Politique aguerrissement au combat
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Politique aguerrissement au combat
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE Paris, le 13 février 2008 N° 130/DEF/EMAT/B.EMP/PPO/33 ETAT-MAJOR Le général d’armée Bruno CUCHE chef d’état-major de l’armée de Terre à BUREAU EMPLOI destinataires in fine. Lieutenant-colonel Bertrand BAULET Objet : Politique pour l’aguerrissement au combat. Références : 1 - Politique élémentaire « aguerrissement » ; 2 - Directive de préparation à l’engagement opérationnel pour la période 2007-2010 (Lettre n°00259/DEF/EMAT /OPSLOG/BPO/01 du 13/03/2007). Annexe : Politique pour l’aguerrissement au combat. La capacité opérationnelle des forces terrestres repose très largement sur l’aptitude de tous les militaires de l’armée de Terre, quels que soient leur rang et leur fonction opérationnelle d’appartenance, à réagir efficacement au stress et à la fatigue générés par les dangers et les situations imprévues rencontrés sur les théâtres d’opérations. Aussi ai-je l’honneur de vous adresser la politique pour l’aguerrissement au combat (PAC) dans l’armée de Terre. Sans renier l’existant et les acquis en la matière, elle vise à le replacer dans le cadre actuel d’emploi des forces. Quatre objectifs très simples en forment l’ossature : une solide culture acquise dès la formation initiale, une application à tous, une intégration dans toutes les activités et une réorientation vers l’atteinte d’un niveau collectif. La mise en œuvre de cette politique, qui revient pour l’essentiel aux régiments et à laquelle j’attache la plus grande importance, doit s’effectuer rapidement en intégrant tous les savoir-faire nouveaux nécessaires aux engagements d’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle je vous demande d’en assurer la déclinaison et la diffusion commentée, à chaque échelon de commandement, d’ici l’été. 14 rue Saint Dominique 00453 ARMEES - PNIA : 821 752 7559 TEL : 01 42 19 75 59 FAX : 01 42 19 45 92 COURRIEL : [email protected] DESTINATAIRES : La diffusion de ce document, au niveau corps de troupe et organismes décentralisés, est à la charge des régions Terre. Destinataires pour action (avec PJ) : - Monsieur le général inspecteur de l’armée de Terre. - Monsieur le général directeur du personnel militaire de l’armée de Terre. - Monsieur le général commandant la force d’action terrestre. - Monsieur le général commandant la force logistique terrestre. - Monsieur le général gouverneur militaire de PARIS, commandant la région Terre Ile-deFrance, commandant organique terre de l'Outre-Mer et de l'étranger et officier général de la zone de défense de PARIS. Monsieur le général gouverneur militaire de METZ, commandant la région Terre Nord-Est, les forces françaises et de l'élément civil stationnés en Allemagne et officier général de la zone de défense Nord-Est. - - Monsieur le général gouverneur militaire de LYON, commandant la région Terre Sud-Est et officier général de la zone de défense Sud-Est. - Monsieur le général commandant la région Terre Sud-Ouest et officier général de la zone de défense Sud-Ouest. - - Monsieur le général commandant la région Terre Nord-Ouest et officier général de la zone de défense Nord-Ouest. MM. les généraux commandant les états-majors et les brigades des forces sous couvert de M. le général commandant le CFAT. MM. les généraux commandant les brigades logistiques sous couvert de M. le général commandant le CFLT. Monsieur le général directeur central du matériel de l’armée de Terre. - Monsieur le commissaire général directeur central du commissariat de l’armée de Terre. - Monsieur le général commandant la formation de l’armée de Terre. - Destinataires pour information (avec PJ) : - Monsieur le général d’armée aérienne chef d’état-major de l’armée de l’Air. - Monsieur l’amiral chef d’état-major de la Marine. - Monsieur le directeur général de la gendarmerie nationale. Monsieur le général Directeur Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et des Systèmes d’Information de la défense. - Monsieur le général directeur du service d'infrastructure de la défense. Monsieur le commissaire aux sports militaires. Diffusion intérieure (avec PJ) : - Diffusion interne A - Diffusion interne B PPO OL LIIT TIIQ QU UE E PPO OU UR RL L’’A AG GU UE ER RR RIISSSSE EM ME EN NT TA AU UC CO OM MB BA AT T Ce document abroge la lettre n°003176/DEF/EMAT/BPO/PPO/56 du 17 décembre 1999. Références : - Directive de préparation à l’engagement opérationnel pour la période 2007-2010 (Lettre n°00259/DEF/EMAT/OPS-LOG/BPO/01 du 13/03/2007) ; - Référentiel aguerrissement pour l’armée de terre d’octobre 2001. I- Cadre général : S’inscrivant dans un