Les activités physiques et sportives à 50 ans

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Les activités physiques et sportives à 50 ans
< Dossier >
Les activités physiques et sportives à 50 ans
Les activités physiques
et sportives à 50 ans
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Conseiller et programmer la reprise
Dr Jacques Pruvost*
sommaire
Introduction
(page 14)
Programme 1 - Bouger pour maigrir :
lutter contre la sédentarité et augmenter la dépense énergétique
(page 14)
Programme 2 - Mettre en place un exercice physique régulier
pour améliorer la condition physique avec un objectif de santé
(page 17)
Programme 3 - Pratiquer le sport avec des objectifs
de performance ou de compétition : est-ce bien raisonnable ?
(page 22)
* Praticien attaché, Unité de médecine du sport, APHM, Marseille
MÉDECINs DU SPORT
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Mots-clés
Sédentarité, Santé, Vieillissement,
Activités physiques et sportives, Conseil,
Bénéfices-risques
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Les activités physiques et sportives à 50 ans
< Dossier >
Introduction
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Médecins généralistes et médecins du sport sont très souvent
questionnés par leurs patients sur les bénéfices de l’activité physique et les modalités
d’une reprise sportive. Les motivations pour quitter un comportement sédentaire et
les objectifs à la pratique d’un exercice physique sont très hétérogènes. Cet article didactique tente de donner des pistes pratiques aux médecins qui souhaitent conseiller
et accompagner leurs patients vieillissants dans les activités physiques et sportives.
Trois tableaux sont proposés : la prise en charge d’un sédentaire déconditionné à l’effort, les orientations à proposer chez un actif qui souhaite améliorer sa condition physique avec un objectif de santé, la signature d’un certificat de non contre-indication à
la compétition chez un sportif à risque.
Programme 1
Bouger pour maigrir : lutter contre la sédentarité
et augmenter la dépense énergétique
■■Objectif : augmenter l’activité physique (1-4)
L’objectif du premier programme
national santé (PNSS) était d’« augmenter l’activité physique quotidienne par une amélioration de
25 % du pourcentage de sujets fai-
© JPC-PROD - Fotolia
L’
OMS définit l’activité physique comme « tout mouvement corporel produit par la
contraction des muscles squelettiques entraînant une augmentation d’énergie au-dessus de la
dépense de repos ». Il s’agit d’une
définition de santé publique qui
vise à équilibrer apports et dépenses énergétiques en augmentant ces dernières. L’éducation
nutritionnelle devrait permettre
de régulariser ces apports énergétiques, l’objectif essentiel étant de
limiter la prise de poids. Les méthodes d’évaluation de cette activité physique se situent au niveau
de la quantification de l’énergie
dépensée au cours des différentes
activités journalières. Les critères
de suivi les plus habituels sont les
suivants : calorimétrie, équivalents
métaboliques (MET), anthropométrie (poids total, IMC, périmètre
abdominal, masse maigre, masse
grasse).
La reprise d’une activité physique chez des personnes sédentaires permet d’augmenter la
dépense énergétique.
sant l’équivalent d’au moins trente
minutes de marche rapide par
jour ». Ces objectifs ont évolué, et
c’est une quantité globale sur la semaine qui est à présent recommandée du fait de l’absence de données
scientifiques justifiant l’intérêt de
pratiquer quotidiennement. Par
exemple, pour les adultes, les recommandations sont formulées de
la manière suivante : « pratiquer au
moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine ou bien au moins 75 minutes
MÉDECINs DU SPORT
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d’activité physique d’intensité élevée par semaine ou bien, si possible,
combiner ces deux types d’activité
physique ».
■■Méthodes
$$Evaluer
l’activité physique
Les méthodes d’évaluation de l’activité physique sont nombreuses mais,
en pratique et au cabinet du médecin, les outils les plus utilisés sont
les questionnaires et la podométrie
quotidienne.
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$$Evaluer
la durée et l’intensité de
l’activité physique des patients : le
GPAQ (5)
Le
General
Practice
Activity
Questionnaire (GPAQ) a été développé par l’Organisation mondiale de la
santé et comporte seize questions
sur la pratique de l’activité physique
et sur la sédentarité au cours d’une
semaine habituelle. Par “activités
physiques au travail”, on entend les
travaux rémunérés, le bénévolat,
le travail non déclaré mais aussi les
tâches ménagères, le jardinage et
le bricolage. Six questions suffisent
pour mieux connaître les durées et
les intensités d’activités physiques
chez un patient professionnellement actif. Trois questions similaires
concernent les déplacements et six
questions l’exercice au cours des loisirs. Une question concerne le comportement sédentaire : « combien
de temps passez-vous en position
assise ou couchée lors d’une journée
habituelle ? »
Ce questionnaire est, depuis 2004,
très largement utilisé par nos
confrères du Royaume-Uni ou Nordaméricains pour évaluer les activités
physiques de leurs patients. Avec un
peu d’habitude, il suffit de quelques
minutes pour avoir une idée précise
et objective des comportements visà-vis de la sédentarité ou de l’activité physique.
$$La
podométrie
Porter un podomètre permet de
connaître une valeur approximative
du nombre de pas au quotidien et
de la distance parcourue. Les résultats doivent tenir compte d’une
marge d’erreur souvent élevée du
fait de la variabilité de l’amplitude
du pas. L’échelle de Tudor-Locke
(2004) évalue l’activité physique à
partir du nombre de pas quotidiens,
soit pour un adulte :
• 5 000 pas par jour ou moins : mode
de vie inactif ;
• entre 5 000 et 7 499 pas par jour :
faiblement actif ;
• entre 7 500 et 9 999 pas par jour :
modérément actif ;
• 10 000 pas et plus par jour : actif ;
• autour de 12 500 pas par jour : très
actif.
