rapport de stage - Le blog de Florence Porcel

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rapport de stage - Le blog de Florence Porcel
RAPPORT DE STAGE
Florence PORCEL
Master 1 Information Communication
SOMMAIRE
I] PARENTHESE RADIO ...................................................................................................... 3
A)
Présentation générale .................................................................................................. 3
B)
Parenthèse Radio : une exception............................................................................... 3
C)
La programmation et les animateurs .......................................................................... 3
• LA MATINALE 8h - 9h du lundi au vendredi ............................................................. 3
• LES P’TITS LOUPS 9h - 11h du lundi au vendredi .................................................... 4
• BABY BOOM 11h - 13h du lundi au vendredi ............................................................. 4
• LA CIGOGNE 13h - 14h du lundi au vendredi ............................................................ 5
• ENFANTS ADOS 14h - 15h du lundi au jeudi ............................................................. 5
• FEMININ SINGULIER 17h - 19h du lundi au jeudi ................................................... 6
• FAMILLE HEBDO 14h - 15h le vendredi ................................................................... 6
• LE 5 à 7 17h - 19h le vendredi ....................................................................................... 6
II] MON RÔLE, MES FONCTIONS ..................................................................................... 7
A)
Le standard ................................................................................................................. 7
B)
Les statistiques ........................................................................................................... 9
C)
La gestion du matériel et des cadeaux ...................................................................... 10
D)
La chronique « cinéma » .......................................................................................... 10
E)
Les publicités et les spots de promotion................................................................... 11
F)
Journaliste-assistante ................................................................................................ 12
La préparation.......................................................................................................... 12
Le direct.................................................................................................................... 14
III] REFLEXIONS ................................................................................................................. 16
A)
La programmation de Parenthèse Radio : une grille améliorable ............................ 16
Absence de Médiamétrie : des conséquences ? ........................................................ 16
Stratégies de programmation : M. Macé pourrait-il aider Parenthèse ? ................ 17
Propositions pour une nouvelle grille ...................................................................... 18
B)
Les préoccupations des auditeurs et les théories des sociologues ............................ 19
Le cours sur l’amour dans les sociétés réflexives répondrait aux préoccupations des
auditeurs ........................................................................................................................... 19
Les théories sociologiques à l’épreuve des témoignages ......................................... 20
C)
La radio de l’intimité ................................................................................................ 21
La radio prend la place du prêtre ou du psychologue ............................................. 21
La radio participe à la quête de l’identité ................................................................ 21
La radio n’assouvit en aucun cas un désir de célébrité ........................................... 22
IV] ANNEXES ........................................................................................................................ 23
- Parenthèse Radio en dates .................................................................................................. 24
- CV
……………………………………………………………………………………...E
rreur ! Signet non défini.26
- CV artistique ......................................................................... Erreur ! Signet non défini.27
- Article du « Canard enchaîné », 08/04/2009 ........................ Erreur ! Signet non défini.28
- Article dans « Siné Hebdo » du 15/04/2009 ......................... Erreur ! Signet non défini.29
- Fiche émission « Les P’tits Loups » du 16/03/2009 ............. Erreur ! Signet non défini.30
- Fiche émission « Les P’tits Loups » du 17/03/2009 ............. Erreur ! Signet non défini.31
2
V] BIBLIOGRAPHIE ............................................................... Erreur ! Signet non défini.32
Ce rapport de stage n’en est pas vraiment un. En effet, je n’ai pas effectué de stage à
proprement parler à Parenthèse Radio : j’y suis employée en CDI au titre de « Chef du
Standard Auditeurs » depuis le 2 octobre 2008, à raison de 26 heures par semaine. Ce qui était
à la base un emploi destiné à subvenir à mes besoins s’avère une réelle expérience dans le
monde de la radio. C’est la raison pour laquelle, avec l’accord de l’administration, je me sers
de cette expérience dans le cadre du stage obligatoire à effectuer. Je vais donc dans un
premier temps présenter Parenthèse Radio, puis décrire mes rôles et mes fonctions au sein de
l’entreprise, et enfin je ferai un parallèle entre mon expérience professionnelle et la théorie
que m’apportent les cours d’Information et de Communication à Paris 3.
I] PARENTHESE RADIO
A) Présentation générale
Parenthèse Radio, comme son nom tend à l’indiquer, est une radio nationale destinée avant
tout aux parents, et à la famille en général. C’est une radio en format « talk », c’est-à-dire
qu’elle ne diffuse pas de musique : le temps d’antenne est uniquement utilisé par des
émissions thématiques – soit en direct (de 8h à 19h du lundi au vendredi), soit en rediffusion
des meilleures émissions de la semaine (le week-end, et la nuit de 19h à 8h).
B) Parenthèse Radio : une exception
Parenthèse Radio a émis sur les ondes FM pour la première fois le 1er octobre 2007. Elle fête,
à l’heure où j’écris ces lignes, ses 16 mois d’existence. C’est donc une toute jeune radio, qui a
bénéficié d’un soutien exceptionnel de la part du CSA.
En effet, elle a bénéficié dans les mois qui ont suivi sa création de 14 fréquences sur tout le
territoire français (Creil, Meaux, Melun, Clermont-Ferrand, Limoges, Dijon, Marseille,
Troyes, Tours, Toulouse, Amiens, Caen, Le Mans, Laval), ce qui n’était jamais arrivé dans
l’histoire de la radio et qui suscite, bien sûr, beaucoup de jalousie de la part des grands
groupes.
C) La programmation et les animateurs
Les émissions en direct commencent à 8h pour se terminer à 19h, et ce tous les jours du lundi
au vendredi.
• LA MATINALE 8h - 9h du lundi au vendredi
• L’émission
Pendant une heure, trois à quatre thématiques liées à la famille sont discutées
avec des intervenants, en fonction de l’actualité : les vacances aux sports
d’hiver, le problème de la garde lors des grèves des enseignants, la prévention
liée au Sida, la lutte pour le pouvoir d’achat dans les familles nombreuses, la
sécurité routière, etc…
• L’animateur
Passionné de radio depuis toujours, Arnaud Richard se destine au
Arnaud
journalisme via la faculté de droit. Premier poste à 20 ans au sein d’une banque
Richard
de programme, il apprend le métier sur le terrain puis part à Nîmes sur NRJ.
3
Ensuite sur Sport’O FM, Evasion FM, Sports.fr où il présente les informations nationales et
sportives. A 25 ans, il est recruté sur le réseau national MFM et rejoint ensuite la rédaction
des sports de Radio France Internationale. Par la suite, il intègre la banque de programme
Arobuzz et présente les flashes d’informations pour plusieurs radios. En 2005, Arnaud crée
l’agence de presse GOOD NEWS PRESSE et fournit l’information de plus de cinquante
stations de radio.
• LES P’TITS LOUPS 9h - 11h du lundi au vendredi
• L’émission
C’est une émission sur les enfants en âge d’être scolarisés (entre 6 et 10 ans
environ). Pendant deux heures, une thématique par jour est abordée :
l’hyperactivité, la jalousie dans la fratrie, l’éducation, le rôle des grandsparents, comment lui parler de la mort, de la sexualité, les bienfaits de
l’activité sportive, le diabète, la violence dans les écoles, l’alimentation,
l’adoption par des couples homosexuels, etc… A chaque émission, des invités
sont conviés pour donner leur point de vue et répondre aux questions des
auditeurs et des auditrices. Ce sont le plus souvent des professionnels de la
Laurence
santé (pédiatres, pédopsychiatres, psychologues, médecins), des responsables
Peraud
d’associations, ou des professionnels des métiers liés à l’enfance (professeur
des écoles, assistantes maternelles, etc).
• L’animatrice
Tout commence par le théâtre à Paris pour Laurence Peraud, où elle s’inscrit au cours Simon
tout en suivant un cursus en Lettres, Arts, Expression et Communication. Après 10 ans
d’animation évènementielle, elle commence une carrière chez Radio France en 2000 :
reportages, chroniques, émissions, interviews, évènements et réalisations deviendront son lot
quotidien et lui ouvriront les portes de France Inter (étés 2005 et 2006). Depuis 2003, en
parallèle de la radio, de l’animation et de quelques contrats de comédienne, Laurence présente
différentes émissions, en direct sur M6 Boutique. Laurence est également maman d’un garçon
de 13 ans.
• BABY BOOM 11h - 13h du lundi au vendredi
• L’émission
C’est une émission aux thématiques basées sur les petits et les tout-petits (de 0
à 5 ans). Pendant deux heures par jour, un sujet est abordé : l’arrivée d’un
petit frère ou d’une petite sœur, l’entrée en maternelle, les systèmes de gardes
d’enfant, les étapes du langage, comment déceler d’éventuels problèmes de
comportement ou de santé, les peurs (loup, monstres, noir), le pipi au lit, les
familles recomposées, avoir un animal de compagnie, etc… Là encore, des
invités du monde professionnel interviennent pour exposer les problèmes,
donner les solutions, parler des avancées, et répondre aux questions des
Gaëlle
auditeurs et des auditrices.
Renard
• L’animatrice
Gaëlle Renard est la maman de deux garçons Milan (5 ans) et Noé (2 ans). Elle a travaillé sur
France Inter et France Culture, avec Claude Villers notamment. Chroniqueuse actuellement
pour les « Maternelles » sur France 5, elle est également l’auteur de Au secours, elle veut des
fraises - La grossesse expliquée aux garçons et Au secours je suis maman ! (Éditions
Leduc.s).
