un nerf
sensitif : c’est le zona.
Cette réactivation est généralement causée par une baisse
d’activité du système immunitaire liée à l'âge, à une maladie,
ou à un traitement immunosuppresseur (cortisone,
médicaments antirejets, interférons, etc.).
La prise en charge consiste principalement en des mesures
d’hygiène pour éviter toute surinfection des lésions cutanées.
En cas de douleur, une antalgie avec du paracétamol ou des
opioïdes légers (codéine) peut être mise en place. Les AINS
sont à éviter. En effet, un lien entre la prise d’AINS et
l’apparition d’atteintes cutanées graves (p.ex. abcès) a été
5
démontré lors de zona . En cas de douleurs aiguës, de
suspicion de zona ophtalmique et chez les personnes à risque,
l’instauration d’un traitement antiviral (valaciclovir) dans les
5
trois jours est recommandée .
La guérison cutanée prend environ quatre semaines. Des
douleurs postzostériennes sont la principale complication.
Ces douleurs névralgiques peuvent persister durant des mois,
voire survenir par la suite après disparition des lésions. On
les traite avec des anesthésiques locaux (p.ex.
XYLOCAINE°), voire des antiépileptiques (p.ex.
NEURONTIN°)
ou
des
antidépresseurs
(p.ex.
TRYPTIZOL°). Un zona ophtalmique mal traité peut
conduire à une baisse de l’acuité visuelle. Pour de plus
amples informations, se référer à l’article sur le zona de
décembre 2009 (PN 70).
oculaires en cas de zona ophtalmique. Il diminue également
la dissémination du virus chez des patients
immunodéprimés 10.
Le valaciclovir est aussi prescrit pour le traitement et la
prévention des infections herpétiques cutanées, génitales, et
des muqueuses (voir notre article sur l’herpès en pages 810). La posologie habituelle lors du traitement est de
500 mg deux fois par jour durant 5 à 10 jours. En
prévention, 500 mg par jour suffisent 8. Le valaciclovir
semble également accélérer la cicatrisation des lésions
herpétiques.
Les principaux effets indésirables sont des diarrhées, nausées et vomissements et des maux de tête.
La posologie devra être adaptée en cas d’insuffisance rénale, l’aciclovir étant principalement
5
La Revue Prescrire 2009 ; 29 (n°314) : pp. 906
Martindale online
7
La Revue Prescrire 2003 ; 23 (n°244) : pp. 736
8
Kompendium Online
9
www.therapeutique-dermatologique.org
10
La Revue Prescrire 2007 ; 27 (n°283) : pp. 365
6
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éliminé par cette voie. Son utilisation durant la grossesse restera limitée : on ne le prescrira qu’en
cas de nécessité absolue 8.
GENERIQUES DU VALTREX° - A retenir pour le conseil :



antiviral utilisé pour le traitement du zona ainsi que dans la prévention et le traitement des
infections herpétiques
posologie : de 500 mg une fois par jour à 1 g 3 fois par jour en fonction de l'indication
pas d’effets indésirables graves : parfois diarrhées, vomissements, maux de tête
ATRIPLA° (éfavirenz + emtricitabine + ténofovir)
ATRIPLA° représente une trithérapie contre le VIH en un
seul comprimé. Ce dernier contient en fait une association
de trois antirétroviraux déjà connus : STOCRIN° +
EMTRIVA° + VIREAD°, les deux derniers étant déjà
réunis dans une même spécialité : TRUVADA°. Ces trois
molécules appartiennent à la même grande famille des
inhibiteurs de la transcriptase inverse du virus HIV.
Il ne s’agit donc pas d’un nouveau traitement contre
l’infection par le VIH. Il peut être utilisé seul ou en
association avec un autre antirétroviral.
Le problème principal avec cette association est un conflit
quant au moment de prise du comprimé:
- les recommandations du dossier d’enregistrement
préconisent une prise à jeun pour minimiser les
effets secondaires de l’éfavirenz
- mais l’administration à jeun diminue d’environ 35% la biodisponibilité d’un autre
composant, le ténofovir.
On obtiendrait donc une meilleure tolérance et une efficacité supérieure en prenant ces deux
substances séparément 11.
ATRIPLA° doit être pris une fois par jour, en principe au coucher, afin d’augmenter la tolérance de
l’éfavirenz au niveau du système nerveux. Il est préférable de l’avaler à heure régulière afin de ne
pas l’oublier. Les patients doivent être informés qu'une éventuelle dose manquée doit être rattrapée
immédiatement, mais au plus tard dans les 12 heures suivant l'heure initialement prévue. Si l'oubli
date de plus de 12 heures, il faut leur dire de ne pas prendre la dose manquée et de prendre la
suivante à l'heure habituelle 12.
Comme vous le savez, les antirétroviraux en général entrainent beaucoup d’effets indésirables,
parfois graves. Les principaux de l’éfavirenz sont des troubles psychiques, une dépression pouvant
provoquer des idées suicidaires, ou une éruption cutanée avec prurit. Avec les deux autres
principes actifs d’ATRIPLA°, il faut s’attendre à des nausées, diarrhées, céphalées et vertiges.
