Les Fonctions et dysfonctions oro-faciales
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Les Fonctions et dysfonctions oro-faciales
Les Fonctions et dysfonctions oro-faciales Plusieurs éléments vont intervenir dans le développement morphogénétique de l'enfant avec notamment l'influence de la musculature, la phonation, la déglutition et surtout la ventilation. Tout ces éléments vont s'organiser autour de la notion d’équilibre, qui va permettre une croissance normale ou au contraire va produire des dysmorphoses dans le cas de dysfonctions. Lorsque la musculature fonctionne il y a des forces sur les arcades dentaires qui vont modeler leurs formes. Les dents font leur éruption dans une zone d’équilibre = zone 0 mais plusieurs phénomènes vont intervenir par le biais des forces musculaires. Autour de l'arcade, on a une zone dans laquelle les pressions internes et les pressions externes s'annulent : la langue a tendance à développer la mandibule par sa pression. Pour compenser cela, on a la sangle externe avec buccinateur, l'orbiculaire des lèvres et la résistance parodontale. La différence entre force externe et interne est considérée comme nulle (globalement équilibrée) si la différence de force reste en dessous de la résistance parodontale. Exemple : classe 2.1 les anglais avec leur "the" ont une vestibulo-version plus importante des dents avec apparition de diastème, l'équilibre est rompu, les forces internes sont supérieures aux forces externes. Dans le plan vertical, on a les forces occlusales qui s'opposent aux forces d'éruption, réglant le développement des dents puis de la face. Il y a aussi toute les forces transmissent par les pans cuspidiens qui vont concourir à la croissance. Cet équilibre va aider à générer une croissance harmonieuse. Si la fonction n'est pas bonne, on assistera à la mise en place de fonctions de suppléances qui vont générer des forces sollicitant d'autre zone (non physiologique). Cela entrainera alors une perturbation de la croissance cranio-facial et dentaire. Ces forces s'exercent au repos ou en occlusion. L’équilibre labio-linguale va être dépendant de caractéristiques anatomiques et physiologiques avec notamment : Langue : Taille : Si on a une grosse langue cela va entrainer des phénomènes d'expansion au niveau de l'arcade. Le volume normal n'est défini que par les conséquences de sa taille (diastème par exemple) et son rapport avec 11 la taille globale de la bouche. On peut avoir une macroglossie vraie ou relative. La présence de traces de dent sur les bords de la langue nous indique si la taille de la langue est pathologique (indique un contact linguo-dentaire lorsqu'on a la bouche entre-ouverte). Si la langue est volumineuse, cela entraine un phénomène d'expansion souvent lié à une langue basse et donc par conséquence un problème à la mandibule. A l'inverse, si la langue est trop petite les dents vont se déplacer vers l’intérieur. Par exemple, si l’on n’a pas de langue on va quasiment avoir les faces palatines en contact. Position : haute ou basse. Cela produit des endognaties ou des endoalveolies. Le frein de la langue (qui était coupé à la naissance) s'il est court on aura une langue basse voire une langue qui reste antérieur voir même une langue peu mobile (a n k y l o g l o s s i e ) qui donnera une petite langue (la langue est un muscle donc si il n'y a pas d'activité elle ne se développe pas). Une langue en position basse va développer la mandibule, entrainant une prognathie mandibulaire, tout en déshabitant le maxillaire, qui n'aura pas un développement suffisant. On peut donc avoir une langue plus ou moins antérieure ou plus ou moins haute. Exemple : en classe 2 la langue sera haute et postérieur, on n’aura pas de soutient à l'arcade donc une palato-versions dentaire. Tonicité linguale : les langues toniques sont beaucoup plus à risques que les langues atones. Lèvres : on peut avoir des lèvres courtes, longues, fines... avec un déplacement correspondant. Plus le stomion (point de jonction médian des deux lèvres) va être haut, plus les dents seront reculées car la lèvre inférieure va prendre en charge l'incisive maxillaire : reculement = classe 2.2. Muscle masticateur : l ’ h y p e r d i v e r g e n t aura des muscles fins, toniques, obliques et insérés postérieurement. Inversement pour l'hypodivergent. Conséquence : l'hyperdivergent va développer des forces occlusales moins puissantes (moins de contrôle) donc le contrôle sur le condyle sera moins fort et la croissance suturale antérieure sera libre. Tandis que les forces occlusales développées par l'hypodivergent vont se propager vers les sutures et diminuer le développement de la face Les forces des fonctions : le facteur intensité n’est pas le facteur déterminant. En effet, la mastication a un rôle morphogénétique mais dans une dimension modérée. La déglutition (pendant une seconde par déglutition), caractérisée par une force peu importante, aura uniquement une action au niveau des arcades dentaires, comme la phonation. 12 Ce qui est vraiment déterminant, c'est la durée d'application des forces. La VENTILATION se pose donc comme le facteur le plus déterminant. Le développement est donc essentiellement modelé par les facteurs répétition++++, intensité et direction. . 