Planchers préfabriqués – Prédalles
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Planchers préfabriqués – Prédalles
Fiche Prévention - E4 F 04 13 Planchers préfabriqués – Prédalles Consignes relatives à la préfabrication Les prédalles sont des dalles minces en béton armé (BA) ou en béton précontraint (BP) qui, associées à du béton coulé en place, constituent des planchers BA. Les planchers à prédalles sont principalement utilisés dans les domaines du logement collectif, des immeubles de bureaux et des bâtiments industriels (parkings, entrepôts…). Si la plupart des prédalles sont fabriquées en usine (BA et BP), les prédalles en béton armé peuvent être fabriquées sur chantier (préfabrication foraine). Cette fiche rappelle les exigences qui doivent être prises en compte lors des étapes de la préfabrication. Définitions n Prédalle Béton Bé Bét étton to on n coulé cou ullé é in in situ ssittu tu Dalle de béton, armé ou précontraint, utilisée en tant que fond de coffrage pour le béton coulé en place, avec lequel elle forme la dalle monolithe. Elle constitue la partie inférieure du plancher et comporte tout ou partie de l’armature inférieure. Mustang Prédalle Coupe sur prédalle n Prédalle en béton armé Prédalle Prédalle dont les armatures de béton armé constituent l’armature principale de la dalle composite. © Frédéric Vielcanet n Prédalle avec raidisseur Prédalle avec raidisseur Prédalle précontrainte Prédalle comportant des raidisseurs constitués de poutrelles métalliques en treillis, généralement parallèles à la direction principale de la dalle composite. Ils contribuent à la résistance et à la rigidité de la dalle dans les phases provisoires. n Prédalle en béton précontraint Prédalle dont les armatures de précontrainte par prétension constituent l’armature principale de la dalle composite. Dimensions et tolérances dimensionnelles Norme NF EN 13747 – Article 4.3 Les prédalles traditionnelles ont une épaisseur généralement comprise entre 5 et 8 cm ; elles nécessitent toujours un étaiement pour pouvoir résister aux charges qui leur seront appliquées, notamment lors du bétonnage (Fig. 1). Il existe également des prédalles épaisses répondant à des besoins spécifiques (tablier de pont, par exemple), et qui ne font pas l’objet de la présente fiche. Tolérances : • longueur = ± 2 cm • largeur = + 0,5 cm, - 1 cm • épaisseur = + 1 cm, - 0,5 cm • implantation des réservations = ± 3 cm Un projet de normalisation des règles de conception et de mise en œuvre des prédalles (PR NF DTU 23.4) est en cours de finalisation (courant 2014). L’engagement des professionnels La Fédération de l’industrie du béton (FIB) et l’Union de la maçonnerie et du gros œuvre (Umgo) ont rédigé une charte commune, appelée « charte QUALIpreDAL ». Cette charte spécifie l’ensemble des prescriptions minimales que s’engagent à respecter les fournisseurs et les utilisateurs afin que le recours aux prédalles s’effectue dans les règles de l’art. Fig. 1 Dimensions des prédalles / [ O / W [ O / W [ Le respect de cette charte conduit à un environnement favorable aux conditions de travail des salariés de la profession. À ce titre, elle est donc intégrée aux exigences complémentaires relatives à l’emploi des prédalles. La charte précise différents points relatifs à la fabrication. A Prédalles traditionnelles Mustang • EN 13747-2 « Produits préfabriqués en béton – Prédalles pour systèmes de planchers – Prescriptions spécifiques aux prédalles en béton armé ». • EN 13747-3 « Produits préfabriqués en béton – Prédalles pour systèmes de planchers – Prescriptions spécifiques aux prédalles en béton précontraint ». / [ B Prédalles épaisses Exigences normatives Les prédalles traditionnelles relèvent de la procédure d’avis technique, formulé par le groupe spécialisé n° 3 et publié par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Les exigences relatives à ces produits sont définies dans le Cahier des prescriptions techniques, Titre II (CPT « Planchers »). À noter que les prédalles en béton armé ne font généralement pas l’objet d’avis techniques et sont assujetties aux règles générales de calcul BAEL 91 (béton armé aux états limites). Les travaux de normalisation européenne des prédalles ont abouti à la parution de la norme produit NF EN 13747 pour le dimensionnement des ouvrages de plancher réalisés avec des prédalles. La norme comprend trois parties : • EN 13747-1 « Produits préfabriqués en béton – Prédalles pour systèmes de planchers – Prescriptions communes aux différents types de prédalles ». • Les fabricants de prédalles : ––fournissent des