vers une chaine graphique optimale - Emmanuel GENESTE

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vers une chaine graphique optimale - Emmanuel GENESTE
VERS UNE CHAINE GRAPHIQUE OPTIMALE
Calibrer son écran avec SpyderPro
V0.99
Emmanuel GENESTE, 2004
http://photo.geneste.free.fr
[email protected]
1
Table des matières
Qu’est-ce que le gamma ?
1
L’origine de la valeur 2.2
1
Et le gamma 1.8 du MAC ?
2
Qu’est-ce que la gestion des couleurs ?
2
Espaces colorimétriques et limitations
5
Installation d’OptiCAL
6
PreCAL
7
Optical
11
2
Introduction
Pourquoi est-il nécessaire d’étalonner son écran ?
Qu’est-ce que le gamma ?
Le gamma γ ou plus exactement le facteur gamma traduit la relation de non linéarité entre un signal
d’entrée SE et un signal de sortie SS. La représentation mathématique de cette relation est alors :
SS = SE γ
Cette formule permet de modéliser le comportement d’un bon nombre d’appareils électroniques dont
le tube cathodique de notre écran d’ordinateur. En effet le canon à électrons du tube cathodique ne
donne pas une réponse linéaire. Une tension d’entrée de 50% produit une intensité lumineuse de
seulement 18%. Autre exemple, l’opacité d’un milieu varie de zéro à l’infini ; mais notre échelle de
sensibilité de l’œil n’est pas linéaire. Si l’opacité d’un objet varie dans un rapport 10, notre œil ne
percevra pas cet objet comme étant 10 fois moins transparent mais seulement 2 fois moins. En termes
mathématiques, la sensibilité de notre œil suit une progression logarithmique. L’échelle logarithmique
est bien connue des physiciens car elle permet de condenser un très large domaine de valeurs ; mais
c’est la nature qui l’a inventée, et notre œil est fonctionnel aussi bien à la lueur d’une bougie que sous
un soleil de midi.
L’origine de la valeur 2.2
Tout tube cathodique, à commencer par la télévision, a un gamma d’environ 2,5. Ceci est dû aux
propriétés physiques du canon à électrons et non aux photophores de l’écran comme nous l’entendons
souvent. Nous n’y pouvons rien, c’est comme cela par construction. Or regarder un film avec le
gamma 2.5 d’un téléviseur n’est absolument pas réaliste et il est donc nécessaire d’effectuer une
correction gamma afin de rendre le signal linéaire. Au début de la télévision, il n’était pas
économiquement envisageable d’inclure une électronique de correction fort coûteuse dans chaque
téléviseur. Les protagonistes de ce nouveau média décidèrent donc de corriger tous les programmes
avant leur diffusion. Mais quelle compensation effectuer ?
L’environnement standard pour regarder la télévision est une lumière atténuée. Dans ces conditions,
un gamma final ramené à 1 rend l’image subjectivement plate et trop claire. En effet la surface d’un
téléviseur est relativement petite par rapport à notre champ de vision. Nous voyons donc beaucoup de
pénombre et une petite surface (le téléviseur) très lumineuse dans laquelle il est alors difficile de
discriminer les tons. En revanche avec un gamma final de 1.1, nous avons une perception réaliste d’une
scène filmée vue dans un téléviseur plongé dans la pénombre. Avec un tel gamma, les tons moyens
sont en effet un peu assombris. Comment obtenir un tel gamma ?
Dans une chaîne de reproduction, le gamma final est le produit de tous les gamma intermédiaires. Par
exemple supposons une camera vidéo avec un gamma de 0.45 et un téléviseur avec, nous l’avons vu,
un gamma de 2.5. Le signal d’entrée de la camera vidéo sera altéré en sortie par son gamma selon :
SScv = SEcv0.45
1
De même le signal d’entrée du téléviseur sera altéré en sortie selon :
SSt = SEt2.5
Dans cette chaîne de reproduction, le signal d’entrée du téléviseur est le signal de sortie de la camera
vidéo, soit :
SEt = SS cv
D’où :
SS t = SS cv2.5
⇔ SS t = ( SEcv0.45 ) 2.5
⇔ SS t = SEcv0.45 x 2.5
Le gamma final est donc bien le produit des gamma intermédiaires.