13 VENTILATION L’intégralité du cours sur la ventilation se trouve à la page 40 du polycopié La respiration est une fonction vitale en trois étapes : échange gazeux entre l'organisme et l'extérieur (ventilation) puis transport par le sang et enfin échange entre sang et cellules. I. VENTILATION NORMALE Elle est assurée anatomiquement par les poumons et la cage thoracique. La pompe thoracique provoque une augmentation de volume de la cage et des poumons qui va permettre l'aspiration de l'air extérieur. Cette augmentation de volume se fait par la contraction du diaphragme qui va s'abaisser puis par l’élévation des côtes par contraction des muscles intercostaux externes (augmentation anteropostérieure dans la partie haute et transversale dans la partie basse). La pression diminue et l'air est aspiré. L'expiration est un phénomène passif = relâchement musculaire. Il peut aussi être actif avec contraction des muscles abdominaux qui vont refouler le contenu de la cavité abdominale et donc faire remonter la coupole diaphragmatique et les muscles intercostaux interne vont se contracter et abaisser les côtes. II. LES CONDUITS AÉRIENS = nez et fosses nasales L'air va circuler en empruntant la voie nasale. On distingue 3 étapes : nasale, oropharynx, nasopharynx. Le nez constitue la voie la plus importante car ce n'est pas seulement un conduit. L'air va subir des transformations pour être compatible avec les poumons. On a tout d'abord un réglage du débit (muqueuse pituitaire et fente vestibulo-nasale), un réglage du régime (laminaire, tourbillonnent ou mixte) dans le vestibule par son alternance de surfaces convexes et concaves, puis le réchauffement, l'humidification et la purification de l'air. Les parois narinaires, qui peuvent se dilater, doivent résister à la dépression respiratoire sans s'affaisser : elles jouent le rôle de valves. Le cycle nasal respiratoire: L’air est appelé nasal car les deux cotés ne vont pas réagir pareil : on aura alternativement dans une fosse une contraction de la muqueuse qui recouvre les cornets et la paroi, et de l'autre coté une turgescence de cette muqueuse qui est très vascularisée. Du coté épaissit, turgescent, la muqueuse de la fosse, gorgée de sang, va r échau ffer l'air circulant dessus. Du coté contracté, la 14 muqueuse va libérer du mucus qui va humidifier et purifier (pouvoir bactéricide) l’air, qui sera également filtrer par les cils de cette dernière. Après passage dans le nez, l’air est finalement apte à être utilisé. Le pharynx : qui est constitué par trois étages : le nasopharynx, l’oropharynx et le laringopharynx. A ce niveau, c'est la dynamique des fluides qui prédomine : la quantité dépend du contenant, c'est à dire de la taille du pharynx. Deux choses interviennent : le volume propre du tuyau et la présence ou non d’occupant/ obstacle à l’intérieur. La taille du nasopharynx est dépendante de l'entourage squelettique. Lorsqu'on aborde l'oropharynx, on voit qu'il est compris entre la muqueuse pituitaire et la partie basale de la langue, c’est à dire une partie fixe et une partie mobile. Il y a donc une adaptation possible. C'est à ce niveau que l’on a les amygdales palatines qui, lorsqu'elles sont hypertrophiées, vont obstruer le conduit. Si l'atteinte est au niveau de l'orophrarynx la voie de secours est bouchée donc on assistera à une adaptation de la langue vers l'avant afin que l’on puisse respirer. Normalement, ces voies ont un volume suffisant. Il y a des problèmes lorsque l’on n’aura pas assez d'espace au niveau de ces conduits : le plus souvent lorsqu'il y a un problème, c'est un obstacle. Au niveau du nez, ce sont les narines avec insuffisance de tonicité (collapsus narinaire), les fosses nasales (osseux ou cartilagineux) avec une cloison ou un pont entre la cloison nasale et les cornets (synostose), une hypertrophie des cornets ou des ponts muqueux (synéchie) et aussi des allergies qui se manifestent par une hypertrophie de la muqueuse nasale. On peut aussi avoir une inhalation de corps étranger, une atrésie de choales. Néanmoins les rhinites allergiques sont les causes principales de persistance de l’insuffisance nasale après intervention sur les amygdales et les végétations. Pour le nasopharynx les obstacles les plus fréquents sont les végétations adénoïdes (= amas de tissu lymphoïde dans la partie supérieure du nasopharynx, après atrophie de l'amygdale pharyngée de Luskha). C'est un tissu normal dans la défense mais à la différence des autres tissus sa croissance est marquée au cours de l'enfance avec un pic de développement jusqu'à 10-12 ans puis une involution. Donc on peut avoir une différence de croissance entre le cadre osseux et la végétation. Au début on opérait systématiquement puis plus du tout puis on y revient. Cet amas peut avoir une forme neutre en comblant le cadre osseux ou alors peut être organisé. S’il y a une hypertrophie cela diminue la voie nasale donc on va passer à la ventilation buccale. 