documents techniques clairs et uniformisés ; ––assurent une logistique d’approvisionnement de l’entreprise (planning de livraison, détails des chargements) ; – –participent à l’élaboration de la formation du personnel chantier (étaiement, pose, ferraillage, réalisation des joints) ; ––livrent des produits marqués CE et certifiés NF ; – –signent, pour chaque chantier, un protocole d’application ; –font – la promotion de la démarche QUALIpreDAL. • Les entreprises de gros œuvre : ––diffusent les documents nécessaires à la bonne exécution du chantier ; – –fournissent les informations concernant les délais et l’avancement ; elles anticipent les événements susceptibles de provoquer des modifications de planning ; –exigent – des produits marqués CE et certifiés NF ; – –signent, pour chaque chantier, un protocole d’application ; –font – la promotion de la démarche QUALIpreDAL. Les principaux risques • Constitution de la prédalle Défauts de conception des prédalles. Ruine due à une résistance insuffisante. Effet « ventouse » lors du démoulage de la prédalle. Géométrie non conforme au plan. Position défectueuse des armatures. 2 Fiche Prévention - E4 F 04 13 - © oppbtp 2013 • Par la nature de son contrat, l’intégration des phases provisoires dans le calcul des structures est une tâche qui entre naturellement dans son processus de conception. Ancrage des boucles insuffisant. Défauts de rugosité de surface (rainures ou creux trop profonds). Les conséquences en termes de délai seront développées dans le paragraphe correspondant. • Aires de préfabrication Poste de travail en élévation : chute de hauteur, accès inadaptés. Les dispositifs de manutention Surfaces glissantes : chute de plain-pied. Manutention de pièces dans un milieu encombré et res- treint : heurts. Présence d’équipements gaz pour opérations de chauffage (tuyaux, brûleurs…) : risques de brûlure/explosion. Les dispositifs de manutention sont constitués de barres en acier rond lisse de nuance Fe E 235, dont le diamètre ne doit pas être inférieur à 10 mm, et façonnées en boucles. La boucle doit être cintrée en arc de cercle de diamètre (« D ») ≥ 4 (diamètre de l’acier). D doit être supérieur à l’épaisseur « e » du crochet de levage utilisé. Le rayon de courbure « r » de la section du crochet en contact avec la boucle doit respecter les conditions : 0,3D < r < 0,5D (Fig. 2). • Poste de travail Postures pénibles lors des ferraillage et bétonnage. Port de charges important lors de la pose des armatures. Exposition aux bruits lors des étapes de vibration. • Risques chimiques Risques toxiques, cutanés, cancérigènes liés Fig. 2 aux huiles de démoulage. Risques corrosifs par utilisation de ciments et de produits dérivés. Diamètre de boucle de levage Ø r Les risques liés aux phases provisoires et aux défauts de coordination pour Ø ≤ 16 mm e D D Mustang Les rôles des intervenants, qui sont souvent des entités distinctes, sont répartis selon les différentes phases. D ≥ 4Ø • L’entreprise décide des modes constructifs, éventuellement en missionnant un bureau des méthodes externe, sans avoir la connaissance des incidences de ses choix sur les calculs de structure. Ø • Les différents corps d’état expriment leurs be(mm) soins en inserts et réservations dans les prédalles. 10 • Le bureau d’études de structure, prestataire de 12 l’entreprise, dimensionne l’ouvrage en fonction 14 de son usage fini. Il ne tient pas compte des 16 phases provisoires liées aux modes constructifs (modalités de mise en œuvre de chaque 20 élément, temps de séchage, délai entre chaque phase), sauf si cette mission lui est confiée, et que les informations correspondantes lui sont fournies. • Le fabricant d’éléments préfabriqués réalise les prédalles issues du calcul de structure. Il ne prend en compte les modes constructifs que si l’information correspondante lui est fournie. Compte tenu de la présence de plusieurs intervenants, il importe que l’un d’entre eux regroupe tous les éléments de décision au moment de la conception du produit. F (kN) DIAMèTRE intérieur minimal D de la boucle (mm) RAYON DE COURBURE du crochet en acier forgé à utiliser (mm) Minimal Maximal 15 40 12 20 22 48 14,4 24 30 56 16,8 28 40 64 19,2 32 60 100 30 50 Chaque boucle de levage doit être ancrée sous les armatures principales, enserrer l’une d’elles et être liée à ces dernières (Fig. 3). Le scellement dans la prédalle des branches inférieures des boucles doit être assuré pour un effort égal à la totalité de la résistance de l’acier constitutif. Le bureau d’études de structure est l’entité la mieux placée pour remplir ce rôle. Dans le cas de prédalle dont la portée est supérieure à la largeur, il est souhaitable que le plan de la boucle soit parallèle aux armatures principales ; cette disposition limite le risque de pliage de la boucle dans le sens transversal au moment du levage. • Par sa position de sachant, il peut prendre en compte l’ensemble des paramètres et fournir la solution la plus adaptée aux contraintes de chacun. Le dépassement de la boucle par rapport à l’extrados de la prédalle et son diamètre intérieur de façonnage doivent permettre le passage du crochet de levage. 