Cette exemple n’est pas choisi au hasard ; remarquez que 0.45 fois 2.5 fait 1.125 qui est ni plus ni
moins notre gamma désiré de 1.1. Le gamma de 0.45 de la caméra vidéo n’est pas intrinsèque à ce type
de matériel. La camera vidéo a bien son propre gamma, mais il est corrigé de façon à obtenir un
gamma global de 0.45 ; qui sera alors en adéquation avec le gamma du téléviseur. Hors l’inverse de 0.45
est 2.2 ! En fait tout ce qui doit être affiché sur un écran cathodique subit une correction gamma de
0.45. Mais par abus de langage, nous ne disons pas « correction gamma de 0.45 », ni « correction
gamma de 1/2.2 » mais simplement « compensation gamma 2.2 ».
Et le gamma 1.8 du MAC ?
L’écran du MAC est construit, comme celui de tout autre ordinateur, sur la base d’un tube cathodique.
Le gamma de l’écran est donc de 2.5. Pourtant tout le monde parle d’un gamma de 1.8. D’où vient-il ?
Ce gamma vient du fait que Apple applique une correction partielle de 1/1.45 au niveau de la carte
graphique. Le gamma apparent de l’écran est alors de 1.72 ; ce qui correspond au gamma de
l’imprimante Apple LaserWriter. Ainsi une gamme de gris sera identique sur l’écran et à l’impression
sans aucune calibration. Mais tout ceci est une époque révolue et il est préférable de ne plus activer la
correction partielle sur un MAC. Car une altération de la table de concordance de la carte vidéo
diminue le nombre de niveaux.
Qu’est-ce que la gestion des couleurs ?
« La colorimétrie est la science de la prévision de la couleur telle que l’être humain la percevra »1.
Cependant l’œil humain est loin d’être un outil universel et calibré. La vision n’est donc pas un
mécanisme physiologique absolu ; mais l’étude de la vision sur la population a permis de caractériser un
observateur moyen dit idéal. La colorimétrie diffère donc de la spectrophotométrie qui est, elle, une
mesure spectrale qualitative absolue de la lumière. C’est cette différence qui est à l’origine du
métamérisme2 qui est non pas un défaut mais une caractéristique de la vision.
1
Gestion des couleurs. Bruce Fraser. CampusPress, 2003.
2
Deux échantillons de couleur spectralement différents mais qui produisent la même sensation de couleur sont dits métamères.
2
La colorimétrie doit permettre de représenter numériquement toutes les couleurs que voit notre
observateur moyen. C’est la Commission Internationale de l’Eclairage (CIE) qui a fait les plus grandes
recherches sur le sujet et qui tend donc à s’imposer comme standard. Ne pas perdre de vue qu’il s’agit
de représenter numériquement chaque couleur qui sera vue pareille par tous les observateurs moyens.
Deux métamères, bien que spectralement différents, auront donc les même coordonnées
colorimétriques.
Parmi les différents systèmes représentatifs, le diagramme xyY (ou diagramme de chromaticité xy) de la
CIE tend à s’imposer.
De ce système est dérivé l’espace de couleur uniforme LAB
(ou L*a*b*), ainsi nommé car perceptuellement uniforme.
Un point de coordonnées (x, y, Y) ou (L*, a*, b*) définie une
et une seule couleur. Il ne peut y avoir deux points
représentatifs d’une même couleur. En revanche, à un point
peuvent correspondre plusieurs spectres photométriques qui
seront alors métamères. La distance qui sépare deux points
(donc deux couleurs) est appelée le delta-E.
Malheureusement notre écran d’ordinateur ne travaille pas
avec les coordonnées xyY ou LAB. C’est un périphérique3
Figure 1 : Le diagramme de chromaticité xy.
RVB qui travaille avec des photophores rouges, bleus et verts.
Un point de coordonnées (255, 0, 0) est certainement rouge, mais de quel rouge s’agit-il ? Simplement
du rouge produit pas un photophore rouge saturé d’électrons, ni plus, ni moins. Et le photophore Sony
ne produira pas le même rouge saturé que celui de Mitsubishi. Un point de coordonnées (R, V, B) ne
donnera donc pas la même couleur chez Sony et chez Mitsubishi. Et je ne parle même pas de
l’électronique d’asservissement. Une image, qui est comme vous le savez codée en pixels RVB, ne sera
donc pas visuellement identique sur tous les écrans. Alors pourquoi ne pas coder notre image en
LAB ? Oui pourquoi pas ! Mais l’écran reste par construction un périphérique RVB. Il faudra donc
convertir les coordonnées (L*, a*, b*) en coordonnées (R, V, B)SONY ou (R, V, B)MITSUBISHI.
