journal 2012-2

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journal 2012-2
2012
NUMERO 23
Ce bulletin est rédigé et diffusé par la Pharmacologie Médicale et le CHU de Montpellier sans aide de l'industrie pharmaceutique.
PHARMACOVIGILANCE
Quoi de neuf depuis Janvier au niveau de l'Afssaps?
•
Nitrofurantoïne : Restriction d’utilisation en raison d’un risque de survenue d’effets indésirables
graves hépatiques et pulmonaires. En raison du risque potentiel grave immunoallergique (hépatique et
pulmonaire) les traitements répétés doivent être évités ainsi que leur utilisation en traitement
prophylactique des infections récidivantes.
•
Onglyza® (saxagliptine) : Risque de réaction d'hypersensibilité grave et de pancréatite aiguë.
Onglyza (saxagliptine) est un inhibiteur de la dipeptidyl peptidase 4 (DPP4) indiqué dans le traitement du
diabète de type 2. Des réactions d’hypersensibilité graves incluant angioedème et réaction anaphylactique,
et des pancréatites aiguës ont été rapportées.
•
Risque de survenue d'évènements cardiovasculaires et rénaux chez les patients diabétiques de
type 2 présentant des facteurs de risque cardiovasculaires et rénaux traités par Rasilez®
(aliskiren): L'aliskiren est un antihypertenseur désormais contre indiqué en association avec les IEC ou
les ARAII chez les patients présentant un diabète de type I ou II, une insuffisance rénale (DFG < 60
ml/min/1,73 m2) en raison d'un risque d’événements indésirables (hypotension, syncope, accident
vasculaire cérébral, hyperkaliémie et modifications de la fonction rénale, incluant insuffisance rénale
aiguë).
•
Protelos® (ranélate de strontium) : réévaluation du rapport bénéfice-risque Protelos® est désormais
contre-indiqué chez les patientes immobilisées et chez celles atteints ou ayant été atteints de troubles
thrombo-emboliques veineux.
•
Rappel sur les risques d'ulcérations sous nicorandil : L’Afssaps, à la suite de notifications de
nouvelles localisations d’ulcérations graves attribuées au nicorandil, souhaite informer les professionnels
de santé sur le risque d’ulcérations cutanées et muqueuses associé au traitement.
•
Victrélis® (bicéprévir) et interaction pharmacocinétique : le Victrélis utilisé pour le traitement de
l'hépatite C pourraient avoir une interaction avec les antiprotéases utilisées dans le traitement du VIH, en
réduisant l'efficacité de ces traitements quand ils sont co-administrés.
•
Primpéran® métoclopramide contre-indiqué chez l'enfant. Contre-indication des spécialités à base de
métoclopramide (Primpéran® et génériques) chez l’enfant et l’adolescent et renforcement des informations
sur les risques neurologiques (dyskinésies) et cardiovasculaires (↑QTc)
•
Gilenya® (fingolimod) et renforcement de la surveillance cardio-vasculaire lors de l'instauration du
traitement chez les patients présentant une forme très active de sclérose en plaques rémittente-récurrente
en raison de son effet bradycardisant.
Directeurs de la Rédaction : Dr HILLAIRE-BUYS, Dr. V. PINZANI-HARTER
Ont participé à la rédaction de ce journal : H. PEYRIERE, C EIDEN, C. PHILIBERT
Service de Pharmacologie Médicale et Toxicologie Hôpital Lapeyronie 34295 MONTPELLIER Cedex 5
Tél. : Secrétariat : 04.67.33.67.57 – Internes : 04.67.33.67.56 Fax : 04.67.33.67.51
Mails: [email protected], [email protected], [email protected]
Site internet: http://www.chu-montpellier.fr/fr/vigilance/
1
Attention aux allergies croisées avec le kétoprofène
(d'après le mémoire de Lucie Aububert)
Une réaction croisée se manifeste lorsqu’un patient allergique à une substance présente une récidive
envers une autre substance. On parle alors de co-sensibilisation. La photosensibilisation au Kétoprofène
est documentée depuis plusieurs années (alertes de l'Afssaps à ce sujet). L’octocrylène, molécule
largement utilisée, en cosmétique peut également induire des photosensibilisations.
