Les activités physiques et sportives à 50 ans
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Les activités physiques et sportives à 50 ans
< Dossier > Les activités physiques et sportives à 50 ans Les activités physiques et sportives à 50 ans © Tomfry - Fotolia Conseiller et programmer la reprise Dr Jacques Pruvost* sommaire Introduction (page 14) Programme 1 - Bouger pour maigrir : lutter contre la sédentarité et augmenter la dépense énergétique (page 14) Programme 2 - Mettre en place un exercice physique régulier pour améliorer la condition physique avec un objectif de santé (page 17) Programme 3 - Pratiquer le sport avec des objectifs de performance ou de compétition : est-ce bien raisonnable ? (page 22) * Praticien attaché, Unité de médecine du sport, APHM, Marseille MÉDECINs DU SPORT 13 Mots-clés Sédentarité, Santé, Vieillissement, Activités physiques et sportives, Conseil, Bénéfices-risques N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 Les activités physiques et sportives à 50 ans < Dossier > Introduction © Gina Sanders - Fotolia Médecins généralistes et médecins du sport sont très souvent questionnés par leurs patients sur les bénéfices de l’activité physique et les modalités d’une reprise sportive. Les motivations pour quitter un comportement sédentaire et les objectifs à la pratique d’un exercice physique sont très hétérogènes. Cet article didactique tente de donner des pistes pratiques aux médecins qui souhaitent conseiller et accompagner leurs patients vieillissants dans les activités physiques et sportives. Trois tableaux sont proposés : la prise en charge d’un sédentaire déconditionné à l’effort, les orientations à proposer chez un actif qui souhaite améliorer sa condition physique avec un objectif de santé, la signature d’un certificat de non contre-indication à la compétition chez un sportif à risque. Programme 1 Bouger pour maigrir : lutter contre la sédentarité et augmenter la dépense énergétique ■■Objectif : augmenter l’activité physique (1-4) L’objectif du premier programme national santé (PNSS) était d’« augmenter l’activité physique quotidienne par une amélioration de 25 % du pourcentage de sujets fai- © JPC-PROD - Fotolia L’ OMS définit l’activité physique comme « tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques entraînant une augmentation d’énergie au-dessus de la dépense de repos ». Il s’agit d’une définition de santé publique qui vise à équilibrer apports et dépenses énergétiques en augmentant ces dernières. L’éducation nutritionnelle devrait permettre de régulariser ces apports énergétiques, l’objectif essentiel étant de limiter la prise de poids. Les méthodes d’évaluation de cette activité physique se situent au niveau de la quantification de l’énergie dépensée au cours des différentes activités journalières. Les critères de suivi les plus habituels sont les suivants : calorimétrie, équivalents métaboliques (MET), anthropométrie (poids total, IMC, périmètre abdominal, masse maigre, masse grasse). La reprise d’une activité physique chez des personnes sédentaires permet d’augmenter la dépense énergétique. sant l’équivalent d’au moins trente minutes de marche rapide par jour ». Ces objectifs ont évolué, et c’est une quantité globale sur la semaine qui est à présent recommandée du fait de l’absence de données scientifiques justifiant l’intérêt de pratiquer quotidiennement. Par exemple, pour les adultes, les recommandations sont formulées de la manière suivante : « pratiquer au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine ou bien au moins 75 minutes MÉDECINs DU SPORT 14 d’activité physique d’intensité élevée par semaine ou bien, si possible, combiner ces deux types d’activité physique ». ■■Méthodes $$Evaluer l’activité physique Les méthodes d’évaluation de l’activité physique sont nombreuses mais, en pratique et au cabinet du médecin, les outils les plus utilisés sont les questionnaires et la podométrie quotidienne. N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 < Dossier > $$Evaluer la durée et l’intensité de l’activité physique des patients : le GPAQ (5) Le General Practice Activity Questionnaire (GPAQ) a été développé par l’Organisation mondiale de la santé et comporte seize questions sur la pratique de l’activité physique et sur la sédentarité au cours d’une semaine habituelle. Par “activités physiques au travail”, on entend les travaux rémunérés, le bénévolat, le travail non déclaré mais aussi les tâches ménagères, le jardinage et le bricolage. Six questions suffisent pour mieux connaître les durées et les intensités d’activités physiques chez un patient professionnellement actif. Trois questions similaires concernent les déplacements et six questions l’exercice au cours des loisirs. Une question concerne le comportement sédentaire : « combien de temps passez-vous en position assise ou couchée lors d’une journée habituelle ? » Ce questionnaire est, depuis 2004, très largement utilisé par nos confrères du Royaume-Uni ou Nordaméricains pour évaluer les activités physiques de leurs patients. Avec un peu d’habitude, il suffit de quelques minutes pour avoir une idée précise et objective des comportements visà-vis de la sédentarité ou de l’activité physique. $$La podométrie Porter un podomètre permet de connaître une valeur approximative du nombre de pas au quotidien et de la distance parcourue. Les résultats doivent tenir compte d’une marge d’erreur souvent élevée du fait de la variabilité de l’amplitude du pas. L’échelle de Tudor-Locke (2004) évalue l’activité physique à partir du nombre de pas quotidiens, soit pour un adulte : • 5 000 pas par jour ou moins : mode de vie inactif ; • entre 5 000 et 7 499 pas par jour : faiblement actif ; • entre 7 500 et 9 999 pas par jour : modérément actif ; • 10 000 pas et plus par jour : actif ; • autour de 12 500 pas par jour : très actif. Pour les adeptes de la technicité, des podomètres logiciels s’installent sur les téléphones mobiles ayant un accéléromètre et en utilisent les capacités GPS pour permettre la mesure des distances. Sur ce type d’appareils, la saisie du poids permet de connaître le nombre de calories approximativement dépensées. ■■Résultats : le BSN 2008 (6) Le Baromètre Santé Nutrition (BSN) est un outil de suivi du Plan national nutrition santé (PNNS) mis en place en 2 000 et qu’il est prévu de poursuivre jusqu’en 2013. Ce Baromètre Santé Nutrition est un dispositif d’enquête national conduit par l’Institut National de Prévention et d’Education à la Santé (INPES). Son objectif est d’étudier les comportements, les attitudes et les perceptions de la population française sur les sujets liés à la nutrition et à l’activité physique. Le Baromètre Santé Nutrition et les Les activités physiques et sportives à 50 ans excellentes exploitations faites au niveau régional montrent bien les inégalités de santé et les comportements différents face à l’activité physique en général et à l’exercice physique pour la santé. Cette étude nous permet de scinder trois populations : une population active chez qui l’essentiel de l’activité physique se situe dans le cadre du travail et parfois à des niveaux de durée et d’intensité importants (25 à 30 %), une population sportive chez qui l’activité physique et sportive est programmée à l’occasion des loisirs (18 à 25 % selon les régions), une population majoritaire (45 % et plus) considérée selon les critères internationaux comme sédentaire ou modérément active car ne pratiquant aucun sport et ne faisant aucune activité physique ni au travail, ni lors des déplacements (encadré 1). ■■Discussion : pourquoi cela ne marche (presque) jamais ? Les freins à la mise en place d’une activité physique régulière et adaptée sont nombreux. Ils peuvent venir du sédentaire résigné, mais aussi de la faible implication des professionnels Encadré 1 - Activité physique et déplacements actifs : un vœu pieux. Cinq régions, Ile-de-France, PACA, Nord-Pas-de-Calais, Languedoc-Roussillon et Haute-Normandie, ont édité un cahier spécial intitulé Activité physique et sédentarité dans lequel sont décrits précisément tous les résultats des extensions régionales du Baromètre Santé Nutrition 2008 concernant l’activité physique et la sédentarité. Dans les quatre régions de province, la proportion d’habitants concernés par l’activité physique lors des déplacements et qui déclare faire habituellement des trajets d’au moins dix minutes à pied, à vélo ou en roller est très superposable : 53,3 % en PACA, 53,6 % en Haute-Normandie, 56 % en Languedoc-Roussillon, 56,4 % en NPDC. En Ile-de-France, la proportion de l’activité physique liée aux déplacements est plus importante puisque deux Franciliens sur trois sont concernés : 68,3 % des Franciliens déclarent faire habituellement des trajets d’au moins dix minutes à pied, à vélo ou en roller. Il s’agit là d’une proportion significativement plus importante que la moyenne en province (51,8 %). Ces statistiques n’incitent pourtant pas à l’optimisme car elles signifient que près d’un Français sur deux ne fait jamais de déplacements actifs de plus de 10 minutes par jour ! MÉDECINs DU SPORT 15 N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 Les activités physiques et sportives à 50 ans de la santé et du sport. Le manque de structures sportives adaptées de proximité est aussi un argument pour les inactifs irréductibles. comportementaux Chez un sédentaire la faible motivation à augmenter sa dépense énergétique est associée au faible plaisir perçu à pratiquer les activités physiques. Le précepte « bougezvous la santé » est perçu comme une contrainte qui ne fera que renforcer le patient dans son incapacité à appréhender le mouvement. < Dossier > ragement du sédentaire à qui il faudra, au rythme de 3 heures d’activités physiques et sportives (APS) par semaine, plus de 20 semaines pour commencer à perdre du poids… $$Freins $$Freins financiers L’absence de prise en charge par les organismes sociaux d’une partie des frais occasionnés par l’activité physique est un frein pour la population sédentaire et plus encore pour les patients atteints de maladies chroniques. $$Freins $$Freins motivationnels Une demi-heure de marche active par jour représente à peine une dépense énergétique de 200 kilocalories ce qui est sans doute trop peu pour avoir un impact sur les indicateurs de suivi anthropométriques (poids total, périmètre abdominal, IMC), médicaux (tension artérielle) ou biologiques (lipides sanguins, hémoglobine glyquée). Faute de critères d’amélioration rapide et de résultats tangibles, la motivation du sédentaire à se bouger va vite s’essouffler. $$Freins physiologiques L’objectif de maigrir est toujours mis en avant pour mettre en place une activité physique régulière et adaptée. Mais il faut 70 heures d’activités physiques à intensité moyenne pour perdre un kilogramme de masse grasse (1, 3). On comprend le décou- médicaux Les freins à l’activité physique peuvent aussi venir des différents professionnels de santé. Le manque de connaissance ou de temps pour conseiller les activités physiques, la surprotection et parfois même les messages médicaux négatifs, conscients ou inconscients, n’incitent pas les patients à développer une activité physique régulière. ■■Conclusion Les différentes méthodes tentant de motiver sédentaires et patients en