theme 3 le siecle des totalitarismes
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THEME 3 LE SIECLE DES TOTALITARISMES QUESTION 2 LA FIN DES TOTALITARISMES CHAPITRE 1 LA DENAZIFICATION DE L’ALLEMAGNE ET LE PROCES DE NUREMBERG CHAPITRE 1 LA DENAZIFICATION DE L’ALLEMAGNE ET LE PROCES DE NUREMBERG INTRODUCTION Définition du sujet : Il s’agit de montrer et de comparer deux processus différents de sortie du totalitarisme, l’un, la dénazification, plus brutal, lié à la défaite militaire et conduit de l’extérieur ; l’autre, la sortie du totalitarisme soviétique est un processus plus progressif et lent malgré l’impression de brutalité de l’effondrement du régime dans les années 1990. Seule l’étude de ce processus sur le long terme permet de comprendre toute ces dimensions. On entend par dénazification le processus conduit par les Alliés au lendemain de la 2nde Guerre mondiale afin d’éradiquer le nazisme dans les institutions et la vie politique allemande et dans toutes les sphères de la société allemande (politique, économique et culturelle). Ce processus répond également à des objectifs éducatifs puisqu’il s’agit de reconstruire une société sur des bases démocratiques. Problématique : 1 Quelles sont les modalités de l’éradication du nazisme dans les différentes zones d’occupation ? Quel est l’impact de la Guerre Froide naissante sur le processus de dénazification ? Plan de la leçon : Les objectifs de la dénazification : punir et rééduquer. Les mises en œuvre de la dénazification. Les problèmes et limites de la dénazification. ________________________________________________________________________________ 1- Les objectifs de la dénazification : punir et rééduquer EXERCICE INTRODUCTIF DOCUMENTS : Objectifs et mise en place du tribunal militaire de Nuremberg. Document 1 : Conférence de Potsdam, extrait du communiqué à la presse du 2 août 1945. « Le militarisme allemand et le nazisme seront extirpés, et les Alliés prendront d’accord, maintenant et dans l’avenir, les autres mesures nécessaires pour que l’Allemagne en puisse plus jamais constituer une menace pour ses voisins ou pour la paix du monde. […] Il n’est pas dans l’intention des Alliés de détruire ou de réduire en esclavage le peuple allemand. L’intention des Alliés est de donner au peuple allemand l’occasion de se préparer à refaire sa vie sur une base démocratique et pacifique. […] » Document 2 : Statut du tribunal de Nuremberg. Accord concernant la poursuite et le châtiment des grands criminels de guerre des puissances européennes de l’Axe. Conférence de Londres, 8 août 1945. Article Premier En exécution de l’Accord signé le 8 août 1945 par le Gouvernement Provisoire de la République française et les Gouvernements des Etats- Unis d’Amérique, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, et de l’URSS, un Tribunal Militaire International (dénommé ci-après « Le Tribunal »), sera créé pour juger et punir de façon appropriée et sans délai, les grands criminels de guerre des pays européens de l’Axe. Article 2 Le Tribunal sera composée de quatre juges, assistées chacun d’un suppléant. Chacune des Puissances signataires désignera un juge et un juge suppléant […] 2 Article 6 […] Les actes suivants, ou l’un quelconque d’entre eux, sont des crimes soumis à la juridiction du Tribunal et entraînent une responsabilité individuelle : Les Crimes contre la Paix : c’est- à -dire la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d’une guerre d’agression, ou d’une guerre en violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l’accomplissement de l’un quelconque des actes qui précèdent ; Les Crimes de guerre : c’est-à–dire les violations des lois et coutumes de guerre. Ces violations comprennent, sans y être limitées, l’assassinat, les mauvais traitements et la déportation pour les travaux forcés ou tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l’assassinat ou les mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l’exécution des otages, le pillage de biens publics ou privés, la destruction dans motif des viles et des villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires ; Les Crimes contre l’Humanité : c’est-à–dire l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation de Droit interne du pays ou ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. Document 3 : Déclaration d’ouverture du Procureur General Américain Robert H. Jackson (21 novembre 1945) « Messieurs de la Haute Cour, […] Le privilège d’inaugurer dans l’Histoire le premier procès pour ces crimes contre la paix du monde impose de graves responsabilités, Les