Le kétoprofène, AINS, dérivé de l’acide arylcarboxylique est utilisé à la
fois par voie topique (gel) et systémique. Entre 1987 et 2010, 855 cas de
photosensibilisation concernant le Ketum® et le kétoprofène gel ont été
déclarés aux différents CRPV en France. Ce sont des réactions de
photosensibilisation ou photoallergiques dans 89% des cas. Ces
photoallergies ne sont pas dues au radical aryl propionique, mais au
noyau diphénylcétone. Elles se présentent le plus souvent sous forme
d’eczéma vésiculo-bulleux pouvant se généraliser, persister deux à quatre semaines, même après l’arrêt
du traitement. L’exposition solaire est un facteur déterminant puisque le plus grand nombre de cas est
observé entre juin et septembre. Une photosensibilisation persistante peut être possible ; la réaction se
déclenche de nouveau sur la même zone lors d’une nouvelle exposition solaire jusqu’à deux ans après
l’arrêt du médicament. Les personnes présentant une photoallergie de contact au kétoprofène ont
souvent une réaction photo-induite également positive à d’autres allergènes de structure chimique
équivalente ou non, comme par exemple l'acide tiaprofénique, le fentichlor, l’octocrylène, le fénofibrate,
et les dérivés de benzophénone.
L’octocrylène est un filtre chimique organique utilisé dans les produits solaires et
cosmétiques depuis plusieurs années. Sa partie acrylate lui confère une protection
contre les UVB et UVA courts. Sa partie éthylhexanol (alcool gras) lui donne son
pouvoir émollient et sa résistance à l’eau. Ce composé est sur le marché depuis
1995. Il possède des propriétés de photostablilité, serait non allergène, non irritant et
essentiellement hydrophobe. Cependant, depuis 2003, de nombreux cas de
photosensibilisation à cette molécule ont été déclarés avec des allergies de contact
et principalement des photoallergies de contact avec des photopatch-tests positifs. L’utilisation des
produits de protection solaire a remarquablement augmenté avec la prévention de la carcinogénèse et
du photovieillissement. Les enfants affichent plus souvent des allergies de contact à l'octocrylène car ils
sont généralement soumis à des quantités plus élevées de crèmes solaires avec un grand nombre
d'applications renouvelées et un rapport surface corporelle/poids assez important. De plus, les crèmes
solaires destinées aux enfants sont en général plus chargées en octocrylène pour obtenir un indice de
protection plus élevé. Nous remarquons également que les patients avec des allergies ou photoallergies
de contact aux filtres UV présentent aussi des allergies de contact positives aux conservateurs et
parfums (fragrance mix) utilisés dans les produits solaires ainsi que dans les produits contenant du
kétoprofène.
Dans une étude italienne, (1) de 2004 à 2006, des patch-tests et photopatch-tests sur 1082 patients ont
été réalisés. L'octocrylène a donné des réactions positives pour 23 des patients. Il est capable d’induire
à la fois des allergies de contact (20-40%), des photoallergies de contact (60-80%). En 2010, des études
Françaises et Belges ont rapporté jusqu'à 50 cas de patchs et photopatch-tests positifs à l'octocrylène
chez des patients réagissant de façon positive au kétoprofène ou aux produits solaires. La plupart de
ces patients avaient des antécédents de photoallergies de contact au kétoprofène. (2). C'est pour ces
raisons qu'il est important de réaliser des patch-tests et photopatch-tests en UVA avec toute une batterie
standard et avec tous les filtres solaires lors de l'exploration d'une photosensibilisation supposée au
kétoprofène. Un débordement fréquent des lésions du site d’application est observé lors d’une
photosensibilisation au kétoprofène en photopatch-tests.
Des hypothèses intéressantes ont été formulées concernant principalement les structures chimiques et
photochimiques du kétoprofène et de l’octocrylène. On ne sait pas si l'octocrylène lui même pourrait
provoquer une photoallergie au kétoprofène et ainsi induire un phénomène inverse. Le principal produit
de photodégradation du kétoprofène, dans une solution aqueuse neutre, est le 3-éthyle benzophénone.
