LABOURDETTE AméliePAC02B - Beaux
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LABOURDETTE AméliePAC02B - Beaux
Amélie LABOURDETTE WARNER BROS Naissance des fantômes Urgences 1 WARNER BROS, Naissance des fantômes Urgences 1 2010-2012 Tirage photographique sur dibon 2012 Édition de la Collection Les beaux-arts de Nantes - L'école. Ma pratique photographique se réfère à l’univers du cinéma, et questionne ses codes, ses souvenirs, son imagerie. Chacune de mes photographie s’apparente à une déconstruction / reconstruction d’une émotion, d’un espace ou d’un temps filmique en une seule image arrêtée, jouant dans un même mouvement de la réappropriation et de l’évidement des mythologies du cinéma hollywoodien. En investissant et en reformulant les mythologies cinématographiques, les cadres de références traditionnels, en les convertissant à l’ordre d’une suspension ou d’un « vidage » de l’action, je cherche à construire une approche critique de l’imaginaire et des processus de production d’un certain cinéma américain mondialisé tel qu’il détermine et gouverne notre façon de voir, sinon de penser. WARNER BROS, naissance des fantômes (Diptyque participant d'une série de 20 photographies) Ce diptyque « WARNER BROS, naissance des fantômes », participant d'une série de 20 photographies, se présente comme des fenêtres sur les espaces mêmes (ossatures, décors, lumières) d'un des plus grands studios hollywoodiens, Warner Bros, lieu de construction de l'imaginaire du Rêve Américain. Pourtant, ces espaces se sont vidés de « l’image action » propre au spectaculaire d’un certain cinéma américain constitutif de l’imaginaire occidental. Ces décors de studios ont été déserté de toute présence humaine, de leurs acteurs, de leurs techniciens, comme si suite à une catastrophe nucléaire tout était resté tel quel, à l’abandon, vacants, laissant place à des espaces propres à la réminiscence de « traces fantômes », loin de tout effet de sensationnel au profit d’un «regard pensif ». Ces photographies se chargent alors d'équivocités et oscillent entre images emblématiques de la puissance de simulacre de l'industrie hollywoodienne et vanités de ces mêmes simulacres. Les souvenances d’une vie passée peuvent alors resurgir de l’artéfact de ces décors, les habiter, comme autant de fantômes qui n’ont cessé d’immiscer l’imaginaire et le flux de conscience des spectateurs nourris de films et de séries télévisées*. Amélie Labourdette Urgences et Cold Case, sont des séries télévisées qui furent produites et réalisées dans ces grands studios de cinéma puis largement diffusées aux États-Unis, au Canada ainsi qu'en Europe. Amélie LABOURDETTE Images en construction Elle a une licence de psychologie, le diplôme de l’école des Beaux-arts et a été lauréate du Prix des arts plastiques de la Ville de Nantes en 2004. Son nom ? Amélie Labourdette. Elle développe une œuvre très pointue, très subtile au travers d’installations, de films vidéo, explorant les labyrinthes de l’image et de la pensée, les mythologies cinématographiques, dans des dispositifs où les repères parfois se dissolvent. Travaillant les dimensions hypnotiques de l’image et du son, les confusions entre les espaces virtuels et réels, mixant les approches documentaires ou fictionnelles, détournant le vocabulaire cinématographique, elle crée une œuvre aussi poétique que critique aussi fascinante que déstabilisante. Vidéaste, Amélie Labourdette présente, à l’initiative de l’association Zarlab, sa première série photographique, La part manquante, dans une toute nouvelle galerie nantaise. Les photographies d’Amélie Labourdette concentrent les éléments d’un monde habitable où se rencontrent autant d’indices réels, physiques, tangibles, que de situations mentales, rêveuses, incongrues. Ses images entremêlent plusieurs strates, plusieurs filtres, parfois contradictoires. Le réel, l’imaginaire, le conscient, l’inconscient, le rêve de l’accès à la propriété, l’espace pavillonnaire, le monde de l’enfance, la solitude participent au dispositif, se superposent, glissent de l’un à l’autre, s’enchevêtrent. C’est comme si plusieurs récits s’imbriquaient dans une même histoire, créant une langue hybride, simultanée, fragmentaire. Recomposée sur ordinateur, en mêlant des prises de vues personnelles, des clichés réalisés par l’association Zarlab et des sources glanées sur internet, chacune des images est très construite, assemblant avec attention les différents éléments, tissant la trame complexe d’un récit polyphonique. Il y a quelque chose de cinématographique dans le travail d’Amélie Labourdette : le format panoramique, une mise en scène précise, une narration en suspens. «Je construis une image qui n’existe pas préalablement, elle se construit petit à petit. Ces photos, ce sont des variations autour du thème de l’habitation avec des personnes qui ont du mal à habiter. Je ne parle pas seulement de l’habitation réelle, matérielle, physique mais aussi de cette difficulté à être, à exister (…) Ces scènes mettent en crise ce qui fait pour nous la valeur de l’habitat : une certaine idée de stabilité, de solidité, de protection et d’isolement du monde extérieur.». TEXTE/ CHRISTOPHE CESBRON * PORTRAIT / DAVID ZARD Source : www.kostar.fr DB. 2014