Alassane Ouattara aux Ivoiriens“: J`en ai marre d`être accusé

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Alassane Ouattara aux Ivoiriens“: J`en ai marre d`être accusé
Alassane Ouattara aux Ivoiriens
“J’en ai marre d’être accusé gratuitement”
Le Patriote
Hier jeudi, Alassane Dramane Ouattara était l’invité de l’Association ELAN.
Au cours de cette rencontre d’échanges qui a eu lieu dans l’auditorium de l’
Hôtel Ivoire, en présence d’un parterre de personnalités, le Président du
RDR s’est prononcé sur les questions d’actualité politique, économique,
sociale, culturelle et militaire. Nous vous proposons l’intégralité de cette
conférence-débat.
(Nana Dodo Dépo Chef traditionnel) :
(…) Que faites-vous, monsieur le Premier ministre, pour que les
engagements que vous avez tous pris librement à Yamoussoukro se
concrétisent effectivement ? Pourquoi les alliances, la plate-forme
de collaboration et autres gouvernements d’ouverture se sont fait
et sont défait facilement ? Que pouvez-vous faire personnellement,
vous le tout premier Premier ministre de la République de Côte
d’Ivoire, pour être le héros vainqueur de cette crise?
Alassane Dramane Ouattara : je vous remercie Nana. Je crois que
nous nous sommes rencontrés à plusieurs occasions. Vous avez tout
à l’heure parlé de notre rencontre à Libreville où nous avons eu
plusieurs heures d’entretien.
Ce que je vous avais dit alors, c’est ce que je vous ai dit
aujourd’hui : les raisons pour lesquelles nous pensions que la crise
est arrivée. Et que, malheureusement, nous avions des inquiétudes
à nous faire. En réalité, je n’ai pas grande chose à dire par rapport
à votre analyse. Puisque, la difficulté que nous éprouvons aujourd’hui et qui est imputée à l’ensemble des
leaders est une hypocrisie.
Je trouve. Car, les différents accords, que ce soit l’accord de Linas-Marcoussis, l’accord d’Accra, de Pretoria,
de Yamoussoukro ainsi que les accords de Yamoussoukro II, c’est-à-dire la rencontre avec le Président Sassou
N’Guesso, sont des documents écrits dont nous connaissons la teneur. Et j’ai indiqué qu’en ce qui concerne
notre parti, le Rassemblement des républicains (RDR) nous avons toujours respecté notre écriture et notre
parole.
J’estime qu’il n’est pas normal que l’on mette tous les leaders politiques dans le même panier et que l’on nous
accuse de ne pas tenir nos engagements. Nous, nous avons tout fait pour renforcer le climat de paix sociale.
Nous n’avons pas réagi aux provocations. Pas plus tard qu’avant-hier, quand Mme Henriette Diabaté a été
agressée. Je ne voudrais pas revenir sur le passé.
Car, nous voulons la réconciliation. Nous voulons la paix pour notre pays. Rien ne sert de continuer de parler du
passé. J’estime que nous devons maintenant parler du présent et parler de l’avenir pour nous-mêmes, pour nos
enfants et petits-enfants. Car, j’en ai maintenant.
Qu’est-ce qu’il faut dire aujourd’hui ? Nous avons un Premier ministre qui a été choisi par la Communauté
internationale. Il n’était pas le choix des partis politiques. Car vous connaissez les noms qui ont été annoncés
par les partis politiques. Le PDCI avait proposé le Général Gaston Ouassenan Koné, le RDR avait proposé le
président de la Générale, Tiémoko Yadé Coulibaly.
Les candidats qui venaient en tête ont été écartés du fait du refus du Chef de l’Etat. Et la communauté
internationale nous a consultés. Le Président Obasanjo m’a téléphoné pour me demander “que pensez-vous de
Charles Konan Banny”. Je dis, “président, c’est un excellent candidat. C’est un frère, mais surtout c’est un
ami. Parce que nous nous connaissons au moins depuis 1975. Nous avons fait toute notre carrière
professionnelle ensemble. Nous avons collaboré.
Nous nous connaissons. Je sais que c’est un homme d’autorité. Je sais qu’il fera du bon travail. Et comptez sur
nous pour l’appuyer. Mais écoutez !” Depuis son arrivée, qu’avons-nous fait ? Nous n’avons fait que l’aider.
Mais, le problème, c’est l’autorité qu’il doit avoir en totalité, conformément à la Résolution 1633
(Applaudissements nourris).
Le Premier ministre doit avoir les pouvoirs nécessaires pour nous amener aux élections. Ce qui veut dire qu’il
doit avoir le pouvoir de former son gouvernement comme il l’a fait. Et même de congédier les ministres qu’il
ne veut pas. Il doit avoir le pouvoir d’exécuter son programme et de nommer, aux emplois civils et militaires. Il
doit avoir le pouvoir de commencer le processus des audiences foraines et de l’identification.
Il doit avoir le pouvoir nécessaire de regrouper les belligérants dans des camps militaires et ainsi de suite. Je
pense que nous devons nous dire la vérité que les protagonistes notamment, le RDR et ses alliés, ont fait leur
devoir. Parc e que nous aimons notre pays.
Le RDR a perdu plus de 3000 militants depuis l’an 2000. Je ne vous décrirai pas les circonstances. Ce serait
dramatique. Le RDR a enregistré pratiquement, dans ses rangs, une centaine de femmes qui ont été violées.
Nous n’avons plus la rancœur.
Nous voulons la réconciliation. Quant aux blessés, je n’en parle pas. Alors donc, chef Nana, je voudrais vous
dire qu’il est temps que les uns et les autres pensent à la Côte d’Ivoire. Qu’ils soient sincères. Qu’ils ne
s’accrochent pas au pouvoir. Qu’ils laissent la voie libre au Premier ministre pour qu’il fasse son travail et que
nous puissions déboucher sur des élections démocratiques en octobre prochain. Je vous remercie.
Monsieur Jérôme Barouan (Membre fondateur de Elan)
L’opinion nationale est convaincue que la rébellion est la fille du RDR. Votre candidature à la présidence de la
République, revendiquée par la rébellion ainsi que l’accueil qu’elle vous a réservé lors de votre récente visite
dans le Nord semblent l’attester. Alors, quels sont les liens entre le RDR et la rébellion ? Selon vous, est-il
souhaitable, ici en Côte d’Ivoire ou en Afrique, que les armes constituent l’ultime recours ?
Me Diayo (Déplacé de guerre de Bouaké)
Sous le mandat du Président Bédié, vous profériez des menaces en ces termes : « On ne veut pas de ma
candidature parce que je suis du Nord et musulman. Quand je frapperai ce pouvoir, il tombera ». A peine le
Président Gbagbo commence son mandat, vous proférez les mêmes menaces en ces termes : «Je rendrai ce
pays ingouvernable ».
Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire notre beau pays vit la plus grave crise militaro-politique de son
histoire. Votre désir est devenu réalité. Au regard de ce qui précède, que répondez-vous à tous ceux et celles
qui vous imputent le coup d’Etat réussi de décembre 1999 et le coup d’Etat manqué de septembre 2002.
Relativement à la fraude sur la nationalité ivoirienne (…) vous avez menacé le journal « Fraternité matin » de
sanctions lors du Congrès des Femmes républicaines.
