Livret Grèce

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Livret Grèce
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DATES DU SEJOUR:
Le séjour se déroulera du 7 au 12 février 2015
TRANSPORT :
Le départ se fera de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac B. (Compagnie Air
France) ainsi que le retour.
Rendez-vous à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac B
le SAMEDI 7 FEVRIER 2015 à 14h00
(Directement au comptoir d’enregistrement du vol)
(Pas de pré-acheminement)
Vol AF 7629 départ de Bordeaux à 16h00 et arrivée à Paris Roissy Terminal 2F à 17h20.
Vol AF 1032 départ de Paris Roissy Terminal 2F à 18h30 et arrivée à Athènes à 22h45.
Le retour le JEUDI 12 février 2015 à 23h05 à Bordeaux-Mérignac
Convocation à l’aéroport d’ATHENES à 13h10.
Vol AF 1533 départ d’Athènes à 15h10, arrivée à l’aéroport de Paris Roissy Terminal 2F à
17h35.
Vol AF 7630 départ de Paris Roissy Terminal 2F à 21h50 et arrivée à Bordeaux à 23h05.
PROGRAMME DETAILLE DU SEJOUR
SAMEDI 7 FEVRIER 2015 : Vols
BORDEAUX/PARIS/ATHENES
Vols réguliers.
BORDEAUX/PARIS/ATHENES.
Transfert par autocar privé à l’hôtel et
installation à l’hôtel, nuit à GLYPHADA,
agréable
station
balnéaire,
proche
d’Athènes, sur la côte Apollon.
DIMANCHE 8 FEVRIER 2015 :
DELPHES – Guide Francophone.
Petit-déjeuner à l’hôtel, DELPHES, musée
et sanctuaire d’Apollon. Déjeuner. Diner et
nuit à OLYMPIE
LUNDI 9 FEVRIER 2015: OLYMPIE – Guide Francophone
Petit-déjeuner à l’hôtel. OLYMPIE, site, musée Archéologique, musée des Jeux Antiques, monument
Pierre de Coubertin, Déjeuner. Départ pour l’Argolide; Dîner et nuit à TOLO.
MARDI 10 FEVRIER 2015: ARGOLIDE – Guide Francophone
Petit-déjeuner à l’hôtel. Passage à TIRYNTHE. MYCENES, visites et déjeuner. Courte promenade à
NAUPLIE. EPIDAURE, visites. Arrêt au canal de CORINTHE. Dîner et nuit à GLYPHADA.
MERCREDI 11 FEVRIER 2015: ATHENES– Guide
Francophone
Petit-déjeuner à l’hôtel. Visites d’ATHENES (transports en
commun pour les transferts Glyphada-Athènes-Glyphada).
Visites : Acropole, musée de l’Acropole, musée Archéologique
National, théâtre de Dionysos, Pnyx, Héphaïsteion, Agora,
Monastiraki… Déjeuner-pita. Dîner et nuit à GLYPHADA
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GLYPHADA
JEUDI 12 FEVRIER 2015: VOLS ATHENES/PARIS/BORDEAUX
Petit-déjeuner à l’hôtel. Excursion au CAP SOUNION. Déjeuner panier-repas (dernière prestation servie).
Transfert aéroport. Vols réguliers ATHENES/PARIS/BORDEAUX.
CARNET DE VOYAGE
7 février- 12 février 2015
CONSIGNES ET CONSEILS
1) Commencez par une introduction : vos attentes, vos inquiétudes par rapport au voyage les semaines et les jours
précédant le départ .
2) Racontez et commentez au jour le jour votre séjour, en consacrant un ou plusieurs paragraphes à chacune des
journées précisément datées .
Vous évoquerez ce que vous avez fait, vu, appris, vécu et vous ferez part de vos sentiments et réflexions .
Différents points sont à aborder :
- Le voyage aller-retour et les déplacements en général
- La visite des sites et des musées
- La vie en groupe et les relations avec les autres
- L’hébergement et les repas .
- La Grèce et les Grecs de nos jours
3) Terminez par une conclusion : Jugement global sur le séjour, par rapport, entre autres, à vos attentes et à vos
inquiétudes .
4) Illustrez le journal de photos, dessins, cartes postales, documents divers . Pour les photos, demandez l’accord de
toutes les personnes qui y figurent .
5) Votre journal donnera lieu à une évaluation (coefficient 1) qui sera prise en compte dans la moyenne de grec ou de
latin. La note n’apparaîtra pas sur le carnet ni aucune remarque ou correction . C’est un document personnel
qui sera comme un album souvenir . Soignez la présentation .
6) Ce travail est à rendre à votre professeur de grec ou de latin obligatoirement dans la semaine qui précède les
vacances de Printemps. Relisez éventuellement les documents distribués pour vous rafraîchir la mémoire ou
éviter les fautes d’orthographe sur les noms propres .
Bon courage !
PRESENTATION GENERALE
PRESENTATINO GENERALE
GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Présentation de la Grèce
Superficie : 131 957 km² dont environ 20% sont constitués par 437 îles ; 80% de montagnes ; 28 sommets
dépassent 2000 m (point culminant : l'Olympe, 2917 m).
Population (en 2005) : 11 080 000 ha ; 80,5 ha/km².
Villes principales : Athènes (4,5 millions ha avec la banlieue) ; Thessalonique (1,1 million ha).
Religion : 97,6% d’orthodoxes, (1,3% de musulmans, 0,4% de catholiques). L’Église grecque orthodoxe
est autocéphale (=indépendante de tout pouvoir religieux) et a ses propres statuts, mais sa doctrine est rattachée à celle du patriarcat œcuménique de Constantinople. Il n'y a pas de séparation entre l'Église et l'État.
La Grèce appartient à l'OTAN depuis 1952, à l'Union Européenne depuis 1981 ; elle fait partie de la zone
euro depuis janvier 2002.
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Les subdivisions administratives de la Grèce
Le territoire est divisé en 13 régions ("périphéries") et 52 départements ("nomes").
Les régions grecques :
1 Attique ;
2 Grèce Centrale ;
3 Macédoine centrale ;
4 Crète ;
5 Macédoine orientale et Thrace ;
6 Épire ;
7 îles Ioniennes ;
8 Nord de l'Égée ;
9 Péloponnèse ;
10 sud de l'Égée ;
11 Thessalie ;
12 Grèce occidentale ;
13 Macédoine occidentale.
Il faut ajouter une région
autonome, la communauté religieuse
du Mont Athos.
Le président de la République Hellénique (Karolos Papoulias depuis 2005) est élu par le Parlement.
C'est le Premier Ministre (depuis 2004 Costas Caramanlis) qui détient l'essentiel du pouvoir.
Le Parlement est constitué par la Vouli (βουλ), qui comporte 300 députés élus tous les quatre ans.
La fête nationale est le 25 mars (commémoration du début de la guerre d'indépendance en 1821) ; il y a
une seconde fête nationale le 28 octobre (commémoration du "non" à l'ultimatum fasciste de 1940).
Quelques mots
καλ µ
ρα
παρακαλ
ευχαριστ
καλ σπ
ρα
καλ ν*χτα
καλ ρεξη
ποτρι
πι.το
µαχα/ρι
πιρο*νι
κουτ.λι
ν
ρο
ψωµ/
πετσ
τα
γραµατσιµο
kali
li mééra
parakaloo
efcharistoo
kali
li spééra
kali
li niichta
kali
li orexi
poti
tiri
ti
piaato
machèèri
pirou
ouni
ou
koutaali
nééro
psômii
petsèèta
gramatoosimo
bonjour
s'il vous plaît
merci
bonsoir
bonne nuit
bon appétit
verre
assiette
couteau
fourchette
cuiller
eau
pain
serviette
timbre
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
La Grèce antique
Chronologie de la Grèce antique
1600 - 1200 av
Apogée de la civilisation Mycénienne
1200 - 900 av
900 - 700 av
700 - 480 av
480 - 323 av
323 –146 av
146 - 31 av
31 av – 476 ap
« âges obscurs »
Époque géométrique
Époque archaïque
Époque classique
Époque hellénistique
Époque romaine
Époque impériale
Premières civilisations préhelléniques
IIIe millénaire : épanouissement de la civilisation préhistorique cycladique.
2200-1450 : épanouissement de la civilisation minoenne en Crète.
Protohistoire
Vers 2000 av : arrivée de populations indo-européennes en Grèce.
XVIIe-XIe av : âges du Bronze Moyen et Récent (à partir de 1600) ; civilisation mycénienne (époque
supposée de la guerre de Troie vers 1200).
Xe siècle : début de l'âge du fer.
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Périodes historiques
Émergence de la civilisation grecque
VIIIe siècle : poèmes homériques ; adoption de l'écriture alphabétique ; émergence des cités-états ; mouvement de colonisation vers l'occident (Sicile, Italie du sud…)
VIIe-VIe siècles : conflits sociaux et politiques dans plusieurs cités (apparition de "tyrans" qui s'opposent
aux aristocraties traditionnelles) ; Sparte assure son contrôle sur une partie du Péloponnèse ; adoption de la
monnaie au VIe siècle.
Fin VIe : établissement de la démocratie à Athènes.
L'âge d'or
490-479 : guerres médiques opposant Perses et Grecs ; début de l'hégémonie athénienne.
431-404 : guerre du Péloponnèse opposant Athènes et ses alliés à Sparte et ses alliés ; victoire de Sparte,
début de l'hégémonie spartiate.
371-362 : Thèbes conteste l'hégémonie de Sparte.
356-338 : Philippe II, roi de Macédoine, un royaume situé au nord de la Grèce, prend progressivement le
contrôle de la Grèce.
La domination macédonienne
336-323 : règne d'Alexandre le Grand, fils de Philippe II ; conquête d'un immense empire en orient.
IIIe siècle : la Grèce est dans la dépendance du royaume de Macédoine, même si certaines cités ou confédérations de cités tentent d'assurer leur autonomie ou leur indépendance.
IIe siècle : conflits entre la Macédoine et les Romains ; en 197, victoire des Romains à Cynocéphales (le
général romain Flamininus proclame l'indépendance des cités grecques du joug macédonien) ; en 167, victoire des Romains à Pydna.
La domination romaine
146 : le royaume de Macédoine est devenu une province romaine ; Corinthe est détruite par les Romains.
Le reste de la Grèce garde une apparence d'indépendance.
Ier siècle av. : conflits entre des cités grecques et Rome ; 86 : prise d'Athènes par Sylla. La Grèce est un
des lieux où se règlent les guerres civiles entre Romains : bataille de Pharsale, en Thessalie en 48 (entre César et Pompée), bataille de Philippes, en Macédoine, en 44 (contre les meurtriers de César), bataille navale
d'Actium, en Épire, en 31 (entre Octave et Antoine/Cléopâtre).
27 av : constitution de l'empire romain ; la Grèce devient la province d'Achaïe.
L'empire romain
La Grèce n'a plus aucun rôle politique, mais reste une référence culturelle.
117-138 : règne d’Hadrien, l’empereur philhellène
267 : premières invasions barbares (les Hérules) en Grèce.
393 : interdiction des cultes païens.
395 : invasion de la Grèce par les Goths.
395 : partage définitif de l'empire en empire d'Occident (capitale : Rome) et empire d'Orient (capitale :
Constantinople, ancienne Byzance) auquel est rattachée la Grèce.
476 : fin de l'empire romain d'Occident.
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Chronologie de la Grèce après l'Antiquité
La Grèce dans l'empire byzantin (jusqu'en 1453)
Les trois âges d'or de l'empire byzantin :
1) VI° s: "siècle de Justinien" (527 à 565) : premier âge d’or de l’empire byzantin
726-843 : la "Querelle des images" déchire l'empire ; l’iconoclasme (doctrine condamnant comme idolâtres
la représentation et la vénération des images du Christ et des saints) se déchaîne.
2) 867-1056 : "Renaissance macédonienne", second âge d’or de l’empire byzantin, avec la "dynastie macédonienne" d'empereurs.
1054 : "grand schisme" dans l’église chrétienne entre chrétiens latins (catholiques) et chrétiens byzantins
(orthodoxes) ; la Grèce sera orthodoxe.
13 avril 1204 : Constantinople est prise d’assaut et pillée par les Latins de la 4e croisade. L’empereur se réfugie en Orient et constitue l’empire de Nicée.
1204-1261 : occupation par les Latins de la majeure partie de l’empire byzantin (dont la Grèce), où ils créent
un éphémère Empire latin.
15 août 1261 : rétablissement de l’empire byzantin dans Constantinople reprise par Michel VIII Paléologue.
Création du despotat de Morée avec Mystra comme capitale.
3) 1261-1453 : "Renaissance paléologue", troisième âge d'or, malgré la menace turque.
29 mai 1453 : Constantinople est prise par les Turcs. Quant à la Grèce, elle sera conquise entre 1430 et 1460.
La Grèce sous la domination ottomane (1453-1830)
1460 : Mystra, dernier bastion de l’empire byzantin, tombe aux mains des Ottomans.
7 octobre 1571 : bataille navale de Lépante (aujourd'hui Naupacte). Victoire des forces de la Sainte Ligue
(Espagne, Venise, Saint-Siège) sur la flotte ottomane.
Fin 1648 : la Crète est conquise par les Turcs, sauf Candie tenue par les Vénitiens, qui tombe en 1669.
1770 : révoltes en Crète et premiers mouvements d’insurrection dans le Péloponnèse.
1790-1803 : révoltes contre les Turcs en Épire.
1814 : création à Odessa de la Philiki Hetairia ("Société des Amis"), société secrète qui recrute dans tout le
monde grec jusqu’en Russie et dans les Provinces Danubiennes, ainsi qu’en Grèce, notamment dans le Péloponnèse, et soutient les mouvements de révolte.
1821-1827 : la guerre d'indépendance
25 mars 1821 : début de l’insurrection.
1822 : l’indépendance est proclamée par les insurgés dans le théâtre d’Épidaure. Une 1e Assemblée nationale
vote une constitution démocratique et forme un gouvernement éphémère.
1822 : contre-attaque turque : massacres de Chio ; sièges de Missolonghi (1822 et 1825-1826) par les Turcs
aidés des Égyptiens.
1827 : bataille navale de Navarin (aujourd'hui Pylos) entre la flotte turco-égyptienne et les escadres de la
Triple-Alliance (Angleterre, France et Russie). Destruction de la plupart des navires turco-égyptiens.
1830 : la Grèce devient officiellement indépendante.
La Grèce indépendante
1832 : traité de Constantinople : la Turquie reconnaît l’indépendance de la Grèce, limitée au Péloponnèse, à
la Grèce centrale et à l’Eubée. Othon de Bavière est imposé comme roi de Grèce par les puissances occidentales.
1834 : Athènes devient la capitale.
1843 : soulèvement qui impose à Othon une monarchie constitutionnelle.
1862 : Georges de Danemark devient roi de Grèce.
1864 : indépendance des Iles ioniennes et rattachement à la Grèce.
1875 : l’Assemblée impose au roi un régime parlementaire.
1881 : indépendance de la Thessalie et de l’Épire orientales, rattachées à la Grèce.
1897-98 : conflits aboutissant à un statut d'autonomie pour la Crète.
1912-1913 : guerres balkaniques, provoquées par le départ des Ottomans des Balkans, pour la définition des
frontières ; en 1913, le Traité de Londres accorde le rattachement à la Grèce de la Crète, la Macédoine,
l’ouest de l’Épire et les îles de l’Égée.
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
1914-1918 : première
guerre mondiale ; le roi
Constantin
soutient
l'Allemagne, mais son
premier
ministre,
Venizélos soutient les
Alliés et forme à partir
de 1916 un gouvernement républicain à
Thessalonique.
La
Grèce fera partie du
camp des Alliés (contre
l'Allemagne et ce qui
reste de l'empire ottoman).
1919 : les traités de paix
donnent à la Grèce la
Thrace,
les
îles
d’Imbros et de Ténédos
et la région de Smyrne,
en Asie Mineure.
1921-1922 : guerre
gréco-turque, victoire
de la Turquie. Cette
"Grande Catastrophe"
sonne le glas des
ambitions grecques en
Asie Mineure.
1923
:
traité
de
Lausanne, aux termes
duquel la Grèce doit
renoncer à Smyrne et à
la Thrace orientale.
Échange de populations
: environ 1,5 million de Grecs d’Asie Mineure arrivent en Grèce et 500 000 "Turcs" (en fait, des musulmans,
souvent des Grecs convertis) quittent la Grèce pour la Turquie.
1924-1940 : période de grande instabilité politique (conflits entre royalistes et républicains) marquée par
plusieurs coups d’état militaires. Instauration en 1936 de la dictature du général Métaxas.
1940-1944 : deuxième guerre mondiale ; 28/10/1940 : Métaxas refuse de céder à un ultimatum de Mussolini.
Entrée en Grèce des troupes italiennes, qui sont vaincues et refoulées en Albanie. Printemps 1941 : invasion
allemande et occupation du territoire jusqu'en octobre 1944. Le roi George II s'est réfugié au Caire. Plusieurs
mouvements de Résistance se montrent très actifs.
Octobre 1946-octobre 1949 : guerre civile entre les mouvements issus de la Résistance. Certains sont communistes, d'autres se réclament du roi, soutenu par les Anglais puis les Américains. Les derniers maquis
communistes sont battus en 1949.
1949-1967 : période politique très tendue ; chasse aux gauchistes, succession de gouvernements conservateurs. L'arrivée au pouvoir du parti de l'Union du Centre de Georges Papandréou inquiète les plus réactionnaires.
1967-1974 : coup d'état militaire (21/04/1967) et dictature des "Colonels" ; la monarchie est définitivement
abolie le 1 juin 1973.
23 juillet 1974 : Fin de la dictature des colonels, impliqués dans une tentative de coup de main sur Chypre
qui conduit à un désastre (occupation d'une partie de l'île par les troupes turques). Établissement de la démocratie avec Constantin Caramanlis.
1er janvier 1981 : la Grèce entre dans la CEE (Communauté économique européenne).
