Migration et hivernage de la Grue cendrée - Bourgogne

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Migration et hivernage de la Grue cendrée - Bourgogne
études ornithologiques
Migration et hivernage de la Grue cendrée (Grus grus)
en Bourgogne, et dans la Nièvre en particulier
Sébastien MERLE*
Résumé
La migration de la Grue cendrée couvre presque l’ensemble de la Bourgogne, avec cependant seulement 2 départements
véritablement concernés en terme d’effectifs : la Nièvre et l’Yonne. De plus, les comptages réalisés depuis 10 ans dans la
Nièvre montrent qu’un couloir large de seulement une trentaine de kilomètres et comprenant de l’axe Clamecy-Nevers,
concentre l’essentiel du passage.
L’hivernage en Bourgogne et dans le centre de la France en général remonte à 30 ans, mais ne s’est véritablement
développé qu’à la fin de années 90. Dans la Nièvre, 3 à 4 sites sont maintenant fréquentés chaque année, pour un effectif
hivernant de plus de 1000 grues, ce qui représente le tiers de l’ensemble du secteur « centre France », et 5 à 10 % de
l’effectif hivernant en France.
La tendance est à l’augmentation des effectifs et du nombre de sites.
Avec l’augmentation de la population ouest-européenne, un axe situé à l’est de la Bourgogne, via le val de Saône est
maintenant plus régulièrement fréquenté ; l’hivernage, occasionnel jusqu’à présent, pourrait s’y ancrer plus solidement
à l’avenir.
Mots-clés : Grue cendrée, migration, hivernage, Bourgogne, Nièvre.
*18 rue des carrières - 58180 MARZY
Introduction
L’aire de reproduction de la Grue cendrée (Grus grus) s’étend de l’Europe de l’Ouest à
l’extrême Est de la Russie (DEL HOYO et al., 1996). Cette espèce migratrice parcourt chaque
année quelques milliers de kilomètres pour rejoindre ses quartiers d’hivernage situés dans la
péninsule Ibérique, en Afrique du Nord, en Afrique sub-saharienne et en Asie, et en revenir.
La population qui survole la Bourgogne se reproduit essentiellement en Scandinavie, en
Finlande, en Allemagne, dans les Pays Baltes, et, probablement dans une moindre mesure,
dans divers pays d’Europe de l’Est. L’espèce se reproduit également en France, Pays-Bas et
Grande-Bretagne, mais avec des effectifs insignifiants par rapport à l’effectif qui survole notre
pays, estimé à environ 220 000 – 240 000 individus selon les estimations les plus récentes
(DESCHATRES & LE ROY, 2009). Lors de la migration d’automne, les grues se rassemblent
en divers sites, comme la région de Rügen (Mecklenburg-Vorpommern) et celle de Berlin
(Brandenburg) en Allemagne, d’où elles enclenchent généralement leur migration pour la
France et l’Espagne ; c’est en principe cette partie de la population européenne qui concerne
la Bourgogne. Remarquons qu’une autre partie des grues « européennes » emprunte une voie
située plus à l’est, avec notamment le Parc National d’Hortobagy (Hongrie) comme site de
rassemblement ; il est admis que ces grues continuent leur migration vers l’Afrique du Nord via
la Grèce et l’Italie, mais il a été récemment montré que quelques unes d’entre elles rejoignent
les quartiers d’hivernage d’Espagne en longeant la côte méditerranéenne française (MINGOZI
et al., in PRANGE, 2008) ce qui constitue une nouvelle voie de migration pour notre pays.
Signalons enfin, pour montrer la complexité de la migration de la Grue cendrée et la difficulté
d’évaluer la population qui survole la Bourgogne, qu’un suivi par balise Argos a donné des
résultats inattendus : une Grue cendrée née en 2008 en Finlande, nommée Aino, a été équipée
d’une balise, a emprunté la voie de migration orientale par la Hongrie, hiverné en Afrique du
Nord, puis est revenue en Finlande par l’Espagne, la France (dont la Bourgogne) et l’Allemagne
(http://www.satelliittikurjet.fi/aino/aino_gmap.html).
