De Shelter Bay à Port-Cartier, l`histoire de notre ville… Au début des

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De Shelter Bay à Port-Cartier, l`histoire de notre ville… Au début des
De Shelter Bay à Port-Cartier, l’histoire de notre ville…
Au début des années 1900, un anthropologue relevait la présence de trois familles montagnaises
près de la Rivière-aux-Rochers. En langue montagnaise, leur nom était Wesakwopetanwilnuts,
« les gens de la rivière-au-portage moussu ».
Avant la première grande guerre mondiale, l'amérindien Pierre Saint-Onge, dit " Tibasse", a
établi son territoire de chasse à la frontière du 50° parallèle, entre le fleuve Saint-Laurent, au sud,
et la tête du lac Walker, au nord. Pour pénétrer au cœur de la forêt, il empruntait le "Portage des
Mousses" sentier qui a donné son premier nom au petit hameau qu'est devenu Shelter Bay (Baie
de l'Abri) en 1919.
L’aventure de la compagnie « Ontario Paper » sur la rive nord du Fleuve St-Laurent a donné
naissance à quelques villes dont Baie-Comeau et Port-Cartier. Shelter Bay étant à l’origine des
activités de la compagnie au Québec, la fondation de la ville est donc indissociable de l’histoire
de la compagnie « Ontario Paper Company ». La compagnie ontarienne bénéficiait, par
l’entremise du journal à grand tirage Chicago Tribune, de l’essor de la presse écrite aux ÉtatsUnis. En 1913, le Chicago Tribune avait fait construire par sa filiale canadienne incorporée une
année auparavant, une usine de papier à Thorold dans la péninsule du Niagara. Il ne restait plus
qu’à trouver le bois de pulpe nécessaire à l’alimentation de l’usine (référence Historique de la
Ville de Port-Cartier –1991).
En octobre 1915, Robert Mc Cormick débarque pour la première fois sur la côte rocheuse et
inhabitée de ce qui allait devenir Shelter Bay, aujourd’hui Port-Cartier et c’est à partir de ce
moment que le développement économique de toute une région a commencé. Lorsque Mc
Cormick a entrepris l’exploitation de coupe et de transport du bois, il pensait seulement réaliser
des activités saisonnières. Alors même que les ouvriers commençaient à construire des maisons
en bois rond, le quai, le barrage, les écorceurs, les installations du chargement des bateaux
(arboriduc), il ne songeait pas encore à une entreprise permanente. C’est seulement, quand
l’église a été érigée à Shelter Bay, que Mc Cormick s’est rendu compte que son entreprise allait
devenir permanente et qu’un rêve allait se réaliser.
Lors d'une tournée hivernale en forêt, alors que le temps se faisait de plus en plus menaçant,
l'explorateur ne trouvant plus son chemin est monté à un arbre. Au loin, une lueur brillait; c'était
la fenêtre éclairée du camp de "Tibasse". Le colonel McCormick y trouva refuge et voua à
l'indien et à son épouse une amitié inébranlable toute sa vie durant.
Au cours de plusieurs décennies, alors que la forêt accueillait jusqu'à 2000 bûcherons, Shelter
Bay avec ses 300 familles prospérait grâce à la présence de la Québec North Shore. On y avait
érigé un barrage hydroélectrique, des installations de manutention de la "pitoune", un écorceur,
un quai… Malheureusement, au milieu des années 50, un incendie légendaire a dévasté la forêt
sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. En rupture de matière première, l'entreprise décida
d’élire domicile ailleurs et a cessé toute activité à Shelter Bay en 1963.
En 1957, l’établissement de la Compagnie minière Québec Cartier provoque un changement de
vocation pour la petite municipalité.
En février 1959, le secteur Ouest et le secteur Est sont réunis pour former une ville nouvelle
« Port-Cartier » qui la projette en une quinzaine d’années du rang de « village fermé » à une ville
moderne et prospère de l’ère industrielle. Grâce à la force des Port-cartois, la ville subsiste
malgré la fermeture de l’usine forestière principale, ITT Rayonnier en 1979 et la crise du fer en
1980.
Au-delà d’un rêve
Post mortem de Robert McCormick.
