philo exposé sur le dicours de la méthode Descartes

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philo exposé sur le dicours de la méthode Descartes
Le Discours de la Méthode
Le Discours de la Méthode
Le Discours de la méthode a été publié en 1637 par René Descartes. Ce livre se présentait à
l’origine comme une introduction à trois traités scientifiques: la Dioptrique, les Météores et la
Géométrie. C’est le premier écrit que l’auteur publie en français, dans le but d’atteindre un grand
nombre de lecteurs. Pour comprendre la problématique du discours, il faut se référer à son contexte
historique.
Le XVIIe siècle s’inscrit dans un courant post-moyenâgeux, où le doute subsiste après que l’on s’est
rendu compte de l’absence de fondement de nombreuses croyances. Par exemple, on pensait
auparavant que la Terre était le centre de l’Univers, mais cette croyance fut remise en cause par les
travaux de Copernic et Galilée, qui voyaient notre planète tourner autour du Soleil. Constatant
qu'aucune des disciplines qu'il a apprises ne conduit à des connaissances qui garantissent de toucher
à la vérité, il cherche le moyen d'y accéder. Il constate qu'il y aura plusieurs vérités tant que les gens
raisonneront selon des méthodes divergentes et appliqueront des critères hétérogènes. Il a constaté
que le meilleur moyen d'augmenter progressivement sa connaissance est de tout considérer avec une
attitude critique (la défiance), plutôt que de se fonder sur des croyances (présomption). C'est cette
attitude critique qui est l'essence de sa méthode. Mais quelle est donc cette méthode «miracle»?
Le Discours de la méthode est divisé en six parties, mais nous n’allons ici nous pencher que sur les
trois premières.
Dans le cadre de cet exposé, nous allons tout d'abord expliquer ce qui a poussé l’auteur à créer cette
méthode, puis nous verrons comment elle se caractérise et comment on s’en sert. Enfin, nous
examinerons ses conséquences et sa finalité.
Comme nous l’avons indiqué précédemment, le Discours de la méthode est une introduction aux
écrits scientifiques de l’auteur. Il publie cette œuvre après avoir remarqué que la propagation des
idées liées aux sciences nouvelles n’a aucune chance d’être reçue par la plus grande partie des
esprits tant que ceux-ci n’ont pas été réformés. Quel est l’intérêt d’annoncer les résultats d’une
recherche si le public n’est pas prêt à accueillir une nouvelle façon de penser et d’entrevoir le
monde? C’est donc dans l’idée de rendre les sciences accessibles à un grand nombre que Descartes
va rédiger son discours, afin que les gens comprennent que la vérité ne peut seulement être
inculquée par voie d’autorité, mais qu’il faut faire un effort d’investissement afin de mettre en
évidence la véracité d’une connaissance, celui-ci dit d'ailleurs: «j'apprenais à ne rien....beaucoup
d'erreurs» (p.18), on constate donc ici, que la philosophie, qui a été «cultivée par les plus excellents
esprits qui aient vécu depuis plusieurs siècles» (pp. 15-16), n'a abouti à aucune conclusion faisant
l'unanimité, ce qui est paradoxale, car comme le dit Nietzsche dans sa «Philosophie à l'époque
tragique des Grecs», celle-ci devrait être au centre de toute les disciplines et en être l'élément
moteur.
Cependant, le but principal de cette réforme ne se trouve pas là. Effectivement, si l’auteur aspire
tant à modifier la façon de penser des gens, c’est pour pouvoir ensuite poser des fondements
scientifiques solides dans le but d’arriver à des certitudes, il le dit clairement au travers de son
discours: «Il est vrai que nous ne....sur de vieux fondements» (p.20). Ces bases permettront à
l’auteur d’établir des vérités inébranlables, qui ne pourront être mises en doute, et d’étendre
doucement et sûrement les connaissances à disposition pour en trouver de nouvelles, à la manière
des racines d’un arbre qui ne cessent de croître tout en créant de nouvelles ramifications. Selon
l’auteur, on retrouve cette stabilité dans les mathématiques, qui vont être à l'origine de ses
recherches: «je me plaisais...de plus relevé» (p.15). Toutefois, les mathématiques ne sont pas
dénuées de reproches, il dénonce la géométrie des anciens et à l'algèbre des modernes de porter sur
des «matières fort abstraites, et qui ne semblent d'aucun usage» (p. 24). De plus, il estime que
l'algèbre est devenu «un art confus et obscure, qui embarrasse l'esprit» (p. 25), ce qui nous prouve
encore une fois que rien n'est parfait, et que tout doit être remis en question.