La Bourgogne est donc idéalement située sur le trajet des Grues cendrées, et les quatre
départements qui la composent participent d’ailleurs au Réseau Grues France, initié par la
LPO Champagne-Ardenne. Les départements de la Nièvre et de l’Yonne sont plus particulièrement concernés par la migration, tandis que l’apparition de l’hivernage de l’espèce dans la
Nièvre constitue un nouveau pôle de suivi. Le présent article a pour but de retracer les principaux résultats obtenus depuis une grosse décennie dans la Nièvre, et de les restituer dans
le contexte bourguignon.
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Méthode de suivi de la migration et de l’hivernage
dans la Nièvre
Depuis 1995, l’association SOBA NATURE NIEVRE a constitué un réseau performant
de suivi de la migration, regroupant entre 100 et 150 observateurs de la Nièvre ; les comptages ainsi réalisés alimentent le Réseau Grues France. La méthodologie est classique :
une date, une heure à la minute près, un lieu, un effectif (quand cela est possible). Des
renseignements complémentaires sont souvent fournis par les observateurs, comme l’altitude de vol (certains observateurs s’en sont fait une spécialité, en procédant par visée,
ou par méthode photographique), ou la direction du vol.
L’apparition des appareils photo numériques a permis d’accroître encore la précision
des comptages, qui se font alors sur écran d’ordinateur ; ainsi, environ 15 % des effectifs
recensés pendant l’automne 2008 l’ont été sur photographie.
Parfois, des suivis nocturnes sont réalisés, avec comptage des oiseaux lorsque les
conditions le permettent. Le radio-tracking est également utilisé pour tenter de repérer
l’une des quelque cent grues équipées.
Le suivi de l’hivernage se décompose quant à lui en comptages au lever du jour au
départ des dortoirs, en comptages sur les gagnages, à la recherche des grues baguées
et des grues radio-équipées (radio-tracking).
Migration en Bourgogne
et dans la Nièvre
Toute la Bourgogne est concernée
par le passage des Grues cendrées.
Cependant, plus de 95 % des grues traverse la Bourgogne par l’Yonne puis la
Nièvre sur un couloir de 200 km de large.
Et à l’intérieur de ce couloir, on trouve un
axe privilégié qui est directement lié à
l’importance du Lac du Der comme halte
migratoire (voir carte 1).
Un axe minoritaire est également
fréquenté à l’est de la Bourgogne, sur
l’axe des vallées de la Dheune (71) et de
la Bourbince (71) (S. Mezani, comm.
pers.). Les effectifs sont en légère augmentation sur cet axe, mais sont soumis à des fluctuations d’une année sur
l’autre. Il semble également qu’un petit
axe le long de la Saône et du Rhône se
constitue, mais ne concerne pour l’instant que quelques dizaines (centaines ?)
d’individus. Usuellement, les observations
réalisées en dehors du corridor privilégié
Yonne-Nièvre concernent des oiseaux en
provenance directe d’Allemagne.
De par sa situation, la Nièvre occupe
une position stratégique dans le suivi Carte 1. Couloir de migration des Grues cendrés.
national des grues :
•bien située dans le couloir de migration et par rapport au Der (horaires de passage
favorables au comptage) ;
•fleuve Loire qui joue le rôle de « barrière de péage », ce qui permet d’éliminer en grande
partie les doubles comptages ;
•population humaine essentiellement concentrée le long de cette barrière virtuelle qu’est
la Loire, ce qui fournit à la fois beaucoup d’observateurs et une bonne répartition de ces
observateurs le long de cette « barrière ».
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La migration post-nuptiale est nettement liée aux conditions météorologiques, mais ces
dernières ne sont sans doute pas les seuls facteurs. Ainsi, se dégagent quelques périodes
clés dans l’automne, où l’on est sûr d’avoir des vagues importantes :
•1re vague généralement située entre le 12 et le 18 octobre
•2e vague se déroulant généralement entre le 24 et le 30 octobre
Effectif
Ensuite, en novembre et décembre, c’est plus aléatoire… Les mouvements ont généralement lieu jusqu’à Noël, mais on assiste occasionnellement à des vagues migratoires
en janvier.
