le culte de l`eau chez les incas

Transcription

le culte de l`eau chez les incas
le culte
de l’eau
chez les
La tradition orale, très vivante en Amérique latine, a permis au
culte de l’eau de se perpétuer de génération en génération. Grâce
à cette croyance, des canaux hérités de l’époque précolombienne
sont toujours en service aujourd’hui. L’eau ainsi domptée coule
dans des endroits qui défient l’hostilité de la nature.
incas
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De la culture inca et préinca, nous ne connaissons que peu de choses,
car pratiquement aucun document écrit n’a
été retrouvé. De plus cette culture a subi
« l’extirpation d’idolâtrie » orchestrée par
les Espagnols qui, pour étouffer le moindre
germe de rébellion, ont supprimé toute trace
des croyances indigènes. Cependant, grâce
à la tradition orale encore très présente chez les
peuples andins, le culte de l’eau s’est transmis de
génération en génération. C’est de là d’ailleurs
que vient l’esprit de collectivité autour de
l’eau, si fort en Amérique latine. En effet, ces
civilisations animistes vénéraient les sources
et les rivières, car l’eau y était considérée
comme le principe fécondateur masculin de la
terre. L’irrégularité du relief andin est encore
aujourd’hui un défi permanent pour l’homme,
car l’eau des rivières descend rapidement dans
le fond des vallées ou disparaît dans les cassures
du terrain. Des terrasses, des barrages et des
canaux furent construits à cette époque afin
de ralentir et maîtriser la course de l’eau pour
l’irrigation des cultures. Les ingénieurs durent
faire des calculs très précis pour apporter l’eau
sur plusieurs kilomètres, comme le canal de
la Cumbre au nord du Pérou, qui relie entre
eux une succession de bassins sur 84 km. Il
aurait été construit entre 1200 et 1100 av. J.-C.
par les Chimú qui bâtirent un empire allant de
l’Équateur au Pérou. La prouesse de ces hommes
réside dans leur connaissance des courbes de
niveaux et leur respect des lois de la gravité,
sans avoir pu bénéficier de l’usage du théodolite
(instrument topographique pour mesurer
les angles, inventé au xviiie siècle).
La tradition orale a également transmis le mythe
du héros civilisateur, appelé l’Inca (terme qui
désignait en fait un empereur inca), qui est
à l’origine de ces travaux. Homme grand et
lumineux, il avait à ses côtés une couleuvre d’or,
capable de creuser des saignées et des canaux
dans la roche pour apporter le liquide divin aux
mortels. Le caractère sacré de l’eau obligeait
les Incas à la respecter et à la préserver. Selon
eux, des sources divinisées pouvaient se tarir si
on les offensait en puisant avec un récipient plein
de boue ou de suie. Aussi, pour éviter la colère
des dieux, fallait-il impérativement utiliser des
récipients blancs et propres. Ils avaient aussi une
connaissance très précise de la qualité de l’eau
car ils savaient déterminer quelles sources étaient
destinées au bétail, à la boisson des hommes, aux
lessives (en différenciant les sources à utiliser
pour laver le linge blanc ou le linge de couleur).
Après les récoltes de la fin de l’été, les villages
organisaient ensemble de grandes fêtes pour
purifier, récurer et entretenir les canaux.

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