4
• LA CIGOGNE 13h - 14h du lundi au vendredi
• L’émission
C’est une émission sur la grossesse et l’accouchement. Pendant une heure
tous les jours, un sujet est abordé : les grossesses multiples, les FIV, la
péridurale, les grands prématurés, le meilleur endroit pour accoucher, les
différents types d’accouchement, le rôle du mari pendant la grossesse, le bébé
en siège, l’avortement thérapeutique, médicaments et grossesse, etc… Là
également, des intervenants sont invités à expliquer, conseiller, et rassurer les
auditrices. Il s’agit surtout de professionnels de la santé (gynécologuesobstétriciens, sages-femmes, psychologues, personnels de maternité, etc).
Bérengère
• L’animatrice
Lou
Bérengère Lou débute la radio à Lyon en 2001 sur Radio Scoop. Quelques
mois plus tard Hit & Sport, une radio thématique lui ouvre ses portes. Du carnaval de Nice à
celui de Dunkerque elle se transforme en reporter et animatrice pour différentes radios : radio
Altitude en PACA, radio6 à Calais, pour intégrer Radio France en 2004. Son autodérision lui
permet en septembre 2007, de rejoindre la matinale de Rire et Chansons. Toujours à l’affût de
nouvelles aventures depuis mars 2007, elle devient chroniqueuse et journaliste pour la revue
culturelle ledoigtdansloeil.com, et pour le magazine FHM.
• ENFANTS ADOS 14h - 15h du lundi au jeudi
• L’émission
Comme son nom l’indique, cette émission traite des préadolescents et des
adolescents. Pendant une heure à raison de quatre jours par semaine, un sujet
est abordé : mon ado prend tout mal, mon ado est enceinte, mon ado est à la
maison comme à l’hôtel, mon ado me parle mal, mon ado ne communique
plus, l’anorexie, les MST, mon ado ne supporte pas ma nouvelle compagne,
la sexualité, les dangers d’Internet, mon ado passe son temps à jouer aux jeux
Gilles Tessier
vidéos, comment expliquer la crise à mon ado, etc… Là encore, des
professionnels sont là pour répondre à toutes les inquiétudes des auditeurs et
des auditrices.
• Les animateurs
Intervieweur des stars tous les samedis à 19h20 sur TF1 dans « 50 Minutes Inside » présenté
par Nikos Aliagas et Sandrine Quétier, Gilles Tessier est également présentateur sur la chaîne
TNT Cap 24 et auteur de Booster votre couple aux éditions Ramsay. En radio, il a été
chroniqueur sur France Inter et présentateur sur la BBC.
Christian Spitz, alias « le Doc’ », 57 ans, est médecin pédiatre et exerce à
Paris. Il a animé pendant de nombreuses années « Lovin Fun » et répondait
aux interrogations des adolescents. Christian Spitz a également animé sur
RMC de 2001 à 2004 « Christian Spitz Médecin » et « Christian psy show »,
« Leçons d’amour » et « Coucou c’est nous » (1993-1994) sur TF1 et
l’émission « Chelaouate » sur France 2. Depuis 2 ans, il anime « Face à moi »
sur Téva. Il est membre du conseil scientifique du « Fil Santé Jeune » depuis
sa création en 1995 et a été membre de la consultation nationale des jeunes
en 1994. Très engagé dans l’accompagnement des jeunes, il a organisé et
Christian
animé 3 campagnes nationales de prévention contre le sida ainsi qu’une
Spitz
campagne de prévention des MST et de la grossesse et soutient de
5
nombreuses associations en banlieue parisienne. Il est l’auteur de nombreux ouvrages traitant
des problèmes des adolescents, et il est père de 6 enfants.
• FEMININ SINGULIER 17h - 19h du lundi au jeudi
• L’émission
Cette émission parle aux femmes avant tout, et pendant deux heures du lundi
au jeudi en fin de journée, un sujet par émission est abordé : les rencontres
sur Internet, comment être au top de la mode à moindre prix, être une femme
en banlieue, mon homme a peur de s’engager, la relation mère/fille père/fille,
ces femmes qui ont un don de voyance, la contraception, les femmes
alcooliques, j’ai décidé de ne pas avoir d’enfant, se débarrasser de ses
complexes, etc… Là aussi, des professionnels et des associations sont invités
pour
débattre et répondre aux questions posées.
Kenza
• L’animatrice
Braiga
Kenza Braiga, née en Irak, est écrivain et animatrice radio. Elle et sa famille
ont quitté leur pays d'origine pour fuir la guerre du Golfe. Elle s'est fait connaître en France
par le biais de l'émission Loft Story, où elle ne restera que trois semaines et vis-à-vis de
laquelle elle conservera un regard critique. Entre 2003 et 2004, Kenza présentera plus de 200
émissions sur Radio Orient.
• FAMILLE HEBDO 14h - 15h le vendredi
• L’émission
Cette émission hebdomadaire est portée sur la famille en règle générale, avec
des sujets les plus variés possible : les Français et les antidépresseurs, la garde
alternée, les dangers des régimes chez les adolescents, la psychiatrie en
danger, les relations parents/enfants, etc… Avec, toujours, des professionnels
intervenants.
• L’animateur
Serge Hefez est psychiatre, psychanalyste et thérapeute familial et conjugal.
Responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de
Serge Hefez
l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, il intervient dans
de nombreux colloques nationaux et internationaux sur les problématiques du couple et de la
famille. Il est également responsable d’un service de soutien psychologique pour les
personnes touchées par le sida. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, ainsi que de plusieurs
séries documentaires pour la télévision dont « Psyché » et « Accro » sur France 5 (nommé aux
Sept d’Or 2001). Il intervient régulièrement dans la presse écrite et à la télévision et tient un
blog qui analyse l’actualité « Famille, je vous haime ».
• LE 5 à 7 17h - 19h le vendredi
• L’émission
Une fois par semaine, cette émission traite du couple et de la sexualité : les
thérapies de couple, les sextoys, la timidité dans les rapports sentimentaux,
comment rompre, comment surmonter un chagrin d’amour, l’alcool dans le
couple, faut-il réaliser tous ses fantasmes, faut-il tout se dire dans un couple,
etc… Là encore, des professionnels sont là pour répondre à toutes les
inquiétudes des auditeurs et des auditrices. Il y a également l’intervention de
deux chroniqueurs : l’un pour les dernières tendances sexuelles (Lionel
Gilles Tessier
6
Duchamp), l’autre pour le cinéma (moi-même1).
• L’animateur
Intervieweur des stars tous les samedis à 19h20 sur TF1 dans « 50 Minutes Inside » présenté
par Nikos Aliagas et Sandrine Quétier, Gilles Tessier est également présentateur sur la chaîne
TNT Cap 24 et auteur de Booster votre couple aux éditions Ramsay. En radio, il a été
chroniqueur sur France Inter et présentateur sur la BBC.
II] MON RÔLE, MES FONCTIONS
A) Le standard
La gestion du standard est ma principale activité au sein de Parenthèse Radio : je suis « chef
du standard auditeurs » selon l’intitulé de mon contrat de travail. Terme un peu pompeux qui
veut simplement dire que je suis responsable :
- de la réception des appels et des mails des auditeurs souhaitant participer aux
émissions
- de leur résumé et de leur transmission aux animateurs en studio
- de l’envoi des cadeaux aux auditeurs gagnants et de la gestion du stock
- de l’élaboration des statistiques de la semaine chaque lundi
- de la gestion du stock des fournitures de la radio et des commandes
Je suis aidée par une stagiaire qui est là à plein temps.
Le format étant du format « talk », la priorité est donnée à la parole des auditeurs qui
souhaitent intervenir. Ils ont deux moyens de le faire : soit par un coup de fil2, soit en
envoyant un formulaire via le site de Parenthèse
Radio3. Dans les deux cas, mon rôle est de faire un
résumé de leur intervention en quelques mots (ce qui
peut parfois s’avérer très compliqué quand la
personne est au téléphone et qu’elle est très
bavarde), puis de choisir (ou pas) de faire passer
l’auditeur à l’antenne, en concertation avec
l’animateur en studio et son assistant en régie. Ça
implique de rester toujours très attentive à ce qui se
dit à l’antenne pour faire intervenir les auditeurs les
plus intéressants. Par exemple, je préfère rappeler en
priorité l’auditeur qui a un avis différent de ce qui
vient de se dire, ou bien qui a une question qui sort
de l’ordinaire, ou bien qui a une expérience
particulière qui pourrait intéresser le plus grand
Standard
nombre. Il faut veiller à ce que l’émission soit
vivante, que tous les points de vue puissent être exprimés, et que les auditeurs aient le temps
d’intervenir sans être frustrés.
1
CF p. 10
01 70 62 9000 : appel non-surtaxé. C’est nous qui rappelons ensuite les auditeurs qui
souhaitent passer à l’antenne.