ATRIPLA° est absolument contre-indiqué pendant la grossesse. Les femmes en âge de procréer
doivent effectuer un test de grossesse avant l'initiation du traitement, puis utiliser une méthode de
contraception mécanique en association avec d'autres méthodes contraceptives (par exemple
11
12
La Revue Prescrire, 2009 ; 29 (309) : 501
Compendium suisse des médicaments, Documed SA 2010, online
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contraceptif oral ou autre contraceptif hormonal) pendant le traitement antirétroviral. En raison de
la longue demi-vie de l'éfavirenz, il est recommandé d'utiliser des mesures contraceptives
adéquates pendant 12 semaines après l'arrêt du traitement par ATRIPLA°.
Attention à ne pas conseiller de préparations à base de millepertuis (p.ex. JARSIN°, REMOTIV°)
aux patients sous ATRIPLA°. Les extraits de millepertuis diminuent en effet les concentrations
plasmatiques de l’éfavirenz et par conséquent aussi l’efficacité d’ATRIPLA° 12. De manière
générale, il est de toute façon prudent d'éviter le millepertuis chez cette catégorie de patients, car il
peut provoquer de nombreuses interactions.
ATRIPLA° - A retenir pour le conseil :






trithérapie anti-VIH réunie dans un seul comprimé
rien de nouveau, les trois substances actives sont déjà connues : équivalent de STOCRIN° +
TRUVADA°
posologie : un comprimé par jour à prendre le soir au coucher
attention au risque de dépression avec l’éfavirenz, surtout en cas d’antécédents de troubles
psychiques
traitement incompatible avec une grossesse
éviter les médicaments à base de millepertuis
SAFLUTAN° (tafluprost)
Voici l’arrivée d’un nouveau médicament
contre
le
glaucome
chronique,
le
SAFLUTAN°. Il s’agit, à l’instar du
LUMIGAN°,
XALATAN°
et
du
TRAVATAN°,
d’un
dérivé
des
prostaglandines qui abaisse la pression
intraoculaire en facilitant l’écoulement de
l’humeur aqueuse 13. Ce médicament a été
testé versus LUMIGAN° et l’abaissement de
la tension intraoculaire était similaire 13.
Il se présente sous forme de doses uniques sans agent conservateur. Attention : il doit être gardé au
frigo avant son utilisation 14. Après l'ouverture initiale d’un sachet, les monodoses doivent être
gardées au maximum durant 28 jours à l’abri de la lumière, de préférence dans le sachet, mais il
n’est plus nécessaire de les garder au frigo 14.
La dose recommandée est d'une goutte au maximum dans l'œil atteint, une fois par jour le soir. Une
dose suffit pour traiter les deux yeux et toute solution non utilisée doit être jetée immédiatement.
Comme pour de nombreux autres collyres, il est recommandé de faire suivre l'application par une
légère pression du doigt sur le coin intérieur de l'oeil (fermeture du canal lacrymal) afin de réduire
l'absorption systémique du médicament et ainsi la survenue d’éventuels effets indésirables 14. Si un
autre médicament ophtalmique local est utilisé, chacun doit être administré à un intervalle d'au
moins 5 minutes, en appliquant un éventuel gel (ou une pommade) en dernier 14.
Les effets secondaires les plus fréquents sont des problèmes au niveau du site d’application :
sensation de brûlure, de douleur, picotements, vue troublée, kératite ou blépharite 13. Il faut aussi
13
14
Pharma-Kritik, 2009 ; 17 : 65-67
Compendium suisse des médicaments 2010
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savoir que les analogues des prostaglandines peuvent changer la
couleur de l’œil, par une pigmentation accrue de l’iris et de la
paupière. Ils peuvent aussi modifier l’apparence des cils, leur
couleur, leur longueur et leur épaisseur. Ce qui explique que le
LUMIGAN° aux USA ait trouvé un nouvel essor comme
« eyelash enhancer » (renforceur des cils) en cosmétique ! 13.
On ne sait pas encore très bien si ces modifications au niveau de
l’œil et des cils sont réversibles ou non, mais elles peuvent être
très problématiques quand un seul œil est traité. Afin d'éviter le
risque d'assombrissement de la peau de la paupière, il est
recommandé d’essuyer tout excédent de solution présent sur la peau.
Les effets systémiques sont par contre très rares ; on parle de céphalées, fatigue et troubles gastrointestinaux 13. Pas d’interaction connue. Par mesure de précaution, il ne devrait pas être administré
durant la grossesse ou l’allaitement 14.
Rappel sur le glaucome 15,16 :
Le glaucome est une atteinte progressive du nerf optique: les cellules nerveuses qui transmettent les informations
lumineuses de l'œil au cerveau disparaissent. La liaison de l'œil au cerveau est ainsi détruite petit à petit et le patient
verra de moins en moins. Si rien n'est entrepris pour préserver les cellules nerveuses restantes, celles-ci finissent toutes
par disparaître, ce qui rendra le patient aveugle.