L’effectif recensé lors de la migration post-nuptiale (voir graphique 1) a fortement
augmenté, et ce, pour plusieurs raisons ; la première, c’est l’augmentation de la population
qui survole l’Allemagne et la France ; l’augmentation du nombre de couples nicheurs est
notable, mais insuffisante pour expliquer une progression aussi forte, et inexplicable par
les modèles usuels (A. Salvi, comm. pers.). Une deuxième raison provient peut-être de la
réorientation d’une partie des grues nicheuses en Europe de l’Est, qui viennent chez nous
actuellement au détriment d’autres voies migratoires. L’exemple de la grue balisée Aino,
évoquée dans l’introduction, montre que ces échanges sont possibles. La troisième raison
est sans doute liée aux observateurs
et au réseau qui a progressivement
accru sa performance ; cependant,
ce paramètre n’évolue sans doute
presque plus depuis 3 ou 4 ans, les
observateurs étant maintenant nombreux et aguerris.
Années
Pourcentage
Graphique 1. Effectif comptabilisé en migration post-nuptiale dans la Nièvre.
Années
Effectif
Graphique 2. Pourcentage d’oiseaux comptés lors de la migration post-nuptiale dans la
Nièvre par rapport à la population ouest-européenne.
Années
Actuellement, le réseau nivernais recense en moyenne 59 % de
l’effectif qui survole la France (voir
graphique 2) lors de la migration postnuptiale, ce qui place le département
de la Nièvre en pointe dans le suivi
national, tant sur le plan quantitatif
que qualitatif.
Alors que la migration post-nuptiale s’étend sur 4 mois, la migration
pré-nuptiale est beaucoup plus courte
et prévisible ; elle dure 2 mois environ,
et 90 % de l’effectif traverse la France
en seulement 2 semaines, à peu près
centrées sur le 1er mars, selon une
courbe de type « gaussienne ». Dans
la Nièvre, seulement 10 à 25 % de
l’effectif total est détecté (voir graphique 3), car les grues passent beaucoup de nuit. Les grues observées sont
essentiellement celles qui hivernent
en Aquitaine ou y ont fait escale
en revenant d’Espagne. Le réseau
nivernais est donc moins performant
sur ce créneau que d’autres régions
situées plus au sud-ouest : le Limousin
par exemple. Mentionnons également
qu’il est fréquent qu’une des premières
grosses vagues migratoires emprunte
un couloir situé plus au nord-ouest ;
ceci est notamment corroboré par
les observateurs situés dans l’Yonne
(R. Friedrich, comm. pers.).
Graphique 3. Effectif comptabilisé en migration pré-nuptiale dans la Nièvre.
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Notre suivi nous a aussi amené à définir un couloir principal de migration. Depuis
plusieurs années, particulièrement en 2007, nous avons cherché à cerner le plus précisément possible la zone d’importance majeure pour les grues migratrices, afin de pouvoir
répondre notamment aux enquêtes d’utilité publique (projets éoliens), ou à divers bureaux
d’étude. Les résultats montrent qu’en moyenne 82 % de l’effectif recensé dans la Nièvre
transite par un couloir large de seulement 30 km (MERLE, 2007). L’étroitesse de ce
couloir coïncide avec la tendance de l’espèce à la concentration sur un nombre limité de
sites, ce qui est évidemment source de fragilité pour sa population. La migration de nuit,
des conditions météorologiques défavorables (brouillard, vent contraire…) donnent lieu
à divers accidents : collision avec des lignes électriques, ou avec d’autres types d’obstacles : les derniers accidents signalés à l’occasion d’un passage nocturne (et publiés
dans le Journal du Centre du 26 février 2009) relatent une grue électrocutée et une grue
ayant percuté un mur de maison (!!) à Ouagne (58), près de Clamecy, en plein centre de
cet axe sensible que nous avons délimité. Contrairement à ce que l’on pourrait penser,
ce genre d’événements ne concerne pas que les sites d’hivernage comme la région du
Lac du Der où ils sont régulièrement signalés. Tous ces éléments font de cet axe une
zone de protection prioritaire, qui, par hasard, coïncide aussi avec celle d’autres espèces
patrimoniales comme la Cigogne noire ou le Milan royal.
Hivernage en Bourgogne
Il est remarquable de constater que l’hivernage est apparu dans le Centre de la France
à peu près au même moment qu’en Champagne-Ardenne et en Lorraine. En revanche,
nous n’avons pas connu du tout le même développement que dans les deux régions
précédemment citées.