C’est selon une conception platonicienne (active) du but de la connaissance que Descartes cherche à
tout prix la vérité. Pour lui, la connaissance n’est pas une fin en soi mais a une valeur dans la
mesure où elle est utile, dans la mesure ou elle permet de conduire sa vie avec sagesse pour pouvoir
avoir une vie heureuse. La vérité nous dote d'un esprit clair (combattre l'inconnu) et d'une faculté
de distinction (combatte la confusion) des idées. Il faut bien comprendre que pour Descartes la
recherche de la vérité n'est pas fin en soit, mais plutôt une étape pour mener une vie sereine, car
distinguer le bien du mal permet le bon usage du libre-arbitre, ce qui dans une certaine mesure
participe au bonheur. En soulignant, par exemple que les théories d'un «homme de lettres dans son
cabinet, touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet» (p. 17) ne risquent pas d'aboutir à
une quelconque forme de vérité, Descartes nous prouve sa volonté de vouloir réformer les
croyances scientifiques de l’époque afin que ses découvertes soient considérer comme fiable, et
ainsi se trouver dans le vrai. Donc, pour l'auteur, à la différence des vérités religieuses qui ont étés
révélées, les vérités scientifiques sont à chercher. La science n’est pas construite, elle est à élaborer
et pour cela il faut une méthode.
C’est donc à travers ce fil conducteur que Descartes va structurer son discours. Le projet se veut
modeste, le Discours de la méthode n’est pas un traité exposant un ensemble de connaissances, mais
prend plutôt la forme d’un récit autobiographique, dans lequel Descartes nous indique une marche à
suivre en nous laissant libres de nous y conformer ou non.
Il ne faut toutefois pas se leurrer. Derrière son humilité apparente et sa compréhension vis-à-vis de
ses lecteurs, Descartes fait surtout preuve de prudence à l’égard du gouvernement, des intellectuels
et de l’Église. Effectivement, s’il publiait ses idées sous forme de dogmes irréfutables permettant
l’accès au savoir, l’auteur s’exposait à de grands risques, il va lui-même dire: «Larvatus prodeo» (je
m' avance masqué) lors de la publication de son ouvrage.
On peut aussi voir ici une envie de tester la réaction du public quant à l’intégration des sciences
nouvelles dans la société.
Après ce constat, nous allons nous intéresser au cœur du discours pour expliquer ce qu’est cette
méthode.
Méthode vient du Grec méthodos qui représente l'idée d'un chemin.
Descartes affirme qu'une méthode cartésienne permet de distinguer le vrai du faux, si on accepte
l'idée de réforme. Toutefois, pour pouvoir suivre le cheminement méthodique évoqué par Descartes,
il faut obligatoirement posséder certaines qualités afin de prétendre à une remise en question
radicale de tous savoirs alentours.
Cette démarche cartésienne et la nécessité de douter ne sont donc réservés qu'à une petite partie
«d’élus», car d'après Descartes: «La seule résolution....convient aucunement», Il faut donc
distinguer deux catégories de gens (la plupart des hommes font parti de celles-ci) qui ne sont pas
aptes à raisonner de manière méthodique. On trouve d'une part les esprits présomptueux qui
prétendent plus qu'ils ne peuvent et ne peuvent empêcher de précipiter leur jugement que ce soit
dans le domaine scientifique, politique ou théologique, et de l'autre on retrouve les esprits modestes,
qui ayant connaissance de leurs limites se remettent aux opinions des autres, faute de pouvoir
chercher eux-mêmes les meilleurs. Il est également bon de préciser que pour suivre le cheminement
cité par Descartes, il faut également accepter l'idée d'un apprentissage autodidacte, car comme le dit
le philosophe: «on connaîtra bien....fort accomplies» (p.19) celui-ci est nécessaire si on veut avancer
dans la voie vers la vérité. De plus, suite à ces conditions, on remarque encore une fois, que sous
des airs de générosités à l’égard de ses semblables, Descartes nous laisse le soin de comprendre
qu'il se trouve quant à lui en dehors de la catégorie des personnes inaptes à la recherche du savoir
véritable. Il se considère donc comme un «élu», ce qui contraste grandement avec la modestie dont
il fait preuve en affirmant que si au cours de sa vie il n'avait pas pas eu la chance d'être insatisfait
des savoirs qu'on lui a inculqué, il n'aurait jamais pu prétendre pouvoir suivre sa méthode. Un
lecteur avertit se rend donc bien compte que même si Descartes ne se décrit pas comme un
«Leader» qui oblige le peuple à le suivre, il n'en demeure pas moins, que, parfois son discours se
montre assez autoritaire sur certains points.