environnement en perpétuelle évolution, l’emploi actuel des forces, généralement placées dans un cadre interarmées ou multinational, se caractérise par : - des menaces protéiformes à symétrie variable et de plus en plus imprévisibles, situées dans des zones d’action compartimentées, souvent urbaines ; - des opérations dont la nature, la durée et l’intensité sont très variées, avec une imbrication plus grande des belligérants et des populations à tous les niveaux ; - des engagements collectifs, dans lesquels la dimension individuelle du combattant est fréquemment exacerbée ; - une médiatisation omniprésente qui peut faire basculer soudainement le cours des événements (notion du « caporal stratégique ») ; - l’emploi de matériels de haute technologie qui, atténuant les difficultés, les vulnérabilités, les lacunes, conduit à oublier ou sous-estimer la perspective de leur neutralisation. II- But à atteindre : En termes d’aguerrissement, ce cadre d’emploi impose la prise en compte de nouvelles exigences, traduites en objectifs de formation et de préparation à l’engagement opérationnel pour l’armée de Terre. Il s’agit en premier lieu de donner à tout soldat, au sein de sa formation, les moyens « non matériels » de remplir sa mission, c’est-à-dire affronter l’environnement du moment, résister dans la durée, surmonter l’adversité, savoir parfois supporter l’insoutenable, avoir la certitude de « sortir de la tranchée » quel que soit le risque encouru et de n’être pas seul à le faire, faire preuve d’intelligence de situation et d’initiative, s’adapter aux circonstances inhabituelles ou imprévues autant qu’aux défaillances technologiques. III- Objectifs de la politique de l’aguerrissement au combat (PAC) Sans renier l’existant et les acquis en la matière, l’aguerrissement doit être replacé au cœur du régiment, intégré à toutes les activités des formations, au quotidien, en garnison comme en camp ou en projection et ne plus être seulement réservé aux centres spécialisés. S’inscrivant parfaitement dans l’esprit de la directive de préparation à l’engagement opérationnel, la PAC vise la réappropriation nécessaire d’une véritable culture de l’aguerrissement. Elle veut le réintroduire comme une constante dans les activités des écoles et des formations. Afin d’en élargir et d’en vulgariser la pratique aux missions, aux milieux et aux circonstances, les plus variés, la PAC définit quatre objectifs qu’il appartient à chaque échelon de commandement de décliner à son niveau. Page 1/3 1. Affermir chez les cadres l’appropriation de l’aguerrissement et son caractère impératif : en inscrivant explicitement l’aguerrissement dans les directives de formation ; en donnant aux jeunes cadres l’aptitude physique mais surtout le bagage éthique et pédagogique nécessaire à la transmission des pratiques comportementales et techniques permettant à chacun de développer son potentiel personnel au sein d’un groupe ; en valorisant davantage, dans les écoles de formation initiale, le goût de l’effort, le dépassement de soi et le souci de l’exemplarité indispensables pour être capable de garantir au combat la cohésion du groupe ou de la section ; en recherchant l’acquisition de l’assurance et du sang-froid qui permettent d’affronter les situations difficiles et risquées ; en inculquant le souci de l’économie des potentiels humain et matériel à travers une meilleure prise en compte de la prévention et de la maitrise des risques afin de « durer » et par conséquent de mieux « fidéliser » ; en développant, notamment dans les écoles de formation, l’agressivité maîtrisée et réfléchie tant individuellement (sports de combat) que collectivement (sports collectifs). 2. Généraliser la pratique de l’aguerrissement pour tous, du soldat au commandeur et du groupe de combat à l’état-major de force : en s’appuyant sur un socle de «bonnes pratiques quotidiennes» et en appliquant à tous le même degré d’exigence ; en adaptant les pratiques de l’aguerrissement aux spécificités et au cadre d’emploi des différentes fonctions opérationnelles et cellules d’emploi, en cohérence avec l’effet attendu d’elles sur le terrain ; en développant chez chacun l’aptitude à lutter contre la fatigue, à surmonter ses faiblesses notamment émotionnelles ou psychologiques et à compenser autant qu’à prendre en charge celles des autres. 