Un premier véritable hivernage de 2 Grues cendrées a lieu entre le 30 novembre 1977
et le 26 février 1978 au sud de Moulins (03 – Allier), à une trentaine de kilomètres au sud
de la Nièvre (Blanchon, 1983). Le premier hivernage complet apparaît dans la Nièvre
en Bourgogne durant l’hiver 1981-1982, puis dans le Cher en 1982-1983, puis dans l’Indre
en 2000-2001 (MERLE, 2008) ; on compte actuellement 10 sites d’hivernages répartis
dans ces quatre départements.
La constitution d’un site d’hivernage suit grosso modo le schéma suivant :
•stationnements à l’automne ou au printemps, qui deviennent plus longs au fil des ans ;
•stationnements à la fois à l’automne et au printemps, de plus en plus longs ;
•hivernage d’un petit groupe de grues ;
•progression plus ou moins marquée (selon les sites) de l’effectif hivernant.
Ponctuellement, au moment des migrations, l’ensemble de ces sites peut totaliser
jusqu’à 4000 grues, mais, en plein cœur de
l’hiver, la moyenne est plutôt à 1000-2000
grues.
Effectif
La situation dans la Nièvre se résume comme suit :
•1er site (Val de Loire) pérenne à partir de 1996-1997 au moins ;
•2e site (Val d’Allier) pérenne à partir de 2000-2001 ; devenu site principal ;
•3e site (Val de Loire) occupé à partir de 2001-2002 ;
•4e site (Val de Loire) occupé à partir de
2004-2005 ; ce site, qui concerne une partie
de la Réserve Naturelle du Val de Loire, est
généralement attribué au département du
Cher, car c’est dans ce département que les
grues passent le plus de temps ; néanmoins,
elles fréquentent également la Nièvre.
L’essentiel des grues hivernantes est
néanmoins concentré sur le site principal, qui
accueille plus de 70 % de l’effectif hivernant en
Bourgogne ; le graphique 4 montre l’évolution
de l’effectif sur ce site principal.
Années
Graphique 4.
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Les premières hivernantes arrivent généralement dès la mi-octobre et commencent à
quitter le site à partir de la mi-février. Les dernières grues quittent habituellement le site
début avril, ce qui donne une période d’occupation proche de 6 mois (pas forcément par
les mêmes grues néanmoins).
La recherche et le suivi des grues baguées ou radio-équipées est un élément essentiel
de notre suivi. Entre l’hiver 2004-2005 et l’hiver 2007-2008 inclus, nous avons contacté
97 grues baguées dans le Centre de la France, pour partie des hivernantes, pour partie
des migratrices en stationnement. Le record de contrôles a été battu en 2008-2009
puisque 57 grues baguées ont été observées (une partie d’entre elles figure avaient été
observées les hivers précédents). Par ailleurs, nous observons régulièrement la présence
simultanée de 3 ou 4 grues radio-équipées pour quelques milliers d’hivernantes, ce qui est
un nombre élevé sachant qu’environ 100 grues sont radio-équipées pour une population
totale d’environ 230 000 grues.
Le plus souvent, les grues baguées proviennent d’Allemagne (voir tableau I) ; l’une
des raisons, c’est que c’est l’un des pays qui bague le plus. Mais cela ne permet pas
d’expliquer un tel différentiel entre l’Allemagne et les autres pays, notamment pour les
données hivernantes.
Le site principal de la Nièvre est un site exceptionnel,
avec 1 grue baguée sur 100 hivernantes en moyenne, et
ce chaque hiver. Pour comparaison, les statistiques de
Champagne-Ardenne tournent plutôt autour d’une grue
baguée pour 600 ! On constate sur ce site la présence
de 4 hivernantes fidèles depuis leur premier hivernage
(oiseaux qui ont commencé à hiverner dans la Nièvre à
l’âge adulte), et de 2 hivernantes assez fidèles (oiseaux
qui ont passé leur premier hiver dans la Nièvre, et qui
ont passé uniquement leur deuxième hiver ailleurs – en
Aquitaine pour l’un d’entre eux). Les autres grues baguées
hivernantes sont des oiseaux souvent immatures (âgés de
2 à 4 ans) qui n’hivernent qu’un an. Le reste des contrôles
concerne des oiseaux qui stationnent quelques temps sans
hiverner. Relativement peu d’oiseaux bagués concernent
des migratrices sur ce site, contrairement au site principal
Tableau I. Origine des grues baguées
observées dans le centre de la France
entre 2004-2005 et 2007-2008.
