Les trois septennats de Michel Habib - Haut-Rhin
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Les trois septennats de Michel Habib - Haut-Rhin
21 Thur et Doller [email protected] Photo L’Alsace/Dominique Py DIMANCHE 25 JANVIER 2015 BITSCHWILLER MOOSCH MASEVAUX Une journée citoyenne au menu de 2015 Des vœux à cœur ouvert Les passionnés d’escalade ont besoin d’un nouveau mur Page 22 Page 23 Photo L’Alsace/Marie-Odile Baudemont Page 24 Photo L’Alsace/Jean-Marie Renoir CANTON DE THANN Les trois septennats de Michel Habib Il a été conseiller général du canton de Thann pendant vingt et un ans. Michel Habib a annoncé, en décembre, qu’il ne briguerait pas un siège de conseiller territorial au sein des nouvelles assemblées départementales. Il revient, pour « L’Alsace », sur trois septennats au service du Département et du territoire du Pays de Thann. Propos recueillis par Isabelle Bollène Michel Habib, comment avez-vous été amené à présenter votre candidature au poste de conseiller général, en 1994 ? Il aurait été logique que Jean-Pierre Baeumler soit candidat, mais nous étions un an avant les municipales de 2015 et il n’a pas souhaité y aller. Les candidats ne se bousculaient pas cartoutlemondepensaitquecontre Roland Ortlieb, conseiller en titre très bien implanté, l’élection n’était pas gagnable. J’y suis donc allé, en pensant que Je n’avais aucune raison de gagner. J’ai un nom, Habib, qui ne sonne pas comme Meyer ou Muller, je n’étais pas connu comme Bio •Michel Habib, 66 ans. •Marié, deux enfants. •Après avoir commencé sa carrière chez Weco à Thann, puis sur les chaînes de Peugeot à Sochaux et Mulhouse, il exerce plusieurs métiers, comme gérant de maison familiale. Il devient chef d’agence d’une société immobilière avant de créer sa propre agence, MH immobilier, en 1996. Il la revend en 2006. •En 1972, il crée la section PS de Thann avec Jean-Marie Bockel, Jean-Pierre Baeumler et quelques autres. En 1983, il devient permanent du PS. Il sera par la suite assistant parlementaire de Jean-Pierre Baeumler. •En 1983, il devient conseiller municipal d’opposition à Thann, sur la liste conduite par Jean-Pierre Baeumler. •En 1989, la liste Baeumler remporte la mairie de Thann. Michel Habib devient premier adjoint. •En 1994, il est élu conseiller général du canton de Thann. •En 2014, il annonce qu’il ne briguera plus de mandat municipal, puis qu’il ne sera pas candidat aux élections départementales de mars prochain. Jean-Pierre Baeumler… Je commençais toutes mes réunions publiques en disant que Roland Ortlieb était un bon conseiller général et que je n’avais rien à lui reprocher… Thann et Cernay, sans oublier le sauvetage de l’hôpital de Thann. Et pourtant, vous avez gagné… Non, ils ont tous abouti où sont en passedelefaire.Ilyaunprojetqueje porte depuis vingt ans et qui avance lentement : celui du barreau routier entre la RN66 et Leimbach. Il devrait voir le jour d’ici quatre ans. Comme quoi il faut persévérer ! Y a-t-il d’autres dossiers qui n’ont pas abouti ? Oui, à la surprise de tous, y compris de moi-même ! Les fois suivantes, j’ai toujours été réélu au premier tour, avec plus de 60 % des suffrages. J’ai été conseiller général pendant vingt et un ans, trois septennats… Des regrets ? Comment expliquez-vous que l’électorat du canton, majoritairement à droite, vous ait ainsi réélu, vous qui êtes de gauche ? Je pense que j’étais bien connu et que les gens avaient confiance en moi. Ils ont vu mon engagement pour le territoire, depuis bien avant mon élection. J’ai toujours été très impliqué dans la vie associative. J’ai fait dix-huit ans de scoutisme. Avec Jean-Pierre Baeumler, nous avons aussi créé SVP Jeunes. Je ne suis pas tombé comme ça dans le chaudron politique ! Comment définiriez-vous le rôle du conseiller général ? Mon but n’était pas d’être un notable qu’on invite à toutes les réceptions, mais de m’investir à fond dans le secteur et dans toutes les structures qui permettent au territoire de se développer,d’impulserdesdossiers, d’apporter des financements… C’est pour cela que j’ai pris une vice-présidence à la com com, une présidence de commission au Pays, des présidences de divers organismes… Le conseil général travaille en partenariataveclescollectivitésetlessyndicats mixtes pour leur permettre de mener à bien leurs projets. Il faut souligner que le conseil général du Haut-Rhin a toujours eu une politique d’aide aux communes, ce qui n’est pas obligatoire. Grâce aux Contrats de territoire de vie 2014-2019 et aux Projets d’intérêts locaux, les communes savent quels projets seront soutenus et avec quel financement. Le rôle du conseiller général est aussi de relayer au niveau local la politique départementale. II a un rô- La durée qu’il faut pour porter des dossiers et les voir se réaliser ! Je regrette aussi que la déviation Bitschwiller-Willer ne se soit pas faite, même si elle ne relève pas du Département. Mais ça viendra peut-être… Michel Habib aura passé vingt et un ans dans l’hémicycle du conseil général à Colmar. le de représentation au sein de nombreux organismes et auprès des associations -je ne sais pas à combien d’assemblées générales j’ai pu assister !