3 Fiche Prévention - E4 F 04 13 - © oppbtp 2013 Fig. 3 Armature principale enserrée par la boucle (ou 1 m mini) Ligature Mustang Crochet éventuel Boucle oblique Ancrage des boucles sous les armatures Effort statique admissible sur une boucle L’effort statique F que l’on peut faire supporter, dans les conditions les plus favorables, par une boucle constituée d’un acier de diamètre G, a pour intensité : F = 15 ز avec F en kN et Ø en cm. Prédalles armées de raidisseurs Les prédalles armées de raidisseurs constitués de poutres en treillis doivent par défaut être équipées de boucles de levage pour éviter l’arrachement des raidisseurs ou la rupture de leurs éléments (Fig. 4). Fig. 4 Mise en place des boucles de levage de prédalles Boucle droite protection contre les chutes. Compte tenu des modes opératoires, les lisses et les montants doivent être convenablement bloqués (Fig. 5). L’emplacement des réservations pour garde-corps résulte de l’analyse du mode opératoire et du plan de bétonnage. Ceci permet de définir le tracé des garde-corps et la position des montants, compte tenu des portées admissibles des lisses et du sens de pose des prédalles. Les implantations des montants doivent faire l’objet d’un plan de calepinage transmis à l’atelier de préfabrication. • Montants de garde-corps enfichables (Figures 6 à 9) Les réservations sont constituées de fourreaux de diamètre adapté, métalliques ou PVC. Pour les maintenir en place sur le coffrage et absorber les efforts appliqués sur les gardecorps, ils sont, par exemple, incorporés dans de petits blocs de béton préfabriqués. En fonction de la résistance limitée du Fig. 5 – Dispositif en matériaux de synthèse d’accueil de garde-corps (procédé DAK de KP1). Inserts et réservations Selon la méthode de pose choisie, il y aura lieu d’incorporer, lors de la fabrication de la prédalle, certains éléments nécessaires à la fixation des garde-corps ou des dispositifs de © Frédéric Vielcanet Certains fournisseurs assurent une liaison continue entre les raidisseurs et le treillis structurel. Cette disposition doit être conforme aux prescriptions du CSTB, incluses dans le CPT plancher, titre II. Dans ce cas seulement, la prédalle peut être levée par le raidisseur. 4 Fiche Prévention - E4 F 04 13 - © oppbtp 2013 béton jeune, la tenue du dispositif choisi doit être systématiquement vérifiée. • Trémies réservées dans les prédalles (Figures 10 à 13) Les trémies doivent comporter des dispositifs de protection contre les chutes. Selon les dimensions forcément limitées de ces réservations, on peut laisser courir le treillis soudé de l’armature, ce qui renforce la zone fragile avant l’achèvement de la dalle définitive. En raison du maillage, cette protection doit être complétée par un platelage adapté. Fig. 6 – Dispositif d’accueil métallique. Fig. 7 – Dispositif métallique protégé par bouchon plastique. On peut également positionner dès la préfabrication : –– des réservations en béton cellulaire dans lesquelles les carottages des corps d’état techniques seront effectués ; –– des réservations avec des fourreaux (ou gaines, selon dimension) PVC ou métalliques ; –– des inserts destinés aux autres corps d’état (pots des électriciens, insert pour accrochage de rails…). Cette démarche nécessite une coordination dans l’élaboration des plans de prédalles. Fig. 8 – Câblette pour accrochage garde-corps tripode. Fig. 9 – Accrochage du garde-corps sur raidisseur. Les aires de préfabrication foraine La surface de l’aire doit être maintenue en bon état, en particulier être nettoyée et huilée avec soin afin de favoriser le démoulage. Cela évite la détérioration des boucles et de leur ancrage ainsi que la surcharge de l’engin de levage (Figures 14 à 16). Fig. 10 – Réservation par boîte en bois avec fond de coffrage (protection contre la chute de hauteur). PVC. Fig. 11 – Réservation par fourreaux Fig. 12 – Réservation par béton cellulaire. Fig. 13 – Réservation par fourreaux métalliques. © Fehr Un plan d’installation doit