Ecrire une nouvelle page du communisme 10 jours pour
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275_Cocos.qxd 4/09/07 12:14 Page 1 2, place du Colonel-Fabien - Paris 19e - Comité de rédaction: Élisabeth Ackermann - Gérard Busque - Brigitte Dionnet - Patrice Falguier - Jacques Fath Joëlle Greder - Madeleine Hivernet - Cécile Jacquet - Jean-Louis Le Moing - Frank Mouly - Denis Rondepierre - Gérard Streiff Directeur: Jean-Louis Le Moing Tél.: 0140401167 - Rédaction: Patrice Falguier Tél.: 01404013 59 - Cécile Jacquet Tél.: 0140401106 - Télécopie : 01 40 40 12 46 - Mèl : [email protected] Relecture: Jacqueline Lamothe •- Maquette: DGC / Zouhaïr Nakara Tél.: 01 48 03 50 30 SUR LE VIF ous avons vu comment ce gouvernement a œuvré en commençant par faire adopter des nouvelles lois qui fournissent leurs lots de mesures d’une rare violence contre les intérêts populaires. La droite a besoin d’aller vite dans la mise en œuvre de ces décisions, parce qu’elle sait que l’état de grâce ne durera pas, que le peuple n’acceptera pas le développement des inégalités et le rétablissement des privilèges pour les plus riches. Il y a beaucoup de souffrance : à côté du crash boursier il y a la perte du pouvoir d’achat, à côté du bouclier fiscal il y a les feuilles d’impôts qui arrivent, l’emploi avec les fermetures d’entreprises qui continuent, l’inquiétude sur l’avenir avec une rentrée scolaire sous le sceau des restrictions. Nous sommes avec les sans-papiers menacés d’expulsion par ce gouvernement qui mène une vraie guerre sociale… Les communistes sont lucides et inquiets, mais ne sont pas dans un étau. Ils voient dans la situation actuelle à gauche combien ce débat, ces ripostes peuvent être passionnantes, mobilisatrices. Ils redonnent de la cohérence au « tous ensemble ». A la Fête de l’Humanité, beaucoup des acteurs de ce mouvement social seront présents pour argumenter les conséquences de la politique de la droite et chercher à ce que la gauche soit vraiment à gauche, pour redonner espoir. Et là-dedans, comme des poissons dans l’eau, animés d’un esprit constructif pour une alternative au capitalisme, pour bâtir avec notre peuple une société plus juste et plus humaine, les communistes y seront nombreux. N Une rentrée pas ordinaire… Michèle Guzman Membre du Comité exécutif national Secrétaire départementale de Seine-et-Marne SERVEZ-VOUS act Modèle de tr Marie-George Buffet appelle les hommes et les femmes de gauche à « inventer, construire, travailler aux conditions du changement dans la société et le monde d’aujourd’hui ». Donnant son opinion dans le débat, la secrétaire nationale considère « qu’une page de l’histoire du communisme s’est terminée ». Cela ne doit pas conduire, selon elle, à « refermer le livre, mais à entamer un nouveau chapitre » 10 jours pour réussir la Fête 43 024 vignettes vendues par les organisations du PCF. Un résultat qui laisse augurer d’une grande Fête de l’Humanité 2007. Pour cela les militants sont appelés à multiplier les initiatives, notamment en direction des jeunes et des salariés LES RENDEZ-VOUS DE LA SEMAINE en direction des salarié-e-s et tract sur l’Ecole Rentrée scolaire Distribution de tracts devant les lycées et les écoles La Fête de l’Humanité Le Conseil national met à disposition chaque semaine une aide à la communication de proximité, composée d’un dossier et de plusieurs projets de tracts, maquettés au format bureautique. Ils sont disponibles et téléchargeables sur Internet www.pcf.fr rubrique « PCF - Militer » Ecrire une nouvelle page du communisme Ventes de la vignette dans les quartiers, sur les marchés, devant les entreprises Les 8 et 9 septembre, premières inaugurations de stands et rendez-vous des militants sur la Fête N o 2 75 - S up p l é m e nt à l’Humanité du 5 s ep t em b r e 2 0 0 7 - PAGE 1 275_Cocos.qxd 4/09/07 12:14 Page 2 EVENEMENT RENDEZ-VOUS NATIONAL DE LA VIGNETTE Jeudi 30 août, devant 300 militants, Marie-George Buffet a donné son opinion sur la situation à la rentrée, le débat à gauche et le Congrés du PCF L’intervention de Marie-George Buffet ermettez-moi tout