Il existe différentes formes de glaucome, principalement le glaucome aigu et le glaucome chronique (à angle ouvert).
Le glaucome aigu, provoqué par une accumulation de l’humeur aqueuse qui ne peut plus s’écouler, est une urgence
thérapeutique : l’œil est fortement douloureux, rouge et dur (impression d’avoir une bille de verre), la vision est parfois
fortement perturbée…il faut envoyer immédiatement le patient chez l’ophtalmologue.
Détecté fréquemment lors d’un contrôle de routine, le glaucome chronique est aussi souvent associé à une pression
intraoculaire élevée qui "compresse" et endommage progressivement les fibres du nerf optique et de la rétine.
L’augmentation de la pression intraoculaire repose sur une perturbation de l'écoulement de l'humeur aqueuse : c’est là
qu’agissent les traitements à disposition.
Les traitements qui diminuent la production d’humeur aqueuse et augmentent un peu son drainage sont les bêtabloquants (timolol dans TIMOPTIC°, NYOLOL°, TIMO COMOD°, etc.), les dérivés de l’anydrase carbonique
(TRUSOPT°, AZOPT°) et les sympathomimétiques en collyre (ALPHAGAN°).
Les analogues des prostaglandines (LUMIGAN°, XALATAN°, TRAVATAN°, SAFLUTAN°) facilitent l’écoulement
de l’humeur aqueuse.
Normalement, le traitement débute par un bêta-bloquant auquel on associe si nécessaire un analogue des
prostaglandines.
SAFLUTAN° - A retenir pour le conseil :




15
16
nouveau collyre contre le glaucome
application une fois par jour le soir
doit être gardé au frigo avant ouverture ; dès que le sachet est ouvert, les monodoses
peuvent être gardées au maximum 28 jours à l’abri de la lumière mais ne doivent plus
forcément être réfrigérées
modification possible de l’apparence de l’œil et des cils, problématique si un seul œil est
atteint : avertir le patient d’essuyer le bord de l’œil après application
La Revue Prescrire, Janvier 2006 ; Idées-Forces : « Glaucomes chroniques à angle ouvert » (268) : p.1-6
Société suisse d’ophtalmologie, groupe glaucome : www.glaukompatienten.ch
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Pour en savoir plus…
L'HERPES LABIAL
L'herpès labial, appelé communément
« bouton de fièvre », est une affection de
la peau et des muqueuses des lèvres qui
se manifeste par l’apparition d’un
bouquet
de
vésicules.
Il
est
principalement dû au virus herpès
simplex de type 1 (VHS-1), mais peut
également être dû au virus de type 2
(VHS-2), généralement associé à
l’herpès génital. Il s’agit d’une affection
sans gravité chez les personnes en bonne
santé. La moitié des adultes ayant de
l’herpès labial présentent au moins deux
poussées par an 17.
L’herpès génital
C’est une maladie sexuellement transmissible (MST)
caractérisée par l’apparition de petites lésions douloureuses sur
les organes sexuels. Il est le plus souvent provoqué par le virus
VHS-2, mais peut également être provoqué par le type VHS-1.
Comme pour l’herpès labial, l’infection comporte deux phases.
Sa transmission est imprévisible, car 20% des personnes
infectées n’ont pas de symptômes et ignorent qu’elles sont
porteuses du virus. Le plus souvent, la maladie se transmet au
moment des rapports sexuels non protégés. Le virus entre dans
le corps par des lésions microscopiques présentes sur la peau et
les muqueuses. Il ne se contracte pas par contagion indirecte
(en entrant en contact avec des objets utilisés par une personne
infectée). Chez les personnes en bonne santé, l'infection est
généralement sans gravité. Dans de rares cas, le virus peut
causer une méningite ou une encéphalite 18.
L’infection au VHS-1 est très répandue. Selon la région du globe, 60-98% de la population adulte
présente des anticorps contre ce virus, ce qui signifie qu’elle est porteuse du VHS-1 19. Cependant,
la majorité des personnes infectées ne développent jamais de symptômes 18,19.
L’infection comporte deux phases :
1. L’infection primaire (ou primo-infection), asymptomatique la plupart du temps. Sinon, la
gingivostomatite (inflammation des muqueuses de la bouche et des gencives) et la
pharyngite sont les manifestations les plus fréquentes de l'infection. La guérison spontanée
survient après 10 à 14 jours. Le virus s’installe ensuite dans un ganglion nerveux où il reste
latent à vie 18.