3. Renforcer la prise en compte de l’aguerrissement dans toutes les activités afin de le diffuser le plus largement : en réintroduisant la rusticité dans toutes les activités et leur environnement immédiat (vie en campagne, déplacements, activités nocturnes, marches, bivouacs, etc.) voire dans la vie quotidienne (gestion du manque d’eau, horaires décalés...) ; en associant systématiquement la notion de durée et d’endurance dans les activités ; en retrouvant les vertus du drill dans la maîtrise des savoir-faire techniques et tactiques élémentaires ; en développant les facultés d’adaptation1 aux variations brutales d’intensité et aux changements de posture qu’elles impliquent ; en s’appuyant sur les principes fixés par la directive E²PMS et notamment en prenant en compte l’hétérogénéité des niveaux physiques initiaux pour amener progressivement l’ensemble du personnel à un niveau compatible avec les exigences opérationnelles de sa fonction ; en préparant les unités et les états-majors à la gestion de protagonistes nombreux, imbriqués et versatiles avec lesquels ils sont placés dans un rapport de plus en plus souvent asymétrique ; en intégrant davantage dans les activités l’adaptation au travail en mode dégradé en cas de disparition brutale des moyens de liaison, de positionnement, de détection, de locomotion, d’alimentation en énergie ou autre… ; en renforçant la maîtrise de l’emploi de la force et du feu, et celle des comportements par des mises en situation concrètes ; en saisissant, dans le cadre de l’instruction collective ou de l’entraînement, toutes les occasions de renforcer la solidarité, la confiance et la capacité d’initiative qui fondent la cohésion au combat. 1 Autonomie, initiative, astuce, observation, connaissances technologiques, etc... Page 2/3 4. Réorienter l’évaluation de l’aguerrissement vers l’atteinte d’un niveau collectif correspondant aux missions à remplir : en intégrant l’appréciation du niveau d’aguerrissement dans les parcours normés ; en intégrant une dimension « aguerrissement » dans l’ensemble des centres de préparation opérationnelle des forces (mise en situation de fatigue avant une activité d’entraînement ou de tir) et en l’appréciant à l’occasion des 3A2 des exercices de tout niveau ; en réorientant les centres (en métropole et outre-mer) sur des activités que les unités ne peuvent réaliser en garnison et en camp ou portant sur la préparation spécifique ou complémentaire à la mission immédiate (MCP3) ; en sanctionnant tout passage en centre spécialisé par la certification d’un niveau collectif d’aptitude à l’engagement, dans un milieu et un contexte donné, en termes de durée, d’autonomie et d’intensité ; en confortant le CNEC dans son rôle de formation, de recherche, d’expérimentation et de mise au point de nouvelles techniques ou procédés d’instruction adaptés à la mise en œuvre de la PAC. IV- Points d’application prioritaires pour le cycle 2008- 2011. La mise en œuvre de la PAC est l’affaire de tous mais pour l’instaurer durablement, elle s’appliquera d’abord et prioritairement, sans que ce soit exclusif, aux niveaux suivants : les chefs de groupes et de sections pour lesquels l’effort marqué dans les écoles de formation initiale en matière d’aguerrissement devra être exploité, entretenu et encadré pour pérenniser la PAC et y faire adhérer progressivement l’ensemble de l’armée de terre ; Le niveau 6 (section et peloton) sur lequel se fonde la cohésion et l’endurance des SGTIA et qui devra constituer l’échelon prioritaire pour la programmation des activités intégrant une dimension aguerrissement ; le PC de GTIA et ses équivalents logistiques afin de réintroduire progressivement dans tous les états-majors la notion d’aguerrissement à travers des pratiques adaptées et rénovées. V- Rôles et responsabilités. L’EMAT élabore et assure l’évolution de la politique «d’aguerrissement au combat » pour l’armée de Terre. Le CFAT (en liaison avec le CFLT), définit par fonction opérationnelle et par niveau d’emploi, les objectifs, le contenu et les modalités de mise en œuvre et de contrôle de l’aguerrissement au sein des formations et des centres métropolitains, de l’outre mer et à l’étranger. Il en tient compte dans son appréciation du niveau d’aguerrissement des forces. Le régiment est chargé de la mise en œuvre de la politique de l’aguerrissement au combat conduite au quotidien par les chefs de sections et les commandants d’unités. Le CoFAT fixe le niveau d’aguerrissement des cadres exigé en sortie d’école et intègre cette dimension dans ses programmes de formation. Les régions Terre assurent le soutien des installations et de la formation initiale des militaires du rang. Le CORTOME (en liaison avec le CFAT) propose le plan d’emploi des centres d’aguerrissement de l’outre-mer et de l’étranger au COMIA/OME4. Il assure le soutien des CAOME dont la mission principale est d’assurer l’adaptation des unités au milieu spécifique à chaque territoire. 2 3 Analyse après action Mise en condition avant projection. 4 Commandement interarmées permanent outre-mer et à l’étranger. Page 3/3