surpoids à augmenter leur dépense énergétique n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Les conclusions du baromètre santé nutrition 2008 montrent bien les limites de ce type de fonctionnement. L’intégration des activités physiques à travers l’éducation thérapeutique et le parcours de soin des patients serat-il plus efficient ? On peut en douter. Les intellectuels de terrain que sont les médecins du sport et les médecins généralistes craignent toujours de perdre du temps et de l’énergie. Passons donc au programme suivant. n Pour la pratique, on retiendra : d Toutes les études montrent que les activités physiques régulières sont bénéfiques pour la santé. Pourtant un Français sur deux ne pratique aucun sport et ne fait aucune activité physique ni au travail, ni lors des déplacements. d Les freins à la pratique d’une activité physique adaptée et régulière sont nombreux. Les identifier est un premier pas pour tenter de motiver les sédentaires à pratiquer une activité physique régulière. d Pour un patient sédentaire qui souhaite perdre du poids, est-il judicieux de lui apprendre qu’il faut 70 heures d’activités physiques à intensité moyenne pour perdre un kilogramme de masse grasse ? Bibliographie 4. Vuillemin A. Le point sur les recommandations de santé publique en matière d’activité physique. Science et Sports 2011 ; 26 : 183-90. 5. Organisation mondiale de la santé (OMS). Questionnaire mondial sur la pratique d’activités physiques (GPAQ). Guide pour l’analyse. En ligne : http://www.who.int/chp/steps/GPAQ/en/index.html 6. Baromètre Santé Nutrition 2008. Collection Baromètres Santé. Sous la direction de Hélène Escalon, Claire Brossard, François Beck. En ligne : http://www.inpes.sante.fr/index2.asp ?page=nouveauteseditoriales/2010/barometre-sante-nutrition-2008.asp 1. Bouchard C, Boisvert P. Quantité d’activité physique requise pour en retirer des bénéfices pour la santé. Avis du comité scientifique de Kino-Québec. En ligne : http://www.kino-quebec.qc.ca/publications/ SynthQteActivitePhysique.pdf 2. Oppert JM, Simon C, Rivière D, Guezennec C. Activité physique et santé. Arguments scientifiques, pistes pratiques. Les synthèses du Programme National Nutrition-Santé. Paris, 2005. 3. Rivière D. La prescription de l’activité physique. Comment l’aborder chez le sujet obèse ou en surpoids. Diabète et Obésité 2009 ; 4 : 93-9. MÉDECINs DU SPORT 16 N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 < Dossier > Les activités physiques et sportives à 50 ans Programme 2 Mettre en place un exercice physique régulier pour améliorer la condition physique avec un objectif de santé ■■Objectif : améliorer la condition physique L’exercice physique pour la santé est défini comme « une activité physique structurée permettant d’améliorer les composants de la condition physique comme l’endurance cardiorespiratoire, la force, l’endurance et la souplesse musculaires ». Les objectifs sont ici de maintenir ou restaurer les capacités fonctionnelles et la condition physique à travers des activités physiques ou sportives régulières et adaptées. ■■Méthodes (1-3) Mettre en place un exercice physique avec l’objectif d’améliorer la condition physique de manière durable, c’est répondre clairement aux différentes questions que va poser le sédentaire de 50 ans qui souhaite faire l’effort de changer son comportement. Les quatre questions qui vont apparaître consciemment ou inconsciemment seront invariablement les suivantes : quelle est ma condition physique ? Quelles activi- tés physiques me conseillez-vous ? Comment placer des séances d’exercice physique dans un emploi du temps déjà très chargé ? Quels effets réels sur ma santé ? $$Evaluer la condition physique pour motiver L’évaluation et le suivi de l’entraînement ou du réentraînement à l’effort se font par des tests d’exercice cardio-respiratoires (épreuves d’effort et tests de terrain), musculaires et neuromusculaires (tests de force, d’endurance de force, de souplesse, de coordination et d’équilibre). Il ne s’agit pas de chercher des contre-indications mais au contraire de motiver un quinquagénaire qui souhaite améliorer sa condition physique avec un objectif de santé. $$Conseiller et orienter vers les activités physiques adaptées L’exercice physique structuré est caractérisé par cinq paramètres : la durée, la fréquence (nombre de séances par semaine), l’intensité (faible, modérée, élevée, très élevée), le type d’activité (natation, jogging, tennis, etc.) et le contexte de la pratique (individuel ou collectif, autonome ou encadré). Ces cinq paramètres doivent être abordés lors du premier bilan qui va permettre d’organiser un programme dont les facteurs essentiels de réussite seront l’individualisation (programme adapté aux aptitudes et aux goûts du sujet), la progressivité (absence de mise en échec) et la régularité (impact réel sur les différents facteurs de la condition physique). MÉDECINs DU SPORT 17 © Glenan07 - Fotolia D epuis quelques années, de nombreux travaux montrent l’intérêt de l’activité physique et ses effets bénéfiques en prévention primaire mais aussi tertiaire. Les patients motivés pour prendre en charge leur santé sont très demandeurs de conseils concernant la reprise et la programmation des activités physiques. Comment procéder pour ne pas décevoir une personne sans culture sportive qui souhaite engager durablement un processus de remise en condition physique ? La reprise d’une activité physique doit être au préalable discutée avec un médecin et adaptée à la condition physique du patient. $$Programmer la reprise (4) Il est important de ne pas rater cette période de reprise car elle est l’élément