Pour les adeptes de la technicité, des
podomètres logiciels s’installent sur
les téléphones mobiles ayant un accéléromètre et en utilisent les capacités GPS pour permettre la mesure
des distances. Sur ce type d’appareils, la saisie du poids permet de
connaître le nombre de calories approximativement dépensées.
■■Résultats : le BSN 2008 (6)
Le Baromètre Santé Nutrition (BSN)
est un outil de suivi du Plan national
nutrition santé (PNNS) mis en place
en 2 000 et qu’il est prévu de poursuivre jusqu’en 2013. Ce Baromètre
Santé Nutrition est un dispositif
d’enquête national conduit par
l’Institut National de Prévention et
d’Education à la Santé (INPES). Son
objectif est d’étudier les comportements, les attitudes et les perceptions de la population française sur
les sujets liés à la nutrition et à l’activité physique.
Le Baromètre Santé Nutrition et les
Les activités physiques et sportives à 50 ans
excellentes exploitations faites au
niveau régional montrent bien les
inégalités de santé et les comportements différents face à l’activité physique en général et à l’exercice physique pour la santé. Cette étude nous
permet de scinder trois populations :
une population active chez qui l’essentiel de l’activité physique se situe
dans le cadre du travail et parfois à
des niveaux de durée et d’intensité
importants (25 à 30 %), une population sportive chez qui l’activité physique et sportive est programmée à
l’occasion des loisirs (18 à 25 % selon
les régions), une population majoritaire (45 % et plus) considérée selon
les critères internationaux comme
sédentaire ou modérément active
car ne pratiquant aucun sport et ne
faisant aucune activité physique ni
au travail, ni lors des déplacements
(encadré 1).
■■Discussion : pourquoi cela
ne marche (presque) jamais ?
Les freins à la mise en place d’une activité physique régulière et adaptée
sont nombreux. Ils peuvent venir du
sédentaire résigné, mais aussi de la
faible implication des professionnels
Encadré 1 - Activité physique et déplacements actifs :
un vœu pieux.
Cinq régions, Ile-de-France, PACA, Nord-Pas-de-Calais, Languedoc-Roussillon et
Haute-Normandie, ont édité un cahier spécial intitulé Activité physique et sédentarité dans lequel sont décrits précisément tous les résultats des extensions
régionales du Baromètre Santé Nutrition 2008 concernant l’activité physique et
la sédentarité.
Dans les quatre régions de province, la proportion d’habitants concernés par
l’activité physique lors des déplacements et qui déclare faire habituellement des
trajets d’au moins dix minutes à pied, à vélo ou en roller est très superposable :
53,3 % en PACA, 53,6 % en Haute-Normandie, 56 % en Languedoc-Roussillon,
56,4 % en NPDC. En Ile-de-France, la proportion de l’activité physique liée aux
déplacements est plus importante puisque deux Franciliens sur trois sont concernés : 68,3 % des Franciliens déclarent faire habituellement des trajets d’au moins
dix minutes à pied, à vélo ou en roller. Il s’agit là d’une proportion significativement plus importante que la moyenne en province (51,8 %).
Ces statistiques n’incitent pourtant pas à l’optimisme car elles signifient que près
d’un Français sur deux ne fait jamais de déplacements actifs de plus de 10 minutes par jour !
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Les activités physiques et sportives à 50 ans
de la santé et du sport. Le manque
de structures sportives adaptées de
proximité est aussi un argument
pour les inactifs irréductibles.
comportementaux
Chez un sédentaire la faible motivation à augmenter sa dépense
énergétique est associée au faible
plaisir perçu à pratiquer les activités
physiques. Le précepte « bougezvous la santé » est perçu comme une
contrainte qui ne fera que renforcer
le patient dans son incapacité à appréhender le mouvement.
< Dossier >
ragement du sédentaire à qui il faudra, au rythme de 3 heures d’activités physiques et sportives (APS) par
semaine, plus de 20 semaines pour
commencer à perdre du poids…
$$Freins
$$Freins
financiers
L’absence de prise en charge par les
organismes sociaux d’une partie des
frais occasionnés par l’activité physique est un frein pour la population
sédentaire et plus encore pour les
patients atteints de maladies chroniques.
$$Freins
$$Freins
motivationnels
Une demi-heure de marche active par
jour représente à peine une dépense
énergétique de 200 kilocalories ce qui
est sans doute trop peu pour avoir
un impact sur les indicateurs de suivi
anthropométriques (poids total, périmètre abdominal, IMC), médicaux
(tension artérielle) ou biologiques
(lipides sanguins, hémoglobine glyquée). Faute de critères d’amélioration rapide et de résultats tangibles,
la motivation du sédentaire à se bouger va vite s’essouffler.
$$Freins
physiologiques
L’objectif de maigrir est toujours mis
en avant pour mettre en place une
activité physique régulière et adaptée. Mais il faut 70 heures d’activités
physiques à intensité moyenne pour
perdre un kilogramme de masse
grasse (1, 3). On comprend le décou-
médicaux
Les freins à l’activité physique peuvent aussi venir des différents professionnels de santé. Le manque
de connaissance ou de temps pour
conseiller les activités physiques,
la surprotection et parfois même
les messages médicaux négatifs,
conscients ou inconscients, n’incitent
pas les patients à développer une activité physique régulière.
