Charles de Foucauld Un chemin tellement déroutant et particulier qu

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Charles de Foucauld Un chemin tellement déroutant et particulier qu
Charles de Foucauld
Un chemin tellement déroutant et particulier qu’on oserai à peine l’imaginer pour un
roman noir. En effet, parmi les hommes sont ils nombreux ceux qui on su parcourir le
sentier rocailleux qui mène de la plus grande des débauches à la plus pure des
saintetés jusqu’à en mourir ? Lorsque l’enfant parait le 15 septembre 1858 à
Strasbourg, sa soeur Marie à 3 ans.
Il est accueilli avec joie dans une famille aristocratique dont la devise est « Jamais
arrière » et baptisé dès sa naissance. Malheureusement ses parents meurent l’un
après l’autre en 1864. L’enfant qu’il est encore en conservera une profonde blessure.
Sa sœur et lui-même furent confiés à leur grand-père maternel, le colonel de Morlet,
bon mais faible.
La guerre Franco-Allemande de 1870 survint, la France perdit l’Alsace et la Lorraine,
c’est ainsi que la famille quitta Strasbourg pour Nancy et opta pour la nationalité
française.
Charles fit alors ses études secondaires à Nancy puis à Paris chez les Jésuites.
Baccalauréat en poche, il envisage une préparation à Saint Cyr en 1876.
Malheureusement, il fut renvoyé en cours d’année, pour paresse et indiscipline.
Charles situe la perte de sa foi vers 16 ans, en fin de secondaire.
« Moi qui ai été, dès mon enfance entouré de tant de grâces, fils d’une sainte mère »
Novembre 1897
Son grand-père meure alors qu’il n’a que 20 ans. En revanche il hérite d’une grosse
fortune qu’il va dilapider rapidement. Néanmoins (il faut bien occuper son temps) il
entre à l’école de cavalerie de Saumur en 1878 pour en sortir en 1879, pas dans la
botte, mais 87ème sur 87 (bien sûr l’on ne peut pas tout faire) car il mène une vie
dissolue, faite d’actes d’indiscipline et d’excentricité, il se déguise…. Même en
mendiant.
En garnison à Pont-à-Mousson, il s’affiche avec une jeune femme de mauvaise vie
(ça existe) avec une réputation douteuse, mais du très joli prénom de Mimi, nous
sommes en 1879. 1880 : son régiment est envoyé en Algérie, le mandrin ose
prétendre que cette jeune Mimi est son épouse. Bien sûr la supercherie est bien
entendu découverte et l’armée somme Charles de renvoyer «cette créature ». Refus
catégorique de celui-ci qui préfère à tout prendre être mis en non-activité par retrait
d’emploi. C’est ainsi qu’il revient en France à Evian.
1881 : Apprenant que son régiment est engagé dans une action dangereuse en
Tunisie, il abandonne Mimi, demande sa réintégration et rejoint un nouveau régiment
dans le Sud Oranais. Complet changement de Charles, il se montre durant 8 mois un
excellent officier apprécié tant de ses chefs que des soldats.
Je m’éloignais de plus en plus de vous,
Seigneur. Toute foi avait disparu de ma vie »
Retraite
1882 : Il fut séduit immédiatement par l’Afrique du nord, démissionne de l’armée et
s’installe à Alger pour préparer de façon scientifique un voyage de reconnaissance
au Maroc. Il apprend l’arabe et l’hébreu.
De juin 1883 à mai 1884 il parcourt clandestinement le Maroc déguisé en rabbin et
conduit par le rabbin Mardochée, risque sa vie à plusieurs reprises. Il est frappé par
la foi et la prière des Musulmans.
Charles pense à se marier à Alger en 1884 mais il fut obligé de rompre, sa famille
étant totalement opposée à ce mariage. Il reçoit la médaille d’or de la Société
Française de géographie pour se reconnaissance au Maroc.
1885-1886 : voyage dans les oasis du Sud Algérien et Tunisien, puis de retour en
France, il retrouve sa famille et notamment sa cousine Marie de Bondy.
Il rédige « Reconnaissance au Maroc », vit très sobrement en ascète et s’interroge
sur la vie intérieure, la spiritualité. Charles rentre fréquemment dans les églises –
sans foi – et repère cette étrange prière : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je
vous reconnaisse ».
Fin octobre 1886, il rentre dans l’église Saint Augustin à Paris pour demander à
l’Abbé Huvelin (qui lui a fait connaître Marie de Bondy) des leçons sur la religion.
