Objet : la situation financière de France 3 Bretagne Monsieur, Vous
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Objet : la situation financière de France 3 Bretagne Monsieur, Vous
R E P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E Maryvonne BLONDIN Yannick BOTREL Jean-Luc FICHET Edmond HERVE Odette HERVIAUX Ronan KERDRAON Virginie KLES Jacky Le MENN François MARC Quimper le 20 novembre 2012 A l’attention de Monsieur JeanHervé GUILCHER Délégué du personnel de France 3 Bretagne Objet : la situation financière de France 3 Bretagne Monsieur, Vous avez bien voulu attirer notre attention sur vos craintes relatives aux difficultés financières du groupe France Télévisions et à leurs répercussions sur la pérennité des emplois des salariés, des programmes locaux et sur le développement régional de la chaîne. Nous vous en remercions. L’audiovisuel public n’échappe pas à l’effort exceptionnel prévu dans la loi de finances pour 2013. Cependant, en sus de la crise économique et financière, l’imprudence du gouvernement précédent a fragilisé considérablement le groupe France Télévisions. En effet, son mode de financement a été modifié, en 2009, malgré l’opposition virulente des sénateurs socialistes avec la mise en œuvre de la suppression partielle de la publicité, entre 20 heures et 6 heures. La compensation de cette perte de recettes avait été obtenue par la mise en place de deux taxes (l’une sur les recettes publicitaires des opérateurs audiovisuels, moins productive que prévue et l’autre, dite « taxe télécoms » en passe d’être déclarée non conforme à la réglementation européenne par la cour de Justice de l’Union européenne) supposées financer une dotation budgétaire, par essence non pérenne et soumise aux aléas des volontés politiques et de la productivité effective de ces recettes fiscales. SENAT - 15, RUE DE VAUGIRARD - 75291 PARIS Cedex 06 – Tél. : 01 42 34 43 75 - Fax : 01 42 34 43 74 PERMANENCE PARLEMENTAIRE - 21, RUE LE DEAN- 29000 QUIMPER – Tél. : 02 98 52 24 72 - Fax : 02 98 52 27 94 EMAIL: [email protected] , [email protected] Ainsi, faisant écho aux mises en garde répétées des parlementaires socialistes, la situation financière de l’audiovisuel public s’est rapidement trouvée précarisée. Le résultat de cette politique fut aussi immédiat que catastrophique sur le plan financier pour France Télévisions. Alors que, fin 2008, les recettes publicitaires et de parrainage de France Télévisions représentaient près d’un tiers des moyens de financement du groupe, avec près de 800 millions d’euros, en 2013, elles n’atteindront que 358 millions d’euros soit 75 millions de moins que les prévisions du COM ; manque à gagner difficile à compenser par la dotation budgétaire de 256 millions €, soumise aux aléas des deux taxes voulues par le gouvernement « Sarkozy-Fillon ». Face à ses responsabilités et malgré un contexte économique général difficile, le gouvernement Ayrault a fait le choix, de revaloriser la contribution à l’audiovisuel public. Ainsi les ressources publiques octroyées au secteur affichent une hausse notable de 3,3%, grâce à la revalorisation du tarif de la « redevance » qui augmentera de quatre euros. Cette tendance sera renforcée après adoption de l’amendement du groupe socialiste du Sénat qui devrait permettre de gonfler les crédits destinés au secteur de quelques 50 millions € supplémentaires en augmentant le tarif de la redevance de deux euros, et permettre ainsi à France Télévisions de se rapprocher, des objectifs budgétaires fixés par le plan d’affaires du COM. En 2013, les ressources publiques s'élèveront ainsi à 3397,7 M€ contre 3 290 M€ en 2012 (+ 3,16%) ; celles-ci pourraient même atteindre 3 447, 7 M€ si l’amendement proposé par les sénateurs socialistes est adopté, soit une hausse de +4,5%. Rappelons, à titre de comparaison, qu’en 2012, la hausse globale des ressources publiques attribuées à l'audiovisuel public ne s’est élevée qu’à 2,1%. Pour autant, il est certain, vous le comprendrez aisément, que la hausse des recettes ne viendra pas rééquilibrer le budget de l’audiovisuel public, largement fragilisé par le gouvernement précédent. La politique de réduction du périmètre de France 3, la filialisation de cette antenne au sein du groupe France Télévisions et la restriction de ses moyens humains et financiers découlent de l’application directe de la loi de 2009. Cette fragilisation, ayant touché particulièrement les antennes régionales de France 3, a entraîné par voie de conséquence une remise en cause préoccupante du fonctionnement de ces dernières. Le mouvement de grève du 2 octobre dernier a pu témoigner de la souffrance au travail vécue par l’ensemble des salariés du groupe. Or il est essentiel, et c’est la position des sénateurs socialistes, de préserver les missions de service public du groupe France Télévisions auxquelles participent pleinement les rédactions régionales de France 3. Il est nécessaire de garantir une télévision de proximité, à fort rayonnement local et identité régionale, reflétant la richesse culturelle et économique des territoires. Personne ne 2 pourra contester que France 3 Bretagne joue un rôle majeur dans le lien social de la Région et dans la transmission de la langue et de la culture bretonne. Mais le constat est clair. Malgré l’effort budgétaire entrepris par le gouvernement actuel, il faudra être plus exigeant, et faire avec moins de ressources, pour pérenniser le profil de chaîne publique régionale de France 3. Dans ce cadre, nous nous félicitons que France Télévisions et l’État aient engagé des discussions pour signer un avenant au COM 2011-2015, de façon à établir un nouvel équilibre entre les objectifs et les moyens alloués au groupe France Télévisions. Les discussions autour du prochain COM devraient permettre que la télévision publique continue à proposer des programmes de qualité, qu’ils soient régionaux ou nationaux, en langue française ou en langue régionale. Au moment où une nouvelle loi sur l’audiovisuel est en cours d’élaboration, vous pouvez compter sur notre engagement résolu, pour la défense d’un service public audiovisuel performant, et pour la préservation d’une télévision de proximité que constitue France 3 Bretagne. Nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments distingués. Au nom des sénateurs socialistes bretons Maryvonne Blondin 3