Le cynips : un ravageur aux portes des châtaigneraies du sud
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Le cynips : un ravageur aux portes des châtaigneraies du sud
Protection des cultures Le cynips : un ravageur aux portes des châtaigneraies du sud-ouest EN CHIFFRES 500 producteurs de châtaignes potentiellement concernés par ce ravageur en Dordogne Galle du châtaignier (Photos : Station Agroscope Changins Suisse) Pour préserver l’équilibre écologique fragile des châtaigneraies, seule une lutte biologique peut être mise en œuvre contre ce nouveau ravageur mais il faut attendre la présence des foyers de l’insecte. Après con irmation de la présence du cynips, l’introduction d’un prédateur d’origine chinoise offre une solution ef icace. L e cynips du châtaignier ( ) est un insecte hyménoptère considéré au niveau mondial comme le ravageur le plus important de cette essence. Originaire d’Asie, il est découvert en Europe au début des années 2000 et en France en 2007 (Alpes-Maritimes) sur arbres adultes. En 2005, le cynips avait été trouvé et éradiqué sur des jeunes plants dans cette même zone. En mai 2010, des foyers étendus sont repérés dans la Drôme, l’Ardèche et le Var. Les attaques de cynips provoquent une forte diminution de la croissance des arbres et des pertes considérables de productions fruitières (50 à 70 %). Un mode de reproduction original : la parthénogenèse Dès l’émergence des adultes de n mai à début juillet, les femelles INNOV'A 2011 - Chambre d'agriculture Dordogne 36 pondent aussitôt dans les bourgeons latents et verts situés à l’aisselle des feuilles de la pousse de l’année. Chaque femelle, dont la durée de vie est d’une dizaine de jours, pond une centaine d’œufs à raison de 3 à 5 œufs par bourgeon. Les œufs éclosent au bout de 30 à 40 jours et les larves débutent leur croissance dans les bourgeons infestés durant l’été et le début de l’automne. EN CHIFFRES 85 000 hectares de taillis de châtaigniers sous la menace de cet insecte en Dordogne Une éradication dif cile et des impacts dif cilement mesurables De part son mode de reproduction original, la détection du cynips est extrêmement dif cile. En effet, dans les 8 à 9 mois qui séparent la ponte (juin, juillet année n) de l’apparition des galles (avril, année + 1) les bourgeons contaminés conservent un aspect tout à fait normal. Ainsi, il est tout à fait possible de transporter des arbres ou des greffons contaminés sans soupçonner la présence du ravageur dans les bourgeons en repos végétatif. Par ailleurs, les galles sont relativement discrètes et peuvent passer inaperçues durant plusieurs années dans des secteurs rarement visités. Les dégâts causés par le cynips varient d’une simple perte de vigueur (et de production) à la mortalité des arbres par de très fortes infestations. L’ensemble de l’espèce châtaignier est concernée (châtaigniers à fruits communs ou hybrides et bois de châtaignier). A ce jour, aucun autre agent produisant des galles sur châtaignier n’est connu. INNOV'A 2011 - Chambre d'agriculture Dordogne 37 Des sensibilités variétales variables La création variétale au Japon a permis de sélectionner des variétés relativement résistantes à l’insecte. En Italie, la plupart des variétés locales de l’espèce sont toutes sensibles aux cynips. Les travaux d’évaluation de la sensibilité des variétés réalisés par l’Université de Turin ont permis de constater qu’à ce jour Bouche de Bétizac était totalement résistante. Par contre, Marsol et Marigoule restent à classer dans les variétés sensibles, Précoce Migoule serait moyennement sensible. Le CTIFL et INVENIO ont démarré en 2010 un travail d’évaluation de nouveaux hybrides ; les premiers résultats sont attendus pour 20122013. Une lutte biologique ef cace La piste de la lutte chimique semble très peu adaptée : peu de produits ef caces, dif cultés pour traiter des arbres de grande taille, risque de détruire les prédateurs naturels. Ainsi, seule la lutte biologique est envisageable. Les observations réalisées en Chine ont mis en évidence un micro-hyménoptère très ef cace pour lutter contre le cynips : . Cet hyperparasite pond ses œufs dans les larves de cynips en empêchant le développement complet des larves de cynips. Il freine considérablement les populations du ravageur. Des travaux d’acclimatation de en Italie durant la période 2002-2005 ont conduit à des premiers lâchers en 2005. Les observations effectuées en 2009 montrent près de 10 % de galles parasitées. Le prédateur est bien acclimaté et l’on peut penser qu’une solution d’équilibre sera atteinte au bout de 7 à 8 ans. Protection des cultures Cynips adulte Le développement des jeunes larves cesse durant la n de l’année et l’hiver. Les larves reprennent leur croissance au moment du débourrement des jeunes bourgeons (avril) et induisent la formation de galles (réaction du bourgeon aux toxines émises par les larves). Après 20 à 30 jours de développement dans les bourgeons, les jeunes larves se nymphosent et les jeunes adultes nouvellement formés restent de 10 à 15 jours supplémentaires dans les galles avant d’émerger. Le cynips du châtaignier est une espèce à reproduction par parthénogenèse thélytoque : les femelles se reproduisent sans accouplement avec des mâles et ne donnent naissance qu’à des femelles. Précautions à prendre • Une surveillance régulière pour détecter les foyers le plus tôt possible • Signalement de tous les symptômes suspects à des personnes compétentes • Ne pas importer de plants d’origine inconnue • Ne pas acheter de plants ni de greffons en provenance des zones infestées (s’informer auprès des services de la direction des végétaux) • Éviter la multiplication de matériel végétal (rameaux, greffons...) sans en connaître l’origine Témoignage de Bertrand GUERIN, producteur de châtaignes à Nojals et président de l’Union interprofessionnelle châtaigne Périgord Limousin Midi-Pyrénées « Nous devons nous attendre à l’arrivée du ravageur. D’ailleurs, un arrêté vient de paraître (NDLR : arrêté du 22 novembre 2010 publié au Journal of ciel le 1er décembre 2010). Il va également falloir que la profession prenne rapidement position par une information coordonnée et un dispositif d’alerte. Bien entendu seule la lutte biologique est envisageable. Des questions demeurent pour l’instant sans réponse : - Quelles vont être dans un proche avenir les préconisations en terme de variétés pour les nouvelles plantations ? - Comment dans un tel contexte maintenir une dynamique de plantation ? - Qu’en est-il de la disponibilité des plants et comment produire des plants en zone contaminée ? Il est urgent de tester les nouvelles variétés a n d’engager rapidement leur multiplication si elles s’avèrent résistantes au cynips. » Contact Votre conseiller Didier MÉRY Tél. 05 53 35 88 65 [email protected] Vue du verger de Bertrand Guérin Plus d’infos sur www.dordogne.chambagri.fr rubrique «Productions végétales/ irrigation» - Arboriculture INNOV'A 2011 - Chambre d'agriculture Dordogne 38