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La presse écrite se met à la page… Internet
Mehdi K. Benslimane
L’Année marocaine 2012, n° 9
L'Année marocaine
N° 9 – Avril 2013
(Rabat – Maroc)
Centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales – USR3136 CNRS
35, avenue Tariq Ibn Zyad – 10010 Rabat, Maroc - Tél : +212(0)5 37 76 96 91 - Fax : +212(0)5 37 76 96 85 –
mail : [email protected]
www.cjb.ma
La presse écrite se met à la page… Internet
Résumé
Plusieurs journalistes de la presse écrite marocaine ont bifurqué, ces dernières années, vers la
presse sur Internet en créant leurs propres sites d’information. L’année 2011 a vu le lancement de
nombreux journaux électroniques ; lancement qui a coïncidé avec ce qu’on a appelé les
« révolutions arabes ». Ce texte traite respectivement de Lakome.com, de Demainonline.com et de
Goud.ma. Il est question de leurs fondateurs, de leur ligne éditoriale, de leur conception, des
rubriques et du contenu offerts, de l’interactivité avec les lecteurs et, enfin, du modèle
économique qui est le leur.
Le CJB n'entend apporter aucune approbation, ni improbation quant au contenu du texte
qui relève de la seule responsabilité de l'auteur.
La presse écrite se met à la page… Internet
L'Année marocaine 2012
La presse écrite se met à la page… Internet
Mehdi K. Benslimane
Doctorant en science politique
Université de Grenoble (IEP/Pacte)
[email protected]
Plusieurs journalistes de la presse écrite
marocaine ont bifurqué, ces dernières années,
vers la presse sur Internet 1 en créant leurs
propres sites d’information. L’année 2011 a
vu le lancement de nombreux journaux
électroniques ; lancement qui a coïncidé avec
ce qu’on a appelé les « révolutions arabes ».
Dans ce texte, je traiterai respectivement de
Lakome.com, de Demainonline.com et de
Goud.ma. Il est question ici de leurs fondateurs,
de leur ligne éditoriale, de leur conception,
des rubriques et du contenu offerts, de
l’interactivité avec les lecteurs et, enfin, du
modèle économique qui est le leur.
Lakome.com2
Créé en novembre 2010 sous
l’impulsion d’Ali Anouzl3, ancien actionnaire
et chroniqueur du quotidien Al-massae, ce site
en langue arabe 4 ambitionne d’être une
« valeur ajoutée dans le paysage médiatique
marocain en assumant ses responsabilités
d’information et de sensibilisation », tout en
proclamant veiller à respecter toute une série
de principes 5 : défendre le droit à
l’information, le droit à la vérité en toute
1
Ou presse électronique. Le « collectif marocain
de presse électronique », fondé le 3 mai 2009, se
fixe pour objectifs de défendre les droits des
journalistes
électroniques,
d’organiser
des
séminaires de formation à leur profit, de renforcer
la déontologie, etc. Mohamed Hafidi, « Presse
électronique… pour ne pas rater le train », (en
arabe) Al-massae, n° 1248, 25-26/09/2010.
2
Lakome.com signifie « pour vous ».
3
Outre A. Anouzla, responsable de la rédaction,
l’équipe du site comprend un journaliste, deux
responsables techniques et le caricaturiste Khalid
Gueddar. Les photos sont de l’agence AIC Presse.
4
Dans ce qui suit, je fais moi-même la traduction
des textes de l’arabe.
5
Les principes qui suivent reprennent ce qui est
énoncé sur le site.