Pays
Nombre
Allemagne
57
Suède
18
Estonie
8
Finlande
4
Norvège
2
Pologne
2
Inconnu
6
Total
97
du Cher par exemple.
L’analyse de l’origine des grues baguées observées dans la Nièvre montre qu’une part
importante de nos hivernantes provient de la région Biosphère de Chorin, Brandenburg,
Allemagne ; les oiseaux arrivent même parfois ensemble. Cela explique sans doute pourquoi on observe tant de grues baguées ; celles-ci proviennent en majorité de la même
région d’Allemagne de l’Est, où les bagueurs sont très actifs. L’ensemble de ces constatations confortent les hypothèses quant aux causes de l’extension de l’aire d’hivernage
depuis l’Espagne vers le nord, dont la Bourgogne : erratisme d’immatures (Alonso et
al., 2003), et changement de comportement d’oiseaux âgés qui ont d’abord hiverné en
Espagne avant de choisir la Nièvre pour être plus près de leur zone de reproduction en
Allemagne, où la densité des couples est forte et la compétition pour les sites de reproduction plus rude (MERLE, 2008).
Ailleurs en Bourgogne, l’hivernage est susceptible de se développer. Il a déjà eu lieu
dans le val de Loire en Saône-et-Loire, vers Vitry-sur-Loire, lors de l’hiver 2002-2003.
Comme nous y observons encore de temps en temps des grues stationnées au printemps,
la création d’un site pérenne d’hivernage est envisageable. Le val de Saône en Saône-etLoire accueille également des stationnements réguliers, dont le plus probant, qui peut-être
considéré comme une tentative d’hivernage : jusqu’à 300 grues du 11/12/02 au 05/01/03
(S. Mezani, comm. pers.). L’ensemble de cette région, à cheval sur les départements de
l’Ain, de la Côte-d’Or, du Jura et de la Saône-et-Loire tend à voir le nombre de stationnements croître, et voit dans le même temps de plus en plus de grues fréquenter cet axe
migratoire : il pourrait être colonisé dans un avenir plus ou moins proche.
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Conclusion
Les suivis migratoires dans la Nièvre ont mis en évidence un étroit couloir de migration
où passent environ 80 % des grues détectées dans ce département ; la protection de ce
couloir est une nécessité vu son importance dans la principale voie de migration occidentale.
L’hivernage dans la Nièvre, apparu récemment, se développe actuellement rapidement,
et pourrait croître encore. En effet, la maïsiculture, qui fournit une part importante de la
nourriture des grues hivernantes, est toujours très développée, et la présence concomitante
de prairies en bocage semble être très favorable aux grues. Par ailleurs, il subsiste dans le
val de Loire de Bourgogne des sites favorables pas encore colonisés. Enfin, la colonisation
du val de Saône peut-être envisagée. Cependant, cette évolution positive pourrait être
limitée (voire stoppée ?) par le dérangement humain (chasse, pêche, tourisme ornithologique, photo animalière…) en forte progression depuis 2 ans, et également par l’action
d’agriculteurs dont certains se plaignent de dégâts sur les cultures (dégâts réels, mais pour
l’instant relativement limités), du nombre d’hivernantes, et du tourisme « ornithologique/
photographique » qui induit une fréquentation humaine non souhaitée sur leurs propriétés.
Le suivi de l’hivernage des Grues cendrées reste donc une de nos priorités.
Remerciements
à tous les observateurs qui contribuent au suivi de la migration dans la Nièvre
à Y. Bolnot, A., C. et F. Chapalain, S. Coquery, M. Lacroix, S. Lebreton, J. Pitois,
J.-C. Sautour (SOBA Nature Nièvre), S. Mezani et B. Grand (AOMSL), P. Derrien
(CEOC), A. Gendeau (SEPOL), M. Prevost, P. Boyer et T. Chatton (Indre Nature),
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