Contribution de la BEI au développement régional
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Contribution de la BEI au développement régional
Evaluation Contribution de la BEI au développement régional Rapport de synthèse : Impact sur le développement régional des financements accordés par la BEI à 17 projets au Portugal et en Italie _____________________________________________ Établi par PA Consulting Group D.Stupples N.Haque N.Beare V.Johnson G.del Rey M. Marshall Département « Évaluation » de la BEI (EV) B. Rossert J. Goodwin Evaluation Table des matières Résumé 1 1. Introduction 3 2. Analyse des projets individuels 6 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs 10 3.1. Conformité des projets avec le cadre de l’Union européenne 10 3.2. Problèmes de mesure du développement régional 11 3.3. Création d’emplois 11 3.4. Liste de contrôle des mécanismes de développement régional 12 3.5. Résumé des effets des projets étudiés sur le développement régional 13 3.6. Typologie des projets 16 3.7. Indicateurs du développement régional 18 4. 5. Valeur ajoutée par la BEI 21 4.1. Compétitivité de la BEI 21 4.2. Autres avantages attribuables à la BEI 21 4.3. Améliorations possibles 22 Conclusions et recommandations 24 5.1. Performance dans les principaux domaines de compétences de la Banque 24 5.2. Recommandations 26 5.3. Réactions des directions de la BEI 27 *** AVERTISSEMENT La BEI a l'obligation de confidentialité envers les propriétaires, promoteurs et opérateurs des projets mentionnées dans le présent rapport. Ni la BEI ni le consultant qui a étudié ces projets ne communiqueront à un tiers des informations couvertes par cette obligation et ils refuseront toute obligation de divulguer d'autres informations ou d'amener les sources qui les détiennent à le faire. *** Résumé Résumé Ce rapport résume les principales conclusions qui se dégagent d’une évaluation rétrospective de 17 projets financés par la BEI dans les Abruzzes et les Pouilles en Italie et dans le Centre et le Nord du Portugal. Pour réaliser cette étude, l’équipe d’évaluation a examiné des dossiers de projets de la BEI, mené des entrevues et appliqué à chaque projet une liste de critères de développement régional. Le rapport a été rédigé conjointement par le PA Consulting Group et le Département « Évaluation » de la BEI (EV). Le Consultant est seul responsable de l’observation des faits et de l’analyse des projets individuels, le rôle d’EV s’étant borné à lui fournir des documents internes. L’analyse d’ensemble, les conclusions et les recommandations ont été élaborées en commun. Conclusions principales : 1. La BEI peut contribuer au développement régional et le fait dans la majorité des projets qu’elle finance : Parmi les projets étudiés, certains ont eu un effet appréciable sur le développement régional et ils n’auraient pas pu être réalisés comme ils l’ont été sans le concours financier de la BEI. Sur les 17 projets examinés, neuf ont eu un effet clairement positif sur le développement régional et cinq ont eu un faible effet positif. Seuls trois des projets ont eu un impact négatif. La moitié des projets a permis de maintenir une activité économique, c’est-à-dire qu’en leur absence, une entreprise aurait fermé, entraînant une perte d’emplois. La compétitivité du promoteur s’est améliorée dans plus de la moitié des cas. 2. Plus des deux tiers des prêts que la BEI accorde dans les pays membres de l’UE (71 % des prêts individuels en 1999) sont destinés aux zones assistées (dont 48 % aux régions relevant de l’Objectif 1, en 1999). Ces données sont cohérentes avec la mission première de la BEI qui consiste à contribuer au développement équilibré et sans heurt de l’Union ainsi qu’avec la priorité que l’UE attribue à la réalisation d’investissements dans des régions moins avancées. Étant donné que la BEI fournit des prêts et non des subventions, ses activités représentent l’approche « axée sur le marché » de la politique régionale. Il serait utile, dans la mesure du possible, d’intégrer, dans l’exercice de planification des activités de la Banque, une analyse plus systématique de ses objectifs de développement régional, par secteur ou par pays, y compris une amélioration des moyens de mesurer les réalisations. Cette action devra toutefois faire l’objet d’un débat au sein de la Banque, compte tenu des difficultés pratiques et conceptuelles qu’elle comporte. 3. De l’avis des promoteurs, leur organisation a bénéficié de la procédure sérieuse d’instruction des projets que suit la BEI, et qui confère un sceau d’approbation aux projets vis-à-vis de l’extérieur. Certains promoteurs souhaiteraient une approche plus adaptée aux besoins des clients (plus souple et moins longue) lors de l’instruction des projets et de l’approbation des prêts. 4. En Italie comme au Portugal, la BEI a pu offrir des conditions de financement (notamment des taux d’intérêt favorables pour des prêts à long terme) qui, à l’époque, n’étaient pas disponibles auprès d’une autre source. L’activité de prêt de la BEI semble avoir complété celle des banques italiennes et portugaises sans leur faire concurrence. 1 Résumé Grandes recommandations 1. Du fait que les prêts qu’elle accorde vont prioritairement aux régions relevant de l’Objectif 1, la BEI contribue au développement régional mais elle pourrait mieux exploiter son potentiel si elle définissait plus précisément ses objectifs en matière de développement régional lors de la sélection des projets à financer. La BEI pourrait améliorer ses méthodes de sélection des projets en évaluant chacun d’entre eux en fonction d’une série d’indicateurs de développement et en s’assurant que cette sélection répond à des objectifs de développement plus généraux de l’Union européenne qui s’inscrivent, autant que possible, dans la perspective d’une politique régionale axée sur le marché. La plupart des dossiers de financement de la BEI semblent poser comme postulat qu’il suffit qu’un projet soit situé dans une zone définie comme économiquement sous-développée pour qu’il améliore le développement de la région ; il s’agit certes d’une première voie d’approche pertinente mais il conviendra de l’étudier plus avant. Il faudrait définir plus en détail le rôle que joue la BEI dans le développement régional (notamment la manière dont elle s’inscrit dans le cadre de la politique régionale de l’UE et des instruments de subvention de la Commission) et établir un consensus interne autour de cette notion. 2. La BEI devrait jouer un rôle plus actif dans les projets, en reconnaissant explicitement son devoir d’encourager l’innovation et en intégrant l’information et le savoir dans ses méthodes de sélection, d’instruction et de financement de projets. On peut soutenir que la croissance axée sur l’innovation est la plus efficace et la plus conforme à l’évolution actuelle de l’économie mondiale. La BEI devrait participer à cette évolution. Pour permettre de mieux comprendre l’impact qu’a un projet de la BEI sur le développement régional, les auteurs de la présente étude proposent un nouvel outil stratégique (la matrice), un outil d’évaluation (liste de mécanismes de développement régional) et des indicateurs susceptibles d’être utilisés au stade de l’instruction. Pour ce qui est de la méthodologie d’évaluation, il reste des progrès à faire pour évaluer l’impact du prêt de la BEI sur le projet. 2 1. Introduction… Contribution de la BEI au développement régional Évaluation de l’impact des financements de la BEI sur 17 projets au Portugal et en Italie 1. Introduction La mission essentielle de la BEI est de contribuer par ses prêts à améliorer la productivité des facteurs dans les régions les moins avancées et ainsi à favoriser le développement économique et social de ces régions. C’est pourquoi le Département « Évaluation » de la BEI (EV) a traité en priorité dans ses évaluations de l’impact de la Banque sur le développement régional. EV a réalisé une série d’études sectorielles (route et rail, industrie, télécommunications) qui illustrent les difficultés méthodologiques auxquelles on se heurte lorsqu’on cherche à mesurer l’impact d’un projet sur le développement régional aussi bien au stade de l’instruction que rétrospectivement après l’achèvement du projet. Parallèlement à ces études sectorielles, EV réalise maintenant une série d’évaluations sur une base géographique. Pour la première de ces études, quatre régions ont été retenues : Abruzzes et Pouilles dans le Mezzogiorno en Italie et Centre et Nord au Portugal. Une étude sur documents des 68 projets financés par la Banque dans ces quatre régions entre 1988 et 1998 a débouché sur les conclusions suivantes : • La contribution financière de la BEI aux projets a été substantielle, la Banque étant l’un des principaux bailleurs de fonds pour ces projets. • La Banque s’efforce de satisfaire toutes les demandes raisonnables de fonds en fonction du marché dans les régions concernées, ce qui signifie qu’elle sélectionne les projets selon les critères généraux applicables en matière de politique régionale et non dans le contexte d’une politique de développement particulière. • De nombreux projets ont subi des retards d’exécution bien que, dans la plupart des cas, les travaux aient été bien avancés lorsque le prêt de la Banque a été approuvé. • Les analyses de la demande et de la rentabilité menées au stade de l’instruction ont été trop optimistes dans certains cas.1 1 Cet optimisme est évident dans neuf cas sur le total de 68, mais l’équipe d’évaluation n’a disposé de données sur la rentabilité que pour 18 projets. Avec le recul du temps, on peut dire que l’analyse aurait dû conduire la Banque à rejeter au moins trois des projets en question. 