en savoir plus - Auteurs en Rhône-Alpes

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PRIX RHÔNE-ALPES DU LIVRE 2007
LITTÉRATURE
TRADUCTION
ESSAI
JEUNESSE
Rhône-Alpes met le livre à l’honneur en 2007. À l’aube d’une refonte de la politique régionale en
faveur du livre et de la lecture, qui prendra appui sur une concertation avec les professionnels au
mois de juillet, il apparaît vital de donner d’autres perspectives à cette économie, et aux professionnels qui la font vivre.
Si nous voulons faire exister la culture dans notre pays, il importe qu’elle s’exprime dans sa
diversité. C’est à cette condition seulement que nous pourrons garder chez nous les auteurs
et traducteurs de talent, les éditeurs indépendants qui savent découvrir et révéler les perles
rares, et enfin les libraires indépendants, ces indispensables passeurs qui donnent tout son équilibre à l’édifice. Si l’on veut sauver le livre de la standardisation, il convient d’abord de préserver
ces différents maillons de la chaîne.
Parce qu’ils se rattachent aux politiques régionales en faveur de la création littéraire, de l’édition et de
la diffusion du livre, les Prix Rhône-Alpes du livre poursuivent cet objectif. Ils s’ouvrent cette année
à une nouvelle catégorie, le livre jeunesse, qui distingue un romancier ou un auteur-illustrateur
d’albums pour enfants. Dans une région experte en la matière, qui sait émerveiller les enfants aussi
bien sur papier que sur écran, ce Prix Jeunesse nous a paru s’imposer de lui-même...
Félicitations à Camille Jourdy, première lauréate de ce prix, ainsi qu’à John Berger, Yves Citton et
Claude Demanuelli. Leurs livres témoignent cette année encore du choix très éclectique des
membres des deux jurys, et de cette nécessité d’entretenir la flamme de la diversité.
Bernadette Laclais
Vice-présidente du Conseil régional
Rhône-Alpes, déléguée à la Culture
John Berger est né à Londres en 1926 et vit depuis plus de trente ans à Quincy, un village de Haute-Savoie.
Critique d’art reconnu, écrivain multiple, essayiste engagé, il a publié une trentaine de livres en France.
John Berger
LITTÉRATURE
D’ici là
© Jean Mohr
Éditions de l’Olivier
John Berger, D’ici là
Traduit de l’anglais
par Katya Berger Andreadakis
Éditions de l’Olivier
252 p., 20 €
“Écris simplement ce que tu trouves”, dit-elle.
“Je ne saurai jamais ce que j’ai trouvé.” “Non,
tu ne le sauras jamais.” Elle, c’est le fantôme
de la mère de John Berger, morte il y a quinze
ans, revenue pour une rencontre dans les rues
de Lisbonne. L’une des figures tutélaires qui
peuplent D’ici là, un roman qui, en huit textes
lumineux, mêle de manière intime et sensuelle les vivants et les morts. Pour chacun,
un hommage poétique et un étrange voyage,
de Kraków à Genève, de Lisbonne à Madrid.
Chacun dessine en creux le visage de l’auteur,
à sa manière un écrivain-voyageur, né en
Angleterre et vivant depuis longtemps en
Haute-Savoie. Il saisit l’éphémère, déroule son
fil ; un chant d’oiseau, l’odeur d’une soupe,
le goût d’un fruit, la voix d’une humanité
généreuse. Avec lui, nous entrons avec douceur dans la confusion, dans un monde qui
vit toutes portes ouvertes entre le réel et le
rêve, non par peur de l’exil mais par goût du
voyage littéraire, simplement. Cathy Bouvard
Extrait de bibliographie
• G., Éditions de l’Olivier,
réédition en 2002
• L’Oiseau blanc,
Champ Vallon, 2000
• Photocopies,
Éditions de l’Olivier, 1999
• King, Éditions
de l’Olivier, 1999
Agrégée d’anglais, universitaire, Claude Demanuelli est arrivée à la traduction professionnelle par le biais de la
théorie de la traduction, qui a fait l’objet de son enseignement et de plusieurs manuels. Le travail “à quatre
mains” qu’elle accomplit en collaboration avec Jean Demanuelli leur a permis de livrer plus de cinquante
ouvrages au cours des vingt dernières années : de Virginia Woolf à John Updike, de Henry James à Zadie Smith,
ainsi que plusieurs représentants de la littérature indienne anglophone comme Hari Kunzru ou Pankaj Mishra.
Claude Demanuelli
TRADUCTION
La Cité des amants perdus, de Nadeem Aslam
Le Seuil
D.R.