Pour un Républicain, comme vous, vous auriez dû attendre le verdict de la section du tribunal d’Adzopé avant
toute réaction. Que pensez-vous sincèrement de la séparation des pouvoirs en Côte d’Ivoire ?
Mme Fenouille (Présidente des Inventeurs de la Côte d’Ivoire).
C’est l’économie qui m’intéresse. Je ne fais partie d’aucun parti politique. Vous avez dit, lors de la clôture du
Congrès des Femmes du RDR, que vous avez besoin des femmes. Moi je suis une femme, de surcroît présidente
des Inventeurs de Côte d’Ivoire. Quelle est votre vision par rapport à l’invention et à la recherche ? Parce que
moi je suis fatiguée des gouvernements qui ne font que la politique et qui ne s’intéressent pas à l’économie. A
quoi sert-il de créer une Zone franche à Bassam si les inventeurs n’y sont pas associés ?
Mme Dia (CFELCI, Directrice au CEPICI)
En Côte d’ivoire, la majorité des leaders politiques se réclament être des Houphouétistes, tout au plus, tous
reconnaissent la justesse des idéaux du Président Houphouët, homme de paix, homme de dialogue. Vous venez
de souligner, monsieur le Président, qu’il ne suffit pas d’aller aux élections. A quant faut-il gouverner dans la
paix ? Ne pensez-vous pas qu’il faut en Côte d’Ivoire des hommes et des femmes au cœur nouveau ? C'est-àdire des hommes et des femmes qui respectent la dignité humaine, qui comprennent qu’on ne peut gouverner
des cimetières.
Alassane Dramane Ouattara : Je remercie le modérateur. M. Anouma. Je pense qu’en fait, il y a quatre
intervenants, mais il y a plusieurs questions. Je commence par M. Barouan qui d’ailleurs a été renforcé par M.
Diayo pour les questions relatives à la rébellion.
Vous savez, c’est très facile de faire de la manipulation quand on est au pouvoir. Quand on confisque les
médias d’Etat. Quand on empêche les autres de s’exprimer. Quand on les accuse de tout et de rien sans
preuves. Je vais repartir dès le début. Moi, je suis contre la violence. Ceux peut-être, qui avaient encore un
peu de présence d’esprit par rapport à 1993, doivent pouvoir l’attester.
Le Président Houphouët est décédé le 7 décembre 1993. Et le même jour, nous avons remis la démission de
notre gouvernement. Peut-être que ceci n’a pas été fait dans des formes suffisamment claires. Il y a eu
beaucoup de remous. Et le 9 décembre au matin, pour éviter que notre pays ne tombe dans la violence et
surtout pour que nous ne puissions pas avoir le théâtre d’un coup d’Etat, j’ai convoqué mon gouvernement et
sur le perron de la Primature, j’ai fait l'annonce que je voulais être clair que le gouvernement avait
démissionné.
Parce que c’était une période où les militaires étaient divisés. Et si la situation avait duré avec autant
d’incompréhensions, pendant ces 48 heures par rapport à l’accession du Président Bédié au pouvoir, les
militaires auraient pris le pouvoir. Donc, je vous dis, je ne suis pas un homme de coup d’Etat. Il n’ y a jamais
eu de preuve contre moi concernant un quelconque coup d’Etat.
Il y a de la manipulation, il y a eu des mensonges, il y a eu donc une vile utilisation des médias d’Etat pour
m’attribuer des choses qui ne sont pas vraies (applaudissements nourris). Je continue. Je remercie vraiment
l’Association Elan.
Parce que j’estime que je ne peux pas accepter qu’on me prive de parole. Souvenez-vous que je suis parti de
la Primature en décembre 1993. Dès le mois de janvier 1994, on m’a fait des offres de service. Donc, je n’ai
plus pris la parole devant nos concitoyens.
Je suis allé au Fonds monétaire international dès le mois de juillet 1994. Je n’ai jamais eu accès, ici dans mon
pays, à la télévision ni à la radio. Et ceci a continué après le coup d’Etat du Général Guéi. Ceci a continué
après l’accession du Président Gbagbo au pouvoir.
Donc, ça fait 13 ans qu’on m’a privé de parole. 13 ans qu’on s’est organisé pour que nos concitoyens n’aient
pas ma part de vérité pour pouvoir bourrer le crâne des gens en disant qu’Alassane Ouattara est ceci, Alassane
Ouattara a fait cela.
C’est des mensonges. C’est de la manipulation. Et je m’érige contre cela (applaudissements). Maintenant la
rébellion. Mais, je ne suis pas un idiot. Pensez-vous sincèrement que je vais organiser un coup d’Etat, le 19
septembre 2002, et je vais tout simplement tranquillement m’asseoir dans ma résidence, déjeuner avec ma
femme et mes enfants et qu’on vienne me prendre comme un idiot ? Tout de même.
Le mensonge a ses limites. Si Alassane Ouattara avait organisé le coup d’Etat du 19 septembre 2002, pensezvous que je serais chez moi et qu’on aurait envoyé des gens m’assassiner ? J’ai entendu à la radio et j’ai été
informé au téléphone de l’assassinat du Général Guéi et sa femme de qui certains avaient parlé deux heures
avant. Mais, malgré cela, je suis resté chez moi. Parce que je n’avais aucune crainte. Je ne me reprochais rien.
Parce que je n’avais rien fait. Et voilà que quelques heures après, un escadron arrive devant mon portail.
Heureusement que nous avons pu nous rendre à l’Ambassade d’Allemagne. Alors, je crois quand même que les
honnêtes citoyens comprendront qu’on ne peut pas organiser un coup d’Etat, organiser une rébellion, s’asseoir
chez soi et se faire assassiner. Donc, c’est la deuxième mise au point que je voulais faire. Et moi j’ai été
exfiltré d’ici. Et je vais le dire tout haut. J’ai été le premier à condamner la rébellion. Peut-être que vous
n’avez pas suivi cela sur les ondes.
J’ai été le premier à le faire ; parce que je suis contre toute forme de violence. Mais, quand le Président
Gbagbo est arrivé d’Italie à Abidjan, je crois que c’était un samedi, j’ai été l’une des premières personnes à
l’avoir eu au téléphone. Il m’a dit : « Ecoute, Alassane, moi je crois que si tu veux partir, il faut partir. Parce
que la situation est telle que je ne t’en voudrais pas».
Mais j’ai dit : «Mais, Laurent, ça ne va pas ? Il y a une crise, mon rôle, c’est de rester au pays et de t’apporter
assistance. Peut-être que je peux aider, le Président Bédié est là. Peut-être qu’à deux, nous pouvons t’aider.
Faisons quelque chose ! Ce n’est pas normal que le pays bascule comme ça dans la violence ».
Il me dit : « Bon d’accord, Ecoute je te rappelle ». Et qu’est-ce qui a suivi ? L’orchestration de soi-disant
jeunes gens pour dire que Alassane Ouattara est le chef de la rébellion, le parrain de la rébellion. On fait des
manifestations depuis trois ans et demi, bientôt quatre ans jusqu’à aujourd’hui, on n’a apporté aucune preuve
d’aucune sorte.