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Architecture : les trois ordres de l'architecture grecque antique
I La façade dorique
II La façade ionique
III l'entablement corinthien
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Plan des différents temples avec leur colonnade
1. Temple in antis (colonnes placées entre les montants, antes, de l'ouverture). – 2. Prostyle (colonnes placées en avant du mur d'entrée). – 3. Amphiprostyle (colonnes en avant des deux façades principales). – 4
Périptère (la colonnade fait le tour du temple). – 5 Diptère (double colonnade).
La sculpture grecque dans l'Antiquité
Les premières statues grecques étaient des figurines votives en terre cuite, en bois ou en bronze.
Sculpture archaïque (VIIe-VIe)
Au VIIe et surtout au VIe siècle apparaissent des statues de grande taille (taille humaine, voire plus), le
plus souvent en marbre. On trouve un modèle très typé de statue masculine : le kouros (c’est-à-dire le jeune
homme) ; le jeune homme est représenté nu, le pied gauche en avant, les bras plutôt collés au corps, sourire
aux lèvres, yeux en amandes, cheveux longs bouclés ou tressés ; la pose est très figée. Ces statues représentent soit un dieu, quand elles ont été offertes dans un sanctuaire (statues votives), soit un défunt quand elles
proviennent d’un cimetière. Le modèle féminin correspondant est la koré (la jeune fille), représentée vêtue,
le plus souvent d'une tunique (chiton) et d'un manteau (himation), ou bien d'un péplos.
Sculpture classique (Ve-IVe)
On distingue 3 temps.
1) Le style sévère (1ère moitié du Ve siècle) : les personnages ont un mouvement plus naturel qu’à
l’époque archaïque, mais restent assez figés. Les statues sont en pierre ou en bronze comme le Poséidon du
cap Artémision.
2) Le premier style classique (2ème moitié du Ve siècle) : il est marqué par 2 grands artistes, Phidias
d’Athènes et Polyclète d’Argos ; celui-ci a mis au point le canon (la règle) de la proportion idéale (la tête
doit représenter 1/7e du corps). Les statues sont désormais en appui sur une jambe, avec un léger déhanchement plus naturel que pour les statues archaïques.
3) Le second style classique (IVe siècle) : il est illustré par 3 grands sculpteurs, Praxitèle d’Athènes (qui
accentue nettement le déhanchement des statues), Scopas de Paros (qui introduit une expression pathétique
sur les visages), Lysippe de Sicyone qui définit un nouveau canon (où la tête doit représenter 1/8e du corps).
Cette époque voit aussi apparaître les premiers nus féminins (représentant la déesse Aphrodite).
Sculpture hellénistique (IIIe- Ie)
On trouve soit des œuvres qui reprennent l’idéal classique (comme la Vénus de Milo au musée du Louvre), soit des œuvres qui abandonnent l’idéal de beauté intemporelle des siècles précédents pour représenter
des personnages individualisés ou typés, des enfants, des groupes pittoresques…
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GRÈCE : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Typologie des vases grecs
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DELPHES
DELPHES
Plan du sanctuaire d’Apollon
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DELPHES
Sanctuaire de Marmaria
En arrivant à Delphes depuis l’est on rencontrait un premier sanctuaire surnommé Marmaria, « les marbres » à l’époque
moderne, car les habitants récupéraient les pierres des vestiges qui s’y trouvaient. Ce sanctuaire était consacré à Athéna
dite Pronaia (« en avant du temple »). Un mur de soutènement entoure la terrasse où se trouvent les différents édifices
du sanctuaire.
1 Porte monumentale (fin VIe av)
2 Mur de soutènement
3 Bâtiments archaïques (trésors ou hérôons)
4 Grand autel (fin VIe av)
5 Autels de diverses divinités (Hygie, Ilithyie, Athéna
Ergané…)
6 Temple de la fin du VIe attribué à Athéna Pronaia.
7 Trésor dorique (début Ve)
8 Trésor éolique, dit « trésor de Marseille » (2e moitié
VIe av)
9 Tholos : édifice circulaire, vers 380-370 av ?
10 Temple attribué à Athéna (vers 360 av)
11 Édifice du Ve, partiellement recouvert par les
fondations du temple n° 10.
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1
DELPHES
DELPHES
L’aura du sanctuaire de Delphes doit sans doute autant à la majesté d’un paysage impressionnant, sur
les flancs du Parnasse, toujours menacé par une catastrophe naturelle, qu’à la puissance prophétique d’un
dieu solaire, maître de l’harmonie et de la raison, protecteur des arts, mais aussi parfois terrible et inexorable. Ce sanctuaire aux dimensions modestes (un peu plus de deux hectares) joua un rôle non négligeable
dans l’histoire et la vie spirituelle de la Grèce antique.
A consulter
Beaucoup de textes antiques évoquent Delphes. On se référera notamment à Pausanias (livre X de la Description
de la Grèce), qui donne une description très détaillée du sanctuaire qu’il a visité au IIe siècle ap. J.C., et à Plutarque
(50-120 env. ap.) qui fut prêtre d’Apollon à Delphes et a consacré au sanctuaire trois Dialogues Pythiques (Sur
l’Epsilon de Delphes, Sur les Oracles de la Pythie, Sur la Décadence des Oracles).
Les oracles nous sont connus par plusieurs sources, par exemple Hérodote. Une sélection en est proposée dans Les
Oracles de Delphes, édition bilingue (traduction et commentaires de Jean-Paul Sivignac), édition Orphée La Différence.
Pour la description du site et des résultats des fouilles archéologiques, on pourra consulter :
-Les guides de l’Ecole française d’Athènes édités chez de Boccard, l’un sur le site, l’autre sur le musée ; très complets, mais à réserver aux spécialistes.
-Le numéro spécial des Dossiers de l’Archéologie (n°151, juillet-août 1990), qui donne en outre une large bibliographie.
-G. Roux, Delphes, son oracle et ses dieux, 1976.
-Catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Esprit », Fondation de l’Hermitage, Lausanne, 1990 pour les Jeux Pythiques.
-M. Delcourt, L’Oracle de Delphes, Paris, 1955 pour les cultes, les rites et leur interprétation.
LEGENDES ET TRADITIONS CONCERNANT LE CULTE ET
L’ORACLE
Beaucoup de légendes complexes sont liées à l’existence de l’oracle et aux cultes rendus à Delphes.
Comme souvent, les mythes sont parfois contradictoires et tentent avec peine de concilier des traditions
différentes.
1) L’oracle fut découvert d’abord par des chèvres1, paissant près du ravin où se trouve actuellement
l’adyton du temple. En s’approchant de ce lieu, elles avaient un comportement étrange, comme les possédés. Leur gardien ressentit le même phénomène et se mit à prophétiser. On considéra que c’était la déesse
Terre qui se manifestait là ; beaucoup de gens tentèrent la même expérience, mais certains, sous l’effet
du délire prophétique, se jetaient dans le ravin. Pour éviter ce genre d’accident, les habitants décidèrent de
désigner comme prophétesse pour tous une seule femme, qui, pour ne pas courir de risque en étant possédée par le dieu, serait installée sur un objet à trois pieds, le trépied.
A l’origine, l’oracle n’était donc pas la propriété d’Apollon, mais de Gé, la Terre, et c’est sa fille
Thémis, la Justice, qui rendait les oracles au nom de sa mère.
2) Apollon, né à Délos, cherchant sur le continent un lieu pour y recevoir un culte, choisit d’abord un
site en Béotie. Mais la nymphe d’une source locale, Telphoussa, ne souhaitant pas de concurrence,
conseilla au dieu d’aller plutôt à Delphes. Là, il dut d’abord tuer de ses flèches un monstrueux serpent
femelle qui gardait l’oracle ; le combat fut grandiose : un coup de la queue du serpent fendit la montagne,
créant ainsi l’immense crevasse qui sépare les deux rochers appelés Phédriades et d’où jaillit la fontaine
Castalie. Ensuite, Apollon laissa le corps du serpent pourrir sur le sol, c’est pourquoi le lieu prit le nom de
Pythô (du verbe « pythesthai », pÚqesqai, pourrir). Après sa victoire, le dieu alla punir Telphoussa en
rendant la source souterraine. Sur le corps du monstre fut bâti un premier temple en laurier, remplacé par
un second fait de plumes et de miel, puis un troisième en bronze. Après le meurtre, le dieu partit se purifier durant 8 ans dans la vallée du Tempé, en Thessalie, donnant l’exemple de la purification rituelle après
un crime de sang. Le nom de Delphes est expliqué soit par le nom du dragon (Delphynè, alors que
1
Selon le récit transmis par Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVI, 26
14
2
DELPHES
d’autres versions nomment un dragon mâle, Python) soit parce qu’Apollon transformé en dauphin (« delphis », en grec) aurait obligé des marins crétois à devenir les premiers prêtres de son culte.
3) La tradition ne fait pas d’Apollon le seul occupant du lieu : outre Gé et Thémis, déjà mentionnées,
Poséidon semble avoir précédé Apollon. De plus, ce dernier s’est vu contester la maîtrise du sanctuaire
par Héraclès, qui tenta de lui en disputer le symbole, le trépied. Héraclès en effet, devenu fou après avoir
tué son compagnon Iphitos, demanda à Delphes comment se purifier. La Pythie refusa de lui répondre,
parce qu'il était souillé par son crime ; Héraclès voulut s'en aller en emportant le trépied pythique pour
installer un oracle ailleurs, auquel il prétendait avoir droit puisqu'il était, lui aussi, fils de Zeus. Apollon
s’interposa et Zeus dut les séparer au moyen de la foudre. Finalement, la Pythie accepta de rendre un oracle et expliqua à Héraclès comment il pourrait se purifier.
4) D’autres dieux étaient honorés conjointement à Apollon, le cas le plus frappant étant celui de Dionysos : celui-ci régnait sur le sanctuaire durant les trois mois d’hiver, quand Apollon s’était retiré dans la
contrée mythique des Hyperboréens. Dans le temple se trouvait même un « tombeau » de Dionysos. On
sait que ce dernier fut mis en pièces par les Titans et cuisiné dans un chaudron ; tous les deux ans, les
Thyades, les ménades de Delphes, célébraient au solstice d’hiver la résurrection du dieu représenté
comme un enfant dans un van (panier avec un rebord sur trois côtés qui servait aussi bien à vanner le blé
qu’à coucher les bébés). Le culte de Dionysos semble avoir eu une importance particulière sur le Parnasse. Régulièrement, des Athéniennes venaient rejoindre les Thyades de Delphes.
5) Parallèlement à l’oracle de la Pythie, d’autres procédés divinatoires continuaient à exister à Delphes : on avait pratiqué l’incubation dans le sanctuaire de Gé (en dormant à même le sol, le consultant recevait au cours de ses rêves un éclaircissement sur ses problèmes). Une tradition veut également qu’une
Sibylle (il en existait une dizaine dans le monde antique) ait prophétisé longtemps avant la Pythie, assise
sur un rocher ; on la disait originaire soit de l’Hélicon (où elle aurait été nourrie par les Muses), soit de la
région de Lamia, et Pausanias dit même qu’elle s’appelait Hérophilè et était petite-fille de Poséidon. Est
attestée également l’existence d’un pyrkoos, un devin chargé d’interpréter à partir d’une flamme.
6) A Delphes se trouvait la pierre que Rhéa avait donnée à Cronos à la place de Zeus qu’il voulait dévorer. Une fois que Cronos eut vomi la pierre, elle fut placée dans le sanctuaire, où on la montrait, entourée de bandelettes ; selon Pausanias, on l’oignait d’huile tous les jours.
7) Néoptolème ou Pyrrhus, fils d’Achille, fut assassiné à Delphes sur l’autel et faisait l’objet d’un
culte héroïque.
8) Enfin, n’oublions pas que Delphes est pour les Anciens le centre du monde. Un test irréfutable initié
par Zeus l’a prouvé : deux aigles lâchés depuis chacune des extrémités de l’univers se rejoignirent audessus du sanctuaire, laissant tomber une pierre, l’omphalos, c’est-à-dire le nombril du monde.
ELEMENTS D’INTERPRETATION
Comme pour beaucoup de sites de la Grèce antique, on constate une succession chronologique des
cultes. A l’époque mycénienne, l’archéologie atteste la présence d’un habitat assez important à la place du
sanctuaire ; par ailleurs des offrandes votives (figurines en phi et psi) suggèrent l’existence d’un culte
d’une divinité féminine, peut-être à l’est de Marmaria. Après une probable période d’abandon (et non par
simple substitution d’un nouveau culte à un autre plus ancien), un peu avant 800, un nouveau culte, celui
d’une divinité masculine, est fondé à l’emplacement actuel du sanctuaire. En tout cas, l’histoire de Delphes comme sanctuaire d’Apollon est attestée de la fin du IXe siècle av. J.C. à la fin du IVe ap.
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4
DELPHES
PARTICULARITES DU SANCTUAIRE DE DELPHES
UN SANCTUAIRE GERE PAR UNE AMPHICTYONIE2
Alors que la plupart des sanctuaires panhelléniques sont administrés par une cité, dès le début du VIe,
le sanctuaire d’Apollon et l’oracle passèrent sous le contrôle d’une amphictyonie. De nombreux pèlerins
affluant de multiples cités pour consulter l’oracle, il était devenu progressivement un enjeu politique et
financier. Les habitants de Kirrha, port de la cité de Krissa, qui était le principal accès pour les consultants
venant par voie maritime, en établissant une taxe trop élevée furent la cause de la «première guerre sacrée». Pour protéger leur sanctuaire, les Delphiens s’allièrent à une association de 12 cités, qui gérait également le sanctuaire de Déméter à Anthéla aux Thermopyles. Ce groupe de cités prit le nom
d’amphictyonie Pyléo-delphique, et nomma des représentants qui se réunissaient deux fois par an, une
fois dans chaque sanctuaire. Parmi les cités représentées se trouvaient l’Athènes de Solon et la Sicyone de
Clisthène. Chaque cité désigne 1 ou 2 magistrats, les hiéromnémons qui veillent à l’entretien du sanctuaire, s’assurent que le territoire consacré n’a pas été mis en culture, organisent les Pythia ou Jeux Pythiques, et pour cela proclament la Trêve Sacrée. À côté des hiéromnémons sont désignés des pylagores, qui
n’ont pas le droit de vote au synédrion, l’assemblée ordinaire de l’amphictyonie. Si la constitution de
l’amphictyonie eut d’abord pour rôle de protéger le sanctuaire contre ses voisins immédiats, elle devint à
son tour l’objet de tentatives de contrôle. Ainsi, lors de la 3ème guerre sacrée, pour venir à bout des Phocidiens, on accepta l’aide de Philippe II, roi de Macédoine ; ce dernier, après la victoire, se fit attribuer les
voix des vaincus et se hissa ainsi au rang de défenseur de l’hellénisme.
D’IMMENSES RICHESSES
Apollon était immensément riche. Tout d’abord, à la suite de la première guerre sacrée, la plaine de
Kirrha lui fut consacrée, et il fut considéré comme impie de la mettre en culture. Ce fut l’origine de
conflits ultérieurs, en particulier les 2ème et 3ème guerres sacrées, contre les peuples voisins, naturellement
attirés par cette plaine fertile. De plus d’autres terres, cette fois-ci cultivables, appartenaient au sanctuaire
et lui apportaient des revenus. Par ailleurs, la consultation de l’oracle était une affaire rentable pour le
sanctuaire et son clergé, le paiement d’une taxe étant nécessaire et une partie des animaux sacrifiés revenant aux prêtres qui avaient la réputation d’être assez avides. Enfin, les offrandes, venues de cités ou de
riches particuliers, s’accumulaient dans le sanctuaire : de quoi susciter encore la convoitise des pillards et
conquérants.
UN ORACLE TRES PRISE
C’est d’abord bien sûr pour consulter l’oracle que l’on venait à Delphes. Avant le VIe s. av J.C., l'oracle était rendu un seul jour par an, le 7 du mois de Bysios (février-mars), jour anniversaire de la naissance
d’Apollon, puis le 7 de chaque mois, sauf les 3 mois d'hiver, où Apollon est absent et où le sanctuaire est
confié à Dionysos.
1) Rites de consultation : le consultant
Le consultant, après s'être purifié à la fontaine Castalie, offre un pélanos (gâteau rituel, offrande non
sanglante, vendu au profit du sanctuaire) ou une somme d'argent pour acquitter le droit de consultation,
puis sacrifie sur l'autel d'Apollon une chèvre. Aspergée, la bête doit trembler de tout son corps, si le dieu
accueille favorablement le sacrifice, sans quoi la consultation est remise à une date ultérieure. Un ordre de
passage détermine qui consultera le premier (la promantie, c’est-à-dire le privilège de consulter avant tout
le monde, était accordée à ceux à qui on voulait faire un honneur ; en cas de concurrence entre deux titulaires de la promantie, on procédait par tirage au sort). La question était apparemment posée oralement à
la Pythie, car on n'a pas retrouvé de tablettes comme à Dodone. Le consultant ne voyait pas la Pythie ; il
était assis dans un local, tandis que la Pythie se trouvait dans l’adyton, la partie du temple interdite
d’accès à autrui.
2
L’orthographe « amphictionie » est également possible. En grec ancien on trouve ¢mfiktion…a antérieurement à
¢mfiktuon…a, ainsi que pour tous les mots dérivés.
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DELPHES
2) La Pythie, elle, est une femme jeune au départ, puis plus âgée. Il y a même eu plusieurs Pythies en
service en même temps, pour répondre aux demandes d'oracles de plus en plus nombreuses. Elle devait
être âgée d'au moins 50 ans, abandonner mari et enfants, mener une vie chaste dans la maison qui lui est
réservée, sur le temenos d'Apollon. Elle est l’intermédiaire du dieu, non une prêtresse à proprement parler
(les dieux masculins comme Apollon ont des prêtres, non des prêtresses). Le clergé se composait, en tout
cas du temps de Plutarque, au moins de deux prêtres (que l’on appelle parfois prophètes), de cinq
« saints » (les « Hosioï »), chargés des sacrifices, de néocores (des subalternes, chargés des tâches matérielles).