■■Conclusion
Les différentes méthodes tentant de
motiver sédentaires et patients en
surpoids à augmenter leur dépense
énergétique n’ont pas fait la preuve
de leur efficacité. Les conclusions
du baromètre santé nutrition 2008
montrent bien les limites de ce type
de fonctionnement. L’intégration
des activités physiques à travers
l’éducation thérapeutique et le
parcours de soin des patients serat-il plus efficient ? On peut en douter. Les intellectuels de terrain que
sont les médecins du sport et les
médecins généralistes craignent
toujours de perdre du temps et
de l’énergie. Passons donc au programme suivant.
n
Pour la pratique, on retiendra :
d Toutes les études montrent que les activités physiques régulières sont bénéfiques pour la santé. Pourtant un Français sur deux ne pratique aucun sport et ne
fait aucune activité physique ni au travail, ni lors des déplacements.
d Les freins à la pratique d’une activité physique adaptée et régulière sont nombreux. Les identifier est un premier pas pour tenter de motiver les sédentaires à
pratiquer une activité physique régulière.
d Pour un patient sédentaire qui souhaite perdre du poids, est-il judicieux de lui
apprendre qu’il faut 70 heures d’activités physiques à intensité moyenne pour
perdre un kilogramme de masse grasse ?
Bibliographie
4. Vuillemin A. Le point sur les recommandations de santé publique
en matière d’activité physique. Science et Sports 2011 ; 26 : 183-90.
5. Organisation mondiale de la santé (OMS). Questionnaire mondial
sur la pratique d’activités physiques (GPAQ). Guide pour l’analyse. En
ligne : http://www.who.int/chp/steps/GPAQ/en/index.html
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Sous la direction de Hélène Escalon, Claire Brossard, François Beck.
En ligne : http://www.inpes.sante.fr/index2.asp ?page=nouveauteseditoriales/2010/barometre-sante-nutrition-2008.asp
1. Bouchard C, Boisvert P. Quantité d’activité physique requise pour
en retirer des bénéfices pour la santé. Avis du comité scientifique de
Kino-Québec. En ligne : http://www.kino-quebec.qc.ca/publications/
SynthQteActivitePhysique.pdf
2. Oppert JM, Simon C, Rivière D, Guezennec C. Activité physique
et santé. Arguments scientifiques, pistes pratiques. Les synthèses du
Programme National Nutrition-Santé. Paris, 2005.
3. Rivière D. La prescription de l’activité physique. Comment l’aborder
chez le sujet obèse ou en surpoids. Diabète et Obésité 2009 ; 4 : 93-9.
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< Dossier >
Les activités physiques et sportives à 50 ans
Programme 2
Mettre en place un exercice physique régulier
pour améliorer la condition physique
avec un objectif de santé
■■Objectif : améliorer
la condition physique
L’exercice physique pour la santé est
défini comme « une activité physique structurée permettant d’améliorer les composants de la condition
physique comme l’endurance cardiorespiratoire, la force, l’endurance et
la souplesse musculaires ». Les objectifs sont ici de maintenir ou restaurer les capacités fonctionnelles et
la condition physique à travers des
activités physiques ou sportives régulières et adaptées.
■■Méthodes (1-3)
Mettre en place un exercice physique avec l’objectif d’améliorer la
condition physique de manière durable, c’est répondre clairement aux
différentes questions que va poser
le sédentaire de 50 ans qui souhaite
faire l’effort de changer son comportement. Les quatre questions qui
vont apparaître consciemment ou
inconsciemment seront invariablement les suivantes : quelle est ma
condition physique ? Quelles activi-
tés physiques me conseillez-vous ?
Comment placer des séances d’exercice physique dans un emploi du
temps déjà très chargé ? Quels effets
réels sur ma santé ?
$$Evaluer
la condition physique
pour motiver
L’évaluation et le suivi de l’entraînement ou du réentraînement à l’effort se font par des tests d’exercice
cardio-respiratoires (épreuves d’effort et tests de terrain), musculaires
et neuromusculaires (tests de force,
d’endurance de force, de souplesse,
de coordination et d’équilibre). Il ne
s’agit pas de chercher des contre-indications mais au contraire de motiver un quinquagénaire qui souhaite
améliorer sa condition physique
avec un objectif de santé.
$$Conseiller
et orienter vers les
activités physiques adaptées
L’exercice physique structuré est
caractérisé par cinq paramètres :
la durée, la fréquence (nombre de
séances par semaine), l’intensité
(faible, modérée, élevée, très élevée), le type d’activité (natation, jogging, tennis, etc.) et le contexte de
la pratique (individuel ou collectif,
autonome ou encadré). Ces cinq paramètres doivent être abordés lors
du premier bilan qui va permettre
d’organiser un programme dont les
facteurs essentiels de réussite seront l’individualisation (programme
adapté aux aptitudes et aux goûts
du sujet), la progressivité (absence
de mise en échec) et la régularité
(impact réel sur les différents facteurs de la condition physique).
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D
epuis quelques années, de
nombreux travaux montrent
l’intérêt de l’activité physique
et ses effets bénéfiques en prévention primaire mais aussi tertiaire. Les
patients motivés pour prendre en
charge leur santé sont très demandeurs de conseils concernant la reprise et la programmation des activités physiques. Comment procéder
pour ne pas décevoir une personne
sans culture sportive qui souhaite
engager durablement un processus
de remise en condition physique ?