Et on continue de mettre cela dans la tête des gens. Alors moi, je vous dirais que j’en ai marre d’être accusé
gratuitement (ovations nourries). La Côte d’Ivoire mérite mieux que cela (applaudissements plus nourris). Ce
moment-là est révolu. On prend la télévision en otage et on accuse qui on veut sans aucune preuve. Et ma
carrière l’a démontré. Je ne suis pas un putschiste.
Je ne suis pas un violent. Je n’ai tué personne. C’est plutôt chez moi que des gens ont été tués. Mon
standardiste (Babou Coulibaly, ndlr) a été tué. Mon aide de camp (le capitaine Dosso, ndlr) a été tué. Mon
jardinier (Badolo, ndlr) a été tué. Beaucoup d’entre eux ont été tués. Beaucoup d’entre eux ont été
emprisonnés. Plus de 3000 militants de mon parti, je vous l’ai dit, ont été tués.
Mais, c’est pour cela que je continue ce combat. Ce n’est pas pour une histoire de pouvoir personnel ou
d’ambition personnelle.
Je pourrais être dans n’importe quelle banque internationale, aujourd’hui, en train de gagner des millions de
dollars. Ce n’est pas cela mon ambition (ovations nourries dans la salle). Contrairement à la propagande qui a
été développée, j’aime mon pays.
C’est pour cela que je reste. Et c’est pour cela que je veux continuer ce combat. La Côte d’Ivoire a eu assez de
médiocres, des gens sans expérience, des gens qui n’apportent rien à ce pays, sauf la violence et la tuerie.
Alors, il faut arrêter. Arrêtez d’accuser les gens ! Arrêtez de faire des amalgames. Ça ne marche pas. Si vous
avez des preuves, alors apportez-les ! Toujours des manipulations. Quand j’étais à Paris, j’ai entendu dire qu’il
y a une cassette qui circule et que Alassane Ouattara a donné de l’argent à la rébellion par des gens que je ne
connais même pas.
Un certain Koné Zakaria. Je ne l’ai jamais vu. Je ne lui ai jamais parlé avant que je ne le découvre comme tout
le monde le 19 septembre 2002. Et tout d’un coup, on dit que c’est moi qui ai donné de l’argent à la rébellion.
Je crois que ça suffit ! Je suis désolé d’avoir élevé le ton.
Ce n’est pas dans mes habitudes. Mais, je ne suis pas un violent. Je condamne la violence. Je condamne les
coups d’Etat. Je condamne toutes les formes de rébellion. Et je souhaite qu’on arrête la violence d’Etat en
Côte d’Ivoire. Qu’on arrête la violence institutionnelle. Qu’on accepte de regrouper tous ceux qui ont des
armes. Que ce soit les FDS, les FAFN et les milices.
Que tout le monde soit désarmé. Et que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. Parce que, si tout le monde est
désarmé, nous pourrons tous vaquer à nos occupations. Pourquoi certains veulent désarmer et pas d’autres ?
Alors, il est temps de désarmer. Au moins regroupons les gens si on en a la volonté. Regroupons les excombattants des deux côtés.
Tout ceci est prévu par les accords. Même les militaires entre eux, l’année dernière, ont fait un chronogramme
où ils ont prévu de se regrouper. Depuis lors, 75 sites ont été habilités dans le Nord et 35 sites dans le Sud.
Mais, s’il y a une volonté politique, le Premier ministre peut, si les protagonistes sont d’accord (c'est-à-dire les
deux camps, les deux forces militaires) les regrouper dès le 15 mai.
Et en ce moment- là, on n’aura plus à Abidjan, le genre d’incidents qu’on a eus avec Mme Diabaté. Où un
groupe de militaires soi-disant au service de l’Etat vient et fait temporiser les choses pour que des jeunes gens
s’organisent pour agresser d’honnêtes citoyens.
Alors, il faut arrêter ça. Je crois que nous avons besoin de paix. Nous avons besoin d’aller aux élections. Et
pour ce faire, il faut regrouper les forces combattantes. Il faut les regrouper rapidement. Il faut faire en sorte
que les audiences foraines commencent.
Il faut que le recensement électoral commence. Tout cela peut commencer en l’espace de dix jours si on en a
la volonté. Donc arrêtons de mettre des obstacles au travail de Charles Konan Banny et allons de l’avant. C’est
la première chose que je voulais dire. J’ai répondu à vos deux questions. Maintenant, est-ce que les armes
constituent l’ultime recours ? Vous savez ! Je considère que c’est lamentable que les pays africains ne puissent
pas se consacrer au développement et ils se consacrent plutôt à l’achat d’armes pour massacrer leurs
populations.
Alors, Messieurs Diayo (déplacé de guerre) parle de menaces en ces termes. Je ne répondrai même pas. Parce
que c’est toujours les mêmes manipulations « Il a dit que (…) il a fait que … ». Les discours politiques on en a
entendus pire. Vous savez ! Il s’agit de certaines choses que les gens disent sur vous et qui n’ont rien à voir
avec la vérité. C’est toujours la même chose, on prive Alassane Ouattara de parole. Les autres ont confisqué la
télévision et ils disent ce qu’ils veulent. Regardez ces jours-ci, la télévision. Mais, de quel droit Laurent
Gbagbo est à la télévision tous les jours ?
Mais, il n’est plus président de la République. (Applaudissements) De quel droit le fait-il ? Pourquoi quand il
reçoit les chefs coutumiers moi je ne peux pas les recevoir, à mon tour, pour qu’on les passe à la télévision ?
Je suis un leader comme lui. C’est un ancien président de la République (rires). La Résolution 1633 aurait pu
choisir Henri Konan Bédié pour conduire cette transition. Parce qu’il a été président avant le président
Gbagbo. De quel droit tous les jours, on nous le montre à la télévision ? On nous dit même qu’il a un porteparole. Ce n’est pas normal.
C’est de l’abus de pouvoir. Moi, je paye mes impôts. Et je trouve que c’est une utilisation abusive des impôts
que je paye à notre gouvernement. La télévision est une télévision d’Etat. Je vais finir ce point en vous disant
que, par respect pour la réconciliation, je n’aurais pas souhaité me prononcer sur ces points. Mais, si on veut
m’attaquer, on me trouvera sur le chemin.(Applaudissement).
J’ai une autre question que je vois ici : la fraude sur la nationalité attribuée injustement au RDR. Mais dans
quel pays sommes-nous ? Dans tous les pays africains, mêmes américains et asiatiques (parce que je connais
tous ces pays où j’ai travaillé).
Ce sont les opposants qui accusent le gouvernement de fraudes. En Côte d’Ivoire, c’est le gouvernement qui
accuse l’opposition de fraude. Avant même que les élections n’aient lieu (Rires). Mais, c’est quand même
ridicule. Nous sommes ridicules. On dit, par exemple que la radio RFI est suspendue et qu’on ne veut plus de
RFI. Et quand on capte RFI par d’autres moyens, qui on entend parler ?
C’est le porte-parole de la présidence. Mais arrêtons de jouer. Nous nous ridiculisons à l’extérieur. Donc, pour
ces histoires de fraudes de cec i ou de cela, je voudrais dire que le RDR n’a jamais été au pouvoir depuis sa
création. Nous n’avons jamais eu l’administration en main. Ni le système judiciaire en totalité, ni la police, ni
l’administration. Comment nos gens vont aller frauder. On monte en épingle un problème banal de
recensement qui est transformé en fraude.