3 1. Introduction… Une étude complémentaire a été menée sur le terrain en septembre et octobre 1999 dans les quatre régions. Vingt projets ont été retenus pour l’évaluation2 sur le terrain. L’échantillon a été déterminé sur la base de trois critères, qui ont pratiquement épuisé toutes les possibilités de choix 3 . On souhaitait : • avoir cinq projets dans chaque région ; • avoir dans la mesure du possible, pour chaque région, des projets concernant l’industrie, l’infrastructure, les services et l’énergie ; • avoir des projets de grande taille et de plus petite dimension. Il n’a été possible de mener des entrevues et des visites détaillées que sur 17 de ces 20 projets4 . L’impact de ces projets sur l’économie locale a été déterminé au moyen d’une étude détaillée sur documents, suivie d’entretiens avec les promoteurs 5 et avec des associations industrielles et des bénéficiaires des projets. L’équipe d’évaluation a peaufiné en cours de travail sa méthode d’analyse de l’impact d’un projet sur le développement régional. Elle a élaboré une typologie des projets viables et établi une série d’indicateurs plus précis relatifs au développement régional qui lui ont servi, en conjonction avec les résultats des travaux sur le terrain, à tirer des conclusions précises sur l’impact de la BEI sur le développement régional. Elle s’est également efforcée de définir l’influence de la Banque sur un projet (l’impact de la Banque sur le développement régional par le biais du prêt et du projet). En conclusion, elle présente des recommandations sur les améliorations à apporter à la méthodologie et sur la manière dont la Banque pourrait renforcer son impact. Comme le montre l’étude de cas présentée dans l’encadré ci-dessous, l’intervention de la Banque, conjuguée à la réalisation de projets bien conçus et efficacement gérés, peut être très réussie. Il faut toutefois que deux conditions soient réunies, à savoir : • que le projet ait un effet positif sur le développement régional • que l’intervention de la Banque ait un effet positif sur le projet. Le présent rapport traite essentiellement de ces deux questions. Après avoir résumé les principales caractéristiques d’exécution des projets, le rapport décrit la méthodologie ayant servi à évaluer l’impact des projets sur le développement régional et présente des conclusions avant de suggérer des améliorations à apporter aux méthodes d’instruction et d’évaluation. Il traite ensuite de la seconde question et examine la manière dont la Banque pourrait ajouter de la valeur aux projets ; cette section est plus courte, en partie faute de données et en partie parce que la méthode d’analyse n’est pas parfaitement au point. 2 L’analyse de chaque projet a été présentée à la BEI sous forme de rapports individuels qui ne sont pas publiés, de manière à ne pas divulguer d’information confidentielle sur le promoteur et le projet. 3 Lorsqu’il restait un choix, il a été fait au hasard. 4 L’un des trois autres projets, situé en Italie, avait subi plusieurs années de retard et avait à peine commencé. D’après les renseignements dont la Banque dispose sur les deux projets portugais, leur réalisation et leur exploitation paraissent satisfaisantes. 5 Un questionnaire normalisé a été élaboré et utilisé pour ces entretiens, voir Appendice A. 4 1. Introduction… Qu’entend-on par réussite dans le domaine du développement régional ? Un exemple Transformation d’une usine totalement inefficace en numéro un de la production de pneus Une fabrique de pneumatiques située dans le Nord du Portugal avait du mal à suivre l’évolution technologique de l’industrie du pneu. L’entreprise avait acquis une réputation de mauvaise qualité ; elle ne comptait parmi ses clients aucun fabricant de matériel d’origine, appliquait des normes environnementales faibles, avait un rendement médiocre, un personnel peu motivé et absentéiste et elle était généralement considérée comme une entreprise de second ordre. Un fabricant de pneus d’Europe du Nord, qui souhaitait s’introduire sur le marché ibérique en acquérant un site de production local, a acheté des actions de l’entreprise portugaise pour créer une co-entreprise. La coquille de l’ancienne entreprise est restée mais une technologie nouvelle et des machines ultra-modernes ont été importées et de vastes programmes de formation du personnel mis en place. Pendant toute la durée du programme de rénovation et de modernisation, la production de l’usine a été maintenue. Cette méthode par étapes a été difficile à contrôler et a nécessité une planification et une exécution soigneuses, mais le projet a été réalisé dans les délais prévus et sans dépassement de budget et toutes les rentrées de fonds prévues se sont concrétisées du fait que la production et la vente de pneus se sont poursuivies. La nouvelle société a transformé l’usine et son personnel. Un an après la fin du projet, cette fabrique portugaise était devenue l’usine de production la plus efficace de la société-mère au plan international ; l’absentéisme était tombé de 10 % à 4 %. L’entreprise fournit maintenant des pneus à neuf constructeurs automobiles. Elle a reçu plus de dix récompenses pour la qualité de ses produits et ses normes environnementales, y compris ISO 9002, ISO 14001, Fords Q101 et Q1. Les effectifs totaux du groupe sont montés de 900 salariés à 1450 et pourraient encore augmenter. Par des contrats d’achat à long terme et de soutien technique, la société a encouragé la modernisation des techniques employées par ses sous-traitants (fabricants de tissus par exemple), ce qui a eu des retombées bénéfiques sur toute l’industrie du pneu portugaise. Rares étaient les banques portugaises qui croyaient à la réussite financière de cette entreprise peu performante dont la réputation était mauvaise. Grâce aux connaissances et aux compétences de la BEI en matière d’instruction de projets, le projet a pu être évalué plus en détail, classé comme financièrement viable et reconnu comme tel par les banques locales. La principale difficulté financière à laquelle se heurtait la société était d’obtenir des prêts à long terme pour financer le projet. Si la BEI n’avait pas été apte et disposée à lui accorder un prêt sur 15 ans, le projet n’aurait probablement pas été réalisé. 5 2. Analyse des projets individuels… 2. Analyse des projets individuels Cinq des neuf projets italiens étaient situés dans les Abruzzes et les autres dans les Pouilles. Sur les huit projets portugais, quatre se trouvaient dans la région du Centre et quatre dans le Nord. Centre et Nord Abruzzes Pouilles Au Portugal, trois des projets concernaient les infrastructures de transports, deux l’alimentation en énergie et trois projets portaient sur des entreprises industrielles privées, dont deux dans le secteur automobile. En Italie, deux des projets étaient sous le contrôle de l’État et le promoteur d’un troisième projet était une entreprise publique de services. Le reste recouvrait une large gamme de projets industriels privés dans les secteurs de l’agro-alimentaire, des matériaux de construction, de la production de biens de consommation et de la vente au détail. Fournissant entre 16 et 50 % du financement nécessaire, la BEI était le principal bailleur de fonds dans la plupart des projets. L’analyse des projets individuels peut se résumer ainsi : 1. Admissibilité. Tous les projets étaient situés dans des régions relevant de l’Objectif 1, et étaient donc conformes à l’article 267, point a) du Traité d’Amsterdam (développement régional) 6 . Les projets d’infrastructure dans les secteurs des transports et de l’énergie répondaient aussi au point c) du même article (soutien aux politiques de l’UE). 2. Conformité. Trois projets portugais et quatre projets italiens ont exigé des modifications des prescriptions techniques initiales. Six des projets portugais ont dépassé leur budget contre un seul en Italie. Neuf projets (quatre au Portugal et cinq en Italie) ont subi des retards, attribuables pour la plupart à des difficultés causées par l’administration locale, dont les faiblesses ont été observées dans quatre projets italiens et un projet portugais. Un projet italien et trois projets portugais étaient mal conçus. Tous les projets ont respecté les lois sur la passation des marchés dans la mesure où elles leur étaient applicables. 6 L’Article 267 du Traité d’Amsterdam correspond à l’Article 198 du Traité de Maastricht et à l’Article 130 du Traité de Rome. 6 2. Analyse des projets individuels… 3. Exactitude des prévisions. Les prévisions de la demande finale se sont révélées exactes pour deux projets portugais et six projets italiens ; elles étaient trop optimistes dans deux cas et inférieures à la réalité dans quatre cas. Dans trois projets, la demande future n’a pas été chiffrée. Le taux interne de rentabilité financière (TIRF) n’a été supérieur aux prévisions que dans un seul cas. Dans trois projets italiens, il n’a pas atteint le niveau prévu. Pour la plupart des autres projets, il a été impossible de calculer le TIRF avant ou après la réalisation du projet. Le taux de rentabilité économique (TRE) a été calculé à l’instruction pour un projet portugais et un projet italien, mais faute de données, il n’a pas été possible de vérifier ce taux rétrospectivement. Tous les projets se sont avérés financièrement viables, à l’exception d’un projet portugais 7 . 