objectivité et avec professionnalisme, en
respectant la déontologie de la profession telle
qu’elle est universellement établie ; défendre
la liberté d’expression, les valeurs de
citoyenneté et de droits de l’homme
universellement reconnus ; dénoncer et
critiquer toute violation de ces droits que ceci
soit le fait de l’Etat, de partis politiques, de
personnes ; appuyer la cause de la démocratie
et les processus de transition démocratique,
encourager la bonne gouvernance et le
contrôle effectué par les médias sur ceux qui
gèrent l’argent public sur la base des principes
de transparence et d’honnêteté, à partir
d’informations vérifiées et de faits recoupés,
en prenant en compte l’avis des concernés ;
s’ouvrir à tous les acteurs, toutes tendances
confondues, selon le principe du droit à la
différence, lorsque leurs positions, bien
entendu, ne contredisent pas les valeurs de
Lakome.com ; être solidaire avec tous les
confrères chaque fois qu’il y a violation de la
liberté de presse ou quand ils sont victimes de
violations du droit, etc. Les visiteurs ont
l’embarras du choix en termes de rubriques :
Politique, Economie, Culture, Sport, Régions,
Opinion,
Médias,
Maghreb-Machrek,
International, Société, Libertés publiques,
Femme6 et Suppléments7. Pour s’en tenir aux
pages Opinion, des journalistes de la presse
écrite y contribuent : Ahmed Najim (ancien
de Nichane qui passera à Goud.ma), Aboubakr
et Khalid Jamaï, Driss Ksikes8, de même que
6
Plusieurs articles sont repris du site Majalatouki,
http://www.majalatouki.com
7
Comprend les sous-rubriques : mouvement du 20
février, Wikileaks, arts, création, divertissement,
courants, santé, nouvelles techniques, automobile
et goûts.
8
« Demain… un nouveau Maroc »,
http://lakome.com/%D8%B1%D8%A3%D9%8A
/49-%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%A8%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A3%D9%8A/
3
La presse écrite se met à la page… Internet
Sanae Aji, Mohamed Hafid. Des hommes
politiques également comme Mohamed Sassi
et Lahcen Haddad 9 . Cette rubrique reprend
des contributions d’intellectuels tels que le
palestinien Azmi Bishara, les marocains
Abdellah Hammoudi 10 , Abdelilah Belkziz 11 ,
les textes de chroniqueurs ou d’écrivains à
l’image du libanais Fawaz Trabelsi 12 , de
l’égyptien Alaa Aswani13 ou encore du syrien
Michel Kilo 14 . Les contenus variés du site
reçoivent des centaines de visiteurs par jour15.
Le pendant en langue française 16 de
Lakome.com est lancé en mars 2011 par
Aboubakr Jamaï, ancien directeur de
publication
du
Journal
hebdomadaire.
Paraphrasant Jean Cocteau, selon qui, il n’y
aurait pas d’amour mais uniquement des
preuves d’amour, Aboubakr Jamaï en déduit,
dans son premier éditorial, qu’« il n’y a pas de
3623-2011-03-28-16-00-06.html (du 28/03/11,
consulté le 12/04/12).
9
Respectivement membre du bureau politique du
Parti socialiste unifié (PSU) et actuel ministre du
Tourisme.
10
« Quel horizon après le discours royal ? »,
http://lakome.com/%D8%B1%D8%A3%D9%8A
/49-%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%A8%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A3%D9%8A/
3249-2011-03-15-13-19-34.html (du 15/03/11,
consulté le 14/05/12).
11
Repris au journal libanais Assafir.
http://lakome.com/%D8%B1%D8%A3%D9%8A
/49-%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%A8%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A3%D9%8A/
1520-2011-01-19-17-04-34.html (du 2/01/11,
consulté le 14/05/12).
12
« Pas de liberté sans égalité »,
http://lakome.com/%D8%B1%D8%A3%D9%8A
/50%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%A8%D8%
A7%D9%84%D8%A3%D8%B9%D9%85%D8%A
F%D8%A9/8500-2011-09-24.html (24/09/11,
consulté le 14/03/12)
13
« La révolution aura un autre
round », http://lakome.com/%D8%B1%D8%A3
%D9%8A/50%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%
A8%D8%A7%D9%84%D8%A3%D8%B9%D9%8
5%D8%AF%D8%A9/8377-2011-09-20.html
(20/09/11, consulté le 14/03/12).
14
« Voix de Syrie : qu’est-ce qui a changé ? »
http://lakome.com/%D8%B1%D8%A3%D9%8A
/50%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%A8%D8%
A7%D9%84%D8%A3%D8%B9%D9%85%D8%A
F%D8%A9/8498-2011-09-24.html
(24/09/11,
consulté le 14/03/12).
15
D’après le responsable technique du site,
contacté par téléphone.