Dire que j’ai indiqué qu’il va y avoir des sanctions. Oui ! C’est mon droit de citoyen de dire que la télévision et
l’ensemble des médias (Fraternité Matin : Ndlr) d’Etat ne font pas leur travail bien et que les responsables
doivent être sanctionnés.
Cela n’a rien à avoir avec la procédure judiciaire. Arrêtez encore de faire des amalgames. Tout citoyen,
jusqu’au président de la République, a le droit de dire qu’il n’est pas content. Parce que je suis sûr que, le 29
octobre, quand on aura les élections 90 % des Ivoiriens diront qu’ils ne veulent pas de Laurent Gbagbo, donc ne
voteront pas pour lui.
C’est ç à la démocratie. Alors Mme Fenonille a parlé des questions de recherche et d’invention. Ce sont des
questions importantes. Et je suis d’accord avec vous Mme. Nous au RDR, nous préparons un programme. Je
peux vous le dire. Et pas plus tard que hier soir de 16 h à 18 h, j’ai présidé une réunion de mon Comité
directeur avec les responsables de mon programme de gouvernement. Nous avons demandé à tous les
présidents des Commissions techniques créées récemment de répandre les différents chapitres concernant ce
que nous allons proposer à nos compatriotes. Et nous nous proposerons des choses concrètes.
Parce que nous en avons demandé à tous les présidents des commissions techniques créées récemment de
reprendre les différents chapitres concernant ce que nous allons proposer à nos compatriotes. Et nous nous
proposerons des choses concrètes. Parce que nous en avons l’expérience.
Ce ne sont pas des verbes, des discours. Ce ne sont pas des choses sans lendemain, que nous allons proposer à
nos compatriotes. J’ai hâte que la campagne électorale s’ouvre. Parce que vous comprendrez pourquoi je veux
servir mon pays. Ce n’est pas nécessairement pour être président.
Si je ne gagne pas les élections, ce n’est pas un problème. Quelqu’un d’autres sera président et nous allons
nous mettre à son service (applaudissements). Mais ça me fait mal. J’ai mal d’avoir aidé d’autre pays comme
le Nigeria qui vient d’effacer sa dette extérieure.
Je suis quand même à la base de cette initiative. Il y a aussi un pays comme l’Algérie. Tous ces pays que j’ai eu
à gérer tels que l’Afrique du Sud qui aujourd’hui sont des pays qui caracolent sur tous les médias, que l’on voit
en première place etc. Parce que ceci, parce que cela. J’ai fait tout ça dans mes fonctions antérieures.
Et mon pays s’enfonce tous les jours. Mais, ce serait égoïste de ma part. Et ce serait là la preuve que je n’aime
pas mon pays, si je ne m’intéresse pas à la politique. Donc, c’est pour cela que je m’intéresse à la politique.
Je ne veux pas nécessairement être président. Si mes compatriotes me font l’honneur de m’élire président, je
servirai mon pays.
Même si ce n’est pas le cas, je servirai le président démocratiquement élu. Alors Mme Dia a parlé des
problèmes des leaders et aussi du président Houphouët. Je pense qu’on a tous mal. Parce que nul n’a imaginé
que nous pourrions avoir de telles violences dans notre pays. Moi, j’avoue que je suis choqué par ce qui est
arrivé ces dernières années.
Parce que refaisons l’histoire un tout petit peu. Quand il y a eu l’incompréhension entre le président Bédié et
moi-même, j’ai clarifié les choses. Le Président Bédié est arrivé aux affaires, tout était calme, il n’y avait pas
de problème.
Ensuite, quand il y a eu le coup d’Etat en décembre 1999, le Président Bédié aurait pu dire aux militaires : «
Tirez sur ces jeunes soldats » et puis on en finit. Il ne l’a pas fait. Il est parti à l’ambassade de France où il
s’est fait exfiltrer pour éviter la violence. Mais après des élections truquées, nous sommes éliminés. Souvenezvous, ma candidature a été injustement rejetée et aux présidentielles et aux législatives. Mais, je n’ai pas
bronché. Je me suis dit je vais me retirer. Je suis parti. Et ces élections arrivent entre le Général Guéi et le
Président Gbagbo.
Le Général Guéi se déclare Président. Mais si le Président Gbagbo avait eu la même hauteur d’esprit, le même
amour pour son pays, il aurait dit : « D’accord, le Général Guéi s’est déclaré vainqueur. Je laisse faire les
choses ». Au lieu de cela, il mobilise la rue et par prendre le pouvoir. Est-ce cela aimer son pays ? Je ne
voudrais embarrasser ELAN.
Monsieur le président Zahui, ce n’est pas ma nature. Ce n’est pas ainsi que j’aurais voulu que le débat se
déroule parce que nous avons des choses importantes à nous dire. Mais comme ces messieurs sont venus en
mission, pour poser un certain nombre de questions, je voudrais qu’ils sachent qu’on ne peut pas m’intimider.
On ne peut pas m’intimider. Quand on est innocent, il est très facile d’expliquer comment et pourquoi on est
innocent.
Me Djiriga Dago :
M. le Premier ministre, vous avez déjà répondu à la question que je voudrais poser. Mais je vais la poser à ma
manière. Vous avez dit un jour au cours de vos tournées à l’intérieur du pays que vous rendrez ce pays
ingouvernable.
Le modérateur (René Pierre Anoma) : Vous avez dit tout à l’heure que M. le Premier ministre avait déjà
répondu à la question. Donc, il n’est pas nécessaire de la reposer. Alors, si vous avez une autre question, vous
avez la parole.
Me Djiriga :
Je sais que je suis un Ivoirien incapable. Laissez-moi poser ma question, s’il vous plaît. Je disais qu’au cours de
ses tournées à l’intérieur du pays, M. le Premier ministre avait dit qu’il rendrait ce pays ingouvernable. D’où
ma question. Maintenant que vous êtes devenu “lombardien”, êtes-vous toujours en mesure de rendre
ingouvernable ? 2e question.
Le modérateur : Me Djiriga, posez votre question.
Me Djiriga : Je suis agressé de toute part.
Le modérateur :
Me Dago, posez votre question. Alors puisque vous ne posez pas votre question, je voudrais passer la parole à
Me Koh.
Me Djiriga :
Je vous remercie, je pensais qu’on était venu pour se réconcilier. Pour tenter de …
Le modérateur :
Me Koh, vous avez la parole. Mesdames et messieurs, écoutez la question de Me Koh.
Me Koh :
Je vous remercie pour votre assurance et votre sincérité. Le mécanisme de la conquête par la rébellion.
L’abandon graduel du pouvoir par le régime en place n’augure rien de bon pour la Nation ivoirienne. Alors, M.
le président, nous sommes nombreux, vos concitoyens de toutes tendances politiques. Nous pensons, au regard
des causes profondes de cette crise, qu’il faut revenir à un Etat fédéral. Je suis politologue et Secrétaire
général du Mouvement des fédéralistes de Côte d’Ivoire.
M. Amon Kotia :
M. le président, nous faisons le constat des conséquences négatives au plan économique et social sur la crise.
(…) Je suis Dr Amon Kotia, chercheur et membre d’ELAN.