Pour en revenir à la méthode à présent, il faut savoir que celle-ci émerge dans l'esprit de Descartes,
après que celui-ci se soit initié aux mathématiques. En effet, la rigueur et la logique de cette
dernière l'on poussés à en faire un modèle pour toute science. L'auteur va donc expliciter la méthode
des mathématiciens, car la réussite d'un raisonnement dans une discipline et la garantie de sa
réussite dans toutes les autres d'après Descartes.
La supériorité des mathématiques tient du fait qu'elles procèdes selon un ordre précis: tout d'abord
l'intuition des évidences premières, et ensuite la déduction à partir de ces évidences. D'où la rigueur
de leur raisonnement et la certitude de leurs conclusions. La réforme scientifique de Descartes
(projet cartésien) consiste donc à «mathématiser» toute les autres afin d'en faire une science
universelle.
L'auteur résume la rigueur d'un raisonnement mathématique (constituant essentiel de sa méthode),
sous 4 règles seulement, afin de s'en rappeler facilement et donc de les respecter.
Ces règles ont pour vocation de permettre aux personnes en quête de vérité, de supprimer l'aspect
arbitraire et subjectif de leur réflexion.
Parmi celles-ci on retrouve:
1)La règle de l'évidence:
Cette règle impose qu'il ne faut rien recevoir sans examen, et qu'il jamais considérer quelque chose
comme vraie, si une part d'ombre réside dans celle-ci. Il convient également de réexaminer les
opinions qui nous ont étés auparavant inculqués, pour pouvoir se soustraire à nos préjugés et de ne
considérer que ce qui saute aux yeux, autrement dit, ce qui est évident.
Et c'est uniquement cette évidence qui peut fonder la certitude, celle-ci se doit donc d'être vraie,
pour être immédiatement acceptée par l'esprit, ce qui lui confère une force de clarté et de distinction
(qui sont des caractéristiques indispensables à la véracité d'une idée).
Ici, comme en mathématiques, on pose le problème et on l'étudie.
2) La règle de la décomposition:
Ce second précepte s’inspire de l’analyse géométrique et de l’algèbre, qui réduit des équations
complexes à des théorèmes simples, pour mieux les étudier. Autrement dit, lorsqu'on se retrouve
devant une idée ou une notion difficile, il convient de réduire sa complexité en la fragmentant. Par
exemple, si je veux étudier la couleur verte, je vais devoir tout d'abord commencer par étudier les
couleurs jaune et rouge, qui sont à la base de la 1ère.
On retrouve dans cette règle le principe de la division mathématiques (étude des axiomes à la base
de tout).
3) La règle de recomposition:
Pour construire un savoir selon un ordre rigoureux, il faudra partir des éléments simples qui ont été
découverts dans notre division, et qui après études nous permettront de déduire du simple le
complexe, il est donc important d'établir un ordre logique plutôt que de procéder au hasard, même
pour objets qui ne sont pas naturels, mais artificiels, et dont les éléments de déduction ne se
précédent pas (déchiffrer une écriture par exemple).
Pour en revenir à nos couleurs, on sait qu'en étudiant le vert, nous allons donc commencer à par
étudier le jaune et le rouge et ce dans un ordre logique, afin de garder une pensée structurée. De là,
la connaissance des vérités premières nous amènera à la connaissance des vérités plus difficiles à
atteindre. En d’autres termes, de notre connaissance du jaune et du rouge naîtra notre connaissance
du vert.
Ici, on reconnaît le principe de recomposition mathématiques.
4) La règle des dénombrements:
Cette dernière règle consiste à passer en tout repasser en revu afin d'être sur de ne rien avoir oublié,
elle correspond à une forme de vérification systématique partant de la base du problème jusqu'à la
solution.
Par exemple, lorsque je cherche à savoir de quelles couleurs sont toutes les girafes. Tout de suite, je
vais d'instinct être tenté de dire que toutes les girafes sont jaunes. Or, il existe des certaines girafes
albinos, et cela, je n'aurai pas pu le savoir que si j'avais répertorié toutes les girafes de l'univers.
Cette tâche peut paraître difficile, et parfois même impossible à réaliser, mais selon Descartes, c'est
le prix à payer pour avoir le privilège d’accéder à la vérité.