C’est la gestion des couleurs fondée sur des profils ICC4 qui va nous apporter la solution. Avec la
gestion des couleurs, l’ordinateur sera capable de savoir à quelle couleur correspond un point
quelconque du fichier image et de transformer ses coordonnées pour afficher la bonne couleur à
l’écran. Mais il ne s’agit pas seulement d’afficher l’image à
l’écran. En fait la gestion des couleurs doit être appliquée à
toute la chaîne graphique pour être valable.
Figure 2 : Diapositive IT8.7/1.
3
Tout comme le scanner ou l’APN.
4
Internationale Color Consortium.
Regardons comment cela marche à partir d’une diapositive
que vous aurez l’occasion d’utiliser prochainement : l’IT8.7.
Cette diapositive est une cible de calibration pour les scannersfilms. Elle est toujours vendue avec un fichier décrivant la
couleur de chaque case en coordonnées (L*, a*, b*). En effet
chaque case de chaque diapositive a été mesurée avec un
photocolorimètre. Le rose de la case L12 a par exemple les
3
coordonnées L*=54.16, a*=45.66 et b*=-4.54. Le scanner n’a pas de composant permettant d’analyser
L*, a* ou b*. Il permet seulement de mesurer la part de rouge, de vert et de bleu en un point de l’image
car il possède simplement un capteur RVB. Et encore il ne pourra discriminer que 256 niveaux de
rouge (et autant pour le vert et le bleu) dans une analyse en 8 bits sur trois canaux. Scannons cette
diapositive avec un CoolScan LS40. Le scanner travaille sans gestion des couleurs, en 8 bits par canal et
avec un gamma de 1. Le résultat est alors un fichier où les données sont dites brutes de scan. C’est
comme si nous avions directement lu la tension en sortie de chaque canal du CDD avec une
normalisation de 0 à 255. Dans ce cas les coordonnées (R, V, B) de la case L12 sont (189, 42, 77) et
l’image est assez sombre à l’écran5. Si la diapositive n’était pas une IT8, nous n’aurions rien pu déduire
du triplet (189, 42, 77) ; à part qu’il y a beaucoup de rouge et plus de bleu que de vert. Peut-être un
rose, qui sait ? Oui mais voilà c’est une IT8 et nous connaissons la couleur de la case L12. Nous
pouvons donc affirmer qu’à chaque fois que ce LS406 nous renvoie le triplet (189, 42, 77) il s’agit
précisément du rose de coordonnées L*=54.16, a*=45.66 et b*=-4.54. Une analyse de toutes les cases
couplée à une mathématique d’extrapolation assez complexe permet de construire une sorte de table
de correspondance entre ce que voit le scanner et ce que voit l’observateur moyen. Cette table de
correspondance n’est ni plus ni moins qu’un profil ICC.
Sous Photoshop, cette image est pour l’instant sans profil, brute de scan. Elle est sombre, mal
représentée à l’écran. Si nous lui appliquons un gamma de 1/2.5, via Réglages>Courbes, elle sera déjà
plus conforme à l’original sans pour autant avoir les bonnes couleurs. En revanche en appliquant le
profil ICC du scanner, via Mode>Attribuer un profil, le gamma est automatiquement compensé et les
couleurs sont visuellement plus réelles7 et exactes à la pipette. Il est important de noter que bien que
l’image ait visuellement changé, le triplet de chaque pixel reste toujours le même. Le fichier n’est pas
altéré par une attribution de profil.
Cette image est dépendante du profil de mon scanner et sa diffusion est impossible sans attacher à ce
fichier le profil du scanner et utiliser un programme capable de gérer les profils comme Photoshop8. Il
faut donc convertir l’image dans un espace indépendant de tout périphérique et suffisamment
universel. Tous comme le profil du scanner, un profil indépendant de tout périphérique est une table
de correspondance entre les valeurs RVB du fichier et les couleurs réelles que ces dernières doivent
représenter. Les profils AdobeRGB1998 et sRGB sont de tels profils indépendants de tout
périphérique. Pour diffuser le fichier, ou du moins le rendre plus universel, il faut faire une conversion
de profil. A l’opposé de l’attribution de profil, la conversion modifie les valeurs RVB de chaque pixel
sans pour autant modifier l’affichage. Si vous comprenez cela, vous aurez pour ainsi dire tout compris
dans le processus de gestion des couleurs.