essentiel qui va permettre un changement durable dans les comportements de santé. Les recommandations internationales concernant les programmes de reprise sont précises. L’American College of Sports Medecine propose des programmes sur 20 séances, réparties sur 4 à 10 semaines selon le niveau des capacités sportives. Chaque séance doit durer au début 20 à 30 minutes minimum à une intensité modérée, c’est-à-dire entre 50 et 70 % de la VO2max avec une fréquence de 3 à 5 fois par semaine. Les programmes avec “ateliers passerelles” sont moins formels et permettent de découvrir l’activité physique en douceur. Encadrés par des professionnels de l’animation spor- N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 Les activités physiques et sportives à 50 ans tive, sédentaires, seniors ou patients atteints de maladies chroniques évoluent à leur rythme et dans un groupe où le regard de l’autre sera bienveillant puisque les problématiques de la reprise seront les mêmes pour tous (encadré 1). $$Varier et programmer en fonction d’un agenda professionnel et familial Pour améliorer la condition physique d’un pratiquant ou entretenir celle d’un sportif, l’objectif est de placer trois séances d’exercice physique par semaine. La durée minimale de ces séances doit se situer entre 40 minutes et 60 minutes. Trois séances par semaine auront toujours un impact plus intéressant sur la santé qu’une seule séance dominicale de trois heures. Les intensités faibles seront limitées à l’échauffement et au retour au calme. Les intensités moyenne et élevée doivent être régulièrement abordées soit en travail continu soit en intermittent. La variété des activités et un choix multiple possible est le meilleur garant d’une bonne adhésion de la part du pratiquant. Les activités proposées devraient être variées et il est recommandé d’en associer systématiquement deux types : • les activités d’endurance qui sollicitent les “filières aérobie” en priorité à travers les systèmes cardiovasculaire et respiratoire : marche rapide, jogging, vélo, aviron, natation ; • les activités de renforcement musculaire ou de musculation qui sollicitent en priorité les différents groupes musculaires squelettiques à travers un travail statique et dynamique : musculation, préparation physique, gymnastique douce et adaptée, karaté, taïchi, danse, cours pilates... Avoir la condition physique, “tenir la forme”, c’est avoir organisé son entraînement physique avec un savant mélange de pratiques d’endurance et de renforcement musculaire et un judicieux dosage des paramètres de durée, d’intensité et de fréquence. < Dossier > Encadré 1 - CNCI et pratique sportive non compétitive : quels examens médicaux préventifs obligatoires ? En club associatif ou en salle de sport privée (structure commerciale), la demande d’un CNCI à la pratique de l’activité physique et sportive non compétitive (article L.231-1 du Code du sport) va être demandé au pratiquant qui consultera son médecin traitant ou un médecin du sport. Les recommandations internationales proposent un bilan cardiovasculaire minimal composé d’un interrogatoire, d’un examen physique et d’un ECG de repos. Faut-il systématiquement envisager une épreuve d’effort pour ce type de pratiquant ? La réponse ne peut être faite qu’au cas pas cas, l’indication d’une épreuve d’effort se basant sur des critères médicaux (dyspnée, HTA par exemple) et sur les facteurs de risque cardiovasculaire. Cette épreuve d’effort doit être réellement maximale et permettre d’orienter l’exercice physique sur des fréquences cardiaques ciblées. Nous sommes dans le cadre de la promotion des activités physiques et sportives comme facteur de santé, les contre-indications absolues à un exercice régulier, adapté et non compétitif sont très rares. $$Evaluer l’impact sur la santé pour conforter La consultation médicale va permettre d’évaluer les bienfaits de l’activité physique. Il est logique de la programmer au départ tous les trois mois et d’évaluer différents paramètres. Les paramètres médicaux Ils sont nombreux. Nous ne ferons que citer les plus utilisés : critères morphologiques (poids, périmètre abdominal, IMC), critères cardiologiques (dyspnée, périmètre de marche, tension artérielle), critères biologiques (hémoglobine glyquée, lipides sanguins). Malheureusement ces critères sont souvent peu sensibles. De plus nous sommes inégaux face à l’exercice physique, certains sont de bons répondeurs, d’autres moins. Il est important de prévenir les patients qu’ils ne soient pas déçus si ces paramètres mettent du temps à évoluer favorablement. Les paramètres économiques Ils peuvent être suivis et motiver les patients à entretenir leur condition physique : diminution de la consommation médicamenteuse, du nombre de consultations ou du nombre d’hospitalisations. C’est le cas pour les diabétiques de type 2, par exemple, chez qui MÉDECINs DU SPORT 18 l’exercice physique régulier diminue nettement le nombre d’hospitalisations (5). Les paramètres sportifs Les tests cardio-respiratoires de laboratoire ou de terrain, les tests musculaires et neuromusculaires permettent de montrer au patient qu’il a progressé et de valoriser son adhésion aux programmes d’exercices physiques. Les différentes fédérations qui s’intéressent à l’activité physique pour tous proposent des tests de terrain simples, validés et reproductibles. Qualité de vie, paramètres psychologiques et sociaux Ces critères doivent faire l’objet d’une évaluation systématique car, à eux seuls, ils sont les garants de la réussite des différents programmes de remise en condition physique. Les questions concernant l’évolution de la qualité de vie, de