un article de presse

Transcription

un article de presse
REPRÉSENTATIONS SEXUÉES DANS L'AUDIOVISUEL
REPRÉSENTATIONS SEXUÉES DANS L'AUDIOVISUEL
REPRÉSENTATIONS SEXUÉES
ET STÉRÉOTYPES DANS L’IMAGE
© Pierre Terdjman
UN ARTICLE DE PRESSE
FICHE PÉDAGOGIQUE
Analyser un article de presse qui présente 10 femmes « courageuses » exerçant des
métiers à risques.
QUESTIONS Distribuer l’article (reproduit en fin du pdf).
Quel est l’objet de cet article ?
Ex : Souligner le courage de plusieurs femmes
qui exercent des métiers à risques.
Quelle est votre impression générale après la
première lecture ?
Ex : elles font des métiers dangereux, certaines font des
métiers d’hommes, elles sont très courageuses, elles aiment
venir en aide, elles se dévouent, elles sont quand même
belles, elles restent des femmes, etc.
Qu’avez-vous appris sur les métiers cités ?
Ex : Pas grand chose, rien,certaines professions sont
dangereuses mais on le savait déjà…
ANALYSE DU TEXTE Demander aux élèves de souligner avec des couleurs différentes dans le texte, ce qui a trait :
au métier (ici en vert) ;
au physique, aux vêtements, à l’apparence, la mode (ici en jaune) ;
et en rouge : ce qui attire votre attention.
Commentez si besoin après chaque phrase.
Notez les qualités mises en avant ou les exemples donnés.
(Nos commentaires sont ici en italiques, ils ne sont pas exhaustifs et sont bien sûr à discuter.)
Le courage au féminin
Le courage serait-il différent selon le sexe ? Y aurait-il un
courage spécifiquement féminin ? L’article devrait nous
l’apprendre.
Démineur, pilote d’hélicoptère, sauveteur en mer,
pédiatre urgentiste... Ces femmes sont des anges
gardiens. Match les a réunies.
L’ange gardien protège. Nous verrons que les métiers présentés
sont essentiellement des métiers de secours, d’aide, de
protection.
Une fiche du site Genrimages.org © CASdB 2014
Dans un loft du XVIIIe arrondissement, séance
photo pour Paris Match.
Le fait de choisir une séance photo plutôt qu’un article de fond
donne le ton du reportage : l’apparence physique y tiendra un
rôle prédominant ; contradiction avec le titre de l’article qui
met en avant le courage (au féminin donc lié à des supposés
signes extérieurs de féminité qui n’ont rien à voir avec le
métier que ces femmes exercent).
Un article de presses // Métiers : orientations activité 3
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Les dix femmes courageuses papillonnent autour de
portants garnis de robes.
Papillonner a une connotation superficielle : d’après le
Larousse c’est « s’intéresser de façon superficielle à une
quantité de choses », « aller d’un objet, d’une personne à
l’autre sans s’arrêter longtemps » ; l‘adjectif « courageuses »
est amoindri par le verbe.
Imaginer une autre phrase, par ex : « Les dix femmes
courageuses choisissent leur tenue pour la photo » (on
garde l’adjectif) ou « Les dix femmes sélectionnent
la tenue qu’elles porteront pour la photo ». Quelles
différences cela induit-il ?
« Je pensais que cela ne m’irait pas ! » s’exclame
Johanne Dupont, 1,80 mètres, en se fixant dans
le miroir. Pilote d’hélicoptère dans la marine
­nationale, perchée sur des escarpins Louboutin aux
talons de 10 centimètres, elle vient de passer en un
instant du look « Top Gun » à celui de mannequin.
Un moment inédit dans son parcours. D’habitude,
elle lutte contre les trafics de drogue et la
piraterie, et participe aussi aux sauvetages en mer.
(Comment ????)
Le mot « perchée » la rend un peu ridicule, d’autant qu’on
précise qu’elle mesure déjà 1m. 80 (c’est la seule des 10 dont la
taille est indiquée).
Frédérique Peschaud, chirurgien digestif
cancérologue à l’hôpital Ambroise-Paré de
Boulogne-Billancourt (AP-HP), est méconnaissable
elle aussi, sans sa blouse bleue. Elle fait partie du
tout petit nombre de femmes dans sa spécialité,
cela se mérite. Est-ce que son regard bleu, sa beauté
adoucissent l’annonce d’un diagnostic sévère ?