Le ministre Ezan Akélé :
Je voudrais indiquer, M. le Premier ministre, que notre pays a un peuple composé de plusieurs ethnies, voire
même de plusieurs tribus. Le Président Houphouët dont vous avez été l’un des proches collaborateurs disait
que la colonisation nous a laissé un pays et qu’il nous appartenait d’en faire une Nation. (…) Le conflit actuel
part d’une crise identitaire et d’une suspicion généralisée. Alors M. le Premier ministre, vous avec qui j’ai eu
l’honneur de travailler, je suis surpris que vous ne l’ayez pas dit, quelle est votre position sur la question de
l’intégration ?
Mme Diomandé :
Je voudrais demander de manière très naïve, quel est le contenu véritable que le peuple ivoirien ne connaît
pas de ce poste tant convoité pour que tout le monde veuille y accéder, y rester et y revenir ?
ADO : Je vous remercie. En ce qui concerne la question du Dr Amon Kotia, je pense qu’elle rejoint quelque part
celle du ministre Ezan Akélé. Il s’agit de la politique d’intégration. Vous savez, tout n’est pas de faire de
l’économie et même du social. Mais, il y a des questions de répartition et d’intégration. Moi, quand j’étais
jeune fonctionnaire au Fonds monétaire international, je m’occupais du Rwanda, du Burundi, du Congo
Kinshasa. Je suis allé au Burundi, une fois, en 1972.
Je devais être le représentant du FMI là-bas. Pendant que nous y étions, la guerre éclate. Très rapidement,
nous avons été transportés par les troupes belges à la Banque centrale où le Directeur général était d’ailleurs
un Français et mis sous protection. Du balcon, nous voyions passer des camions belges avec des dizaines de
cadavres à l’intérieur. Bien sûr, je raccourcis. Il y avait des odeurs de chair et de pourritures partout dans la
ville pendant 48 heures.
Quand j’ai vu cela, j’ai dit mais ce n’est pas possible. Comment est-ce que des êtres humains peuvent se tuer ?
Comment peut-on arriver à de telles extrémités ? C’est le problème M. le ministre. Nous sommes amis, nous
nous connaissons depuis longtemps. C’est le problème des lois qui ne protège pas les minorités. Vous savez, la
démocratie, ce n’est pas seulement la règle de la majorité ? Ce n’est pas seulement le fait que c’est la
majorité qui est au pouvoir. Mais, les lois nationales doivent protéger les minorités. Et nous devons y veiller.
Nous devons avoir une Constitution de la 3e République qui protège les minorités.
C’est vrai que dans nos pays, nous avons des ethnies où les populations sont nombreuses, mais il y en a d’autres
où elles sont très nombreuses. Ces dernières peuvent se sentir envahies, à la limite par les majoritaires, entre
guillemets. Alors, il faut avoir des lois pour que l’intégration des petites ethnies soit une réalité. Et qu’une
petite part du pouvoir soit réservée à ces minorités. Ce qui n’a pas été fait dans notre pays. Nulle part, vous ne
verrez dans notre Constitution ou dans nos lois, la protection des minorités. Il faut qu’on y arrive. Autrement,
il y a toujours quelqu’un qui se sentirait exclu.
Et dès que vous avez l’exclusion, vous créez des conflits. Ce que je reproche au régime actuel. Les conflits font
partie de la vie des Nations, le problème c’est de les régler. Un responsable qui a un conflit dans son pays qui
n’est pas encore une Nation du fait de sa jeunesse, doit pouvoir développer des mécanismes pour régler les
conflits et non pas les attiser. Je suis d’accord avec vous que la politique d’intégration est importante.
La question du Dr Amon Kotia par rapport à la cohésion sociale est pertinente. Nous parlons toujours de pardon
et de réconciliation, c’est très bien.
Et je peux vous dire que c’est difficile de pardonner. Je dis souvent à mes proches que moi, l’exil m’a fait du
bien, quelque part. Ça m’a permis de faire une introspection sur moi-même. Il est difficile de pardonner quand
on a tué des gens autour de vous, quand on a détruit ce que vous avez construit pendant trente ans,
honnêtement, sans voler l’argent de qui que ce soit, les souvenirs de famille, les souvenirs de vos enfants,
lorsqu’on détruit tout, vos diplômes.
Et du jour au lendemain, vous vous retrouvez sans rien. Lorsque j’ai été exfiltré à l’ambassade de France,
j’étais en blue jean et en chemisette. Tout cela crée un grand traumatisme. Donc, la cohésion sociale est
importante. Si on aime son pays, on pardonne. Parce que si chacun dit on m’a fait ceci, je vais faire cela, on
ne s’en sortira jamais. Il faut arrêter les paroles belliqueuses. Parce que nous cultivons la violence dans la tête
de nos jeunes. Que tous les politiques arrêtent les agressions verbales. Ce sont ces agressions verbales qui
amènent les jeunes gens à faire les agressions physiques. Il est temps qu’on arrête. Un pays peut avoir
d’importantes ressources.
Mais, s’il n’y a pas une politique de renforcement de la cohésion sociale, de la protection des minorités, on
n’aura rien fait. Comme on le voit au Nigeria avec le peuple Ogoni. Ils disent: « On exploite le pétrole chez
nous, mais nous n’avons même pas 1 %, c’est notre pétrole. Donc, on y va. On va brûler les raffineries, ainsi de
suite ».
Pour Mme Diomandé, je trouve vraiment lamentable que le seul objectif du pouvoir soit de s’enrichir ou de
faire enrichir les siens. Je trouve cela lamentable. Je considère qu’il faut avoir d’abord l’ambition de servir.
Mais vous avez raison. Peut-être qu’il y a une potion magique dans le pouvoir qui fait que lorsque les gens l’ont
exercé ou l’exercent, ils veulent continuer. Dans mon cas, je peux vous dire que je n’ai pas encore eu
l’honneur de servir mon pays à ce niveau de responsabilité. J’espère que ces paroles que je prononce, lorsque
je serai élu un jour, s’il y a des abus, vous serez nombreux à me dire que tu avais dit que tu ne prendrais pas le
pouvoir pour de l’argent. Voilà, tu as pris l’argent.
Mais je ne crois pas que cela puisse arriver. Honnêtement, je souhaite que la politique soit plus noble. Que nos
compatriotes aient une meilleure image des hommes politiques. Les sondages auxquels j’ai eu accès sont
lamentables pour nous. Nos compatriotes considèrent que nous sommes tous des menteurs. Que nous sommes
tous des voleurs. Je trouve cela injuste. Mais malheureusement c’est peut-être la façon dont les choses ont été
faites ces derniers temps qui donne ce sentiment. Mais si nous avions une véritable démocratie, avec un
véritable Etat de droit et que nul n’était au-dessus de la loi, ça simplifierait beaucoup de choses. Regardez en
Afrique du Sud. Le vice-président Zuma est devant les tribunaux. Mais ici c’est l’impunité totale. On peut tuer,
pas de problèmes. Alors voler, ce n’est rien du tout. Alors tant qu’on n’aura pas réglé le problème de
l’impunité dans notre pays, la démocratie ne sera pas durable.