d'abord de saluer, avec Patrick Le Hyaric et toute la direction de l'Humanité, tous ces militantes et militants communistes qui travaillent d'arrache-pied, depuis plusieurs semaines déjà, à la réussite de la prochaine Fête de l'Humanité. Bâtisseurs, ici au parc de La Courneuve, diffuseurs dans leur commune et leur entreprise de la vignette d'entrée à la Fête, ce sont, avec vous ici présents, des milliers d'hommes et de femmes qui sont mobilisés ! Grâce à eux, les 14, 15 et 16 septembre, la fête de l'Huma sera ce grand rassemblement populaire riche d'initiatives face à la droite, riche d’idées neuves pour faire vivre les visées d’émancipation humaine, riche de solidarités avec les peuples du monde, riche de musiques et de convivialité. Il ne nous reste que quelques jours pour y parvenir. Pour nous tous et toutes, ces derniers mois ont été à la fois très militants et très difficiles. J'espère donc, chers camarades, que malgré une météo que je qualifierai de capricieuse, vous avez pu souffler et profiter de ces vacances. Elles sont toujours attendues, mais peut-être l'étaient-elles plus encore cette année. Pour les hommes et femmes de gauche, pour les communistes, le coup a été dur. Et l'avenir est incertain. pression des impôts sur les successions et de cadeaux divers. Avec le paquet fiscal, Nicolas Sarkozy a déjà oublié ses grandes envolées sur le travail et les Français qui se lèvent tôt. Il se fait père Noël pour les rentiers et les banquiers. Mais pour les salariés, c'est surtout le père Fouettard. Face à tout cela, nous allons nous faire entendre, même si la droite, avec l'adoption expéditive de sa loi sur le prétendu service minimum, a restreint le droit de grève et encouragé toutes les entreprises de répression du droit syndical. Nous allons nous faire entendre même si, entre la chasse aux pauvres par la mairie d'Argenteuil et la violence du ministre Hortefeux contre les sans-papiers, en passant par une présidentialisation accrue, on voit bien combien grandissent les entraves contre les libertés publiques. P Un immense chantier Pourtant, il va falloir faire face. En cette rentrée, les progressistes ont devant eux un énorme chantier pour lever espoirs et mobilisations. Il y a les actes de résistance, indispensables ! Et il y a, et c’est vital, l'immense effort qui nous attend pour inventer, construire, travailler aux conditions du changement dans la société et le monde d'aujourd'hui. Est-ce encore possible ? Je sais combien le résultat à la présidentielle que n'efface pas celui des législatives est source de profonds questionnements. Nous avons déployé maints efforts d’innovation, bien des efforts de rassemblement, de grands combats militants ces dernières années, sans succès électoraux durables. Cela veut-il dire que notre objectif de transformation sociale, notre visée communiste n'aurait plus de sens dans la société actuelle ? Pour ma part, face à la violence du capitalisme, je pense que le dépassement de ce système reste plus que jamais d'actualité. L'heure n'est vraiment pas à banaliser toutes les injustices et toutes les inégalités, tous les murs et les barbelés de par le monde. Au contraire, le combat d'émancipation humaine est plus pressant que jamais. Alors, tout nous appelle à surmonter notre découragement et à rechercher avec passion et avec force les voies permettant à ce combat de prendre un nouveau départ. La gauche, de nouveau, a échoué. Cela Vous pouvez compter sur nous veut-il dire que le clivage droite/gauche serait dépassé et que la modernité et le réalisme exigent de « s’adapter » au libéralisme, avec bonne conscience ! Que le nec plus ultra pour un homme de gauche serait de faire un bout de chemin avec la droite ! Ce n'est pas l’avis de beaucoup d’hommes et de femmes de gauche. C'est pourquoi nous n'aurons de cesse de déployer une contre-offensive contre la politique régressive du gouvernement. Et parce que nous ne voulons rien laisser passer face à la droite, nous serons de la remise à plat des objectifs de la gauche, de son identité et de son projet. Et si vous me permettez ce clin d’œil, on