Celui-ci lui demande de se confesser et de communier immédiatement. C’est le point
d’orgue de sa conversion, le moment précis ou tout « bascule ».
Dans les années 1887-1888, il séjourne dans sa famille, en province chez sa sœur
Marie et commence à penser à la vie religieuse, puis de décembre 88 à janvier 1889.
Charles part en Terre Sainte et Nazareth le marque fortement. C’est alors qu’il rentre
en France et donne tous ses biens à sa sœur, fait plusieurs retraites pour chercher
un ordre religieux où il pourrait entrer.
Intérieurement il lui semble vouloir vivre « la vie cachée de l’humble et pauvre ouvrier
de Nazareth ». C’est la trappe qui lui semble le mieux convenir comme ordre
religieux.
Le 15 janvier 1890, il part à la Trappe Notre Dame des Neiges en France. 6 mois
après il quitte la France pour la Syrie à Akbès, fait un premier projet de congrégation
religieuse « à sa manière » afin que les religieux vivent comme il imagine que Jésus
vivait à Nazareth « Je soupire après Nazareth »… écrit-il. Charles demande à être
dispensé des vœux. En octobre 1896, il est envoyé à Rome pour des études et en
janvier 1897, l’Abbé général des Trappistes le laisse libre de suivre sa vocation.
Dès le mois de mars 1897, il est… à Nazareth où il s’engage comme domestique des
Clarisses et vit dans une cabane près de leur clôture. Il obtint la permission de se
rendre seul à Nazareth et d’y vivre inconnu, en ouvrier, de son travail. Il vit sa
solitude dans la prière, l’adoration et la méditation de l’Evangile. Il reste ainsi un peu
plus de 3 ans.
Peu à peu, les clarisses et son confesseur, l’Abbé Huvelin, l’amènent à accepter de
demander l’ordination sacerdotale. Il rentre en France, à Notre Dame des Neiges
pour se préparer.
« Par le seul fait que je célébrerai la Messe …
je rendrai à Dieu la plus grande gloire et je ferai aux hommes le plus grand bien »
Lettre du 26 avril 1900
Le 9 Juin 1901, il est ordonné prêtre à Viviers en Ardèche. C’est en septembre 1901
que Charles de Foucauld va à Alger, il s’établit à Ben-Abbès où il construit
un ermitage pour fonder une fraternité de moines.
« L’Islam a produit en moi un profond bouleversement »
Lettre du 8-7-1901
« Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire
autrement que de ne vivre que pour lui, afin de lui ressembler plus encore»
Lettre août 1901
« Ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand »
14 Août 1901
1902, il alerte des amis et les autorités sur le drame de l’esclavage… et rachète
plusieurs esclaves.
« Continuer au Sahara la vie cachée de Jésus de Nazareth, non pour prêcher,
mais pour vivre dans la solitude, la pauvreté, l’humble travail de Jésus.
Avril 1904
1905 : tournée chez les Touaregs où il apprend leur langue. Il est à noter qu’aucun
prêtre n’avait pénétré chez eux avant lui. Pour les Touaregs, il construit un
catéchisme en langue locale et commence à traduire l’Evangile.
Un compagnon se joint à lui en 1906, c’est le frère Michel, mais très rapidement il
tombe malade et doit repartir.
Charles entreprend un énorme travail scientifique sur la langue des Touaregs, leurs
chants, leurs poésies, il se fait aider par un homme du pays, ceci en juillet 1907.
A Tamanrasset, il est seul chrétien, ne peut pas célébrer l’Eucharistie, mais il choisit
de rester quand même… par amitié pour ces personnes dont il partage la vie. Cela
durera six mois, puis il recevra enfin l’autorisation de célébrer seul, mais pas de
garder le Saint de Sacrement.
Epuisé, il tombe malade en janvier 1908 et frôle la mort. Les Touaregs le sauvent en
partageant le peu de lait de chèvre qui leur reste en ces temps de sécheresse.
Charles est dépendant de ces voisins… il réalise que l’amitié, l’amour des frères
passe par l’échange, la réciprocité. Il se remet doucement et en 1909/1911 et
1913 part faire trois voyages en France pour présenter son projet d’une « Union des
frères et sœur du Sacré-cœur », association de laïcs « de fervents chrétiens de
toutes conditions capable de faire connaître par leur exemple ce qu’est la religion
chrétienne, et de faire « voir » l’Evangile dans leur vie »
(Règlement-conseils) 1909/1913.
« Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant on doit dire Puisque
cet homme est si bon… sa religion doit être bonne »
1909
En 1914, la guerre éclate en France. Charles de Foucauld reste à Tamanrasset sur
les conseils de Laperrine, un militaire de ses amis.
1915 : le désert est agité : rezzous marocains, sénousites de Libye menacent.
Pour protéger les populations, Charles de Foucauld construit un fortin à
Tamanrasset. Il s’y installe en attendant d’accueillir les gens d’alentour en cas de
danger.
Il continue à travailler poésies et proverbes Touaregs.
Le 1er décembre 1916, des Touaregs sous influence sénousite l’attirent hors du
fortin, s’emparent de lui et le ligotent. Pendant le pillage, des militaires sont annoncés
de façon inattendue. C’est l’affolement… une balle part. Il est tué. Sa dépouille est
enterrée dans le fossé qui entoure le fortin.
« Notre anéantissement est le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à
Jésus et de faire du bien aux âmes »
1er décembre 1916 à Marie de Bondy
« Quand le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, s’il meurt, il porte
beaucoup de fruits ; je ne suis pas mort, aussi je suis seul…Priez pour ma
conversion afin que mourant, je porte du fruit »
À Suzanne Perret
A sa mort, Charles de Foucauld est seul… ou presque.
En France, il y a 49 inscrits à l’association des Frères et Sœurs du Sacré Cœur de
Jésus qu’il a réussi à faire approuver par les autorités religieuses.
En 2005 : 19 groupes différents, de laïcs, prêtres, religieux ou religieuses vivent
l’Evangile à travers le monde, suivant les intuitions de Charles de Foucault.
Charles de Foucauld a été béatifié en Novembre 2005.
1ère prière de Charles de Foucauld
«Ayez foi en Dieu.Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous le
recevrez et cela vous sera donné».Combien de fois vous nous répétez ces paroles,
mon Dieu, dans tous les Evangiles et dans les même termes! Combien il faut qu'elles
soient importantes pour que vous nous les inculquiez avec tant d'insistance! Faitesmoi donc la grâce, ô mon Dieu, de bien m'en pénétrer... Tout ce que je vous
demande, pourvu que je vous le demande avec foi, avec confiance que je le recevrai
de vous, vous me l'accorderez : pourvu toutefois que je ne vous demande pas une
chose qui me soit nuisible, ou un bien médiocre qui paraît grand à mes yeux et à la
place duquel vous voulez me donner un bien vraiment grand. Vous êtes un père, un
père tout-puissant et infiniment sage, comme infiniment bon et tendre.»
Dans l'Esprit de Jésus, Charles de Foucauld, éditions Nouvelles Cités
2ème prière de Charles de Foucauld
«Soyons délicats sans fin dans notre charité ; ne nous bornons pas aux grands
services, ayons cette tendre délicatesse qui entre dans les détails et sait par des
riens mettre tant de baume dans les cours «donnez-lui à manger» dit Jésus. Entrons
de même avec ceux qui sont près de nous dans les petits détails de santé, de
consolations, de prières, de besoins, consolons, soulageons par les plus minutieuses
attentions ; ayons pour ceux que Dieu met près de nous, ces tendres, délicates
petites attentions qu'auraient entre eux des frères tendres et des mères très tendres
pour leurs enfants, afin de consoler autant que possible tous ceux qui nous entourent
et d'être pour eux un objet de consolation et un baume comme le fut toujours NotreSeigneur pour tous ceux qui l'approchèrent».
Dans la bonté de Dieu, Charles de Foucauld, Nouvelles Cités
3e prière de Charles de Foucauld
«Tout ce que vous demanderez en mon nom à mon Père, je le ferai.». Non
seulement Notre Seigneur nous dit de prier, non seulement il nous en donne
l'exemple, non seulement il nous promet de nous exaucer, mais encore il nous donne
la recette, si j'ose ainsi parler, de rendre nos prières infaillibles. Usons donc de cette
recette, qu'il nous donne comme un dernier gage d'amour, pendant les dernières
heures qu'il passe sur la terre. Usons-en très fidèlement, et par pur amour pour faire
honneur à son don, à son cadeau suprême ; et pour rendre efficace les prières que
nous faisons en vue de sa propre gloire, de la consolation de son cour.»