crimes que nous cherchons à condamner et a punir ont été si prémédités, si néfastes et si dévastateurs que la civilisation ne peut tolérer qu’on les ignore car elle ne pourrait survivre à leur répétition. Que quatre grandes nations, exaltées par leur victoire, profondément blessées, arrêtent les mains vengeresses et livrent volontairement leurs ennemis captifs au jugement de la loi, est un des plus grands tributs que la force paya jamais à la raison. Ce tribunal, bien que nouveau et expérimental, n’est pas le résultat de spéculations abstraites. Il n’est pas créé pour justifier d’absurdes théories de droit. Ce procès représente l’effort d’ordre pratique de quatre des plus puissantes nations avec l’appui de dix-sept autres, pour recourir au droit international afin de faire face à la plus grande menace de notre temps, la guerre d’agression. Le sens commun de l’humanité exige que la loi ne soit pas limitée à la simple punition de crimes ordinaires commis par de petites gens. Il faut que la loi atteigne également les hommes qui possèdent de grands pouvoirs et qui en font usage délibéré et concerté, afin de mette en mouvement une série de maux qui n’épargnent aucun foyer dans le monde […]. 3 La véritable partie plaignante à votre barre est la civilisation. […] La civilisation demande si le droit est lent au point d’être absolument inefficace lorsqu’il s’agit de crimes d’une telle ampleur commis par des criminels. Elle n’espère pas que vous puissiez rendre la guerre impossible, mais elle espère que votre décision placera la force du droit international, ses prescriptions, des défenses et surtout ses sanctions au service la paix, de sorte que les hommes et les femmes de bonne volonté, dans tous les pays, puissent avoir la permission de vivre sans en demander l’autorisation a quiconque, sous la protection du Droit. » Cité dans Annette Wievorka, Le procès de Nuremberg, Paris, Ed. Linna Levi, 2006, pp. 60-64 Document 4 : La salle d’audience du Tribunal militaire international de Nuremberg aménagé par l’architecte EU Dian Kiley. 1 : Les accusés, 2 : Police militaire EU, 3 : Interprètes traduisant simultanément en allemand, français, anglais et russe, 4 : Grand écran pour la projection de films, 5 : Barre des témoins, 6 : Camera pour filmer le procès, 7 : Juges représentants les Etats vainqueurs, 8 : Greffiers et sténographes, 9 : Journalistes et observateurs, 10 : Procureurs et représentants de l’accusation, 11 : avocats de la défense. QUESTIONS 4 Quels sont les objectifs généraux de la politique des Alliés en Allemagne après la guerre selon la Conférence de Potsdam ? Pourquoi peut-on dire d’après ces documents que le procès de Nuremberg est à la fois le procès des vainqueurs mais aussi une tentative inédite de mettre en place des règles de droit international ? En quoi le plan de la salle montre qu’il s’agit bien d’un procès contradictoire et conforme aux principes fondamentaux de la justice ? QUESTIONS Quels sont les objectifs généraux de la politique des Alliés en Allemagne après la guerre selon la Conférence de Potsdam ? Pourquoi peut-on dire d’après ces documents que le procès de Nuremberg est à la fois le procès des vainqueurs mais aussi une tentative inédite de mettre en place des règles de droit international ? En quoi le plan de la salle montre qu’il s’agit bien d’un procès contradictoire et conforme aux principes fondamentaux de la justice ? QUESTIONS Quels sont les objectifs généraux de la politique des Alliés en Allemagne après la guerre selon la Conférence de Potsdam ? Pourquoi peut-on dire d’après ces documents que le procès de Nuremberg est à la fois le procès des vainqueurs mais aussi une tentative inédite de mettre en place des règles de droit international ? En quoi le plan de la salle montre qu’il s’agit bien d’un procès contradictoire et conforme aux principes fondamentaux de la justice ? QUESTIONS Quels sont les objectifs généraux de la politique des Alliés en Allemagne après la guerre selon la Conférence de Potsdam ? Pourquoi peut-on dire d’après ces documents que le procès de Nuremberg est à la fois le procès des vainqueurs mais aussi une tentative inédite de mettre en place des règles de droit international ? En quoi le plan de la salle montre qu’il s’agit bien d’un procès contradictoire et conforme aux principes fondamentaux de la justice ? 5 A- La situation de l’Allemagne au lendemain de la guerre. 