La Pythie, elle aussi, s'est purifiée à la fontaine Castalie avant de gagner le sanctuaire. Elle a mâché
des feuilles de lauriers, puis bu une gorgée de l’eau de la source Cassotis qui passait sous le temple avant
de prendre place dans l'adyton, sur un trépied ou un tabouret à 3 pieds. La nature exacte du fameux trépied reste inconnue. Plusieurs représentations figurées dès l’époque archaïque montrent un trépied tel
qu’on le conçoit ordinairement : un chaudron sur un support à 3 pieds. C’est également la forme de
nombreuses offrandes faites dans le sanctuaire. Comme le mot tr…pouj peut désigner tout objet, par
exemple un siège, à 3 pieds, on a pensé que la Pythie s’asseyait simplement sur un siège de ce type, car le
trépied traditionnel n’est pour cet usage ni élégant ni commode. Mais des raisons cultuelles l’ont peutêtre emporté sur les raisons pratiques.
La réponse donnée par la Pythie est transcrite par des prêtres, parfois sous forme d'un discours indirect commençant par "le dieu dit que" suivi d’une proposition infinitive, ce qui rend possible une confusion entre sujet et objet.
3)D’où vient l’inspiration de la Pythie ?
Les textes antiques indiquent tout d’abord que la vertu prophétique est liée au avant tout au lieu
(l’oracle existait avant Apollon). D’une crevasse du sol s’élevait un « pneuma » (un souffle ?) ; c’est audessus de cette crevasse que se tenait le trépied de la Pythie, dans l’adyton du temple. Plutarque évoque
des exhalaisons au parfum suave perçues par les consultants (qui ne voyaient pas la Pythie : ils en étaient
probablement séparés par un rideau). Mais les fouilles de la fin du XIXe siècle, si elles mirent en évidence sous l’adyton la présence de canalisations et de trous contenant un peu d’eau, ne révélèrent pas
l’émission de gaz de quelque nature que ce soit. Bien plus, le terrain n’était pas volcanique et n’avait aucune chance de produire des vapeurs soufrées, comme aux Thermopyles par exemple. On considéra donc
que les descriptions de l’antiquité étaient plutôt métaphoriques, que le fameux « pneuma », plus qu’un
souffle, désignait une inspiration, et que certaines descriptions transmises par les auteurs chrétiens (Origène, St Jean Chrysostome) d’une Pythie en transes n’étaient qu’une affabulation pour discréditer le paganisme.
Ce point de vue a été remis récemment en question par l’étude géologique menée par une équipe américaine pluridisciplinaire3 à la suite des observations du géologue Jelle de Boer. Ces savants font remarquer que si le sol de Delphes n’est pas volcanique, en
revanche il est placé dans une région à l’activité sismique intense et que plusieurs failles y sont présentes.
Deux d’entre elles en particulier traversent le sanctuaire, et se croisent sous le temple d’Apollon,
précisément sous l’adyton. Or l’activité tectonique peut
favoriser la remontée vers la surface, via des fissures,
de gaz (certains hydrocarbures) sous forme de vapeur ;
d’où l’hypothèse que l’adyton surplombait une large
fissure qui communiquait avec les failles passant sous
le temple. L’analyse de l’eau de source fit apparaître
plusieurs gaz dont de l’éthylène ; or ce dernier dégage
une odeur agréable, et à faible concentration provoque
un état de transe bénigne, plutôt euphorique, sans perte
de conscience, mais à des concentrations plus élevées
3
Cf. J. Hale, J. Zeilinga de Boer, J. Chanton, H. Spiller, “Les Secrets de la Pythie”, Pour la Science, n° 311, septembre 2003, pp. 70-75
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DELPHES
conduit à des réactions plus violentes et un langage incohérent voire une perte de conscience. Tout cela
pourrait correspondre aux descriptions de Plutarque qui, prêtre d’Apollon à Delphes, connaissait bien le
fonctionnement de l’oracle, et n’est pas suspect de volonté de dénigrement de celui-ci. Cela pourrait expliquer que l’oracle ne fonctionnait pas les mois d’hiver (il y a moins de remontées de gaz en période
froide) et l’influence déclinante de l’oracle avec le temps (l’activité sismique aurait partiellement bloqué
la faille).
4)Les ambiguïtés d’Apollon
Quel que soit le phénomène physique existant ou non à l’origine de l’oracle, le plus important est la
signification que les Anciens lui accordaient. La formulation de l’oracle, souvent obscure, permettait de
multiples interprétations, que l’on pouvait toujours justifier après coup. Les sceptiques ne manquaient pas
d’en faire état et les impies d’accuser le dieu, surnommé Loxias, l’Oblique, de les avoir cruellement induits en erreur. Les esprits religieux faisaient remarquer que, si l’oracle est un élément de communication
entre les dieux et les hommes, cette communication est imparfaite du fait de l’imperfection des hommes,
non de celle des dieux. La parole du dieu ne ment pas : « Le Seigneur dont l’oracle est à Delphes ne dit ni
ne cache : il signifie » (Héraclite).
5)Le rôle de l’oracle
L’oracle de Delphes a joué un rôle majeur dès le VIIIe siècle pour la colonisation de l’occident, en indiquant au consultant où il devait fonder sa colonie (c’est le cas d’Archias, fondateur de Syracuse) ou
même en le poussant à le faire s’il n’y songeait pas (par exemple Battos, venu consulter sur sa voix car il
est bègue, et qui reçoit en réponse l’ordre de fonder une cité en Libye ; après bien des tribulations, il fondera effectivement Cyrène). D’une manière générale, l’oracle intervient beaucoup dans la vie politique
des Grecs. Parfois, il arrive même que l'oracle se mêle de politique de manière trop visible et qu'on le lui
reproche. C’est le cas de l'oracle rendu aux Athéniens pendant les guerres médiques : Apollon fut accusé
d’être "médisant". Les Athéniens ne se laissèrent d’ailleurs pas impressionner, se battirent et remportèrent
la victoire. Apollon fut également un défenseur des lois sacrées et un pourfendeur de l’impiété : souvent il
ordonna de fonder des cultes, ou bien de respecter ceux qui existaient déjà. On peut dire que par son rôle
politique et éthique, l’oracle fut une sorte d’autorité morale unanimement reconnue par les Grecs. Enfin,
protecteur des arts, Apollon fut également le défenseur des artistes et des intellectuels, ne manquant jamais de prendre leur défense. Une bonne partie des « expressions spontanées » de la Pythie (oracles rendus avant même que la question fût posée) concerne des poètes (Homère, Hésiode, etc.).
Pour conclure, rappelons qu’Apollon a eu l’élégance d’annoncer lui-même la fin de son pouvoir : c’est
le sens du dernier oracle, rendu aux envoyés de Julien l'Apostat, au IVe s :
"Dites au roi : La belle demeure a croulé, Phoibos a perdu son foyer, son laurier prophétique, et sa
source chantante.
Elle s'est tue, l'eau qui parlait."
DES FETES ILLUSTRES
La fête la plus ancienne attestée est celle du Septerion ou Stepterion, commémorant le combat victorieux d’Apollon contre le serpent Python, qui se célébrait tous les huit ans sur «l’aire», esplanade du
sanctuaire. Au cours de cette fête, un adolescent de Delphes devait mettre le feu à une construction de
bois représentant le palais du Serpent puis prendre la fuite et aller se purifier (comme Apollon dans la vallée du Tempé). Parmi les autres fêtes importantes de Delphes, signalons aussi les Sôteria, fête du salut
créée après la victoire sur les Galates de 279-8.
Mais la fête la plus renommée est celle des Pythia ou Jeux Pythiques (voir ci-après).
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7
DELPHES
LES JEUX PYTHIQUES
C’était à l’origine un concours musical qui se tenait tous les 8 ans. Après la réorganisation du sanctuaire sous l’autorité de l’amphictyonie et la fin de la 1ère guerre sacrée en 590, les Jeux Pythiques sont
modifiés : désormais ils auront lieu tous les 4 ans (la 3ème année de chaque olympiade), au mois de boukatios (août-septembre) et comporteront aussi un concours sportif. Les Jeux Pythiques deviennent ainsi un
des 4 grands concours sportifs panhelléniques de la « Période », un concours « stéphanite » (dont la récompense est une simple couronne de laurier, accompagnée de pommes). Six mois avant le début des
Jeux, des ambassadeurs du dieu (les Théores) allaient avertir les cités grecques (de Marseille à la Mer
Noire) de la date exacte4 du concours, selon un itinéraire préétabli, et proclamaient une trêve sacrée (ékécheiria) ou en tout cas une « période sacrée » durant laquelle les peuples participant à la fête s’engagent à
ne pas attaquer les Théores, les pèlerins, les athlètes.
Les épreuves gymniques étaient : la course d’un stade, le diaulos (2 stades), la course longue (le dolichos, qui à Delphes comptait 24 stades), la lutte, le pugilat, le pancrace, le pentathlon, auxquels il faut
ajouter les courses hippiques (courses montées et courses de chars). Des catégories de groupes d’âge
étaient distinguées. On a même la mention de jeunes filles ayant participé à une course du stade en 45 ap.
J.C., mais on ignore dans quelles conditions exactes. On doit également rattacher au concours gymnique
des compétitions de hérauts et de trompettes. Le stade de Delphes n’a été aménagé à son emplacement actuel qu’en 275 av. Avant cette date, les épreuves devaient se dérouler ailleurs, peut-être dans la plaine.
Quant aux espaces d’entraînement, ils ont été construits au IVe av.
Les concours hippiques, surtout les courses de quadriges, restent dans les mémoires grâce à l’art (la
célèbre statue de l’Aurige) et la littérature (les plus connues des Odes Pythiques de Pindare concernent
des vainqueurs à cette épreuve ; on mentionnera également le récit de la fausse mort d’Oreste dans
l’Electre de Sophocle). L’hippodrome se trouvait dans la plaine, mais son emplacement n’a pas été retrouvé. Outre les courses de quadriges (instituées dès 582 av), il y avait des courses de biges (apparues en
398), et des épreuves équivalentes pour pouliches (quadriges en 378 et biges en 314) ; n’oublions pas que
le vainqueur de la course est le propriétaire des chevaux, non l’aurige ou le jockey.
Le concours musical comportait des épreuves de cithare et d’aulos (hautbois plutôt que flûte) avec et
sans accompagnement de chant. Le morceau à exécuter, le Nome Pythique, était d’une grande difficulté.
Ce n’était pas une partition complète, mais un morceau à programme racontant le combat d’Apollon et
Python en 5 parties : les adversaires s’observent, se provoquent, le combat s’engage, le Serpent est mortellement blessé, il expire dans d’horribles grincements de dents et sifflements tandis que le dieu vainqueur danse ; chaque partie a ses propres contraintes mélodiques et rythmiques. Cette épreuve n’était pas
réservée aux artistes médiocres, d’autant plus que si le concurrent n’était pas à la hauteur, il était chassé
par les agonothètes (les juges) à coups de fouet dans les jambes sous les quolibets de la foule. Des
concours dramatiques seront créés ultérieurement (peut-être dès le IVe siècle). Enfin, les Pythia étant extrêmement populaires sous l’Empire, de nouvelles épreuves sont créées, par exemple un concours d’éloge
(enkômion, ™gkèmion) et une épreuve de pantomime. Le concours musical se tenait dans le théâtre (et
dans le stade avant la construction du théâtre).
Les Jeux Pythiques furent tellement populaires qu’ils suscitèrent des émules à l’époque hellénistique
et sous l’empire : on vit se développer des « Pythia » dans de nombreuses cités, notamment en Asie Mineure, et beaucoup de concours proposés par des cités sont appelés « isopythiques ».
4
Le manque de concordance entre les différents calendriers des cités grecques rendait nécessaire ce rappel à chaque
renouvellement des jeux.
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DELPHES
LES EQUIPEMENTS SPORTIFS
Le secteur du gymnase – terrasse supérieure : a : entrée - c : probablement un bassin – xyste : portique servant de
piste couverte – m : ligne de départ de la paradromis (piste non couverte) –f : ligne d’arrivée – j : reste de caniveau
amenant l’eau de la fontaine Castalie – i : mur de soutènement de la terrasse supérieure – terrasse inférieure : g : autre entrée – r : cour de la palestre, entourée d’un péristyle sur les 4 côtés – A à H : pièces de la palestre (il n’est pas
possible de leur attribuer une fonction précise ; G semble avoir été la pièce principale [peut-être la salle de conférence] ; il y avait sans doute un vestiaire, une salle de lutte, une salle de boxe, une salle pour s’enduire d’huile, etc. ;
la pièce D communique avec l’extérieur) – t, w :escaliers – x : loutron, ou bassin (profondeur de 1,90 m, diamètre
supérieur à 10 m) – q, v : murs de soutènement de la terrasse inférieure - 53 : thermes romains – 54 : sanctuaire de
Déméter.
Pour l’essentiel, les aménagements datent d’environ 330 av. Le gymnase et la palestre servaient pour l’entraînement
des athlètes aux Jeux pythiques, mais aussi pour l’éducation de la jeunesse. Des orateurs, des poètes, des savants y
ont donné des conférences.
Le Stade, réservé aux compétitions des Jeux
Pythiques : situé sur les flancs du Parnasse
bien au-dessus du sanctuaire, il ne fut pas créé
avant la fin du IVe et connu plusieurs
aménagements. C’est le richissime athénien
Hérode Atticus qui lui donna la forme que
nous voyons actuellement, avec des gradins en
pierre et un arc de triomphe du côté est. Sur le
mur extérieur sud du stade, à 24 m de
l’extrémité est, on repérera un bloc portant une
inscription : il s’agit d’un règlement interdisant
d’emporter hors du stade le vin des sacrifices.
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LE DÉROULEMENT DES JEUX
Le point culminant des Jeux se situe le jour qui suit la deuxième pleine lune suivant le solstice d’été. Nous
appellerons ce jour J. La durée de la fête varie selon les époques et le nombre des compétitions. A l’époque
classique, les Jeux durent 5 jours.
Les préparatifs ont lieu à Élis, cité organisatrice. La description de cette dernière par Pausanias mentionne essentiellement des bâtiments liés aux activités sportives (gymnases, bains, etc.) ce qui laisse supposer
que c’était à peu près l’équivalent d’un village olympique moderne, du moins du temps de Pausanias.
J - 10 mois : les hellanodices s’installent dans l’hellanodikaion d’Élis et reçoivent une formation à leurs
nouvelles fonctions de la part de nomophylaques.
J - 1 mois : début de la Trêve Sacrée. Celle-ci a été annoncée au préalable par les spondophores se rendant
dans les différentes cités grecques. Les athlètes doivent être arrivés à Élis.
Durant le mois précédant les Jeux : les athlètes s’entraînent sous le contrôle des hellanodices, ensemble
et les uns contre les autres. Toute infraction au règlement est sanctionnée, en général par des coups de fouets
appliqués par les mastigophores.
A mesure que les Jeux approchent, à Olympie, on accueille les premiers spectateurs qui, en attendant le
début des compétitions, peuvent faire des sacrifices. Arrivent également une multitude de peintres et sculpteurs désirant exposer leurs œuvres et trouver des commanditaires, et des écrivains et orateurs prêts à faire
connaître leurs talents. D’autre part le stade doit être nettoyé et mis en état : la rigole qui l’entoure est nettoyée, la terre de la piste est retournée à la pioche, aspergée d’eau et tassée. De la terre blanche (probablement de la chaux) est passée sur la piste, peut-être pour délimiter les couloirs de course. Le dispositif de départ (hysplex) est mis en place.
J - 3 : un cortège se met en route depuis Élis pour Olympie ; en font partie probablement les hellanodices,
les 50 bouleutes, les athlètes (au nombre environ de 200 selon les époques), les chevaux et attelages qui vont
concourir, les entraîneurs, etc. Le trajet dure jusqu’au lendemain matin (on ne sait pas s’il y a ou non un hébergement en route).
J – 2 (début des Jeux proprement dits) : le cortège s’arrête à une source appelée Piéra ; les hellanodices
subissent une purification rituelle en étant aspergés de sang de porc avant de se laver dans l’eau de la source.
Alors seulement le cortège pénètre dans l’altis où l’attend la foule. La première halte est au bouleutérion, où
les athlètes prêtent serment devant la statue de Zeus Horkios (Zeus du Serment) et sont définitivement classés par catégories en fonction de leur âge apparent. Les premières épreuves déterminent qui est le meilleur
trompette et qui est le meilleur héraut : le premier devra obtenir l’attention du public avant que le second
fasse les annonces. Le reste de la journée se passe en sacrifices.
J - 1 : une procession part du Prytanée et fait des sacrifices sur les autels érigés par Héraclès pour finir à
l’hippodrome. Ont lieu alors les épreuves hippiques (quadriges puis courses montées). Ensuite on se rend au
stade où a lieu le pentathlon. La journée se termine peut-être par un sacrifice à Pélops.
J : une procession, composée des prêtres, des hellanodices, des athlètes et des ambassadeurs des cités
grecques se rend près du grand autel de cendres consacré à Zeus, entre les temples de Zeus et d’Héra, pour
assister à une hécatombe (sacrifice de 100 bœufs). Selon certaines sources, c’est l’après-midi de ce jour
qu’avaient lieu les compétitions des garçons.
J + 1 : les athlètes se dirigent vers le stade, non sans être passés auparavant devant les zanes. Quand le
tunnel voûté conduisant au stade existera, c’est là qu’ils se déshabilleront et s’enduiront d’huile. Puis ils pénètrent sur le stade et participent aux épreuves de course : le dolichos, le stade, le diaulos. En raison du grand
nombre de candidats, il y a au préalable des épreuves éliminatoires. Après cela commencent les épreuves de
lutte. C’est peut-être à ce moment-là que l’on désigne les adversaires par tirage au sort (2 séries de tablettes
de bois portant chacune une lettre de l’alphabet sont placées dans une urne ; l’athlète sera opposé au concurrent qui a tiré la même lettre que lui), puis se succèdent la lutte, le pugilat, le pancrace. Les compétitions se
terminent avec l’hoplitodrome.