2
3
www.parentheseradio.fr
7
Voici un exemple de formulaire :
Prénom (obligatoire) : xxxxxx
Numéro de téléphone (obligatoire) : xxxxxxxxx
Adresse email : xxxxxxx
Code postal : xxxxx
Commune : xxxxx
Année de naissance : xxxx
Message : j ai 3 enfants, des jumeaux de 15mois garcon et fille ainsi qu une plus grande fille qui a maintenant
30moins. je me suis separée du papa de ma petite xxxxxx pendant ma grossesse, et connu le papa des jumeaux
alors qu’elle n avait que 5 mois. depuis ce jour nous sommes tous ensemble. c est tres difficile a vivre meme si
xxxxxxx ne semble pas en souffrir elle connait son papa, cela a ete tres facile au debut mais plus le temps passe
plus les petites crises se font voir. mon compagnon est different avec elle qu avec les jumeaux moins patient
plus dur. moi je fais malgré tout des difference car je compense ce que ma fille ne recoit pas de son pere car j ai
l impression qu il y a trop de difference et que ma fille souffre. pour le moment ma fille vie surment mieux la
situation que moi. petit ou grand je pense que ce n est pas plus facile car les problemes arrivent petit a petit.
Il a été envoyé le 16 mars, pour une émission (Baby Boom, en l’occurrence) programmée le
19 mars. J’ai donc le temps de le rentrer dans la base, pour le décortiquer au mieux,
sélectionner les informations les plus intéressantes du témoignage, et faire une synthèse
correcte. Mais s’il était arrivé en cours d’émission (comme c’est le cas en règle général), je
n’ai que quelques secondes pour faire le résumé de mails qui sont parfois beaucoup plus
longs, et beaucoup plus approximatifs en ce qui concerne l’orthographe, la grammaire et
l’expression...
L’intérêt de créer une fiche et de l’enregistrer dans le logiciel est double : les renseignements
récoltés sur l’auditeur nous servent pour faire les statistiques et ainsi savoir qui nous écoute et
où, et le résumé sert évidemment à l’animateur et à son assistant pour faire une émission de la
meilleure qualité possible.
Il y a bien entendu une marche à suivre. Je commence d’abord par remplir les champs
obligatoires : prénom, sexe, statut (auditeur occasionnel, auditeurs fréquent, invité, etc…),
date de naissance, code postal, ville, etc. Puis ensuite, vient le résumé en lui-même, en
indiquant en premier lieu la provenance du témoignage (TEL pour un appel, NET pour un
formulaire, INV pour invité), la date, et si possible (puisque nous sommes une radio qui
s’adresse à la famille) le nombre et l’âge des enfants. Ensuite, vient le résumé en lui-même,
qui ne doit pas dépasser les 30 mots.
Voici donc le résumé du mail ci-dessus, pour l’émission dont l’intitulé est Famille
recomposée quand les enfants sont petits, c’est plus compliqué ? :
NET JEUD 19/03 - Maman xxxxxxx 2a ½ et jumeaux (fille garçon) 1a - Séparée du père d’xxxxxx qd j’étais
enceinte - Rencontré le père ds jumeaux qd elle avait 5 mois - Très difficile à vivre - Mon compagnon plus dur,
moins patient avec elle - Je compense ce qu’elle ne reçoit pas de son père - Petit ou grand c’est pareil : les
problèmes arrivent petit à petit
C’est ce texte-là qui s’affiche sur l’écran de l’animatrice en studio, avec d’autres informations
essentielles. Cela lui permet de savoir qui est l’auditrice quand elle arrive à l’antenne, de
pouvoir la présenter (exemple : « bonjour xxxxx, vous avez xx ans, vous êtes à xxxxx dans le
xxxxxxxx où vous nous écoutez sur le 88.1, et vous êtes maman de 3 enfants de 2 pères
différents… »), et de préparer quelques minutes à l’avance les questions qu’elle pourrait poser
8
aux professionnels invités (par téléphone ou en studio) pour provoquer une transition habile
vers le témoignage de cette auditrice.
Je tire deux principaux enseignements de cette expérience au standard. Le premier, c’est que
je gère beaucoup mieux mon stress à force de m’occuper d’émissions en direct plusieurs
heures par jour. Cela m’est très utile notamment en période d’examens, ou bien avant de
passer à l’oral dans le cadre d’un exposé.
Le deuxième point positif, c’est que, à force de faire des résumés à longueur de journées, ma
capacité de synthèse s’est considérablement améliorée. Quand je prends des notes lors d’un
cours, quand je prépare des fiches en vue de révisions, ou bien quand je rédige un devoir, je
vais plus rapidement et plus efficacement vers l’essentiel. Cela me permet de gagner en clarté,
en temps, et en efficacité.
Ce travail au standard ne sert pas qu’à permettre aux émissions d’être les plus intéressantes
possibles. Avec les renseignements récoltés et enregistrés au fur et à mesure, nous pouvons
avoir une base statistique indispensable au fonctionnement de la radio.
B) Les statistiques
A chaque fin d’émission, je dois faire le récapitulatif des appels et des mails des auditeurs :
combien de chaque ? de quels départements ? Après avoir collecté toutes les informations
utiles, je les enregistre dans différents tableaux. A la fin de la semaine, on peut ainsi savoir
combien d’appels et de formulaires a engendrés chaque émission, de quels départements,
quelles catégories d’âge et de sexe sont concernées, etc.
Chaque lundi, je dois faire la synthèse de tous ces renseignements et faire un rapport que je
communique à la directrice, au rédacteur en chef et directeur des programmes, et aux
commerciales. Les animateurs et leurs assistants n’ont pas accès à ce rapport pour éviter tout
conflit, toute jalousie, et ainsi maintenir des conditions de travail saines et agréables.
Cependant, il n’est pas rare que des assistants ou les animateurs eux-mêmes essayent de me
soutirer quelques chiffres, une appréciation, un résultat quelconque…
Ce rapport1 est indispensable pour deux raisons.
• La première, c’est que Parenthèse Radio étant un média trop jeune, nous ne sommes pas du
tout suivis par Médiamétrie. Nous n’avons donc aucune idée du nombre d’auditeurs qui nous
écoutent, d’où ils nous écoutent, quand ils nous écoutent, et de quelles catégories
socioprofessionnelles ils font partie. Ce rapport, avec ces chiffres, ces courbes, ces tableaux,
et cette synthèse, est notre seule source d’informations que nous pouvons diffuser auprès des
annonceurs et des entreprises intéressés pour un partenariat ou des diffusions de publicités.
C’est donc sur la base de ce rapport que Parenthèse Radio peut vivre.
• La deuxième concerne le contenu des programmes. Dans mon rapport, j’essaye au mieux
(ce n’est pas toujours facile puisque je suis à temps partiel) de rendre compte des émissions
qui ont généré le plus de réactions, et surtout de voir au fil des semaines quels sont les sujets
qui intéressent le plus les auditeurs. De plus, les stagiaires qui assistent les animateurs
changeant très souvent, je peux les aider à trouver des angles nouveaux sur des thèmes qui ont
déjà été traités. Mon rapport contient également les demandes spécifiques des auditeurs, les
plaintes, les félicitations - bref, tout ce qui peut aider toute l’équipe à améliorer encore nos
programmes et à satisfaire au mieux les attentes de nos auditeurs partout en France, quelles
1
Je ne pourrai malheureusement pas fournir de document en annexe en guise d’exemple. Une
clause de confidentialité dans mon contrat m’en empêche.
9
que soient leurs origines, leur âge, leur sexe, leur religion, leur catégorie socioprofessionnelle,
et les problèmes de leurs enfants.
C) La gestion du matériel et des cadeaux
Je m’occupe également de quelques aspects plus techniques. Je suis la responsable des
commandes, ce qui implique que je gère tout ce qui est fournitures et équipements divers
(papier toilette, piles, café, produit vaisselle, etc…).
Plus important, et qui me prend plus de temps, est la gestion des cadeaux aux auditeurs. Pour
fidéliser les personnes qui nous écoutent, nous offrons régulièrement, soit en remerciement
d’avoir participé à une émission, soit dans le cadre d’un jeu-concours, de petits objets fournis
par nos partenaires (Tigex, notamment : doudous, tétines, tire-lait, hochets, assiettes
ergonomiques, anneaux de dentition, humidificateur d’air, etc…) ou les livres des
professionnels invités (livres pour enfants, livre-CD, guides, etc…) Il peut également s’agir,
dans le cadre d’une opération de communication, d’abonnements à des magazines, de séjour
aux sports d’hiver, de places de spectacles, d’entrées pour des parcs à thème, etc. Cela
implique de nombreuses correspondances par mail avec les responsables de la communication
des entreprises concernées, et de la gestion des problèmes qui peuvent intervenir (erreurs dans
les coordonnées, malentendus, auditeurs qui s’impatientent, etc…)
L’emballage des lots dont nous nous occupons sur place nous-mêmes et leur envoi prennent
énormément de temps. Nous envoyons en moyenne 60 colis par semaine, qu’il faut
préalablement emballer dans des cartons et protéger de papier Kraft.
D) La chronique « cinéma »
J’ai été engagée à Parenthèse Radio sur la base de mes deux CV : le premier1, « classique », et
le deuxième2, artistique. Parenthèse étant une radio très jeune, elle a besoin de personnes qui
soient le plus polyvalentes possibles, pour lui permettre de se diversifier sans toutefois
engager de frais trop importants.
On m’a proposé de m’occuper de la
chronique « cinéma » début janvier3.