Le choix de couronner Claude
Demanuelli pour cette traduction,
sans oublier Jean Demanuelli, avec
qui elle travaille “à quatre mains”,
a une valeur emblématique. Il vient
en effet confirmer la place unique
occupée par les traducteurs dans la
littérature et la culture d’aujourd’hui. Il y a plusieurs décennies
déjà, Michel Butor n’hésitait pas
à voir dans la traduction une dimension essentielle de l’écriture
moderne. Mais ce trait, au fil des
années, a pris une épaisseur plus remarquable encore avec le questionnement que l’évolution de nos sociétés n’a cessé de placer sous nos
yeux : un questionnement des cultures et de leurs déplacements, sur
fond de leur survie au sein de pays parfois lointains ; et ces témoignages
peuvent prendre des figures contrastées, allant des échanges aux confrontations les plus dramatiques. La Cité des amants perdus de Nadeem
Aslam illustre cette évolution.
Claude et Jean Demanuelli, eux, se trouvent à ce carrefour, et cela depuis
des années. L’occasion était belle de leur accorder une consécration méritée. Avec ce roman, Claude Demanuelli illustre à merveille les orientations
évoquées ici. Elle parvient à faire passer une vision de la culture pakistanaise
en tant que celle-ci se trouve elle-même, en Angleterre, en un moment historique de passage interculturel. À la suite de son auteur, elle en décrit les
déchirements, souvent lourds de tragédies. Et elle a su garder, c’est-à-dire bel
et bien recréer, tout un monde de perceptions hautement poétiques au centre
du vécu de cette communauté, et qui constituent son âme. Ce faisant, elle
restitue de façon émouvante une œuvre authentique et achevée : cet art qui
est le sien est celui des meilleurs traducteurs de notre temps. Jacques Aubert
Claude Demanuelli
La Cité des
amants perdus,
de Nadeem Aslam
Le Seuil, 426 p., 23 €
Dernières traductions
en collaboration avec
Jean Demanuelli
• La Nuit de l’infamie.
Une confession,
Michael Cox,
Le Seuil, 2007
• Leela, Hari Kunzru,
10/18, 2007
• Tu chercheras mon
visage, John Updike,
Le Seuil, 2006
Né à Genève en 1962, docteur ès lettres, Yves Citton a été longtemps professeur associé à l’université de
Pittsburgh, aux États-Unis. Depuis 2003, il est professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’université
de Grenoble 3 – Stendhal. Membre du comité de rédaction de la revue Dix-huitième siècle et de la revue
Multitudes, il a publié une cinquantaine d’articles sur Rousseau, Diderot, Potocki, André Chénier, l’histoire
de la pensée économique, la philosophie politique, la théorie littéraire ou le free jazz.
Yves Citton
ESSAI
L’Envers de la liberté
L’invention d’un imaginaire spinoziste
dans la France des Lumières
Yves Citton signe sur Spinoza
une étude d’une ampleur qui étonnera bien des philosophes
chevronnés. Avec ce Spinoza-hypertexte, lu à travers ses lecteurs et ses détracteurs (qui furent ses meilleurs propagandistes), nous épousons les chances d’une pensée, son élan
sur les chemins bifurqués d’une transmission aléatoire. Le
bloc compact de L’Éthique se trouve ici étiré sur un siècle,
déplié, dépecé au hasard des rencontres qui essaiment une
philosophie en la faisant vivre. Taillant dans ce gemme de
mots, Yves Citton cisèle des vocables d’une illuminante proximité, bien faite pour éclairer notre époque : famille du monde,
de l’onde, du mode, de la mode et de l’ode ; cousinage de la
justice et de l’ajustement, ou de la raison, du réseau et de la
résonance ; saute-mouton sur Spinoza l’épineux, mais aussi
l’araignée… Voici un traité des résonances à longue portée, un
livre des ruses aussi – “Caute !”, c’est-à-dire “méfie-toi”, devise
spinoziste – et de la contrebande d’écrire, ou de communiquer.
On y feuillette les couches d’un texte équivoque, on y affronte
son ironie tenace, on y poursuit à sauts et à gambades la grande
passion, toujours rallumée au cœur des hommes, de la liberté.
Cette liberté est rendue palpable, et contagieuse, dans la passion d’écrire d’Yves Citton, docteur en oxymores, en passages
secrets, en étymologies baroques et en objets biscornus,
statues élastiques, harpes éoliennes… Ainsi déployé, le scandaleux spinozisme, ce corps de doctrine dont son auteur luimême mesura mal toute la portée (car nous ne savons pas a
priori “ce que peut un corps”), cascade, rebondit, infiltre notre
modernité ; il est désormais partout. Daniel Bougnoux
D.R.