J + 2 : les vainqueurs, qui ont déjà reçu une bandelette et une palme à la suite de leur victoire, reçoivent la
plus haute récompense, la couronne de l’olivier sauvage, puis ils sont reçus pour un banquet au Prytanée.
N.B. : les Jeux drainent de grandes foules. Des logements sont progressivement prévus pour les athlètes et
les personnalités, mais la grande masse des visiteurs doit se contenter de camper dans les environs du sanctuaire.
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OLYMPIE 14/18
fig. 1 : Plan du sanctuaire au début du Ve siècle (à l’époque de Pindare) d’après H.V. Herrmann. A part les autels, existent seulement le Prytanée, les Trésors, l’Héraion, le Pélopion, le stade et le Bouleutérion ; au sud-ouest de l’altis est
indiqué l’emplacement de l’olivier sauvage fournissant le cotinos.
fig. 2 : Le sanctuaire au IIe siècle ap. J. C. (maquette)
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OLYMPIE 15/18
fig. 3 : Plan du temple de Zeus
fig. 4 : Temple de Zeus, vue longitudinale
fig. 5 : Représentation de la façade est du temple de Zeus
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fig. 6 : représentation de la façade ouest du temple de Zeus
fig. 7 : Reconstitution de la statue de Zeus dans le temple
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fig. 8 : Reconstitution des métopes du temple de Zeus, représentant les Douze Travaux d’Héraclès
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OLYMPIE 18/18
fig. 9 : le sanctuaire à travers le temps
1. gymnase – 2. piste d’entraînement – 3. entrée sud du gymnase – 4. portique sud du gymnase – 5. palestre –
6. Théokolion – 7. hérôon – 8. atelier de Phidias – 9. bains grecs – 10. Léonidaion – 11 entrée romaine des
processions – 12 portique méridional – 13. hippodaméion ? – 14. portique d’Écho – 15. tunnel d’accès au
stade – 16. stade – 17. talus sud – 18. talus nord – 19. zanes – 20. trésors – 21.Métrôon – 22. exèdre
d’Hérode Atticus – 23. Héraion – 24. prytanée – 25. Philippéion – 26. Pélopéion – 27. temple de Zeus – 28.
zone des statues honorifiques – 29. mur grec de l’altis – 30. route (plan S. Garret)
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MYCENES
MYCÈNES
LA CITADELLE
Le rempart (XIVe-XIIIe av.) : l’enceinte, longue
d’environ 1100 m, entoure la butte, sauf pour la partie
surplombant le ravin, au sud, qui la protège
naturellement.
A. Portes des Lions (entrée principale)
B. « Grenier » ou plus probablement bâtiment en
liaison avec la défense de la Porte des Lions.
C. Premier cercle de tombes : enclos funéraire du
XVIe av., conservé lors de la construction ultérieure du
rempart. C’est là qu’on a retrouvé les masques
funéraires en or.
D. Centre cultuel : ensemble de plusieurs bâtiments
consacrés au culte, détruits à la fin du XIIIe siècle sur
lesquels furent construites des habitations.
E. Autres bâtiments du XIIIe s. av. (Maison dite
« Tsountas)
F. Partie centrale du palais
G. « Quartier des artisans », en fait aile est du palais.
H. « Maison des colonnes », appartenant à l’extension
est du palais.
I. Bastion est, ajouté à l’enceinte à la fin du XIIIe
J. Poterne nord : porte secondaire.
K. Porte secondaire sud-est.
L. Galerie permettant d’accéder à une citerne
souterraine au-delà du rempart.
M. Magasins : des pithoi (immenses jarres pour le
stockage des provisions) sont encore en place.
N. Quartier nord : bâtiments de stockage du XIIIe
siècle av.
PARTIE CENTRALE DU PALAIS
1. Mur d’enceinte primitif – 2. Salle de garde – 3 Cour
– 4. Porte ouest – 5. Corridor nord – 6. Corridor sud –
7. Passage ouest – 8. Cour centrale – 9. Grand escalier
– 10. Salle dite du trône – 11. Antichambre de la salle
10 – 12. Porche – 13. Vestibule – 14. Mégaron – 15
Accès aux dépendances du palais – 16. Escalier – 17.
Bain – 18. Sanctuaire – 19. Dépôt du sanctuaire – 20.
Temple d’époque historique (fin VIIe-IIIe s av.)
29
MYCÈNES
LES TOMBES DE LA CIVILISATION MYCÉNIENNE
XVIE SIÈCLE AV. JC
Le premier cercle, ou cercle A
(reconstitution hypothétique) vu depuis
l’intérieur de la citadelle.
Au-delà, le « grenier » et la Porte des
Lions.
XIIIE SIÈCLE AV. JC
LA VILLE BASSE
En-dehors de la citadelle s’étend la ville basse, en particulier au sud ouest du rempart. En quittant la Porte des
Lions, on trouve à gauche 2 tombes à tholos du XIIIe s. appelées traditionnellement tombes d’Égisthe et tombe de
Clytemnestre, les traces d’un théâtre hellénistique, les restes d’une fontaine, et un enclos funéraire du XVII-XVIe av, le
« cercle B ». A l’extérieur du site on trouve d’autres maisons (ateliers d’artisans) et de multiples « tholoi », tombes à
encorbellement des XIV-XIIIe siècles. On visite la tholos la plus célèbre, appelée traditionnellement « trésor d’Atrée ».
30
1
MYCENES
MYCENES
N.B. : il est recommandé de consulter au préalable le dossier « La civilisation mycénienne et la Grèce
à l’âge du bronze» et sa bibliographie.
Le site, exceptionnel, est situé à 278m d’altitude, proche de la mer (Corinthe est à 30 km, Nauplie à
15 km). Il commande le passage entre l’Arcadie et l’Isthme et domine la plaine fertile d’Argos. Les
montagnes protègent l’acropole isolée par des ravins. L’enceinte suit le contour de la butte (30 ha).
I MYTHOLOGIE ET ETYMOLOGIE
Selon Pausanias, Mycènes a été fondée par Persée, pour les raisons suivantes : Persée, fils de Zeus
et de Danaé, elle-même fille d’Acrisios, roi d’Argos, tua accidentellement son grand-père ; accablé de
douleur, il ne voulut pas régner à Argos, échangea son royaume avec Mégapenthès, roi de Tirynthe et
entrepris de fonder une nouvelle cité dont il confiera la construction des remparts aux Cyclopes. Plusieurs explications sont proposées pour expliquer le nom : il dériverait du mot µύκης, « mykès », le
champignon, ou tout objet évoquant la forme d’un champignon, par exemple le pommeau d’une épée.
L’image viendrait donc de la chute de l’épée de Persée, interprétée comme un présage favorable pour
choisir le lieu de fondation ; ou bien Persée, assoiffé, aurait eu l’idée de cueillir un champignon qui
l’aurait désaltéré ; mais selon Homère, le nom de Mycènes viendrait simplement de celui d’une nymphe, Mykéné. Pausanias évoque également la version selon laquelle le nom aurait été donné par un
personnage nommé Mykéneus. On le voit, toutes ces explications semblent laborieusement forgées
pour expliquer un toponyme qui est peut-être préhellénique.
Après Persée, ses descendants lui succèdent. Quand Eurysthée, le dernier de ces rois, meurt, ses enfants sont soit déjà morts, soit poursuivis par la colère d’Héraclès. Le trône est alors remis à Atrée, fils
de Pélops, et frère de Nicippé, la mère d’Eurysthée1.
II HISTOIRE
1) Si la présence humaine est marquée dès le néolithique (vers 3000 av J.C.), les premiers monuments importants sont attestés à partir du XVIIe siècle av. J.C., en liaison avec la civilisation à laquelle Mycènes donne son nom. L’archéologie semble confirmer que la cité « riche en or »
d’Agamemnon a occupé une position hégémonique : l’ampleur du site, le nombre élevé de tombes, la
richesse de leur contenu, la multiplicité et la variété des ateliers et des objets produits, traduisent un
puissant centre de pouvoir supérieur aux autres. Il est cependant difficile de savoir si les autres grands
centres étaient des vassaux ou des rivaux. Les tombes des Cercles B et A aux XVIIe et XVIe suggèrent la présence de familles de rang élevé, mais s’il y a eu un palais à cette époque, il n’en reste plus de
traces. La période d’apogée de Mycènes semble se situer aux XIVe et XIIIe siècles. Cependant le destin de Mycènes fut tumultueux : elle subit une destruction partielle par un incendie dès 1250, suivie
d’une reconstruction immédiate. A la fin du XIIIe siècle ou vers 1190, un nouvel incendie (peut-être
provoqué par un séisme) met fin à la puissance du palais, tandis que tout le système palatial mycénien
est détruit à la même époque. Le site est réoccupé ensuite sur une surface moindre avant d’être totalement détruit et abandonné au début du XIe siècle.
2) au Xe siècle, le sommet est occupé par un sanctuaire (probablement consacré à Athéna), qui sera
en usage jusqu’à l’époque romaine.
1
Voir la légende des Atrides à la fin de ce dossier.
31
2
MYCENES
CHRONOLOGIE au IIe millénaire av.
Helladique Moyen (Bronze Moyen) vers 2000 : arrivée des Grecs.
2000-1600 av
vers 1700-1600 : émergence 1650-1550 :
période
de la civilisation mycénienne.
d’utilisation du Cercle B
période des tombes à fosses.
Helladique Ré- HR I A 1600-1500
1600-1510 : Cercle A
cent
(Bronze HR I B 1500-1450
premières tombes à chambre et à coupole.
Récent) = HR
premier groupe de tholoï.
HR II 1450-1400
deuxième groupe de tholoï.
HR III A 1 1400- apogée du monde mycénien ; premier palais à Tirynthe vers
1375
1400.
HR III A 2 1375- premier palais attesté à Mycènes ; première section des rem1325
parts.
HR III B 1 1325- implantation du palais actuellement visible, et agrandisse1250
ment de la muraille englobant le Cercle A, la maison sud, le
« centre cultuel ».
3ème groupe de tholoï (tombes de «Clytemnestre», «d’Atrée»).
une partie de la citadelle et le quartier de la Ville Basse comprenant les maisons ouest, du Marchand d’huile, du Sphinx et
des Boucliers sont détruits par un incendie vers 1250.
HR III B 2 1250- extension des fortifications au nord-est, englobant l’accès à la
1190
citerne souterraine.
construction de la maison aux Colonnes, et de plusieurs édifices dans le quartier sud-ouest de la citadelle.
Destruction par un incendie touchant à la fois la citadelle et la
Ville Basse vers 1190 (séisme ?).
Destruction de la plupart des sites palatiaux à la fin de la période.
HR III C 1 1190- Nouvelle occupation de la citadelle, sur une moindre superfi1065
cie : maison du Vase aux Guerriers, nouveaux bâtiments dans
le quartier sud-ouest, «grenier».
vers 1100 ou après, un incendie violent ravage l’ensemble du
site qui est alors abandonné.
Age du Fer
HR III C 2 1065- fin de la civilisation mycénienne.
1015
3) Une cité renaît dans des proportions restreintes à l’époque archaïque, et elle envoie un contingent de 80 hommes aux côtés des Lacédémoniens aux Thermopyles (Hérodote, VII, 202), et un autre
contingent à Platées (400 hommes en tout avec les hommes de Tirynthe ; cf. Hérodote, IX, 28) ; mais
en conflit avec Argos, elle est détruite par cette dernière en 468 av., les habitants sont réduits en esclavage et la cité rasée. Argos y fonde de nouveau une ville au IIIe av, mais pour une courte durée.
Néanmoins l’emplacement du site n’a jamais été oublié. A l’époque classique les Grecs avaient remarqué les restes des remparts en appareil polygonal, qu’ils avaient appelés « cyclopéens ».
Du premier millénaire av. J.C. datent plusieurs bâtiments : des sanctuaires archaïques à ArèsEnyalos (à Asprochoma, à 1,5 km au nord de l’acropole ; construit au VIIIe ou au VIIe siècle, il fut
détruit par les Argiens en 468 puis reconstruit au IIIe siècle), à Agamemnon (à 1 km au sud de
l’acropole ; un des principaux sanctuaires de l’époque historique, de forme orthogonale, le bâtiment
fut en usage du VIIe au IIe av), à Athéna ou Héra au sommet de l’acropole ; plusieurs aménagements
remontent au IIIe siècle, notamment un théâtre près de la « tombe de Clytemnestre », mais beaucoup
de vestiges du Ier millénaire se trouvant au-dessus ceux du IIe ont été détruits par les fouilles.
4) Au IIe ap., Pausanias visite Mycènes, dont il ne reste que des ruines. C’est lui qui a transmis les
appellations traditionnelles : Porte des Lions, Trésor d’Atrée ; il précise qu’Egisthe et Clytemnestre
étaient ensevelis à l’extérieur du rempart, tandis qu’Agamemnon et ses compagnons étaient ensevelis à
l’intérieur (cf. Pausanias, II, 16).
32
8
MYCENES
Essai de reconstitution de la citadelle (depuis l’ouest)
Reconstitution du Cercle funéraire A (d’après J.B. Wace)
33
9
MYCENES
Essai de reconstitution de la Porte des Lions
(d’après P. Aström).La partie surmontant le pilier
central évoque l’imitation d’une architecture en bois
(les formes circulaires pouvant reproduire
l’extrémité de rondins). La décoration surmontant
l’ensemble pouvait aussi bien être des cornes de
consécration que des oiseaux.
Proposition de reconstitution de la façade du
« Trésor d’Atrée »
34
11
MYCENES
Les Atrides
Zeus
Tantale
Niobé
Pélops
+
Hippodamie
Thyeste
Atrée
+
Aéropé
Ménélas
+
Hélène
Agamemnon
+
Clytemnestre
Iphigénie
Electre
Chrysothémis
Oreste
2 fils
Pélopia
à laquelle Thyeste s'unit et engendre
Egisthe
Nicippé
+
Sthénélos, fils de Persée
Eurysthée
Hermione
Ce tableau s’appuie, avec beaucoup de simplifications, sur le Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine de Pierre Grimal (P. U. F., Paris, 1951).
A la mort d’Eurysthée, la royauté de Mycènes doit être remise, selon un oracle, à un fils de Pélops. Atrée et
Thyeste se disputent alors le trône. Aéropé, femme d’Atrée, remet secrètement à Thyeste, son amant, la toison en
or d’un agneau qu’Atrée détenait, pour revendiquer son droit au pouvoir. Sur le conseil d’Hermès, dépêché par
Zeus, Atrée obtient que l’on lui accorde le pouvoir si le soleil renverse sa course. Thyeste accepte, mais le prodige se produit et Atrée devient le roi. Pour se venger, il invite son frère à un banquet, feignant une réconciliation, et sert à dîner à Thyeste les propres fils de celui-ci, puis le chasse après lui avoir révélé la vérité.
Thyeste se réfugie à Sicyone et ayant violé sa fille, Pélopia, sans qu’elle le reconnaisse, il conçoit Egisthe. Ce
dernier est d’abord abandonné par sa mère à sa naissance et recueilli par des bergers qui le nourrissent de lait de
chèvre (d’où le nom d’Egisthe, dérivant du mot qui veut dire chèvre). Après cela Pélopia épouse Atrée qui fait
rechercher et élève l’enfant. Quand Egisthe est devenu adulte, Atrée, pour se débarrasser définitivement de son
frère, l’envoie le tuer, mais Thyeste reconnaît son épée (que Pélopia avait conservée après le viol dont elle avait
été l’objet et qu’elle avait remise à son fils) et identifie son fils. Finalement ce dernier tuera non pas Thyeste,
mais Atrée.
C’est bien sûr Agamemnon qui succède à son père. Agamemnon et Ménélas ont épousé deux sœurs, Clytemnestre et Hélène, filles de Léda, épouse du roi de Sparte Tyndare, et sœurs des Dioscures, Castor et Pollux. Zeus
ayant séduit Léda sous l’apparence d’un cygne est en réalité le père des Dioscures (ou de l’un d’entre eux) et
d’Hélène. Le mariage avec cette dernière apporte à Ménélas le trône de Sparte, en même temps que de lourdes
menaces, la belle Hélène ayant de nombreux prétendants. Tyndare fait promettre à tous les prétendants de porter
aide au mari d’Hélène en cas de besoin. Quand Hélène sera enlevée par le prince troyen Pâris, Ménélas rappellera aux autres leur promesse, ce qui déclenchera la guerre de Troie.
L’expédition des princes grecs contre Troie a pour chef Agamemnon qui est à la tête du royaume le plus
puissant. Mais, pour obtenir les vents favorables au départ, il doit sacrifier à la déesse Artémis sa fille aînée,
Iphigénie. La guerre, victorieuse mais meurtrière, dure dix ans. Pendant ce temps, Egisthe séduit Clytemnestre.
Le couple, averti du retour de l’armée de Troie par des signaux lumineux, prépare l’assassinat d’Agamemnon ;
celui-ci sera abattu lors d’un banquet ou dans son bain, selon les versions.
Après le meurtre d’Agamemnon, sa fille Electre met à l’abri son frère Oreste, qui est encore un enfant. Devenu grand, Oreste revient à Mycènes, se fait reconnaître de sa sœur, et venge la mort de son père en tuant Egisthe
et Clytemnestre, devenant par là le meurtrier de sa propre mère. Poursuivi par les terribles déesses de la vengeance, les Erynies, il devient fou, jusqu’à ce qu’un oracle d’Apollon l’envoie se soumettre au jugement du tribunal athénien de l’Aréopage qui va l’acquitter.