2. L’infection secondaire correspond à une réactivation du virus, sans lien avec un contact
récent avec une personne infectée 18. Elle se caractérise par des récidives localisées à une
petite partie du pourtour de la bouche (souvent la même), bien que certains patients ne
présentent jamais de deuxième épisode 20. L’infection débute par des fourmillements et une
sensation de brûlure sur le bord des lèvres et parfois la peau avoisinante. Quelques heures
plus tard, une macule rouge apparaît, rapidement recouverte d’un ensemble de petites
vésicules groupées, douloureuses, d’environ deux à quatre millimètres. Remplies de
liquide, elles finissent par éclater et former une croûte jaunâtre. Les croûtes tombent sans
laisser de cicatrice dans les sept à huit jours. En général, les récidives et l’intensité des
symptômes tendent à diminuer avec le temps 18,21. Elles concernent 10 à 30% de la
population adulte 19.
L’infection s'attrape principalement pendant l’enfance, avant l’âge de cinq ans 17. Elle se transmet
d’une personne à l’autre, mais peut également se transmettre, chez une même personne, des lèvres
à une autre partie du corps (yeux, intérieur de la bouche, nez, organes génitaux, doigts).
17
La Revue Prescrire, octobre 2008, 28, 300
www.passeportsante.net
19
Rev Med Liège 2008 ; 63 :11 :643-649
20
www.cbip.folia, antiviraux dans les infections par le virus Herpes simplex
18
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L'herpès oculaire peut
entraîner une inflammation
des
paupières,
des
conjonctives, de l’iris, de la
rétine et de la cornée. Une
atteinte de la cornée peut
provoquer une perte visuelle
et même la cécité 20.
Le virus se transmet par contact direct avec le liquide contenu dans les
vésicules et ceci jusqu’à l’apparition des croûtes, mais également par
propagation de gouttelettes respiratoires de personnes asymptomatiques
21
.
L’herpès labial ne doit pas être confondu avec d’autres affections telles
que impétigo, acné, eczéma, perlèche, zona labial, syndrome mainpied-bouche, etc. En cas de doute, il est préférable de recourir à un avis
médical, car un traitement spécifique peut être nécessaire 17.
Les éruptions récidivantes peuvent survenir spontanément ou faire suite à divers événements tels
que :
- anxiété, stress et fatigue,
- rhume, fièvre,
- exposition au soleil et rayons ultraviolets,
- traumatismes locaux (traitement dentaire, coupure,
gerçure),
- menstruations,
- traitement par immunosuppresseurs,
- etc.
Pour les personnes sensibles, il est conseillé d’utiliser un baume
protecteur pour les lèvres (FPS 15 ou plus), été comme hiver.
Dans tous les cas, les lèvres doivent être hydratées
régulièrement, car des lèvres sèches et craquelées offrent un
terrain propice à la réactivation du virus 18.
Traitements médicaux
Il n’existe aucun traitement permettant d’éliminer le virus de l’organisme.
1. Le traitement de la primo-infection vise surtout à atténuer les symptômes associés (fièvre,
douleur, etc.). Un traitement antiviral n’est conseillé que pour les atteintes très sévères et/ou
chez les enfants âgés de 3 mois à un an car leur système immunitaire n’est pas encore
suffisamment développé pour lutter efficacement 19.
2. Les infections récurrentes guérissent spontanément en sept à dix jours. Aucun traitement
n'est en principe nécessaire.
a. Des mesures d’hygiène élémentaire doivent être appliquées, afin d’éviter la propagation
du virus :
o ne pas manipuler les lésions et se laver les mains après chaque soin,
o ne pas partager les ustensiles en contact avec la bouche (verre, fourchette, paille,
stick à lèvre, etc.),
o éviter les contacts buccaux durant la durée de la poussée, surtout avec les
nourrissons.
b. En cas de surinfection, on pourra conseiller un antiseptique cutané en appoint
(MERFEN°, BEPANTHENE° PLUS, etc.) et du paracétamol en cas de douleurs.
c. Des pansements hydrocolloïdes (p.ex. COMPEED° PATCH HERPES) peuvent être
proposés pour favoriser la cicatrisation 19.
d. Le marché fournit des médicaments topiques, mais leur efficacité reste controversée 20.
L’utilisation d’aciclovir (ZOVIRAX° et génériques) ou de penciclovir (FENIVIR°) en
crème, cinq fois par jour pendant quatre jours, semble raccourcir légèrement la durée
21
Maladies cutanées, Th. Habif, Elsevier Masson SAS, 2008
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d’évolution de l’herpès, à condition de commencer le traitement dès les premières
heures suivant le début des symptômes. Les deux produits sont d’efficacité comparable
et modeste; ils ne diminuent pas la douleur et n’empêchent pas les récidives 22,20,23.
e. Le traitement oral n'est à envisager que pour les cas
graves. Des données indiquent que l’aciclovir
(ZOVIRAX° et génériques) et le valaciclovir
(VALTREX° et génériques) diminuent la durée des
symptômes et la douleur, mais leur bénéfice reste
limité. Ils doivent être commencés dès les premiers
symptômes 20.
f. Un traitement préventif peut être envisagé chez les patients ayant une dépression de
l’immunité et les patients fréquemment gênés par des récurrences d’herpès labial (plus
de six fois par an). L’aciclovir et le valaciclovir par voie orale, pris quotidiennement,
ont une efficacité modeste, au prix de quelques effets indésirables (nausées,
vomissements, céphalées) 17. L’efficacité préventive ne dure que tant que le traitement
est poursuivi 22.