En tant que comédienne, et passionnée
du 7ème art depuis mon enfance, la
direction a pensé que j’étais la plus à
même de présenter à l’antenne chaque
semaine en direct, dans le « 5 à 7 » de
Gilles Tessier le vendredi soir, un film
sorti le mercredi d’avant.
Je dois toujours présenter, autant que
faire se peut selon les sorties, un film
parlant
d’amour,
de
relations
hommes/femmes, voire de sexe,
puisque les thèmes de l’émission sont
En studio pour ma première chronique (09/01/09)
1
Annexe n°2, p. 26
Annexe n°3, p. 27
3
Quelques-unes de ces chroniques sont disponibles sur le support CD à l’intérieur de
l’enveloppe en dernière page.
2
10
le couple et la sexualité. Je m’efforce toujours de préparer ma chronique selon l’angle de
l’émission : lors de l’émission sur les thérapies de couple par exemple, j’ai parlé du fait que
les protagonistes des Noces Rebelles1 auraient eu bien besoin d’une thérapie de couple pour
sauver leur mariage. Et j’ai ensuite développé, présentant le film, dans ce sens.
Ce n’est pas toujours facile, ni possible, de faire un parallèle entre le thème de l’émission
(choisi 3 semaines à l’avance) et le film que je vais voir (2 jours avant, donc). Il y a des
moments de grâce, où les deux sont en parfaite harmonie, mais il y a aussi des références plus
difficiles à trouver.
C’est à la fois un exercice d’écriture passionnant et une véritable passion du direct. Comme
pour la scène, il est difficile de s’en passer une fois qu’on y a goûté.
Pour la première chronique, j’ai
entièrement rédigé mon texte - à la fois
pour me rassurer, et pour qu’il soit
validé par mon rédacteur en chef. Mais
l’émission étant une émission de talk
où les personnes à l’antenne
interagissent, je me suis vite rendu
compte qu’il était complètement inutile
d’arriver en studio avec un texte
complètement préparé. L’animateur
(Gilles Tessier) est là pour me poser
des questions, pour me faire rebondir
sur un sujet, pour demander leur avis
aux personnes à l’antenne… Bref, c’est
plus une discussion et un échange de
Gilles Tessier et moi-même (fév. 09)
point de vue qu’une présentation
sommaire. Je sais, désormais, qu’il faut que je connaisse mon angle, ce que je veux
absolument dire à l’antenne, et les seules notes que je prends avec moi en studio sont pour les
noms des réalisateurs et des comédiens.
Je fais ces chroniques bénévolement, bien sûr. Mais rien ne vaut l’expérience. Avoir la chance
de faire une chronique hebdomadaire en direct sur une antenne nationale n’est pas donnée à
tout le monde, et je remercie ceux qui me permettent de vivre cette aventure enrichissante à
tous les points de vue.
E) Les publicités et les spots de promotion
Le cachet minimum d’un comédien pour l’enregistrement d’un spot radio est de 150€ bruts.
Pourquoi faire une telle dépense alors que les annonceurs savent que je suis à disposition ?...
Je suis parfaitement consciente que c’est de l’exploitation, et que c’est un cachet de perdu
pour un comédien (que ce soit moi ou quelqu’un d’autre), mais j’accepte volontiers tous les
1
Les Noces rebelles, un film de Sam Mendès, avec Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, sorti
le 21 janvier 2009
11
spots à enregistrer1 : encore une fois pour l’expérience, et pour garnir mon CV audio. Et,
également, parce que Parenthèse Radio est un concept prometteur et qui a de l’avenir, et que
je souhaite faire tout ce qu’il y a en mon pouvoir pour nous aider à nous développer2.
Il est important aussi, lorsqu’on est comédien, de savoir se constituer un carnet d’adresses.
Citel Vidéo, Famili, Parents (par exemple) engageront en priorité une personne ayant déjà
travaillé pour eux que quelqu’un qui leur est inconnu. C’est humain et, comme dans tous les
corps de métier, les contacts sont essentiels.
F) Journaliste-assistante
Le 20 janvier 2009, Parenthèse Radio a été placée en redressement judiciaire. Deux mois
après, nous ne passions à l’antenne plus que des rediffusions 3. Réductions des coûts,
animateurs remerciés, stagiaires non remplacés… Seuls restaient les salariés, dont je fais
partie.
Il fut décidé de garder le jeu-concours organisé par un de nos partenaires dans l’émission des
« P’tits Loups ». Il y avait donc 5 émissions à préparer : une émission de 2 heures par jour du
lundi 16 au vendredi 20 mars. Le rédacteur en chef sachant que je me destine au journalisme,
et étant la plus à même de remplir cette tâche, il m’a demandé de relever le défi de préparer 5
émissions en une semaine (en temps normal, les émissions se préparent au minimum 3
semaines à l’avance). J’ai – bien entendu – accepté.
Il y a 2 étapes dans le fait de s’occuper d’une émission : la préparation en amont, et la gestion
du direct.
- La préparation
• Il faut tout d’abord décider des sujets des émissions et de leur angle. Il faut veiller à ne pas
proposer les mêmes sujets dans des périodes de temps trop réduits – tout ceci se fait alors en
concertation avec Philippe Marty, le rédacteur en chef et directeur des programmes.
• Une fois les sujets et les intitulés précis définis, le but est de trouver les invités les plus
pertinents et les plus diversifiés possibles, qui puissent apporter leur avis et leur expérience de
professionnels, et qui acceptent de répondre aux questions éventuelles des auditeurs.
• En règle générale, nous essayons d’inviter des personnes auteurs de livres sur le sujet, en
priorité. Déjà parce que nous sommes sûrs que cette personne saura de quoi elle parle et aura
des réponses à toutes les questions (ou presque, selon les cas !), et ensuite parce qu’ils sont
habitués, en général, à parler dans les médias. En radio, une excellente élocution et une
aisance à l’oral sont indispensables - et il nous est malheureusement arrivé de ne plus faire
appel à des invités passionnants mais qui s’exprimaient mal.
• La principale difficulté à laquelle je me suis heurtée a été le laps de temps très court qui
m’était imparti. Les personnes que je visais en priorité n’étaient pas disponibles, j’appelais un
peu tard… Le plus compliqué n’a donc pas été de trouver les personnes les plus à même de
1
Quelques-uns de ces spots sont disponibles sur le support CD à l’intérieur de l’enveloppe en
dernière page.
2
D’ailleurs, pour le premier spot auquel j’ai prêté ma voix (promotion d’un jeu organisé à
l’antenne pour Noël en partenariat avec Citel Vidéo), la voix masculine est celle… du
rédacteur en chef et directeur des programmes !
3
CF « Parenthèse Radio en dates » : annexe n°1 pp. 24-25
12
participer à l’émission, ni de les convaincre, mais bien de trouver quelqu’un qui soit libre
entre 9h et 11h, le jour de l’émission sur un sujet donné. Comme nous souhaitons des
professionnels, ces personnes-là, par définition, travaillent, et souvent font la promotion de
leur livre en parallèle.
• De mon côté, l’organisation de la grille n’est pas simple non plus : il faut toujours un ou
plusieurs intervenants à l’antenne sur les 2 heures d’émission, en évitant les doublons (2
pédopsychiatres la même heure, par exemple). Il faut donc jongler avec les disponibilités de
chacun et le bon déroulement de l’émission. Il est plus intéressant d’avoir en même temps les
responsables d’associations qui luttent pour la même chose, mais qui n’ont pas le même avis :
ça rend le débat passionnant, utile, et vivant. Malheureusement, ce n’est pas toujours possible
d’avoir les intervenants souhaités à l’heure désirée.
• J’ai pu faire l’expérience de 3 cas de figure lors de mes recherches pour trouver les
intervenants, quand je me présentais en tant que « journaliste à Parenthèse Radio ».
Le premier - le plus désagréable et, heureusement, le plus rare - est une réaction de rejet. La
personne au bout du fil répond d’un ton sec que ça ne l’intéresse pas, et raccroche sans autre
forme de procès.
Le deuxième, un peu plus fréquent, implique une personne flattée qu’on fasse appel à elle,
mais qui a peur de passer à l’antenne (première fois, peur de l’inconnu, peur d’une émission
où le but serait de lui poser des questions pièges…) Il faut alors user de patience et de
psychologie pour la convaincre que tout s’est toujours très bien passé, que Parenthèse Radio
est là pour venir en aide aux parents et non pour mettre en difficulté les intervenants, et qu’il
ne s’agit que d’une discussion entre différentes personnes, rien de plus (la seule différence
résidant dans le fait que cette conversation passe en direct à la radio). Pour ces intervenants-là,
une fois les premières minutes d’antenne passées où ils sont un peu tendus, tout se passe très
bien et ils avouent être ravis de l’expérience - et tous nous disent qu’ils seraient heureux
qu’on les rappelle pour une autre émission.
Le troisième cas de figure est que les personnes sont ravies qu’on fasse appel à elles (qu’ils
soient ou non habitués des médias) et acceptent volontiers, voire nous donne les coordonnées
d’autres personnes susceptibles d’être intéressées.