Elle se souvient plutôt du lien fort qu’elle crée
avec ses patients, comme cette jeune mère de trois
enfants dont le cancer nécessitait une opération
compliquée, à ­l’issue incertaine. « Ce métier
a une emprise très forte sur nos vies, dit-elle.
L’inquiétude pour un malade ne nous quitte jamais,
même à la maison. »
Les qualités mises en avant sont sa capacité à faire du lien, sa
préoccupation pour une mère de famille, pour les patients, son
empathie.
Peu de femmes dans son métier et pourtant aucune indication
sur la réalité de son travail, son quotidien, ses études.
Pourquoi relater l’anecdote en lien avec une jeune mère ? et
pas un homme, une personne âgée ? Pourquoi en dire si peu ?
(on ne sait pas du tout ce qui s’est passé).
Noter l’emploi du verbe « adoucir ».
Une fiche du site Genrimages.org © CASdB 2014
Marie Goulet, physique d’actrice de ­séries
télévisées, est pédiatre. Elle travaille à la base Smur
de Montreuil, qui gère les urgences d’enfants et
d’ados de 0 à 18 ans. « Tous les enfants ne sont pas
pris en charge de façon optimale, faute de moyens.
Par manque de place, j’ai même failli emmener
jusqu’à Reims un petit qui avait une bronchiolite
sévère. Heureusement, un confrère a poussé les
murs… » Son constat est sans appel. Concernant
l’hôpital en France, elle s’indigne. Elle a du mal à
décompresser quand elle rentre, heureusement il y a
Eve, 3 ans, sa fille, pour l’aider à prendre du champ.
Anecdote là encore plutôt que d’approfondir le travail en
urgence. Importance du physique.
Entre deux essayages, NOS dix femmes d’exception
égrènent leur itinéraire.
Justement l’itinéraire est très peu évoqué.
Nos : familier, faîtes la différence avec « ces 10 femmes
d’exception » ou « les 10 femmes d’exception ».
Rima Vétois, infirmière, est née au Liban pendant
la guerre. « À cause de cela, pendant mes études,
j’ai tout de suite été confrontée aux cas extrêmes,
des brûlures très graves à la chirurgie réparatrice. »
Installée en France ­depuis presque vingt ans, elle a
travaillé dans de nombreux services.
Elle insiste sur l’importance du contact dans son
­métier : « Aujourd’hui, j’ai choisi la gériatrie. Les
personnes âgées sont souvent abandonnées, ou
ont l’impression de l’être. P
­ asser leur dire bonjour,
leur caresser la main, leur adresser un sourire
leur procure une joie immense, un complément de
“chaleur humaine” indispensable aux soins que
nous prodiguons. »
Nathalie Busson, sauveteur en mer et ex-Miss
Bretagne, sait ce que beauté veut dire. Si elle prend
la pose comme une pro, elle embarque également
sans broncher avec l’équipe sur son canot de
sauvetage classe 1, à Quiberon, quand le Cross
­signale un appel de détresse.
Sans broncher ???? En quoi le fait d’être une ex-Miss Bretagne
pourrait nuire à son travail ?
La Canadienne Isabelle Santoire, guide de haute
montagne, tout en muscles et en énergie, explique
que si elle accompagne ceux que la montagne
passionne, elle intervient aussi pour voler au
secours des imprudents, tendre une corde à un
homme tombé dans une crevasse ou agir avant
les équipes de l’armée, seules ­habilitées à ce type
d’action.
Description un peu plus précise du travail ; seule précision
sur le physique , la mise en avant de la musculature pour
un travail qui demande effectivement de grandes qualités
physiques, comme si ici le muscle et l’énergie ne se mariaient
pas avec la beauté.
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« On ne sait jamais ce qui nous attend, explique
Clémence Loup, lieutenant de police. Les drames
arrivent souvent pendant des actes anodins, de
routine. Mais on n’y pense pas. Cette peur diffuse,
c’est sans doute ce qui nous lie entre collègues.
Quelque chose d’indicible qu’on ne peut partager
qu’entre nous. »
C’est aussi ce que pourraient dire Maeva ­Lacroix,
la ravissante aux yeux clairs, pompier comme l’était
son père, entièrement dédiée à son métier,
La ravissante aux yeux clairs : cette information est-elle
utile ? Elle induit un sentiment de douceur.
ou Justine Volay, la fée blonde qui, d’octobre à avril,
mène son cortège de camions équipés d’étraves,
de balais, de soufflerie sans lesquels les pistes de
l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ne pourraient
être hautement sécurisées et présenteraient un
danger pour les milliers d’avions qui s’y posent et
en décollent…
Fée ?