La benzophenone pourrait être un dénominateur commun à la co-sensibilisation octocrylènekétoprofène. Une autre hypothèse serait que l'octocrylène peut causer des réactions allergiques en
2
générant en autre un complexe immunogène qui peut également être formé avec le kétoprofène en
présence d'UV (Photoallergie de contact octocrylène/kétoprofène). Cependant, des études
supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
Que peut-on conseiller aux patients ?
- Sachant que l’octocrylène est susceptible de provoquer des allergies cutanées
sévères chez l’enfant, il est donc préférable d’utiliser des écrans minéraux.
- Les patients présentant une photoallergie au kétoprofène doivent éviter toute
utilisation de produits solaires contenant de l’octocrylène, mais également des
parfums et de l’oxybenzone.
- Il faut informer les patients sur les produits solaires ne contenant pas d’octocrylène, de
benzophénones et de parfums. Se référer à la liste d’éviction des produits solaires contenant de
l’octocrylène.
- Eviter la prescription de gels anti-inflammatoires en période ensoleillée sur les zones photoexposées devant la fréquence des allergies et surtout des photoallergies de contact.
- Pendant un traitement au kétoprofène et les deux semaines suivant l’arrêt, éviter de s’exposer
au soleil et aux UVA, protéger les zones traitées par le port d’un vêtement.
- Arrêter immédiatement le traitement de kétoprofène en cas d’apparition d’une réaction cutanée
y compris les réactions cutanées apparaissant après co-application de produits contenant de
l’octocrylène.
- Procéder à un lavage soigneux et prolongé des mains après chaque utilisation du gel afin
d’éviter tout contact involontaire avec des zones susceptibles d’être exposées au soleil.
- En cas d’antécédents d’allergie cutanée au kétoprofène, à l’acide tiaprofénique, au fénofibate, à
un produit solaire, aux parfums ou même aux excipients, il est contre-indiqué d’utiliser l’un de
ces produits.
Liste non exhaustive des dérivés contenant de l'octocrylène.
ACM : données 2011
Depiwhite S
AVENE : données 2011
Cleanance solaire
Crème SPF 20
Crème SPF 30
Crème SPF 50+
Crème SPF 50+ sans parfum
Crème teintée SPF 20
Crème teintée SPF 50+
Emulsion SPF 50+
Lait SPF 30
Lait SPF 50+
Lait enfant SPF 50+
Spray SPF 10
Spray SPF 20
Spray SPF 30
Spray SPF 50+
Spray enfants SPF 30
Spray enfants SPF 50+
Stick SPF 30
Stick SPF 50+
Hydrance optimale riche SPF 20
Hydrance optimale légère SPF 20
BIODERMA: données 2011
Gamme PhotodermMAX
MAX crème 40ml, SPF 50+
MAX crème teintée 40ml; SPF
50+
MAX fluide 40ml, SPF 50+
MAX ultra fluide, SPF 50+
MAX ultra fluide teinté claire,
SPF 50+
MAX ultra fluide teintée dorée,
SPF 50+
MAX stick 4g, SPF 50+
EUCERIN : données 2010
Sun fluid visage SPF 50+
Sun crème visage SPF 50+
Sun spray SPF 50+
Sun lotion peau sèche SPF 50+
Sun crème teintée SPF 50+
Sun lotion SPF 50
Sun spray kids SPF 50+
Sun LEB SPF 25
Huile sèche soyeuse corps
protection moyenne SPF 15
Spray ultra léger corps et visage
protection moyenne SPF 15
Compact teint éclat visage très
haute protection SPF 50+
Gloss scintillant lèvres protection
faible SPF 10
Crème correctrice rides profondes
SPF 15
EUGENE PERMA : données 2010
Chen Yu sun control teint crème
SPF 50
GARNIER AMBRE SOLAIRE :
données 2011
UV sensitive très haute protection
SPF 50+ lait protecteur peaux
intolérantes
UV sensitive très haute protection
SPF 50+ crème protectrice peaux
intolérantes
Enfants très haute protection SPF