Après conversion, la case L12 est maintenant codée en (R206, V102, B154) pour le profil sRGB et en
(R183, V102, B151) pour le profil AdobeRGB1998. Mais les deux fichiers seront visuellement
identiques sous Photoshop même si l’écran n’est pas calibré, car dans ce cas Adobe Gamma Loader
donnera un profil par défaut à l’écran. Cela veut dire que les triplets (189, 42, 77)LS40, (206, 102, 154)sRGB
et (183, 102, 151)AdobeRGB98 représentent tous la même couleur ; à savoir un rose de coordonnées LAB
absolues L*=54.16, a*=45.66 et b*=-4.54. Attribuer le profil AdobeRGB98 au fichier en sortie de scan
serait une grave erreur : le triplet (189, 42, 77)LS40 deviendrait directement le triplet (189, 42, 77)AdobeRGB98
qui est plutôt un rose-rouge soutenu.
5
Image de gamma 1 et écran de gamma 2.5 donnent un gamma final de 2.5, soit une image très sombre.
6
Et seulement celui là et dans un laps de temps dépendant la stabilité de son électronique.
7
Notre écran n’étant pas encore calibré, il ne peut pas afficher encore la véritable couleur de chaque case.
8
Internet Explorer montrera toujours une image sombre car il est incapable de gérer les profils attachés.
4
Ainsi avec notre scanner calibré et profilé, nous savons que l’image enregistrée est conforme à l’original
tant que nous avons sous la main le profil du scanner, pierre de Rosette de ce périphérique. Pour ne
plus être dépendant de ce scanner dont nous avons toutes les chances de perdre le profil au prochain
plantage de l’ordinateur, nous convertissons les données de l’image pour être interprétées par un profil
indépendant de tout périphérique. A ce stade, bien que modifié, le fichier est toujours conforme à
l’original ; mais je ne suis plus le seul à savoir que la case L12 est rose. Toute personne possédant le
profil marqué dans ce fichier saura que L12 est rose à condition que ce profil soit suffisamment diffusé.
C’est le cas pour les profils AdobeRGB98 et sRGB qui sont maintenant universellement utilisés dans le
monde du graphisme. Il ne nous reste plus qu’à afficher le fichier avec une apparence conforme à
l’original et à imprimer une épreuve conforme à l’original.
L’écran et l’imprimante sont deux périphériques RVB qui ne sont pas sans rappeler les problèmes du
scanner. Quels triplets (R, V, B) d’écran et d’imprimante donnent un rose identique à la case L12 de la
diapositive ? Pour le savoir, il suffit de calibrer et de profiler l’écran et l’imprimante et de dire à
Photoshop quel est le profil de l’écran et quel est le profil de l’imprimante. Ainsi le triplet (202, 103,
159) doit être envoyé sur mon écran pour obtenir le rose de la case L12. A chaque fois que Photoshop
voit le triplet (183, 102, 151) dans un fichier marqué AdobeRGB98, il envoie le triplet (202, 103, 159)
vers mon écran. De même pour le triplet (206, 102, 154) d’un fichier marqué sRGB.
Espaces colorimétriques et limitations
Chaque périphérique a ses propres limitation et n’est pas capable d’explorer toute la gamme des
couleurs vue par l’œil de l’observateur humain moyen. L’œil
a lui-même un espace colorimétrique qui, bien qu’absolu
puisque servant de référence, a des limites dans la détection
du rayonnement électromagnétique9. Le modèle CIE LAB
est par définition capable de représenter toutes les couleurs
que nous voyons. Le super espace colorimétrique CIE LAB
est un volume dans un repère tridimensionnel d’axes L*, a*
et b*. La Figure 1, par exemple, ne représente qu’une
tranche xy à Y (Luminance) constant de ce volume.