Parce qu’après ça devient des règlements de compte personnels. Ou bien des achats de personnes, de
conscience, de poste et ainsi de suite. Tout un chapitre, mais je voulais juste faire quelques observations en
vous disant que peut-être que les présidents des pays africains devraient avoir des mandats uniques. C'est-àdire avoir des constitution ou le Président de la République est élu pour un mandat et un seul. Quand il finit, il
s’en va. Ainsi, cela permet le renouvellement de la classe politique.
Et peut-être que les gens apprendront à s’adapter à de nouveaux présidents. Et ceux qui viennent sauront
qu’ils ne peuvent pas s’accrocher. Autant nous avons eu des fêtes d’indépendance, il y a de cela une époque,
nous devons faire comme dans les pays latino américains. Au Mexique, le Président est élu pour 6 ans non
renouvelable en aucune circonstance. Il finit ses 6 ans et il va faire autre chose.
M. Adom : (opérateur économique)
M. le président, comme vous l’avez dit tantôt, la crise actuelle trouve ses origines dans les élections
contestées d’octobre 2000. Or le délai pour ces élections à venir est relativement court pour aboutir à la tenue
d’élections incontestables. Ne pensez-vous pas qu’il convient de se donner le temps nécessaire, pour régler
tous les problèmes d’abord ?
Me Adjé Luc (Ancien bâtonnier de l’ordre des Avocats)
M. Le président, Si vous êtes élus demain président de la République allez-vous instaurer un régime
parlementaire ?
Mme Duncan (créatrice de modes)
Ne pensez-vous pas, M. le président qu’il faudrait faire de la Côte d’Ivoire les Etats-Unis d’Afrique pour sortir
de la crise et de cette guerre ?
M. Kanaté (vice président de la chambre de commerce)
Avez-vous pensé au secteur privé, afin qu’il joue pleinement son rôle dans le processus de sortie de crise?
M. Anoh Blé :
Qu’en est-il de la question de la candidature unique au RHDP
ADO : Je vous remercie, M. le modérateur, la 1ère question de M. Adom porte sur la question de délai. C’est
difficile de répondre honnêtement à cette question parce que souvenez-vous que l’accord de Linas Marcoussis a
été signé en janvier 2003. Donc on avait tout le temps, en un an, en deux ans, en trois ans pour faire ce qui
était prévu par Marcoussis et d’aller aux élections. A l’issue de Marcoussis, je pensais honnêtement qu’on
réussirait à faire ces élections en janvier 2004. On était tous enthousiastes, nous avons chanté l’Abidjanaise.
Les uns et les autres ont sablé le champagne. Bref…
C’était la joie et puis on a vu ce qui s’est passé. En 2004, avec le bombardement de Bouaké est venu tout
remettre en cause. Nous arrivons en 2005 et on nous donne un an en plus. Le président Bédié et moi-même
nous écrivons à Annan. Nous avions dit que six mois ça suffit. La sagesse des chefs d’Etats a voulu que ce soit
un an. Et aujourd’hui, nous sommes à six mois de cette date et vous avez raison de dire que des obstacles sont
tels qu’il est difficile, a priori, de se dire que nous pouvons faire ces élections en octobre.
Mais s’il ne s’agissait que des élections, je pense sincèrement que c’est possible. Parce que vous avez des pays
comme le Nigeria qui ont 120 millions d’habitants avec 50 millions d’électeurs. Le recensement a été fait en
trois mois. En Côte d’Ivoire nous sommes 20 millions. Et donc le recensement peut se faire en un mois ou deux.
Si nous commençons vraiment en juin, je pense qu’en fin Juillet on peut finir l’identification et le recensement
électoral.
Mais les difficultés, c’est tous les préalables qui n’ont pas été réglés. Je me dis mais pourquoi les forces
combattantes ne seraient pas regroupées immédiatement? Au nord comme au sud. Je ne vois pas pourquoi ! Les
sites sont prévus ; 75 au nord et 35 au Sud. Mais que l’on commence par regrouper les forces ! Déjà, il y a la
ligne de confiance donc les invasions terrestres ne sont plus possibles. Le problème aujourd’hui, c’est la
sécurité des Ivoiriens. Ce qui est arrivé par exemple à Mme Diabaté le mardi est préoccupant. Si les militaires
étaient dans les casernes, pensez-vous que ces soit-disant jeunes patriotes seraient sortis pour empêcher Mme
Diabaté et son équipe de traverser Yopougon-Koweit ? Alors qu’ils savent qu’il y a Yopougon Santé à côté ? Ça
n’aurait pas lieu donc, il y a lieu de faire entrer les militaires en pré-régroupement. Que ce soit les Forces
nouvelles ou les Forces de Défense et de sécurité, le CeCOS. Et en ce moment là, s’il y a des personnes qui se
promènent avec des armes, ils le font donc dans l’illégalité.
Il faudra donc les arrêter. Les Nations Unies peuvent arrêter ces gens qui se promènent en ville avec des armes
lourdes, des Kalachnikovs. Et dire que les dépôts d’armes à Abidjan ont été recensés. Il faut les détruire. Nous
savons où ils sont ici à Abidjan. C’est très facile de les détecter. Il y a des méthodes pour le faire. Vous savez
que sur cette affaire de pré regroupement ou de regroupement ce que nous entendons souvent n’est pas la
réalité.
Je pense que certains n’ont pas intérêt à voir les deux forces se regrouper et désarmer. Je m’arrête là et ils
comprendront. Mais, il faut le faire. Je crois que les Nations Unies doivent maintenant dire qu’il y a le préregroupement. Si ces militaires sont dans les camps, il n’y aura que les policiers qui auront des pistolets
comme dans les pays développés. On pourrait commencer le processus immédiatement, on pourrait finir les
listes électorales, on pourrait faire ces élections. Voici la réponse que je peux donner.
Mais reculer pour mieux sauter n’est pas de mon avis. La meilleure solution. On l’a fait pendant trois ans. Celà
n’a pas non plus marché. Il fait maintenant que la fin de la récréation soit sifflée. J’insiste sur le préregroupement concomitant. Il faut que les armes cessent de circuler sur l’ensemble du territoire. Je crois qu’il
y a des solutions et peut être que ces solutions nous soient imposées.
l Concernant la question du régime, je crois que vous connaissez ma position. Je pense que la première des
choses à faire dans la nouvelle Constitution. Il y a d’abord la question du délai du mandat présidentiel. Et je le
pense sincèrement. Nous sommes une jeune Nation et il n’y a pas de raison à ce qu’on ait des mandats
renouvelables ; Savez-vous que si notre Constitution prévoyait un mandat non renouvelable, on n’aurait pas eu
tous ces problèmes. Nous devons faire une nouvelle Constitution comme au Mexique où on dit clairement que
le mandat, c’est 6 ans (…)
Et à partir de là, vous pouvez faire tout ce que vous proposez. Un régime semi parlementaire, un régime
parlementaire, parce qu’on sait que le président devient vraiment le garant de l’unité nationale et que les
gens ont recours à lui, pour les questions importantes. On peut lui adjoindre un vice président et le Premier
ministre est choisi sur la base de la majorité parlementaire. Donc au plan constitutionnel, il y a beaucoup à
faire. Nous avons un expert en la matière, c’est le ministre Cissé Bacongo et il est actuellement en train de
travailler sur un projet de Constitution de la troisième République parce que nous estimons que l’actuelle
Constitution est « confligène »
Pour ce qui est de la justice, il est anormal qu’on dise que le Président de la République est le chef de la
magistrature. Où est-ce qu’on va ? En ce moment-là, qui doit être jugé ? On prend une décision, on condamne,
lui, dit “j’annule la décision”. Donc, c’est totalement insensé. Ensuite, Mme Duncan a posé la question sur les
Etats-Unis d’Afrique. Mais, la Côte d’Ivoire est un Etat souverain. C’est vrai qu’il y a une diversité d’ethnies,
c’est vrai qu’il y a beaucoup de nos concitoyens qui ont pour origine nos Etats voisins, mais c’est une richesse.