• Pour trouver les intervenants, j’ai plusieurs outils à ma disposition : la base de données du
standard, où toutes les personnes qui passent à l’antenne (auditeurs + invités) sont
enregistrées, la bibliothèque de Parenthèse Radio, les sites Internet des maisons d’éditions et
notre liste des numéros des services presse, et bien sûr, les Pages Jaunes. Nous devons faire en
sorte de ne pas inviter trop souvent le même intervenant. Déjà pour ne pas abuser ni de son
temps, ni de sa gentillesse, mais également pour varier les points de vue et les témoignages.
Pour savoir si un invité est fréquent, et à quelles dates il est intervenu à l’antenne, il faut
consulter leur fiche dans le logiciel du standard (d’où l’importance de remplir sérieusement
les fiches des intervenants aussi, même si je ne fais pas de statistiques sur eux).
• Une fois que les invités sont tous confirmés, il faut transmettre la fiche à l’animateur (en
l’occurrence, cette semaine-là, Philippe Marty). Il peut ainsi voir combien il y a
d’intervenants, à quelle heure ils interviennent et combien de temps, d’où ils viennent, qui ils
sont, et ce qu’ils font. Il y a dans cette fiche1 une mini-présentation de la personne, avec
éventuellement la bibliographie, pour que l’animateur puisse les présenter à l’antenne et
préparer ainsi les questions qu’il leur posera.
• Le plus tôt possible, il faut mettre en ligne sur le site internet le synopsis de l’émission (le
titre, un résumé), trouver quelques questions pour des appels à témoin, et surtout ne pas
oublier le nom des invités, leur profession (ou leur statut au sein d’une association), et leurs
1
Deux exemples de fiche-émission en annexe 6 et 7, pp. 30-31
13
éventuelles références bibliographiques. Cela implique d’avoir quelques notions en
informatique (langage html essentiellement).
- Le direct
• A circonstances exceptionnelles, statut exceptionnel : cette semaine-là, j’ai dû être à la fois
standardiste (au standard), et assistante (en régie, et en studio pour la météo 1 et l’InfoParenthèse2). Ce fut un peu la course…
9:00 : les infos sont lancées, l’animateur est en studio, j’ai 3 minutes pour appeler les invités
et les mettre à l’antenne (en cas d’invité sur place, je l’accueille à son arrivée, l’installe en
studio, et lui propose un café/thé/verre d’eau que je lui apporte)
9:03 : les infos se terminent, l’animateur prend l’antenne… l’émission commence
9:03 - 9:58 : je réponds aux appels des auditeurs, je prends en compte les formulaires - bref, je
fais mon travail de standardiste - je veille au bon déroulement de l’émission, je prépare la
météo ainsi que l’info-Parenthèse
9:59 : je cours en studio pour la météo
10:00 : l’animateur me remercie, et lance les infos - je cours au standard pour remercier les
intervenants prévus jusqu’à 10h (malheureusement, la plupart d’entre eux auront raccroché
avant) - j’appelle les intervenants suivants et les mets à l’antenne…
10:03 : l’animateur reprend l’antenne
10:03 - 10:58 : je gère le standard, remercie éventuellement les intervenants qui doivent nous
quitter en cours d’heure
10:59 : en studio pour la météo de 11h
11:00 : l’animateur dit au revoir, les infos sont lancées, je vais remercier les intervenants et les
auditeurs qui n’ont pas raccroché
• Ensuite, une fois les informations terminées et la rediffusion lancée, je retourne au standard
pour remplir les tableaux qui permettront de faire les statistiques.
• Ces 5 fois 2 heures dans la semaine ont été particulièrement intenses en concentration, en
stress, en pression, et en adrénaline. J’étais seule à gérer l’antenne, et je ne pouvais pas me
permettre la moindre erreur, le moindre retard, le moindre cafouillage.
• Je ne me savais pas capable d’un tel sang-froid, d’une telle efficacité dans l’urgence, ni
d’une telle assurance dans la voix alors que je commençais parfois la météo avant d’être
assise ou d’avoir enfilé mon casque3… Mais c’était une expérience enrichissante à tous les
points de vue, et je suis ravie d’avoir su relever un tel défi.
Pour conclure sur cette expérience professionnelle riche et variée, je peux dire qu’elle
m’apporte beaucoup à tous les points de vue : humainement, artistiquement, et
professionnellement évidemment.
• Le standard est une place intéressante dans le sens où je suis au centre du fonctionnement de
la radio : je fais le lien entre les assistants et la direction, je travaille de très près avec les
animateurs (qui sont souvent devenu des amis), et j’ai l’immense privilège de pouvoir parler
1
Malheureusement, suite à des problèmes techniques, je n’ai pas pu récupérer mes météos.
Petite chronique d’environ 1 minute sur une information liée à la famille (prévention,
anecdote, conseil, etc…)
3
D’ailleurs, le premier jour, le texte que j’avais préparé était beaucoup trop long - même la
deuxième heure, alors que je l’avais déjà retravaillé. Mais dès le deuxième jour, j’ai su
préparer une météo complète de 50 secondes.
2
14
aux auditeurs, d’écouter leurs doléances, leurs critiques, leurs coups de gueule (assez rares,
depuis mon arrivée), mais aussi leurs nombreuses félicitations et leurs encouragements. Cette
place « carrefour » n’est tout de même pas facile à gérer tous les jours : en étant partout, on
n’est souvent nulle part… Je ne suis ni avec les stagiaires puisque je suis salariée, ni vraiment
du côté des salariées parce que je suis étudiante comme les stagiaires et que je fais partie de la
même génération qu’eux, j’ai quand même un devoir de réserve vis-à-vis des animateurs… Il
faut savoir gérer tout ces aspects et veiller à ce que tout se passe bien.
• Une (bonne) standardiste, du moins dans une radio qui s’adresse aux parents, doit être un
petit peu de ces trois professions : hôtesse d’accueil, psychologue, et assistante sociale.
J’ai été engagée entre autre parce que j’étais hôtesse d’accueil - standardiste en entreprise
auparavant, donc je savais déjà répondre au téléphone. Mais il ne s’agit pas ici de fournir un
renseignement ou de transférer un appel : quand les auditeurs prennent la peine de nous
joindre, c’est pour nous raconter leur histoire, nous faire part de leurs problèmes, nous avouer
leurs questions.
Il faut donc savoir être à l’écoute, ne pas juger, mais savoir être ferme quand la conversation
s’éternise et qu’il est temps de passer à l’antenne (ou qu’un autre auditeur essaye de nous
joindre). Pas si facile, surtout quand il s’agit de problèmes lourds (inceste, proche en prison,
décès, maladie, etc…), et que dans beaucoup de cas, la radio est l’occasion de parler de
quelque chose qui est resté secret depuis des années… J’ai donc appris à percevoir très vite
dans le ton de la voix la disposition de la personne, son état d’esprit au moment de l’appel, et
son besoin de parler malgré quelques réticences. C’est toujours très délicat 1, mais c’est
indispensable pour ne pas faire d’impair en direct2.
Là où mon rôle déborde un peu, c’est quand des personnes nous appellent parce qu’elles n’ont
d’autres recours, mais que ça n’a rien à voir avec une émission. Je me souviens de cette dame
habitant au 9ème étage d’un immeuble avec un enfant hyperactif qui avait déjà failli se
défenestrer vingt fois. Tous les dossiers de demandes d’un logement social au rez-de-chaussée
avaient été refusées. Elle ne savait pas qui appeler d’autre, mais les émissions à ce moment-là
ne parlaient ni de l’hyperactivité, ni du problème du logement. Je ne pouvais décemment pas
dire froidement à cette femme en pleine détresse, qui pleurait à l’autre bout du fil, que je ne
pouvais rien faire pour elle… J’ai donc cherché, en même temps que j’essayais de la calmer,
des solutions pour elle sur Internet : associations dans sa ville, numéro des services sociaux de
la mairie, etc…
Ce n’est pas mon travail, plutôt celui d’une assistante sociale, mais quand des cas comme ça
arrivent, je ne peux pas ne pas aider les gens - ou au moins essayer...
1
On a parfois des surprises : cet auditeur qui appelait pour un jeu au moment de Noël, qui
avait une voix chantante et dynamique, et qui s’est mis à pleurer à l’antenne… Il était
maniaco-dépressif, mais je ne pouvais malheureusement pas le deviner… Heureusement,
l’animatrice ne m’en a pas voulu.
2
Je me souviens du cas d’un auditeur qui avait appelé lors de l’émission sur les thérapies de
couple. Depuis qu’il avait appris que son fils avait subi des violences sexuelles de la part de
son grand-père maternel, il ne pouvait plus faire l’amour avec son épouse. J’avais, bien
entendu, senti que c’était très difficile d’en parler, même s’il avait besoin des conseils du
sexologue invité ce jour-là. J’ai donc précisé la situation à l’animateur, d’autant plus que
l’émission jusque-là avait un ton très enjoué. Il m’en a remercié par la suite, car cela lui a
évité d’accueillir cet auditeur au détour d’un bon mot, alors que la situation ne s’y prêtait pas
du tout.
15
• Là où cette expérience professionnelle m’épanouit pleinement, en dehors du fait que j’y fais
beaucoup de choses différentes, c’est que j’ai vraiment l’impression de participer à un projet
utile, voire indispensable dans le paysage audiovisuel français.
Je travaillais depuis quelques jours seulement, et l’émission était sur les grands prématurés.