verra les communistes à l'avant-garde de ce mouvement novateur. Pas question de renoncer au progrès social Nous ne serons pas de ceux qui avalent le changement à la sauce Sarkozy ou qui rangent au placard l'idée de progrès social. Pourtant, par les temps qui courent, il peut paraître incongru de dénoncer la politique du Président, tant la vie politique et médiatique est plongée dans une curieuse hypnose pour tous ses faits et gestes. Je ne sais pas s'il a des dons de charmeur de serpent ; mais je vous avouerai être assez interloquée devant l'envoûtement béat qu'il suscite. J'espère donc, en cette rentrée, qu'entre les courtisans et les suiveurs, il reste une place pour combattre la réalité de son action politique. On parle de changement de méthode. Mais pour aller où ? Osons offenser le caporal qui se rêve empereur : Nicolas Sarkozy est un homme de droite qui veut toujours plus de pouvoir pour mettre en œuvre une politique toujours plus à droite. On nous parle de volontarisme politique, mais au profit de qui ? En politique étrangère, de l'Irak à l'Iran, il fait de la France la vassale des Etats-Unis de George Bush. Il reste silencieux sur la crise financière parce que la politique pour lui ne doit pas gêner les marchés, les banques et les fonds de pension ! Il prétend tout faire. Mais il fait surtout ce qu'attendent ceux qui n'ont jamais manqué de rien. La mise en scène est certes nouvelle. Mais la fin de l'histoire est malheureusement connue : en anti Robin des Bois, Nicolas Sarkozy se veut fort face aux faibles et fidèle à ses riches amis. Une politique de classe Alors arrêtons la mode Sarko ! Voyons que derrière tout cela, le pouvoir d'achat se dégrade, les prix des produits de première nécessité flambent, 40 % de nos concitoyens ne sont pas partis en vacances, l'emploi patine et la France s'essouffle. Il y a tromperie sur la marchandise ! Ce que je vois, c'est un gouvernement fermement décidé à restreindre l'accès aux soins de millions d'hommes et de femmes, en créant une franchise médicale. Ce que je vois, c’est un gouvernement qui impose une mise en concurrence brutale entre les universités et les diplômes sans moyens budgétaires supplémentaires et sans aides nouvelles aux étudiants. Ce que je vois, c’est un gouvernement qui lance, dans la foulée, le plus grand plan social de l'année en supprimant 23 000 postes de fonctionnaires. Ce sont encore des milliers de professeurs, d'infirmières et de policiers qui vont disparaître partout en France ; c'est bien l'éducation de nos enfants, notre santé, notre sécurité que le gouvernement met de côté ! Ce que je vois, moi, c'est la menace d'une TVA sociale et les 14 milliards d'euros d'allégement de l'impôt sur les fortunes, de sup- N o 2 75 - S up p l é m e nt à l’Humanité du 5 s ep t em b r e 2 0 07 - PAGE 2 Et je veux dire à la France populaire : ces prochains mois, nous les communistes nous ne serons pas les ramasseurs de balles de Nicolas Sarkozy. Mais quand ils fermeront des classes dans l'école de votre enfant, vous nous trouverez à vos côtés. En ce moment le MEDEF parade avec le Président de la République en vedette américaine. Madame Parisot s’extasiait tout à l’heure sur le discours « authentique » du Président de la république et présentait sa demande d’allonger encore la durée du temps de travail et de supprimer la retraite à 60 ans. Ils rivalisent de politesse et de propositions toutes plus réactionnaires les unes que les autres. Eh bien ! Nous ne serons pas les prochains fous du roi. Quand il faudra se battre pour une sécurité d’emploi et de formation, les salaires et les conditions de travail, quand il faudra dénoncer les conditions d'accueil dans les hôpitaux, se battre contre les fonds de pension qui tuent votre entreprise à petit feu, vous pourrez compter sur nous les communistes. Nous ne serons jamais des opposants de salon ! Notre raison d'être, c'est d'être utiles face à toutes les injustices. C'est de mettre en partage toutes les potentialités qui sont en jachère dans cette société. A l'Assemblée nationale comme au Sénat, dans les régions, les