50+ lait hydratant
Clear project + SPF 50+ spray
corps protecteur transparent
GALDERMA : données 2011
Cetaphil UVA/UVB SPF 50
GALENIC : données 2010
Crème légère visage très haute
protection SPF 50+
Spray ultra léger corps et visage
très haute protection SPF 50+
Lait velouté corps haute
protection SPF 50
Fluide extrême visage haute
protection SPF 30
Crème légère visage haute
protection SPF 30
Gamme Photoderm SPF 30
Crème 40ml
Fluide 40ml
Spray 200ml
Spray 400ml
Gamme Photoderm SPF 15
Crème 40ml
Spray 200ml
Spray 400ml
GUINOT : données 2010
Large Ecran UV
Stick Anti-UV
HYSEKE (Laboratoire
BAILLEUL BIORGA) : données
2010
Hyseke Solaire SPF 25 moyenne
protection
Hyseke Solaire SPF 50 haute
protection
LA ROCHE POSAY : données
2011
Gamme Anthélios :
Fluide extrême SPF 50+
Fluide extrême teinté SPF 50+
LIERAC : données 2010
Gamme solaire :
L011 - L012- L013 -L014 Soin de
teint, fluide lissant mat
NOREVA LED : données 2010
Soladerm HP crème solaire SPF
30
Soladerm HP crème solaire SPF
50+
Soladerm HP spray solaire SPF
50+
PIERRE RICAUD (Docteur) :
données 2009
Anti-âge fondamental visage
solaire SPF 20 intelligence soleil
(ref. 52785)
Anti-âge fondamental corps SPF
20 intelligence soleil (ref. 11702)
ROC (Laboratoire JOHNON &
JOHNSON) : données 2009
Minesol triple défense lait spray
solaire SPF 30
Minesol triple défense lait spray
solaire SPF 20
Minesol triple défense crème
fluide SPF 50+
Minesol triple défense soin antitâches brunes SPF 50+
Minesol triple défense crème
fluide anti-brillance SPF 30
Minesol protect and bronze lait
velours SPF 50+
Minesol protect and bronze lait
velours SPF 30
Minesol application express SPF
20
Minesol application express SPF
30
3
MAX lait 100ml, SPF 50+
MAX spray 200ml, SPF 50+
MAX spray 400ml, SPF 50+
CLINIQUE : données 2010
Crème corps SPF 40
Crème corps SFP 30
Crème visage et corps SPF 15
Crème visage SPF 30
Crème visage SPF 40
Stick protection ciblée SPF 35
Even better hydratant anti-taches
correction teint SPF 20
Superdefense hydratant protecteur
anti-âge peau mixte à grasse SPF 25
Youth surge anti-rides hydratant
peau très sèche à sèche SPF 15
DAYLONG (Laboratoire SPIRIG)
: données 2011
Daylong Sun & Snow stick SPF
30
DERMACEUTIC : données 2010
Sun Ceutic SFP 50
Gamme Spécifiques
Ski 20ml + 2g, SPF 50+
Photerpes 4g, SPF 50+
Laser 30ml, SPF 50+
Kid spray 200ml, SPF 50+
Kid lait coloré 100ml, SPF 50+
AR crème teintée 30ml, SPF 50+
AKN spray 100ml, SPF 30
AKN Mat fluide 40ml, SPF 50+
Gamme Photoderm BRONZ
BRONZ crème 40ml, SPF 50+
BRONZ spray 200ml, SPF 50+
BRONZ crème 40ml, SPF 30
BRONZ spray 200ml, SPF 30
BRONZ crème 40ml, SPF 15
BRONZ spray 200ml, SPF 15
CENTRALE DES PEELINGS :
données 2009
Sun ceutic haute protection solaire
FPS 50
Spray ultra léger corps et visage
haute protection SPF 30
Lait velouté corps haute
protection SPF 30
Fluide extrême corps SPF 50+
Spray SPF 50+
Lait SPF 50+
Stick zones sensibles SPF 50+
Stick lèvres SPF 50+
Dermo-Pediatrics spray aérosol
SPF 50+
Dermo-Pediatrics spray multipositions SPF 50+
Fluide extrême AC SPF 30
Lait SPF 30
Spray SPF 30
Spray SPF 20
Autres gammes :
Derm Aox soin multi-correcteur
rides éclat peaux normales à mixtes
Derm Aox soin multi-correcteur
rides éclat peaux sèches
Mela-D
Mela-D mains
Redermic XL
Rosaliac XL
Rosaliac XL riche
Substiane UV
Minesol application express SPF
50
SAINT-GERVAIS (Laboratoire
RIVADIS) : données 2010
Crème soin soleil très haute
protection
Spray solaire haute protection
VICHY : données 2011
Crème protectrice visage SPF 25