La reprise d’une activité physique doit être
au préalable discutée avec un médecin et
adaptée à la condition physique du patient.
$$Programmer
la reprise (4)
Il est important de ne pas rater cette
période de reprise car elle est l’élément essentiel qui va permettre un
changement durable dans les comportements de santé.
Les recommandations internationales concernant les programmes
de reprise sont précises. L’American
College of Sports Medecine propose
des programmes sur 20 séances, réparties sur 4 à 10 semaines selon
le niveau des capacités sportives.
Chaque séance doit durer au début
20 à 30 minutes minimum à une intensité modérée, c’est-à-dire entre
50 et 70 % de la VO2max avec une
fréquence de 3 à 5 fois par semaine.
Les programmes avec “ateliers passerelles” sont moins formels et permettent de découvrir l’activité physique en douceur. Encadrés par des
professionnels de l’animation spor-
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Les activités physiques et sportives à 50 ans
tive, sédentaires, seniors ou patients
atteints de maladies chroniques
évoluent à leur rythme et dans un
groupe où le regard de l’autre sera
bienveillant puisque les problématiques de la reprise seront les mêmes
pour tous (encadré 1).
$$Varier et programmer en fonction
d’un agenda professionnel et familial
Pour améliorer la condition physique
d’un pratiquant ou entretenir celle
d’un sportif, l’objectif est de placer
trois séances d’exercice physique par
semaine. La durée minimale de ces
séances doit se situer entre 40 minutes et 60 minutes. Trois séances
par semaine auront toujours un impact plus intéressant sur la santé
qu’une seule séance dominicale de
trois heures. Les intensités faibles
seront limitées à l’échauffement et
au retour au calme. Les intensités
moyenne et élevée doivent être régulièrement abordées soit en travail
continu soit en intermittent. La variété des activités et un choix multiple possible est le meilleur garant
d’une bonne adhésion de la part du
pratiquant. Les activités proposées
devraient être variées et il est recommandé d’en associer systématiquement deux types :
• les activités d’endurance qui sollicitent les “filières aérobie” en priorité
à travers les systèmes cardiovasculaire et respiratoire : marche rapide,
jogging, vélo, aviron, natation ;
• les activités de renforcement musculaire ou de musculation qui sollicitent en priorité les différents groupes
musculaires squelettiques à travers
un travail statique et dynamique :
musculation, préparation physique,
gymnastique douce et adaptée, karaté, taïchi, danse, cours pilates...
Avoir la condition physique, “tenir la
forme”, c’est avoir organisé son entraînement physique avec un savant
mélange de pratiques d’endurance
et de renforcement musculaire et un
judicieux dosage des paramètres de
durée, d’intensité et de fréquence.
< Dossier >
Encadré 1 - CNCI et pratique sportive non compétitive :
quels examens médicaux préventifs obligatoires ?
En club associatif ou en salle de sport privée (structure commerciale), la demande d’un CNCI à la pratique de l’activité physique et sportive non compétitive
(article L.231-1 du Code du sport) va être demandé au pratiquant qui consultera
son médecin traitant ou un médecin du sport. Les recommandations internationales proposent un bilan cardiovasculaire minimal composé d’un interrogatoire,
d’un examen physique et d’un ECG de repos. Faut-il systématiquement envisager
une épreuve d’effort pour ce type de pratiquant ? La réponse ne peut être faite
qu’au cas pas cas, l’indication d’une épreuve d’effort se basant sur des critères
médicaux (dyspnée, HTA par exemple) et sur les facteurs de risque cardiovasculaire. Cette épreuve d’effort doit être réellement maximale et permettre d’orienter l’exercice physique sur des fréquences cardiaques ciblées. Nous sommes dans
le cadre de la promotion des activités physiques et sportives comme facteur de
santé, les contre-indications absolues à un exercice régulier, adapté et non compétitif sont très rares.
$$Evaluer
l’impact sur la santé pour
conforter
La consultation médicale va permettre
d’évaluer les bienfaits de l’activité
physique. Il est logique de la programmer au départ tous les trois mois et
d’évaluer différents paramètres.
Les paramètres médicaux
Ils sont nombreux. Nous ne ferons
que citer les plus utilisés : critères
morphologiques (poids, périmètre
abdominal, IMC), critères cardiologiques (dyspnée, périmètre de
marche, tension artérielle), critères
biologiques (hémoglobine glyquée,
lipides sanguins). Malheureusement
ces critères sont souvent peu sensibles. De plus nous sommes inégaux
face à l’exercice physique, certains
sont de bons répondeurs, d’autres
moins. Il est important de prévenir
les patients qu’ils ne soient pas déçus
si ces paramètres mettent du temps
à évoluer favorablement.
Les paramètres économiques
Ils peuvent être suivis et motiver les patients à entretenir leur
condition physique : diminution
de la consommation médicamenteuse, du nombre de consultations
ou du nombre d’hospitalisations.
C’est le cas pour les diabétiques
de type 2, par exemple, chez qui
MÉDECINs DU SPORT
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l’exercice physique régulier diminue nettement le nombre d’hospitalisations (5).
Les paramètres sportifs
Les tests cardio-respiratoires de laboratoire ou de terrain, les tests
musculaires et neuromusculaires
permettent de montrer au patient
qu’il a progressé et de valoriser son
adhésion aux programmes d’exercices physiques. Les différentes fédérations qui s’intéressent à l’activité
physique pour tous proposent des
tests de terrain simples, validés et reproductibles.