départements et les communes, les élus communistes et républicains seront à vos côtés. Ils seront là pour vous écouter mais aussi pour relayer, face au gouvernement, toutes vos attentes et toutes vos revendications. Ils seront présents pour travailler, en lien avec les syndicats et les associations, les alternatives nécessaires à la politique de la majorité. Ils feront tout leur possible, avec celles et ceux qui partagent cette envie d’un monde neuf, pour que ces cinq prochaines années soient 275_Cocos.qxd 4/09/07 12:14 Page 3 tout sauf un long fleuve tranquille pour Nicolas Sarkozy. Cette bataille politique commence avec la Fête de l'Humanité. Des centaines de milliers de personnes seront au rendez-vous ! Elle peut être le lieu où des luttes convergent, où la gauche se ressource, où les communistes donnent corps au grand débat indispensable sur l’avenir de leur visée, de leur parti. Au cœur de cette mobilisation, nous allons œuvrer au plus large rassemblement pour contrer l'adoption express du nouveau traité européen, qui n'est jamais rien d'autre que le petit frère de la constitution européenne, et pour obtenir un référendum. Cette bataille, elle continuera ces prochaines semaines par des mobilisations dans les entreprises et les communes. A cette fin, je vais proposer que le collectif « Ripostes », rassemblant toutes les forces de gauche, se réunisse de toute urgence. Elle s’exprimera lors des élections municipales et cantonales. Pour la dynamiser, je vous propose que nous soyons à l'initiative, à l'automne, d'une semaine d'action, partout en France, convergeant vers un grand rassemblement populaire, ouvert à toutes celles et tous ceux qui se battent et construisent du neuf à gauche. Reconstruire à gauche Oui, nous allons nous mobiliser contre cette politique régressive. Mais ne comptez pas sur nous pour prendre nos aises dans l'opposition. Nous n'attendrons pas de 2012 ou 2017 d'hypothétiques jours meilleurs. Bien au contraire, après les échecs de la gauche, et parmi ceux-ci celui du rassemblement antilibéral, c'est dès maintenant qu'il faut s'engager à la reconstruire. Sinon, on laissera encore le champ libre aux idées libérales. Et le bipartisme et les alternances incolores auraient tout loisir de modeler la société au service de la toute finance, du tout marchand. J'ai bien vu que partout à gauche des voix s’élèvent pour refonder la gauche, créer de nouveaux partis ! Il semble que chacun mesure qu’aucun statu quo n’est possible. Refonder la gauche, oui, mais dans quel sens ? J'entends certains prôner une gauche qui se coule dans les sillons libéraux. D'autres, à gauche, veulent créer un nouveau parti. Mais pour aller où ? Attention à ne pas repeindre que la façade. Oui, nous voulons une gauche moderne. Mais nous ne voulons pas d’une gauche soumise ! Et la modernité c'est donner au peuple les pouvoirs de décider de leur avenir et donc aussi d'aller contre les prétentions des multinationales et des marchés financiers. Oui, nous voulons une gauche de transformation. Mais pas une gauche isolée. Transformer c'est rassembler. C'est former des majorités politiques. C'est répondre dans un nouvel exercice du pouvoir aux attentes populaires. Entamons de suite la reconstruction de la gauche. Comme communistes, nous serons des artisans passionnés de ce chantier. Nous avons, je crois, un rôle singulier à jouer, nous qui portons une visée d'émancipation humaine mariant résistance et gestion progressiste à tous les niveaux institutionnels. Osons le débat. Soyons de toutes les initiatives. Soyons à l'initiative, comme ce sera le cas à la Fête de l'Huma avec le débat qui réunira tous les partis de gauche à l'Agora, mais aussi, dans les jours qui suivront, dans une dizaine de départements. Je pense par exemple au débat en construction dans le Rhône sur les questions de jeunesse. Et pesons de toutes nos forces pour que la refondation de la gauche ne débouche pas sur des préfabriqués mais sur un véritable espoir de changement. Nous ne sommes pas seuls à avoir cette volonté ; des hommes et femmes de gauche, socialistes, écologistes, alternatifs