4. Premier prêt ou prêts successifs. C’était la première fois que trois des promoteurs portugais et deux des promoteurs italiens empruntaient à la Banque. Cinq entreprises portugaises ont contracté ou prévoient de contracter un autre emprunt auprès de la BEI. Trois des entreprises italiennes, dont deux n’avaient jamais emprunté à la BEI auparavant, ont déclaré qu’elles envisageraient de s’adresser de nouveau à elle. A la question portant sur leurs intentions futures, une entreprise a répondu qu’elle n’était pas sûre de redemander un prêt à la BEI, une deuxième qu’elle s’adresserait certainement de nouveau à la BEI dans les conditions en vigueur actuellement et les autres n’ont pas répondu. 5. Caractéristiques des prêts. Les prêts au Portugal étaient en général de plus longue durée et libellés dans un plus grand nombre de monnaies (nombre qui est toutefois resté limité), les différences étant particulièrement marquées dans le cas des projets d’énergie et d’infrastructure. Les entreprises portugaises ont traité directement avec la Banque, en offrant des garanties de banques locales alors que les entreprises italiennes se sont pour la plupart adressées à la BEI par des intermédiaires bancaires. 6. Financement des dépenses d’équipement. Dans tous les projets, un décaissement au moins a eu lieu avant le démarrage de l’opération. Dans la plupart des cas, le dernier décaissement a eu lieu pendant les travaux. La BEI a établi un système de notation à quatre points pour classer ses opérations en fonction de leur qualité et de leur conformité avec ses objectifs. La note maximale est 4 (bien) et la note minimale 1 (mauvais). Sur la base de l’échantillon réduit de 17 projets, on peut tirer les conclusions suivantes des résultats globaux de cette notation : Comparaison générale Conformité avec les objectifs de la BEI 4 3 Impact du projet 2 Complémentarité du financement de la BEI 1 0 Valeur ajoutée par la BEI Qualité de l’opération Qualité de l’exécution Portugal 7 Italie Ce projet a ultérieurement été repris par un concurrent qui l’a rendu rentable ; le service du prêt a donc été assuré normalement. 7 2. Analyse des projets individuels… Comparaison par région Conformité avec les objectifs de la BEI 4 3 Complémentarité du financement de la BEI 2 Impact du projet 1 0 Qualité de l’opération Valeur ajoutée par la BEI Qualité de l’exécution Abruzzes Pouilles Centre Nord Portugal : projets du secteur privé et du secteur public Conformité avec les objectifs de la BEI 4 3 Impact du projet 2 Complémentarité du financement de la BEI 1 0 Qualité de l’opération Valeur ajoutée par la BEI Qualité de l’exécution Secteur public portugais Secteur privé portugais 8 2. Analyse des projets individuels… Italie : projets du secteur privé et du secteur public Conformité avec les objectifs de la BEI 4 3 Impact du projet Complémentarité du financement de la BEI 2 1 0 Qualité de l’opération Valeur ajoutée par la BEI Qualité de l’exécution Secteur privé italien Secteur public italien 9 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs 3.1. Conformité des projets avec le cadre de l’Union européenne L’évaluation a porté sur de nombreux projets différents, dont certains avaient aussi bénéficié de subventions de l’Union européenne. Or, avant de financer ces projets, la BEI n’a pas examiné s’ils étaient conformes au cadre régional approprié. Elle a dans tous les cas respecté son obligation statutaire d’obtenir l’avis de la Commission sur toute nouvelle proposition de prêt mais en dehors de cela, il n’y a pratiquement pas eu de coopération entre les deux institutions. En particulier, au cours du processus d’octroi de subventions, la Commission n’a jamais encouragé les promoteurs à demander également un prêt à la BEI alors qu’un projet méritant une subvention serait susceptible de bénéficier aussi d’un prêt de la Banque à des conditions favorables. Les documents de la BEI indiquent peu de raisons pour lesquelles un projet a été choisi si ce n’est qu’il se trouve dans une zone relevant de l’Objectif 1, auquel cas il est conforme aux dispositions de l’Article 267 du traité d’Amsterdam, point a) Développement régional. Dans le cas des projets de transport et d’énergie, le soutien à la politique de l’UE, à savoir l’Article 267, point c) est également invoqué. Aucun autre critère ou directive d’ordre général n’est mentionné. Les documents d’instruction des projets sont présentés selon un plan bien établi mais parfois restrictif et la question de l’impact du projet sur le développement régional, au sens plus large, n’est presque jamais abordée. Dans le cadre de l’évaluation ex-post, les projets de cet échantillon ont été évalués au regard des Cadres communautaires d’appui de l’UE pour l’Italie et le Portugal qui spécifient des objectifs généraux de développement. Les résultats sont récapitulés dans le Tableau 1 (la mention 8/9 signifie que huit projets sur neuf contribuent à la réalisation de l’objectif mentionné dans le cadre) : Tableau 1 : Conformité avec le cadre communautaire Objectifs de développement définis dans le Cadre pour l’Italie Nbre de projets qui répondent à ces objectifs Amélioration des communications 0 Développement de l’industrie 8/9 Objectifs de développement définis dans le Cadre pour le Portugal Nbre de projets qui répondent à ces objectifs Développement des ressources humaines 3/8 Amélioration de la compétitivité économique 4/8 Développement du tourisme 1/9 Amélioration de la qualité de la vie 1/8 Développement de l’agriculture 0 Renforcement de l’assise économique 0 Soutien à l’infrastructure 0 Développement des ressources humaines 0 TOTAL 9/9 TOTAL 8/8 10 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… L’étude montre que tous les projets de l’étude sur le terrain auraient été conformes au Cadre communautaire et acceptés. On peut en conclure qu’une coopération officielle entre la BEI et la CE n’est pas nécessaire tant que les critères de sélection des projets sont larges. Toutefois, cela revient à choisir les projets par défaut, uniquement sur la base de leur localisation. La procédure ne permet donc pas de faire une distinction entre les projets et de classer les besoins de la région selo n un ordre de priorité et surtout, elle n’identifie pas suffisamment en détail les effets économiques précis du projet ni les moyens de les obtenir. Il n’est pas étonnant que les responsables du choix des projets ne soient pas en mesure d’examiner chaque projet en fonction de critères de développement économique. Il y a lieu d’utiliser le Cadre communautaire comme contrôle de cohérence au premier stade de sélection mais il faudrait utiliser un cadre supplémentaire permettant d’évaluer les projets en fonction de leur impact précis sur le développement régional, accompagné d’indicateurs permettant de mesurer cet objectif. 3.2. Problèmes de mesure du développement régional Les problèmes de mesure de l’impact économique de projets de développement régional sont bien connus : • Décomposition des données : les entreprises, les associations industrielles et les bureaux nationaux de statistique ne collectent pas de données au dessous du niveau 2 de la NUTS8 . • Données associées à une époque : les données sont collectées à intervalles irréguliers et ne peuvent donc être analysées sur une base annuelle. • Manque de données de référence : il n’existe que peu de données comparatives, voire aucune, permettant de vérifier l’efficacité des changements régionaux. • Certains effets économiques sont difficiles à chiffrer : il n’y a pas toujours de chiffres fiables associés à des effets régionaux importants. Les promoteurs ne sont pas encouragés à collecter des données économiques et ils ne définissent donc pas d’indicateurs précis de performance applicables aux entreprises qui bénéficient de la participation de la BEI. En outre, les entreprises ne voient pas toujours la nécessité de rassembler le type de données nécessaires pour évaluer leur impact sur le développement régional. Enfin, les promoteurs s’intéressent davantage aux résultats par emplacement qu’aux résultats par projet. Si plusieurs projets ont été réalisés au même endroit, les promoteurs auront généralement agrégé les données. 