l’image de soi, ainsi que la gestion de l’anxiété et du stress sont très importantes car ces critères sont ceux qui vont évoluer le plus rapidement et le plus favorablement. Enfin la convivialité, de mise lors des séances collectives encadrées par un professionnel du sport, permet de développer les liens sociaux. Ces paramètres psycho-sociaux sont N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 < Dossier > les premiers à être mis en avant par les sédentaires ou les inactifs qui ont réussi leur mutation (encadré 2). ■■Résultats : le ménage à trois est la clé de la réussite On le comprend, la mise en place d’activités physiques régulières et adaptées se heurte très vite à des difficultés sur le plan professionnel (longue consultation de programmation de l’entraînement), sur le plan structurel (proximité des centres de médecine du sport pratiquant les tests de laboratoire), d’ordre technique (individualisation et surveillance des fréquences cardiaques par exemple) ou d’ordre pratique (mise en place de tests de terrain et suivi des évaluations). L’enjeu pragmatique est avant tout de faire évoluer en confiance et en complémentarité un véritable ménage à trois constitué : • d’un pratiquant motivé et soutenu aux plans technique et psychologique ; • des professionnels de santé (médecins généralistes, médecins du sport, kinésithérapeutes) convaincus par les bienfaits des activités physiques et sportives et convaincants car bien formés à leur programmation ; • des professionnels du sport et de l’activité physique (éducateurs sportifs ou entraîneurs titulaires d’un diplôme fédéral, d’un diplôme d’Etat ou d’une carte professionnelle) ayant une bonne expérience de terrain et affichant une réelle volonté de développer une démarche sport-santé dans leur club. ■■Conclusion L’évaluation et le suivi de la condition physique ne doivent pas se limiter aux critères cardio-respiratoires et neuromusculaires. La qualité de vie et les paramètres psycho-sociaux sont déterminants pour que les pratiquants adhèrent aux activités physiques et sportives régulières et adaptées. Dans ce contexte, la mise en place de pro- Les activités physiques et sportives à 50 ans Encadré 2 - Effet dose-réponse : varier les intensités pour un meilleur impact sur la santé (3, 4, 6, 7). Les définitions internationales de l’intensité d’un exercice sont les suivantes : faible, moyenne, élevée, très élevée ou maximale. L’évaluation et le suivi de l’intensité peut se faire par des critères subjectifs : l’essoufflement (questionnaire OMS, test de la parole), la difficulté perçue (échelle de Borg, échelle de l’American College of Sports Medecine), l’observation directe sur le terrain ou des critères objectifs, les plus utilisés étant les fréquences cardiaques et la consommation maximale d’oxygène (VO2max). Il est toujours difficile d’évaluer précisément les intensités d’exercice lors de la pratique sur le terrain. Les méthodes d’évaluation de l’intensité des exercices sont complexes et soumises à de nombreuses interprétations. De ce fait entraîneurs, éducateurs sportifs et médecins du sport préfèrent utiliser les modes de recueil simplifiés et reproductibles. L’utilisation d’un cardio-fréquencemètre est sans doute la méthode la plus pratique et la moins approximative. Elle permet d’individualiser et de sécuriser les séances en surveillant les fréquences cardiaques. Lorsque la phase de reconditionnement à l’exercice est terminée, les intensités faibles n’ont plus d’impact sur la santé car elles se situent en dessous du seuil de bénéfice. Il est donc important d’évoluer dans les zones d’intensité moyenne en continu et dans les zones d’intensité élevée en intermittent. Les cardio-fréquencemètres permettent de rester en dessous du seuil de risque c’està-dire, pour un sujet sain, en dessous de 85 à 90 % des fréquences cardiaques maximales. Varier les intensités permet de largement diminuer la durée des séances et de rendre les exercices plus ludiques, ce qui est toujours un facteur de motivation pour le pratiquant. L’utilisation d’un cardio-fréquencemètre paraît donc incontournable pour éduquer un public non averti à travailler dans les intensités les mieux adaptées (Fig. 1). grammes de réadaptation à l’exercice devrait se faire par des professionnels de l’animation sportive motivés par la prise en charge et l’accompagnement de publics sédentaires, en surpoids, vieillissants ou atteints de maladies chroniques. De nombreuses fédérations proposent des programmes conçus pour ce type de public. Orienter les patients vers les professionnels de l’activité physique qui maîtrisent ces différents programmes permet de développer durablement un reconditionnement à l’exercice. Voilà le challenge pour les années à venir : éducateurs sportifs professionnalisés et professionnels de santé motivés communiquent en pleine confiance pour programmer les activités physiques adaptées à un large public dans le cadre d’une véritable politique de santé publique. n MÉDECINs DU SPORT 19 Zone d’exercice trop élevée = surentraînement, blessures, accidents cardiovasculaires Seuil de risque Activités physiques régulières et adaptées Seuil de bénéfice Zone d’exercice trop faible en fréquence, durée, intensité = zéro impact sur la santé Figure 1 - Les différentes intensités d’un exercice et leurs impacts sur la santé. N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 Les activités physiques et sportives à 50 ans < Dossier > Pour la pratique on retiendra : séances en les orientant au dessus du seuil de bénéfice et de les sécuriser en restant au dessous du seuil de risque. d Pour engager durablement un sédentaire ou un patient