L’espace colorimétrique d’un périphérique, ou gamut, est
un volume inclus dans l’espace CIE LAB, comme celui de
la Figure 3 représentant les limites à luminosité constante
d’un écran. Le problème dans ce qui nous intéresse en
photographie, voir l’image et l’imprimer, est que l’espace
colorimétrique de l’imprimante n’est pas totalement inclus
dans celui de l’écran. L’écran peut ainsi montrer des
Figure 3 : Gamut d’un IIyama Vision Master 403.
couleurs impossibles à imprimer ; comme par exemple le
vert (0, 255, 0)10. De même l’imprimante est capable d’imprimer un jaune pur impossible à rendre sur
un écran. Le cas du scanner est un peu particulier car son capteur est toujours capable de détecter une
information colorimétrique même si cette dernière est fausse. Le volume de l’espace colorimétrique
n’est pas bien défini et il n’y a pas de couleur hors gamme où le scanner est aveugle. Il va simplement y
avoir un métamérisme de numérisation.
Comme vous le voyez, la gestion des couleurs n’est pas en mesure de garder toujours constante la
couleur d’un périphérique à un autre ; à moins de travailler avec un original au gamut très restreint. En
revanche la gestion des couleurs va nous permettre de prédire les dérives éventuelles ou les incapacités
9
Le spectre électromagnétique perceptible par l’œil humain s’étend de 380 nm à 700 nm.
10
Comparez la Figure 3 sur l’écran et en impression !
5
matérielles. Il sera souvent impossible, en photographie, d’obtenir une impression identique à l’original.
La gestion des couleurs nous permettra cependant d’obtenir une impression perceptuellement conforme à
l’original.
Une Kodachrome donne une image perceptuellement conforme à la scène originale sans pour autant
être identique ; le photographe habitué à ce film sait à l’avance le résultat qu’il obtiendra et cela est une
démarche artistique. Inconsciemment il fait mentalement une gestion des couleurs !
En photographie, il est important de travailler avec le bon espace colorimétrique indépendant de tout
périphérique. Il faut garder à l’esprit qu’un tel espace est le pivot entre l’acquisition et la visualisation ou
l’impression, voire l’échange. Convertir une image dans un espace trop restreint va rejeter ou dériver
certaines couleurs vues par le scanner. L’impression sera forcement fortement identique à l’affichage
mais pas du tout à l’original. A l’opposé convertir l’image dans un espace étendu11 va permettre
d’enregistrer toute l’information du scanner. Mais il ne faut pas oublier que cette information est
numérisée avec une dynamique limitée (8 ou 16 bits pas couche). Les 8 bits d’un canal du scanner
seront entièrement exploités par son propre profil, mais après conversion en gamut large la dynamique
du scanner ne représentera que 5 ou 6 bits avec l’apparition d’isohélie et autre artéfact. De plus un
traitement important de l’image risque de nous conduire très en dehors du gamut de l’impression, voire
même de l’affichage (bien que non visible et pour cause).
Mais pas de panique, deux profils universels indépendants de tout périphérique répondent déjà à nos
attentes de photographe. L’AdobeRGB1998 et le sRGB. Pour toutes vos photos scannées, adoptez
l’AdobeRGB1998 dont le volume a été optimisé pour la chaîne graphique du photographe. Le sRGB
est plutôt dédié aux photographies devant simplement être diffusées sur Internet. Son volume
relativement restreint englobe de façon optimale les gamuts de tous les écrans du marché. Certains
APN procèdent à une conversion in situ de l’image en sRGB. Une telle image peut être archivée ainsi
ou convertie en AdobeRGB1998 si elle doit subir un important traitement.
Calibration de l’écran
Etalonnage de l’écran avec le logiciel Optical et le colorimètre Spyder.
Installation d’OptiCAL
L’installation d’OptiCAL ne présente pas de problème. Il est préférable d’installer directement la
dernière version 3.7.8. Il est important de ne pas brancher le Spyder avant l’installation d’OptiCAL. De
plus OptiCAL va gérer le profil ICC de l’écran et il ne doit pas entrer en conflit avec Adobe Gamma
Loader. Il est donc nécessaire de supprimer ce dernier du menu Démarrer/Programmes/Démarrage.
Cette suppression au niveau du menu n’altère en rien le programme d’Adobe sur le disque.
11
Le mode LAB sera le plus étendu par définition.