Éditions Amsterdam
Yves Citton, L’Envers de la liberté
L’invention d’un imaginaire
spinoziste dans la France
des Lumières,
Éditions Amsterdam, 592 p., 25 €
Bibliographie
• Portrait de l’économiste en physiocrate. Critique littéraire de l’économie
politique, L’Harmattan, 2001
• Impuissances. Défaillances
masculines et pouvoir politique de
Montaigne à Stendhal, Aubier, 1994
• Les Doctrines orthographiques
du XVIe siècle en France,
avec André Wyss, Droz, 1989
Née à Chenôve, près de Dijon, en 1979, Camille Jourdy a passé son enfance dans le Jura. Après avoir fréquenté
l’École des Beaux-arts d’Épinal, elle obtient le diplôme supérieur des Arts décoratifs de Strasbourg en 2005.
Auteur-illustratrice, elle vit désormais à Lyon.
Camille Jourdy
JEUNESSE
Peau d’ours
Éditions Drozophile
D.R.
Faut-il, même pour un ours,
se garder de vendre la peau
de son ennemi avant de l’avoir
tué ? Il est vaillant, en tout
cas, ce petit ours rose, si délicieusement rose, qui gravit,
jusqu'aux limites de l’épuisement, les sommets en quête
d’une créature cyclopéenne.
Son projet, il le confie à un aréopage de cinq jeunes femmes, frivoles et désœuvrées, qui tuent le temps, dans un manoir isolé et perdu dans les hauteurs, entre
danse, alcool, tabac et lecture. Épousant la cause de l’ursidé, curieux champion
égaré dans cet Olympe blanc, les belles attendent avec espoir l’issue de l’affrontement. Mais, passé le premier regard, elles s’aperçoivent qu’il ne reste guère
de l’ours rose qu’une coiffe fourrée, des bottes griffues et une paire de moufles…
Dans ce bref album muet, Camille Jourdy parvient à mener un récit subtil
et ambigu, délicieusement pervers aussi (jusque dans la composition du
livre, les gardes disant l’inentamable insouciance des belles comme la 4e de
couverture trahit la versatilité des femmes…). Avec un ton qui rappelle
par le trait comme par l’humour celui d’Edward Gorey – un trait sobre, vif,
expressif, qui évoque aussi celui de Joann Sfar –, Camille Jourdy campe une
situation extrême, aux sous-entendus délicats, avec une fausse naïveté jouissive. Chaque âge y lira la transgression selon son sens de l’audace, mais la
palette layette retenue par l’auteur déjoue les censeurs et achève de
convaincre qu’on peut tout dire, quel que soit l’âge du lecteur. Tout n’est
qu’affaire de talent. Et Camille Jourdy n’en manque résolument pas. Mieux
qu’un coup de maître, un bijou. Philippe-Jean Catinchi
Bibliographie
• Séraphine ou le charme incertain,
Drozophile/Quiquandquoi, 2006
• L'été où j'ai grandi, Actes Sud Junior,
2006, roman de Jo Hoestlandt
• Sophie la Pie à Bruxelles, avec
Clémence Lafarge, Le Baron Perché, 2005
• Une araignée, des tagliatelles
et au lit, tu parles d'une vie,
Drozophile/Quiquandquoi, 2004
Camille Jourdy,
Peau d'ours,
Éditions Drozophile,
Album non paginé,
sérigraphie trois
couleurs, 22 €
AUTEURS, TRADUCTEURS, ESSAYISTES DISTINGUÉS DEPUIS 1989
LITTÉRATURE
TRADUCTION
ESSAI
1989
Claude Burgelin, Georges Perec,
Le Seuil
Bernard Simeone pour
l’ensemble de son œuvre
Christiane Chauviré,
Ludwig Wittgenstein, Le Seuil
1990
Jeannette Colombel, Les Amants
de l’ombre, Flammarion
Pierre Deshusses,
Les Fenêtres éclairées
de Heimito Von Döderer, Rivages
Georges Didi-Huberman,
Devant l’image, Minuit
1991
Christian Bobin, Une petite robe
de fête, Gallimard
Hélène Leroy, La Frontière
de F. Vegliani, Verdier
Daniel Bougnoux, La Communication par la bande, La Découverte
1992
Sylvie Doizelet,
Chercher sa demeure, Gallimard
Michèle Guidicelli, Les Grands
Capitaines de Jorge de Sena,