Crème protectrice visage SPF 50
Huile solaire SPF 20
Huile solaire SPF 40
Spray protection cellulaire
profonde SPF 30
Lait protecteur corps SPF 50+
Lait SPF 30
Spray protecteur corps SPF 50+
Stick ultra protection zones
sensibles SPF 50+
Lait visage et corps enfants SPF
50+
Spray enfants SPF 50
Spray multi-position enfants SPF
30
1-Karlsson I, Vanden Broecke K, Mårtensson J, Goossens A, Börje A. (2011) Clinical and experimental studies of octocrylene's allergenic potency. Contact
Dermatitis. 64:343-52
2-Avenel-Audran M, Dutartre H, Goossens A, Jeanmougin M, Comte C, Bernier C, Benkalfate L, Michel M, Ferrier-Lebouëdec MC, Vigan M, Bourrain JL,
Outtas O, Peyron JL, Martin L. (2010) Octocrylene, an emerging photoallergen. Arch Dermatol. 146:753-7
4
ADDICTOVIGILANCE
Abus, et mésusage de dextrométorphane (DXM) chez les adolescents
Nous sommes alertés depuis plusieurs mois par la consommation abusive de médicaments à base de
dextrométhorphane, antitussif dérivé des opiacés, disponible en pharmacie sans ordonnance.
Cet abus de déxtrométorphane par les adolescents a été rapporté dès les années 1960 aux Etats-Unis. En France
quelques cas sporadiques étaient régulièrement rapportés, mais la prévalence de cet abus restait marginal.
Depuis quelques mois, la diffusion par des séries américaines ou par Internet des propriétés psychoactives du
dextrométhorphane a coïncidé avec une augmentation des cas de déclarations d'abus et de mésusage de cette
molécule par les jeunes (14-18 ans).
Cet abus est observé chez des lycéens qui consomment de grandes quantités (plusieurs comprimés) en
association à de l'alcool dans une visée euphorisante et planante. Récemment, plusieurs de ces adolescents ont
été pris en charge dans des services d'urgence.
Chimiquement proche de la codéine, la molécule possède une action agoniste sur les récepteurs opïodes sigma-1,
et antagoniste sur les récepteurs N-methyl-D-aspartate (NMDA). A fortes doses, le dextrométhorphane est
métabolisé en dextrorphan. Les effets pharmacodynamiques du dextrorphan et dans une moindre mesure du
dextrométhorphane sont similaires à des molécules telles que le LSD, la kétamine, ou la psilocybine, appartenant
donc au groupes de substances provoquant des effets dissociatifs et hallucinogènes. Cette molécule possède
également un potentiel d'addiction et peut induire chez les patients abuseurs chroniques des syndromes de
sevrage.
En France, le potentiel d'abus et de dépendance du Dextrométhorphane est en cours d'évaluation par l'Unité des
Psychotropes et des Stupéfiants de l'Afssaps afin de prendre des mesures pour limiter ces abus.
Si vous êtes confrontés à ce type d'abus, n'hésitez pas à nous contacter.
Actualités en Addictovigilance
Suboxone

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La Suboxone, association buprénorphine/naloxone a été récemment commercialisée (début 2012) en
France, après avoir obtenu une Autorisation de mise sur le Marché en 2006.
Traitement substitutif des pharmacodépendances aux opiacés, dans le cadre d'une thérapeutique globale
de prise en charge médicale, sociale et psychologique, cette association s'inscrit dans le cadre
thérapeutique des patients qui mésusent le produit (buprénorphine) par voie intra-veineuse.
La naloxone antagoniste des récepteurs aux opiacés possède une très faible résorption sublinguale, alors
qu'elle antagonise l'action de la buprénorphine si le patient consomme le médicament par voie
intraveineuse.