3.3. Création d’emplois C’est par la création d’emplois que les projets de développement régional ont un de leurs principaux effets économiques. PA Consulting Group a mis au point et utilisé un modèle des effets de la création d’emplois, qui sert souvent aux projets de rénovation urbaine au Royaume-Uni9 . Faute de données économiques, il n’a pas été possible d’utiliser ce modèle au Portugal et en Italie sauf sous sa forme la plus simple, pour un projet industriel. Dans le cas analysé, la hausse des salaires payés par l’entreprise et les retombées de ces emplois étaient en gros égales à la subvention publique accordée à ce projet. Dans cet exemple précis, l’effet multiplicateur des emplois n’a donc pas contribué au 8 9 Nomenclature des unités territoriales statistiques Ce modèle applique un multiplicateur au nombre d’emplois créés chaque année par un projet donné, pour calculer l’impact total (nombre d’emplois) sur la région. Lorsqu’on dispose de données économiques détaillées sur la région, on peut aussi tenir compte des déplacements de population et calculer l’impact net du projet. Si l’on dispose de données sur le type d’emplois créés (plein temps, temps partiel, etc.), on peut, en appliquant des chiffres de salaires, convertir l’impact en une mesure directe de PIB. 11 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… développement régional au delà de l’effet attribuable au paiement de la subvention/du transfert. Ce cas n’est toutefois pas forcément représentatif. 3.4. Liste de contrôle des mécanismes de développement régional Comme on ne dispose pas toujours de données économiques chiffrées et qu’on peut se faire une idée utile de ce qui s’est passé à partir d’indices économiques moins concrets, une liste de « mécanismes de développement régional » a été élaborée afin d’explorer toutes les possibilités. Elle permet de rassembler des chiffres lorsque cela est possible et des opinions lorsqu’il n’y a rien d’autre. Les données et les faits nous permettent de tirer des conclusions, les opinions d’émettre des hypothèses. La liste repose sur l’analyse de l’impact d’un projet sur toutes les parties prenantes possibles, c’est-à-dire sur les personnes qui sont directement touchées par le projet ou susceptibles de l’être (consommateurs, concurrents, salariés, autorités locales, etc.). Cette méthode est compatible à la fois avec la méthode de la théorie du jeu et avec celle du cadre logique. L’approche adoptée est résumée dans le diagramme suivant : Parties prenantes • Chiffrés • Promoteur • Reposant sur des faits • Pouvoirs publics Projet • Salariés • Fournisseurs Liste des intérêts • Identifiés par un tiers • Identifiés par l’équipe • Concurrents • Consommateurs finals Impact sur le développement régional • Autres entreprises • Grand public 12 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… 3.5. Résumé des effets des projets étudiés sur le développement régional 10 La liste de contrôle récapitulait les effets exercés sur le développement régional par les projets que la BEI a financés en Italie et au Portugal. Le tableau ci-dessous présente le nombre de projets (5/8 signifie cinq projets sur huit) concernés par un mécanisme figurant sur la liste. La liste est divisée en effets négatifs et effets positifs et classée par thème (par exemple, Aide publique, Fournisseurs). Chiffres11 Liste des mécanismes d’évaluation Concurrence Aides publiques Effets négatifs de mécanismes de développement Subventions reçues Italie Faits Portugal Italie 5/8 6/8 Autres aides publiques reçues 1/8 1/8 Ratio subvention/bénéfice Poids mort des subventions ou autres financements préférentiels - Avis d’un tiers12 Opinion de l’équipe Portugal Italie Portugal Italie Déplacement 0/8 1/8 Réduction de la production des concurrents 1/8 1/8 Réduction de l’accès des concurrents à des facteurs de production 0/8 1/8 Portugal 1/8 Promoteur/Production Investissement Effets positifs de mécanismes de développement 10 11 12 Effet multiplic. des invest. investissement Transfert de ressources (du pays à la région) Contribution directe à la croissance du PIB Économies d’échelle ou de gamme dues au projet Autres réductions de coûts (nouvelle technologie, meilleure gestion) Amélioration de la rentabilité du promoteur Amélioration de la compétitivité du promoteur Emploi d’une technologie nouvelle Amélioration de la qualité du produit 1/8 6/8 1/8 8/8 4/8 4/8 1/8 5/8 7/8 5/8 4/8 2/8 1/8 4/8 2/8 3/8 4/8 1/8 1/8 5/8 6/8 5/8 6/8 La liste ne concerne que 16 projets opérationnels sur les 17 que comporte l’échantillon. En effet l’un des projets, qui a pris dix ans de retard, n’était opérationnel que depuis quelques mois en 1999. La rubrique « chiffres » indique que des données mesurables ont été rassemblées ; l’intitulé « faits » signifie que l’impact peut être observé ; « l’avis d’un tiers » représente l’opinion exprimée par une association industrielle ou un organisme officiel et « l’opinion de l’équipe » désigne l’opinion de PA Consulting Group et de la BEI qui ont extrapolé des informations pour arriver à une conclusion logique. Seuls huit projets dans chaque pays ont être soumis à cette analyse. Les tiers consultés comprenaient des membres d’administrations locales, de fédérations patronales et de centres universitaires. 13 Main-d'œuvre 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… Création directe ou indirecte d’emplois Sauvegarde directe ou indirecte d’emplois Suppression directe ou indirecte d’emplois Formation de la main-d'œuvre Liste des critères d’évaluation (Effets positifs) Fournisseurs Effets positifs de mécanismes de développement (suite) Emploi d’une technologie nouvelle Amélioration de la qualité du produit Amélioration des conditions de livraison Baisse des prix Contrats à long terme menant à des investissements Formation 5/8 3/8 2/8 2/8 1/8 1/8 1/8 4/8 5/8 Chiffres13 Italie Faits Portugal Italie Avis d’un tiers Portugal Italie Avis de l’équipe d’évaluation Portugal Italie Portugal 1/8 1/8 2/8 1/8 2/8 1/8 1/8 5/8 0/8 Concurrents Emploi d’une technologie nouvelle Amélioration de la qualité du produit Amélioration de la logistique dans la région Baisse des prix Nouveaux investissements en retour Autres entreprises Consommateurs Utilisation du nouveau projet comme repère 13 1/8 Arrivée de nouveaux produits sur le marché local Amélioration de la qualité du produit Amélioration des conditions de livraison 3/8 2/8 1/8 6/8 2/8 5/8 3/8 6/8 2/8 2/8 - 2/8 Baisse des prix Amélioration générale de l’offre locale Nouvelle demande directement imputable au projet Nouvelle demande d’autres marchandises (effet sur les revenus grâce à la baisse de prix attribuable au projet) Nouveaux débouchés indirectement liés au projet Introduction d’une nouvelle technologie, retombées Amélioration de la qualité des services/produits 2/8 2/8 - 7/8 2/8 6/8 2/8 8/8 3/8 3/8 2/8 La rubrique « chiffres » indique que des données mesurables ont été rassemblées ; l’intitulé « faits » signifie que l’impact peut être observé ; « l’avis d’un tiers » représente l’opinion exprimée par une association industrielle ou un organisme officiel et « l’opinion de l’équipe » désigne l’opinion de PA Consulting Group et de la BEI qui ont extrapolé des informations pour arriver à une conclusion logique. Seuls huit projets dans chaque pays ont être soumis à cette analyse. 14 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… Amélioration des niveaux de vie Amélioration de la réputation Amélioration des procédures administratives Culture de l’esprit d’entreprise 1/8 2/8 Réduction de la criminalité 1/8 3/8 Hausse de l’immobilier 2/8 2/8 Amélioration de la santé et de l’éducation Améliorations de l’environnement 4/8 5/8 Les principaux points qui se dégagent de l’analyse sont les suivants : • La plupart des projets ont permis à leurs promoteurs de réaliser des économies d’échelle ; • La plupart des projets ont introduit de nouvelles technologies ; • La moitié des projets ont maintenu une activité économique ; en l’absence de projet, l’entreprise aurait fermé, avec perte d’emplois ; • Dans plus de la moitié des projets, la compétitivité du promoteur s’est améliorée ; • Selon des tiers, tous les projets portugais ont mené, directement ou indirectement, à de nouveaux investissements. De l’avis de l’équipe d’évaluation, parfois étayé par des tiers, tel était le cas de la moitié des projets italiens. Dans l’ensemble, neuf projets ont eu un effet nettement positif sur le développement régional, cinq un effet faiblement positif et trois un effet négatif. Il y a évidemment lieu d’interpréter ces résultats. Parmi les cas nettement positifs, deux projets sont des cas particuliers. L’un d’entre eux (une centrale électrique) a eu des avantages au niveau national mais très peu d’effets positifs sur ses environs immédiats. Comme le Portugal est en totalité une région relevant de l’Objectif 1, on peut néanmoins classer ce projet comme ayant un effet positif sur le développement régional. Dans le cas d’un autre projet, des hausses de coûts et des réductions de prix imprévues ont compromis la viabilité financière du projet, qui devait sécuriser une entreprise industrielle existante. Le scénario économique prévu par la Banque ne s’est donc pas réalisé pour le projet mais le promoteur a ensuite été repris par un concurrent qui a transformé le projet en une entreprise nettement bénéfique pour la région. L’effet faiblement positif de trois des projets est imputable à d’énormes retards d’exécution qui ont réduit les avantages nets de ces projets (en prolongeant les délais séparant la date de l’investissement de la date d’exploitation). Dans un autre cas, la fermeture précoce de l’usine a sensiblement réduit les avantages du projet. Dans le troisième cas, le seul effet probant a été la création nette d’une vingtaine d’emplois, alors que des postes plus qualifiés ont été pourvus hors de la région. L’analyse conclut que trois projets italiens ont eu des effets négatifs. Bien que l’un de ces projets ait créé un certain nombre d’emplois, il a, de l’avis de tiers, étouffé d’autres possibilités de création d’entreprises et d’emplois. Rien que par sa taille, il a attiré de nombreux salariés qui vont maintenant se retrouver au chômage puisque l’entreprise ferme. Un autre projet a eu des effets positifs sur l’emploi mais le montant des salaires supplémentaires dont a bénéficié la région est égal à celui des subventions. Bien qu’un calcul complet n’ait pu être mené à bien, si l’on prend en compte les autres aides publiques accordées sous forme de bonification des taux d’intérêt et de réduction des cotisations des employeurs, et si l’on suppose que ces subventions auraient de toutes façons été consacrées à des régions en développement, il est cependant clair que ce projet a détourné plus de fonds de régions en développement qu’il n’en a apporté. Le troisième projet était un projet 15 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… touristique prioritaire qui a freiné le développement du secteur pendant toute une décennie, puisque sa réalisation a pris dix ans et qu’il a finalement été réduit de moitié. 