6
Figure 4
Lancez OptiCAL et allez directement dans Editez/Préférences pour régler les options comme sur la
Figure 4. Le mode précision est peu différent du mode standard et n’est utilisé que lorsque vous voulez
accorder plusieurs écrans de façon identique. N’oubliez pas de cocher la case des points de contrôle.
PreCAL
PreCAL permet d’optimiser les réglages de l’écran avant l’étalonnage final et l’édition du profil. Vous
pouvez
lancer
PreCAL
depuis
OptiCAL
(menu
Fichier/PreCAL)
ou
dans
Démarrer/Programmes/PANTONE COLORVISION/PreCAL 1.5.1. Dans tout ce qui suit, les
réglages se font à partir des boutons de l’écran. Pour utiliser PreCAL, l’OSD (Over Screen Display, ou
menu d’écran) doit permettre non seulement un réglage du contraste et de la luminosité ; mais aussi un
réglage global de la température de couleur et un réglage fin par primaires RVB. Si ce n’est pas le cas,
changez d’écran !
Figure 5
La Figure 5 représente PreCAL à l’ouverture. La première chose à faire est de choisir D65 comme
température de couleur cible. La température D55 est généralement conseillée par les professionnels
des arts graphiques. Mais cette température n’est valable que si vous utilisez une source lumineuse
étalonnée à 5500 Kelvin pour visualiser l’original. D55 produit un écran souvent trop jaune et le D65
produit un résultat plus proche de la réalité avec un écran non professionnel. Puis cliquez sur le bouton
Continuer. PreCAL vous demande alors de régler le contraste de l’écran à son maximum. En fait ce
que nous appelons injustement le réglage du contraste est un réglage de l’intensité lumineuse. Cliquez
7
sur Continuer pour régler non pas la luminosité mais le seuil du noir. Il s’agit d’obtenir le vrai noir juste
au dessus du noir de l’écran éteint. Nous verrons que ce noir émet quelques photons.
Figure 6
La cible au centre du carré noir, Figure 6, doit être tout juste visible. Il faut bien sûr se placer dans les
conditions courantes de travail. Mais en règle général, il est conseillé de travailler dans la pénombre ou
sinon d’éviter toute lumière directe sur l’écran. Les professionnels utilisent toujours une œillère sur le
pourtour de l’écran qui peut être faite avec du carton noir ou gris neutre. Cliquez sur Continuer.
Figure 7
Ensuite PreCAL vous demande de régler l’écran au plus près de D65. Pour cela il suffit de régler
l’écran sur 6500 K. Cette option est disponible dans l’OSD. Cliquez sur Continuer.
8
Figure 8
PreCAL vous demande alors de placer le Spyder sur son image puis de cliquer sur Continuer.
Figure 9
Figure 10
9
Figure 11
Après l’analyse de plusieurs patchs colorés, PreCAL affiche le résultat de la mesure sur la fenêtre de
droite (Figure 9). Nous voyons qu’il y a plus de bleu que de vert et de rouge. A ce stade c’est normal
car le 6500K réglé précédemment est plus bleu que le D65 plus proche de 6400K. Le but est de placer
le sommet des trois barres rouge, verte et bleu dans le rectangle horizontal. La différence sur les trois
doit être inférieure à 0.25 avec une luminance entre 85 et 95 cd.m-2. Dans un premier temps, réglons les
gains rouge, vert et bleu. Souvent l’OSD ne permet pas de régler les trois gains mais seulement deux
comme le rouge et le bleu. Mais pas d’inquiétude, le changement de deux gains modifie aussi le
troisième comme vous allez le voir. Depuis l’OSD l’écran, nous allons augmenter, dans un premier
temps, le rouge qui est le plus bas. Juste un peu ! Puis nous cliquons sur Continuer pour effectuer une
nouvelle mesure. Le Spyder doit donc être en place au centre du carré blanc. Le résultat est visible sur
la Figure 10 où le bleu a légèrement diminué. Réglons maintenant le gain bleu qui est trop haut (le gain
vert n’est pas disponible sur l’OSD de cet écran). Le résultat sur la Figure 11 montre que le réglage du
bleu a été un peu trop forcé. Nous pouvons alors soit remonter le bleu soit descendre le rouge. Après
plusieurs montées et descentes des deux gains, nous obtenons le résultat de la Figure 12 avec une
différence nulle. Mais n’espérez pas la perfection. Si nous effectuons à nouveau une mesure sans rien
dérégler, la différence ne sera plus nulle. En fait l’écran n’est jamais réellement stable et sa température
de couleur oscille légèrement. Simplement la différence doit être statistiquement inférieure à 0.25.