L’ HERPÈS LABIAL – A retenir pour le conseil :





infection virale courante et sans gravité généralement acquise pendant l’enfance
la primo-infection est souvent asymptomatique
les infections récurrentes apparaissent souvent à la même place
lorsque les lésions réapparaissent, cela ne signifie pas qu’il s’agit d’une nouvelle infection
les traitements locaux à disposition pour le conseil ne sont que modérément efficaces et à
condition d’être appliqués rapidement après l'apparition des symptômes
LE SUIVI DES PATIENTS HIV A LA
PHARMACIE 24,25
Le terme compliance (à un traitement médical) est un
anglicisme que l’on utilise pour décrire l'adhésion
d’un patient aux conditions d’administration d’un
traitement ; en français cela se traduit par observance
thérapeutique. En d’autres termes, être compliant
signifie se plier à toutes les contraintes qu’implique
un traitement : respecter la posologie sans oublier
une seule prise, selon le rythme horaire et alimentaire
recommandé. Le fait de ne pas respecter les doses,
les horaires de prises ou la durée prescrite pour un
traitement antibiotique, par exemple, peut entraîner
une sélection de souches de bactéries résistantes à ce
médicament.
22
Infos-Patients Prescrire, Le bouton de fièvre
Compendium suisse du médicament 2010
24
http://www.aids.ch/f/hivpositiv/pdf/ordner/02_Medikament_F.pdf
25
http://www.actions-traitements.org/spip.php?article781
23
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Numéro 78, octobre 2010
Pour les traitements anti-HIV, la compliance est primordiale. En effet, avec les médicaments
antirétroviraux le problème des résistances se pose aussi, et ceci d’une façon plus complexe encore
que pour les antibiotiques, car nous ne disposons que d’un nombre restreint de médicaments antiHIV. Ces derniers sont toujours prescrits en association triple ou quadruple et ils peuvent présenter
entre eux des résistances croisées (c’est-à-dire une résistance à un médicament auquel le virus n'a
pas été exposé, résultant d'une résistance acquise envers un autre médicament de la même classe
thérapeutique).
Si un patient arrête ou oublie son traitement quelques jours (p.ex. le temps d'un week-end) ou s’il
diminue la dose prescrite, il permet au virus de se répliquer et donc de muter, ce qui peut le rendre
résistant à un médicament (ou plusieurs). Et si l’on change de médicament, la réussite de ce
nouveau traitement risque d’être compromise par les résistances dites « croisées », créées avec le
premier traitement.
La compliance à un traitement anti-HIV est particulièrement difficile pour deux raisons
principales :
il implique durant toute la vie du patient la prise de nombreux comprimés souvent plusieurs
fois par jour à horaires réguliers, certains médicaments absolument à jeun, d’autres
impérativement en mangeant (voir l’article sur ATRIPLA° dans ce numéro)
les antirétroviraux provoquent souvent des effets secondaires pénibles et décourageants
(surtout gastro-intestinaux, céphalées, vertiges, parfois des troubles psychiques, etc.).
Ces contraintes liées au traitement sont parfois difficilement compatibles avec la vie quotidienne et
ses imprévus. Comment être strict même dans les moments de relâchement que peuvent être les
sorties, les vacances ? Et dans les moments de blues, de dépression ? Tout en sachant en plus que
malgré une bonne compliance, il peut y avoir échec au traitement ? Tout ça alors que souvent le
patient ne présente pas encore de symptômes typiques du SIDA.
Pour mieux accepter cette discipline, la personne traitée doit comprendre non seulement l’enjeu du
traitement, mais aussi les mécanismes qui induisent la résistance du virus.
Bien sûr l’échange avec le médecin est la clé de cette prise de conscience. Ensuite, l’équipe
officinale a un rôle important à jouer pour soutenir la compliance du patient et le remotiver lorsque
l’on ressent un relâchement.
• Il est très important d’être à l’écoute des patients sous anti-HIV, de leur poser des
questions sur leur traitement et ses effets secondaires, de s’assurer qu’ils connaissent les
différents médicaments prescrits et leurs posologies.
• Il faut aussi être attentif aux risques d’interactions avec d'autres médicaments prescrits
ou pris en automédication, qui peuvent être la source d’une diminution d’efficacité
(p.ex. les statines ou les IPP avec les inhibiteurs de la protéase type REYATAZ°) ou
d’une augmentation des effets indésirables pouvant diminuer la compliance.
• La surveillance de l’adhésion au traitement peut se faire en contrôlant la fréquence des
renouvellements, en fonction de la contenance des emballages et de la posologie
respective de chaque médicament. Attention à ne pas se transformer en policier ou
culpabiliser le patient ! Le but de ces contrôles est plutôt de voir s'il a besoin d'aide pour
améliorer sa compliance !