Qualité de vie, paramètres psychologiques et sociaux
Ces critères doivent faire l’objet
d’une évaluation systématique car,
à eux seuls, ils sont les garants de la
réussite des différents programmes
de remise en condition physique. Les
questions concernant l’évolution de
la qualité de vie, de l’image de soi,
ainsi que la gestion de l’anxiété et du
stress sont très importantes car ces
critères sont ceux qui vont évoluer le
plus rapidement et le plus favorablement. Enfin la convivialité, de mise
lors des séances collectives encadrées
par un professionnel du sport, permet de développer les liens sociaux.
Ces paramètres psycho-sociaux sont
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< Dossier >
les premiers à être mis en avant par
les sédentaires ou les inactifs qui ont
réussi leur mutation (encadré 2).
■■Résultats : le ménage à trois
est la clé de la réussite
On le comprend, la mise en place
d’activités physiques régulières et
adaptées se heurte très vite à des
difficultés sur le plan professionnel (longue consultation de programmation de l’entraînement),
sur le plan structurel (proximité
des centres de médecine du sport
pratiquant les tests de laboratoire),
d’ordre technique (individualisation
et surveillance des fréquences cardiaques par exemple) ou d’ordre
pratique (mise en place de tests de
terrain et suivi des évaluations).
L’enjeu pragmatique est avant tout
de faire évoluer en confiance et en
complémentarité un véritable ménage à trois constitué :
• d’un pratiquant motivé et soutenu
aux plans technique et psychologique ;
• des professionnels de santé (médecins généralistes, médecins du sport,
kinésithérapeutes) convaincus par
les bienfaits des activités physiques
et sportives et convaincants car bien
formés à leur programmation ;
• des professionnels du sport et de
l’activité physique (éducateurs sportifs ou entraîneurs titulaires d’un diplôme fédéral, d’un diplôme d’Etat
ou d’une carte professionnelle) ayant
une bonne expérience de terrain et
affichant une réelle volonté de développer une démarche sport-santé
dans leur club.
■■Conclusion
L’évaluation et le suivi de la condition
physique ne doivent pas se limiter aux
critères cardio-respiratoires et neuromusculaires. La qualité de vie et les
paramètres psycho-sociaux sont déterminants pour que les pratiquants
adhèrent aux activités physiques et
sportives régulières et adaptées. Dans
ce contexte, la mise en place de pro-
Les activités physiques et sportives à 50 ans
Encadré 2 - Effet dose-réponse : varier les intensités
pour un meilleur impact sur la santé (3, 4, 6, 7).
Les définitions internationales de l’intensité d’un exercice sont les suivantes :
faible, moyenne, élevée, très élevée ou maximale. L’évaluation et le suivi de l’intensité peut se faire par des critères subjectifs : l’essoufflement (questionnaire
OMS, test de la parole), la difficulté perçue (échelle de Borg, échelle de l’American College of Sports Medecine), l’observation directe sur le terrain ou des
critères objectifs, les plus utilisés étant les fréquences cardiaques et la consommation maximale d’oxygène (VO2max).
Il est toujours difficile d’évaluer précisément les intensités d’exercice lors de la
pratique sur le terrain. Les méthodes d’évaluation de l’intensité des exercices
sont complexes et soumises à de nombreuses interprétations. De ce fait entraîneurs, éducateurs sportifs et médecins du sport préfèrent utiliser les modes de
recueil simplifiés et reproductibles. L’utilisation d’un cardio-fréquencemètre est
sans doute la méthode la plus pratique et la moins approximative. Elle permet
d’individualiser et de sécuriser les séances en surveillant les fréquences cardiaques. Lorsque la phase de reconditionnement à l’exercice est terminée, les
intensités faibles n’ont plus d’impact sur la santé car elles se situent en dessous
du seuil de bénéfice. Il est donc important d’évoluer dans les zones d’intensité
moyenne en continu et dans les zones d’intensité élevée en intermittent. Les
cardio-fréquencemètres permettent de rester en dessous du seuil de risque c’està-dire, pour un sujet sain, en dessous de 85 à 90 % des fréquences cardiaques
maximales. Varier les intensités permet de largement diminuer la durée des
séances et de rendre les exercices plus ludiques, ce qui est toujours un facteur de
motivation pour le pratiquant. L’utilisation d’un cardio-fréquencemètre paraît
donc incontournable pour éduquer un public non averti à travailler dans les
intensités les mieux adaptées (Fig. 1).
grammes de réadaptation à l’exercice
devrait se faire par des professionnels
de l’animation sportive motivés par la
prise en charge et l’accompagnement
de publics sédentaires, en surpoids,
vieillissants ou atteints de maladies
chroniques.
De nombreuses fédérations proposent des programmes conçus pour ce
type de public. Orienter les patients
vers les professionnels de l’activité
physique qui maîtrisent ces différents programmes permet de développer durablement un reconditionnement à l’exercice.
Voilà le challenge pour les années
à venir : éducateurs sportifs professionnalisés et professionnels de santé
motivés communiquent en pleine
confiance pour programmer les activités physiques adaptées à un large
public dans le cadre d’une véritable
politique de santé publique. n
MÉDECINs DU SPORT
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Zone d’exercice trop élevée
= surentraînement, blessures,
accidents cardiovasculaires
Seuil de risque
Activités physiques
régulières
et adaptées
Seuil de bénéfice
Zone d’exercice trop faible en
fréquence, durée, intensité
= zéro impact sur la santé
Figure 1 - Les différentes intensités d’un
exercice et leurs impacts sur la santé.
