carême 3 B, les 10 commandements
Transcription
carême 3 B, les 10 commandements
Je voudrais attirer votre attention aujourd’hui sur les 10 commandements, puisque nous les avons entendus en première lecture. On a rarement l’occasion d’y réfléchir. Mais ça vaut la peine. Les 10 commandements sont appelés les 10 paroles, le Décalogue pour les distinguer des autres commandements de l’ancien testament appelées Mitzvot, prescriptions, consignes, ordres et qui finissent par constituer une vraie lourdeur. Elles viennent de nos coutumes, de nos cultures, les 10 paroles viennent de Dieu, Verbe éternel. Ces Mitzvot sont souvent inutiles dira le Christ, nocives dira saint Paul. En tous cas, elles ne sont plus promotrices d’humanité. Quelques remarques quand même sur ces prescriptions. Rabbi Simlaï au IIIe siècle en fait le compte, il en trouve 613. Se développe alors une science de la lecture – la Guematria – qui consistait à jouer avec la valeur numérique des lettres ou encore on multipliait les symboles des nombres et des mots. Les rabbins raffolent de ça ! Au XIe siècle, Rachi de Troyes, dénombre sur les 613, 248 prescriptions formulées en positif ; « tu feras » et 365 en interdit : « tu ne feras pas », autant que de jours dans l’année ! Mais – vous allez voir comme c’est étrange comme exégèse, cette Guematria, étrange mais très intéressant – si vous additionnez les chiffres de 248 ; ça fait 2+4+8 = 14, un multiple de 7 ; si vous additionnez les chiffres de 365 : 3+6 +5 = 14, un multiple de 7. 7 le chiffre de la perfection. Donc les prescriptions sont la mise en œuvre de la perfection, jusqu’aux détails les plus concrets ! Les prescriptions, les Mitzvot, c’est l’art de la perfection à la portée du quotidien. Pas mal quand même ! Mais le meilleur vient ensuite : 613, 6+1+3=10. Ce qui veut dire que les 10 Paroles sont la sève, la raison, l’âme de toutes les prescriptions ! Et celles-ci ne valent qu’habitées par ces parolessource du Décalogue. Bon, allons voir ces 10 paroles ! Les 4 premières consistent à honorer Dieu : - il n’y a pas d’autre Dieu – l’interdiction des idoles – ne pas prononcer le nom de Dieu en vain – tu respecteras le Sabbat. Pas de morale, pas de vie heureuse si vous ne mettez pas les choses dans l’ordre, Dieu d’abord. Ça anime tout ! Ça élève tout ! Sinon, pourquoi respecter les autres ? Par contrat, par raison, par prudence. C’est pas mal, mais ça manque de souffle. Les 6 paroles suivantes règlent les comportements entre nous : tu honoreras ton père et ta mère - tu ne tueras pas – tu ne commettras pas d’adultère – tu ne voleras pas – tu ne feras pas de faux témoignage – tu ne convoiteras pas. Ce sont des évidences, pourvu qu’on y réfléchisse. C’est ce qu’on appelle la Loi Naturelle, c’est-à-dire que la simple raison, la conscience y donnent facilement leur accord. Notez encore que ces 5 dernières paroles sont classées en descendant de plus en plus vers l’homme intérieur ; ça commence avec le plus violent, le plus extérieur, le meurtre, jusqu’à la convoitise. La convoitise est un mal qui ronge le cœur de l’homme, elle rend malheureux, car on est incapable de se réjouir de ce qu’on a, sorte d’inaptitude au bonheur. Du meurtre à la convoitise, du plus factuel au plus intérieur, on a ainsi tout ce qui, dans nos comportements, peut ruiner l’humanité. J’ai gardé le meilleur pour la fin. Il y a 8 paroles en termes d’interdiction ; tu ne feras pas ; et 2 seulement en termes positifs : « tu te souviendras du Sabbat », et « tu honoreras ton père et ta mère ». En termes positifs, c’est la mémoire, c’est ce qu’on n’a pas choisi, ce qui nous fut donné, ce que l’on doit. Le sabbat c’est le temps pris pour se souvenir de la création qui nous est confiée. Honorer ses parents « afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur». Même la terre où tu demeure t’a été donnée, la vie t’a été donnée, honore cela ! Ce n’est pas de toi-même que tu es cela, ni que tu as telle ou telle qualité, ni même que tu as réussi dans la vie, comme on dit ; tout ça pour 80 %, tu le dois, ça t’a été donné. Tu te souviendras, tu honoreras, ce sont les motsmêmes de la modestie et de la gratitude. Nous entrons dans une vraie liberté, dans une humanité heureuse quand nous cessons de nous contraindre par des prescriptions qui chaque jour nous pèsent et nous obligent, pour entrer dans la reconnaissance, la gratitude, l’action de grâce. Que Dieu nous donne cette joie !