3.6. Typologie des projets Certaines similarités entre groupes de projets se dégagent de l'analyse des 17 projets évalués au Portugal et en Italie. Nous avons classé ces projets en quatre catégories Anciens secteurs, Nouveaux secteurs, Réseaux et Offshore, définies comme suit : • Secteurs traditionnels et infrastructure. Il s’agit de grands projets, concernant souvent la modernisation d’institutions publiques ou l’expansion de grands réseaux d’infrastructure, ou encore de grands projets dans des branches d’activité du secteur privé relativement stables ou n’évoluant pas rapidement. En général, le calendrier des améliorations n’est pas une priorité et l’exécution du projet prend souvent du retard. • Nouveaux secteurs. Il s’agit de grands projets concernant un secteur plus dynamique où le programme de changement doit être soigneusement géré. Ces projets portent souvent sur l’introduction d’un secteur ou d’une branche d’activité dans une région donnée. Ils ont besoin d’un soutien important et touchent souvent de larges couches de la collectivité locale. • Réseaux. Sans être de grande taille, ces projets concernent souvent des coentreprises ou la restructuration d’une entreprise existante (PME). Les coentreprises font régulièrement intervenir des partenaires étrangers qui importent de nouvelles technologies et de nouvelles compétences pour améliorer l’entreprise existante. La réussite de ces projets dépend dans une mesure cruciale des rapports avec toutes les autres parties prenantes et intéressées. • Offshore. Ce type de projet est généralement financé par une société étrangère qui cherche à lancer une nouvelle entreprise dans la région. Il s’agit généralement de projets d’assez petite taille qui comportent la création d’une nouvelle entreprise. Parfois, les bénéfices sont également transférés à l’étranger. Ces quatre types de projets peuvent être représentés sous forme de matrice (voir figure 1) en utilisant les caractéristiques principales comme coordonnées : • ordonnée : Taille du projet par rapport à la région • abscisse : Type d’entreprise selon qu’il s’agit d’une entreprise nouvelle ou d’une restructuration. On peut représenter les projets qui ont été évalués en fonction des deux critères : la taille du projet par rapport au secteur et la distinction entre les projets de restructuration d’une entreprise existante et les projets entièrement nouveaux (distinction qui peut être faite, lorsque les chiffres sont disponibles, sur la base du rapport entre l’argent frais investi et les actifs déjà en place). La matrice de la Figure 1 comprend tous les projets italiens et portugais, évalués selon leur position par rapport aux coordonnées. En outre, on a représenté la contribution qu’ils ont faite au développement régional, identifiée au moyen de la liste de contrôle. 16 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… Figure1 : Regroupement de projets sur une matrice Taille du projet Grande P Nouveau secteur P Secteur traditionnel I P* P I P I P I Petite I I P I Offshore I Réseau P I Nouvelle entreprise Impact négatif Invest. nouveau/ Actifs existants Restructuration Faible impact Impact positif La nature de la région et le degré de sophistication du secteur bancaire intérieur détermineront la destination de la plupart des prêts de la BEI. Par exemple, sur la base de notre échantillon, la majorité des prêts ont financé des projets dans les secteurs traditionnels (43 % des projets italiens et 63 % des projets portugais), ce qui s’explique par le stade de développement qu’avaient atteint les régions à l’époque (fin des années 80). À cette époque, au Portugal comme en Italie, de grandes entreprises publiques mettaient en place et/ou modernisaient des infrastructures essentielles. Comme les banques nationales avaient du mal à fournir des prêts à long terme, la demande de gros prêts de ce type n’était pas satisfaite et la BEI a comblé ce vide. Quand on applique la matrice à l’échantillon de projets, il semble aussi que les projets qui ont eu un impact direct plus faible sur le développement régional sont pour la plupart situés sur une diagonale de la matrice1 4 . Ce résultat provisoire a été confirmé, à quelques exceptions près, pour un échantillon plus important de projets déjà évalués par EV. Il pourrait avoir des implications en matière de politique car il laisse à penser qu’il pourrait suffire de quelques caractéristiques simples pour reconnaître les projets qui auront plus ou moins de chances d’avoir un effet immédiat sur le développement régional. Il semble aussi que, dans les projets les plus viables, une stratégie sérieuse a été mise au point pour gérer les relations avec les nombreuses parties prenantes et que, parallèlement à la typologie des projets proposée dans la matrice, il est possible d’établir une typologie de la manière de traiter les parties prenantes pour que l’exécution d’un projet soit réussie. 14 Le p*de la figure représente le projet qui a eu un fort impact national et un faible impact régional. Avec une définition étroite de la région, ce résultat est donc plus fort. 17 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… Le promoteur d’un gros projet peut avoir des exigences que ne peut avoir le promoteur d’un petit projet. De même, le promoteur d’un nouveau projet, qui n’a pas pris d’engagement ferme (absence de coûts irrécupérables) a beaucoup moins à perdre si le projet n’est pas réalisé. Pour les quatre types de projets, ce sont les stratégies ci- dessous qui semblent les plus efficaces et les plus susceptibles de contribuer à la viabilité d’un projet : Grande taille Secteur traditionnel et infrastructures publiques Devenir un acteur local Petite taille Nouveau secteur Offshore Réseau Ignorer la plupart des acteurs locaux Négocier avec tous les acteurs locaux Nouvelle entreprise Restructuration Se libérer de l’emprise de certains acteurs locaux Les entreprises ont intérêt à adopter une stratégie de développement régional pour se faire mieux accepter localement. Non seulement il est indis pensable de vérifier ce point pour s’assurer que les projets choisis auront un impact sur le développement régional mais c’est aussi une bonne pratique bancaire du fait que les projets qui ont adopté une stratégie appropriée ont aussi une meilleure viabilité à long terme. 3.7. Indicateurs du développement régional La matrice reste un outil de première approximation. La liste de contrôle, en revanche, est un outil à tout faire qui est particulièrement utile au stade de l’évaluation. Outre ces instruments, il faut aussi utiliser un cadre d’analyse progressive du développement régional, qui peut servir au moment de l’instruction des projets. Nous suggérons ici une approche en trois temps. 3.7.1. Viabilité à long terme Pour qu’un projet ait un impact, il faut qu’il soit durable, c’est-à-dire viable pendant toute la durée de vie prévue du projet. Ce sont principalement le TRE et le TRI qui servent à juger de cette viabilité mais d’autres indicateurs sont nécessaires. Dans la plupart des cas où cela est possible, la Banque calcule les TRE et TRI à l’instruction du projet. Ces taux sont beaucoup plus difficiles à calculer au stade de l’évaluation car peu de projets sont indépendants. La plupart sont intégrés à des programmes existants et engloberont, en totalité ou en partie, des projets ultérieurs. Les promoteurs ne tiennent pas une comptabilité par projet et on ne voit pas ce qui pourrait les pousser à le faire. Pour les projets anciens, les promoteurs sont rarement en mesure de fournir toute la série de données nécessaires et pour les projets plus récents, il n’est pas très utile de recalculer les taux de rentabilité puisque ces calculs ne reposeront pas entièrement sur des faits mais devront encore se fonder sur de nombreuses hypothèses concernant l’avenir. La différence entre le TRE et le TRI peut aussi indiquer si des subventions sont justifiées. 18 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… 3.7.2. Utilité (impact potentiel du projet) Le projet est-il susceptible d’avoir un impact sur le développement économique et institutionnel de régions en développement ; autrement dit, est-il utile au développement régional ? On peut faire une réponse qualitative en posant les questions suivantes : 1. Le projet contribue-t-il soit à l’intégration de la région au sein de l’UE soit à la croissance endogène de régions en développement 1 5 (au développement du capital humain ou à l’innovation) ? 