1945 : « Allemagne, année zéro ». Le titre du film sorti en 1948 du réalisateur italien Roberto Rossellini évoque l’idée que tout est à reconstruire en Allemagne en 1945 : le pays, son économie et sa démocratie. L’Etat lui-même a disparu puisqu’Hitler s’est suicidé, ainsi qu’Himmler et Goebbels, tandis que d’autres ont été arrêtés ou ont pris la fuite. La population est exsangue : plus de 7 millions de morts, 10 à 12 millions de réfugiés, sans compter les problèmes de malnutrition et de sousalimentation. L’économie est paralysée : villes et infrastructures de transport détruites, marché noir, inflation. Dans ce contexte, l’Allemagne est occupée et demeure sous la tutelle des Alliés jusqu'à la construction d’une nouvelle démocratie. Le partage et l’occupation de l’Allemagne ont été décidés au moment de la Conférence de Yalta qui s’était tenue entre le 4 et le 11 février 1945 entre Churchill, Roosevelt et Staline. Au cours de la Conférence de Yalta, les décisions suivantes avaient été prises : Allemagne réduite au territoire de 1937 4 zones d’occupation, idem pour Berlin Autorité exercée par les militaires alliés (Allemagne non souveraine). Chaque puissance exerce son autorité sur sa zone, mais un Conseil de contrôle interallié (appelé aussi Commission quadripartite) se concerte pour les questions générales. La Conférence de Potsdam organisée entre le 17 juillet 1945 et le 2 août 1945, réunit les EUA (Harry Truman), l’URSS (Staline) et la GB (Churchill puis Clement Attlee). Elle est destinée à fixer le sort des nations ennemies. Elle définit le Programme des « 4D » : 6 Démilitarisation (réalisée assez facilement). Décartellisation (démantèlement des grandes entreprises liées au nazisme). Tandis que la France et l’URSS démontent massivement des usines, les anglo-saxons sont plus modérés. Dénazification. Démocratisation. On peut donc dire que la fin du régime totalitaire en Allemagne fut un processus rapide, imposé par la défaite militaire, et mené de force depuis l’extérieur. B- Premier objectif de la dénazification : punir et épurer. La priorité en 1945 est de punir les criminels de guerre nazis. Le premier volet de l’épuration est l’élimination des criminels de guerre. Le Procès de Nuremberg fut suivi de 12 « Procès successeurs » qui menèrent à la condamnation des Einsatzgruppen et des médecins. Ces procès s’appuient sur les propres archives des nazis. Cette épuration juridique se poursuit pendant des années jusqu'à nos jours (Ces crimes ne prescrivent pas). Le 2nd volet de l’épuration est l’épuration de l’administration, des medias, de la vie intellectuelle et culturelle. Cette épuration est demeurée partielle. Dans les zones EU, britannique et française, un million de fonctionnaires et de militaires sont renvoyés avec interdiction d’exercer une fonction publique. A cet effet, les EU instaurent un système de notation administrative afin d’évaluer le niveau d’implication des suspects dans l’appareil nazi. Pour cela, la population doit remplir des questionnaires (Frageboden) de 131 questions adressés à tous les adultes (13 millions dans la zone EU) permettant d’établir le niveau de compromission de chaque citoyen. Ensuite, ils sont classés par catégories : [Doc. page 226] Les catégories 1 et 2 rassemblent les principaux coupables qui relèvent de l’épuration juridique. 7 Les catégories 3 et 4 regroupent les individus « peu compromis » et les « suiveurs », renvoyés de leurs postes administratifs. Au total, 870.000 personnes perdent leur emploi, ce qui est peu au regard du nombre d’adhérents au parti Nazi qui compte 8,5 millions de membres dont la majorité des élites du pays (médecins, juges, fonctionnaires). La catégorie 5 concerne les « non coupables » qui obtiennent un certificat d’exonération qui permet d’obtenir un emploi ou un logement. UNE CONCEPTION DIFFERENTE DE L’EPURATION SELON L’IDEOLOGIE DES ALLIES. Cependant, parmi les Allies il existait des divergences quant à la pertinence des punitions individuelles : Tandis que les Britanniques associaient le nazisme à des individus, ils considéraient que l’élimination des individus allait suffire à faire disparaître le nazisme ; les Français replaçaient eux le nazisme dans la continuité de l’impérialisme Prussien depuis Bismarck et au lieu de le voir comme une singularité de l’Histoire. C’est pourquoi, les Français pensaient que la punition n’allait pas être suffisante. Les EUA étaient partagés entre ces deux visions. Quant aux Soviétiques, ils associaient la victoire du nazisme aux structures capitalistes de la société allemande et à la répartition du pouvoir économique au sein de cette société. Par conséquent, selon cette dernière vision la punition devait être accompagnée d’une révolution sociale. C’est pourquoi, ils posent les