la partagent. Travaillons ensemble ! La visée communiste Mais pour peser, nous avons besoin, nousmêmes, de travailler à construire un avenir à la visée communiste. Et nous le savons tous et toutes ici, le déclin électoral de notre parti peut conduire à la disparition de l'idée même de changement dans notre pays. Nous sommes face à un énorme défi : faire vivre cette idée dans la réalité du XXIe siècle. Bien sûr, beaucoup des questions abordées lors de nos précédents congrès refont surface. Pour certaines nous ne sommes certainement pas allés au bout. Et nous avons à porter un regard critique sur nos analyses, nos choix les plus récents et leur mise en Un appel à l’adhésion en lien avec l’actualité Le 22 octobre, la lettre de Guy Môquet sera lue dans tous les lycées de France. Un bel hommage pour celles et ceux qui surent se dresser contre l’inacceptable. œuvre par la direction. Tout cela est à faire sans guide de lecture préétabli. Faut-il tout réinventer ? Ce dont je suis sûre c'est qu'il faut tout mettre sur la table et se confronter. Et surtout ne censurer aucune audace, tout en prenant pleinement en compte toute la réalité de la société et du monde actuels. Aussi, ne négligeons aucune des autres questions qui nous sont posées. Je pense à ce que symbolise le communisme pour des millions de personnes. Je pense à notre image d'un parti qui a compté mais qui renvoie aujourd'hui souvent au passé. Je pense à notre rapport à la gauche, à la question des alliances, et aux moyens d'être à l'initiative de nouvelles majorités politiques. Ces dernières années, ces questions de stratégie ont souvent été au cœur de nos débats. Ne faut-il pas revisiter complètement cette question en travaillant à des alliances, à des fronts selon les mobilisations sociales, les convergences d'idées et les différentes échéances électorales, en privilégiant à chaque fois l’intérêt populaire et l’avancée des idées de transformation sociale ? Et regardons autour de nous ! Cherchons à cerner les obstacles que nous rencontrons et que rencontrent d'autres forces de transformation sociale partout dans le monde. L'urgence est je crois de porter le fer sur toutes les grandes questions qui font aujourd’hui douter une majorité de nos concitoyens de la possibilité d’améliorer profondément leur vie, celle de leurs proches, celle des peuples. Souvent le système capitaliste est rejeté pour ses ravages humains et écologiques. Mais ce rejet dépasse rarement une posture morale. Tout simplement parce que la conviction qu'un véritable changement est possible a été fragilisée. Les faits sont là : échec du socialisme dit réel, échec de la gauche au pouvoir, échec des gauches radicales ! Et la mondialisation capitaliste, la construction libérale de l’Europe ont accentué ce sentiment. Aussi, attachons-nous à lever tous ces obstacles : comment redonner crédibilité à l'idée de changement à l'échelle de l'Europe et du monde ? C’est une question incontournable pour redonner vie aux désirs de changement depuis trop longtemps enfouis. Bien sûr, nous avons un programme de qualité et des propositions qui tiennent la route. Mais donnons-nous assez à voir le projet qu'elles dessinent ? Un projet, c'est une autre façon de voir le monde. C'est une conception de la vie en société que nous sommes capables de faire rayonner ; c’est une utopie à rendre palpable. C'est convaincre un salarié subissant la fermeture de son usine que cette mondialisation, la course au profit ne sont pas une fatalité, mais surtout qu'un gouvernement, que l'Europe ont les marges de manœuvre nécessaires pour contrer ces logiques. J'aimerais que nous trouvions les mots démontrant comment, au pouvoir, nous pourrions mener une politique mêlant justice sociale, efficacité économique et écologique. Un projet, c’est opposer un modèle alternatif de réussite sociale à tous ces jeunes convaincus que la réussite passe par l'argent et ne peut être qu'individuelle. Mais quel est pour nous le moteur de la société ? Comment donc donnons-nous à voir une société d'égaux qui respecte les différences N o 2 