2. Le projet est-il compatible avec les politiques publiques de développement régional applicables ? Est-il intégré à un programme de l’UE ? Y a-t-il des mesures d’accompagnement ? 3. Le projet a-t-il l’un des quatre objectifs suivants : • Réduction des encombrements (par exemple, construction d’une route, d’une piste d’aéroport, d’un nouveau gazoduc). • Mise en valeur d’une ressource locale (souterraine, comme le pétrole, géographique, comme la mer ou humaine comme des chômeurs). • Innovation associée à la technologie, aux marchés (y compris aux marchés financiers et aux marchés du travail) ou aux deux (économie du savoir). Tous les projets qui ont un fort impact sur le développement institutionnel répondraient au moins à cet objectif. • Amélioration des conditions de vie de la population locale (par exemple, projets de santé ou de logement ; on est en droit de penser que les projets ayant un fort impact institutionnel répondraient également à cet objectif). Si la réponse à ces trois questions est affirmative, cela signifie que le projet est conçu comme un projet de développement régional. On pourrait aussi utiliser une notation à quatre points pour évaluer les réponses. 3.7.3. Impact sur le développement régional (effet réel du projet) Lors de l’instruction du projet, les points suivants devraient, dans toute la mesure du possible, être établis : • Quelle est la valeur créée par le projet, c’est-à-dire dans quelle mesure le projet contribue-t-il au PIB de la région ? Pour évaluer la contribution directe que fait le projet au PIB, on utilisera des indicateurs fondés sur la valeur ajoutée économique du projet. • Comment la valeur créée par le projet est-elle répartie, autrement dit quel est l’impact du projet sur le niveau de vie, l’emploi, les schémas de consommation, etc. dans la région ? 15 Bien que la plupart des projets aient un effet sur le voisinage immédiat des installations qui sont construites, certains projets évalués ont eu un impact sur d’autres régions en développement plus éloignées. 19 3. Impact sur le développement régional, mécanismes et indicateurs… Actuellement, la BEI n’a pas de série d’indicateurs de l’impact de ses projets sur le développement régional susceptibles d’être calculés avant le projet, lors de l’instruction, ou après, à titre de vérification. Cette lacune est régulièrement mentionnée au sein de la Banque et il est recommandé que la Banque redouble d’efforts pour définir de tels indicateurs. Il n’existe actuellement pas d’instance dans la Banque où cette question puisse être examinée régulièrement et entre directions. Il y aurait lieu d’envisager d’en créer une. 20 4. Valeur ajoutée par la BEI … 4. Valeur ajoutée par la BEI Pour que la BEI ait un impact sur le développement régional, il faut que deux conditions soient remplies : • Que le projet ait un impact sur le développement régional ; • Que la Banque ait un impact sur le projet. Nous examinerons maintenant la seconde question : où et quand la Banque a-t-elle un impact sur les projets ? 4.1. Compétitivité de la BEI L’étude a confirmé que c’est essentiellement parce que la BEI offrait des taux d’intérêt inférieurs à ceux des autres bailleurs de fonds que toutes les entreprises se sont adressées à elle ; il est toutefois rarement possible de calculer rétrospectivement le gain final exact attribuable au financement de la BEI et ce gain est rarement chiffré dans les documents de la BEI lors de l’instruction du projet. Il faudrait comparer les conditions appliquées par la BEI (y compris taux d’intérêt et garanties) avec les autres options offertes au promoteur. Or, ces options s’améliorent à mesure que l’infrastructure bancaire d’un pays se développe. Dans le cas de l’un des projets, il a été possible d’identifier les économies réalisées par une entreprise privée qui avait emprunté à la BEI au lieu de s’adresser à une source de fonds commerciale. La valeur actuelle nette des économies réalisées par cette entreprise était de l’ordre de 1 million d’EUR pour un prêt de 50 millions d’EUR environ accordé en 1992 et remboursable en 10 ans 1 6 . Ce montant non négligeable constitue une valeur supplémentaire allant directement aux actionnaires. Il ne représente toutefois que 1 % du coût total du projet, alors que les provisions pour imprévus techniques sont en général de l’ordre de 10 %. Par conséquent, si la BEI réussit à améliorer la performance d’un projet, grâce par exemple à ses procédures d’instruction ou de suivi, le gain potentiel est au moins aussi important. 4.2. Autres avantages attribuables à la BEI 4.2.1. Complémentarité avec les banques commerciales Dans six des neuf projets italiens, la BEI était la seule source de fonds à long terme possible compte tenu des règlements des marchés financiers en vigueur à l’époque 1 7 , bien que le financement ait été acheminé dans la plupart des cas par des intermédiaires bancaires. Deux des entreprises opérant au Portugal ne pouvaient pas obtenir de fonds à long terme auprès des banques locales qui jugeaient leur projet trop risqué. Dans ces deux cas, l’instruction des projets par la BEI et sa contribution au financement ont joué un rôle crucial pour permettre aux entreprises d’obtenir des fonds supplémentaires et en fait, de réaliser les projets. 16 17 Faute de données, il n’a pas été possible de mener une analyse du même type pour toutes les entreprises. Toutefois dans six projets italiens et deux projets portugais, il n’y avait pas de solution de rechange raisonnable au financement de la BEI et dans ces cas là, l’avantage de la BEI est donc très important. Tel a été le cas, à un moment, des prêts bénéficiant de taux d’intérêt bonifiés dans le cadre de la Loi italienne 64 sur le Mezzogiorno. 21 4. Valeur ajoutée par la BEI … Au Portugal, dans les années 80, aucune banque locale ne pouvait offrir de prêts d’une durée dépassant huit ans. La Banque a donc essentiellement fourni des fonds pour des projets commercialement viables qui avaient besoin de financements à plus longue échéance. À mesure que le marché financier se développe dans un pays, on peut s’attendre à ce que la Banque concentre ses prêts et ses activités dans les créneaux où elle peut offrir le plus d’avantages. Dans tous les cas où un intermédiaire bancaire était en jeu, c’est l’intermédiaire que le promoteur a contacté en premier et c’est lui qui a pris contact avec la BEI. Les banques italiennes préfèrent généralement servir d’intermédiaire que de garant parce qu’elle préfèrent inscrire un actif à leur bilan plutôt qu’hors bilan. Certaines des banques interrogées ont déclaré qu’elles souhaiteraient avoir plus souvent affaire à la BEI en qualité d’intermédiaires mais qu’elles étaient freinées par le plafond de 50 % que la BEI impose à ses financements. Elles voudraient pouvoir obtenir la totalité du montant du prêt auprès de la BEI. Toutefois, dans deux cas précis, il y avait tout lieu de penser que l’intermédiaire faisait payer sa rétrocession du prêt plus cher que ne le justifiait le risque associé au projet. On pourrait peut-être remédier à cette situation en veillant à ce que le bénéficiaire final soit pleinement au courant des conditions de prêt consenties par la BEI à l’intermédiaire ; cela peut toutefois être difficile si l’intermédiaire transforme un tant soit peu le prêt avant de le rétrocéder. Dans les strictes limites qu’autorisent les règles de confidentialité, la Banque devrait porter une attention plus grande aux marges d’intermédiation et de garantie que les intermédiaires appliquent à leurs prêts ; elle devrait également s’assurer que ces données (qui lui sont nécessaires pour évaluer le « prix total » d’un de ses prêts pour le bénéficiaire final) sont rapportées aux cadres de direction de la BEI et prises en compte, par la suite, dans la stratégie de financement de la Banque. 4.2.2. Effet d’auréole La plupart des entreprises interrogées étaient d’avis que la réputation de la BEI en tant que prêteur améliorait l’image du projet. Tel était notamment le cas d’une entreprise manufacturière privée dont les actionnaires publics n’avaient pas regardé de près ou approuvé le projet. L’entreprise a déclaré que ses vérificateurs comptables avaient été impressionnés par le soutien de la BEI. L’un des promoteurs privés s’est servi du financement de la BEI pour souligner la restructuration de son bilan où figureraient des engagements à plus long terme. L’étude d’impact sur l’environnement et l’analyse économique des coûts-avantages menées par la Banque ont contribué dans certains cas à faire accepter le projet par la population locale. 4.3. Améliorations possibles 4.3.1. Assouplissement de la définition du projet Plusieurs entreprises privées ont trouvé que les procédures d’instruction du projet n’étaient pas assez souples compte tenu du fait que, dans un marché en mutation rapide, il était parfois nécessaire de modifier un projet. Certains promoteurs ont notamment recommandé que la Banque soit plus à l’écoute de leurs besoins et plus flexible lorsqu’ils proposent des changements à la description technique du projet. 