atteint de maladie chronique dans les activités physiques et sportives, le secret de la réussite est l’interdisciplinarité : un ménage à trois entre pratiquants (sédentaires ou actifs), professionnels de santé et professionnel de l’animation sportive. De nombreuses fédérations sportives proposent des programmes adaptés à la prise en charge de ce type de public. d Conseiller et programmer les activités physiques pour améliorer la condition physique c’est organiser les entrainements à travers un savant mélange de pratiques à dominante cardio-respiratoire ou de renforcement musculaire et un judicieux dosage des paramètres de durée, d’intensité et de fréquence. d Le cardiofréquencemètre est un excellent outil d’éducation à la santé qui permet à un pratiquant de mieux cerner les différentes intensités : faibles, moyennes, élevées, très élevées et maximales. Cet outil permet d’individualiser les Bibliographie 1. Laure P. Activités physiques et santé. Ellipses, 2007. 2. Expertise collective INSERM. Activité physique. Contextes et effets sur la santé. Paris : INSERM, 2008. 3. Depiesse F, Grillon JL, Coste O. Prescription des activités physiques : en prévention et en thérapeutique. Paris : Masson, 2009. 4. American College of Sports Medecine. Guidelines for exercise testing and prescription. 8e édition. 2009. 5. Brun JF, Bordenave S, Ghanassia E. Le réentraînement à l’ac- tivité physique dans le diabète de type 2 réduit les dépenses de santé : résultats d’une étude prospective. Science et Sports 2008 ; 23 : 193-7. 6. Prefaut C, Ninot G. La réhabilitation du malade respiratoire chronique. Paris : Masson 2009. 7. Nolin B. Intensité de pratique d’activité physique : définitions et commentaires. Infokine 2006 ; 16 : 5-10. En ligne : http://www.inspq. qc.ca/pdf/publications/591-IntensitePratiqueActivitePhysique.pdf Activités physiques et sportives pour la santé : des fédérations qui s’engagent Les fédérations non olympiques sont depuis toujours engagées dans l’activité physique pour la santé et proposent des activités non compétitives adaptées à leurs licenciés. Le sport pour la santé se développant depuis quelques années de manière très large, ces fédérations ont mis en place de véritables programmes de remise en forme pour les sédentaires ou les plus de 50 ans qui souhaitent reprendre les activités physiques. Certaines fédérations olympiques (athlétisme, natation, escrime, canoë-kayak par exemple) ont développé récemment des programmes parfaitement adaptés aux personnes qui souhaitent reprendre les activités physiques sans prendre une licence pour la compétition. Programmes spécialisés : Actigym’senior, Gym’équilibre, Gym’Autonomie, Acti’March et ateliers passerelles pour les enfants et les adultes en surpoids. Le programme Acti’March est destiné à tous les publics. Il associe pendant 16 semaines un travail cardio-respiratoire avec des intensités variées et un travail musculaire de type préparation physique générale. Les tests du 2 km marche et des 6 minutes sont les tests de terrain utilisés pour évaluer les capacités physiologiques et suivre la progression. Ce programme est mis en place et surveillé par des éducateurs sportifs diplômés et formés spécifiquement. Le suivi de la fréquence cardiaque par cardio-fréquencemètre permet individualisation et sécurisation. • Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire (FFEPGV) Fédération multisports non olympique 516 000 licenciés, 7 140 clubs Magazine : Option Sport Santé www.ffepgv.fr MÉDECINs DU SPORT • Fédération Française pour l’Entraînement Physique dans le Monde Moderne–Sports pour tous (FFEPMMSports pour Tous) Fédération multisports non olympique 190 000 licenciés, 2 820 clubs 20 N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 < Dossier > aux préoccupations de loisirs et de santé de ses licenciés non compétiteurs. Les entraîneurs et les éducateurs sportifs qui développent dans les clubs le concept d’”athlé santé” sont des professionnels titulaires d’un brevet d’Etat. Ils sont formés également pour la marche nordique et la prise en charge d’insuffisants respiratoires. Diagnoform, batterie de tests spécifiques à la FFA, permet l’évaluation et le suivi de la condition physique pour les pratiquants de tous âges. Magazine : Les Cahiers de l’Animateur www.sportpourtous.org Programmes spécialisés pour les seniors : Gym pour tous, Sports de pleine nature, Aquagym, Programme PIED (prévention des chutes), programme Diabet’action. Ateliers passerelles pour les enfants et les adultes en surpoids. Le programme Diabet’action permet aux diabétiques sédentaires ou inactifs de reprendre une activité physique adaptée. Ce programme a été élaboré pour être à la portée de tout diabétique. Les activités physiques pratiquées sont simples et faciles d’accès pour les pratiquants qui souhaitent reprendre confiance en leur capacité de bouger. Il s’agit d’un véritable atelier passerelle dont les objectifs sont l’amélioration de la condition physique et l’autonomie pour ensuite pratiquer seul ou dans un club. Les éducateurs sportifs sont formés spécifiquement à la prise en charge de patients atteints de diabète. Form plus Sport est une batterie de tests d’évaluation mis en place par l’EPMM. • Fédération Française d’Escrime (FFE) Fédération Olympique 61 000 licenciés, 771 clubs www.escrime-ffe.fr Deux programmes mis en place par la FFE peuvent être valorisés dans le cadre de la prise en charge d’un public non compétiteur. L’ ”escrime senior” s’adresse à deux types de public : les retraités et les résidents en maison de retraite. Pour les retraités, la pratique de l’escrime va entretenir équilibre, coordination et réflexes