Figure 12
10
Nous pouvons maintenant régler l’intensité lumineuse de l’écran avec, rappelons le, le bouton de
contraste et non pas celui de luminosité. L’intensité lumineuse dépend surtout de votre environnement
de travail. Si vous travaillez dans la pénombre, une valeur entre 85 et 90 cd.m-2 est idéale. En revanche
si votre bureau est plus lumineux, une valeur au dessus de 90 cd.m-2 est préférable. Dans un
environnement très lumineux il est souvent nécessaire de dépasser les 95 cd.m-2. Mais ces conditions de
travail ne sont pas optimales. De plus un réglage de l’intensité trop élevé use plus rapidement l’écran. Si
le réglage de l’intensité est à son maximum sans avoir atteint 85 cd.m-2 ; il est grandement temps de
changer d’écran.
Pour finir la procédure PreCAL, cliquez sur Fait. Votre écran est alors réglé sur une température de
couleur précise et son intensité est maîtrisée. A ce stade, il ne faut plus toucher les réglages de l’écran.
Optical
Figure 13
Dans OptiCAL, le bouton Etalonner en bas à droite correspond à Fichier/Etalonner&Profil… et non
à Fichier/Etalonner…
Dans un premier temps, vous allez étalonner l’écran sans faire son profil. La valeur du gamma cible est
sans importance mais il convient de choisir comme point blanc D65. Cliquez sur Fichier/Etalonner et
suivez pas à pas les instructions à l’écran. Une fois l’étalonnage achevé, OptiCAL connaît les
caractéristiques de l’écran. Pour visualiser ces caractéristiques, il suffit d’afficher la fenêtre Courbes
depuis le menu Outils/Fenêtre des Courbes. En jouant sur les cases à cocher, vous pouvez discerner
les différentes courbes.
Figure 14
11
La courbe non corrigée donne le gamma réel de l’écran qui est, rappelons le, proche de 2.5. La cible
permet de modifier le gamma du moniteur en intervenant au niveau de la table de concordance de la
carte graphique (LookUp Table ou LUT). La courbe corrigée est à comparer à la courbe cible. Si les
deux courbes sont superposées ; la correction est optimale. Enfin la courbe correction donne la
linéarité de la correction gamma.
A ce stade, la question est de savoir quelle cible nous devons atteindre ? Vous pourriez être tenter de
cibler un gamma de 2.2. Pourquoi pas ? Si vos images sont destinées à être diffusées sur Internet ;
travailler avec un gamma de 2.2, c’est travailler directement avec l’image finale vue par l’écran de
Monsieur tout le monde. En revanche pour travailler de façon optimale sur une photo numérique, il
est impératif de na pas altérer le comportement du système d’affichage. Ceci parce qu’il n’existe pas
d’autre possibilité de modifier le gamma que d’agir sur la LUT. Et agir sur la table de concordance,
c’est rétrécir le domaine de nuances qui ne comporte, rappelons-le, que 256 niveaux par primaires
RVB. Ainsi nous allons créer une cible qui va se superposer au gamma réel du moniteur. Pour cela il
faut choisir dans le menu déroulant ‘Mode Graphique’ chacun des canaux primaires rouge, vert et bleu.
Pour chaque canal, vous devez, avec la souris, faire glisser les points de la courbe cible sur la courbe
non corrigée comme cela est fait entre la Figure 15 et la Figure 16.
Figure 15
Figure 16
Enfin il est temps de construit le profil d’écran via le menu Fichier/Profil. OptiCal propose un nom de
fichier par défaut avec la date de création incorporée. Il est préférable de changer de nom et de prendre
un nom toujours identique comme par exemple IIyama_Optical. Ceci vous évitera pas exemple de
12
modifier les propriétés d’épreuves de Photoshop à chaque profilage. Pour finir, vérifiez que OptiCal a
bien paramétré les propriétés de l’écran. L’onglet Gestion des Couleurs doit contenir le nouveau profil
dans la fenêtre des profils associés au périphérique (Panneau de configuration/ Affichage/
Paramètres/ Avancé/ Gestion des couleurs).
Figure 17
13

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