22 4. Valeur ajoutée par la BEI … 4.3.2. Raccourcissement des procédures d’instruction Certains promoteurs ont fait remarquer que, si le sérieux des procédures d’instruction de la BEI présentait un avantage réel, le temps qui s’écoulait entre la négociation initiale et le décaissement était trop long. De l’avis de l’un des promoteurs, ce processus était même deux fois trop long. Dans deux cas, des retards de plusieurs mois étaient imputables à des positions inflexibles adoptées par la BEI au cours de l’instruction du projet. 4.3.3. Renégociation des conditions du prêt De nombreuses banques commerciales ont renégocié les prêts qu’elles avaient accordés au début des années 90 à une époque où les taux d’intérêt étaient élevés et elles ont partagé les frais de restructuration des prêts avec leurs emprunteurs. La BEI, quant à elle, n’a pas souhaité le faire et n’a pas été disposée à partager le risque associé au taux d’intérêt dans le cadre de contrats ultérieurs. Certains promoteurs se sont plaints de cette attitude ; il s’agissait d’entreprises moyennes et non de grosses sociétés ni d’entreprises du secteur public. 4.3.4. Soutien aux projets en difficulté Certains promoteurs ont été parfois surpris que la BEI, qui suit de très près l’exécution matérielle du projet, offre si peu d’aide lorsque les choses vont mal. Plusieurs promoteurs se sont félicités des missions de suivi, les considérant comme un moyen utile de se concentrer sur les grands problèmes du projet et d’obtenir un avis extérieur sur les difficultés que rencontrait le projet. Certains ont toutefois estimé que la Banque pourrait faire plus, en particulier qu’elle pourrait aider, le cas échéant, à réduire les longs retards d’exécution surtout lorsqu’ils sont liés à des interventions du secteur public. La plupart des projets ont subi des retards, parfois très longs (neuf ans dans un cas, dix ans dans un autre). Or, il s’est avéré que la participation de l’administration publique était, dans le cas des projets publics comme des projets privés, la cause la plus importante des retards. De l’avis de certains promoteurs, les institutions de l’UE devraient pouvoir améliorer cette situation et il suffirait de diffuser l’information pour contribuer à résoudre les problèmes 1 8 . 18 Cette question est examinée dans la contribution d’EV aux Cahiers BEI sur le développement régional (à paraître). 23 5. Conclusions et recommandations 5. Conclusions et recommandations 5.1. Performance dans les principaux domaines de compétences de la Banque La BEI considère que ses principales compétences sont les suivantes : 1. Choix des projets : compatibilité entre chaque opération de prêt et les objectifs prioritaires de l’Union (essentiellement le développement régional) ; 2. Instruction des projets : qualité et solidité de l’investissement sous-jacent ; 3. Contribution au financement : avantages financiers spéciaux associés au financement de la Banque. Dans la présente section, nous examinerons, sur la base de nos évaluations sur le terrain, le comportement de la Banque dans ces trois domaines et suggérerons qu’il y aurait lieu d’ajouter une quatrième compétence à cette liste traditionnelle. 5.1.1. Choix des projets L’étude a révélé qu’il n’existait pas au sein de la BEI de planification systématique du développement régional et que, lorsqu’il y a eu développement régional, c’était plus par destin que par dessein. Les procédures de sélection (et d’instruction) des projets ne contiennent pas clairement de mécanismes de développement régional ni de moyens de le mesurer. Il semble qu’aucun consensus ne se dégage des dossiers de projet de la BEI sur la manière dont elle soutient le développement régional. La BEI apporte une contribution positive au développement régional mais elle exploiterait mieux son potentiel si elle avait des objectifs bien définis. Le postulat qui se dégage de la plupart des dossiers de projet de la BEI est que tout projet situé dans une région définie comme sous-développée augmentera le revenu de la région à condition qu’il ait un taux de rentabilité suffisant. Or ce postulat est contestable. Appliqué à l’investissement dans des régions moins avancées, le principe selon lequel plus on en fait, mieux cela vaut ne conduit pas nécessairement au développement économique. L’impact d’un projet dépend aussi de la maturité économique de la région et du développement du secteur. L’étude conclut plus généralement que le choix de projets doit reposer sur les caractéristiques particulières du pays et tenir compte de l’effet probable des projets sur le développement régional. Cet effet doit ensuite être suivi et mesuré. 5.1.2. Instruction des projets Au Portugal comme en Italie, la plupart des promoteurs ont estimé avoir bénéficié des procédures d’instruction de la Banque. Certains d’entre eux en ont profité directement du fait que la Banque leur a signalé des problèmes qui n’étaient pas encore apparus. Dans d’autres cas, l’instruction a conféré un sceau d’approbation au projet et servi à démontrer ses qualités à des tiers. De nombreux promoteurs ont toutefois indiqué que le processus de décision prenait trop longtemps et que la Banque ne se montrait pas compréhensive à l’égard des difficultés qu’ils rencontraient. 5.1.3. Contribution au financement des projets Au Portugal, rares étaient, semble-t-il, les bailleurs de fonds à long terme disposés à investir dans la région, du fait que le secteur bancaire était relativement sousdéveloppé par rapport à d’autres pays de l’UE. Sur la base des évaluations menées sur le terrain, on peut aussi penser que les banques portugaises sont peu disposées à prendre des risques. La BEI peut donc jouer un rôle important en aidant le Portugal à 24 5. Conclusions et recommandations rattraper le reste de l’Europe. Ses activités complètent celles des banques portugaises et ne leur font pas concurrence. Comme l’Italie avait un secteur bancaire plus développé, la plupart des investissements de la BEI sont passés par des intermédiaires. Rien ne semble indiquer que la BEI prend la place des banques locales au lieu de compléter leurs activités. Dans certains cas, l’évaluation a toutefois révélé que c’était l’intermédiaire qui avait capté les avantages attribuables au financement de la BEI et non le projet ou son promoteur. 5.1.4. Contribution directe l’innovation par la BEI aux projets : promotion de Il n’est pas interdit de penser que la croissance axée sur l’innovation est l’un des types les plus efficaces de croissance. L’innovation a été un thème sous-jacent de presque toutes les sections du présent rapport : • La plupart des projets évalués ont introduit de nouvelles technologies et par conséquent contribué à la diffusion de l’innovation dans leur région. • L’impact financier le plus important de la Banque a été, au Portugal, d’introduire des échéanciers qui n’y existaient pas à l’époque et, en Italie, d’offrir, grâce à son statut international, des conditions de prêt que les institutions locales de prêts à long terme ne pouvaient pas proposer directement mais qu’elles pouvaient offrir en tant qu’intermédiaires. En fournissant un service qui n’existait pas sur le marché financier des deux pays, la Banque a apporté des innovations sur ces marchés. • Grâce à ses équipes de spécialistes, la BEI apporte à l’instruction de ses projets l’une des gammes les plus étendues de connaissances et les promoteurs ont reconnu l’utilité d’un examen critique de leurs projets, pour pénible qu’il ait parfois été à l’époque. Dans ces cas-là, l’instruction du projet a apporté une nouvelle vision des choses et de nouvelles idées, ce qui représente une forme d’innovation. • Les résultats de l’évaluation indiquent que le principal défi que la Banque devra relever consiste à contribuer activement au développement économique des régions. En d’autres termes, elle devra faire preuve d’innovation et d’initiative tout en conservant une orientation bancaire axée sur le marché, ce qui rend ses opérations complémentaires des autres interventions communautaires ou nationales en faveur du développement régional. On reproche souvent à l’innovation d’être une notion trop vague, en particulier parce qu’elle est difficile à saisir par des indicateurs et, en particulier, à mesurer au niveau des projets. Néanmoins, elle semble être au centre des activités que mène la Banque en faveur du développement régional et elle mériterait d’être reconnue comme telle et développée en tant que quatrième grande compétence de la Banque. Cela impliquerait que la BEI adopte une approche plus active et intègre autant d’information et de savoir que possible à la sélection, à l’instruction et au financement de projets. 