dans le cadre convivial d’un club. Pour les résidents en maisons de retraite, la pratique pourra s’organiser dans les établissements avec pour objectif le maintien de l’autonomie. L’ ”escrime handisport” et notamment l’escrime en fauteuil roulant est désormais un sport à part entière sur tous les continents. La FFE a intégré l’escrime handisport dans les salles d’armes traditionnelles et développé les sections handisports au sein des clubs. Une convention entre la fédération d’escrime et la fédération handisport permet l’organisation de compétitions et de stages communs. • Fédération Française de la Randonnée Pédestre Fédération unisport non olympique 207 000 licenciés, 3 347 clubs Magazine : Passion Rando www.ffrandonnee.fr Le programme Rando pour tous a pour but de permettre au plus grand nombre de pratiquer la randonnée pédestre. Il est organisé pour les débutants en fonction de leurs capacités. Les notions de durée et d’intensité, les problématiques concernant le matériel, les difficultés en relation avec le profil du terrain sont systématiquement adaptées aux pratiquants. Le programme Rando Santé est adapté aux sédentaires et aux patients atteints de maladies chroniques. L’encadrement technique est formé à la prise en charge de pratiquants ayant des problèmes physiologiques, pathologiques ou psychologiques. Ce programme peut être mis en place à la demande des structures de soins ou des réseaux de santé. Pour en savoir plus : [email protected] • Fédération Française de Natation (FFN) Fédération Olympique 288 000 licenciés, 1 282 clubs www.ffnatation.fr Devant le nombre toujours plus important de seniors prenant une licence en club de natation, la fédération a souhaité développer une programme intitulé Nagez forme santé. Il ne s’agit pas d’activités aquatiques de type aquagym mais bien de natation régulière pour améliorer sa condition physique et profiter d’une activité en décharge. L’encadrement technique est formé à deux niveaux : les initiateurs aqua-santé qui prennent en charge, dans le cadre de la prévention primaire, sédentaires et seniors ; les éducateurs aqua-santé formés à la natation pour les personnes atteintes de pathologies ou de maladies chroniques. • Fédération Française d’Athlétisme (FFA) Fédération Olympique 208 600 licenciés, 2 126 clubs www.athle.org Le dispositif ”Coach Athlé Santé” a été mis en place par la Fédération d’Athlétisme qui souhaitait mieux répondre MÉDECINs DU SPORT Les activités physiques et sportives à 50 ans 21 N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 < Dossier > Les activités physiques et sportives à 50 ans Programme 3 Pratiquer le sport avec des objectifs de performance ou de compétition : est-ce bien raisonnable ? ■■Objectif : un véritable bilan de non contre-indication Chez ce type de sportif, la signature du certificat de non contre-indication à la pratique du sport en compétition engage souvent la responsabilité du médecin en raison des risques d’accidents coronariens aigus. Si l’exercice physique a des effets bénéfiques indéniables sur la santé, le sport à haute intensité va accroître le risque d’accidents cardiovasculaires. Mais si les risques vasculaires sont au premier plan, les risques osseux et articulaires ne doivent pas être négligés. ■■Méthodes (1-3) La consultation pour l’obtention du CNCI est l’occasion de mettre en place un véritable bilan de non contre-indication. Les recommandations concernant le contenu du bilan cardiovasculaire chez ce type de sportif sont claires et précises. $$L’interrogatoire est incontournable L’interrogatoire est essentiel à la recherche d’antécédents familiaux ou personnels de facteurs de risque. Or, les prodromes sont très souvent négligés par les sportifs et plus particulièrement par les compétiteurs de plus de 50 ans qui, dans plus de 40 % des cas, ne les respectent pas. L’interrogatoire doit systématiquement rechercher la notion de malaise, de perte de connaissance, de douleur thoracique, de palpitations, de fatigue ou d’essoufflement inhabituel pendant ou après un effort. Le questionnaire à visée cardiovasculaire recommandé par la Société Française de Médecine du Sport est un support très intéressant. examen clinique centré sur l’évaluation morphostatique Auscultation cardiaque, recherche de la symétrie des pouls et prise de la tension artérielle aux deux bras font partie de l’examen clinique à visée cardiovasculaire. Un bilan articulaire des douleurs, des amplitudes, de la souplesse, de la force et de la stabilité doit être systématisé au niveau du rachis et des articulations à risque au vu du sport pratiqué. Les contraintes ostéo-articulaires subies vont pouvoir aggraver les phénomènes arthrosiques débutants. Les conseils de prévention pour éviter surmenage articulaire et technopathies vont découler de cet examen clinique. © Alexander Raths - Fotolia N ous sommes face à un sportif de 50 ans qui aime la compétition et souhaite poursuivre ou commencer un sport pour être performant. Attention, il s’agit d’un sportif à risque sur le plan traumatologique et sur le plan vasculaire. $$Un $$ECG de repos et épreuve d’effort maximale sont systématiques En Europe et en France, les différentes sociétés savantes de cardiologie ont élaboré un consensus concernant les examens préventifs à réaliser chez les sportifs de compétition. L’ECG et l’épreuve d’effort maximale doivent être réalisés systématiquement chez un sportif compétiteur de plus de 50 ans. L’intérêt de l’épreuve d’effort est triple : révéler une possible maladie coronaire, détécter d’éventuels troubles du rythme, évaluer les MÉDECINs DU SPORT 22 L’interrogatoire et l’examen clinique sont