les competences transversales : une incitation a faire apprendre a
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LES COMPETENCES TRANSVERSALES : UNE INCITATION A FAIRE APPRENDRE A APPRENDRE. par Langouche A. S., Petit V., Philippe M. C. & Romainville M. Facultés Universitaires de Namur Département Education et Technologie1 Professeur Jean DONNAY 1 Rue de Bruxelles, 61 - 5000 NAMUR ( 081/72.50.69-68 - Fax 081/72.50.64 Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 19 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre L’esprit général de la réforme du premier degré vise à promouvoir un certain nombre de changements fondamentaux dont l’apparition du terme « compétence » peut être considérée comme le reflet. Ainsi, trois options majeures pourraient être dégagées (Fourez, 1994; Romainville, 1995) : • apprentissage centré sur l'élève plutôt que sur les matières; • apprentissage centré sur le potentiel des élèves, sur ce qu’ils seront capables de mettre en oeuvre à l’avenir plutôt que sur l’acquis, sur les choses apprises par le passé; • apprentissage de savoir-faire voire de savoir-réfléchir, de démarches plutôt qu’un apprentissage de connaissances, de contenus. Dans cette optique, il est proposé de compléter l’observation de ce que l’élève apprend (quels contenus) par l’analyse du comment il apprend (quelles méthodes, quels processus, quelles stratégies). Le défi est donc lancé de s’intéresser à l'acte d'apprendre lui-même, le processus, et non plus seulement à ses résultats (Romainville, 1994). Dans ce contexte général, il n’est pas étonnant que les compétences dites transversales, et en particulier celles liées au développement cognitif (par exemple, mémoriser, gérer son temps d’étude, retirer les idées principales d’un texte, prendre conscience de ses manières d’apprendre, etc.), occupent le devant de la scène. D’un côté, elles sont au nombre des objectifs prioritaires à atteindre. De l’autre, elles constituent des outils précieux pour relever le défi de mieux comprendre comment les élèves apprennent. Cet article est le fruit d’une recherche menée en collaboration avec une dizaine d'équipes d'enseignants du premier degré de l’enseignement secondaire de tous les réseaux sur le thème du développement des compétences transversales2. Elle poursuit trois objectifs principaux. 1. Description de l’apprentissage des compétences transversales au premier degré : • approche conceptuelle de la notion de « compétences transversales »; • observation des difficultés des élèves quant à la mise en oeuvre de ces compétences; • décomposition, classification et modélisation de ces compétences. 2. Elaboration d’outils de développement de ces compétences : • construction d’outils de développement et de régulation formative de ces compétences; • mise à l’épreuve et amélioration de ces outils. 2 Cette recherche porte exclusivement sur ce que l’on pourrait appeler les compétences transversales cognitives, c’est-à-dire celles liées au développement de la pensée (démarches mentales et compétences méthodologiques dans le document « Socles de compétences »). C’est de ces compétences uniquement qu’il sera question dans la suite de cet article. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 20 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre 3. Description de l’appropriation du concept « compétences transversales » et des outils de leur développement par les enseignants; description des changements liés à ces appropriations. La démarche suivie dans notre recherche tente de respecter deux options de base issus de nos choix théoriques : • une approche descriptive des compétences transversales, centrée sur la compréhension de leur mise en oeuvre par les élèves, plutôt qu’une démarche normative, prescriptive définissant a priori ce qu’elles doivent être; • une approche qui dépasse l’opposition compétence/connaissance en travaillant les compétences transversales à la fois en interdisciplinarité et dans des situations spécifiquement disciplinaires. En accord avec ces deux options, la méthodologie se veut résolument inductive. Evitant la décomposition a priori des compétences transversales, pratiquée jadis à propos des objectifs, l’équipe de recherche privilégie leur description via des enquêtes 3 auprès des élèves et la confrontation de leurs résultats à l’expérience des enseignants. L’objectif est donc de construire une modélisation de chaque compétence 4 travaillée à partir, d’une part, de ce que les élèves nous disent, via des questionnaires, de leurs difficultés à mettre en oeuvre telle compétence transversale et, d’autre part, des observations des enseignants. Le but de cette modélisation est de mettre à plat toutes les composantes de la compétence et de les organiser entre elles. C’est sur la base de cette carte sémantique que des outils d’exercisation et de régulation formative seront alors construits pour tenter de développer ces compétences chez les élèves. Au cours de la première année de cette recherche (planifiée sur trois ans), il nous est rapidement apparu indispensable de réaliser un recadrage théorique tant ces notions encore floues font l’objet d’un large débat. Cet article présente essentiellement ce cadre conceptuel. La