Téléchargez le discours du 11 novembre 2013

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 Commémoration
95e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918
Commémoration de la Victoire et de la Paix
Hommage à tous les morts pour la France
___
_
Allocution de Michel RICART
Maire de Lognes
Le 11 novembre 2013
1 - Monsieur le Député,
- Monsieur le Sénateur et Président du Conseil général,
- Mesdames, Messieurs les adjoints au Maire et
conseillers municipaux,
- Mesdames et Messieurs les représentants des Anciens
Combattants,
- Mesdames et Messieurs les représentants
d’associations,
- Mesdames, Messieurs, les Directeurs d’Etablissement
scolaires et enseignants,
- Mesdames et Messieurs les représentants des
services publics, des administrations et des corps
constitués,
- Mesdames et Messieurs les représentants de
syndicats et de partis politiques,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers concitoyens,
Chers Amis,
2 Depuis l’année dernière, vous
le savez, la
traditionnelle commémoration du 11 novembre
est devenue non plus seulement un jour de
mémoire dédié à l’armistice de 1918, mais la
commémoration de la victoire et de la paix et un
hommage à tous les morts pour la France.
Les années passent vite et l’année prochaine sera
le centenaire du début de la première guerre
mondiale.
Il
est
devenu
transmettre
la
de
plus
mémoire
en
plus
de
difficile
ces
de
sombres
événements à une jeunesse pour qui les années
de guerre pourraient sembler presque un mirage.
Pour les jeunes aujourd’hui, tout concourt en
effet à la production d'une mémoire d'archives,
une mémoire passive :
- Les images s’enchaînent à une vitesse folle
sur les écrans de télévision ou d’ordinateur,
3 - les
textes
historiques
sont
massivement
disponibles partout sur internet, tant et si
bien
qu’on
pourrait
ne
plus
les
lire,
submergés que nous sommes par la masse
d’information
que
nous
avons
peine
à
contrôler, à vérifier…
- Les experts se succèdent les uns après les
autres dans les médias pour nous donner,
parfois sous forme de prêt-à-penser, toutes
les
explications
problèmes
qui,
nécessaires
dit-on
souvent,
sur
des
sont
trop
complexes pour nous…
Bien sûr, il ne s’agit pas de dénigrer vainement
une société de communication et d’information
effrénée. Alors que nous rendons hommages aux
morts pour la France, comment ne pas penser
notamment
aux
deux
récemment
assassinés.
journalistes
A
leur
de
manière,
RFI
ils
risquaient leur vie pour nous, pour la liberté
d’expression et d’information qui nous est chère.
4 Leur
rendre
d’ailleurs
hommage,
s’interroger
ce
sur
serait
notre
peut-être
conscience
citoyenne : Abreuvés d’informations, que faisonsnous de ce que nous savons ?
Comment agissons-nous, pour ne pas garder les
yeux fermés sur ce que nous voyons ?
Notre mémoire est trop souvent passive, vécue
comme une possibilité de s’informer seulement,
et non de réfléchir, une mémoire vécue comme la
possibilité de consommer le passé et non d’agir
sur le présent. C’est pourtant là notre devoir au
quotidien.
Ces derniers temps, on a vu fleurir honteusement
des propos racistes, xénophobes, des propos
publics indignes, qui sont assumés de plus en
plus librement, et sans la moindre vergogne,
déshonorant ainsi ouvertement les fondements de
nos valeurs républicaines.
5 « C’est
pour
qui
la
banane ?
C’est
pour
la
guenon ». C’est par ces mots qu’une fillette de
12 ans a brandi il y a quelques jours à Angers une
peau
de
banane
à
l’endroit
de
Christiane
TAUBIRA. Après la comparaison simiesque dont
notre Ministre de la Justice fut la cible quelques
jours
plus
tôt
par
une
candidate
du
Front
national, ce sont des mots qui ne peuvent être
tenus pour des « dérapages » comme la presse
les qualifie avec une pudeur de violette. Ils sont
tout
au
contraire
le
signe
qu’une
gangrène
purulente est en train, sous nos yeux, d’infecter le
pacte républicain.
Le mal semble tellement avancé que ce sont donc
des parents qui, le temps d’une manifestation,
montrent avec fierté à quel point leur fille a été
élevée dans la haine.
Le mal semble tellement avancé que c’est avec
stupéfaction
que
nous
constatons
la
quasi
absence de réactions face à des propos aussi
violents qu’intolérables.
6 Le mal semble tellement avancé que toutes les
excuses
sont
trouvées
aux
expressions
de
racisme tandis que la lutte contre ce fléau est
disséquée, vilipendée, critiquée, moquée.
En dépit –ou en raison- de ce contexte, nous
devons
réaffirmer
les
valeurs
de
notre
République, les valeurs de liberté, d’égalité et de
fraternité.
Nous
devons
également
réaffirmer
notre attachement à ce que notre pays, ses
habitants et son histoire ne soient pas insultés
ainsi quotidiennement par des dealers de haine.
Car ces propos sont autant d’insultes aux anciens
combattants de toutes origines qui se sont battus
pour que nous puissions vivre ensemble face
à l’obscurantisme. Autant d’insultes aux grands
Hommes
au
qui
ont
rayonnement
penser,
pour
contribué
de
n’en
la
à
France.
citer
que
la
Il
richesse
n’est
et
qu’à
quelques-uns,
à Alexandre Dumas, Raymond Kopa, Marie Curie,
Yves Montant, Aimé Césaire, Samuel Beckett,
Joséphine
Gaston
Beker,
Léon
Monnerville
et
Blum,
plus
Félix
Eboué,
récemment
à
7 Georges Charpak, Haroun Tazieff, Yannick Noah,
Charles Aznavour, Omar Sy, Jacques Martial ou
Zinedine Zidane. Noirs, Arabes, Juifs, étrangers
ou fils d’immigrés : ils sont tous une partie
constituante de la Nation.