Une auditrice en grande détresse nous a appelés pour témoigner : son bébé était né à 5 mois et
demi, et le corps médical ne répondait pas aux questions qu’elle se posait (va-t-il survivre ? y
aura-t-il des conséquences ? comment lui trouver des vêtements à sa taille ? etc…). Elle se
sentait seule, et ne savait plus à qui s’adresser pour répondre à ses questions et calmer ses
angoisses. Les intervenants se sont chargés de l’écouter, de la rassurer, et de lui donner les
coordonnées d’une association dans sa ville venant en aide aux parents de grands prématurés.
Elle nous a exprimé sa reconnaissance des larmes dans la voix, et nous avons tous senti à quel
point elle se sentait moins seule, et beaucoup mieux.
Ce jour-là, j’ai eu des frissons. Nous étions utiles, et si nous pouvions venir en aide à des
personnes, alors rien que pour ça, Parenthèse Radio se devait d’exister. Et je suis très en
colère car, au moment où j’écris ces lignes (mi-avril 2009), l’avenir de la radio est bien
incertain.
• Parenthèse Radio est également l’occasion de rencontrer des personnes passionnantes et de
se faire de nombreux contacts. Non seulement parmi les stagiaires et les animateurs, mais
aussi parmi les intervenants. J’ai eu l’occasion d’avoir une discussion très intéressante avec
un sociologue sur la représentation de la famille dans les médias. De donner ma carte de visite
à de nombreux éditeurs. De pouvoir dire quelques mots à des personnes dont j’admire le
travail1. De papoter avec des astrologues, des numérologues, des sophrologues… J’en oublie,
bien sûr. Mais il y a aussi des invités qui, ça arrive, snobent complètement les standardistes…
C’est donc une expérience professionnelle intéressante, enrichissante, et épanouissante à tous
les points de vue. Je ne pouvais rêver mieux, vraiment, que cet emploi-là en guise de job
d’étudiant…
III] REFLEXIONS
Difficile de faire un lien entre les cours théoriques dispensés à l’université et la pratique
quotidienne au sein d’une entreprise. Surtout que parmi les enseignements que nous pouvons
avoir, beaucoup de connaissances nous sont apportées sur la presse écrite et la télévision, et
très peu sur la radio. Cependant, il m’est arrivé quand même plusieurs fois de faire des
parallèles entre la théorie et la pratique professionnelle : pour des aspects plutôt techniques (la
programmation, Médiamétrie), et des aspects beaucoup plus généraux (le couple et la famille
dans la société d’aujourd’hui). Mes différentes lectures scientifiques pourront me permettre
d’émettre des critiques vis-à-vis du format de la radio, et pourquoi pas d’apporter des
éléments nouveaux aux théories déjà en place.
A) La programmation de Parenthèse Radio : une grille améliorable
-
Absence de Médiamétrie : des conséquences ?
1
Notamment Claire Castillon (écrivain), Pénélope Bagieu (illustratrice, s’est fait connaître via
son blog www.penelope-jolicoeur.com), Rama Yade (secrétaire d’Etat), Daniel Pennac
(écrivain), Henri Dès (chanteur pour enfants), etc…
16
Un an après son lancement, Parenthèse Radio changeait de grille de programmation. Quelques
mois plus tard, nous étions placés en redressement judiciaire1. Nous avons de gros problèmes
financiers, nous cumulons plusieurs centaines de milliers d’euros de dettes, et ce à cause d’un
apport de base trop peu élevé. Mais très vite s’est posé la question de savoir pourquoi nous
n’arrivions pas à avoir assez d’annonceurs pour vivre.
Comme je l’ai déjà expliqué plus haut, nous ne sommes pas suivis par Médiamétrie. Cela
nous pose un gros problème, que j’ai vraiment réalisé le jour où un exposé sur Médiamétrie
(entre autres) nous a été proposé pendant le TD de M. Maigret au premier semestre2.
Voici ce qui a été dit dans l’exposé :
« Les résultats quotidiens de l’audimat sont destinés et achetés par les acteurs suivants :
- les producteurs d’émissions télévisées
- les directeurs de programmation des chaînes
- les annonceurs
Ces données permettent de fixer la valeur publicitaire des créneaux horaires, des émissions et
des chaînes. »
(Cet exposé portait essentiellement sur l’audience télévisuelle, mais il va sans dire qu’il en va
de même pour la radio.)
Sans ces données, si j’en crois la dernière phrase, Parenthèse Radio n’a aucune valeur.
Difficile d’acheter du temps d’antenne à une radio qui n’a aucune valeur, dont on ne sait pas
quand elle est écoutée le plus, ni qui l’écoute vraiment… Les statistiques que je fournis toutes
les semaines ne renseignent que de la participation des auditeurs, mais pas de leur
comportement d’écoute !
Alors, bien sûr, certaines émissions marchent mieux que d’autres (c'est-à-dire qu’elles
génèrent plus d’appels, de mails, et de participation au forum, que d’autres). Mais
malheureusement, on ne peut pas promettre que ce soit toujours le cas : l’émission qui marche
d’ordinaire le mieux peut provoquer moins de réaction que celle qui marche le moins bien sur
une journée donnée, tout simplement parce que le sujet de la première était moins intéressant
que celui de la deuxième… Allez expliquer ça à un annonceur, pour fixer une grille de tarifs
fixes sur les différentes heures de la journée…
Dans tous les cas, ce sont les cours sur les mesures de l’audience et les éventuelles dérives
liées à l’audimat qui m’ont permis de bien comprendre ces enjeux, même si, à ma modeste
place, je ne puisse pas apporter de solution à ce problème qui nous ronge.
-
Stratégies de programmation : M. Macé pourrait-il aider Parenthèse ?
En discutant avec un collègue3, je me suis
rendue compte qu’il pensait que nos soucis
venaient peut-être d’une programmation qui
serait à améliorer. La deuxième grille, qui a
cours en ce moment même, pourrait
certainement être encore plus proche des
attentes et des besoins de nos auditeurs.
J’ai immédiatement pensé aux ateliers
dispensés par M. Macé l’année dernière, en
1
CF « Parenthèse
en dates
», annexe n°1 pp. 24-25
Sébastien Radio
Rocheron,
en régie
Exposé « Les mesures de l’audience TV ». Malheureusement, malgré mes recherches, je ne connais pas le nom
des personnes qui l’ont fait…
3
Sébastien Rocheron, responsable de production et réalisateur
2
17
troisième année de licence1. Nous avions analysé plusieurs exemples de programmes, en
essayant d’expliquer pourquoi celui-ci a été (et est toujours) un succès, et pourquoi celui-là a
fait un flop. Pour en conclure à la fin du semestre... qu’il n’y a pas de règle ! Comment donc
appliquer ces règles inexistantes à la grille de Parenthèse Radio ?...
Eric Macé a écrit dans le préambule de son livre2 (une lettre ouverte aux programmateurs de
télévision) : « (…) tu ne sais toujours pas qui tu dois rencontrer ni ce que veulent les gens. »
La différence avec la télévision, c’est que nous sommes une radio thématique, donc nous
ciblons un public bien précis : les parents, les familles. Mais qui sont-ils ? Ils n’ont pas
forcément le même âge, la même catégorie socioprofessionnelle, la même religion, le même
rapport à la famille, au couple, à l’éducation, etc… Nous en revenons donc au même point :
difficile de savoir ce qu’ils attendent, et à quel moment de la journée.
Nous ne pouvons donc formuler que des hypothèses, comme nous l’avons constaté lors des
cours de M. Macé. C’est sur des hypothèses que les deux premières grilles ont été fondées, et
c’est sur des hypothèses que l’on pourrait y apporter d’éventuelles améliorations. Car, comme
il le dit si bien : « [l’audimat] te donne ex post des chiffres de succès ou d’échec sans jamais
t’en dire les raisons. Alors tu supputes. Tu extrapoles.3 » Même si nous avions les chiffres de
Médiamétrie, nous ne serions de toute façon pas plus avancés en ce qui concerne la
programmation.
- Propositions pour une nouvelle grille
• Les émissions du matin, « Les P’tits Loups » et « Baby Boom », sont quasiment
interchangeables. Leurs thèmes (respectivement les enfants d’âge scolaire, et les petits) sont
trop vagues. Les mêmes sujets avec les mêmes angles pourraient s’appliquer aux deux
émissions (et c’est d’ailleurs souvent arrivé, malgré nos efforts). Il faudrait donc revoir leur
programmation (en les fusionnant, par exemple).
• Ce n’est peut-être pas une bonne idée de diffuser quotidiennement une émission sur la
grossesse et l’accouchement. Là surtout, les mêmes sujets reviennent sans arrêt, et nous avons
bien du mal à en trouver de nouveaux, où à trouver différents angles : les nausées, les
vergetures, l’alimentation, la présence du père, les échographies, les angoisses, le baby blues,
la péridurale, la césarienne... Avec cinq émissions d’une heure par semaine, on tourne un peu
en rond. Je pense qu’il vaudrait mieux consacrer une émission de 2 heures hebdomadaires (ou
bihebdomadaires, par exemple une émission sur la grossesse, une autre sur l’accouchement),
où les sujets auraient le temps d’être traités en profondeur (une heure, il faut bien avouer que
c’est un peu court).