25 5. Conclusions et recommandations 5.2. Recommandations Sur la base exclusive des conclusions de la présente étude, l’équipe d’évaluation présente les recommandations ci-après, qui sont raisonnables et réalisables. Problème Recommandation Amélioration de la performance de la BEI Les critères d’admissibilité et de sélection des projets sont trop larges et reposent essentiellement sur la géographie. Les TRE/TRI ne suffisent pas à cibler des projets ayant un fort impact sur le développement régional Examiner si un projet répond à l’objectif de développement régional en le soumettant à une sélection à plusieurs stades axée d’abord sur les objectifs du Cadre communautaire, ensuite sur la matrice proposée et en troisième lieu sur des indicateurs d’impact sur le développement que la BEI n’a pas encore définis. Optimiser le portefeuille de projets pour qu’il soit conforme aux objectifs du Cadre communautaire sans fausser le marché. Établir un moyen de mesurer l’impact sur le développement régional et donc la contribution qu’y fait la BEI. Les avantages attribuables au financement de la BEI sont parfois captés par l’intermédiaire bancaire plutôt que par le projet ou son promoteur. Le promoteur reçoit peu d’aide de la BEI lorsque la mise en œuvre de son projet rencontre des difficultés Retards d’exécution des projets 1. Veiller à ce que le bénéficiaire final soit informé très tôt des conditions de financement que la BEI consent à l’intermédiaire financier. 2. Établir un système interne d’information sur les marges de garantie et d’intermédiation dont l’accès sera strictement réservé aux cadres de direction de la Banque et au Comité de direction. Encourager les intermédiaires à être raisonnables ; améliorer l’information financière à la BEI Permettre aux promoteurs de contacter la Banque et de demander une évaluation en temps réel de leur projet à mesure que des problèmes d’exécution apparaîtront. Donner à la BEI la possibilité d’influer sur les projets retardés et mettre les frais de suivi à la charge du promoteur 1. Après un retard de 12 mois, demander que les promoteurs fournissent systématiquement à la BEI un rapport expliquant les causes du retard. Cela devrait déclencher l’inscription du projet sur une liste de projets à surveiller et entraîner un contrôle matériel plus solide du projet jusqu’à son achèvement. ________________________ 2. Après un retard d’exécution de 24 mois, la Banque décidera si elle doit mener un audit complet du projet et le fera exécuter soit directement soit par des consultants indépendants, aux frais du promoteur. Fermer la boucle du retour d’information, partager avec les promoteurs la responsabilité de l’évaluation. 26 5. Conclusions et recommandations 5.3. Réactions des directions de la BEI Recommandations 1. Examiner si un projet répond à l’objectif de développement régional en le soumettant à une sélection à plusieurs stades axée d’abord sur les objectifs du Cadre communautaire, ensuite sur la matrice proposée et en troisième lieu sur des indicateurs d’impact sur le développement que la BEI n’a pas encore définis. 2. Veiller à ce que le bénéficiaire final soit informé très tôt des conditions de financement que la BEI consent à l’intermédiaire financier. X 1. Accepté , notamment les points relatifs aux objectifs du Cadre communautaire – surtout après la signature de l’Accord avec la Commission en janvier 2000 – et aux indicateurs d’impact, sur lesquels les travaux avancent. La matrice proposée semble avoir une valeur opérationnelle plus restreinte. X 2. Accepté, en principe et à la demande du bénéficiaire final. La BEI peut toutefois juger, au cas par cas, qu’il existe d’excellentes raisons de ne pas communiquer ces informations. Par exemple, la BEI peut faire partie d’un syndicat de financement et son prêt peut ne pas être représentatif du montage financier global. Il faut aussi noter qu’il serait plus difficile de fournir ces renseignements « très tôt » qu’à un stade ultérieur, lorsqu’on est proche de la signature ou du décaissement du prêt et que les conditions et les options sont mieux définies. 3. Établir un système interne d’information sur les marges de garantie et d’intermédiation dont l’accès sera strictement réservé aux cadres de direction de la Banque et au Comité de direction. 4. Permettre aux promoteurs de contacter la Banque et de demander une évaluation en temps réel de leur projet à mesure que des problèmes d’exécution apparaîtront. 5. Après un retard de 12 mois, demander que les promoteurs fournissent systématiquement à la BEI un rapport expliquant les causes du retard. Cela devrait déclencher l’inscription du projet sur une liste de projets à surveiller et entraîner un contrôle matériel plus solide du projet jusqu’à son achèvement. 6. Après un retard d’exécution de 24 mois, la Banque décidera si elle doit mener un audit complet du projet et le fera exécuter soit directement soit par des consultants indépendants, aux frais du promoteur. Rejeté Accepté OP & PJ X 3. Rejeté : les informations utiles sont généralement disponibles au sein du département ou de la division en jeu et l’établissement d’un système officiel d’information n’ajouterait rien aux efforts de développement régional de la Banque ; en outre, il risquerait de poser des problèmes de confidentialité. X 4. Rejeté : cette proposition soulève de graves doutes associés au rôle de la Banque et au manque de personnel. Au mieux, elle pourrait être appliquée au cas par cas et en fait, son impact serait réduit si elle était appliquée plus largement. X 5. Accepté : le suivi contractuel devrait systématiquement comporter des informations sur les retards subis au niveau de la date d’achèvement. X 6. Accepté, mais il est douteux qu’il soit possible d’imposer systématiquement des interventions de services de consultants extérieurs aux frais du promoteur (N.B. les par. 5 & 6 posent des problèmes de ressources en personnel). 27 5. Conclusions et recommandations Remarques détaillées sur les par. 5 et 6 : les retards sont souvent attribuables à l’obtention des permis de construire, à la lenteur et à la lourdeur des procédures administratives locales et à d’autres faits indépendants de la volonté des promoteurs/emprunteurs. Dans ces cas-là, la Banque continuera d’avoir recours à la persuasion ou à la publicité mais les résultats risquent d’être limités. 28 LA BANQUE EUROPEENNE D’INVESTISSEMENT Propriété des 15 États membres de l’Union européenne (UE), la Banque européenne d’investissement (BEI) a son siège à Luxembourg. Elle concourt à la réalisation des politiques communautaires en mettant en œuvre ses ressources propres, qu’elle collecte sur les marchés mondiaux des capitaux et qu’elle prête é l’appui de projets d’investissement viables favorisant le développement équilibré de l’Union européenne. Créée en 1958 par le Traité de Rome, la BEI possède sa propre structure administrative et ses propres organes de décision et de contrôle (Conseil des gouverneurs – constitué pour l’essentiel des Ministres des finances des États membres – Conseil d’administration, comité de direction et Comité de vérification). Emprunteur international de premier plan, qui s’est toujours vu attribuer la note la plus élevée, « AAA », par les grands organismes internationaux de notation, la BEI lève de gros volumes de fonds é des conditions avantageuses. Elle rétrocède le produit de ses emprunts sans poursuivre de but lucratif. Le volume des opérations de la BEI connaît une croissance régulière, et la Banque est aujourd’hui l’une des plus grandes institutions de ce type au monde. Si la majeure partie de ses prêts sont accordés à l’intérieur de l’Union européenne, la Banque est également appelée à participer é la mise en œuvre des politiques communautaires d’aide au développement et de coopération avec les pays tiers en octroyant des financements dans quelque 120 pays non-membres de l’UE. Elle appuie ainsi : • la croissance économique dans les 71 pays ACP et PTOM ; • le renforcement du partenariat euro-méditerranéen ; • la préparation à l’adhésion des pays d’Europe centrale et orientale et de Chypre ; • la coopération industrielle, y compris le transfert du savoir-faire technique, avec l’Asie et l’Amérique latine. La BEI a commencé à effectuer des évaluations ex-post en 1988, surtout pour ses opérations dans les pays non membres de la Communauté européenne. En 1995, la Banque a créé une Unité d’évaluation chargée d’évaluer les opérations à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne. Les évaluations adoptent une approche thématique et celles-ci sont destinées à être publiées. A ce jour, la Banque a publié les évaluations suivantes : 1. Résultats obtenus par un échantillon de neuf stations d’épuration des eaux d’égout dans des pays de l’Union européenne (1996 – disponible en français, anglais et allemand) 2. Évaluation de 10 opérations dans le secteur des télécommunications dans les États membres de l’UE (1998 – disponible en français, anglais et allemand) 3. Contribution de grandes infrastructures routières et ferroviaires au développement régional (1998 – disponible en français, anglais et allemand) 4. Évaluation de projets industriels financés par la Banque européenne d’investissement au titre de l’objectif du développement régional (1998 – disponible en français, anglais et allemand) 5. Évaluation de 17 projets dans le secteur de l’eau dans le bassin méditerranéen (1999 – disponible en français, anglais, allemand, espagnol et italien). 6. L'impact des opérations d'emprunt de la BEI sur l'intégration des nouveaux marchés des capitaux (1999 - disponible en français, anglais et allemand). 7. Contribution de la BEI au développement régional - Rapport de synthèse : Impact sur le développement régional des financements accordés par la BEI à 17 projets au Portugal et en Italie (2001 - disponible en français, anglais, allemand, italien et portugais). Ces rapports peuvent être obtenus auprès de : Mme Barbara Simonelli, Bureau d’information Fax : (+352) 4379-3188 E-mail : [email protected]