bases d’une société communiste dans leur zone d’occupation au moyen de l’expropriation des propriétaires terriens ou des industriels. Le processus se déroule de manière brutale avec la déportation de 120.000 personnes dans les camps de travail soviétiques. Sur la dénazification culturelle et intellectuelle, voir le film réalisé par le Hongrois Istvan Szabo, Taking Sides, le cas Furtwängler (sorti en 2002) : dans le contexte de la dénazification, le major EU Steve Arnold est chargé d’enquêter sur le prestigieux chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler. 8 C- Second objectif : rééduquer pour poser les bases d’une société démocratique. La dénazification fut autant affaire de pédagogie que de justice puisque l’objectif final consiste à reconstruire une société démocratique. Pour cela, les Alliés placent la population allemande devant ses responsabilités collectives. Plusieurs stratégies sont mises en place afin de susciter dans la population allemande une prise de conscience de sa responsabilité collective et individuelle. Parmi ces stratégies, se trouvent : Visite de camps de concentration imposée aux populations locales [Doc. 6, page 223] projection de documentaires, retransmission de procès à la radio dont celui de Nuremberg. Les manuels scolaires sont remplacés En outre, rapidement les Alliés transfèrent la gestion de leurs zones aux Allemands eux-mêmes. C’est ainsi, que les medias sont confiés à des Allemands, que les programmes scolaires sont réécrits et les universités rouvertes en 1946. La liberté d’expression est rétablie, la formation de syndicats et de partis politiques sont encouragée dans les Lander créés à l’Ouest. Des élections municipales sont organisées en 1947 et la même année chaque Land approuve sa Constitution par referendum. Finalement, comme la démocratie ne peut se reconstruire dans une société appauvrie et en ruine, l’aide économique du Plan Marshall permet de reconstruire le pays. 9 2. Les mises en œuvre de la dénazification. A- Le tribunal de Nuremberg, aux origines du Droit international. Même s’il n’en n’est pas le seul aspect, le Procès de Nuremberg est l’aspect le plus emblématique de la dénazification. Ce procès met en place une dimension nouvelle du droit international. Au cours d’un procès qui dure de novembre 1945 à septembre 1946, 22 hauts responsables nazis doivent répondre devant ce tribunal de 4 chefs d’accusation : - Complot pour dominer l’Europe, - Crimes contre la paix, - Crimes de guerre, - Crimes contre l’humanité. Ce dernier chef d’accusation constitue une véritable nouveauté juridique. Ce procès a cependant suscité de nombreuses critiques. PROCES ULTERIEURS Le concept de Crime contre l’humanité a ensuite donné lieu à des actions en justice ultérieures contre les nazis (Eichmann, Klaus Barbie) et inspire encore actuellement des actions des tribunaux internationaux. Mais les peines prononcées à Nuremberg (12 condamnations à mort, 7 à la prison à vie, et 3 acquittements) ne sont que l’un des aspects les plus connus de la dénazification. De nombreux autres procès de responsables nazis de rang moins élevé sont conduits par les puissances d’occupation dans leurs zones respectives. Pour les trois zones occidentales, ces procès donnent lieu à 5000 condamnations, dont 800 à mort sur lesquelles 486 sont exécutées. B- La place inédite des images dans le processus de dénazification. Le souci étant de conserver la mémoire des crimes, les images tiennent une place essentielle dans le processus de dénazification : l’intégralité du procès est filmée et diffusée radiophoniquement, 80 journalistes sont sur place, de 10 nombreuses images tournées dans les camps au moment de la Libération sont montrées. DOCUMENT VIDEO No1 : Film que les EU visionnaient impérativement à tout Allemand qui souhaitait son rationnement. www.youtube.com/watch?v=AAx2DwYi7Ow Questions : Comment est construite la séquence (progression, musique…) ? Quelle vision du rôle des Allemands pendant la 2nde Guerre mondiale est donnée ici ? Pourquoi, selon vous, les EU ont-ils rendu le visionnage de ce film obligatoire dans leur secteur d’occupation ? Réponses : Au début de l’excursion vers Buchenwald : plans généraux, sourires. Visite du camp : travellings alternant avec des plans fixes sur les morts, puis plans plus serrés (gros plans sur des visages atterrés). Flash Back sur le passé récent avec des fondus ou superpositions avec images des visiteurs du camp afin de souligner leur culpabilité. Le film veut montrer une responsabilité collective du peuple allemand. Le cinéma devient acte d’accusation. Monté en 1945, ce film était obligatoire pour accéder au rationnement. Les EU pensent qu’il est important de provoquer une forte rupture et un choc. Comme si le seul moyen de lutter contre les images de propagande du nazisme était d’en faire le même usage. 