On retrouve le principe de la vérification, comme en mathématiques après avoir trouvé une solution.
Comme nous pouvons le voir, un Descartes nous démontre encore une fois à travers les règles de sa
méthode, qu'il juge que les mathématiques sont la science ultime qui sert de fondement à toutes les
autres.
Tout en recherchant la vérité grâce à l'application de sa méthode, Descartes explique qu'il se doit
d'être guidé par certains principes moraux en adéquations avec les règles instaurés par la méthode,
pour ne pas se perdre, ne pas être «irrésolu» dans ses actions et ainsi joindre le souci pratique au
souci théorique. Dès lors, il va s'appuyer sur «une morale par provision» (p. 29). Il entend par là
des principes moraux provisoires en attendant d'en trouver de meilleurs, qu'il expose à ses lecteurs.
L'enjeu de ces principes sont donc de lui permettre de vivre le plus heureusement possible tout en
recherchant paisiblement la vérité.
Cette morale repose sur trois maximes, à savoir:
1) «.....»
La première est d’obéir aux lois et aux coutumes de son pays. En effet, Descartes ne pense pas
qu'être anarchiste puisse rende l'Homme libre (même si cela est relatif au pays dans lequel il se
trouve), mais qu'il lui cause au contraire plus de problèmes. De plus, Descartes propose de suivre
les opinions les plus modérées, et les plus sensées, lorsque son avis n'est pas indéniablement vrai,
afin de pouvoir corriger plus facilement son erreur après s'être rendu compte que celui-ci était
erroné.
Ce qui étonne suite à la lecteur de cette maxime, c'est son caractère conformiste que préconise
pourtant Descartes, alors que celui-ci fait de la raison la seule matière de jugement. On distingue ici
une indication à la prudence et à la modération. Les mentalités ne se réformes pas facilement, et par
conséquent toutes les actions ne sont pas à prescrire. De plus, on a moins de chance de se tromper
lorsqu'on n'utilise pas d'opinions extrêmes car selon l'auteur «tout excès à coutumes d'être
mauvais», et on dévie moins du vrai chemin en restant l'uniformisation que dans l'extrême.
2) «....»
La seconde est d’être le plus ferme et le plus résolu qu’il est possible dans ses actions, afin de
pouvoir progresser et de ne pas être trop facilement déstabilisé lorsque quelqu'un ne partage pas les
mêmes pensées.
Donc, par conséquent, après nous avoir initié à la modération, Descartes nous cite les bienfaits de la
résolution. La nécessité de l'action nous force à prendre parti, mais parfois il arrive parfois qu'on
s'égare. C'est à ce moment la que l'auteur nous demande de ne pas revenir sur ses décisions et de
tenir bon. Il ne faut pas voir cela comme de l'obstination ou de l'entêtement, mais plutôt comme une
porte de sortie.
Par exemple si un homme est lâché en plein océan, celui-ci à plus de chance de trouver une île en
nageant tout droit plutôt qu'en tournant en rond.
3) «....»
Sa troisième maxime est de changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde, ce qui signifie qu’il ne
faut pas tenter l’impossible, mais se contenter de ce qui est atteignable: si Descartes ne peut pas
posséder une chose, il ne sera pas malheureux, il dira simplement non au désir de posséder celle-ci.
Ici, l'enjeu que dépeint Descartes et de se «rendre content». L'auteur admet que le but de l’existence
humaine est le bonheur, mais que plutôt que de poursuivre une chimère , il est plus facile de
réconcilier le désir et la réalité, et cela passe soit si possible par la transformation du réel, ou sinon
par celle du désir.
4) «....»
La dernière maxime exige d’employer toute sa vie à se cultiver, de toujours chercher à atteindre la
vérité, et de s’en approcher le plus possible.
Descartes fait ici un constat semblable à la 4ème règle de sa méthode, il s'agit donc de persévérer
dans l'effort et d'essayer d'épuiser toutes les possibilités disponibles pour atteindre la vérité et donc
mener une vie heureuse.
Ceux sont donc la les 4 maximes provisoires que s'est imposé Descartes dans sa recherche de la
vérité. Celles-ci sont dites provisoires, car tout comme le doute (attention à ne pas confondre avec
celui des sceptiques, car ceux-ci ne sortent pas cet état et ne sont pas résolus à l'action), elles ne sont
qu'une étape pour parvenir à la connaissance vraie, fondement d'une action éclairée.