Regardez les Etats-Unis, les Noirs qui sont venus de Gorée et d’ailleurs font à peu près 9 % de la population. Les
Mexicains qui ont commencé à venir, il y a seulement 50 ans sont, aujourd’hui, plus nombreux que les Noirs.
Les Mexicains font 10 % de la population. Il faut donc considérer que la diversité est une richesse. Il faut
consolider ce que nous avons chez nous. Et je pense qu’après on peut élargir cela dans la sous région. C’est
cela l’objectif de l’Union Africaine.
M. Kanaté a parlé du problème du secteur privé. Je vous ai parlé tout à l’heure de la dette extérieure. Je l’ai
fait volontairement. La première chose à faire, c’est de discuter avec le FMI qui nous permet de faire un
programme économique qui nous donne la marge pour payer nos arriérés parce que l’Etat est surendetté. Si,
après les négociations, on arrive à dégager 100 milliards de francs CFA pour payer les PME, pour payer un
certain nombre de dettes aux industriels, vous voyez que la machine repartira aussitôt. Mais, cela ne suffit pas
parce qu’il faudrait un programme plus global à court, mo yen et long terme. Ce ne sont pas des choses
compliquées puisqu’elles ont été déjà faites ailleurs.
L’après crise représente la jeunesse. C’est un problème sérieux et quand j’ai vu le Président Thabo Mbeki pour
la dernière fois, je lui ai dit : “ écoutez, comment est-ce que vous avez fait pour résoudre le problème de la
jeunesse”. En réalité, l’Afrique du Sud a eu le même problème que celui que nous vivons aujourd’hui. Il m’a
dit qu’ils ont eu à exécuter un programme. Je lui ai dit qu’en temps opportun, je lui enverrai mes
collaborateurs, Zémogo Fofana et Amadou Soumahoro, travailler avec l’ANC pour voir comment est-ce qu’ils
ont réussi à résoudre le problème de ces jeunes chômeurs. Surtout à Abidjan. Quand vous voyez tous ces
jeunes qui n’ont aucun avenir, c’est facile de les instrumentaliser. Donc, c’est des choses que nous devons
gérer. Et il faut être pragmatique, concret. C’est notre ambition.
M. Anoblé a posé la question sur notre alliance, c’est une bonne question. Vous savez, la politique est un art.
Le président Bédié et moi avons eu de longs entretiens. Je peux vous dire que nous avons envisagé l’idée de
candidature unique dans nos discussions. Et nous deux sommes arrivés à la conclusion que ce n’est pas la
solution. Ce que je peux dire aux Ivoiriens et à nos militants, c’est de nous faire confiance. Parce que nous
avons mal de voir notre pays dans la situation actuelle et nous avons trouvé les voies et moyens parce que nous
savons qu’une coalition PDCI-RDR ou RDR-PDCI gagnera les prochaines élections.
Nous en sommes persuadés. Je crois que les autres le savent, d’ailleurs. Et c’est cela la difficulté. Et c’est
pourquoi nous devons aussi leur prévoir une place. Il ne faut pas considérer forcément que ces deux grands
partis vont gagner les élections et que le FPI sera complètement out. Non ! Il faudrait que ce gouvernement
comporte des éléments du FPI. Personne ne doit plus être exclu dans la politique de notre pays. Mais tant que
vous excluez des gens, vous créez des frustrations qui peuvent provoquer des violences, donc nous allons tout
faire pour éviter cela. La candidature unique au premier tour n’est pas la solution. C’est notre analyse, c’est
notre conviction. Et malheureusement, je me plais à dire que ceux qui continuent de parler de candidature
unique perdent leur temps. Parce qu’elle n’aura pas lieu. Merci beaucoup.
Mme Alexise Gogoua (Ligue ivoirienne des Secrétaires) : Lors de votre tournée dans le Nord du pays, vous avez
demandé aux jeunes de ne déposer les armes qu’à condition d’obtenir leurs pièces d’identité. Pourriez-vous
être plus explicite sur cette logique. Pourriez-vous intervenir auprès du jeune Soro Guillaume afin qu’il accepte
de désarmer ?
M. Lossoubo : Seriez vous prêts, à vous retirer de la vie politique, avec Bédié et Gbagbo pour vous constituer
en groupe de conseillers pour aider un nouveau président à s’installer ?
M. Kouadio (Membre fondateur d’ELAN) : Pensez-vous qu’en politique, il peut y avoir une place pour l’éthique
et la morale?
Mme Gnahoré Brigitte : Vous avez beauc oup investi dans les médias occidentaux, en France particulièrement,
sur le problème ivoirien qui a été complètement falsifié. Pourquoi ? Si vous n’êtes pas l’instigateur de cette
rébellion, qui l’est donc ?
Mme Irène Viera : En attendant d’être Président de la République, ne pourriez-vous pas mettre votre carnet
d’adresses au service de la Nation pour développer des projets ?
ADO : Pour la première question, celle de Mme Alexise Gogoua, je tiens à marquer ma surprise face à la
désinformation à de l’intoxication de la presse. D’ailleurs, je me demande pourquoi quand les leaders
politiques font des interventions à la télévision, on ne les passe pas en direct.
Et comme ça la population entendra ce qu’ils disent plutôt que d’aller leur attribuer des propos qu’il n’ont pas
tenus. Mon intervention à Korhogo a été de dire aux gens, même si vous avez perdu des parents, il n’y a pas
que des gens d’Abidjan qui ont eu des problèmes. Mais à Korhogo également. Il y a des différentes factions de
la rébellion qui se sont heurtées. Il y a eu de nombreux morts. J’ai dit à tous, sans exception : « pardonnez ».
Ce qui importe, c’est vos cartes d’identité. Les cartes d’identité remplaceront les kalachnikovs.
Voilà ce que j’ai dit. Comme il y a ici des représentants du chef de l’Etat, du Premier ministre, du ministre de
la Communication, faites-leur la proposition pour qu’on nous passe en direct comme on passe en direct Désiré
Tagro, tous les jours. Vous me connaissez bien, Mme Alexise et vous savez que je ne suis pas idiot. Vous savez
très bien que je ne tiendrai même pas de propos violents. Ce qui se passe, ce qui s’est passé dans les zones des
Forces Nouvelles comme ce qui s’est passé dans le Sud avec les difficultés que nous avons tous connues n’est
pas acceptable.
Au cours de ma tournée au Nord, j’ai vu des populations encore plus appauvries. Et ce n’est pas normal que des
populations n’aient pas le droit de vaquer à leurs occupations. Dans le Nord comme dans le Sud. Et c’est
pourquoi, je demande le pré regroupement et le regroupement dans un premier temps. Qu’on puisse ouvrir les
banques, que les activités financières reprennent.