• Les instructions concernant les traitements
Ces instructions visent en général à obtenir
combinés anti-VIH comprennent toujours
des
concentrations
optimales
des
des indications précises quant aux intervalles
substances dans le sang. Les taux sanguins
de substances actives et de métabolites
de temps à respecter entre la prise des doses
peuvent être mesurés en laboratoire afin
uniques, ainsi qu’au délai à observer entre
d’optimiser les posologies de manière
les prises et les repas : certains médicaments
individuelle (on parle de TDM pour
Therapeutic Drug Monitoring).
doivent impérativement être pris à jeun alors
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que d’autres sont mieux absorbés ou mieux supportés s’ils sont pris avec de la
nourriture.
Notre rôle est aussi d’expliquer ces recommandations de prise et de proposer des
astuces pour favoriser la compliance.
• Les entreprises pharmaceutiques peuvent contribuer aussi à l’adhérence thérapeutique, en
développant des médicaments combinés et des formes galéniques agissant plus longtemps.
Cependant, comme on l’a vu dans l’article sur ATRIPLA° dans ce numéro, toutes les
associations ne sont pas forcément avantageuses par rapport aux médicaments pris
séparément.
• Il existe des outils d'aide à la compliance, tels que des semainiers, piluliers électroniques,
etc. Des techniques d'entretiens (notamment l'entretien motivationnel) peuvent aussi
permettre d'aider le patient à trouver les stratégies de prise grâce auxquelles il pourra
améliorer sa compliance.
Il faut toujours garder à l’esprit qu’un échec de traitement ne
provient pas nécessairement d’une mauvaise compliance. Surtout
éviter de culpabiliser un patient chez qui la charge virale ne
diminuerait pas autant qu’on s’y attendrait avec le traitement qui lui
est prescrit.
La discussion avec le patient au sujet de son traitement, des
contraintes et des effets secondaires engendrés est primordiale, mais
n’est pas toujours facile. Certains patients séropositifs redoutent
encore souvent le regard des autres, tout comme certains d'entre nous
se sentent mal à l'aise face à leur détresse. Il faut proposer de mener
cet entretien motivationnel dans un endroit confidentiel, à l’écart de
l’espace de vente de la pharmacie.
LE SUIVI DU PATIENT HIV A LA PHARMACIE – A retenir pour le conseil :

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

la compliance est primordiale dans les traitements anti-HIV
elle est pourtant difficile à observer à cause des contraintes de prises de médicaments et des
effets secondaires importants et pénibles
un engagement total du patient dans son traitement est nécessaire ; nous devons le soutenir
dans cette démarche en l’écoutant et lui posant des questions pour évaluer son observance
thérapeutique
se souvenir qu’un échec de traitement de signifie pas forcément mauvaise compliance;
chercher les raisons possibles en discutant avec le patient sans le culpabiliser, dans un
endroit où il se sent à l’aise pour parler de sa maladie
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LE SYNDROME DES JAMBES SANS
REPOS
Pour une fois un syndrome dont le nom n’est pas un
mystère ! Les jambes sans repos évoquent bien ce dont
souffrent les patients. Mais quelle est la gravité d’un tel
syndrome ? Est-il possible de soulager les patients ?
Le syndrome des jambes sans repos, aussi appelé
« impatience des jambes », est caractérisé par de
nombreux symptômes sensitifs et moteurs désagréables
comme des sensations de brûlures, d’engourdissement,
de reptation des membres inférieurs (comme si les
jambes rampaient), qui apparaissent pendant le repos en position assise ou couchée. L’intensité est
maximale le soir et la nuit et le soulagement vient en bougeant, mais seulement de façon
passagère ; dès que les symptômes réapparaissent, il y a un urgent besoin de bouger de nouveau, ce
qui peut bien sûr perturber le sommeil 26. Il faut savoir que ce syndrome peut aussi être observé
dans les membres supérieurs ou d’autres parties du corps 27. Il touche plus fréquemment les
femmes que les hommes et sa prévalence augmente avec l’âge 27.
La cause de ce syndrome est inconnue, mais certaines situations semblent le favoriser : déficit de
fer avec ou sans anémie 28, grossesse, insuffisance rénale et composante héréditaire 26.
Il est important d’exclure les autres causes des symptômes décrits ci-dessus : les crampes, les
troubles artériels périphériques, les neuropathies au début de leur évolution, l’akathisie (besoin
impérieux de bouger survenant au repos -pas forcément la nuit- qui s’accompagne d’anxiété, de
troubles de l’humeur, d’agressivité et parfois d’impulsions suicidaires) 27. Ne pas oublier non plus
que ces symptômes peuvent aussi être provoqués par des médicaments : les plus fréquemment
incriminés sont les neuroleptiques et les antidépresseurs 26,28.
Même si les patients le ressentent comme parfois invalidant, le syndrome des jambes sans repos est
en fait absolument bénin (même s’il est très désagréable !) : pas d’atteinte physique, pas de
complications. L’évolution naturelle n’est pas connue, elle est souvent fluctuante, les symptômes
viennent et disparaissent, parfois des mois ou même totalement 27.