Le 16 octobre 1915, lorsque je suis débarqué pour la première fois sur la côte rocheuse et
inhabitée de ce qui devrait devenir Shelter Bay, aujourd’hui Port-Cartier, si quelqu’un m’avait
dit que c’est à partir d’ici que le développement économique de toute une région allait
commencer, je l’aurais considéré détraqué. Lorsque nous avons entrepris notre exploitation de
coupe et de transport du bois, nous pensions à réaliser seulement des activités saisonnières.
Alors même que les ouvriers commençaient à construire des maisons en bois rond, le quai, le
barrage, les écorceurs, les installations du chargement des bateaux (arboriduc), je ne songeais pas
encore à une entreprise permanente. C’est seulement, quand l’église a été érigée à Shelter Bay,
que je me suis rendu compte que notre entreprise allait devenir permanente. Que notre rêve allait
se réaliser.
En 1920, nous nous sommes permis de faire l’acquisition d’une autre limite à bois, à environ 80
milles à l’Ouest de Shelter Bay. Nous avons obtenu 72 milles carrés à Baie-des-Cèdres, sur la
rivière Franquelin. Plus tard, nous avons fait l’achat des terres adjacentes, ce qui porta la
superficie de cette limite à 262 milles carrés. Nous avons emprunté l’expertise acquise à Shelter
Bay pour construire les installations de coupe, de transport du bois, les barrages, le quai et les
maisons à Franquelin.
La progression fulgurante de nos journaux, le Chicago Tribune et le New-York Daily News,
nous a incité à rechercher d’autres limites à bois. En 1936, pour répondre à la demande toujours
croissante de papier journal, nous avons transformé un rêve en réalité avec la construction d’une
municipalité moderne, Baie-Comeau près de Shelter Bay et Franquelin où l’on a érigé un moulin
à papier. C’était le premier projet de papier journal d’importance sur la Côte-Nord. La seule
autre affaire rentable sur un territoire long de 950 milles, peuplé d’environ 16 000 habitants, était
une petite usine de pâte à papier à Clarke City, l’œuvre des quatre (4) frères Clarke.
Baie-Comeau étant isolé des sources normales d’approvisionnement en énergie électrique, elle
avait besoin d’électricité pour le moulin à papier et les maisons de la nouvelle ville. Nous avons
fondé une nouvelle compagnie la Manicouagan Power Corporation et construit un barrage et une
centrale de 70 chevaux vapeur sur la rivière Outardes à l’Ouest de Baie-Comeau. Dans le but de
sécuriser en énergie nos installations, nous avons investi des sommes considérables pour
augmenter la puissance de beaucoup plus que nos besoins. Tous ces surplus ont été à l’origine
de la construction de la première aluminerie à Baie-Comeau. Durant nos voyages au RoyaumeUni, nous avons négocié avec les dirigeants de la British Aluminium Compagny, l’établissement
de la première usine sur la Côte-Nord, propriété aujourd’hui de la Société Alcoa. Présentement à
proximité de Port-Cartier (Shelter Bay) on complète l’agrandissement de la deuxième usine dans
la région, l’Aluminerie Alouette, qui sera la plus grande des Amériques et la cinquième au
monde.
Qui eût cru, lors de notre débarquement à Shelter Bay, que la construction de notre centrale
hydroélectrique près de Baie-Comeau serait le prélude à la venue d’Hydro-Québec dans la
région. Le commencement du développement énergétique de la province avec la construction
des barrages et des centrales sur les rivières Manicouagan, Outardes, Bersimis, et actuellement
Toulnustouc. Que tous ces investissements seraient en bonne partie la résultante de la
classification de la province de Québec parmi l’un des premiers producteurs d’hydroélectricité en
Amérique.
Qui eût cru que ma visite à Shelter Bay tracerait la route à la venue de riches conglomérats
américains au début des années 1954, pour réaliser des investissements majeurs, à la construction
des villes nordiques et minières de Schefferville, Labrador City, Wabush, Gagnonville, Fermont,
pour loger les travailleurs et leur famille. Ils ont construit des usines pour traiter le minerai de
fer, des chemins de fer pour relier Schefferville à Sept-Iles et Gagnonville à Port-Cartier (Shelter
Bay). Au début de 1970, ils ont rallongé le chemin de fer pour relier Mont-Wright (Fermont) à
Port-Cartier, ils ont construit des centrales hydroélectrique pour répondre aux besoins des villes
et des usines. À Sept-Iles et Port-Cartier, ils ont construit un port de mer en eau profonde, un
terminus de réception et d’expédition de minerai de très grandes capacités.