Selon certaines variantes, Iphigénie n’est pas morte au cours du sacrifice, mais au dernier moment la déesse a
eu pitié et un animal lui a été substitué tandis que la véritable Iphigénie était emmené en Tauride. Dans cette région, prêtresse d’Artémis, elle pratiquait des sacrifices humains sur l’ordre du roi Thoas, jusqu’au moment où se
présentèrent deux étrangers, Oreste et son ami Pylade. Après avoir reconnu son frère, au lieu de le sacrifier elle
prit la fuite avec lui.
35
EPIDAURE
ÉPIDAURE
PLAN GÉNÉRAL DU SITE
L’entrée actuelle se fait au sud du site (on arrive entre le théâtre et le musée). La visite du sanctuaire
commence, après avoir traversé un bois de pins, devant le Katagogéion.
Voir le plan du cœur du sanctuaire au verso.
36
ÉPIDAURE
LE SANCTUAIRE D’ASCLÉPIOS
1. Mur d’enceinte de la fin de l’antiquité (IVe ap)
2. Temple d’Artémis (fin IVe av.)
3. Restes de bâtiments votifs (trésors) du début du IVe
s av.
4. « Bâtiment E », bâtiment du culte primitif, créé au
VIe siècle pour honorer Apollon. De nombreux aménagements sont faits au cours des siècles suivants. On
pratiquait des banquets rituels.
5. Autel d’Apollon (VIe av.)
6. Temple d’Asclépios (375-70 av. JC) ; devant la
façade est se trouvait une statue-fontaine (6a) du dieu
(IVe-IIIe s). L’eau amenée secrètement dans la statue
coulait d’une coupe qu’il tenait à la main et s’écoulait
vers les « bains d’Asclépios » (n°11)
7. Tholos (360-330 av) ; bâtiment circulaire comportant un souterrain en forme de labyrinthe.
8. Portique d’incubation, appelé enkoimétérion (lieu où
l’on dort) ou abaton (lieu inaccessible) du IVe siècle
av. ; c’est là que les malades passaient la nuit pour
avoir des conseils curatifs lors de leurs rêves.
9. Extension du portique d’incubation (portique à 2
niveaux) ; le bâtiment situé à l’ouest est une fontaine.
10. Puits sacré du VIe s, incorporé ensuite dans la
construction du portique d’incubation.
11. Bâtiments du culte primitif (portique du VIe et
salles d’incubations) recouverts par des constructions
romaines appelées « bains d’Asclépios ».
12. Autel d’Asclépios (IVe)
37
ÉPIDAURE 1/7
ÉPIDAURE : LE SITE
Le sanctuaire d’Asclépios appartenait à la cité d’Épidaure, située à une trentaine de kilomètres sur la côte est
de l’Argolide. A l’époque classique, la prospérité de la cité est due au sanctuaire.
Le site, inscrit depuis 1988 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, fait l'objet de restaurations
concernant plusieurs parties du sanctuaire (notamment les propylées du "gymnase", le portique d'incubation, la
tholos).
Le théâtre accueille des représentations les vendredis et samedis soirs de juillet et août.
Origine du culte et du sanctuaire
Selon la mythologie, Asclépios est né d’un dieu (Apollon) et d’une mortelle, Coronis, fille de Phlégyas roi
des Lapithes en Thessalie. Diverses traditions concernent sa naissance particulière. Selon une première version
(celle de Pausanias), Coronis mourut à Épidaure en le mettant au monde et l’enfant fut nourri par une chèvre. La
version la plus populaire, transmise par Pindare, veut que Coronis, infidèle, fût tuée par Artémis à la demande
d’Apollon, et révéla en mourant qu’elle était enceinte. Sur le bûcher funèbre, Apollon pratiqua une « césarienne
post-mortem » et sauva in extremis l’enfant. On dit aussi que c’est un corbeau blanc qui annonça à Apollon
l’infidélité de sa compagne, et qu’Apollon rendit noires les plumes du messager (Coronis est également le nom
de la corneille en grec : κορώνη) pour avoir failli provoquer la mort de l’enfant à naître. Après cela, Apollon
confia Asclépios au centaure Chiron qui l’éleva en Thessalie. Il lui enseigna la médecine et plus tard Asclépios,
qui vivait en Thessalie (il régnait sur la ville de Trikka), remporta un tel succès dans cet art qu’il réussit à ressusciter des morts (par exemple Hippolyte, fils de Thésée). Zeus le foudroya pour cette atteinte à l’ordre naturel des
choses, puis le plaça dans la constellation du Serpentaire.
Le culte semble d’abord avoir été celui d’un héros local thessalien avant d’être celui d’un dieu. On pense que
le sanctuaire le plus ancien est celui de Trikka (aujourd’hui Trikkala) an Thessalie. Épidaure, comme lieu de la
naissance et de la mort d’Asclépios devint le sanctuaire le plus célèbre, mais la cité de Messène prétendait également l’avoir vu naître (dans ce cas les Messéniens prétendent que sa mère est Arsinoé, fille de Leucippos). On
le voit, les versions du mythe s’adaptent aux lieux de cultes, et vice-versa.
A Épidaure, c’est en fait Apollon qui fut d’abord honoré : Apollon "Maléatas" a un sanctuaire sur les pentes
du mont Kynortion (sur lequel s’appuie le théâtre) où l’on trouve des offrandes remontant à l’âge du bronze, et
même des vestiges préhelléniques ; les premiers témoignages du culte sur le site actuel d’Épidaure remontent au
VIe siècle et se seraient aussi adressés d’abord à Apollon, puis Asclépios lui fut associé et finit par le supplanter.
La fête panhellénique des Asclépieia, comportant des épreuves sportives, puis des concours musicaux, renforçait
l’attrait du sanctuaire. De plus le culte du dieu guérisseur devient de plus en plus populaire dans le monde grec,
et de nouveaux sanctuaires apparaissent, mais c’est sous le patronage de celui d’Épidaure, à Athènes (le culte est
implanté lors de la peste de la guerre du Péloponnèse et le poète tragique Sophocle semble avoir joué un rôle
particulier dans cet épisode), Cos, Pergame, Rome…
Histoire du sanctuaire d’Épidaure
Les premiers bâtiments remontent à la fin du VIe siècle : il s’agit d’un portique situé près d’une source sacrée
(sous la partie est de l’abaton actuellement visible) et du premier état du bâtiment « E », comportant un autel
constitué par les cendres des animaux sacrifiés et un petit temple à Apollon. Une partie du culte consistait en
banquets rituels.
Au Ve siècle, le bâtiment du culte primitif est partiellement clos par un portique et un mur. Un stade est créé
pour les Asclépiéia.
Le IVe siècle correspond à l’essor du culte d’Asclépios et aux aménagements architecturaux les plus remarquables : temples d’Asclépios et d’Artémis, tholos, théâtre, nouvelle salle pour les banquets rituels. Quelques
aménagements sont encore faits à l’époque hellénistique : entrée du stade pour les athlètes, bains, citerne…
Au Ier siècle av., le sanctuaire est pillé (il comportait de magnifiques offrandes) par Sylla puis saccagé par
des pirates Ciliciens en 67 av.
IG – R. BP 07/07
38
ÉPIDAURE 2/7
Au IIe siècle ap., le sanctuaire connaît un nouvel éclat, grâce d’abord à la générosité d’un sénateur romain,
Sextus Julius Antoninus, qui subventionne en 163 la réparation d’édifices détruits et la construction de nouveaux
bâtiments. Cette renaissance du culte paraît liée à l’influence de dieux orientaux (ainsi Pausanias1 mentionne
« un temple d’Hygie, Asclépios et Apollon, les deux derniers surnommés dieux égyptiens »).
Peu après, Pausanias (II, 26, 3 – II, 28, 1) visite les lieux, admire les temples, la tholos, le théâtre tout particulièrement, et les constructions d’Antoninus. Il décrit l’ensemble du site comme un bois sacré délimité par des
bornes en deçà desquelles il est interdit de mourir et d’accoucher, comme sur l’île de Délos (grâce à la générosité
d’Antoninus, un bâtiment fut construit pour accueillir les parturientes et les mourants). Toutes les offrandes
(animaux sacrifiés ?) doivent être consommées à l’intérieur du périmètre sacré et ne jamais en sortir. Il présente
le stade et le théâtre comme parties intégrantes du sanctuaire.
A la fin du IVe siècle, le sanctuaire est mis à sac par les Goths d’Alaric ; ensuite le culte chrétien (basilique
consacrée à Saint-Jean au nord du site) succédera à celui du dieu de la médecine.
Les Asclépiéia
Des concours sportifs furent créés au plus tard vers 520 av. et les participants connus furent d'abord des athlètes de la région. Toutefois, le concours avait vocation à être panhellénique et se tenait neuf jours après les Jeux
Isthmiques, ce qui permettait aux athlètes et spectateurs de se rendre facilement d'un concours à l'autre, mais une
fois sur deux seulement, car les Asclépiéia étaient une fête pentétéride, et avaient donc lieu tous les quatre ans
alors que les Jeux Isthmiques se tenaient tous les deux ans. Le concours se développa au Ve siècle, et s'y ajoutèrent des concours musicaux. Le début du dialogue de Platon, Ion2, nous montre le rhapsode Ion d'Éphèse qui
vient de remporter le prix à Épidaure et se prépare à participer aux Panathénées. L'origine du rhapsode montre
que le concours attire désormais des participants de cités éloignées, et cette popularité semble aller de pair avec
celle du culte d'Asclépios. La célébration du concours est attestée encore jusqu'au IIIe siècle ap. JC au moins,
même si son importance semble avoir assez vite décliné : bien que concours sacré panhellénique, il n'a pas attiré
pour lui-même les athlètes les plus réputés.
Le concours était organisé par un agonothète et des hellanodices. Les épreuves gymniques, pour adultes et
enfants, étaient les courses d'un, deux, quatre stades, la course "longue" (dolichos), la boxe, la lutte, le pancrace,
le pentathlon ; s'affrontaient également des trompettes et hérauts. Des épreuves de course féminines sont attestées à l'époque impériale.
Il existait un concours hippique comportant plusieurs épreuves, et donc un hippodrome (mentionné par une
inscription, mais dont l'emplacement n'a pas été localisé).
Le concours musical opposait des rhapsodes, des aulètes, des citharèdes ; il y avait aussi un concours de comédie et tragédie.
La récompense était une couronne de feuillage, probablement du laurier.
Les particularités du culte expliquent les caractéristiques du sanctuaire :
1 Asclépios, mortel ressuscité puis divinisé, est un dieu chthonien, lié à la terre. Le serpent lui est associé car
c'est l'animal chthonien par excellence, qui vit à la fois sur et sous la terre, et en contact permanent avec elle. Or,
pour guérir les hommes, c'est de la terre et des plantes qu'elle produit que l'on peut tirer des remèdes. Asclépios
est souvent représenté avec un caducée, c’est-à-dire un bâton autour duquel s'enroule un serpent, aujourd'hui encore emblème des professions médicales. Une variété de grands serpents inoffensifs semble avoir été présente
dans l’Antiquité sur le site d’Épidaure. La tholos, quelle qu’en soit la fonction exacte, est par son labyrinthe souterrain liée à l’univers chthonien.
2 La cure des malades exige des bâtiments particuliers, notamment le portique d’incubation, mais aussi des
lieux permettant un séjour plus ou moins long, comme le katagogéion, une activité médicale humaine se déve1
II, 27, 7
La scène du dialogue est censée se dérouler vers 395/4, bien que Socrate soit mort à cette date… L'ignorance de Socrate
concernant l'existence de concours de rhapsodes à Épidaure ne prouve pas que l'institution soit toute récente, Socrate n'étant
pas, de toute évidence, passionné par ce genre de manifestation.
2
IG – R. BP 07/07
39
ÉPIDAURE 3/7
loppant parallèlement aux miracles accomplis par le dieu…
3 Les sanctuaires guérisseurs se développent toujours auprès de sources ; en effet, avant de remplir une fonction d'hygiène et d'agrément, les bains grecs ont eu une fonction thérapeutique et curative. On constate donc la
présence de sources, de fontaines aménagées, de systèmes d’adduction d’eau, et de thermes construits à l’époque
romaine.
4 Des banquets rituels semblent avoir joué un rôle important dans le culte d’Apollon puis d’Asclépios, d’où
l’existence d’édifices comme l’hestiatorion. Le bâtiment E (appelé ainsi par les fouilleurs en raison de sa forme
semblable à la lettre de l’alphabet) pourrait avoir eu ce rôle également.
5 La fête des Asclépiéia explique l’existence des installations sportives et du théâtre.
Le théâtre
Le théâtre est à distance (500 m) du temple d'Asclépios car il fallait utiliser une pente naturelle pour y adosser
les gradins. Il était utilisé en particulier lors des fêtes panhelléniques des Asclépiéia. Cet élément le plus connu
d'Épidaure est célèbre pour sa beauté (Pausanias, au IIe s. de notre ère, le considère comme l'un des plus beaux
de toute la Grèce) et pour son acoustique d'une exceptionnelle qualité. Il a été construit à la fin du IVe siècle, et
peut-être remanié et agrandi au milieu du IIe : c'est à ce moment-là que l'on aurait ajouté les 21 gradins de la partie supérieure. Sa beauté est traditionnellement attribuée au fait qu'il est construit sur la base du nombre d'or, traduction mathématique de l'harmonie visuelle3.
Le théâtre tel qu'on le voit aujourd'hui a une capacité de 13 000 à 14 000 spectateurs répartis sur 55 gradins.
Les gradins sont divisés verticalement en 12 kerkides (sections) pour la partie inférieure, et 24 pour la partie supérieure. Les sièges du premier rang et ceux du dernier rang de la partie inférieure ainsi que du premier rang de
la partie supérieure de la cavea sont pourvus de dossiers : ils étaient réservés aux invités de marque (prêtres, représentants divers).
Le théâtre étant aménagé, comme tous les théâtres grecs, sur une pente naturelle, il fallait prévoir l'écoulement des eaux de pluie : c'est le cas, et il existe tout un système d'évacuation des eaux sous les gradins. Un caniveau borde l'orchestra du côté des gradins et se prolonge de part et d'autre de la scène de façon souterraine.
L'orchestra circulaire, en terre battue, est bordée par un muret en pierre calcaire. Au centre, une pierre circulaire creusée d'une mortaise en son axe a été interprétée à tort comme un autel de Dionysos. Il pourrait s'agir d'un
repère de construction pour l'orchestra et le koilon.
Deux parodos en pierre à deux ouvertures relient le koilon au bâtiment de scène.
Le bâtiment de scène, en pierre, dont les substructures sont encore visibles, se composait deux niveaux. Le
niveau inférieur comportait un proskénion dont la façade était pourvue de 14 piliers à demi-colonnes ioniques et
formait une faible saillie à chaque extrémité. L'entrecolonnement central était occupé par une double-porte, les
autres pouvaient être dotés de panneaux de bois amovibles. Derrière le proskénion, la skènè proprement dite
communiquait avec lui par trois portes. L'étage supérieur s'ouvrait sur le toit du proskénion par 5 portes, et était
couvert par un toit à double-pente. L'aménagement définitif des bâtiments de scène date de l'époque hellénistique.
On a longtemps cherché à expliquer l'acoustique exceptionnelle de ce théâtre, où le son se diffuse très bien,
horizontalement comme verticalement, si bien que l'on peut percevoir à distance (60 m séparent l'orchestra et le
dernier rang de gradins) des paroles prononcées sans que le locuteur ne force sa voix. On a remarqué que tout
obstacle à la diffusion du son a été éliminé et que tout est fait pour favoriser la circulation du son à l'intérieur de
la cavea : le théâtre a la forme d'un demi-cercle légèrement outrepassé, de sorte que le son est renvoyé d'un côté
à l'autre de ce demi-cercle sans en sortir. On a évoqué le sens du vent, de la scène vers les gradins (mais l'acoustique est bonne même en l'absence de vent), le rôle des masques (dont la fonction de porte-voix n'a jamais été
prouvée…) Une étude récente4 a montré que c'est la disposition des gradins qui servait de filtre acoustique natu3 Voir le dossier « Rapports et proportions dans l’architecture grecque classique ».
4
Declercq N. F. & Dekeyser C. S.. "Acoustic diffraction effects at the Hellenistic amphitheater of Epidaurus: Seat rows responsible for the marvelous acoustics", Journal of the Acoustical Society of America, April 2007 -- Volume 121, Issue 4, pp.
2011-2022
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rel en réduisant les sons de basse fréquence, qui constituent l’essentiel du bruit ambiant, tout en transmettant les
sons de haute fréquence, notamment les voix des acteurs. Cet effet serait dû plus précisément à la façon dont le
son est reflété par les surfaces ondulées A Épidaure, les fréquences inférieures à 500 hertz sont davantage assourdies que les autres lorsque le son est renvoyé par les gradins, et le bruit ambiant est ainsi en partie filtré. Ce
filtrage s’applique aussi aux basses fréquences de la voix, mais le système auditif humain est capable de compenser ou de restituer cet affaiblissement d’une partie du signal, à partir des sons à haute fréquence qui lui sont
parvenus. Il se peut que le phénomène fonctionne moins bien quand le théâtre est plein. On ne peut dire toutefois
si ce phénomène est le résultat d'une véritable maîtrise technologique ou le fruit du hasard.
Le stade
On distingue plusieurs phases dans sa réalisation :
- Une première phase au Ve siècle consiste en un aménagement sommaire.
- à la fin du Ve ou au début du IVe on crée une piste rectangulaire d'environ 180 m de long et 22 m de large, et entourée d'un talus ; la sphendonè s'appuie sur une déclivité naturelle.
- au dernier quart du IVe siècle, une bordure en pierre est ajoutée au bord de la piste (pour canaliser et évacuer les eaux de pluie), on crée des gradins en pierre sur une partie des côtés nord et sud, et une tribune.
- au milieu ou à la fin du IIIe siècle, on refait les gradins nord ; on ajoute à la même époque ou un peu plus
tard un passage voûté pour l'entrée des athlètes.