Anne-Marie Métailié
Roger Chartier,
L’Ordre des livres, Alinéa
1993
Jean-Jacques Salgon,
07 et autres récits, Verdier
Yves Bichet, Sorlingues
de D. Constantine, La Dogana
Henri Maldiney,
L’Art, l’éclair de l’être, Comp’Act
1994
Pierre Charras, Monsieur Henri,
Mercure de France
Jacques Ancet, Paysage
avec des oiseaux jaunes
de Jose-Angel Valente, José Corti
Jean-Pierre Martin,
Henri Michaux, écritures de soi,
expatriations, José Corti
1995
Patrick Drevet,
Le Miroir aux papillons, Belfond
Bernard Hoepffner,
Trop de chair pour Jabez
de Coleman Dowell, Climats
Bernard Lahire, Tableaux
de familles, Gallimard/Le Seuil
1996
Pierre Péju, La Vie courante,
Maurice Nadeau
Céline Schwaller-Balaÿ, Indigo
de Marina Warner,
Le Serpent à plumes
Marc Jeannerod, De la physiologie
mentale, Odile Jacob
1997
François Montmaneix, Vivants,
Le Cherche midi
Colette Kowalski, Demeure,
pénombre, mensonge
de Botho Strauss, Gallimard
Jean-François Forges,
Éduquer contre Auschwitz, ESF
1998
Jean Pérol, Un été mémorable,
Gallimard
Georges Nivat, Une journée en
février de Mark Kharitonov, Fayard
Jean-Claude Rolland,
Guérir du mal d’aimer, Gallimard
1999
Valère Novarina,
Devant la parole, Pol
Denis Denjean, Uta Müller,
Masante de Wolfgang
Hildesheimer, Verdier
Serge Lancel,
Saint-Augustin, Fayard
TRADUCTION
ESSAI
2000
Pierre Senges,
Veuves au maquillage, Verticales
Mireille Blanc-Sanchez,
La Raphaëlle d’Alessandro
Piccolomini, Ellug
Thierry Vincent,
L’Anorexie, Odile Jacob
2001
Guy Walter, Le Caravage, peintre,
Verticales
Michel Lafon, Un épisode
dans la vie du peintre voyageur
de César Aira, André Dimanche
Régis Debray,
Dieu, un itinéraire, Odile Jacob
2002
Jacques A. Bertrand,
Derniers Camps de base
avant les sommets, Julliard
Patrick Vighetti, La Chanson
de Colombano d’Alessandro
Perissinotto, La Fosse aux ours
Denis Pelletier,
La Crise catholique, Religion,
société, politique en France
(1965-1978), Payot
2003
Jane Sautière, Fragmentation
d’un lieu commun, Verticales
Paula et Christian Nabais,
Bienvenue à Rovaniemi
de Jari Tervo, Denoël
Jean-Luc Hennig, Martial,
Fayard
2004
2005
Lionel Bourg, Montagne noire,
Le Temps qu’il fait,
collection Lettres du Cabardès
André Fayot, Souvenirs d’enfance
et de jeunesse
de John Muir, José Corti,
Domaine romantique
Jacques Damez, Hans Hartung
photographe, la légende
d’une œuvre, La Lettre volée,
collection Palimpsestes
2006
Emmanuel Venet,
Précis de médecine imaginaire,
Éditions Verdier
Bertille Hausberg,
Sartre et la Citroneta,
de Mauricio Electorat,
Éditions Anne-Marie Métailié
Laurent Douzou, La Résistance
française : une histoire périlleuse,
Éditions du Seuil, Points Histoire
PRIX RHÔNE-ALPES DU LIVRE 2007
Région Rhône-Alpes
Direction de la culture
78, route de Paris
B.P. 19 - 69751
Charbonnières-les-Bains cedex
tél. : 04 72 59 52 70
fax : 04 72 59 48 57
www.rhonealpes.fr
Agence Rhône-Alpes
pour le livre et la
documentation (ARALD)
1, rue Jean-Jaurès
74000 Annecy
tél. : 04 50 51 64 63
fax : 04 50 51 82 05
www.arald.org
Les Prix Rhône-Alpes du livre, qui récompensent
chaque année un ouvrage de littérature,
une traduction, un essai, et, depuis cette année,
un livre pour la jeunesse, sont destinés à
soutenir et à promouvoir les auteurs qui vivent
ou travaillent dans la région. Gérés depuis 1994
par l'Arald, avec le concours de la Région
Rhône-Alpes, ces prix sont attribués par deux
jurys composés d'écrivains, de journalistes,
d'universitaires, de bibliothécaires et de
responsables de manifestations littéraires.
perluette-atelier.com
LITTÉRATURE