16
http://fr.lakome.com
L'Année marocaine 2012
volonté
de
démocratisation,
[mais
uniquement] des preuves de volonté de
démocratisation » 17 . La version francophone
de Lakome.com offre à peu près les mêmes
rubriques que celles de son confrère
arabophone. En comparaison avec les
opinions exprimées en arabe, la rubrique
Opinion reprend sa « Lettre ouverte à
Mohammed VI » 18 parue en 2005 dans les
colonnes du Journal. Son éditorial, « Les
FAR : armée ou milice ? », est sans doute le
texte le plus lu et commenté19. Les points de
vue d’hommes d’affaires, de chercheurs, de
personnalités et d’intellectuels y paraissent à
l’image de ceux de l’entrepreneur Karim
Tazi 20 , du prince Moulay Hicham 21 et de
Tariq Ramadan 22 . Après plusieurs mois
d’activité, la version francophone du site est
suspendue à cause de « l’absence, pour le
moment, d’un modèle économique robuste
[qui] empêche la production d’un journalisme
de qualité qui ne se limite pas à l’éditorialisme
et à la simple reprise d’informations parues
ailleurs, mais privilégie l’enquête et
l’analyse » 23 . Vu l’intérêt manifesté par les
lecteurs et la « richesse de l’actualité », la
rédaction souhaite donc s’arrêter « pour
17
A. Jamaï, « L’amour et les preuves d’amour »,
Lakome.com, 17 mars 2011 (consulté le 28/03/11)
18
http://fr.lakome.com/opinion/62-chroniquesdopinion/337-aboubakr-jamai.html (du 20/04/11,
consulté le 23/05/11).
19
Le sujet y est pour quelque chose. Avec 111
commentaires, ce qui est un record pour ce site
http://fr.lakome.com/opinion/57-edito/248aboubakr-jamai.html (du 28/03/11, consulté le
10/05/11)
20
http://fr.lakome.com/opinion/62-chroniquesdopinion/817-lettre-ouverte-a-monsieur-leministre-du-denigrement-de-la-jeunesse-et-de-la-lamarchandisation-du-sport.html (du 12/09/11,
consulté le 20/09/11).
21
« Maroc : le roi face à la tentation sécuritaire »,
http://fr.lakome.com/opinion/62-chroniquesdopinion/478-hicham-ben-abdallah-el-alaoui.html
(du 15/06/11, consulté le 11/05/12)
22
« Triste censure au Maroc ». Il s’agit de la
censure de sa chronique sur le quotidien
L’Economiste suite à laquelle T. Ramadan arrête sa
collaboration
avec
ce
support
http://fr.lakome.com/opinion/62-chroniquesdopinion/746-tariq-ramadan.html (du 24/08/11,
consulté le 29/08/11).
23
« Suspension du site à partir du 30 septembre
2011 », Lakome.com, 29 septembre 2011 (consulté
le 15/01/12).
4
La presse écrite se met à la page… Internet
mieux revenir » avec « plus d’exigence
professionnelle » 24 . À cette expérience de
Lakome.com en langue française s’ajoutera
celle de Demainonline.
Demainonline.com
Lancé par une équipe rassemblée
autour d’Ali Lmrabet25, « Demain renaît de ses
cendres sous la forme d’un journal
électronique indépendant et généraliste » 26
appelé Demainonline qui entame son
« aventure » en mars 2011. Parce que,
explique-t-on, « la presse au Maroc n’informe
pas du tout par crainte de représailles ou de
boycott publicitaire surtout quand il s’agit de
dossiers sensibles »27 et parce que « le droit à
l’information des citoyens marocains, dans la
presse écrite, l’audiovisuel ou sur le Net, est
bafoué et ignoré au nom d’intérêts pas
toujours clairs », Demainonlin 28 se propose
donc « d’informer simplement, de manière
professionnelle
et
transparente
des
événements » qui se passent au Maroc. La
règle suivie par le site est qu’« il n’y a pas de
censure ni d’autocensure autre que celle qui
touche à la dignité et à l’honneur des
personnes. Nous informons de tout, parlons
de tout et débattons de tout selon des règles
professionnelles communément admises au
niveau international. ». Le premier éditorial
24
Ibid.
