« Architectures durables » : Architecture et développement durable

« Architectures durables » : Architecture et développement durable 1/L’architecture écologique : les enjeux Terminologie fréquente, l’architecture écologique semble être la préoccupation majeure de nos contemporains. Que signifie-­‐t-­‐elle ? A l’origine, elle désigne l’insertion d’un bâtiment au sein d’un site naturel dont le modèle est « Falling Water », célèbre réalisation américaine de Frank Lloyd Wright. Depuis la conférence de Rio en 1992, les termes « durable », « écologique », « verte » sont difficiles à définir. Entre les recommandations des Commissions internationales, la législation de chaque pays et les préoccupations des constructeurs, l’architecture sensible à l’environnement est constituée de plusieurs facettes qui peuvent s’avérer contradictoires, comme l’usage de matériaux renouvelables, les apports technologiques, ou encore la gestion des ressources. 2/High tech : les nouvelles technologies au service de l’écologie Depuis le XIXe siècle, l’invention de matériaux de construction produits par l’industrie a engendré de fortes transformations environnementales. Ces avancées technologiques ont alors permis tout au long du XXe siècle de répondre à des impératifs sociaux et économiques. Ces innovations portent désormais sur la plus juste réponse à apporter aux dégradations environnementales. Selon Ernst Friedrich Schumacher, les solutions technologiques doivent être conçues pour ne plus dégrader l’environnement et ne plus diminuer les ressources. La science peut-­‐elle résoudre les problèmes environnementaux ? 3/Low tech : les traditions constructives revisitées Le développement durable a modifié notre appréciation de l’architecture vernaculaire. Au XXe siècle, les édifices indigènes, anonymes, vecteurs d’une identité régionale ont été méprisés par les promoteurs d’une architecture moderne. Ils furent étudiés et répertoriés pour la première fois, au début des années 1960 par Bernard Rudolfsky qui leur donna une légitimité. Dès lors, l’utilisation des savoir-­‐faire traditionnels n’est plus considérée comme primitive, rétrograde, pittoresque ou encore inadaptée. Ces bâtiments deviennent une source d’inspiration très prisée actuellement pour l’usage des matériaux et la redécouverte des techniques de construction. 4/Nature et architecture La nature est une source d’inspiration pour l’architecture dès l’époque antique en étant sculptée ou peinte sur les édifices. De l’art baroque à l’Art nouveau, animaux et végétaux sont omniprésents dans la production artistique. Ils disparaissent pourtant au cours du XXe siècle, laissant place aux trames géométriques parfaites. Selon James Wines, dans L’architecture écologique, l’art de l’édification délivre un fort message universel. Pour encourager le développement d’une société sensible à l’environnement, certains architectes ont alors formulé, dès les années 1960, « un style architectural vert ». Ainsi les bâtiments actuels révèlent de nouveau avec force, une iconographie axée sur la biodiversité, visible dans la forme, le décor et les matériaux employés. 1 5/Le jardin contemporain L’engouement actuel pour le jardin n’est pas une mode passagère. Depuis 1945, grâce à l’évolution de notre société qui d’une part valorise les loisirs et, d’autre part se préoccupe d’avantage de l’environnement, nous assistons à son profond renouvellement. Le jardin est à la fois un reflet de notre quotidien avec le potager mais aussi une forme d’art très affirmée répondant à une commande publique. Le jardin peut devenir par exemple un laboratoire d’expériences sociales et écologiques avec Gilles Clément, ou encore être le lieu d’innovations plastiques avec le festival de Chaumont-­‐sur-­‐
Loire. 6/L’urbanisme durable Sous l’impulsion des Nations-­‐Unies, dès la fin des années 1960, des initiatives institutionnelles émergent pour concevoir l’aménagement urbain en intégrant la notion de développement durable. Elles résultent d’un compromis entre les partisans de la « croissance », en privilégiant un essor économique, et ceux de la « décroissance », en ouvrant les chemins du progrès social et politique. Ce concept sera ensuite défini dans le rapport de la Commission Brundtland en 1987, à une échelle mondiale, en établissant un consensus : le développement urbain doit « répondre aux besoins actuels de la population sans compromettre la satisfaction de ceux des générations futures. » 7/La réhabilitation Dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture, la réhabilitation désigne le fait de réaménager un édifice, un quartier, une zone abandonnée. Cette pratique est remise en usage depuis les années 1980, et s’inscrit dans une démarche de développement durable. A l’époque, l’Europe assiste à la fermeture de nombreux sites industriels. Suite aux démantèlements, les pouvoirs publics s’intéressent à la reconversion de ces friches urbaines. Elles sont devenues le terrain de jeux des architectes qui conservent l’aspect extérieur des bâtiments et confortent les intérieurs en leur donnant un nouvel usage. Citons par exemple Patrick Bouchain, auteur du Lieu Unique à Nantes, qui place l’homme au cœur de ses interventions. 8/L’architecture éphémère Par tradition, l’architecture incarne le reflet de nos sociétés et d’un mode de pensée, quelquefois perçu comme dogmatique. Cette idée perdurera jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, où une nouvelle génération d’architectes rejetteront les idées de Le Corbusier. Cette vague nihiliste, alimentée par les écrits de Gilles Deleuze ou Jacques Derrida, commune à tous les arts, portera le nom d’anti-­‐architecture et plus tardivement d’architecture déconstruite pour Claude Parent. Depuis, l’art de la construction reposant sur la durabilité des matériaux s’effrite et devient un medium volatile. L’activité édilitaire est désormais marquée par l’urgence d’une situation, avec les abris en carton de Shigeru Ban, par l’étude des flux chers à Paul Virilio ou encore par la disparition du cadre bâti au sein de son environnement, à l’instar de la Tour des vents de Toyo Ito. 2