critiques de livres - Revue militaire canadienne
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CRITIQUES DE LIVRES The Bravest Canadian: Fritz Peters, VC: The Making of a Hero of Two World Wars. par Sam McBride Granville Island Publishing Vancouver, 2012 210 pages, 24,95 $ ISBN: 978-1-926991-10-8 Critique de Jurgen Duewel J ’avoue que ma première réaction à la vue de ce livre déposé sur mon bureau a été de me creuser les méninges : « Fritz, Fritz… » Après tout, le nom de Fritz Peters évoque plus vraisemblablement le souvenir d’un opposant allemand. Au bout du compte, ce Fritz était d’une tout autre trempe. Il est né à Charlottetown, sur l’Île-du-Prince-Édouard, en 1889, descendant de loyalistes de l’EmpireUni venus s’établir au Canada après la Révolution américaine. Hélas, le livre nous en apprend davantage sur la famille de Fritz que sur Fritz lui-même. L’auteur tente de pallier le manque de données historiques sur la vie et les exploits de Fritz en puisant largement dans la correspondance entre ce dernier et sa famille. Par conséquent, le livre est plutôt court et inégal. La principale raison pour laquelle on en sait si peu au sujet de Fritz est qu’il a passé la majeure partie de sa vie adulte à l’étranger. Il s’est enrôlé dans la Royal Navy en 1905 et y a accompli d’impressionnants exploits au combat. Pendant la Première Guerre mondiale, il a été décoré pour acte de bravoure lors de la bataille du Dogger Bank. En 1915, il a assumé le commandement d’un destroyer et a été cité dans les dépêches pour bravoure au cours du sauvetage de naufragés. (Peters a également reçu deux Croix du service distingué et a été cité à l’Ordre du service distingué pour bravoure pendant la Première Guerre mondiale – rédac. en chef). L’auteur décrit admirablement bien cet homme que la plupart des Canadiens ne reconnaîtraient pas de nos jours. Fritz Peters était indubitablement brave, mais « plus britannique que le plus pur Britannique ». À preuve, ce passage d’une lettre à sa mère Behavioural Conflict – Why Understanding People and their Motivations will Prove Decisive to Future Conflict par Major General Andrew Mackay (à la retraite) et Commander Steve Tatham UK: Military Studies Press, 2011 220 pages, 29,95 $ ISBN 13-978-1-73039-468-8 Critique de Rita LePage Behavioural Conflict est signé par deux officiers militaires britanniques chevronnés – le Major General Andrew Mackay, de l’armée, qui a commandé la 52e Brigade dans la province d’Helmand, après la mort de son frère dans les tranchées : « C’est le prix de l’Empire. Je prie Dieu de pouvoir tomber de la même manière, face à l’ennemi » [TCO]. En voici un autre exemple, tiré d’une lettre à sa sœur : « Une seule chose compte – le Roi et l’Empire » [TCO]. Il n’est donc guère surprenant d’apprendre que Fritz avait développé un parler « médio-atlantique », lequel lui aurait valu le mépris de ses pairs s’il avait servi dans la Marine royale canadienne. Il le leur aurait malheureusement bien rendu, car Fritz manifestait ouvertement son hostilité envers les Canadiens de l’Ouest, les jugeant plus Américains que Canadiens, du moins selon sa définition de ce qu’est un véritable Canadien (en l’occurrence un Canadien britannique). Comme nous l’avons vu, la bravoure de Fritz n’a jamais été remise en question. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, alors qu’il aurait dû se trouver à la retraite, il a mené l’assaut naval sur le port d’Oran, en Algérie. Gravement blessé, il a mérité la Croix de Victoria et la croix du service distingué des États-Unis pour bravoure au combat, récompenses qu’il n’a hélas pas reçues en personne. En effet, Fritz a été tué lorsque l’avion qui le ramenait en Angleterre après le combat s’est écrasé à l’approche du port de Plymouth. Le récit que fait McBride de la vie de son parent éloigné Fritz Peters souffre néanmoins du manque de documents de recherche. On peut comprendre que Peters soit si peu connu au Canada, puisqu’il s’est distingué au sein des forces britanniques, contrairement à d’autres Canadiens décorés de la Croix de Victoria, comme le lieutenant (M) Hampton Grey. Enfin, la maison d’édition aurait pu faire preuve de plus de rigueur. Elle a laissé passer un certain nombre d’erreurs, dont la répétition de passages d’un chapitre à l’autre. N’empêche, les Canadiens gagneraient probablement à mieux connaître Fritz Peters. D’après moi, nous le connaîtrions effectivement mieux s’il avait été un peu plus « Canadien ». Le capitaine de corvette (à la retraite) Jurgen Duewel, CD, M.A., Ph.D., est un ancien officier de marine de surface et a servi en tant que membre du personnel de l’Académie canadienne de la Défense, à Kingston jusqu’à l’été 2013. Il a récemment obtenu un doctorat en leadership pédagogique. en Afghanistan, et le Commander Steve Tatham, Ph.D., de la marine, commandant du 15 PSYOPS Group. Ce livre décrit leur participation aux préparatifs de déploiement de la 52e Brigade – plus précisément en ce qui concerne les opérations d’influence. Le livre porte sur le déploiement de la 52e Brigade de la FIAS, mais les auteurs profitent de l’occasion pour discuter de conflits précédents, depuis celui des Balkans dans les années 1990, jusqu’à la guerre en Irak, en passant par ceux du Sierra Leone, du Liban et de la bande de Gaza. Les auteurs expliquent comment ils ont donné à la 52e Brigade l’instruction préalable au déploiement sur les opérations d’influence – un domaine auquel on n’avait guère accordé d’attention lors des déploiements antérieurs. Ayant compris que leurs soldats ne connaissaient guère la culture du pays faisant l’objet du déploiement et que, par conséquent, ils étaient mal placés pour comprendre et prédire, encore moins, influencer les comportements – il était nécessaire, à Vol. 13, N o. 4, automne 2013 • Revue militaire canadienne 77