75 - S up p l ém e nt à l’Humanité du 5 s ep t em b r e 2 0 0 7 - PAGE 3 individuelles sans les hiérarchiser ? Nous pourrions développer d'autres exemples. Mais tous nous appelleront à retravailler un projet rendant crédible une politique d'émancipation humaine ? Aussi, abordons ces questions ouvertement. Sachons bien regarder autour de nous toutes les réponses qui peuvent être ébauchées. Ouvrons bien le débat à toutes celles et tous ceux qui se posent aussi ces questions, à celles et ceux qui, dans leurs domaines respectifs, travaillent à apporter des réponses. Nous avons tout à gagner à nous appuyer sur celles et ceux qui aujourd’hui à gauche posent ces questions pour essayer d’ébaucher un nouveau projet. Et c'est en donnant vie à des idées progressistes modernes que nous, communistes, pourrons retrouver une utilité à gauche et ainsi rassembler de larges pans de notre peuple. Ecrire un nouveau chapitre du communisme Vous le voyez, si vous en doutiez, je ne mets pas la clé sous la porte. Je n'ai pas l'illusion non plus que nos problèmes puissent se résoudre d'un coup ! Nous avons tant de choses à revisiter ! Je ne veux pas renier tout ce qui a fait l'histoire du mouvement ouvrier le siècle dernier. Mais j'ai le sentiment qu'un chapitre de l'histoire du communisme français s'est terminé. Il ne s'agit pas de refermer le livre, mais d'entamer un nouveau chapitre, c'est-à-dire d'inventer un ciment idéologique et des perspectives d'avenir qui pourraient, demain, être le socle de nouvelles solidarités de classe, et après-demain de grands rassemblements populaires. Pour cela, je crois que nous avons besoin d'un parti porteur d'un renouveau de l'esprit révolutionnaire, un esprit alliant visée de transformation sociale et construction concrète, rassembleuse, de nouvelles avancées sociales et démocratiques. Mais pour concrétiser cette promesse, nous avons beaucoup à inventer ! Si nous voulons véritablement rendre hommage aux combats de générations de militants communistes, osons créer et faire rayonner une nouvelle visée communiste. Nous avons le temps de construire ; nous nous sommes donné plus d'un an pour prendre nos décisions. Mais c'est maintenant qu'il faut donner envie à des milliers de personnes d'être de cette aventure en organisant de larges débats publics. C'est maintenant qu'il faut lancer la confrontation. Créons l'événement les 8 et 9 décembre prochain lors de notre congrès extraordinaire. Montrons qu'il existe, dans ce pays, une force capable de contribuer à la mise en mouvement d'un grand nombre d'hommes et de femmes décidés à dépasser le capitalisme et à construire un monde où les hommes et les femmes seraient enfin libres et égaux. Le programme qui nous attend est bien copieux, offensif face à la droite, ambitieux pour le changement. Parfois nous doutons, avec nos résultats, de l'efficacité de notre militantisme. Mais ne sous-estimons pas ce que notre combat a apporté, dans l'action et le débat d'idées, au quotidien ! Avec un souffle nouveau, nous allons tracer de beaux sillons. Oui, il y a de l’avenir pour une nouvelle visée communiste ! 275_Cocos.qxd 4/09/07 12:14 Page 4 VIE DU PCF Les secrétaires départementaux fixent les ambitions de la rentrée Résistance, débat à gauche, Congrès, élections… Les secrétaires départementaux planchent sur la feuille de route du PCF pour les prochains mois iposter et reconstruire, deux priorités pour le PCF en cette rentrée. Mais au-delà de l’objectif affiché, comment faire? Comment élever le niveau de la riposte avec un Sarkozy encore en état de grâce et une gauche « tétanisée » par l’échec de l’élection présidentielle. Pour les dirigeants du PCF, pas question de se raconter d’histoires. La mobilisation ne va pas de soi. Plusieurs d’entre eux se feront l’écho des difficultés qu’ils rencontrent, voire du découragement qu’ils ressentent chez les militants. Donc pas de volontarisme aveugle mais pas non plus l’attente béate « d’un hypothétique retour de balancier ». R Cent jours après la prise de fonction de Nicolas Sarkozy, la réalité de sa politique est là: d’un côté, des