La prise en charge non médicamenteuse repose sur
des massages énergiques, un bain chaud ou froid. Se
lever, prendre une collation, faire une activité
manuelle sont aussi possibles. Comme les patients
souffrant de ce syndrome se plaignent surtout des
troubles du sommeil, il est important de leur
proposer des moyens simples pouvant améliorer leur
repos : p.ex. hygiène du sommeil, infusion ou
psychothérapie 27.
Il faut savoir que le syndrome des jambes sans repos
est passé en 10 à 15 ans d’un syndrome peu connu et
mal compris à un des troubles moteurs les plus
fréquents et les plus étudiés… Les enjeux
commerciaux sont immenses 29! Les traitements
26
La Revue Prescrire 2010; 318 (30): 270-272
La Revue Prescrire 2006 ; 274 (26) : 516-520
28
Arznei-telegramm 2006 ; 37 (7) : 62-63
29
La Revue Prescrire 2007 ; 27 (288) : 790
27
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médicamenteux à disposition sont mal évalués, souvent d’un niveau de preuve faible, sachant
l’évolution fluctuante et imprévisible de ce syndrome 27,28 :
Les benzodiazépines et autres sédatifs : s’ils améliorent le sommeil, ils n’ont pas réussi à
prouver une efficacité dans le syndrome des jambes sans repos 27.
Les antiépileptiques (p.ex. NEURONTIN° ou LYRICA°) sont parfois utilisés, mais, là
aussi, pas d’études confirmant une efficacité dans cette affection 27.
La lévodopa (p.ex. MADOPAR°) : si une amélioration est visible au début du traitement,
les symptômes vont rapidement se péjorer, touchant d’autres parties du corps ou survenant
de plus en plus tôt dans la journée 26,27.
Les agonistes dopaminergiques (p.ex. ADARTREL°, REQUIP° ou SIFROL°) : classe la
mieux évaluée. Ils semblent apporter un léger bénéfice sur le sommeil, l’humeur et les
symptômes des jambes sans repos, mais là aussi souvent les symptômes se péjorent après
un certain temps 26,27… sans oublier les effets secondaires connus de ces médicaments
(nausées, céphalées, attaques de sommeil diurne, troubles psychiques : notamment jeu
pathologique ou hypersexualité) 27.
Ainsi donc, il est préférable de s’en tenir aux moyens non médicamenteux si le trouble est
supportable. Chez les quelques patients pour lesquels la gêne est importante, les médicaments ont
une balance bénéfices-risques malgré tout défavorable 27 car les bénéfices sont incertains alors que
les effets secondaires sont marqués.
LE SYNDROME DES JAMBES SANS REPOS - A retenir pour le conseil :




fourmillements, sensations de brûlures ou mouvements involontaires des jambes (ou autres
membres) durant le repos
syndrome parfois désagréable, mais bénin et sans complications
proposer des mesures non-médicamenteuses : massage, bains, etc.
les agonistes dopaminergiques (p.ex. ADARTREL°, REQUIP°, SIFROL°) sont les
médicaments les plus utilisés; ils apportent un léger bénéfice, mais au prix d'effets
secondaires importants
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En bref
GLUCOPHAGE° sachets (metformine)
Merck Serono sort une forme sachets du célèbre GLUCOPHAGE°. Rien de bien nouveau, mais
c'est l'occasion de rappeler l'essentiel des conseils à donner lors de la délivrance : les principaux
effets secondaires étant gastro-intestinaux (notamment goût métallique dans la bouche), dites aux
patients de le prendre aux repas, pour diminuer leur incidence. En cas de maux de ventre ou
nausées violentes, conseillez-leur d'aller voir leur médecin rapidement, en raison du risque
d'acidose lactique.
LIOSANNE° 20/30 et LADONNA°
Ce mois-ci, la maison Sandoz sort trois génériques de pilules contraceptives.
La LIOSANNE° 20 est la copie de la MELODEN° 21, et la LIOSANNE° 30 celle de la
GYNERA°. De nombreuses marques ont sorti leurs propres copies de ces pilules très utilisées.
LADONNA°, par contre, est le premier générique de la BELARA°.
Du coup, nous remettons à jour notre tableau des pilules :
"originaux"
MERCILON°
MARVELON°
HARMONET°
MELODEN° 21
GYNERA°
MINULET°
DIANE° 35
MINERVA°
BELARA°
copies
DESOREN° 20
DESOREN° 30
ESTINETTE° 20
FEMADIOL° MEPHA 20
GESTODENE° PLUS TEVA 20
GYSELLE° 20
LIOSANNE° 20
MELIANE° 21
FEMADIOL° MEPHA 30
GESTODENE° PLUS TEVA 30
GYSELLE° 30
LIOSANNE 30
MYVLAR°
CYPESTRA°
CYPRELLE°
ELLEACNELLE°
FEMINAC°35
HOLGYEME°
LADONNA°
Pilules "originales" et leurs copies (état au 30 septembre 2010)
Note de l'éditeur
Les avis exprimés dans le Pharma-News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des données
disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP.