- et d’action de proximité, à l’écoute de la population. Pour aider les gens à résoudre leurs problèmes de logement, d’emploi, de papiers administratifs… J’ai suivi 1500 dossiers individuels. Tout cela nécessite une importante disponibilité ! « La première chose que j’ai faite, c’est m’intéresser au collège Faesch, qui était dans un état de vétusté avancé » Une fois arrivé au conseil général, quel dossier avez-vous traité en premier ? La première chose que j’ai faite, c’est m’intéresser au collège Faesch, qui était dans un état de vétusté avancé. Je l’ai tout de suite inscrit dans les projets de modernisation, mais ça a pris du temps. Le fait que je sois à la fois conseiller général et premier adjoint à Thann a permis de faire avancer le dossier de la modernisation et de l’extension du collège. J’ai pu ajouter la salle de sports. Le but était que le collège reste au centre-ville. Pourquoi ne pas avoir fait la restauration scolaire dans la foulée ? À l’époque, il n’y avait pas la place. C’est un dossier engagé depuis plus de dix ans. Nous avons tout eu : les dossiers d’architecture non validés, les principaux successifs qui n’en voulaient plus, puis en voulaient à nouveau… Il a fallu que tout le monde y mette du sien, le Département, la Ville, le collège, la paroisse… Quels dossiers avez-vous portés et menés à bien ? Il y a eu la création de la médiathèque, la première de secteur, la construction de salles de sports à la cité scolaire (collège Walch), faite par la com com avec une belle aide du Département, la réalisation du carrefour de Leimbach, ou encore le réaménagement et la mise aux normes du Thannerhubel, dans le cadre de la politique du conseil général de soutien aux stations hivernales. J’ai pu faire inscrire le Thannerhubel comme projet d’intérêt local et le conseil général a apporté 305 000 €. Je me suis aussi beaucoup investi danslamodernisationdelaligneferroviaire Mulhouse-Kruth puis dans le dossier du tram-train. Le Département a financé à hauteur de 25 %. En tant que président du syndicat de ri- UTH01 Photo L’Alsace/Vincent Voegtlin vière chargé de la gestion de la Thur, j’ai suivi le dossier de gestion des rivières, toujours en partenariat avec les communes. Il y a eu également la rénovation de la piscine de Thann, le Gerplan, le musée de la Porte des vins… Je me suis impliqué dans plus d’une centaine de dossiers dans le cadre de la politique de développement local. « C’est dans les territoires que les choses se passent et que se définissent les politiques » Je me suis beaucoup investi dans l’économie, en aidant notamment de nombreuses entreprises à bénéficier du fonds départemental d’aide aux investissements. J’ai porté également la création de la plate-forme de formation, celle de la zone d’activités du Pays de Thann à Aspach-leHaut, celle de Boug’en bus. Je suis assez content aussi de la création d’Epicéa. Il y a eu également le Clic (Centre local d’information et de coordination gérontologique) du Pays Thur Doller, la Mef (Maison de l’emploi et de la formation)… Je suis fier aussi d’avoir participé à la création du Pays Thur Doller et à la fusion des communautés de communes de Que pensez-vous de la réforme territoriale, en ce qui concerne les départements ? Elle permet des modifications positives, en rééquilibrant le nombre d’habitants par canton, et d’assurer laparitéhommes-femmesauseinde l’assemblée départementale, ce qui est moderne, logique et juste. Enfin, les limites des nouveaux cantons correspondront à celles des territoires de vie que sont les communautés de communes, et c’est un choix cohérent et pertinent. Seriez-vous favorable à une suppression des départements ? Oui, sauf peut-être en zone rurale, car je pense que l’avenir se trouve dans les intercommunalités. C’est dans les territoires que les choses se passent et que se définissent les politiques. Le département pourrait être remplacé par un regroupement des présidents de communautés de communes. Il faut une instance de proximité, reste à en définir la gouvernance. Que retiendrez-vous de cette expérience de conseiller général ? L’excellence du travail en équipe avec les maires et les élus et les belles rencontres que j’ai pu faire. C’est un mandat très chronophage mais très enrichissant humainement.