Journaliste ayant collaboré avec Le Journal avant
de lancer en 2000 l’hebdomadaire Demain,
magazine satirique qui a fait l’objet de plusieurs
procès. A. Lmrabet sera définitivement interdit en
2005 par une décision de justice d’exercer le
journalisme au Maroc durant dix ans ; interdiction
qu’il qualifie de « moyenâgeuse et absurde ». En
créant Demainonline, s’appliquerait à ce journaliste
la formule de celui qu’on fait sortir par la porte et
qui finit par revenir pour entrer par la fenêtre. Voir
aussi « Morts par asphyxie… financière. Sur la
disparition de Nichane et du Journal hebdomadaire »,
voir L’Année marocaine, 2011, sur le site du CJB
(www.cjb.ma).
26
http://www.demainonline.com/a-propos
(consulté le 17/02/12).
27
http://www.demainonline.com/a-propos
(consulté le 17/02/12).
28
Il se présente à ses visiteurs comme « Le Journal
de l’info, du débat et de l’humour ».
25
L'Année marocaine 2012
concernant « le retour de Demain »29 , rédigé
par A. Lmrabet, fixe les grands traits du
positionnement du site. Demainonline, écrit-il,
revient « avec la volonté d’accompagner la
"transition démocratique" (si c’est le cas !) ou
de dénoncer cette royale et douteuse
mascarade si le régime essaye de faire
diversion en ordonnant un relookage
cosmétique de la constitution ». L’objectif de
l’équipe de Demainonline est de « faire de cette
publication un étendard de la démocratie au
Maroc, le porte-voix des sans-voix et la vigie
qui scrute l’horizon, prête à sonner le tocsin
pour dénoncer les atteintes aux droits de
l’homme dans un pays où persistent la
séquestration de citoyens, les détentions
extrajudiciaires, le confinement dans des lieux
secrets et la pratique de la torture ». Même s’il
est engagé contre les abus du makhzen à la fois
politique et économique, Demainonline ne se
considère pas comme « un journal de
combat »,
mais
comme
un
journal
d’information30.
Quant aux référents professionnels du
nouveau Demainonline, A. Lmrabet considère
que « dans ce journal nous n’avons pas de
référent ou de modèles professionnels. La
presse américaine, autrefois exemple pour
nous tous, s’est fourvoyée dans la guerre en
Irak ; et la presse française, plus proche de
nous par la langue, s’est depuis longtemps
décrédibilisée pour cause de gargarisassions
tremens des estomacs de ses « envoyés
spéciaux » perdus dans les méandres des
palaces et des riads marocains aux frais de
l’autocrate
alaouite,
c’est-à-dire
du
contribuable marocain. » En conclusion de
son éditorial, A. Lmrabet rappelle que « cette
publication électronique se compromet à
occuper le terrain de l’information déserté par
les médias traditionnels qui ont changé leur
agenda journalistique pour des intérêts
29
http://www.demainonline.com/2011/03/28/leretour-de-demain/ (consulté le 23/04/11) ; le
premier édito de A. Lmrabet a fait réagir 148
commentateurs. Il s’agit principalement de
commentaires de félicitations pour ce retour de la
presse indépendante et audacieuse. Un lecteur dit
même avoir eu la chair de poule en lisant son
éditorial. Le deuxième édito a fait l’objet, quant à
lui, de 34 commentaires. Les propos qui suivront,
que je mets entre guillemets, sont extraits de ce
premier éditorial.
30
Ibid.
5
La presse écrite se met à la page… Internet
commerciaux, et se sont transformés en porteparole du régime ». Demainonline a comme
héros et comme icône le tunisien Mohamed
Bouazizi. En vérité, le site semble en avoir un
second : Abdelkrim al-Khattabi, héros de la
guerre du rif. Le visiteur du site est, en effet,
interpellé de prime abord par les photos d’A.
al-Khattabi et du roi Mohammed VI. A la
formule : « Je vous offre une monarchie faite à
ma mesure… » qui serait prononcée par
Mohammed VI, A. al-Khattabi répondrait :
« Mais moi, j’avais déjà ma petite république
en 1922... ». Demainonline 31 propose neuf
rubriques avec les déclinaisons suivantes :
Accueil (A propos, Contact), Actualité,
Opinions
(Edito,
Respublica),
32
M’Khizène (International, Médias, Qui c’est,
celui-là ?), Demain TV (Le JT de la journée,
Les désaxés du net), Politique, Photos, BD et
enfin Culture et Médias (Vidéo online,
Culture). L’humour, « élément indispensable
de l’identité » de Demainonline, représente
aussi la marque de fabrique de Goud.ma.