En conclusion, Descartes a voulu définir une méthode permettant d’échafauder un raisonnement
rigoureux sur des fondations valides et, ainsi, d'atteindre la vérité. Ainsi, les hommes pourraient agir
avec discernement, ce ente dans sa conception du bonheur. Il s'agit donc de ne pas raisonner selon
des critères subjectifs et des peu bases peu solides, si on prétend vouloir un jour arriver à la vraie
connaissance.
Comme nous l’avons indiqué précédemment, le Discours de la méthode est une introduction aux
écrits scientifiques de l’auteur. Il publie cette œuvre après avoir remarqué que la propagation des
idées liées aux sciences nouvelles n’a aucune chance d’être reçue par la plus grande partie des
esprits tant que ceux-ci n’ont pas été réformés. Quel est l’intérêt d’annoncer les résultats d’une
recherche si le public n’est pas prêt à accueillir une nouvelle façon de penser et d’entrevoir le
monde? C’est donc dans l’idée de rendre les sciences accessibles à un grand nombre que Descartes
va rédiger son discours, afin que les gens comprennent que la vérité ne peut seulement être
inculquée par voie d’autorité, mais qu’il faut faire un effort d’investissement afin de mettre en
évidence la véracité d’une connaissance, celui-ci dit d'ailleurs: «j'apprenais à ne rien....beaucoup
d'erreurs» (p.18), on constate donc ici, que la philosophie, qui a été «cultivée par les plus excellents
esprits qui aient vécu depuis plusieurs siècles» (pp. 15-16), n'a abouti à aucune conclusion faisant
l'unanimité, ce qui est paradoxale, car comme le dit Nietzsche dans sa «Philosophie à l'époque
tragique des Grecs», celle-ci devrait être au centre de toute les disciplines et en être l'élément
moteur.
Cependant, le but principal de cette réforme ne se trouve pas là. Effectivement, si l’auteur aspire
tant à modifier la façon de penser des gens, c’est pour pouvoir ensuite poser des fondements
scientifiques solides dans le but d’arriver à des certitudes, il le dit clairement au travers de son
discours: «Il est vrai que nous ne....sur de vieux fondements» (p.20). Ces bases permettront à
l’auteur d’établir des vérités inébranlables, qui ne pourront être mises en doute, et d’étendre
doucement et sûrement les connaissances à disposition pour en trouver de nouvelles, à la manière
des racines d’un arbre qui ne cessent de croître tout en créant de nouvelles ramifications. Selon
l’auteur, on retrouve cette stabilité dans les mathématiques, qui vont être à l'origine de ses
recherches: «je me plaisais...de plus relevé» (p.15). Toutefois, les mathématiques ne sont pas
dénuées de reproches, il dénonce la géométrie des anciens et à l'algèbre des modernes de porter sur
des «matières fort abstraites, et qui ne semblent d'aucun usage» (p. 24). De plus, il estime que
l'algèbre est devenu «un art confus et obscure, qui embarrasse l'esprit» (p. 25), ce qui nous prouve
encore une fois que rien n'est parfait, et que tout doit être remis en question.
C’est selon une conception platonicienne (active) du but de la connaissance que Descartes cherche à
tout prix la vérité. Pour lui, la connaissance n’est pas une fin en soi mais a une valeur dans la
mesure où elle est utile, dans la mesure ou elle permet de conduire sa vie avec sagesse pour pouvoir
avoir une vie heureuse. La vérité nous dote d'un esprit clair (combattre l'inconnu) et d'une faculté
de distinction (combatte la confusion) des idées. Il faut bien comprendre que pour Descartes la
recherche de la vérité n'est pas fin en soit, mais plutôt une étape pour mener une vie sereine, car
distinguer le bien du mal permet le bon usage du libre-arbitre, ce qui dans une certaine mesure
participe au bonheur. En soulignant, par exemple que les théories d'un «homme de lettres dans son
cabinet, touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet» (p. 17) ne risquent pas d'aboutir à
une quelconque forme de vérité, Descartes nous prouve sa volonté de vouloir réformer les
croyances scientifiques de l’époque afin que ses découvertes soient considérer comme fiable, et
ainsi se trouver dans le vrai. Donc, pour l'auteur, à la différence des vérités religieuses qui ont étés
révélées, les vérités scientifiques sont à chercher. La science n’est pas construite, elle est à élaborer
et pour cela il faut une méthode.