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Les activités physiques et sportives à 50 ans
< Dossier >
Pour la pratique on retiendra :
séances en les orientant au dessus du seuil de bénéfice et
de les sécuriser en restant au dessous du seuil de risque.
d Pour engager durablement un sédentaire ou un patient
atteint de maladie chronique dans les activités physiques
et sportives, le secret de la réussite est l’interdisciplinarité :
un ménage à trois entre pratiquants (sédentaires ou actifs), professionnels de santé et professionnel de l’animation sportive. De nombreuses fédérations sportives proposent des programmes adaptés à la prise en charge de ce
type de public.
d Conseiller et programmer les activités physiques pour
améliorer la condition physique c’est organiser les entrainements à travers un savant mélange de pratiques à dominante cardio-respiratoire ou de renforcement musculaire
et un judicieux dosage des paramètres de durée, d’intensité et de fréquence.
d Le cardiofréquencemètre est un excellent outil d’éducation à la santé qui permet à un pratiquant de mieux cerner
les différentes intensités : faibles, moyennes, élevées, très
élevées et maximales. Cet outil permet d’individualiser les
Bibliographie
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qc.ca/pdf/publications/591-IntensitePratiqueActivitePhysique.pdf
Activités physiques et sportives pour la santé :
des fédérations qui s’engagent
Les fédérations non olympiques sont depuis toujours
engagées dans l’activité physique pour la santé et proposent des activités non compétitives adaptées à leurs
licenciés. Le sport pour la santé se développant depuis
quelques années de manière très large, ces fédérations
ont mis en place de véritables programmes de remise
en forme pour les sédentaires ou les plus de 50 ans qui
souhaitent reprendre les activités physiques. Certaines
fédérations olympiques (athlétisme, natation, escrime,
canoë-kayak par exemple) ont développé récemment
des programmes parfaitement adaptés aux personnes
qui souhaitent reprendre les activités physiques sans
prendre une licence pour la compétition.
Programmes spécialisés : Actigym’senior, Gym’équilibre,
Gym’Autonomie, Acti’March et ateliers passerelles pour
les enfants et les adultes en surpoids.
Le programme Acti’March est destiné à tous les publics.
Il associe pendant 16 semaines un travail cardio-respiratoire avec des intensités variées et un travail musculaire de type préparation physique générale. Les tests
du 2 km marche et des 6 minutes sont les tests de terrain utilisés pour évaluer les capacités physiologiques
et suivre la progression. Ce programme est mis en place
et surveillé par des éducateurs sportifs diplômés et formés spécifiquement. Le suivi de la fréquence cardiaque
par cardio-fréquencemètre permet individualisation et
sécurisation.
• Fédération Française d’Education Physique
et de Gymnastique Volontaire (FFEPGV)
Fédération multisports non olympique
516 000 licenciés, 7 140 clubs
Magazine : Option Sport Santé
www.ffepgv.fr
MÉDECINs DU SPORT
• Fédération Française pour l’Entraînement Physique
dans le Monde Moderne–Sports pour tous (FFEPMMSports pour Tous)
Fédération multisports non olympique
190 000 licenciés, 2 820 clubs
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aux préoccupations de loisirs et de santé de ses licenciés
non compétiteurs. Les entraîneurs et les éducateurs sportifs qui développent dans les clubs le concept d’”athlé
santé” sont des professionnels titulaires d’un brevet d’Etat.
Ils sont formés également pour la marche nordique et la
prise en charge d’insuffisants respiratoires. Diagnoform,
batterie de tests spécifiques à la FFA, permet l’évaluation
et le suivi de la condition physique pour les pratiquants de
tous âges.
Magazine : Les Cahiers de l’Animateur
www.sportpourtous.org
Programmes spécialisés pour les seniors : Gym pour
tous, Sports de pleine nature, Aquagym, Programme
PIED (prévention des chutes), programme Diabet’action.
Ateliers passerelles pour les enfants et les adultes en
surpoids.
Le programme Diabet’action permet aux diabétiques sédentaires ou inactifs de reprendre une activité physique
adaptée. Ce programme a été élaboré pour être à la
portée de tout diabétique. Les activités physiques pratiquées sont simples et faciles d’accès pour les pratiquants
qui souhaitent reprendre confiance en leur capacité de
bouger. Il s’agit d’un véritable atelier passerelle dont les
objectifs sont l’amélioration de la condition physique et
l’autonomie pour ensuite pratiquer seul ou dans un club.
Les éducateurs sportifs sont formés spécifiquement à la
prise en charge de patients atteints de diabète. Form plus
Sport est une batterie de tests d’évaluation mis en place
par l’EPMM.
• Fédération Française d’Escrime (FFE)
Fédération Olympique
61 000 licenciés, 771 clubs
www.escrime-ffe.fr
Deux programmes mis en place par la FFE peuvent être
valorisés dans le cadre de la prise en charge d’un public
non compétiteur.
L’ ”escrime senior” s’adresse à deux types de public : les
retraités et les résidents en maison de retraite. Pour les
retraités, la pratique de l’escrime va entretenir équilibre,
coordination et réflexes dans le cadre convivial d’un club.
Pour les résidents en maisons de retraite, la pratique pourra s’organiser dans les établissements avec pour objectif le
maintien de l’autonomie.
L’ ”escrime handisport” et notamment l’escrime en fauteuil roulant est désormais un sport à part entière sur tous
les continents. La FFE a intégré l’escrime handisport dans
les salles d’armes traditionnelles et développé les sections
handisports au sein des clubs. Une convention entre la fédération d’escrime et la fédération handisport permet l’organisation de compétitions et de stages communs.