Goud.ma33
C’est en février 2011 que débute
l’expérience de Goud.ma. Le « qui sommesnous ? » 34 explique que « ce n’est pas une
première qu’un groupe de personnes crée un
site d’information. Bien des gens nous ont
31
La conception de Demainonline revient à Gabfire,
spécialiste mondial de la création de sites web de
presse. Se présentant comme Premium Wordpress
Themes, ce studio de design fournit une large
gamme de modèles de sites en ligne robustes,
fonctionnels et faciles à gérer pour des éditeurs en
ligne sérieux (http://www.gabfirethemes.com).
32
Fidèle en cela à son humour, mkhizène serait le
diminutif du makhzen, à la fois système et
organisation du pouvoir au Maroc.
33
Le slogan du site est « dima nichane ». Les mots
Goud et Nichane renvoient, dans le dialecte et dans
le contexte marocains, à la droiture et au sérieux.
Ses articles sont un mélange d’arabe classique et de
dialectal.
34
Il a donné lieu à 74 commentaires de
félicitations et d’encouragement pour la plupart.
Par ailleurs, certains commentateurs estiment que
le succès du site dépendra de la non-reproduction
du modèle de Nichane qui, selon eux, a échoué
lamentablement car il représentait un contrecourant aux valeurs ancestrales de la société
marocaine.
L'Année marocaine 2012
précédés dans ce domaine ; le Maroc
disposant de quelques expériences qui ont eu
l’audace de commencer afin de fonder ce
qu’on appelle aujourd’hui la presse
électronique ».
Et
d’ajouter :
« Nous
essaierons simplement d’être une nouvelle
fenêtre à laquelle accéderont les surfeurs sur le
Net pour savoir ce qui se passe [au Maroc].
Nous ne dirons pas que nous sommes arrivés
tardivement. Sans fausse modestie, nous
cherchons à se distinguer, aidés en cela par
l’expérience accumulée dans la presse écrite ».
Sur l’origine des journalistes et les
ouvertures que permet le Web, Goud.ma
informe que « la plupart des plumes que vous
allez rencontrer sur ce site sont les "enfants"
de la presse marocaine. Nous disons donc à
nos lecteurs que nous ne sommes pas des
intrus, ni des amateurs de plume… mais nous
sommes ouverts, sans arrogance, sur ce qu’on
appelle communément la "presse citoyenne",
sur les blogs et sur les réseaux sociaux qui ont
aujourd’hui de l’influence et qui font de la
concurrence aux médias traditionnels en les
dépassant parfois ». Quant à la conception de
la démocratie, pour Goud.ma « [c’est] quelque
chose de plus profond que les concepts de
majorité, de minorité et d’élections alternées.
C’est des valeurs philosophiques ayant pour
bases la relativité, la rationalité et la liberté.
La laïcité constitue la condition sine qua non
de la démocratie, la justice sociale, sa base. La
construction et la destruction de la démocratie
est une responsabilité que partagent la société
et l’Etat ». Et d’expliciter encore à ce sujet
« nous ne sommes donc pas neutres quant à
notre conception de la démocratie… nous ne
serons pas neutres dans ce qui vous sera
proposé sur ce site. En revanche, nous
veillerons à être objectifs autant que faire se
peut. Nous ferons de l’investigation, du travail
sérieux et serein des valeurs de travail ainsi
qu’une méthode pour affirmer notre
crédibilité. Nous essaierons, autant que faire
se peut, de respecter la déontologie telle
qu’elle est reconnue aux niveaux national et
international ».
S’agissant du rapport aux lecteurs
potentiels de Goud.ma, il est ajouté : « nous ne
prétendons pas être la voix de Tous les
Marocains et nous n’allons pas caresser dans
le sens du poil pour que les visiteurs de notre
site y restent en permanence. La majorité n’a
pas toujours raison ! Nous serons du côté des
6
La presse écrite se met à la page… Internet
valeurs auxquelles nous croyons, même si
celles-ci s’opposent à celles de la majorité ».