15 Pour l'oropharynx la limite antérieure est la langue. L'os hyoïde qui donne l'insertion postérieur à la langue est soumis à des tractions par l'arbre trachéobronchique ainsi que par l'attache stylo mastoïdienne. Donc sous ces actions l'os hyoïde recule. Mais les différents muscles genio-glosse, genio-hyoidien, et antérieur du digastrique vont permettre de ne pas avoir un trop gros recule de l'os et donc stabilisent la langue. Remarque: l’apnée du sommeil vient de la langue, la tonicité musculaire diminue et donc la langue obstrue les voies aériennes sup La glossoptose est un syndrome de l'enfant qui est du au fait que les muscles ne sont pas assez toniques pour tenir la langue. La mandibule étant courte, les muscles sont peu tendus, donc peu développé, et la langue peut basculer vers l'arrière. Il peut aussi y avoir un autre élément perturbateur : c’est l'hypertrophie des amygdales palatines au niveau du voile postérieur du palais (inflammation...) avec diminution des deux voies. Pour le laryngo-pharynx, l’obstruction est le plus souvent liée à des tumeurs de la base de la langue ou à des hypertrophies des amygdales linguales. Chez le nouveau né, l'ouverture de l'oropharynx est extrêmement limitée dans le sens verticale et il n'y a pas de suppléance. On aura donc des urgences avec rhinites néo-natale, des atrésies choanale, des sténoses antérieures voire des imperforations narinaires. III. DIAGNOSTIC Le diagnostic se fait au cabinet avec anamnèse (ronflements, otites, sueurs nocturnes, agitements, somnolences, hyperactivités, défauts de concentration) et examen clinique où l’on trouvera un enfant pâle avec des yeux cernés, les narines pincées avec un regard triste, un enfant chétif, renfermé et souvent une inocclusion labiale avec sécheresse buccale. On peut aussi avoir un empâtement de la région sous mentale et souvent des classes 2. Les amygdales palatines peuvent être hypertrophiées. TESTS complémentaires : - test du coton hydrophile : boulette de coton qui doit remuer avec l'air sous le nez. - test du miroir de Glatzel : buée sur le miroir (cercle symétrique) - test narinaire : on pince les narines pour obtenir un collapsus au relâchement.. - test de Rosenthal : respirer uniquement par le nez pendant 20 inspirations, on obtient une ouverture buccale précoce associée à une augmentation du rythme cardiaque. 16 Le diagnostic doit être confirmé par un ORL, qui proposera une thérapeutique avec : - rhinoscopie antérieur ou postérieur - touché pharyngien - endoscopie nasale. On peut aussi faire des explorations fonctionnelles avec rhinomanométrie et rhinorheographie et des examens radio avec radio frontale et téléradiographie. S’il y a contact entre le voile et la langue (velolinguale), alors il y a respiration nasale. CONSÉQUENCES DE LA VENTILATION BUCCALE Liées aux différences entre RN-RB : L'enfant a beaucoup plus de chance d'avoir des infections oro-pharyngées ou pulmonaires car il n'y a pas de filtration par le nez ainsi qu'un manque d’oxygénation. On a une modification physiologique de l'air avec des différences de débit et une disparition des réflexes pituitaires Exemple : SA(H)OS syndrome (hypo)apnée obstructive au sommeil Liée aux adaptations fonctionnelles : L'organisme va mettre en place des comportements oro-faciaux qui vont permettre de ventiler mais pas de manière physiologique avec : - Une posture céphalique. - Une posture linguale. - Insuffisance de croissance au niveau de la face supérieur (transversale) Remarque : l'enfant peut aussi développer des difficultés sportives et psycho-affectives Modifications posturale: Tête en hyperextension qui va élargir l’oropharynx avec une meilleure ventilation (position de Christophe Lemaitre sur la ligne d'arrivée). Lorsqu'on lève la tête, cela tire sur les tissus mous du cou donc on renforce les tractions vers le bas sur la mandibule et les tissus mous ce qui favorise la croissance verticale et donc la rotation postérieure. Position de la langue : si on ventile par la bouche, on va avoir une posture basse de la langue avec action sur la mandibule. Le maxillaire n'aura pas de sollicitation pour sa croissance transversale donc on aura un hypo-développement du palais et du maxillaire (cercle vicieux car petit palais, la langue peut plus y aller). Si l'oropharynx est encombré, la langue va avancer pour libérer la place donc la langue sera basse et antérieure avec une favorisation de classe 3 donc un hypodéveloppement maxillaire (dans les 3 dimensions mais surtout en transversal), une latero-déviation mandibulaire, une prognathie mandibulaire, une postero-rotation mandibulaire et une béance dentaire. 17 Dans le cas d’une hypertrophie des tissus lymphoides, le traitement consiste en une 'ablation associée obligatoirement à une rééducation ventilatoire, pour recréer le réflexe de ventilation nasale. S’il y a persistance, cela peut être lié à une allergie. En conclusion : on parle de cercle vicieux dysmorphofonctionelle car, à partir du moment où l’on a une anomalie des arcades, par exemple une béance, on ne peut plus déglutir (uniquement dans une cavité fermée) donc la langue ou la lèvre va fermer la cavité et on va avoir des contractions supplémentaires avec fonctions nocives. Toutes ces fonctions vont s'imbriquer : il est rare de voir un patient avec une seule dysfonction et on aura aussi souvent des anomalies psychoaffectives. 18