En 1949 à Havre St-Pierre, c’est l’arrivée de Q.I.T. Fer et Titane Inc. Les pêcheurs qui se
retrouvaient dans les chantiers, pour la coupe de bois de pulpe, appelé couramment bois de
pitoune, n’auront plus a passé les hivers dans les chantiers de Shelter Bay. On ne les verra plus
s’en retourner au mois de mars ou avril pour reprendre la pêche. Les pêcheurs ont abandonné
leur métier pour embarquer dans l’industrie minière.
Qui eût cru que 42 ans après mon débarquement, la Compagnie Minière Québec Cartier
construirait à l’Est de la rivière-aux-Rochers une nouvelle agglomération, qui le 1er juillet 1959,
fusionnée avec Shelter Bay est devenue la ville de Port-Cartier. La ville qui a connu la
croissance économique la plus rapide sur la Côte-Nord.
En septembre 1974, 37 ans après celle que nous avons inaugurée à Baie-Comeau, Rayonnier
Québec démarre à Port-Cartier (Shelter Bay) une immense usine avec une capacité journalière de
750 tonnes de pâte cellulosique et un plan de coupage et de transformation du bois pouvant
atteindre deux (2) millions de cordes par année. Malheureusement des relations de travail
difficiles ont contribué à la fermeture de l’usine en 1979.
En 1988, la population s’est réjouie lorsque Cascades et la Société Rexfor ont relancé l’usine, qui
cinq (5) années plus tard devait à nouveau fermer ses portes. Le moulin à papier acheté par la
ville et la Compagnie Cascades est remplacée par Uniforêt en 1994, qui ferme à nouveaux les
portes en 2001. En 2004, avec un projet beaucoup plus modeste, Kathadin relance de nouveau
la production de l’usine qui emploie environ 85 personnes.
Les avantages hydroélectriques, l’ouverture de la voie maritime du St-Laurent et les
infrastructures de la ville de Baie-Comeau provoquent en 1959, l’arrivée de la Cargill Grain qui
construit le plus important centre d’entreposage et d’exportation de céréales à l’Est du Canada.
À Port-Cartier, les avantages portuaires incitent la multinationale, la Louis Dreyfuss en 1968, à
installer des élévateurs à grain et un quai dans l’enceinte du port de la Minière Québec Cartier.
En 1978, la Compagnie Sidbec-Normines, achète les équipements du Lac-Jeannine ainsi que les
infrastructures de la Ville de Gagnon de la Minière Québec Cartier. Elle construit à Port-Cartier,
une usine de bouletage de fer, et commence par la suite sa production. En 1980, la crise qui
frappe le secteur du fer provoque des mises à pied et l’exode des travailleurs. Toutefois la
location de l’usine de bouletage par la Minière Québec Cartier permet de reprendre la production
en 1985.
En 1984, la fermeture de la mine de Fire Lake, près de Gagnon, entraîne l’arrêt de travaux de la
Compagnie Minière Sidbec-Normines et sonne le glas de la Ville de Gagnon qui fermera en
1985 et disparaîtra définitivement de la carte du Québec.
En 1962, la construction par la Minière Mines Wabush à Pointe-Noire, d’une usine de bouletage
et également d’un quai, confirme la vocation du secteur comme site portuaire pour la Ville de
Sept-Iles. En 1981, à Sept-Iles suite à la chute des prix dans le secteur du fer, l’usine de
bouletage d’Iron Ore doit fermer ses portes, 600 travailleurs perdent leur emploi dû à cette
décision.
Le 20 mars 1939, Brian Mulroney naît à Baie-Comeau, fils d’un de nos employés, ce brillant
avocat spécialisé dans le droit du travail devient président de la Compagnie Minière Iron Ore du
Canada de 1977 à 1983, au moment où il doit procéder à la fermeture de Schefferville. Il est élu
chef du Parti conservateur en 1983. En 1984, son parti remporte les élections générales. Il
devient le dix huitième Premier ministre du Canada le 17 septembre. En 1985, à titre de député
de Manicouagan et de Premier ministre, il annonce la construction d’un pénitencier à sécurité
maximal à Port-Cartier en remplacement du vieux pénitencier de Laval. Trois ans plus tard, en
1988, les premiers prisonniers franchissent le seuil de la prison. Environ 250 personnes
travaillent à cet établissement aujourd’hui.