• Le mercredi devrait être dédié aux émissions sur l’école, sujet qui inquiète particulièrement
les parents. Et ils pourraient poser des questions et partager leurs craintes avec des
professionnels de l’enseignement (du moins maternelle et primaire) qui ne sont pas devant les
enfants ce jour-là ! Impossible les autres jours d’avoir un intervenant de l’Education
Nationale. Il m’est arrivé d’avoir besoin d’un professeur des écoles un vendredi, je n’ai pu
avoir qu’un retraité. Le mercredi matin, donc des thématiques uniquement liées à l’école.
Le mercredi étant le jour des enfants, il serait cohérent de diffuser des programmes qui
s’adresseraient uniquement à eux. En début d’après-midi, une émission sur les différentes
activités à faire en fonction de l’actualité (météo, fêtes religieuses, fête des mères, autres
activités manuelles) entrecoupées de différentes chroniques sur les évènements culturels
(cinéma, exposition, parc à thème, ateliers, etc…).
1
Analyse sociologique des corpus télévisuels (1er semestre), puis Stratégie de programmation télévisuelle (2ème
semestre)
2
3
MACE Eric, La société et son double, Armand Colin, 2006, pp. 7-8
MACE Eric, La société et son double, Armand Colin, 2006, pp. 7-8
18
Puis, jusqu’au repas du soir, diffuser des chansons pour enfants.
• Je proposerais également, tous les jours avant la matinale, et tous les soirs après le dernier
programme s’adressant aux adultes, des programmes s’adressant aux enfants directement : le
matin, des chansons pour se réveiller, et le soir, des histoires pour s’endormir. Et là enfin,
Parenthèse Radio s’adresserait réellement à toute la famille.
B) Les préoccupations des auditeurs et les théories des sociologues
Le cours sur l’amour dans les sociétés réflexives répondrait aux préoccupations
des auditeurs
Parmi les grandes préoccupations des auditeurs, comme pour l’ensemble de l’humanité depuis
la nuit des temps, se trouvent les relations entre les hommes et les femmes. Comment faire
durer son couple, comment retrouver le désir sexuel après un accouchement, comment
cumuler son rôle de parent à son rôle d’amant(e), comment gérer une famille recomposée,
comment s’engager sans perdre son indépendance… Autant de sujets qui reviennent
fréquemment dans nos émissions.
Cependant, j’ai pu remarquer que les gens - les intervenants comme les auditeurs - passent
plus de temps à tenter d’expliquer les phénomènes dans leur globalité (la multiplication des
divorces, par exemple) qu’à trouver des solutions adaptées à chaque cas. Et je dois bien
avouer que depuis le cours de M. Maigret sur l’amour dans les sociétés réflexives et le lien
électif1, beaucoup de choses se sont expliquées… Du coup, maintenant que je comprends
comment les rapports amoureux fonctionnent dans notre société actuelle, je suis plus à même
de les accepter tels qu’ils sont, tels qu’ils deviennent, et donc de chercher des solutions pour
mieux les vivre, pour en faire des atouts, et non des problèmes au quotidien.
J’ai tellement eu envie d’expliquer à l’antenne l’évolution de l’amour-tradition (l’amour
comme acceptation de son destin social) en amour de la première modernité (l’amour
fusionnel, pour résumer très grossièrement), puis de la deuxième modernité (l’amour
signifiant rupture)…
Les gens ressentent toutes ces étapes. Ils les formulent de manière maladroite, mais il y a eu
un jour une discussion très intéressante sur l’évolution du couple entre une auditrice âgée (83
ans) et d’autres plus jeunes (entre 28 et 35 ans). Cette vieille dame a parfaitement compris et
intelligemment analysé ce qui s’était produit ces 30-40 dernières années. Et les autres
auditrices (qui avaient des problèmes dans leur couple) avaient paru apaisées par les paroles
de la vieille dame - parce que, visiblement, elles avaient la réponse à leurs questions. Et non
seulement elles avaient des réponses, mais en plus elles étaient libérées du poids d’une grande
culpabilité : non, elles n’étaient pas entièrement responsables de leurs échecs, puisque la
société elle-même les avait en partie programmés… Et du coup, elles étaient beaucoup plus
libres et beaucoup plus ouvertes à chercher des solutions, ou du moins à « vivre avec ». J’ai
eu l’impression qu’elles acceptaient leurs situations non par dépit, mais vraiment en toute
connaissance de cause, et donc avec bonne volonté.
J’avais vraiment envie de proposer au rédacteur en chef de faire une émission spéciale sur
l’évolution des rapports amoureux dans notre société. Je n’en ai pas eu l’occasion. Mais
combien de fois ai-je aussi eu envie de suggérer aux assistants de contacter Eric Maigret lors
d’une émission qui se rapprochait du sujet, sans jamais oser…
-
1
Cours magistral de sociologie des médias de Eric Maigret, 1er semestre
19
Il aurait été aussi extrêmement intéressant d’avoir son avis de sociologue sur les phénomènes
de genre, dans l’émission sur le couple et la sexualité, par exemple. La définition d’un homme
et d’une femme est loin d’être évidente, et les auditeurs, les intervenants, et… l’animateur luimême s’y perdent parfois. Le plus bel exemple se trouve dans ma première chronique 1 où je
parle d’un film où le mari et la femme échangent leurs places. Gilles Tessier me demande
alors si l’acteur est bien « en femme »2… Pourquoi devrait-on devenir une femme pour
s’occuper d’une maison et des enfants ? En posant cette question à l’antenne, j’ai justement
pensé au cours de M. Maigret de la veille au soir (!) sur le travail de Judith Butler3…
- Les théories sociologiques à l’épreuve des témoignages
J’écoute en flux continu 26 heures d’émissions par semaines, essentiellement sur les enfants,
leurs problèmes, leur éducation. Et sur les interrogations de tous les professionnels de
l’enseignement et de l’éducation sur la difficulté de plus en plus grande qu’ils ont à instruire
et à se faire respecter des enfants...
Je me suis dit que, peut-être, la théorie de l’amour dans les sociétés réflexives pourrait
s’appliquer également à l’éducation des enfants. Si, dans la deuxième modernité (en ce qui
concerne l’amour), on dit « non » pour rendre le « oui » possible, on gagne en liberté même si
on perd en stabilité, on est dans l’individualisme presque poussé à l’extrême… toutes ces
caractéristiques ne pourraient-elles pas s’appliquer à l’éducation des enfants ?...
D’après ce que j’entends quotidiennement, les enfants (je généralise) n’ont plus aucunes
contraintes à la maison (ils se couchent à l’heure qu’ils veulent, ils peuvent désobéir sans être
punis, ils obtiennent globalement tout ce qu’ils veulent, ils insultent leurs parents, etc…), et
sont donc complètement perdus à l’école où les contraintes doivent absolument être
respectées (s’asseoir, se taire, ne pas répondre aux adultes, faire ses exercices même s’ils n’en
ont pas envie, etc). Nous sommes dans le cas de « on gagne en liberté même si on perd en
stabilité ». Les enfants font ce qu’ils veulent, mais ils n’ont plus aucun repère.
De même, en bonne « génération Dolto » que nous sommes, nous considérons les enfants
comme des individus à part entière. Je ne remets évidemment pas en question cet état de fait :
ce sont, sans aucun doute possible, des individus. Mais peut-on tout de même leur inculquer le
« non » pour rendre le « oui » possible ? L’enfant aura beau dire « non » de toutes ses forces,
il y a des moments où on ne doit pas lui demander son avis (alors qu’énormément d’auditeurs
le font) : si, il doit faire ses devoirs ; si, il faut se laver les dents ; si, il faut finir son assiette ;
si, il faut aller à l’école ; si, il faut parler correctement à la maîtresse. Etre attentif aux
doléances de son enfant me paraît indispensable, mais il faut savoir instaurer des limites et des
règles. On ne peut pas toujours suivre les volontés d’un enfant sous prétexte que c’est un
individu comme un autre. Sinon, on en arrive aux « enfants-rois », phénomène bien intégré
par les professionnels de la publicité. Et, sans compter les problèmes que ça pose à l’école, ça
ne fera que s’empirer lorsque ces enfants devront s’intégrer au monde du travail, avec toutes
les contraintes et les frustrations que cela implique…
A l’occasion du 100ème anniversaire de la naissance de Françoise Dolto, ces problèmes ont
fréquemment été soulevés. L’association « Ni claque ni fessée » a souvent été invitée pour
participer à ces débats. Et j’ai remarqué que les auditeurs, même s’ils étaient tous d’accord
pour éviter la violence, critiquaient les actions de cette association. Il y a des enfants qui
1
CF le CD en annexe, plage n°1
Cette anecdote est d’autant plus emblématique que Gilles Tessier a très longtemps été
hétérosexuel. Il vit maintenant depuis 14 ans avec un homme avec qui il est pacsé… Et suite à
sa participation dans l’émission des « Queers » sur TF1, il s’était justement beaucoup
questionné sur la question du genre.
3
BUTLER Judith, Trouble dans le genre, Editions de la Découverte, 2005, 283 p.