Les bâtiments du culte
- le temple d'Asclépios : bâti vers 380 av. J.-C. par l'architecte Théodotos, il abritait une statue chryséléphantine d'Asclépios, œuvre de Thrasymédès de Paros, placée dans une fosse de 60 cm de profondeur environ, ce qui
est le cas des sanctuaires des dieux chthoniens, en particulier les dieux guérisseurs et oraculaires.
- Le bâtiment appelé « gymnase » a fait l’objet de nouvelles études lors des travaux de restauration, qui
conduisent à une nouvelle interprétation : il s’agirait en fait d’un hestiatorion, bâtiment où se tenaient des banquets rituels car on y a trouvé en particulier des restes de foyers et de nourriture. Il fut construit à la fin du IVe
ou au début du IIIe siècle av ; il comportait un propylée monumental du côté nord. Détruit par les Ciliciens, accueilli en son sein, vers le début du IIIe ap, un odéon, avec un changement d’orientation puisque celui-ci est
tourné vers l’ouest, tandis que l’ancien propylée fut transformé en sanctuaire d’Hygie.
- Le portique d’incubation est rendu nécessaire par le culte puisque le consultant doit passer la nuit dans un
dortoir sacré. Le succès croissant du culte a rendu nécessaires de multiples remaniements architecturaux à cet
édifice. Le premier aménagement du début du IVe siècle fut la construction d’un portique ionique à 17 colonnes
dans la partie est, englobant dans son angle nord-est la source sacrée du culte primitif. Puis il fallu agrandir le
portique à la fin du IVe, mais la forte déclivité du terrain à l’ouest obligea à ajouter un étage inférieur. Dans la
partie ouest on a ainsi un étage inférieur, et un étage supérieur (avec 31 colonnes) au même niveau et dans le
prolongement du portique d’origine. D’autre part l’entrecolonnement est garni de murets qui protègent les occupants de l’abaton des regards indiscrets et profanes.
- Le bâtiment le plus énigmatique d'Épidaure est la tholos, parfois appelée thymèlè. Il s'agit d'un édifice circulaire, de 22 m de diamètre, construit entre 360 et 330 par l'architecte Polyclète le Jeune. C'était un ouvrage magnifique, tout en marbre blanc, comportant une colonnade extérieure dorique et une colonnade intérieure corinthienne ; entre les deux, un plafond à caissons décorés de motifs végétaux (à voir au musée) ; l'intérieur avait été
décoré par le peintre Pausias. Particularité : ce bâtiment possédait un sous-sol constitué de corridors circulaires
concentriques ; pour passer de l'un à l'autre et aller du centre vers la périphérie ou l'inverse, il faut faire tout un
parcours labyrinthique, car les ouvertures permettant de passer d'un cercle à l'autre ne se trouvent pas en face les
unes des autres. Qui était censé effectuer ce parcours, auquel on serait facilement tenté d'attribuer une signification initiatique ou mystique, ou, à tout le moins, mystérieuse ? Des malades ? On a dit que ce soubassement labyrinthique pouvait être le refuge des serpents sacrés ; on a également émis l'hypothèse que cette tholos pouvait
être le tombeau d'Asclépios, une sorte d'hérôon rappelant les origines mortelles, par sa mère, Coronis, du dieu ;
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bref, les suppositions les plus variées ont été faites, sans que le secret de cet édifice (dont le nom grec, thymèlè,
autel, atteste la destination religieuse) soit percé.
TEXTE
"Bien des mystères résident encore à Épidaure, dans la signification comme dans la technique des rites qui s'y
pratiquaient. On ne sait rien - cela est vrai – de l'origine du sanctuaire, rien de l'histoire légendaire d'Asclépios,
rien, non plus, des pratiques qui se déroulaient dans le labyrinthe souterrain de la tholos, un des monuments les
plus troublants de ce site. Mais approfondir ce mystère, c'est creuser, au sens propre comme au sens figuré –
dans la chair de la terre et dans la chair de l'homme : les couloirs, les passages, les labyrinthes de la tholos, cœur
et nombril des mystères d'Épidaure, évoquent les labyrinthes du corps humain où l'homme, alors, ne s'aventurait
qu'à tâtons.
Que cette tholos ait été le sanctuaire primitif d'un dieu-taupe, le refuge de serpents sacrés utilisés au cours des
rites de guérison ou l'antre d'un dieu caché rendant ses oracles et révélant ses recettes depuis les entrailles de la
terre, elle représente, comme l'antre de la Pythie à Delphes ou comme le labyrinthe d'Éleusis, le lieu souterrain
d'où jaillit précisément la lumière. La taupe aveugle voit sans ses yeux tout comme le devin aveugle voit l'avenir.
La perte de la lumière visible permet de percevoir la lumière invisible. Aux deux extrêmes de la condition vivante, l'obscurité engendre la lumière. Quant aux voies par lesquelles chemine cette troublante découverte, elles
nous sont, de fait, inconnues, mais cela est de moindre importance. Du tâtonnement obscur d'un animal dans
l'épaisseur de la terre, les Grecs ont su faire le symbole du chemin menant l'homme de l'ignorance à la connaissance. Dans la légende de Delphes, la pensée grecque suivra une route analogue : Apollon tue le serpent Python
et le laissera pourrir dans le sol. De ce pourrissement du monstre germera la lumière, l'éclat du dieu rayonnant et
purificateur." (Jacques Lacarrière)
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MÉDECINE ET CULTE D'ASCLÉPIOS À ÉPIDAURE
I. Les grandes étapes de l'histoire de la médecine grecque
La médecine grecque apparaît dans la seconde moitié du Ve s., dans les cénacles de Cos et de Cnide, autour
d'Hippocrate de Cos ; elle se caractérise par une volonté de renoncer aux pratiques et aux croyances magiques
qui pose les premiers fondements d'une médecine scientifique. On élabore des raisonnements fondés sur des observations concernant le milieu, le tempérament et la psychologie du patient. Il faut d'abord interroger le malade
et l'observer pour reconstituer le développement de la maladie ; puis, le médecin établit le diagnostic et tente
d'enrayer le mal, en cherchant à rétablir l'équilibre rompu entre les quatre éléments (sang, phlegme, bile jaune,
bile noire) constitutifs du corps humain. La thérapeutique repose sur des purges, des bains, des fumigations et sur
le contrôle du régime alimentaire ; la diététique, en effet, doit permettre de maintenir l'équilibre entre le sec et
l'humide, le chaud et le froid. Hippocrate parle de l'égalité, isonomia, à respecter entre ces différentes qualités,
adaptant ainsi à la médecine un concept politique.
La gynécologie est une partie importante de la médecine, même si elle est montre les limites de la rationalité
hippocratique : on pense que la matrice erre à l'intérieur du corps féminin, provoquant maux de tête et crises
d'hystérie ; il faut la faire revenir à sa place par des fumigations.
Les médecins réussissent de très belles cures ; ils savent également réduire des fractures. Cependant, la médecine hippocratique ignore l'anatomie et la physiologie ; la postérité en a surtout retenu un aspect éthique dont
le serment d'Hippocrate reste le symbole et le fondement.
À l'époque hellénistique, la médecine, comme les sciences en général, connaît de nouveaux développements ;
c'est à Alexandrie que l'on effectue les premières dissections, car la pratique de la momification et de l'embaumement a institué depuis longtemps un rapport au corps différent de ce qu'il est en Grèce, où la dépouille mortelle est sacrée et intouchable. C'est donc le début de l'anatomie et de la physiologie ; un médecin comme Hérophile
de Chalcédoine sait expliquer le rôle de la moelle épinière, celui du système nerveux, du cerveau, le fonctionnement de l'œil ; Érasistrate étudie la circulation sanguine.
Le médecin est une grande figure de l'époque ; il est non seulement un " technicien " de la guérison, mais
aussi une autorité morale. Il pratique une médecine scientifique et indépendante de la religion.
À l'époque romaine, les médecins se répartissent en différentes écoles : on peut distinguer les dogmatiques,
les empiriques et les méthodiques. On conseille fréquemment l'hydrothérapie, les massages ; on pratique de façon courante la trépanation, l'ablation (sans anesthésie), on opère le globe oculaire et les prothèses dentaires
existent.
Dioscoride (Ier s. ap. J.-C.) est l'auteur d'une somme pharmaceutique utilisée en Europe jusqu'à la fin de la
Renaissance. Galien (IIe s. ap. J.-C.) a laissé de nombreux textes dont le ton est fréquemment polémique ; il rédige une somme de la médecine antique. Il distingue trois sortes de vies : végétative (foie, veines), animale
(poumons, artères) et intellectuelle (cerveau et système nerveux). Les médicaments tiennent une place importante dans les cures qu'il suggère. Ses théories ont servi de fondement à la médecine jusqu'à la Renaissance, soit durant 1400 ans.
II. Culte d'Asclépios et évolution de la thérapeutique
Au IVe s., le culte d'Asclépios prend un nouvel essor, notamment à Épidaure, et répond au désir qu'ont les fidèles d'une religion qui se préoccupe directement des individus et de leur bien-être physique et moral, d'une religion "à échelle humaine", qui prenne en charge notamment la santé. Asclépios est un dieu d'une nature un peu
particulière, puisque, né d'un dieu (Apollon) et d'une mortelle (Coronis), initié par le centaure Chiron aux vertus
des simples, il a été mis à mort par Zeus, inquiet de le voir prolonger la vie des hommes et menacer, à terme, de
remettre en cause le privilège d'immortalité dont les dieux devaient être les seuls à jouir.
La médecine pratiquée à Épidaure relève à la fois d'une mystique et d'une thérapeutique : le rite est le suivant:
- on commence par pratiquer un sacrifice ;
- on dépèce l'animal, on s'enroule dans sa peau, et on s'installe pour la nuit dans le dortoir sacré (abaton) ;
- au cours de la nuit, le malade a un songe, d'interprétation plus ou moins évidente ; le matin venu, il raconte
sa vision aux prêtres, qui, à partir des indications fournies par le malade, mettent en place une thérapeutique.
- une fois la guérison obtenue, on remercie le dieu, notamment en lui offrant un coq en sacrifice. On pouvait
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aussi élever une statue au dieu, et certains faisaient ériger une stèle racontant les conditions de leur guérison. Il
était également d'usage de dédier de petites plaques de pierre représentant la partie du corps qui avait été guérie :
un œil, un pied, des oreilles, un sexe (à voir au musée d'Épidaure, et aussi dans celui de l'ancienne Corinthe).
Cette tradition perdure en Grèce, et il n'est pas rare de voir des plaquettes de métal de ce genre dans les églises
d'aujourd'hui, placées sous l'icône du saint auteur du miracle…
On a donc en premier lieu, dans cette démarche, une expérience de type mystique, qui prend la forme d'un
contact avec le dieu au cours du sommeil (le songe étant l'une des voies traditionnelles de communication entre
les dieux et les hommes, comme on le voit dès les poèmes homériques) ; parfois, le seul choc lié à cette expérience suffisait à guérir le malade, en particulier dans le cas de maladies psychiques ou psychosomatiques. Les
récits de guérisons dont nous disposons montrent à quel point ce moment pouvait constituer un événement majeur dans une vie ; certains malades, après leur guérison, allaient jusqu'à changer de nom, pour bien marquer que,
bien plus que d'une guérison, c'était d'une véritable renaissance qu'il s'agissait pour eux.
Mais, au fil du temps, la thérapeutique prend une place plus importante, et les guérisons sont de moins en
moins miraculeuses : les récits témoignent de cette évolution ; on comparera les deux exemples suivants :
— Inscription datant environ de 320 av. J.-C., gravée sur une stèle d'Épidaure :
« Que la divinité nous soit favorable ! Guérisons dues à Apollon et à Asclépios. Enceinte depuis cinq ans,
Cléo vint supplier le dieu et dormit dans le dortoir sacré. Dès qu'elle en fut sortie et qu'elle se trouva hors du
sanctuaire, elle mit au monde un fils qui, à peine né, alla se baigner lui-même à la source et s'en vint courir autour de sa mère. Après cette grâce, elle fit graver son ex-voto : " Ce ne sont pas les dimensions de la stèle qu'il
faut admirer, mais la puissance divine, ou comment Cléo porta cinq ans le fardeau de son ventre jusqu'à l'incubation, au cours de laquelle le dieu lui rendit la santé. " »
— Autre inscription gravée sur une stèle, datant de 140 ap. J.-C. environ :
« Sous la prêtrise de Publius Iulius Antiochus, Marcus Iulius Apellas Idrieus de Mylasa déclare : " Le dieu
m'a fait venir ici parce que j'étais tombé plusieurs fois malade et que je souffrais de mauvaises digestions, en particulier au cours d'un voyage à Égine. Il me demanda de ne pas me tourmenter. Une fois que je fus dans le sanctuaire, il me dit de m'envelopper la tête pendant les deux jours où il y eut des averses, de consommer du persil et
de la laitue avant de prendre mon bain, de faire de l'exercice, de courir, de prendre du citron avant de tremper
dans l'eau les extrémités de mon corps, de me frotter au mur là où le dieu fait entendre sa voix dans le grand
bain, d'utiliser le promenoir supérieur, de me couvrir de sable à chaque prise de lutte, de me promener nu-pieds,
de répandre sur moi du vin avant d'entrer dans le bain chaud, de ne faire que de m'y tremper et de donner une
drachme attique au maître-nageur, enfin de sacrifier en public à Asclépios. (…) Il me prescrivit de prendre du
lait tiède avec du miel un certain nombre de jours, de me frictionner de moutarde crue et de sel, de sortir du dortoir sacré sous la conduite d'un garçon portant un encensoir fumant, et, une fois guéri, de donner ses honoraires
au prêtre. Je fis ce que j'avais vu en songe, et, me frictionnant de sel et de moutarde, je me lavai à l'eau courante,
mais, en me baignant, je ne ressentis plus rien des maux pour lesquels j'étais venu ici passer neuf jours… " »
Au IVe s., les guérisons soudaines et sans intervention humaine sont fréquentes ; mais, plus on avance dans le
temps, plus les traitements sont précis et complexes ; on aura noté le rôle de l'hydrothérapie dans la cure rapportée ci-dessus. Les instruments de chirurgie (exposés au musée), qui datent de l'époque romaine, confirment que
les hommes attendent de moins en moins un miracle et qu'ils cherchent de plus en plus à provoquer la guérison.
Pour en savoir plus
J. Jouanna, Hippocrate, Paris, Fayard, 1992.
D. Gourevitch (dir.), Histoire de la médecine : leçons méthodologiques, Paris, Ellipses, 1995.
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ATHENES
ATHÈNES
Athènes
Athènes et ses environs
Le centre d'Athènes au IIe ap (vue depuis l'ouest)
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ATHÈNES
Athènes : l'Acropole
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ATHÈNES
Athènes : l'agora antique
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ATHÈNES
Athènes : le musée archéologique national
REZ-DE-CHAUSSEE
Depuis le hall d'entrée (2), allez d'abord dans la salle 4 :
Salle 4: civilisation mycénienne (1600-1100 av. J.-C.) A ne pas manquer :
-masques funéraires en or (XVIe), notamment "masque d'Agamemnon" ; -petites balances en or
-plaquette d'or représentant un sanctuaire
-poignards de bronze à décor d'or et d'argent incrusté (XVIe) -rhyton (vase de cérémonie en forme de come souvent
terminée par une tête d'animal) à tête de taureau (XVIe).
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ATHÈNES
-vase en cristal de roche en forme de canard.
-gobelets de Vaphio (XVIIe-XVIe) : capture d'un taureau + scène de labour.
-petits objets d'ivoire, notamment groupe de 2 femmes et un enfant ; tête de guerrier casqué ; casque à dents de sanglier
-vase aux guerriers (XIIe).
-sceaux en or ou pierres semi-précieuses et bijoux.
-tablettes en linéaire B.
-idoles de terre cuite en forme de phi (mains et bras collés au corps en demi-cercle) et en psi (bras levés).
-fresques de Mycènes: la Mycénienne (XIIIe) ; bouclier en forme de 8.
Salle 3 : civilisation mycénienne
Petite salle contenant des objets de la civilisation mycénienne trouvés en attique. Voir en particulier une lyre en ivoire.
Salle 5 : objets préhistoriques (essentiellement de Thessalie):
-idoles en terre cuite (fin du IVe millénaire av. J.-C.) dont une grande (49 cm) idole masculine assise et une idole plus
petite (16 cm) de Déesse à l'enfant.
-saucières (fin de l'époque préhellénique)
Salle 6 : civilisation cycladique (IIIe mill av.):
-idole d'Amorgos (2200-2000 av. J.-C.)
-le Joueur de flûte et le Joueur de lyre «2400-2200 av. J.-C.)
-les « poêles à frire ».
Revenez au hall 3 pour passer dans la salle 7:
Salles 7 à 13 : Sculpture archaïque :
-amphore géométrique du Dipylon (quartier du Céramique) (750 av. J.-C.)
-grand cratère géométrique (Céramique) n° 804 (salle 8)
-Kouros de Sounion, n°720 (salle 11)
-Kouros Kroisos, n°3851 et Kouros d'Aristodikos, n°3938 (salle13) ; stèle funéraire de l'hoplite Aristion ; stèle de
l'hoplitodrome.
Salles 14 à 20 : statues et reliefs funéraires et votifs du Ve:
-stèle représentant un éphèbe couronné de Sounion ("l'autostephanomenos"), n° 3344
-Poséidon de l'Artémision, n°15161; - grand Relief d'Éleusis, n° 126 (salle 15)
-stèle d'Hégéso, n°3624 (salle 18)
-Athéna du Varvakéion, n°129 (salle 20)
Salle 21: copies d'œuvres classiques (pour la plupart)
-Diadumène (athlète vainqueur ceignant sa tête d'un bandeau), de Délos, n°1826
-Jockey de l'Artémision (sculpture hellénistique)
Tournez à gauche pour entrer dans la salle 34 : œuvres en provenance de sanctuaires divers. Puis encore à gauche, salle
36.