• Fédération Française de la Randonnée Pédestre
Fédération unisport non olympique
207 000 licenciés, 3 347 clubs
Magazine : Passion Rando
www.ffrandonnee.fr
Le programme Rando pour tous a pour but de permettre
au plus grand nombre de pratiquer la randonnée pédestre. Il est organisé pour les débutants en fonction de
leurs capacités. Les notions de durée et d’intensité, les
problématiques concernant le matériel, les difficultés en
relation avec le profil du terrain sont systématiquement
adaptées aux pratiquants.
Le programme Rando Santé est adapté aux sédentaires et aux patients atteints de maladies chroniques.
L’encadrement technique est formé à la prise en charge de
pratiquants ayant des problèmes physiologiques, pathologiques ou psychologiques. Ce programme peut être mis en
place à la demande des structures de soins ou des réseaux
de santé.
Pour en savoir plus : [email protected]
• Fédération Française de Natation (FFN)
Fédération Olympique
288 000 licenciés, 1 282 clubs
www.ffnatation.fr
Devant le nombre toujours plus important de seniors
prenant une licence en club de natation, la fédération
a souhaité développer une programme intitulé Nagez
forme santé. Il ne s’agit pas d’activités aquatiques de
type aquagym mais bien de natation régulière pour
améliorer sa condition physique et profiter d’une activité en décharge. L’encadrement technique est formé à
deux niveaux : les initiateurs aqua-santé qui prennent
en charge, dans le cadre de la prévention primaire, sédentaires et seniors ; les éducateurs aqua-santé formés à
la natation pour les personnes atteintes de pathologies
ou de maladies chroniques.
• Fédération Française d’Athlétisme (FFA)
Fédération Olympique
208 600 licenciés, 2 126 clubs
www.athle.org
Le dispositif ”Coach Athlé Santé” a été mis en place par
la Fédération d’Athlétisme qui souhaitait mieux répondre
MÉDECINs DU SPORT
Les activités physiques et sportives à 50 ans
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< Dossier >
Les activités physiques et sportives à 50 ans
Programme 3
Pratiquer le sport avec des objectifs
de performance ou de compétition :
est-ce bien raisonnable ?
■■Objectif : un véritable bilan
de non contre-indication
Chez ce type de sportif, la signature du certificat de non contre-indication à la pratique du sport en
compétition engage souvent la responsabilité du médecin en raison
des risques d’accidents coronariens
aigus. Si l’exercice physique a des
effets bénéfiques indéniables sur la
santé, le sport à haute intensité va
accroître le risque d’accidents cardiovasculaires. Mais si les risques
vasculaires sont au premier plan, les
risques osseux et articulaires ne doivent pas être négligés.
■■Méthodes (1-3)
La consultation pour l’obtention
du CNCI est l’occasion de mettre
en place un véritable bilan de non
contre-indication. Les recommandations concernant le contenu du bilan
cardiovasculaire chez ce type de
sportif sont claires et précises.
$$L’interrogatoire
est
incontournable
L’interrogatoire est essentiel à la recherche d’antécédents familiaux ou
personnels de facteurs de risque.
Or, les prodromes sont très souvent
négligés par les sportifs et plus particulièrement par les compétiteurs
de plus de 50 ans qui, dans plus de
40 % des cas, ne les respectent pas.
L’interrogatoire doit systématiquement rechercher la notion de malaise, de perte de connaissance, de
douleur thoracique, de palpitations,
de fatigue ou d’essoufflement inhabituel pendant ou après un effort.
Le questionnaire à visée cardiovasculaire recommandé par la Société
Française de Médecine du Sport est
un support très intéressant.
examen clinique centré sur
l’évaluation morphostatique
Auscultation cardiaque, recherche
de la symétrie des pouls et prise de la
tension artérielle aux deux bras font
partie de l’examen clinique à visée
cardiovasculaire. Un bilan articulaire
des douleurs, des amplitudes, de la
souplesse, de la force et de la stabilité doit être systématisé au niveau du
rachis et des articulations à risque au
vu du sport pratiqué. Les contraintes
ostéo-articulaires subies vont pouvoir aggraver les phénomènes arthrosiques débutants. Les conseils de
prévention pour éviter surmenage
articulaire et technopathies vont découler de cet examen clinique.
© Alexander Raths - Fotolia
N
ous sommes face à un sportif
de 50 ans qui aime la compétition et souhaite poursuivre
ou commencer un sport pour être
performant. Attention, il s’agit d’un
sportif à risque sur le plan traumatologique et sur le plan vasculaire.
$$Un
$$ECG
de repos et épreuve d’effort
maximale sont systématiques
En Europe et en France, les différentes
sociétés savantes de cardiologie ont
élaboré un consensus concernant les
examens préventifs à réaliser chez
les sportifs de compétition. L’ECG et
l’épreuve d’effort maximale doivent
être réalisés systématiquement chez
un sportif compétiteur de plus de
50 ans. L’intérêt de l’épreuve d’effort est triple : révéler une possible
maladie coronaire, détécter d’éventuels troubles du rythme, évaluer les
MÉDECINs DU SPORT
22
L’interrogatoire et l’examen clinique sont
indispensables pour signer le certificat de
non contre-indication.
capacités cardio-respiratoires. Cette
dernière évaluation permettra de
mettre en adéquation les capacités
du sportif et les objectifs, parfois irrationnels, qu’il s’est fixés.