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Résultats du test de lecture du PN 74 – Lauréates :
Sans faute !
Nussbaum Ariane
Sacco Maria-Angela
Fonseca Solange
Pharmacie de Puplinge SA
Pharmacie de Malagnou
Pharmacie de Malagnou
Puplinge
Genève
Genève
Une faute pardonnée !
Da Cruz Marta
Camenzind Cécile
Grob Danielle
Mairesse Emilie
Pillonel Aline
Stalder Isaline
Lanthmann Lucie
Arnaud Nathalie
Lendi Nadja
Peguiron Nicole
Jacquier Anne-Christine
Boillat Angéline
Ducry Maryline
pharmacieplus du centre caroll
Rütli Apotheke
Pharmacie Noyer S.A.
Pharmacie Noyer S.A.
Pharmacie du Camus
Pharmacie du Midi
Pharmacie Alpha
Pharmacie Amavita d’Herborence
Pharmacie Amavita La Harpe
Pharmacie de la Vallombreuse
Pharmacie de Vétroz
Pharmacie Schneeberger
Pharmacie Amavita Domdidier
Petit-Lancy
Brunnen
Grand-Lancy
Grand-Lancy
Estavayer-le-Lac
Sion
Payerne
Boudry
Lausanne
Prilly
Vétroz
Tramelan
Domdidier
La gagnante d’un bon de Frs 100.- (Ochsner Sport, Ikea, FNAC ou Manor) de
notre tirage au sort est Lucie Lanthmann que nous félicitons chaleureusement,
ainsi que toutes les participantes au questionnaire !!!
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TEST DE LECTURE
Pharma-News N° 77
Cochez la ou les réponses correctes, entourez VRAI ou FAUX, respectivement répondez à la question.
1) Cochez la proposition exacte concernant l’EXCILOR° :
a) C’est un nouveau traitement des mycoses des ongles tout aussi efficace que le LOCERYL°
vernis
b) C’est un stylo contenant un mélange d’acide chlorhydrique et de lactate d’éthyle
c) Il n’est disponible que sur ordonnance médicale
d) Il n’est pas considéré comme un médicament mais comme un dispositif médical
2) Quelles sont les vertus de l’Aloe vera ?
3) VRAI ou FAUX sur la rage ?
a) La rage est une maladie rapidement mortelle
b) La bactérie responsable de la rage s’attaque au système nerveux central
c) Une poule peut être contaminée par le virus de la rage
d) Il ne faut pas recoudre une plaie causée par un animal suspecté d’avoir la rage
e) En cas de morsure par un animal enragé, il faut se faire administrer à la fois du sérum
antirabique et plusieurs doses de vaccin
VRAI
VRAI
VRAI
VRAI
FAUX
FAUX
FAUX
FAUX
VRAI
FAUX
4) En quoi le FENISUN° est-il différent des autres spécialités utilisées par voie topique en cas de coups
de soleil ?
Quels sont les risques associés à l’utilisation d’un tel principe actif durant la période estivale ?
5) Biffez les spécialités qui ne sont pas à base de complexe 2QR :
EXCIPIAL° REPAIR – HEMERAN° – MULTI-ORAL° – CICATREX° – MULTI-GYN° –
CICATRIDINA° – MULTILIND° – EXXEMA REPAIR° – MULTI-MAM° – CLOPIXOL° –
POXCLIN°– HEMOCLIN°
6) Quelle est la nouveauté concernant AXURA° ?
Pourquoi avoir commercialisé un tel emballage ?
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7) Citez 4 familles de principes actifs pouvant entrer dans la composition des crèmes utilisées en cas de
coups de soleil :
8) Comment se transmet le virus de la rage ?
Comment fait-on pour vacciner les animaux sauvages ?
Est-il nécessaire de procéder à des rappels du vaccin anti-rabique ?
9) VRAI ou FAUX sur OMED°ANTACID 10 :
a) C’est le seul dosage d’oméprazole disponible sans ordonnance
b) Il existe une autre molécule appartenant à la famille des inhibiteurs de la pompe à protons
que l’on peut conseiller à nos clients
c) Pour éviter l’interaction avec le PLAVIX°, il suffit de prendre l’oméprazole à deux heures
d’intervalle
d) 10 mg d’oméprazole ne suffisent souvent pas en cas d’oesophagite de reflux
e) Comme on ne peut conseiller ce médicament que dans des cas bénins, autant tout d’abord
proposer des antacides moins chers
VRAI
FAUX
VRAI
FAUX
VRAI
VRAI
FAUX
FAUX
VRAI
FAUX
10) Qu’est-ce qui peut être à l’origine de l’apparition d’un vitiligo ?
Test à renvoyer une fois par assistant(e) en pharmacie par fax au N° 022/363.00.85 avant le 25 octobre 2010.
Nom
Prénom
Signature
Timbre de la pharmacie
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