Les conditions de prescription sont identiques à celles de la buprénorphine.
Deux dosages sont disponibles: 2 mg buprénorphine / 0.5 mg naloxone et 8 mg buprénorphine / 2 mg
naloxone
Cette forme est commercialisée depuis quelques années dans d'autres pays, et des articles font état d'un
mésusage de cette spécialité. Par exemple, une étude australienne de surveillance post-AMM qui trouve
une prévalence de l'injection dans les six derniers mois par les patients pour la buprénorphine 28% [IC95%
20-36] versus 13% [IC95% 7-19, p < 0.05] pour l'association [1].
[1]. Larance B. et al, Post marketing surveillance of buprenorphine-naloxone in Austria: Diversion, injection
and adherence with supervised dosing. Drug Alcohol Dependance 2011; 118: 265-273.
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Harmonisation des conditions de prescription
L'Afssaps a publié sur son site Internet un document explicatif qui fait suite à la publication de l'arrêté
du 9 mars 2012 publié au JO du 20 mars concernant l'harmonisation des conditions de prescription des
médicaments administrés par voie orale à base de flunitrazépam, buprénorphine, clonazépam et
clorazépate dipotassique.
Flunitrazépam
par voie orale
Statut
Ordonnance sécurisée
Rédaction posologie en
toutes lettres
Durée maximale de
prescription
Prescription avec
délivrance fractionnée
Renouvellement de
prescription
Chevauchement de
prescription
Buprénorphine
> 0,2 mg par
voie orale
Clorazépate
dipotassique
≥ 20 mg par
voie orale
Liste 1
Conditions de prescription
Obligatoire
Obligatoire
Clonazépam Buprénorphine
par voie orale ≤ 0,2 mg par
voie orale
14 jours
28 jours
28 jours
12 semaines
12 mois
Oui∗
7 jrs au max
Interdit
Oui∗
7 jrs au max
Interdit
Non
Non
Non
Interdit
Autorisé sur
Autorisé sur
indication du
indication du
prescripteur
prescripteur
dans la limite dans la limite de
de 12 sem
12 sem
Interdit sauf mention du prescripteur
Autorisé
Conditions de délivrance
Délai de présentation
Absence de délai de carence
de l'ordonnance
Fractionnement de la
Oui
Oui
Non
Non
Non
délivrance
Durée de traitement 7 jours maximum sauf mention du
28 jours
30 jours
30 jours
délivrable
prescripteur
Enregistrement du nom
Obligatoire en plus de l'inscription du nom et de l'adresse du patient
et de l'adresse du
porteur de
l'ordonnance si ce n'est
pas le patient
Justificatif d'identité si
Obligatoire
le porteur
d'ordonnance n'est pas
connu du pharmacien
Conservation de
Obligatoire
l'ordonnance pendant 3
ans
∗ Toutefois, le prescripteur peut pour des raisons particulières tenant à la situation des patients, exclure le
fractionnement en portant sur l'ordonnance la mention "Délivrance en une seule fois".
http://www.afssaps.fr/var/afssaps_site/storage/original/application/6f16dacc3b89d66c0021946b9181c5f6.pdf
Céline Eiden & Hélène Peyrière
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Antenne Médicale de Prévention du dopage
Un grand MERCI à tous les professionnels de santé pour leur participation aux différents outils des CEIPAddictovigilance ; en effet le recueil d'information est nécessaire pour l'évalu
La déclaration d’un effet indésirable médicamenteux (EIM) ou d'une dépendance est une obligation légale qui
permet de détecter et d'évaluer la fréquence de survenue de ces effets (Décret du 13 mars 1995). Il faut considérer
cette déclaration obligatoire non pas comme une contrainte administrative, mais comme un devoir de santé
publique dont les patients et le corps médico-pharmaceutique sont les bénéficiaires directs.
Un sujet particulier à traiter vous interresse, n'hésitez pas à nous en faire part….
Pensez à consulter régulièrement nos sites Internet Pharmacovigilance,
Addictovigilance et Antenne Médicale de Prévention du Dopage
Lien : http://www.chu-montpellier.fr/fr/vigilance/
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