En 1978, la scierie des Outardes est inaugurée suite à une entente conjointe entre la Compagnie
Québec et Ontario et la Société d’État Rexfor. À Port-Cartier en 1994, Uniforêt construit la plus
grosse scierie à l’Est du Canada.
Les villes et les villages de proximités ont vu surgir des centaines de petites et moyennes
entreprises et commerces qui procurent de nombreux emplois et, pourvoient aux besoins du
milieu en produits et services de qualité.
Nous avons été les pionniers de l’arrivée de l’ère industrielle sur la Côte-Nord. Les résidents de
plusieurs petits villages de la côte, de pêcheurs et chasseurs sont devenus des ouvriers forestiers
ou des mineurs. De partout, du Nouveau-Brunswick, de la Gaspésie, du Bas St-Laurent, du Lac
St-Jean, de Québec, Montréal, de la Mauricie, des travailleurs et leurs familles ont migré vers la
Côte-Nord pour profiter de la manne des emplois. Dire que nous pensions en 1915 à des
opérations temporaires et saisonnières sans possibilités de permanence.
Tous ces
développements économiques sur la Côte-Nord sont réellement au-delà de mes rêves.
Pointe-aux-Anglais et Rivière-Pentecôte, d’hier à aujourd’hui.
Secteur Pointe-aux-Anglais
Pointe-aux-Anglais doit son nom au naufrage d’une partie de la flotte de Sir Hovenden Walker
(dans la nuit du 23 août 1711). En effet, huit des soixante et onze navires composant la flotte,
ayant pour mission de prendre Québec et de faire tomber la colonie française aux mains des
anglais, ne peuvent résister à une violente tempête et vont s’écraser sur les récifs de l’Ile-auxŒufs, située à quatre kilomètres à l’ouest de Pointe-aux-Anglais. L’événement cause la mort de
plus de huit cents personnes et met un terme à l’expédition, sauvant ainsi la colonie française.
Les habitants ont trouvé de nombreux vestiges de la tragédie dont les plus grosses pièces se
retrouvent dans plusieurs musées de la province et plus spécifiquement au Musée Louis-Langlois
de Pointe-aux-Anglais.
Pentecôte reçoit son nom en 1535 lors du deuxième voyage de Jacques Cartier en Amérique. Le
havre naturel qu’offre la rivière permet à la flotte de jeter l’ancre le jour de la Pentecôte. C’est
ainsi que la rivière fut baptisée de même que le village qui prend naissance trois cents ans plus
tard.
Secteur Rivière-Pentecôte
Rivière-Pentecôte, connu comme un lieu de pêche, devient un village forestier en 1883 quand les
frères Gagnon de Québec y établissent une scierie. La prospérité marque les débuts de la
nouvelle industrie qui attire des gens de Havre-Saint-Pierre, de Rivière-au-Tonnerre et de
Sheldrake. La scierie fait travailler plus de cent hommes et produit en 1892 et 1893, quelques
quarante mille billots transformés en planches d’épinette qui sont expédiées en Angleterre, en
Irlande et au Portugal.
Au milieu des années 1900, la Sherbrooke Lumber Company acquiert l’usine des frères Gagnon
et la transforme pour écorcer du bois à pâte. Elle emploie plus de trois cents hommes provenant
des Iles-de-la-Madeleine, de la Gaspésie et de la Basse Côte-Nord. L’activité reliée à l’industrie
du bois a connu son âge d’or et décline à partir de 1910. Le départ de la Canadian International
Paper (C.I.P.) en 1975 sonne le glas de l’exploitation forestière à Rivière-Pentecôte.
En 1885, l’abbé Alphonse Benoît Côté, premier missionnaire résident de Rivière-Pentecôte veille
à la construction de l’église. Installée sur le cap, elle surplombe la Baie-des-Homards et
l’embouchure de la rivière Pentecôte.
Baie-des-Homards doit son nom à la présence de nombreux homards venant s’alimenter dans la
baie. Au début du siècle, on y retrouvait même une usine de mise en conserve du homard. En
1905, elle accueille ses premiers habitants, Alphonse Desrosiers et Marie Jean.

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