2
20
comprennent quand on leur explique, certes, mais d’autres ont besoin d’une claque sur la
main, ou d’une claque sur les fesses, pour comprendre. Et ils sont souvent plus équilibrés que
les enfants à qui l’on parle beaucoup, mais qui finalement n’en font qu’à leur tête…
Mes cours de sociologie m’ont donc permis de peut-être comprendre un peu mieux les dérives
liées à l’éducation des enfants, et les problèmes que ça peut poser à l’école, et que l’on
retrouve d’ailleurs de plus en plus dans les médias (ces enseignants qui se font agresser, ou
qui craquent et usent eux-mêmes de violence envers un élève difficile). L’émission
« SuperNanny » est également emblématique de ce phénomène. La théorie de la réflexivité
peut en tout cas permettre d’en apporter une possible interprétation.
[Je tiens tout de même à préciser que, si ces réflexions sont basées sur les témoignages que
j’entends chaque jour, je me garde bien de donner un quelconque jugement. N’ayant pas
d’enfant moi-même, je ne peux en aucun cas juger, ou donner des conseils. J’ai juste tenté
d’expliquer, avec les connaissances théoriques qui sont les miennes, un phénomène qui prend
de l’ampleur dans notre société, et dont j’en entends les conséquences à longueur de journée
dans un cadre strictement professionnel.]
C) La radio de l’intimité
Parmi mes nombreuses lectures scientifiques faites dans le cadre de mes études, les théories
de Dominique Mehl sur les talk-shows m’ont paru les plus appropriées pour en faire une
analyse et une critique dans le contexte de mon expérience professionnelle à Parenthèse
Radio, qui diffuse 45 heures de talk-show par semaine.
- La radio prend la place du prêtre ou du psychologue
Comme je l’ai dit plus haut, les auditeurs qui nous appellent le font dans 95% des cas parce
qu’ils ont besoin de se confier. Derrière chaque témoignage se cachent une souffrance, des
angoisses, un besoin de parler, de communiquer, de partager, et d’avoir des réponses à des
problèmes plus ou moins lourds.
Dominique Mehl l’explique noir sur blanc : « (...) la télévision, en recueillant du message
personnel, vient occuper des places laissées vacantes par le confesseur et le psy1 ». C’est ce
qui apparaît quotidiennement à l’antenne : visiblement, la télévision de 1996 et la radio de
2009 remplissent la même fonction.
La devise de Parenthèse est d’ailleurs très emblématique : les animateurs doivent répéter sans
arrêt (c’est dans leur contrat) « nous ne sommes pas là pour vous juger, nous sommes là pour
vous aider ». Et tous les jours, les auditeurs me le disent : « on se sent vraiment bien, sur votre
radio, on se sent aidés, épaulés, accompagnés. On sait qu’on n’est plus seul, et en plus on
n’est jamais, jamais jugés. » Il y a donc un réel besoin dans le paysage audiovisuel de ces
talk-shows qui viennent en aide aux gens (en l’occurrence, essentiellement aux parents), qui
soient une sorte d’exutoire, et en même temps un soutien.
- La radio participe à la quête de l’identité
Ce qui est sous-jacent parmi tous les témoignages que nous avons, c’est l’inquiétude de savoir
si l’auditeur est « normal », s’il est bien « comme tout le monde », si ses enfants sont
« comme les autres », s’il a des réactions « communes » à tous les parents. Qu’est-ce qu’un
bon père, qu’est-ce qu’une bonne mère ? Ni la société, ni les institutions ne donnent de
1
MEHL Dominique, La télévision de l’intimité, Seuil, 1996, p. 146
21
réponses à ces questions ni ne calment les angoisses. Parenthèse Radio participe à
l’élaboration d’une sorte d’identité générale.
Dominique Mehl dit : « [La télévision de l’intimité] participe à la fois de l’incertitude sur les
valeurs et de la quête identitaire typique de nos sociétés contemporaines. Quête identitaire
marquée du sceau de l’inquiétude et du manque.1 » Je crois que ça résume bien le rôle de
Parenthèse Radio.
- La radio n’assouvit en aucun cas un désir de célébrité
Là où les travaux de Dominique Mehl sur la télévision ne rejoignent pas les talk-shows à la
radio, c’est que les personnes qui y participent ne le font pas pour se montrer, pour devenir
célèbre. La différence entre la radio et la télévision, c’est que le radio permet un anonymat
difficilement réalisable à partir du moment où des images entrent en compte. Nombre
d’auditeurs souhaitent d’ailleurs utiliser un pseudonyme et refusent qu’on donne le nom de
leur ville à l’antenne - ce que nous acceptons évidemment toujours, et ce que je propose
directement au standard quand les sujets sont difficiles (conjoint en prison, alcoolisme,
violences, homosexualité, divorce houleux, etc). Il n’y a aucune « préoccupation
narcissique2 » à vouloir passer à la radio. Les auditeurs appellent vraiment pour se confier et
pour obtenir de l’aide.
Il est toutefois intéressant de voir qu’une étude aussi complète sur les talk-shows télévisés
réalisées il y a presque quinze ans est toujours valide aujourd’hui, dans beaucoup de ses
aspects, pour la radio.
Et il est aussi très satisfaisant de se rendre compte au jour le jour que les cours dispensés par
l’université servent dans le monde professionnel - et également dans un but d’enrichissement
plus personnel.
Pour conclure ce rapport à propos de mon expérience professionnelle, je peux dire que ce CDI
s’avère plus intéressant qu’un stage. J’ai la chance de travailler dans une radio nationale qui
débute, et qui donc donne leur chance à des jeunes comme moi qui n’ont pas forcément
beaucoup d’expérience, mais qui sont avides d’apprendre. Faire de l’antenne, en direct,
chaque vendredi, est un moment que j’attends toujours avec une grande impatience. Devoir
aller au cinéma une fois par semaine n’a rien non plus de désagréable…
Je m’épanouis dans toutes les tâches qui sont les miennes à Parenthèse Radio.
Malheureusement, notre situation actuelle est loin d’être enviable. Depuis quelques semaines
maintenant, nous ne programmons plus que des rediffusions. Le plan de reprise proposé par la
société d’Arthur – qui sauvegarde mon emploi – pose des problèmes éthiques et juridiques.
Notre avenir est bien incertain, et je ne sais pas sûre d’avoir des réponses à ces questions à la
date où l’on doit rendre ce rapport. Dans tous les cas, la presse relayera les informations à
notre sujet…
1
2
MEHL Dominique, La télévision de l’intimité, Seuil, 1996, p. 239
MEHL Dominique, La télévision de l’intimité, Seuil, 1996, p. 157
22
ANNEXES
23
PARENTHESE RADIO EN DATES
1er octobre 2007
Parenthèse Radio émet pour la première fois, sur les ondes de Creil (101.3), Meaux (101.3),
Melun (97.6), Limoges (90.5), et Clermont-Ferrand (88.1)
Janvier 2008
Ouverture d’une fréquence à Dijon (94.1)
Février 2008
Ouverture de 2 fréquences à Marseille (103.1) et à Aix-en-Provence (103.1)
Mars 2008
Ouverture d’une fréquence à Troyes (93.4)
Mai 2008
Ouverture d’une fréquence à Tours (98.2)
Juillet 2008
Ouverture d’une fréquence à Toulouse (90.5)
Septembre 2008
Nouvelle grille de programmation
Octobre 2008
Ouverture d’une fréquence à Amiens (88.4)
2 octobre 2008
Date de mon arrivée à Parenthèse Radio
Novembre 2008
Ouverture de 3 nouvelles fréquences : Caen (98.7), Laval (87.6), Le Mans (87.6)
15-19 décembre 2008
Record absolu de participation des auditeurs
20 janvier 2009
Parenthèse Radio est placée en redressement judiciaire
2 mars 2009
Parenthèse Radio n’émet plus que des rediffusions
16-20 mars 2009
Emission des « P’tits Loups » exceptionnellement en direct
24 mars 2009
24
Le Tribunal de Commerce choisit le dossier proposé par Arthur World Participation Group
(malgré des dossiers plus intéressants en terme d’emploi et de contenu des programmes, et
malgré une procédure inédite)
8 avril 2009
Article dans « Le Canard enchaîné »1
15 avril 2009
- Le Syndicat national des réseaux Radiophoniques Nationaux (SRN) écrit au CSA pour
s’opposer à l’offre de reprise du réseau Parenthèse Radio par Ouï FM.
Selon le SRN, « la procédure usuelle de recueillir l’avis du Conseil préalablement à la
décision de reprise n’a pas été respectée ».2
- Article dans « Siné Hebdo »3
1
Annexe n° 4 p. 28
Source : http://jeanmarcmorandini.tele7.fr
3
Annexe n° 5 p. 29
2
25
Bibliographie
BUTLER Judith, Trouble dans le genre, Editions de la Découverte, 2005
CHANIAC, R. (dir.) L’audience. Presse, radio, télévision, Internet, Hermès, 37, 2003
MACE Eric, La société et son double, Armand Colin, 2006
MAIGRET Eric, Sociologie de la communication et des médias, Armand Colin, 2007
MEHL Dominique, La télévision de l’intimité, Seuil, 1996
Webographie
Blog de Jean-Marc Morandini
http://jeanmarcmorandini.tele7.fr/
(consulté entre le 07/04/09 et le 22/04/09)
Site d’information sur les radios
http://www.radioactu.com/
(consulté entre le 07/04/09 et le 22/04/09)
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