Et pourquoi pas « dirige » à la place de « mène son cortège » ?
On ne connaît pas l’intitulé de son travail.
Toutes se sentent autres loin de leurs uniformes qui
vont du jaune au rouge, du blanc au noir.
La plus étonnée de se découvrir si séduisante en
bas noirs et robe rouge, c’est Michèle Chambrion,
médaille d’argent pour actes de courage et
dévouement.
Michèle porte les cheveux longs, c’est le seul signe
extérieur qui la distingue des autres démineurs :
« Ce n’est pas facile d’être une femme, dans mon
milieu. J’ai pu gagner le respect des hommes en
chargeant sur mon épaule un 155 mm, une pièce
d’artillerie de 45 kilos. Physiquement, je ne dois pas
me distinguer d’eux, ou le moins possible. J’essaie
de rester jolie, mais par petites touches discrètes. »
C’est aussi une maman de 42 ans, qui élève seule
Antony, son fils de 16 ans. Son apparence, elle
aimerait bien y songer plus souvent, mais elle n’en a
pas trop le loisir. « En mission, je vis avec l’angoisse
au ventre. J’ai peur pour mes équipiers. J’en ai
perdu, il n’y a pas si longtemps. »
Michèle Chambon a reçu une médaille pour actes de courage
mais ne savons pas lesquels… Par contre, il est relaté
comment elle a pu se montrer l’égale des hommes (égale par la
force physique).
CONCLUSION Cet article est assez emblématique d’une presse grand
public qui souhaite mettre en valeur des femmes
d’exception tout en insistant avant tout sur leurs qualités
supposées « féminines » comme la douceur, le lien avec
l’autre, le dévouement, la beauté…
La description détaillée de leur quotidien comme des
formations qu’elles ont suivies ne sont pas évoquées.
La question du courage au féminin est bien sûr sans
réponse, le courage ne se conjugue pas différemment
selon les sexes. On peut toutefois regretter qu’ici le
courage de ses femmes, qui parfois risquent leur vie, ne
soit pas plus mis en valeur.
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Cet exercice peut être prolongé par la comparaison entre
des articles présentant des hommes et des femmes
politiques (pour les femmes on parlera de leur tenue,
de leur coiffure,..) ou de sportifs et de sportives (là
encore les commentaires soulignent et commentent la
plupart du temps l’apparence physique des sportives et
beaucoup plus rarement celle des sportifs).
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TEXTE DE L’ARTICLE Ce texte est celui de l’article «Le courage au féminin »,
de Marie-France Chatrier, mis en ligne le 7 janvier 2012
sur le site Internet du journal Paris Match, consultable
sur Internet à cette adresse : http://www.parismatch.com/
Actu/Societe/Le-courage-au-feminin-160357.
Démineur, pilote d’hélicoptère, sauveteur en mer,
pédiatre urgentiste... Ces femmes sont des anges
gardiens. Match les a réunies.
Dans un loft du XVIIIe arrondissement, séance photo pour
Paris Match. Les dix femmes courageuses papillonnent
autour de portants garnis de robes. « Je pensais que cela
ne m’irait pas ! » s’exclame Johanne ­Dupont, 1,80 mètres,
en se fixant dans le ­miroir. ­Pilote d’hélicoptère dans la
marine ­nationale, perchée sur des escarpins Louboutin
aux talons de 10 centimètres, elle vient de passer en un
instant du look « Top Gun » à celui de mannequin. Un
moment inédit dans son parcours. D’habitude, elle lutte
contre les trafics de drogue et la piraterie, et participe
aussi aux sauvetages en mer. Frédérique Peschaud,
chirurgien digestif cancérologue à l’hôpital ­Ambroise-Paré
de Boulogne-Billancourt (AP-HP), est méconnaissable elle
aussi, sans sa blouse bleue. Elle fait partie du tout petit
nombre de femmes dans sa spécialité, cela se mérite. Estce que son regard bleu, sa beauté adoucissent l’annonce
d’un diagnostic sévère ? Elle se souvient plutôt du lien
fort qu’elle crée avec ses patients, comme cette jeune mère
de trois enfants dont le cancer nécessitait une opération
compliquée, à ­l’issue incertaine. « Ce métier a une emprise
très forte sur nos vies, dit-elle. L’inquiétude pour un
malade ne nous quitte jamais, même à la maison. »
Marie Goulet, physique d’actrice de ­séries télévisées,
est pédiatre. Elle travaille à la base Smur de Montreuil,
qui gère les urgences d’enfants et d’ados de 0 à 18 ans.