indispensables pour signer le certificat de non contre-indication. capacités cardio-respiratoires. Cette dernière évaluation permettra de mettre en adéquation les capacités du sportif et les objectifs, parfois irrationnels, qu’il s’est fixés. ■■Résultats : identifier les f acteurs de risque et les sportifs à risque (4-6) $$Facteurs de risque Devant la vogue actuelle du sport après 50 ans, de nombreux travaux rappellent que le risque d’accidents coronariens aigus est corrélé aux activités physiques intensives et aux facteurs de risque. Avoir 50 ans et être de sexe masculin, c’est déjà cumuler deux facteurs de risque. Dans cette population, les autres facteurs de risque (HTA, surpoids, diabète, hyperlipidémie) sont souvent présents et ont un impact négatif supplémentaire. Tous les auteurs s’accordent pour écrire que le tabagisme actif, ancien ou récent, est le facteur de risque à prendre en compte en priorité. Dans ces condi- N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1 < Dossier > tions, faut-il encore signer un certificat de non contre-indication à la pratique sportive en compétition chez un fumeur de 50 ans ? $$Sportifs à risque En pratique, il est possible de scinder deux types de population. - Le sportif de 50 ans, qui n’a jamais cessé de pratiquer sports et activités physiques, dont la culture sportive est ancrée, respectant depuis toujours les “éducatifs” concernant l’échauffement, l’intensité de l’exercice, le retour au calme. Pas de facteurs de risque autres que son âge. ECG et épreuves d’effort sont normaux. Chez ce type de sportif, les risques d’accidents coronariens aigus existent mais sont très faibles. La poursuite du sport en compétition ne peut être que bénéfique car elle est encadrée par un entraînement régulier et adapté. - Le sportif de 50 ans qui a commencé tardivement le sport, compétiteur Les activités physiques et sportives à 50 ans peu acculturé aux “éducatifs” et chez qui les facteurs de risque s’additionnent. ECG de repos et épreuve d’effort peuvent être normaux, le risque d’accident coronarien est réel surtout si ce sportif a été un fumeur actif pendant plus de 10 ans. Pour cette population, certains auteurs recommandent d’envisager des explorations coronariennes complémentaires (coronarographie, IRM) avant de signer tout certificat de non contre-indication (4). mandations (10 règles d’or) édictées par le Club des Cardiologues du Sport peuvent être commentées en présence du sportif et remise au patient sur un support papier. Une double information, orale et écrite, est un gage de sécurité juridique. Les conseils d’adaptation de l’entraînement concernent essentiellement l’échauffement, l’hydratation et le retour au calme. Le tabac est proscrit avant et après l’entraînement ou les compétitions. $$Obligation Les conseils de modération concernant la prévention du surmenage ostéo-articulaire et de ses conséquences, notamment au niveau des articulations portantes et du rachis, pourraient être les suivants : varier les durées et les surfaces d’entraînement, les types de sport en alternant sports portés (natation, cyclisme) et sports avec impacts au sol, ne pas oublier la préparation physique générale et la musculation légère, choisir chaussures et matériel adéquat avec soin. d’information et conseils de respect des bonnes pratiques Pour cette population à risque, l’information est un facteur essentiel de prévention. Le cardiofréquencemètre est un excellent outil d’éducation au sport et à la santé. Son achat doit être fortement recommandé et permettra d’éviter au sportif de travailler dans les intensités sousmaximales et maximales. Les recom- ■■Conclusion Pour la pratique, on retiendra : d ECG de repos et épreuve d’effort maximale doivent être envisagés systématiquement chez un sportif compétiteur de plus de 50 ans. d Méconnaissances des règles de bonnes pratiques et tabagisme actif, ancien ou récent, sont deux facteurs de haut risque pour la survenue de syndromes coronaires aigus. d « Qui veut aller loin ménage sa monture ». Les conseils de modération concernant les quantités d’entrainement et les conseils d’alternance pour les types de sport ont pour objectif d’éviter le surmenage articulaire et de retarder la survenue des pathologies micro-traumatiques. Du fait du vieillissement de la population, les sportifs compétiteurs de plus de 50 ans représentent une part non négligeable des consultations de prévention en médecine et en médecine du sport. L’objectif non négociable de la consultation est un véritable bilan de non contre-indication centré sur le cardiovasculaire. Les différents facteurs de risque, et notamment le tabagisme, peuvent faire discuter fortement l’intérêt de la pratique du sport en compétition. n Bibliographie 1. Carré F. Guide pratique de cardiologie du sport. Paris : Editions Expressions Santé, 2008. 2. Société Française de Médecine du Sport. Fiche d’examen médical de non contre-indication apparente à la pratique d’un sport. En ligne : http://www.sfms.asso.fr/fr/images_db/visite_nci.pdf 3. Depiesse F, Cayrac C. Arthrose et activité physique. In : Depiesse F, et al. Prescription des activités physiques : en prévention et en thérapeutique. Paris : Masson, 2009. MÉDECINs DU SPORT 23 4. Möhlenkamp S, Lehmann N, Breuckmann F. Running : the risk of coronary events. Eur Heart J 2008 ; 29 : 1907-10. 5. Tobias K. Syndrome coronaire aigu lié à la pratique sportive : profil et suivi d’une série de 25 cas. Thèse, Faculté de Médecine de Marseille. 26 janvier 2011 6. Marijon E, Tafflet M, Jouven X. Sports related sudden death in the general population. Circulation 2011 ; 124 : 672-81. N ° 1 0 6 - décem b re 2 0 1 1