11 DOCUMENT VIDEO No2 : Extrait du documentaire de Christian Delage, Les nazis face à leurs crimes (2006) www.youtube.com/watch2v=H6pEURPGWs8 QUESTIONS Combien de films sont entrelacés dans cet extrait ? (3 films imbriqués : images du procès, film sur les camps et docu de Ch. Delage.) Pourquoi t-on recours au cinéma à Nuremberg ? Que penser de ces images insoutenables dans le cadre d’un procès ? L’écran est un dispositif nouveau de la salle d’audience. Elément central du documentaire de Delage : la projection d’un film d’une heure « Les camps de concentration nazis » monté par John Ford à partir d’images filmées par les Anglais et les EU au moment de la Libération. Importance du rôle pédagogique des films montrés, pour la cour et le monde. C’est aussi un moyen de mettre les accusés face à leurs crimes. Pendant le procès les accusés sont sous la lumière de néons installés la veille de la projection avec l’autorisation du tribunal. Les juges et les journalistes les voient regarder les images. Il s’agit d’observer la réaction des accusés face aux images de leurs propres crimes. Pourquoi cette mise en scène ? Montrer, c’est accuser : l’image devient une preuve. Impact du film sur le procès : Le chef d’accusation « crime contre l’humanité » prend plus d’importance que celui de la « guerre d’agression ». Les procès est utilisé pour la postérité : l’image devient mémoire de l’humanité. C- L’impact de la Guerre Froide sur le processus de dénazification Apres le retrait des forces d’occupation en 1949, l’Allemagne retrouve sa souveraineté, mais elle est divisée en deux Etats qui sont au cœur de la Guerre Froide puisque la RFA à l’Ouest est alliée des EUA, tandis que la RDA, 12 communiste est alliée de l’URSS. En RFA, la priorité est de construire un Etat démocratique et stable, comme le souhaite le chancelier Konrad Adenauer. En RDA, il importe aux Soviétiques de construire un Etat fondé sur les principes du communisme. Dans le contexte de la Guerre Froide naissante, l’Allemagne et Berlin sont au cœur des enjeux de la Guerre Froide (voir épisode du blocus de Berlin en 1948-1949). C’est pourquoi, tant à l’Ouest qu’à l’Est les nécessités de la propagande dispensent les populations des deux Etats allemands de la poursuite d’une réflexion sur leur passé nazi : En RDA, la population est définie comme antinazie par définition. En RFA, on considère que la réhabilitation des citoyens va consolider les institutions démocratiques encore jeunes. DONC, DE FAIT, A L’OUEST COMME A L’OUEST, LE PROCESSUS DE « DENAZIFICATION DES CONSCIENCES » EST INTERROMPU PREMATUREMENT DU FAIT DE LA GUERRE FROIDE. 3- Les problèmes et limites de la dénazification. A- Une entreprise très incomplète Sur plus de 13 millions de procédures instruites, plus de 9 millions sont abandonnées pour cause de charges insuffisantes dans la zone américaine. Les questionnaires sont parfois remplis de façon mensongère, des accusés paient des témoins pour assurer le jury de leur absence d’implication dans la politique nazie. Apres quelques temps, la dénazification se transforme en fait en vaste processus de réhabilitation. Les Alliés se heurtent également a une autre réalité : il s’agit de trouver suffisamment d’Allemands compétents pour permettre la remise ne marche du pays. Exemple : A Bonn, 102 médecins sur 112 appartenaient au NSDAP, a Cologne, 18 des 21 spécialistes du service des eaux ; en Bavière, 91% des juges sont d’anciens nazi au début des années 1950. En Allemagne de l’Est, de nombreux membres de la Stasi sont d’anciens nazis. Non seulement de nombreux nazis se sont enfuis ou ont dissimulé leur passé, mais les EUA et l’URSS comprennent rapidement l’intérêt d’utiliser les 13 compétences d’anciens nazis. Le cas le plus connu est celui des ingénieurs et des scientifiques comme Wernher von Braun. Mais dans le nouveau contexte de Guerre Froide, les deux Grands ont rapidement comme priorité d’utiliser tous ceux qui peuvent les aider a renforcer leurs services de renseignement. B- Progressivement, entre la fin de la guerre et aujourd’hui, les Allemands ont appris à assumer l’héritage du nazisme. Une majorité d’Allemands refuse toute responsabilité dans le soutien au régime nazi. Dans les années 1950, des sondages, des sondages d’opinion réalisée en RFA montrent qu’une majorité d’Allemands 14