Le bois-énergie ne met pas en péril l`industrie du bois

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Le bois-énergie ne met pas en péril l`industrie du bois
Le bois-énergie ne met pas en péril l’industrie du bois
Source : Bioénergies International - Novembre 2010
La filière bois-énergie fait actuellement l’objet d’attaques de la part de l’industrie des panneaux
de particules et de fibres. Il est reproché aux acteurs de la filière bois-énergie de mettre à mal
l’activité économique des fabricants de panneaux en captant la ressource en bois au détriment
de ces derniers. Un tel reproche est inexact, comme l’attestent les éléments d’informations
suivants.
1/ Bois-énergie : des volumes de bois stables depuis une vingtaine d’années
La consommation de bois pour produire de l’énergie est restée stable en France sur les deux
dernières décennies, qu’il s’agisse du bois destiné aux chaufferies industrielles ou collectives,
ou du bois utilisé pour le chauffage domestique. Deux catégories de bois sont concernées : le
bois rond (grume, bille, rondin ou bûche) et les plaquettes forestières.
Bois rond : le volume commercialisé à des fins énergétiques a peu varié
depuis 1990
Les exploitations forestières ont commercialisé annuellement entre 2,5 et 3 millions de m3 de
bois rond destiné à produire de l’énergie sur les deux dernières décennies, essentiellement
sous forme de bois bûche. Le secteur d’activité du bois industrie n’a donc pas eu à pâtir au
cours de cette période d’une pression particulière sur ses volumes traditionnels
d’approvisionnement. A titre d’illustration, les volumes de réception des seuls rondins pour
l’industrie de la trituration, qui étaient de 8,7 Mm3 en 1999, se sont élevés à 9,6 Mm3 en
2006, soit une augmentation limitée à 1,5% par an.
Plaquettes forestières : une production encore faible
Les professionnels évaluent à 300 000 tonnes/an la production de plaquettes forestières
commercialisées actuellement en France pour l’énergie, soit un volume particulièrement faible
à l’échelle globale du marché français du bois. Si le volume de production de plaquettes est
appelé à croître de manière importante dans les prochaines années, cette hausse se fera
essentiellement à partir des « menus bois », c’est-à-dire de petits bois (branches, houppiers…)
valorisables en énergie. Le développement des chaufferies bois ne viendra donc pas capter une
ressource destinée jusqu’ici à l’industrie du panneau.
Bois bûche : une consommation énergétique de plus en plus performante
La consommation de bois pour le chauffage domestique est une activité qui échappe pour
partie aux statistiques. La commercialisation du bois bûche emprunte en effet souvent des
circuits de proximité qui ne font pas l’objet d’une facturation ou d’une saisie fiscale. Ainsi, on
considère que la moitié du bois de feu est autoconsommée par des familles rurales et 40% font
l’objet de transactions de proximité (économie grise). Seulement 10% du bois bûche
consommé en France seraient commercialisés par des professionnels déclarés pour cette
activité. Au global, l’autoconsommation est estimée à 33 Mm3, dont 24 Mm3 récoltés dans les
forêts de production, hors haies et bosquets (Cf. Observatoire de l’énergie 2006).
Cette consommation de bois bûche est appelée à rester stable. En effet, le Grenelle de
l’environnement a fixé l’objectif de faire passer de 6 à 9 millions le nombre de foyers équipés
en appareils de chauffage au bois d’ici 2020, ceci à consommation de bois constante, grâce à
l’amélioration des performances énergétique des appareils de chauffage au bois. Actuellement,
80% des appareils domestiques de chauffage au bois vendus en France sont labellisés «
Flamme Verte », label de qualité du chauffage au bois qui exige un rendement énergétique
minimum de 70%. Il y a 10 ans, la moyenne des rendements des appareils mis sur le marché
était de 50%. Or, le passage d’un rendement de 50 à 70% fait économiser 30% de
combustible.
Le développement du chauffage au bois domestique ne prélèvera donc pas davantage de bois.
2/ Un gisement forestier à fort potentiel
La France est un grand pays forestier : 28% du territoire métropolitain est couvert par la forêt,
soit plus de 16 millions d’hectares. Cette surface a été multipliée par deux en 150 ans et
l’exploitation des forêts françaises est partielle au regard de sa croissance biologique et de ses
disponibilités de récolte. Selon une étude publiée par l’ADEME en février 2010, les volumes de
bois disponibles pour l’industrie et l’énergie sont évalués à 46,1 Mm3 (Cf. tableau ci-dessous)
dans les conditions économiques, techniques et environnementales actuelles.
En outre, s’ajoute à cet important volume exploitable (46,1
valorisables uniquement en énergie (bois de diamètre
supplémentaire de menus bois pour l’énergie est évalué à
dans les conditions techniques et économiques actuelles (Cf.
Mm3), l’ensemble des menus bois
inférieur à 7 cm). Le volume
près de 7 millions de m3 par an,
ADEME – étude précitée).
3/ Bois-énergie : une filière encadrée par les pouvoirs publics
Le Grenelle de l’environnement a défini des objectifs de développement du bois-énergie à
l’horizon 2020. Ce développement est strictement encadré et contrôlé par les pouvoirs publics,
en particulier au niveau de la ressource bois.
Quatre appels d’offre ont été lancés depuis 2004 pour développer la production d’électricité à
partir de bois/biomasse. Les cahiers des charges des appels d’offre exigent ainsi un plan
d’approvisionnement validé depuis 2007 par les préfectures de région.
Parent pauvre des énergies renouvelables pendant des décennies, la production de chaleur
bénéficie depuis 2009 d’un outil de développement puissant : le Fonds Chaleur. Ce fonds, géré
par l’ADEME, cofinance essentiellement des projets de chaufferies bois/biomasse. Là encore,
les exigences requises pour concourir aux appels à projets sont fortes : les dossiers présentant
des risques importants de conflits d’usages de la ressource sont écartés.
4/ Une industrie du panneau en pleine restructuration
Les enjeux économiques des filières industrielles des panneaux de bois sont essentiellement
des enjeux de restructuration et de modernisation de leurs outils de production, et non des
enjeux liés au développement souhaité et attendu de la filière bois énergie.
Conclusions
1. Le développement du bois-énergie s’appuiera majoritairement sur les menus bois, ces
derniers n’étant pas en concurrence avec le bois de trituration traditionnellement utilisé par
l’industrie ; pour ce qui concerne la valorisation des déchets de bois et des produits connexes
de scierie dont la ressource est contrainte, le dispositif des plans d’approvisionnement doit
permettre de gérer les éventuels conflits d’usage.
2. Le développement du bois énergie est appelé à dynamiser toute l’économie forestière en
favorisant la réalisation des éclaircies, en mobilisant davantage de propriétaires forestiers et
en générant davantage de bois d’œuvre et d’industrie.
3. Les représentants des producteurs, membres de France Biomasse Energie (FBE), se
déclarent prêts à examiner les besoins que pourraient exprimer les unités de fabrication de
panneaux rencontrant des difficultés d’approvisionnement, afin d’engager avec elles un
dialogue constructif qui se place dans une réelle logique économique et contractuelle.
4. Le développement du bois énergie contribue à la structuration des filières
d’approvisionnement en bois et favorisera la création de plate-forme dédiées a la production
de bois et susceptibles d’alimenter les besoins de l’industrie du bois, dont les panneauteurs.
5. Enfin, le développement du bois énergie est appelé à mettre à la disposition de l’industrie du
bois une production de chaleur bon marché et intégrée à leur politique globale
d’approvisionnement.