cadeaux somptueux pour les plus riches, de l’autre des salaires bloqués, des services publics amoindris, des franchises médicales et la chasse aux pauvres… « Un véritable coup de bambou », selon Patrice Bessac, qui constate en cette rentrée une aggravation de la situation pour les familles populaires. Un constat largement partagé qui amène Bernard Calabuig à s’interroger « sur la capacité d’indignation des communistes devant une politique qui atteint des summums d’inhumanité comme on l’a vu à Argenteuil sur la question des SDF ». Pour plusieurs intervenants, sans chercher à « courir » après un Sarkozy qui surfe sur l’événement, ne faudrait-il pas être à la fois plus réactif aux mesures les plus emblématiques de sa politique de classe et engager « une riposte sociale, politique et idéologique » sur les grandes questions qui, comme le pouvoir d’achat, l’emploi ou la santé, font la vie des gens ? C’est dans cet esprit que dans son introduction, Michel Laurent avait avancé l’idée d’une initiative nationale à l’automne, qui pourrait être préparée en amont par une semaine d’actions dans les départements, à l’instar de ce que font les communistes du Nord avec leur marche pour l’emploi. Reconstruire Mais avant, un autre temps fort marquera la rentrée. C’est la Fête de l’Humanité dont chacun mesure l’importance cette année. Par son ampleur, son contenu et les initiatives qui s’y tiendront, elle sera un temps fort du débat à gauche. Débat dans lequel il convient, selon Marie-George Buffet, d’entrer sans plus tarder afin de donner du contenu à la nécessaire reconstruction à gauche. C’est à ce débat que les communistes entendent contribuer en préparant leur congrès extraordinaire prévu les 8 et 9 décembre. A ce sujet, plusieurs secrétaires départementaux feront part de l’état de préparation dans leur fédération et pour certains de leur perplexité. Perplexité devant l’appellation « extraordinaire » de ce congrès. L’est-il vraiment ? demande Laurence Cohen. Perplexité aussi devant la façon dont il est engagé. Quel statut accorder au questionnaire adressé aux militants ? Comment s’en servir? Plusieurs intervenants font état de son caractère « fourre-tout » et du besoin de hiérarchiser les questions? Des pistes sont avancées dans la discussion. Elles tournent autour de trois thèmes: « Où en est la société? La transformer, est-ce possible? Quel sens donner au combat communiste ? Et pour cela, quel engagement militant, quelle organisation? Autre préoccupation : Comment créer les conditions d’un débat large, ouvert et réellement démocratique. Pour plusieurs responsables départementaux, « en appeler à un débat libre et sans tabous » ne suffit pas. Les communistes veulent être sûrs que leurs réflexions seront prises en compte. Pour cela, ils doivent pouvoir donner leur avis autrement que dans les AG de militants ou par des contributions écrites. Des expériences commencent à voir le jour. Rencontres de proximité, auditions individuelles, atelier d’écriture… Menées conjointement avec un large débat public, toutes les initiatives qui visent à libérer la parole et dépasser les étiquetages encore tenaces dans la culture communiste, contribueront aussi à faire de ce congrès un congrès réellement extraordinaire. Patrice Falguier L’INTERVIEW Congrès extraordinaire des 8 et 9 décembre Être à la hauteur des attentes Jeudi 30 août s’est tenue la deuxième réunion du collectif d’animation et d’impulsion des débats du Congrès. Olivier Dartigolles, porte-parole national du PCF et rapporteur à cette assemblée, fait le point pour CommunisteS Un congrès extraordinaire, pourquoi et en quoi ? Pour répondre à une situation qui exige des réponses et des initiatives qui ne peuvent relever d'un traitement « ordinaire » : la droite sort renforcée des dernières élections, elle se succède à elle-même, elle engage une contre-révolution conservatrice d'une violence inouïe ; la gauche est en grande difficulté, pourtant il y a urgence à organiser la riposte; notre propre échec alors que nous avons déployé beaucoup d'énergie pour innover, pour apporter des réponses