C’est donc à travers ce fil conducteur que Descartes va structurer son discours. Le projet se veut
modeste, le Discours de la méthode n’est pas un traité exposant un ensemble de connaissances, mais
prend plutôt la forme d’un récit autobiographique, dans lequel Descartes nous indique une marche à
suivre en nous laissant libres de nous y conformer ou non.
Il ne faut toutefois pas se leurrer. Derrière son humilité apparente et sa compréhension vis-à-vis de
ses lecteurs, Descartes fait surtout preuve de prudence à l’égard du gouvernement, des intellectuels
et de l’Église. Effectivement, s’il publiait ses idées sous forme de dogmes irréfutables permettant
l’accès au savoir, l’auteur s’exposait à de grands risques, il va lui-même dire: «Larvatus prodeo» (je
m' avance masqué) lors de la publication de son ouvrage.
On peut aussi voir ici une envie de tester la réaction du public quant à l’intégration des sciences
nouvelles dans la société.
Après ce constat, nous allons nous intéresser au cœur du discours pour expliquer ce qu’est cette
méthode.
Méthode vient du Grec méthodos qui représente l'idée d'un chemin.
Descartes affirme qu'une méthode cartésienne permet de distinguer le vrai du faux, si on accepte
l'idée de réforme. Toutefois, pour pouvoir suivre le cheminement méthodique évoqué par Descartes,
il faut obligatoirement posséder certaines qualités afin de prétendre à une remise en question
radicale de tous savoirs alentours.
Cette démarche cartésienne et la nécessité de douter ne sont donc réservés qu'à une petite partie
«d’élus», car d'après Descartes: «La seule résolution....convient aucunement», Il faut donc
distinguer deux catégories de gens (la plupart des hommes font parti de celles-ci) qui ne sont pas
aptes à raisonner de manière méthodique. On trouve d'une part les esprits présomptueux qui
prétendent plus qu'ils ne peuvent et ne peuvent empêcher de précipiter leur jugement que ce soit
dans le domaine scientifique, politique ou théologique, et de l'autre on retrouve les esprits modestes,
qui ayant connaissance de leurs limites se remettent aux opinions des autres, faute de pouvoir
chercher eux-mêmes les meilleurs. Il est également bon de préciser que pour suivre le cheminement
cité par Descartes, il faut également accepter l'idée d'un apprentissage autodidacte, car comme le dit
le philosophe: «on connaîtra bien....fort accomplies» (p.19) celui-ci est nécessaire si on veut avancer
dans la voie vers la vérité. De plus, suite à ces conditions, on remarque encore une fois, que sous
des airs de générosités à l’égard de ses semblables, Descartes nous laisse le soin de comprendre
qu'il se trouve quant à lui en dehors de la catégorie des personnes inaptes à la recherche du savoir
véritable. Il se considère donc comme un «élu», ce qui contraste grandement avec la modestie dont
il fait preuve en affirmant que si au cours de sa vie il n'avait pas pas eu la chance d'être insatisfait
des savoirs qu'on lui a inculqué, il n'aurait jamais pu prétendre pouvoir suivre sa méthode. Un
lecteur avertit se rend donc bien compte que même si Descartes ne se décrit pas comme un
«Leader» qui oblige le peuple à le suivre, il n'en demeure pas moins, que, parfois son discours se
montre assez autoritaire sur certains points.
Pour en revenir à la méthode à présent, il faut savoir que celle-ci émerge dans l'esprit de Descartes,
après que celui-ci se soit initié aux mathématiques. En effet, la rigueur et la logique de cette
dernière l'on poussés à en faire un modèle pour toute science. L'auteur va donc expliciter la méthode
des mathématiciens, car la réussite d'un raisonnement dans une discipline et la garantie de sa
réussite dans toutes les autres d'après Descartes.
La supériorité des mathématiques tient du fait qu'elles procèdes selon un ordre précis: tout d'abord
l'intuition des évidences premières, et ensuite la déduction à partir de ces évidences. D'où la rigueur
de leur raisonnement et la certitude de leurs conclusions. La réforme scientifique de Descartes
(projet cartésien) consiste donc à «mathématiser» toute les autres afin d'en faire une science
universelle.
L'auteur résume la rigueur d'un raisonnement mathématique (constituant essentiel de sa méthode),
sous 4 règles seulement, afin de s'en rappeler facilement et donc de les respecter.
Ces règles ont pour vocation de permettre aux personnes en quête de vérité, de supprimer l'aspect
arbitraire et subjectif de leur réflexion.