Salles 36 à 41: objets en bronze
- bronzes provenant de Dodone et de nombreux autres sites ; vitrine montrant la technique dite de la cire perdue, pour la
fabrication des statues en bronze ; "mécanisme d'Anticythère". Revenez dans la salle 34 et montez au 1er étage.
1er ETAGE
En haut de l'escalier, en face, salle 48 : fresques et objets d'Akrotiri (Santorin) En en ressortant, entrez dans la salle de
gauche (salle 49) : Salles 49 à 56: la céramique : parcours chronologique et régional à la fois.
Redescendez au Rez-de-chaussée en salles 34, puis 21 et entrez en salle 22.
Salles 22 à 28 : Statues et reliefs votifs du IVe siècle:
-salle 23 : stèle de l'llissos, n°869
-salle28 : naïskos funéraire d'Aristonautès, n° 738 ; stèle au cheval, n°4464 ; éphèbe d'Anticythère, n°13396 ; éphèbe de
Marathon, n° 15118.
Salles 29-30 : sculpture hellénistique (IIIe-Ier s. av. J.-C.):
-philosophe d'Anticythère, n° 13400 (salle 30)
-tête d'homme trouvée à Délos, n°14612 (salle 30)
-Aphrodite et Pan, n° 3335 (salle 30)
-enfant à l'oie, n° 2772 (salle 30)
Salles 31 à 33: Époques romaine et impériale
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AGORA D’ATHÈNES
L'AGORA D'ATHÈNES
Qu'est-ce qu'une agora ?
Le premier sens du mot ἀγορά est "réunion, assemblée", d'où "lieu où l'on se réunit". Une agora est donc
un lieu de rassemblement, placé au centre symbolique d'une cité ce qui correspond souvent à la croisée des
voies principales. C'est une place publique où se déroulent toutes sortes d'activités : religieuses, civiques et
économiques. Par conséquent, une agora est indispensable à une cité. Les cités grecques comportent toujours
deux pôles :
— l'acropole, haut lieu militaire, religieux et parfois politique
— l'agora, dans la ville basse, vaste espace public dont les fonctions se matérialisent peu à peu en bâtiments, faisant d'elle, par un lent processus, pas toujours bien concerté, une place monumentale — et parfois,
un extraordinaire fouillis !
L'origine des agoras
Elle n'est pas clairement déterminée, même s'il existait des lieux de réunion dans les palais minoens ; le
rapprochement avec la civilisation crétoise, pour séduisant qu'il paraisse, ne peut être établi avec pertinence
et certitude, dans la mesure où l'organisation d'un palais minoen n'a rien de commun avec celle des cités
grecques du continent et où les Grecs de l'époque historique n'avaient sans doute pas connaissance des palais
minoens.
L'agora apparaît chez Homère, mais, comme toujours, il est très délicat d'en tirer argument pour la datation de l'apparition des premières agoras (quel état de la civilisation grecque Homère décrit-il ?). Les données archéologiques montrent avec certitude, en revanche, que des agoras existaient dès le milieu du VIIIe s.
à Megara Hyblaea, ainsi peut-être qu'à Syracuse. L'agora est alors un terrain laissé libre au centre de l'espace
construit de la cité.
L'agora athénienne
L'Athènes primitive étant limitée à l'Acropole et à ses abords, l'agora primitive d'Athènes est sur le flanc
nord-ouest de l'Acropole, avec des bâtiments publics servant de siège aux archontes, mais aucune de ces
constructions ne nous est connue.
Au VIe s., sous Solon, on aménage le Kolonos Agoraios, c'est-à-dire la colline sur laquelle fut construit
ensuite le temple d'Héphaïstos (l'Héphaïstéion, également connu sous l'appellation erronée de Théséion) ; de
cette zone il fallut tout d'abord évacuer les tombes et les maisons qui s'y trouvaient.
De cette époque (fin VIe-début Ve s.) datent les plus anciens bâtiments civiques de l'agora.
L'agora a souffert du passage des Perses ; Thémistocle, lui se chargea surtout de l'aménagement du Pirée,
et c'est Cimon qui s'occupa de restaurer l'agora : les arbres qui furent alors plantés servaient tout autant à
protéger du soleil promeneurs et bavards qu'à masquer les ruines des bâtiments détruits par les Perses.
La fonction religieuse
Les cultes de l'agora sont dédiés aux grands dieux de la Grèce, mais ils sont souvent honorés comme
dieux protecteurs de l'agora (par exemple, Zeus Agoraios), de la communauté des citoyens qui s'y réunissent
(Zeus Polieus ou Athéna Polias, Apollon Patrôos) ou encore des décisions qui s'y prennent (Zeus Boulaios,
Athéna Boulaia). Y sont honorés aussi les héros fondateurs, les personnages mythiques qui ont souvent leur
tombe sur l'agora (Thésée). L'agora est un lieu de mémoire de la cité, c'est un conservatoire des traditions religieuses et légendaires, ce qui explique la quantité de temples, d'autels et de statues dont elle est encombrée.
Elle est traversée par la procession religieuse la plus importante d'Athènes : celle des Panathénées, qui parcourt les lieux symboles de la cité, partant du Dipylon, passant par l'agora et s'achevant sur l'Acropole, devant l'Érechthéion.
Mais la conservation de la mémoire collective ne prend pas un aspect exclusivement religieux : la stoa
poïkilè (non visible aujourd'hui) était une véritable galerie d'art et d'histoire grâce aux peintures de Micon et
de Polygnote qui la décoraient.
Les fonctions civiques
Jusqu'à Solon, le centre politique d'Athènes demeurait l'Acropole. Avec Solon, il quitte le rocher sacré —
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AGORA D’ATHÈNES
désormais symbole du pouvoir aristocratique et monarchique — pour descendre vers les quartiers populaires. L'agora s'installe alors dans ce qui avait été une zone de cimetières, au carrefour des principales rues.
Sous la démocratie, les assemblées et les tribunaux se réunissent sur l'agora : la Boulè, le prytanée et
l'Héliée occupent une partie sud-ouest de la place ; au VIe s. et jusqu'à -490 environ, les représentations théâtrales avaient encore lieu à l'agora, sur des gradins provisoires en bois, dans un espace qui servait également
aux réunions de l'ecclésia. Ensuite, lorsque la prolifération des bâtiments a réduit l'espace libre, on prit l'habitude de réunir les citoyens sur la Pnyx et on aménagea le théâtre de Dionysos, au sud de l'Acropole, pour
les manifestations théâtrales.
L'alignement des façades sur le côté ouest montre la volonté d'aménager la place de manière cohérente à
partir du Ve s. L'agora reste fondamentalement un espace libre, qui commence à être encadré par des bâtiments perpendiculaires les uns aux autres et entre lesquels vient s'insérer la voie des Panathénées. Cet équilibre sera rompu à l'époque romaine, avec la construction de l'odéon d'Agrippa, qui vient occuper l'espace
resté vacant jusque-là.
La fonction économique
L'agora est aussi un espace voué aux échanges sous le contrôle de la cité : c'est là que se tenaient les bureaux de change ; c'est là aussi qu'étaient conservés les étalons des mesures officielles (dans la stoa sud et
dans le prytanée). À partir du Ve s., le sud de l'agora devient une zone de marchés.
Chronologiquement, cette activité est secondaire par rapport aux cultes ou à le tenue des assemblées politiques, mais dès le IVe s. elle tend à devenir la fonction principale et, au IVe s., les philosophes déplorent
qu'activités civiques et mercantiles soient ainsi réunies.
Bibliographie :
L'ouvrage de référence sur l'agora en général reste celui de R. Martin, Recherches sur l'agora grecque,
Paris, De Boccard, 1951 (B.E.F.A.R. n°174).
Sur l'agora athénienne, on pourra consulter l'ouvrage très complet de J.M. Camp, The Athenian Agora,
Londres, Thames and Hudson, 1986, ou encore le petit guide en vente sur place, Petit guide de l'agora
d'Athènes publié par l'American School of classical studies at Athens, 1977 (environ 2 euros).
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L’ACROPOLE
L'Acropole en pratique (mise à jour 08/2007)
Il est possible de pénétrer sur l'Acropole en entrant par le théâtre de Dionysos, sur le côté sud, ce qui peut être une
solution judicieuse : on arrive par la station de métro Acropolis (à visiter pour elle-même), on visite le théâtre, et depuis son diazoma intermédiaire, on emprunte le "péripatos" antique qui permet, en pente douce, de voir le sanctuaire
d'Asclépios (restauration en cours, bien avancée) et les autres bâtiments du flanc sud de l'Acropole. On rejoint l'entrée
principale au-dessus de l'Odéon d'Hérode Atticus. Après la visite de l'Acropole, on peut gagner le secteur de l'Aréopage et l'agora. Cette solution n'est applicable que si l'on n'a pas voulu, ou dû (cela est parfois obligatoire) laisser en
consigne les sacs à dos (il y a une seule consigne, près de l'Aréopage).
L'ancien musée de l'Acropole est désormais définitivement fermé. On attend avec impatience l'ouverture du nouveau
musée, annoncée actuellement "pour le début de 2008". En tout état de cause, ce musée sera nettement plus grand et
permettra d'exposer des objets jamais montrés au public jusqu'ici faute de place dans l'ancien bâtiment. Demain sera
plus beau !
L'Acropole, un lieu stratégique
Cette colline de 156 m d'altitude, qui domine l'agglomération athénienne d'une centaine de mètres, a été
un site occupé très tôt, puisqu'on y a retrouvé des cabanes datant de 5000 av. J.-C. environ. À l'époque mycénienne, un palais y était installé.
Le site a été indubitablement choisi par ses premiers occupants pour ses qualités défensives : on est à
moins de 10 km de la mer, ce qui est une bonne distance, suffisamment courte pour surveiller le rivage (la
rade du Pirée) et voir arriver d'éventuels ennemis, suffisamment longue pour éviter d'être attaqué par surprise. En outre, le site est escarpé, d'un accès difficile, sauf à l'Ouest : il a donc un intérêt stratégique certain.
L'Acropole, un centre religieux
Depuis le début du Ier millénaire av. J.-C., l'Acropole accueille des cultes, notamment celui d'une déesse
de la Nature et d'Érechthée, puis d'Athéna et Érechthée, ainsi peut-être que de Poséidon ; au VIIe s. est construit le premier édifice monumental, et à partir du VIe s., l'Acropole est exclusivement dédiée aux activités
religieuses, elle a définitivement perdu sa fonction politique.
Au VIe s., les Pisistratides embellissent le rocher : on construit un nouveau temple d'Athéna, plus beau
que le précédent, avec ses frontons en poros. À cette époque sont également instituées les Grandes Panathénées (qui ont lieu tous les quatre ans) et les Petites Panathénées (qui ont lieu les années intermédiaires).
Les Panathénées
Cette fête, qui durait plusieurs jours et se déroulait en été, comportait différentes manifestations, notamment des concours gymniques dans un stade qui se trouvait sur l'emplacement de l'actuel Stade
Olympique (Kallimármaro, visible du haut de l'Acropole, bien caractéristique avec sa forme en U). La plus
célèbre est la procession qui partait du bout de la cité, de la " porte double " (le Dipylon) au Céramique, traversait l'agora et montait sur l'Acropole, jusqu'à l'autel consacré à Zeus et à Athéna. La veille de cette procession avait lieu la " veillée sacrée ", avec course aux flambeaux, jeux et chants. À la procession prenaient
part les magistrats de la cité, suivis des citoyens en armes ou à cheval, puis les petites filles (les arrhéphores)
portant les offrandes destinées à la déesse, notamment le péplos tissé par leurs soins dont on revêtirait la
vieille statue en bois d'olivier (le xoanon) placée dans le temple d'Athéna, puis dans l'Érechthéion quand celui-ci a été construit. (La statue d'Athéna Parthénos, elle, n'a jamais fait l'objet d'un culte : c'est ce qui fait dire aux spécialistes que le Parthénon n'est pas un temple mais un immense trésor, c’est-à-dire un bâtiment
dont la seule fonction est d'abriter une offrande, en l'occurrence, la statue elle-même.)
Cette procession, à laquelle participait l'ensemble du corps civique, est probablement celle qui était représentée sur le Parthénon, en une frise ionique placée au-dessus de la colonnade intérieure. (cf. infra)
Histoire de l'Acropole à travers les âges
Au début du Ve s., de nouveaux travaux sont entrepris, mais l'occupation perse de la seconde guerre médique entraîne des destructions ; les statues brisées sont enfouies dans des fosses où les archéologues les
trouvent, au XIXe s.
C'est Périclès qui fait exécuter un programme de grands travaux sur l'Acropole et dans toute l'Attique (au
cap Sounion, à Rhamnonte, à Éleusis, sur l'Agora…). Il s'agissait alors de donner à Athènes des monuments
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à la mesure de sa puissance politique, à une époque où son impérialisme lui permettait de dominer une bonne
partie du monde grec. Il est certain que c'est la position hégémonique d'Athènes qui lui a donné les moyens
financiers de construire pareil ensemble de monuments : c'est en effet avec les fonds de la Ligue de Délos,
dont ils avaient pris la tête, que les Athéniens ont financé ces constructions. On a pu dire aussi que Périclès
avait voulu donner du travail à ses concitoyens : cette idée est sujette à caution, car on a retrouvé beaucoup
de non-Athéniens parmi les ouvriers et les artistes qui ont pris part à la construction.
À la fin de l'Antiquité, à partir du Ve s., le Parthénon est consacré au culte chrétien, ce qui a permis de le
conserver en excellent état jusqu'à la fin du XVIIe s. Entre-temps, après la Quatrième Croisade et avec l'occupation franque, à partir de 1205, l'Acropole est rendue à sa fonction initiale de lieu d'observation et de défense : elle redevient une citadelle. Au XVe s, lorsque la Grèce tombe sous la domination ottomane, les
Turcs transforment le Parthénon en mosquée, puis ils en font leur poudrière ; en 1687, les Vénitiens, sous la
conduite de Morosini, bombardent cette poudrière, réduisant le Parthénon à peu près à l'état dans lequel il se
trouve aujourd'hui, à une différence près : les décors sculptés étaient encore en place, pour la plupart. Morosini a voulu en emporter une partie, Lord Elgin une autre, au tout début du XIXe s. : en 1801, muni d'une autorisation du Sultan, il emporte en Angleterre tout ce qu'il peut des sculptures du Parthénon, ainsi qu'une Caryatide de l'Érechthéion. Ces vestiges sont aujourd'hui exposés au British Museum, à Londres.
Pour en savoir plus
• Sur l'hostilité des Athéniens aux grands travaux de Périclès : Plutarque, Vie de Périclès 12-16.
• Marie-Christine Hellmann, L'architecture grecque, Paris, Le Livre de Poche, coll. Références, 1998.
• B. Holtzmann et A. Pasquier, L'art grec, Paris, École du Louvre, 1998.
• Roland Martin, L'art grec, Paris, Le Livre de Poche, 1994 pour l'édition française.
• L. Bruit-Zaidman et P. Schmitt-Pantel, La religion grecque, Paris, A. Colin, coll. Cursus, 2e éd. 1999.
LES PRINCIPAUX MONUMENTS DE L'ACROPOLE
I LES PROPYLÉES
C'est l'entrée monumentale de l'Acropole. Elles sont l'œuvre de l'architecte Mnésiclès, qui les a refaites au
Ve s. (Elles existaient depuis le VIe s.) Elles ne comportent aucun décor sculpté, car ce n'est qu'un passage,
qui ne nécessite pas de grands raffinements décoratifs.
Ce bâtiment devait remplir une fonction précise (marquer la limite de l'espace sacré, donner au fidèle le
sentiment qu'il pénétrait dans un espace proprement religieux) en tenant compte des contraintes matérielles
(étroitesse de l'espace, déclivité du terrain). Pour répondre à cette fonction, il se devait d'être monumental et
imposant, ce qui posait problème au vu du terrain qui lui était réservé.
Les deux façades (l'une tournée vers l'extérieur, l'autre vers l'intérieur de l'Acropole), de style dorique,
sont identiques à des façades de temple, mais l'architecte ne disposait pas de la place suffisante pour mettre
en longueur le nombre de colonnes habituel (6 colonnes en largeur impliquent 12 ou 13 colonnes en longueur, d'après les proportions ordinairement respectées dans l'architecture grecque) avec l'entrecolonnement
nécessaire pour éviter l'accumulation des colonnes dans un espace réduit, et l'effet de masse qui en aurait résulté. D'où le recours à des colonnes ioniques, plus élancées (puisqu'elles ne s'élargissent pas vers le bas),
pour avoir le nombre de colonnes voulu et éviter une surcharge inesthétique, en un mot, pour respecter
l'harmonie des proportions. En outre, pour compenser la dénivellation, l'architecte a eu recours à des colonnes de différentes hauteurs.
II LE TEMPLE D'ATHÉNA NIKÈ (= ATHÉNA VICTORIEUSE)
C'est un temple de style ionique, amphiprostyle. Sa taille est adaptée à l'étroitesse de la plate-forme sur
laquelle il est construit. Callicratès en fut l'architecte ; le temple fut construit dans la seconde moitié du Ve s.
Il abritait une vieille statue en bois (un xoanon) représentant une victoire qui, contrairement à l'habitude,
n'avait pas d'ailes, d'où son nom de Victoire Aptère : on dit que les Athéniens lui avaient coupé les ailes pour
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que la Victoire ne s'envole plus et qu'elle reste à tout jamais chez eux.
La frise représente la bataille de Platées (seconde guerre médique). C'est la première fois qu'une frise représente un sujet non mythologique ; c'est une autre manière d'honorer une divinité, en lui dédiant une victoire.
Une œuvre remarquable: la Victoire détachant sa sandale. Ce relief faisait partie du parapet du temple.
On enlève ses chaussures avant de pénétrer dans un espace sacré tel que la zone autour de l'autel ; cette Victoire pourrait être une desservante du culte. Les ailes, qui sont lisses, étaient peintes. Cette œuvre manifeste
une nouvelle tendance de la sculpture, à l'époque classique : le style "riche", un certain maniérisme qui utilise l'artifice bien connu du drapé mouillé, laissant largement deviner les formes du corps qu'il recouvre (noter
que l'on voit même le nombril à travers le vêtement.)