C’est le devoir de chaque citoyen de participer à
un sursaut afin d’arrêter de trouver chez l’autre la
justification de nos fantasmes mauvais et de nos
maux du moment.
Nous
refusons
cette
société
qui
se
replie
sur
elle-même. Nous refusons la normalisation
de
la
parole
raciste.
Nous
refusons
l’instrumentalisation de nos valeurs à des fins
politiques.
Nous demandons que toutes formes de racisme
soient fortement condamnées.
Nous demandons que la haine ne mutile plus le
corps de la liberté, l’âme de l’égalité et le cœur de
la fraternité.
8 Nous savons que le "devoir de mémoire" qui nous
incombe est loin d'empêcher à lui tout seul la
reproduction des déchirures de l'histoire, les
massacres,
les
viols,
les
meurtres
et
les
déportations de population.
Mais ce devoir de mémoire est un des socles
nécessaires
à
la
conscience
citoyenne
et
républicaine qui permettra de ne pas tomber dans
le piège des propos démagogiques ou racistes.
La connaissance du passé, la reconnaissance due
à ceux qui ont combattu pour notre Pays est plus
qu’un
devoir,
morale,
une
c’est
une
valeur
valeur :
éthique,
une
une
valeur
valeur
républicaine.
Fort de cette conscience, nous nous tournons
aujourd’hui vers tous ceux qui, au cœur de
l’Histoire,
ont pris des risques pour la France :
nous rendons hommage à tous les soldats qui ont
donné leur vie, pour la France.
9 Ils sont des millions, morts au combat : toute la
jeunesse de France et d’Europe, sans oublier tous
ceux qui ont rejoint la cause, durant la première
ou la seconde guerre mondiale, les combattants
d'Afrique du nord, d'Afrique noire, d'Indochine,
d'Océanie ou d'Asie, qui ont payé de leur vie pour
défendre la liberté et l’égalité.
Ils sont encore des milliers, aujourd’hui un peu
partout dans le monde, à combattre les régimes
totalitaires qui asservissent les peuples.
Pour honorer la mémoire et le sacrifice de ces
braves,
nous
devons,
nous
aussi,
être
responsables. Ainsi que le disait le philosophe
Gilles
Deleuze
responsables
des
« Nous
victimes
ne
sommes
mais
devant
pas
les
victimes ».
Regretter que ces horreurs ait eu lieu est bien la
moindre des choses, mais notre devoir est moins
de regretter que d’agir en conséquence.
10 Les forces démagogiques qui ont attisé la haine
au 20ème siècle et qui menacent encore notre
société,
ont toujours pour objectif de défaire
les liens de solidarité et de fraternité qui nous
unissent. La peur de l’autre est leur fonds de
commerce. On veut nous faire croire que nous
sommes seuls, seuls avec nos espérances, nos
valeurs, nos désirs de partage. Prenons soin de
bien regarder autour de nous : nous ne sommes
pas seuls.
A Lognes, nous avons toujours construit l’avenir
sur ces liens fondamentaux, nous avons toujours
mis en œuvre la solidarité et la fraternité car il n’y
a pas d’autres moyens de vivre ensemble.
La force de nos convictions humanistes ne doit
pas faiblir, elle doit chaque jour être éprouvée,
ressentie, réalisée, pour nous préserver de la
division, du nationalisme, pour nous prémunir des
promesses
flatteuses
de
l’individualisme
exacerbé.
11 Certains voudraient nous faire croire que cela est
vain, qu’en ces temps difficile où les emplois sont
mis à mal par une crise économique difficilement
contrôlable, le protectionnisme et le repli sur soi
sont les seules réponses. C’est faux.
Ce que nous voulons, c’est une communauté
fraternelle,
riche
de
sa
diversité.
Face
aux
difficultés économiques, sociales, l’histoire nous a
enseigné que la seule vraie réponse, c’est la
solidarité.
Pour cela, les belles paroles ne suffiront pas.
C'est à même le réel que se manifeste la nécessité
de
prendre
part
à
ce
combat
quotidien,
et
ordinaire. Ceux pour qui nous devons nous battre
sont celles et ceux dont notre société ne tient pas
assez compte,
celles et ceux qui sont les plus
faibles.
« Il faut que chacun mette ses talents, ses
compétences au service de tous dans un esprit
fraternel », comme le disait l’abbé Pierre.
12 En août 1876, à l’Assemblée nationale, Victor
Hugo
prenait
intervention
la
afin
parole
de
pour
mettre
réclamer
un
terme
une
aux
massacres de guerre qui avaient lieu en Serbie.
Aux représentants du peuple réunis, il dit ceci :
« Muselons les fanatismes et les despotismes.
Brisons les glaives, valets des superstitions, et les
dogmes qui ont le sabre au poing. Plus de
guerres, plus de massacres, plus de carnages ;
libre pensée, libre échange ; fraternité.
Est-ce donc si difficile, la paix ? »
137 ans plus tard, force est de constater : oui, la
paix reste difficile, elle a eu besoin de tous ceux à
qui nous
rendons
hommage
aujourd’hui,
elle
aura, aujourd’hui et plus encore demain, besoin
de nous tous.
Vive Lognes
Vive la République
Vive la France !
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