fortes à un rassemblement que nous voulions large, populaire, durable. Tout cela pèse, avec, au fond, une question : le changement est-il possible ? Peut-il réussir ? Je verse : Le Congrès extraordinaire, décidé par le Conseil national, doit permettre l'inventaire général. Il sera une étape importante pour prendre des décisions en décembre 2008. Que se passe-t-il ? Que devonsnous faire ? Le Congrès extraordinaire devra nous mettre sur les bons rails par le choix des questions essentielles qui se posent à nous. Par notre capacité d'y associer directement celles et ceux qui dans la société se posent aussi ces questions. Comment s'y engager ? Il existe une vraie attente à ce que nous pratiquions différemment, à ce que justement nous puissions profiter pleinement de ce congrès « extraordinaire ». C'est donc une opportunité à saisir. Pour ne pas se louper, évitons de reproduire ce qui aujourd'hui suscite une grande lassitude dans nos modes de fonc- ……………………… € Nom : ........................................... Prénom : ....................... Adresse : .................................................................. ............................................Code postal.................... Chèque à l’ordre de “ANF PCF” 2 place du Colonel-Fabien 75167 Paris Cedex 19 tionnement, comme par exemple un débat sclérosant s’il n'était qu'une confrontation entre tendances. Il a été proposé aux communistes de pointer les questions qu’ils veulent voir aborder avec l’aide d’un matériel qui en liste un certain nombre. Quels sont les premiers retours ? Le processus est engagé. Le Conseil national des 6 et 7 octobre en sera un point d'étape en pointant les questionnements sur lesquels porteront nos travaux de Congrès, si possible en nombre réduit car l'accumulation et l'empilement peuvent provoquer du découragement. Cette étape est essentielle. La pertinence de ces questions doit impérativement permettre les conditions d'un débat politique de qualité, exigeant,enrichissant, ouvert à des apports extérieurs au Parti, évitant à la fois le « ronron » où l'abattement face aux difficultés. Après la réunion du collectif d'animation et d'impulsion, j'ai le sentiment que deux questions émergent. D'abord celle concernant l'idée, le sens même du changement. Puis celle de la nécessité d'une force politique pour y travailler. Est très présent aussi le souci de bien partir du réel, de l'état du monde, de la société, de la gauche, non pas pour en rabattre sur notre ambition, mais pour un vrai travail d'analyses sur les possibles et les obstacles, anciens et nouveaux. Bref, en décembre, il s'agit de cerner les grands enjeux auxquels nous sommes confrontés pour des choix à la fin 2008. Donner envie aux communistes et à celles et ceux qui aspirent au changement de participer à ce congrès est un objectif à gagner. Quelles dispositions sont prises dans ce sens ? Le collectif a décidé de s'organiser en sous-groupes de travail. Je note d'ailleurs que cette idée, qui permet de mieux approfondir une question et de faciliter l'intervention de chacun, comme nous l'avions réussi lors du dernier congrès avec l'organisation des « ruches », est adoptée dans des assemblées de sections de rentrée. Un premier groupe traitera des questionnements avec l'objectif de produire une synthèse qui nous aide à faire progresser le débat, à partir des premiers échanges, des contributions, des comptes rendus de réunions. Dans ce cadre, les questionnaires doivent être reçus comme une invitation à entrer dans le débat et non comme une contrainte. Un second groupe, « Initiatives publiques », va impulser la mise en œuvre rapide d'une dizaine de grands débats thématiques publics, ouverts, pour être au niveau de ce que nous devons engager. Il n'y a pas aujourd'hui assez de choses, assez d'éléments enrichissants. Enfin, un troisième groupe, « Congrès extraordinaire », a pour feuille de route l'aide concrète à la décision du CN d'octobre. Il faut clarifier l'étape de décembre 2007, faire des propositions sur l'organisation du Congrès extraordinaire. Interview réalisée par Cécile Jacquet