III L'ÉRECHTHÉION (illustrations page suivante)
Construit entre 421 et 406, il est l'œuvre de Callimaque et occupait l'emplacement du principal lieu de
culte de l'Acropole depuis l'origine ; il abritait notamment la vieille statue d'Athéna Poliade, celle qui faisait
l'objet du culte des Panathénées (le xoanon, i.e. le tronc à peine dégrossi constituant la statue primitive, réputée "tombée du ciel" et "non faite de main d'homme").
Sa forme très particulière et complexe répond aux multiples fonctions que remplit ce bâtiment, qui abrite
plusieurs sanctuaires (Athéna, Poséidon) et que jouxte un enclos abritant différentes reliques : tombes
d'Érechthée et de Cécrops, olivier sacré d'Athéna, puits d'eau de mer, trace du coup de trident de Poséidon
sur le rocher, ainsi que différents autels. En outre, il fallait s'adapter à l'irrégularité du sol. Il comprend trois
parties :
1) le corps principal au centre : il est consacré aux cultes d'Athéna et de Poséidon (partie Ouest à Poséidon, partie Est à Athéna ; lorsque le bâtiment a été transformé en église, les chapelles intérieures ont été détruites). Noter la différence de niveau selon qu'on regarde cette partie depuis l'Ouest ou depuis l'Est : de l'Est,
on a l'impression d'avoir en face de soi un bâtiment à un seul niveau ; depuis l'Ouest, on se rend compte que
ce niveau est en fait un " premier étage " ; de l'Ouest, on voit aussi des demi-colonnes engagées dans la façade, sorte de trompe-l'œil. Des deux étages, l'un est au niveau de la tribune des Caryatides, l'autre au niveau
du portique Nord.
2) le portique Nord : c'est l'entrée de la cella d'Érechthée. Noter l'ornementation ionique très riche, la frise
en marbre bleu d'Éleusis, le plafond à caissons.
3) la tribune des Caryatides au Sud : c'est de là que les prêtresses d'Athéna suivaient la procession des
Panathénées ; elle est établie au-dessus du tombeau de Cécrops et se distingue par les six statues-colonnes
féminines qui en supportent le toit. (Les statues en place sont des copies).
Ces statues jouent le même rôle qu'une colonne. L'essentiel, du point de vue architectural, est qu'elles
soient suffisamment solides pour soutenir le toit. Les attitudes sont donc choisies pour que la ligne générale
reste la verticale ; d'autre part, la partie la plus fragile, car la plus fine, d'une telle statue est bien sûr le cou,
qui offre un possible point de cassure. Pour renforcer cette partie sans donner au cou un volume exagéré et
disgracieux, les Caryatides ont d'épaisses chevelures ramenées en grosses tresses sur la nuque : cet artifice
permet de concilier beauté plastique et exigences architecturales. On notera en outre qu'il n'y a pas deux statues qui soient exactement semblables. Elles avancent un pied comme pour se mettre en marche, opposant le
dynamisme de leur allure au caractère statique de la pierre dont elles sont faites.
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L’ÉRECHTHÉION
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IV LE PARTHÉNON
Avant la construction du Parthénon de Périclès, l'emplacement était occupé par l'Hécatompédon (c’est-àdire un bâtiment de 100 pieds de long) en tuf, depuis les années 570, puis par un premier Parthénon en marbre, qui fut ravagé par les Perses en 480.
De tous les édifices de l'Acropole, c'est - en apparence - le moins complexe et le moins original ; mais la
réalité est tout autre. Il fut construit entre 447 et 432, Phidias en fut le maître d'œuvre et le chef-sculpteur, et
Ictinos l'architecte.
C'est un bâtiment construit entièrement en marbre du Pentélique (en marbre massif et non simplement
recouvert d'un stuc de marbre) : le Pentélique est une montagne toute proche d'Athènes, il était donc facile de
se procurer la matière première ; c'est aussi le plus grand édifice dorique achevé (certains temples de Sicile
sont plus grands, mais n'ont jamais été couverts, ou bien leur toiture s'est rapidement effondrée) ; c'est également le seul dont toutes les métopes aient été sculptées. Le fait de faire un bâtiment dont l'arrière était
tourné du côté par où l'on arrivait ne manquait pas non plus de hardiesse.
Le Parthénon est le résultat d'un compromis entre :
- les servitudes d'un site déjà partiellement occupé et les nouveautés du programme imposées notamment
par les dimensions de la statue qu'il devait abriter ;
- les exigences du sculpteur Phidias et de l'architecte Ictinos ;
- le respect de la tradition dorique et l'intégration d'éléments ioniques.
Ce n'est pourtant pas un temple, puisque la statue qu'il abritait, la fameuse Athéna Parthénos, œuvre de
Phidias, n'était pas une statue de culte. Le Parthénon a la forme d'un temple, mais il n'est "que" un immense
trésor, recelant une offrande colossale et somptueuse.
Cette offrande était une statue (cf. fig. 4) chryséléphantine, c'est-à-dire recouverte de plaques d'or et
d'ivoire ; étant donné son prix, comme toutes les autres statues de ce type, elle a disparu il y a bien longtemps ! Cette statue était assez massive, plus large que la moyenne (une copie en marbre, et de taille réduite,
se trouve au Musée National d'Athènes) ; les dimensions du Parthénon ont été calculées pour que la statue ne
semble pas trop à l'étroit dans sa cella. Elle représentait une Athéna armée tenant une victoire dans sa main :
on a pu dire que, outre une œuvre d'art c'était aussi un monument de propagande, dans la mesure où l'Athéna
offrant la victoire à son peuple serait comme la personnification de l'Athènes de Périclès et de son empire.
On a dit aussi que Phidias s'était représenté lui-même en Dédale, avec Périclès en Thésée à ses côtés, sur le
bouclier de la déesse. C'est parce que la statue était particulièrement imposante que le Parthénon est luimême plus large et plus long qu'un temple ordinaire : 8 colonnes en façade, 17 en longueur, 30 m de large
sur 69 m de long.
À ces dimensions exceptionnelles s'ajoute un refus de la ligne absolument droite au profit de la courbe :
pour éviter qu'un temple dorique n'ait l'air biscornu, il faut le faire un peu biscornu, et c'est dans le Parthénon
que les corrections optiques sont le plus systématiquement employées :
- une ligne horizontale fuyante paraît concave à l'œil humain : pour éviter cela, et sans doute aussi pour
mieux évacuer les eaux de pluie, le stylobate (= la base) du Parthénon est légèrement convexe ;
- des colonnes d'une certaine hauteur auront l'air de diverger dans leur partie supérieure : pour qu'elles paraissent verticales, on a fait en sorte qu'elles convergent légèrement, ce qui veut dire que le Parthénon n'est
pas un parallélépipède, mais un tronc de pyramide ; pour que les colonnes ne paraissent pas se creuser à mihauteur, on les a faites légèrement galbées ;
- on a fait les colonnes d'angle un peu plus épaisses que les autres, on a réduit la distance entre la colonne
d'angle et celle qui la précède, pour éviter qu'une métope ne se trouve amputée de moitié par la présence de
l'angle.
Du point de vue de la construction, cela implique que chaque bloc était taillé pour être situé à une place
précise, ce qui requérait une organisation du travail extrêmement précise et méticuleuse et, partant, coûteuse.
D'autre part, si le Parthénon est un exemple éclatant d'architecture dorique, il n'en intègre pas moins des
éléments ioniques, notamment la fameuse frise située au-dessus du mur de la cella et de la colonnade intérieure, à une place d'où, à vrai dire, elle était peu visible.
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La décoration sculptée du Parthénon est exceptionnelle
tant en quantité qu'en qualité : c'est le seul édifice dont toutes
les métopes (A) soient sculptées, il comporte en outre une
frise continue (B) — qui n'existe pas dans un bâtiment
strictement dorique — et bien sûr des frontons, sculptés eux
aussi (C). Chacun de ces trois ensembles montre une étape de
l'évolution de la sculpture classique : les historiens de l'art
peuvent parler de sculpture "pré-parthénonienne" et "postparthénonienne", montrant ainsi le rôle déterminant que joua
ce bâtiment dans l'histoire de l'art grec.
Les métopes sont les éléments décoratifs qui ont été mis
en place les premiers : sur trois côtés, elles ont été martelées,
au moment où le Parthénon a été transformé en église ; seules
les métopes du côté Sud ont été sauvées, car on y passait peu,
de sorte que les chrétiens n'ont pas jugé nécessaire de les
détruire, mais c'est également le côté endommagé par
l'explosion de 1687. Cependant, elles nous sont connues par
des dessins réalisés avant 1687. Les 14 métopes de façade
représentaient une Gigantomachie, les 14 de l'arrière, une
Amazonomachie, les 32 du côté Nord, la prise de Troie, et
celles du Sud, autant qu'on puisse en juger, une CentauFigure 1 : Disposition du décor sculpté du
romachie.
Parthénon.
Ces métopes relèvent du style sévère : les corps sont dans
des postures assez raides et artificielles, les personnages n'entrent que peu en rapport les uns avec les autres,
ils semblent isolés même lorsqu'ils font partie de la même scène. En outre, les métopes ne forment pas un
ensemble homogène, mais elles sont l'œuvre de plusieurs artistes dont chacun continue à avoir son style propre.
La frise ionique est l'ensemble décoratif le mieux conservé du Parthénon : sur 160 m de frise, il n'en
manque que 14. Elle relève du style libre : chevauchement des personnages qui se répartissent en différents
plans (on peut avoir jusqu'à 10 plans simultanés), allure plus souple des corps. Cette frise représente une
procession, probablement celle des Panathénées : on a cependant pu relever qu'elle n'en illustrait que des
morceaux choisis et que certains aspects étaient en contradiction avec ce qui est rapporté dans les textes : ce
sont des hommes qui portent des hydries, alors que les textes mentionnent des femmes ; les cavaliers occupent une place de choix dans la frise, alors que les sources littéraires n'en font pas mention ; les hoplites
sont absents de la frise, alors que l'on sait qu'ils participaient à la procession. De très nombreuses figures
humaines sont présentes dans cette frise, ce qui est remarquable s'agissant d'une construction dédiée à une
divinité.
Figure 2 : Schéma de la frise ionique dite des Panathénées.
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ACROPOLE 7/8
Figure 3 : Angles de vue permettant la lecture de la frise ionique du Parthénon.
Cette frise montre le cortège dans son déroulement. La difficulté était de savoir où situer le départ du cortège, car si on l'avait divisé en deux parties égales, du côté ouest on aurait eu deux séries de personnages se
tournant le dos à partir du milieu ; en fait, le départ s'effectue à partir de l'angle sud-ouest et la procession se
dirige vers le Nord d'une part, vers l'Est d'autre part ; la fin du cortège est située du côté Est, au-dessus de
l'entrée du bâtiment. Certains personnages n'ont pas encore pris le départ, ils sont debout à côté de leurs chevaux, d'autres sont déjà en marche, à pied ou à cheval ; les dieux sont également présents, ils assistent à l'arrivée de la procession avec le prêtre recevant le péplos de la déesse. Il s'agit d'une célébration de l'harmonie
régnant entre la cité et ses dieux, mais on ne peut s'empêcher de noter, loin de la solennité d'une cérémonie
officielle, la nonchalance des dieux (qui discutent entre eux et semblent ne prêter à la procession qu'un intérêt très relatif) et le fait que les hommes, comme les animaux, ont une attitude qui est loin d'être guindée : les
chevaux se cabrent, les hommes ont des attitudes variées : par exemple, la plaque n°864, qui représente trois
jeunes gens portant des hydries et un quatrième se penchant pour en soulever une autre, montre des personnages faisant tous peu ou prou la même chose, mais chacun avec un geste qui lui est propre. Un coup d'œil
sur l'ensemble de la frise (au British Museum, où en est conservée la plus grande partie) permet de voir les
changements de rythmes au cours de cette procession, le contraste entre la solennelle lenteur des vieux citoyens et la rapidité des chars ou la fougue des chevaux.
Les frontons, quant à eux, illustrent le style "riche", ou maniériste. Le fronton Est représente la naissance
d'Athéna. À voir in situ : la tête de cheval de l'angle Nord-Est : elle déborde du cadre du fronton, produisant
un effet baroque. Le reste de ce fronton a été démonté dès la fin de l'Antiquité, au moment du passage au
culte chrétien.
Le fronton Ouest, lui, était bien conservé jusqu'à la fin du XVIIIe s., où il fut victime du Vénitien Morosini, qui voulait rapporter des figures du Parthénon, à titre de trophée, à Venise, mais, lors du démontage, les
statues se sont brisées à terre. La figure occupant l'angle gauche est en surplomb, on a l'impression qu'elle va
tomber ; en outre, la torsion imprimée au buste est très marquée : c'est une position complexe et fugace, on
est au-delà du naturel, on est déjà dans le maniériste, voire dans le baroque.
Le Parthénon marque donc un dépassement du style sévère ; la maîtrise acquise par les artistes leur permet de faire désormais tout ce qu'ils veulent. C'est toute cette génération d'artistes qui se sont formés lors de
la construction du Parthénon que l'on retrouve à l'œuvre dans les décennies suivantes.
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ACROPOLE 8/8
Figure 4 : Reconstitution de la cella du Parthénon, avec l’Athéna Parthénos de Phidias et le bassin permettant de
maintenir le degré d’humidité nécessaire à la bonne conservation de la statue.
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LE CAP SOUNION 1/2
LE CAP SOUNION
C'est le cap situé à l'extrême Sud de l'Attique, le cap que doublent tous les bateaux venant ou se rendant
au Pirée. Il est déjà mentionné par Homère comme étant " le cap sacré " : Odyssée III, 278 : " Nous touchions
au Sounion, cap sacré d'Athènes. " Phrontis, capitaine du bateau de Ménélas, y serait mort au retour de
Troie, et Ménélas l'y aurait enterré (Odyssée III 285). C'est à cet endroit que la mythologie situe également le
suicide d'Égée, au retour de Thésée sur le navire à voile noire. (D'autres versions situent la scène sur l'Acropole d'Athènes.)
Nature et fonction du site
Le sanctuaire existait déjà au VIIIe s, et il est dédié à Poséidon, dieu de la mer ; cependant, il existe un
sanctuaire d'Athéna, situé à quelques dizaines de mètres de celui de Poséidon, et qui est apparu à la même
époque (N.B. : ces deux divinités sont également associées sur l'Acropole d'Athènes).
Le sanctuaire de Poséidon et ses environs
Mais la topographie des lieux en fait aussi et surtout un site stratégique : en 412, en pleine guerre du Péloponnèse, après la perte du port d'Oropos, les Athéniens construisent une forteresse à Sounion : on y surveille
les bateaux au large, ce qui en fait un élément-clef du système de défense des Athéniens ; il s'agissait en effet :
— de voir si des ennemis s'approchaient d'Athènes par voie maritime, de manière générale ;
— de surveiller les bateaux de commerce apportant à Athènes les cargaisons de blé indispensables à sa
subsistance ;
— de protéger les mines du Laurion, situées à proximité immédiate, d'où l'on extrayait le plomb argentifère qui constituait, à l'époque classique, une source importante de revenus pour Athènes.
C'est la raison pour laquelle, comme le site de Rhamnonte, qui comporte une forteresse et un temple (dédié à Némésis), celui de Sounion remplit deux fonctions, religieuse et militaire.
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LE CAP SOUNION 2/2
Les vestiges
- La forteresse n'est sans doute pas antérieure à 412 (on a cru pendant longtemps qu'elle datait du VIe s, ce
que les chercheurs actuels récusent). Elle fut remaniée et complétée au IIIe s., sans doute lors de l'occupation
macédonienne de l'Attique (263-229 av. J.-C.).
- Le temple dont les vestiges sont actuellement visibles a été construit à partir de 449 : il faisait partie du
même grand programme de construction péricléen que l'Acropole d'Athènes et le temple d'Héphaïstos de
l'Agora, entre autres. Il surplombe la mer d'une soixantaine de mètres.
Le temple est en marbre d'Agriléza (carrière à 4 km de Sounion, voir carte), marbre qui ne contient pas de
fer, contrairement au marbre du Pentélique ; c'est pour cette raison que le temple de Sounion n'a pas la même
patine que le Parthénon, par exemple.
C'est un marbre tendre, qu'on a cherché à protéger de l'usure : les cannelures de ses colonnes sont au
nombre de 16, au lieu des 20 habituelles ; les cannelures sont moins larges, moins profondes et leurs arêtes
sont moins vives, donc elles sont moins exposées à l'érosion. Ce procédé atténue aussi l'impression de gracilité des colonnes (qui, n'étant pas galbées, ont presque l'allure de colonnes ioniques).
Ce temple est l'œuvre d'un inconnu, mais qui était visiblement un grand architecte et qui a sans doute aussi construit l'Héphaïstéion et le temple de Rhamnonte : on voit dans le temple de Sounion des innovations :
— des colonnes plus élancées qu'à l'ordinaire (comparer avec le Parthénon, par exemple) ;
— emprunt de nombreux détails à l'ordre ionique (notamment frise continue).
Cette frise, en marbre de Paros, représentait les exploits de Thésée, une Centauromachie et une Gigantomachie. Les métopes, elles, sont restées sans décor.
On ne sait rien de la statue de culte de Poséidon.
Le temple ne comportait pas de colonnade intérieure.
Un grand kouros retrouvé à Sounion est aujourd'hui au Musée Archéologique National (n°2720) ; idem
pour la stèle de style sévère avec l'éphèbe se couronnant (n° 3344).
Pour l'anecdote : de nombreux " touristes " et voyageurs sont passés à Sounion ; certains ont même laissé
leur signature, graffiti faits dans le marbre du pilier Nord du temple : le poète anglais Byron est de ceux-là.
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