« Tous les enfants ne sont pas pris en charge de façon
optimale, faute de moyens. Par manque de place, j’ai
même failli emmener jusqu’à Reims un petit qui avait
une bronchiolite sévère. Heureusement, un confrère
a poussé les murs… » Son constat est sans appel.
Concernant l’hôpital en France, elle s’indigne. Elle a du
mal à décompresser quand elle rentre, heureusement il y a
Eve, 3 ans, sa fille, pour l’aider à prendre du champ. Entre
deux essayages, nos dix femmes d’exception égrènent
leur itinéraire. Rima Vétois, infirmière, est née au Liban
pendant la guerre. « A cause de cela, pendant mes études,
j’ai tout de suite été confrontée aux cas extrêmes, des
brûlures très graves à la chirurgie réparatrice. » Installée
en France ­depuis presque vingt ans, elle a travaillé dans
de nombreux services.
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Elle insiste sur l’importance du contact dans son ­métier :
« Aujourd’hui, j’ai choisi la gériatrie. Les personnes
âgées sont souvent abandonnées, ou ont l’impression
de l’être. ­Passer leur dire bonjour, leur caresser la main,
leur adresser un sourire leur procure une joie immense,
un complément de “chaleur humaine” indispensable aux
soins que nous prodiguons. » Nathalie Busson, sauveteur
en mer et ex-Miss Bretagne, sait ce que beauté veut
dire. Si elle prend la pose comme une pro, elle embarque
également sans broncher avec l’équipe sur son canot de
sauvetage classe 1, à Quiberon, quand le Cross ­signale un
appel de détresse.
La Canadienne Isabelle Santoire, guide de haute
montagne, tout en muscles et en énergie, explique que
si elle accompagne ceux que la montagne passionne, elle
intervient aussi pour voler au secours des imprudents,
tendre une corde à un homme tombé dans une crevasse
ou agir avant les équipes de l’armée, seules ­habilitées à ce
type d’action.
« On ne sait jamais ce qui nous attend, explique Clémence
Loup, lieutenant de police. Les drames arrivent souvent
pendant des actes anodins, de routine. Mais on n’y pense
pas. Cette peur diffuse, c’est sans doute ce qui nous lie
entre collègues. Quelque chose d’indicible qu’on ne peut
partager qu’entre nous. »
C’est aussi ce que pourraient dire Maeva ­L acroix, la
ravissante aux yeux clairs, pompier comme l’était son
père, entièrement dédiée à son métier, ou Justine Volay,
la fée blonde qui, d’octobre à avril, mène son cortège
de camions équipés d’étraves, de balais, de soufflerie
sans lesquels les pistes de l’aéroport Roissy-Charlesde-Gaulle ne pourraient être hautement sécurisées et
présenteraient un danger pour les milliers d’avions qui s’y
posent et en décollent… Toutes se sentent autres loin de
leurs uniformes qui vont du jaune au rouge, du blanc au
noir. La plus étonnée de se découvrir si séduisante en bas
noirs et robe rouge, c’est Michèle Chambrion, médaille
d’argent pour actes de courage et dévouement.
Michèle porte les cheveux longs, c’est le seul signe
extérieur qui la distingue des autres démineurs : « Ce
n’est pas facile d’être une femme, dans mon milieu. J’ai
pu gagner le respect des hommes en chargeant sur mon
épaule un 155 mm, une pièce d’artillerie de 45 kilos.
­Physiquement, je ne dois pas me distinguer d’eux, ou le
moins possible. J’essaie de rester jolie, mais par petites
touches discrètes. » C’est aussi une maman de 42 ans, qui
élève seule ­Antony, son fils de 16 ans. Son apparence, elle
aimerait bien y songer plus souvent, mais elle n’en a pas
trop le loisir. « En mission, je vis avec l’angoisse au ventre.
J’ai peur pour mes équipiers. J’en ai perdu, il n’y a pas si
longtemps. »
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