être élaboré, en tenant compte de l’ensemble des contraintes qui s’exercent sur le poste de travail et, notamment : –– de l’emprise du (des) banc(s) ; –– des circulations autour des postes de travail ; –– des stockages de matériaux (treillis soudés, mannequins, profils, écarteurs, etc.) ; –– du système de chauffage (veiller à l’implantation des réserves et des alimentations gaz) ; –– d’autres matériels connexes (bâches, règles, etc.). Lorsque l’aire de préfabrication est surélevée, notamment en raison de l’installation de chauffage en sous-face, il y a lieu d’aménager un accès adapté et des protections périphériques. L’aire de préfabrication est un milieu encombré (treillis soudés, équipements de coffrages, déchets de béton…) qu’il convient de ranger et de nettoyer quotidiennement. Une mise en température correcte du banc de préfabrication permet au béton des prédalles d’effectuer sa prise dans de bonnes conditions, ce qui garantit la tenue de la pièce préfabriquée lors de sa manutention et la pérennité de l’ouvrage réalisé. 5 Fiche Prévention - E4 F 04 13 - © oppbtp 2013 Le choix du produit démoulant être fait en tenant compte de sa faible glissance et de l’absence d’éléments nocifs (privilégier les huiles à base de produits végétaux). La levée de la prédalle juste après séchage est un moment critique. L’ouvrage est sensible et les risques d’effondrement sont maximaux. Il est nécessaire, à ce stade, de contrôler la maturité du béton avant le démoulage et de lever précautionneusement la pièce en limitant les effets de succion. Les délais de fabrication L’établissement des plans d’exécution s’effectue selon un schéma classique en bâtiment. Fig. 14 – Préparation et graissage de l’aire de préfabrication. L’organisation de la pose des différents éléments préfabriqués conditionne en partie la fabrication et les inserts. Chaque intervenant a ses impératifs de réalisation, ce qui nécessite une bonne anticipation des exigences de chacun. Pour y souscrire, il convient d’intégrer, le plus tôt possible, les dates de chaque intervention dans un « rétroplanning » établi en début d’opération et mis à jour tout au long de la phase d’exécution. Pour établir le plan de préconisation de pose, il est recommandé de réaliser les phases suivantes. • L’entreprise envoie au fabricant les plans de coffrage et de réservations « Bon pour exécution » sous forme numérique et papier (J-15). • Le fabricant établit le plan de préconisation de pose (J-12). • L’entreprise fait contrôler, par le bureau d’études structure, l’indice des plans de coffrage et de réservation, les hypothèses de calcul, les suspentes et les diverses modifications. En parallèle, elle vérifie l’adéquation avec ses modes constructifs (J-9). • Après retour du bureau d’études, l’entreprise confirme au fabricant le « Bon pour fabrication » (J-7). • L’entreprise commande les armatures complémentaires correspondant au plan de préconisation de pose (J-5). • Le fabricant réalise les prédalles correspondant au plan de pose (J-5). Les délais entre parenthèses sont fournis à titre indicatif et susceptibles d’être aménagés en fonction de la charge de travail de chaque intervenant et de la complexité de l’ouvrage. Ils supposent que les éléments soient mis en œuvre le jour J. Documents à consulter •Cahier des prescriptions techniques communes aux procédés de planchers (CPT « Planchers » – Avis technique) – Titre Il « Dalles pleines confectionnées à partir de prédalles préfabriquées et de béton coulé en œuvre » (en particulier chapitre Il B.1 et section C). •Norme NF EN 13747, mise à jour le 13/09/2012 Fig. 15 – Ferraillage de prédalles. (P19-809) : « Produits préfabriqués en béton – Prédalles pour systèmes de planchers » (www.afnor.org). •Charte QUALIpreDAL du 24 juillet 2008 (FIB et Umgo – www.qualipredal.fr). •Manutention des éléments préfabriqués avec des boucles de levage. Fiche prévention, E4 F 01 10, OPPBTP. •Manutention des éléments préfabriqués en béton au moyen de dispositifs spécifiques. Fiche prévention E4 F 02 10, OPPBTP. •Manutention des prédalles et des poutrelles BA du bâtiment par boucles de levage. Fiche prévention, E4 F 03 10, OPPBTP. •Prédalles – Manutention, stockage et transport. Fiche prévention, E4 F 05 13, OPPBTP. Fig. 16 – Un milieu qui nécessite un rangement et un nettoyage quotidiens. •Prédalles – Mise en œuvre et stabilité en phase provisoire. Fiche prévention, E4 F 06 13, OPPBTP. OPPBTP 25, avenue du Général Leclerc - 92660 Boulogne-Billancourt Cedex - 01 46 09 27 00 - www.preventionbtp.fr 6 Fiche Prévention - E4 F 04 13 - © oppbtp 2013