Dans l'Esprit de Jésus, Charles de Foucauld, éditions Nouvelles Cités
4e prière de Charles de Foucauld
«Très sainte Vierge, je me donne à vous, Mère de la Sainte Famille, faites-moi
mener la vie de la divine Famille de Nazareth. Faites que je sois votre digne enfant,
le digne enfant de saint Joseph, le vrai petit frère de Jésus. Je remets mon âme entre
vos mains, je vous donne tout ce que je suis pour que vous fassiez de moi ce qui
plaît le plus à Jésus. Si j'ai quelque résolution spéciale à prendre, faites-la moi
prendre. Portez-moi. Je veux une seule chose : être et faire à tout instant ce qui plaît
le plus à Jésus. Je vous donne et vous confie, Mère Bien-aimée, ma vie et ma mort.»
Dans son Carnet, le 15 août 1905, cité dans Charles de Foucauld, « le chemin vers
Tamanrasset », Antoine Chatelard, Karthala
5e prière de Charles de Foucauld
«Mon Dieu, je vous aime, je vous adore, je vous appartiens, je me donne à vous, que
ce ne soit pas moi qui vive, mais vous qui viviez en moi. Faites que je sois et fasse à
tout instant ce qui vous plaît le plus ; et qu'il en soit de même de tous vos enfants .
Amen»
Cité par Antoine Chatelard dans Charles de Foucauld, « le chemin vers
Tamanrasset », Karthala
6e prière de Charles de Foucauld
«Ne faites pas de la maison de mon Père un lieu de marché» Saint Jean, 2,16.Notre
âme est une maison de prière : elle est faite pour contempler Dieu pendant l'éternité,
et dès cette vie elle doit prier sans cesse : ne faisons pas de ce lieu de prière un lieu
de marché : ne remplissons pas cette âme qui doit être pleine de la pensée de Dieu
de pensées terrestres, de la pensée de biens matériels, de choses périssables : n'en
faisons pas un marché, un lieu de tumulte, de bruit, un lieu où mille objets trouvent
leur place, s'entassent les uns sur les autres, un lieu ouvert à tout venant, où toute
choses, tout homme et tout démon peut entrer, parler, crier, apporter sa
marchandise, un lieu de va et vient, de trouble, où les choses inutiles, les plus bases,
les plus viles, les plus coupables s'entassent pêle-mêle.»
Dans l'Esprit de Jésus, Charles de Foucauld, éditions Nouvelles Cités
7e prière de Charles de Foucauld
«Cour sacré de Jésus, merci de me montrer si clairement qu'une seule chose est
nécessaire : vous aimer de tout mon cour, car le travail que nous pouvons faire pour
vous, bien que ce soit notre devoir strict de le faire de toutes nos forces et que ce
soin extrême de faire et de faire le mieux possible tout ce que vous nous conseillez si
peu que ce soit, fasse inséparablement partie de l'amour, cependant il reste vrai que
ce travail, vous n'en avez ni ne pouvez en avoir besoin, et que nous sommes des
serviteurs inutiles.»
Dans l'Esprit de Jésus, Charles de Foucauld, éditions Nouvelles Cités
8e prière de Charles de Foucauld
«Aie confiance, ma fille, ta foi t'a guérie». La vertu que notre Seigneur récompense,
la vertu qu'il loue, c'est presque toujours la foi. Quelquefois il loue l'amour, comme
dans Magdeleine, quelquefois l'humilité, mais ces exemples sont rares : c'est
presque toujours la foi qui reçoit de lui récompenses et louanges. Pourquoi ? Sans
doute parce que la foi est la vertu sinon la plus haute,(la charité passe avant)du
moins la plus importante, car elle est le fondement de toutes les autres, y compris la
charité, et aussi parce qu 'elle est la plus rare. Avoir vraiment la foi, la foi qui fait
marcher dans la vie avec un calme, une paix, une joie profonde, (.) qui fait voir tout
sous un autre jour, qui fait entreprendre sans hésiter, sans rougir, sans craindre,
sans reculer jamais tout ce qui est agréable à Dieu, ô que cette foi est rare ! Mon
Dieu, donnez-la moi ! Mon Dieu faites que je croie et que j'aime ! Mon Dieu donnezmoi la foi, je vous le demande au nom de Notre Seigneur Jésus Christ. Amen»
Dans l'Esprit de Jésus, Charles de Foucauld, éditions Nouvelles Cités

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