Parmi celles-ci on retrouve:
1)La règle de l'évidence:
Cette règle impose qu'il ne faut rien recevoir sans examen, et qu'il jamais considérer quelque chose
comme vraie, si une part d'ombre réside dans celle-ci. Il convient également de réexaminer les
opinions qui nous ont étés auparavant inculqués, pour pouvoir se soustraire à nos préjugés et de ne
considérer que ce qui saute aux yeux, autrement dit, ce qui est évident.
Et c'est uniquement cette évidence qui peut fonder la certitude, celle-ci se doit donc d'être vraie,
pour être immédiatement acceptée par l'esprit, ce qui lui confère une force de clarté et de distinction
(qui sont des caractéristiques indispensables à la véracité d'une idée).
Ici, comme en mathématiques, on pose le problème et on l'étudie.
2) La règle de la décomposition:
Ce second précepte s’inspire de l’analyse géométrique et de l’algèbre, qui réduit des équations
complexes à des théorèmes simples, pour mieux les étudier. Autrement dit, lorsqu'on se retrouve
devant une idée ou une notion difficile, il convient de réduire sa complexité en la fragmentant. Par
exemple, si je veux étudier la couleur verte, je vais devoir tout d'abord commencer par étudier les
couleurs jaune et rouge, qui sont à la base de la 1ère.
On retrouve dans cette règle le principe de la division mathématiques (étude des axiomes à la base
de tout).
3) La règle de recomposition:
Pour construire un savoir selon un ordre rigoureux, il faudra partir des éléments simples qui ont été
découverts dans notre division, et qui après études nous permettront de déduire du simple le
complexe, il est donc important d'établir un ordre logique plutôt que de procéder au hasard, même
pour objets qui ne sont pas naturels, mais artificiels, et dont les éléments de déduction ne se
précédent pas (déchiffrer une écriture par exemple).
Pour en revenir à nos couleurs, on sait qu'en étudiant le vert, nous allons donc commencer à par
étudier le jaune et le rouge et ce dans un ordre logique, afin de garder une pensée structurée. De là,
la connaissance des vérités premières nous amènera à la connaissance des vérités plus difficiles à
atteindre. En d’autres termes, de notre connaissance du jaune et du rouge naîtra notre connaissance
du vert.
Ici, on reconnaît le principe de recomposition mathématiques.
4) La règle des dénombrements:
Cette dernière règle consiste à passer en tout repasser en revu afin d'être sur de ne rien avoir oublié,
elle correspond à une forme de vérification systématique partant de la base du problème jusqu'à la
solution.
Par exemple, lorsque je cherche à savoir de quelles couleurs sont toutes les girafes. Tout de suite, je
vais d'instinct être tenté de dire que toutes les girafes sont jaunes. Or, il existe des certaines girafes
albinos, et cela, je n'aurai pas pu le savoir que si j'avais répertorié toutes les girafes de l'univers.
Cette tâche peut paraître difficile, et parfois même impossible à réaliser, mais selon Descartes, c'est
le prix à payer pour avoir le privilège d’accéder à la vérité.
On retrouve le principe de la vérification, comme en mathématiques après avoir trouvé une solution.
Comme nous pouvons le voir, un Descartes nous démontre encore une fois à travers les règles de sa
méthode, qu'il juge que les mathématiques sont la science ultime qui sert de fondement à toutes les
autres.
Tout en recherchant la vérité grâce à l'application de sa méthode, Descartes explique qu'il se doit
d'être guidé par certains principes moraux en adéquations avec les règles instaurés par la méthode,
pour ne pas se perdre, ne pas être «irrésolu» dans ses actions et ainsi joindre le souci pratique au
souci théorique. Dès lors, il va s'appuyer sur «une morale par provision» (p. 29). Il entend par là
des principes moraux provisoires en attendant d'en trouver de meilleurs, qu'il expose à ses lecteurs.
L'enjeu de ces principes sont donc de lui permettre de vivre le plus heureusement possible tout en
recherchant paisiblement la vérité.
Cette morale repose sur trois maximes, à savoir:
1) «.....»
La première est d’obéir aux lois et aux coutumes de son pays. En effet, Descartes ne pense pas
qu'être anarchiste puisse rende l'Homme libre (même si cela est relatif au pays dans lequel il se
trouve), mais qu'il lui cause au contraire plus de problèmes. De plus, Descartes propose de suivre
les opinions les plus modérées, et les plus sensées, lorsque son avis n'est pas indéniablement vrai,
afin de pouvoir corriger plus facilement son erreur après s'être rendu compte que celui-ci était
erroné.