Et de conclure : « notre site sera un farouche
défenseur des valeurs universelles et sera
contre les fondamentalismes quels qu’ils
soient. Il sera avec l’ouverture, la liberté,
l’audace et la beauté et contre la fermeture,
l’interdiction, sans populisme et d’une
manière toujours Goud.ma ». Le site propose
les rubriques suivantes : Page d’accueil,
Qu’est-ce qui se passe ?, Faits divers, Culture,
Médias, Reportage, Sport, « Azzine wal
hdagua »35, « Tbarguig »36, Entretien, Opinions
(en langues arabe et française). Les pages
Opinion en langue arabe sont ouvertes à
différents courants : Mokhtar Laghzioui,
chroniqueur au quotidien Al ahdath almaghribia, Abderrahim Ariri et Noureddine
Miftah,
directeurs
respectifs
des
hebdomadaires Al watan al-ane et Al-ayyam ;
en français, on y trouve des articles du
publicitaire et chroniqueur Mohamed
Laaroussi, de Karim Boukhari 37 , d’Ali
Bouabid, etc. Outre Ahmed Najim, directeur
du site, l’équipe de Goud.ma est constituée
d’anciens de Nichane 38 , soit huit journalistes
au total39.
Dans l’ensemble de ces sites, les
visiteurs ont accès à différentes possibilités.
Sur Goud.ma, il est possible d’envoyer des
vidéos, de participer aux forums de discussion,
de s’inscrire à la Newsletter, de lancer des
requêtes sur le moteur de recherche, de
contacter les responsables concernés pour
diverses raisons (demande d’information,
soumission d’article, publicité). Le « modèle
économique » de ces nouveaux sites s’articule
principalement autour de la publicité 40 . Le
célèbre site d’annonces www.bikhir.ma
35
Cette expression, en dialectal, est utilisée pour
parler d’une femme belle et soigneuse.
36
Qui serait de la curiosité malsaine.
37
Directeur de publication de Telquel
(www.telquel-online.com).
38
« Morts par asphyxie… », op. cit.
39
http://www.goud.ma/%D9%81%D8%B1%D9
%8A%D9%82%D9%83%D9%88%D8%AF_a4432
.html
40
À la différence, par exemple, du journal français
Mediapart qui s’appuie sur un « modèle
économique différent », celui de l’adhésion
payante.
Cf.
son
projet
(http://presite.mediapart.fr/contenu/leprojet.html) consulté le 27/05/12.
L'Année marocaine 2012
dispose d’une bannière assez importante sur
les pages d’accueil de Goud.ma et de
Lakome.com. Sur ce dernier, Richbond 41 ,
entreprise d’ameublement, y insère ses
publicités. Les annonces du moteur de
recherche Google y occupent également une
bonne place42. Mais le site d’information qui
reçoit le plus de visiteurs et, ainsi, la part la
plus conséquente en termes de publicité reste
incontestablement Hespress.com43 . Depuis son
lancement en 2007, de nombreux journaux
électroniques lui ont succédé. Parmi les
derniers nés de la presse électronique, l’on
repère aujourd’hui Febrayer.com lancé en
janvier 2012, par Maria Moukrim 44 , autant
que des sites régionaux comme Tazacity.info et
Micronews.ma.
41
Appartenant à l’homme d’affaires Karim Tazi,
dont les chroniques sont publiées sur le site.
42
Annonces relatives à différents intérêts :
tourisme, téléphonie, location de voitures, cours
de langues, appartements à vendre, etc.
43
Lancé en 2007 par un certain Haddouchi, il est
le plus visité aujourd’hui, avec plus de 700 000
visiteurs par jour. Chiffres présentés lors de la
journée « Presse électronique au Maroc », ISIC,
Rabat, 10 mars 2012.
44
Ancienne journaliste de l’hebdomadaire AlAyyam fondé par Nourredine Miftah. Lors du
séminaire « Médias : entre liberté et responsabilité
éthique » organisé par Media Diversity, le 2 mai
2012 à Rabat, M. Moukrim « révèle » qu’elle y est
coactionnaire avec Tawfik Bouachrine ; ce dernier,
fondateur du quotidien Al-massae avec Rachid
Niny et Ali Anouzla, est aujourd’hui directeur de
publication du quotidien Akhbar Al-yawm. En
conséquence, il est à la fois dans les presses écrite
et électronique.
7