■■Résultats : identifier
les f­ acteurs de risque et
les sportifs à risque (4-6)
$$Facteurs
de risque
Devant la vogue actuelle du sport
après 50 ans, de nombreux travaux
rappellent que le risque d’accidents
coronariens aigus est corrélé aux activités physiques intensives et aux facteurs de risque. Avoir 50 ans et être de
sexe masculin, c’est déjà cumuler deux
facteurs de risque. Dans cette population, les autres facteurs de risque
(HTA, surpoids, diabète, hyperlipidémie) sont souvent présents et ont un
impact négatif supplémentaire. Tous
les auteurs s’accordent pour écrire
que le tabagisme actif, ancien ou récent, est le facteur de risque à prendre
en compte en priorité. Dans ces condi-
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< Dossier >
tions, faut-il encore signer un certificat de non contre-indication à la pratique sportive en compétition chez un
fumeur de 50 ans ?
$$Sportifs
à risque
En pratique, il est possible de scinder
deux types de population.
- Le sportif de 50 ans, qui n’a jamais
cessé de pratiquer sports et activités physiques, dont la culture sportive est ancrée, respectant depuis
toujours les “éducatifs” concernant
l’échauffement, l’intensité de l’exercice, le retour au calme. Pas de facteurs de risque autres que son âge.
ECG et épreuves d’effort sont normaux. Chez ce type de sportif, les
risques d’accidents coronariens aigus
existent mais sont très faibles. La
poursuite du sport en compétition
ne peut être que bénéfique car elle
est encadrée par un entraînement
régulier et adapté.
- Le sportif de 50 ans qui a commencé tardivement le sport, compétiteur
Les activités physiques et sportives à 50 ans
peu acculturé aux “éducatifs” et
chez qui les facteurs de risque s’additionnent. ECG de repos et épreuve
d’effort peuvent être normaux, le
risque d’accident coronarien est réel
surtout si ce sportif a été un fumeur
actif pendant plus de 10 ans. Pour
cette population, certains auteurs
recommandent d’envisager des explorations coronariennes complémentaires (coronarographie, IRM)
avant de signer tout certificat de
non contre-indication (4).
mandations (10 règles d’or) édictées par le Club des Cardiologues
du Sport peuvent être commentées
en présence du sportif et remise au
patient sur un support papier. Une
double information, orale et écrite,
est un gage de sécurité juridique.
Les conseils d’adaptation de l’entraînement concernent essentiellement
l’échauffement, l’hydratation et le
retour au calme. Le tabac est proscrit
avant et après l’entraînement ou les
compétitions.
$$Obligation
Les conseils de modération concernant
la prévention du surmenage ostéo-articulaire et de ses conséquences, notamment au niveau des articulations
portantes et du rachis, pourraient être
les suivants : varier les durées et les
surfaces d’entraînement, les types de
sport en alternant sports portés (natation, cyclisme) et sports avec impacts
au sol, ne pas oublier la préparation
physique générale et la musculation
légère, choisir chaussures et matériel
adéquat avec soin.
d’information et
conseils de respect des bonnes
pratiques
Pour cette population à risque, l’information est un facteur essentiel
de prévention. Le cardiofréquencemètre est un excellent outil d’éducation au sport et à la santé. Son achat
doit être fortement recommandé
et permettra d’éviter au sportif de
travailler dans les intensités sousmaximales et maximales. Les recom-
■■Conclusion
Pour la pratique, on retiendra :
d ECG de repos et épreuve d’effort maximale doivent être envisagés systématiquement chez un sportif compétiteur de plus de 50 ans.
d Méconnaissances des règles de bonnes pratiques et tabagisme actif, ancien
ou récent, sont deux facteurs de haut risque pour la survenue de syndromes
coronaires aigus.
d « Qui veut aller loin ménage sa monture ». Les conseils de modération concernant les quantités d’entrainement et les conseils d’alternance pour les types de
sport ont pour objectif d’éviter le surmenage articulaire et de retarder la survenue des pathologies micro-traumatiques.
Du fait du vieillissement de la population, les sportifs compétiteurs de plus
de 50 ans représentent une part non
négligeable des consultations de prévention en médecine et en médecine
du sport. L’objectif non négociable
de la consultation est un véritable
bilan de non contre-indication centré
sur le cardiovasculaire. Les différents
facteurs de risque, et notamment le
tabagisme, peuvent faire discuter
fortement l’intérêt de la pratique du
sport en compétition.
n
Bibliographie
1. Carré F. Guide pratique de cardiologie du sport. Paris : Editions
Expressions Santé, 2008.
2. Société Française de Médecine du Sport. Fiche d’examen médical de non contre-indication apparente à la pratique d’un sport. En
ligne : http://www.sfms.asso.fr/fr/images_db/visite_nci.pdf
3. Depiesse F, Cayrac C. Arthrose et activité physique. In : Depiesse F,
et al. Prescription des activités physiques : en prévention et en thérapeutique. Paris : Masson, 2009.
MÉDECINs DU SPORT
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4. Möhlenkamp S, Lehmann N, Breuckmann F. Running : the risk of
coronary events. Eur Heart J 2008 ; 29 : 1907-10.
5. Tobias K. Syndrome coronaire aigu lié à la pratique sportive :
profil et suivi d’une série de 25 cas. Thèse, Faculté de Médecine de
Marseille. 26 janvier 2011
6. Marijon E, Tafflet M, Jouven X. Sports related sudden death in the
general population. Circulation 2011 ; 124 : 672-81.
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