Ce qui étonne suite à la lecteur de cette maxime, c'est son caractère conformiste que préconise
pourtant Descartes, alors que celui-ci fait de la raison la seule matière de jugement. On distingue ici
une indication à la prudence et à la modération. Les mentalités ne se réformes pas facilement, et par
conséquent toutes les actions ne sont pas à prescrire. De plus, on a moins de chance de se tromper
lorsqu'on n'utilise pas d'opinions extrêmes car selon l'auteur «tout excès à coutumes d'être
mauvais», et on dévie moins du vrai chemin en restant l'uniformisation que dans l'extrême.
2) «....»
La seconde est d’être le plus ferme et le plus résolu qu’il est possible dans ses actions, afin de
pouvoir progresser et de ne pas être trop facilement déstabilisé lorsque quelqu'un ne partage pas les
mêmes pensées.
Donc, par conséquent, après nous avoir initié à la modération, Descartes nous cite les bienfaits de la
résolution. La nécessité de l'action nous force à prendre parti, mais parfois il arrive parfois qu'on
s'égare. C'est à ce moment la que l'auteur nous demande de ne pas revenir sur ses décisions et de
tenir bon. Il ne faut pas voir cela comme de l'obstination ou de l'entêtement, mais plutôt comme une
porte de sortie.
Par exemple si un homme est lâché en plein océan, celui-ci à plus de chance de trouver une île en
nageant tout droit plutôt qu'en tournant en rond.
3) «....»
Sa troisième maxime est de changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde, ce qui signifie qu’il ne
faut pas tenter l’impossible, mais se contenter de ce qui est atteignable: si Descartes ne peut pas
posséder une chose, il ne sera pas malheureux, il dira simplement non au désir de posséder celle-ci.
Ici, l'enjeu que dépeint Descartes et de se «rendre content». L'auteur admet que le but de l’existence
humaine est le bonheur, mais que plutôt que de poursuivre une chimère , il est plus facile de
réconcilier le désir et la réalité, et cela passe soit si possible par la transformation du réel, ou sinon
par celle du désir.
4) «....»
La dernière maxime exige d’employer toute sa vie à se cultiver, de toujours chercher à atteindre la
vérité, et de s’en approcher le plus possible.
Descartes fait ici un constat semblable à la 4ème règle de sa méthode, il s'agit donc de persévérer
dans l'effort et d'essayer d'épuiser toutes les possibilités disponibles pour atteindre la vérité et donc
mener une vie heureuse.
Ceux sont donc la les 4 maximes provisoires que s'est imposé Descartes dans sa recherche de la
vérité. Celles-ci sont dites provisoires, car tout comme le doute (attention à ne pas confondre avec
celui des sceptiques, car ceux-ci ne sortent pas cet état et ne sont pas résolus à l'action), elles ne sont
qu'une étape pour parvenir à la connaissance vraie, fondement d'une action éclairée.
En conclusion, Descartes a voulu définir une méthode permettant d’échafauder un raisonnement
rigoureux sur des fondations valides et, ainsi, d'atteindre la vérité. Ainsi, les hommes pourraient agir
avec discernement, ce ente dans sa conception du bonheur. Il s'agit donc de ne pas raisonner selon
des critères subjectifs et des peu bases peu solides, si on prétend vouloir un jour arriver à la vraie
connaissance.
Raisons de douter:
•
Constat du caractère douteux et incertain des opinions reçues: les préjugés de l’enfance.
•
Le désir de certitude.
•
L’exigence de maturité.
Méthode pour arriver a la certitude:
Le doute devra être méthodique, et donc provisoire, au contraire du doute sceptique. Il sera donc:
• Hyperbolique (et donc volontaire): tenir pour faux ce qui n’est que douteux.
• Radical: s’attaquer à la base, au fondements.
C’est aussi un doute que l’on peut qualifier de rationnel, car il est motivé par des raisons de douter.
Thème: Cet ouvrage se présente sous
forme de discours dans lequel Descartes entend, non pas
imposer une méthode ni même en faire une démonstration, mais rédiger de manière assez
biographique quel fut le cheminement de sa pensée dans la recherche d'une vérité métaphysique.
Abordant différents domaines, aussi bien philosophiques, métaphysiques que purement
scientifiques, le thème du Discours de la Méthode est indéniablement une recherche raisonnée de la
Vérité dans les sciences.