Que si vous allez à Bouaké, que vous ne soyez plus arrêtés dix fois dans une partie et dix autres fois dans une
autre partie. Ce que nous voulons, c’est les élections. Et je veux que les gens aillent à Gagnoa faire campagne
et partout en Côte d’Ivoire pour la campagne électorale. Nous avons intérêt à encourager le pré regroupement
pour régler le problème de l’insécurité. Parce que quand on parle de viol et autres, il y en a,
malheureusement, partout dans le pays. Et c’est détestable. Des centaines de femmes du RDR dans notre pays
ont été violées pendant cette crise, et c’est détestable.
A la question de Lossoubo, sachez qu’on peut faire la politique de plusieurs façons. On peut avoir des ambitions
personnelles. On peut être dans un parti politique qui a ses règles et qui a ses décisions, mais regardez bien, en
1995, je n’étais pas au RDR.
Je n’étais ni membre ni président et il y a eu une démarche de groupe de gens qui sont venus me voir à Paris
pour me demander d’être leur candidat. J’ai refusé parce que c’était mon droit. J’ai fini mon mandat au FMI.
Je suis rentré et devenu membre d’un parti politique et ce parti m’a désigné comme son candidat à la
présidence de la République. Vous me direz peut-être que j’aurai pu refuser.
Mais pourquoi je refuserais ? Quand j’ai aidé tant de pays dans ce monde, des plus grands, je m’occupais de la
Chine, de la Russie, du Nigeria, de l’Afrique du Sud et autres. Mais pourquoi je refuserais d’aider mon pays ? Si
j’aime mon pays. C’est une question de choix de parti politique que j’assume. Et si mon parti me fait l’honneur
de me proposer à nouveau d’être candidat puisque je suis signataire de l’accord de Linas Marcoussis,
j’accepterais parce que je veux servir mon pays, parce que j’aime mon pays.
Je te dirai encore, cher frère, si la Côte d’Ivoire se portait bien, je ne serais pas venu à la politique.
Honnêtement. Mais j’ai mal de voir mon pays dans cette situation, aujourd’hui. Et l’image que ce pays a à
l’extérieur. Et je reviendrais à la question de Mme Gnahoré, tout à l’heure. Pour l’heure, c’est une affaire de
parti politique. Quand je déciderai de me présenter en tant que candidat indépendant, vous pourriez
m’imputer la responsabilité de vouloir « compétir » coûte que coûte.
Je pense que s’il y a un dispositif maintenant, comme faire des démarches auprès des Nations Unies pour
demander que, pour une période intérimaire, tous ceux qui ont plus de 55 ans, aucun ne soit habilité à se
présenter à un poste électif. Comme cela, vous éliminez Gbagbo, Bédié, ADO, Fologo. C’est une possibilité.
C’est une possibilité, pourquoi pas ? Et qu’on tourne la page pour qu’il y ait une nouvelle génération d’hommes
politiques. Mais, être nouveau n’est pas toujours l’âge.
Peut-être, il faudra mettre dans la Constitution de la 3e République que «Ne pourront être candidats que ceux
qui ont moins de 55 ans». En ce moment-là, tout le monde pourra se soumettre à la nouvelle Constitution qui
sera une véritable Constitution. Pour ma part, je n’ai pas d’ambition personnelle pour briguer le poste de
Président de la République. Si mon parti me propose, si je suis élu, je servirais mon pays. Si je ne suis pas élu,
je servirais mon pays. Quant à la question sur l’éthique et la morale en politique.
On peut faire une dissertation, mais je pense que ce n’est pas le lieu. Ce que je note, c’est qu’effectivement
dans beaucoup de sociétés, la politique ce n’est pas seulement la politique. C’est également dans les affaires.
Dans tous les cas, il faut tout faire pour avoir un degré d’éthique et de moral dans tout ce que l’on fait dans la
vie. C’est ma vision des choses.
Mme Gnahoré Brigitte, par rapport à la fortune dont je dispose, je vous remercie de m’attribuer une grande
fortune. J’espère que cela va se réaliser. Je pense aussi que vous oubliez les ressorts de notre pays d’origine.
Parce que en France et aux Etats-Unis, on ne peut pas acheter des journalistes comme cela se passe sous
d’autres cieux, que je ne nommerais pas. Si les uns et les autres se sont intéressés à la Côte d’Ivoire, c’est
aussi simple. C’est l’actualité.
Cela n’a rien avoir avec l’investissement dans les médias. Je trouve que c’est quand même dommage. Je ne
suis pas d’accord avec vous. Deuxièmement, je voudrais vous dire que malheureusement à la date
d’aujourd’hui, les chiffres sont abominables. Je vous ai dit tout à l’heure que le PIB de la Côte d’Ivoire est de
12 milliards d’Euros. Environ 15 milliards de dollars. Savez-vous que l’Université où j’ai fait mes études en
Pennsylvanie a 15 milliards de dollars comme budget ?
L’EDF, la SNCF ont des budgets de 15 milliards. Nous sommes fiers d’être Ivoiriens, mais ne mélangez pas les
choses pour dire que la France a besoin de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas bien, parce que vous affirmez des
choses qui ne sont pas vraies. La Côte d’Ivoire a plus besoin de la France que la France de la Côte d’Ivoire,
malgré notre fierté nationale, comme je dirais que la France a plus besoin des Etats-Unis que les Etats-Unis de
la France, c’est aussi simple.
C’est des rapports de chaîne. La vie est faite ainsi. On dépend toujours de quelqu’un. C’est comme cela que
fonctionnent les règles du commerce mondial. Alors, Mme Gnahoré, si j’ai le soutien de tous ceux-là, je m’en
réjouis. Revenant à la question de M. Lossoubo, je voudrais dire qu’on rentre peut-être en politique parce que
des gens vous le demandent, mais je vais partout en Côte d’Ivoire. Peut-être parce que je suis discret. Je vais
beaucoup ailleurs en Afrique parce qu’on m’en a donné l’opportunité. L’institut international pour l’Afrique
que j’ai créé avec des collègues présidents, anciens présidents de la Banque mondiale est un institut qui
marche bien et qui me permet de bien vivre. Les autorités ivoiriennes, à ce que je sache, ne m’ont jamais
proposé de contrat pour aider la Côte d’Ivoire.
L’Institut international pour l’Afrique est disposé à avoir des contrats de conseils avec les autorités ivoiriennes.
Surtout que je ne suis pas aux affaires, il n’y a pas de c onflit de compétence. Je pense que j’ai fait ma part de
service publique de 1989 à 1993.
J’ai essayé d’arrêter l’hémorragie dans le pays. J’ai pensé que j’avais restructuré l’administration, que j’avais
remis, à nouveau, les gens au travail, j’avais diminué le train de vie de l’Etat à commencer par le
gouvernement qui est passé de 40 à 20 membres. Nous avions des financements de partout.
Voilà le programme que je vais proposer à mes compatriotes. Je vais faire des choses concrètes. J’ai des
ambitions pour mon pays. Mais la parole appartient aux Ivoiriens et le destin à Dieu.
KIGBAFORY Inza et Khristian KARA