première partie est consacrée aux compétences transversales et la deuxième à leur régulation formative. Les compétences transversales Un des points clés de la réforme, en se recentrant sur l’élève, est de se pencher sur l’enseignement et l’apprentissage de compétences transversales. On peut ainsi observer, dans les écoles, diverses tentatives pour intégrer cette préoccupation dans les pratiques. Ici, on crée un cours de méthodes d’étude; là, on constitue des groupes de besoin sur tels et tels aspects; là encore, chaque enseignant contribue à l’élaboration de grilles de critères pour les bulletins. A l’occasion de ces tentatives d’aménagements, nos contacts avec les équipes d’enseignants ont fait émerger quatre questions de base : 3 4 Un exemple d’enquête est présenté en annexe 1. Une première ébauche concernant la mémorisation est présentée en annexe 2. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 21 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre • Qu’est-ce qu’une compétence transversale ? • Quelle classification des compétences transversales ? • Quelle place donner aux compétences transversales ? • Comment exercer les compétences transversales et comment les « enseigner » ? Qu’est-ce qu’une compétence transversale ? Dans le sens le plus large d’abord, les compétences transversales sont envisagées comme étant une base, un point d’appui pour les apprentissages futurs. Ainsi, Rogier (1994, p. 34) les présente comme « le terreau qui permettra l’éclosion d’un adulte lucide, dynamique, responsable, capable de s’adapter et d’être heureux. » En effet, les compétences transversales concernent non seulement le développement intellectuel (comme les capacités cognitives de base de De Ketele, 1982-83) mais aussi l’épanouissement humain et l’insertion sociale des élèves. Signalons ensuite qu’une compétence transversale est un « construit », un modèle. Il faut bien insister sur ce caractère car le modèle utilisé nous fait voir la réalité d’une certaine manière. Ainsi, parler de compétence transversale qui « facilite l’acquisition de connaissances disciplinaires » (C.C.E.F.C., 1993-94) serait un premier modèle : il postulerait l’existence d’une sorte de capacité générale, construite on ne sait où, qui expliquerait pourquoi certains élèves réussissent et d’autres échouent à un ensemble de tâches considérées comme proches. Par exemple, un élève qui résume correctement un texte au cours de français et au cours d’histoire pourrait être étiqueté comme possédant une compétence transversale générique « résumer ». Mais il s’agit là d’une reconstruction a posteriori, d’une hypothèse interprétative de performances concrètes d’élèves. Un autre modèle pourrait prétendre que des capacités spécifiques sont construites à l’occasion de la découverte des connaissances disciplinaires. Dans cette hypothèse, ce même élève serait considéré comme possédant les compétences « résumer en français » et « résumer en histoire ». Un autre modèle encore pourrait critiquer l’importance accordée aux capacités générales. Il affirmerait alors que l’explication de l’échec et de la réussite aux différentes tâches est à chercher dans des compétences locales, spécifiques aux domaines disciplinaires couverts voire dans les connaissances disciplinaires elles-mêmes. Ainsi, tel élève serait capable de « synthétiser en français » et « de synthétiser en histoire » parce qu’il posséderait une solide base de connaissances en français et en histoire. Qu’entend-on par « transversal » ? L’idée la plus généralement répandue est qu’il s’agit de « compétences que l’on peut exercer dans plusieurs voire dans toutes les disciplines. » (F.E.Se.C., 1995; idée également développée dans le document « Socles de compétences »). Quoiqu’une compétence transversale ne s’exerce pas de la même manière dans toutes les disciplines, comme le fait remarquer Romainville (1994). Celui-ci relève des différences dans les démarches relatives aux disciplines mais en dégage également des points communs. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 22 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre « Même si résumer un texte en histoire et en français ne sont pas des démarches intellectuelles identiques, il n'en reste pas moins vrai que certaines composantes sont communes aux deux opérations : le repérage des mots liens (donc, parce que, ...), par exemple. Les compétences transversales désignent peut-être alors cette partie du savoir, profondément disciplinaire mais qu'on espère un minimum exportable : les micro expertises communes aux tâches proposées dans les différentes disciplines. » D’autres introduisent l’idée de transférabilité, comme par exemple Fourez (1994, p. 2) qui parle de compétences « qui peuvent être transférées d’un domaine à un autre ». Si la compétence transversale est acquise dans le cadre de tel cours, on espère qu'elle puisse être réutilisée dans d'autres situations. Or, ce transfert de compétence d’une discipline à une autre constitue aussi un problème (Liemans & Rensons, 1994). Pour d’autres encore, ces compétences sont considérées comme transversales, non seulement au niveau des disciplines, des domaines, mais aussi au niveau de l’équipe éducative. Ces compétences représentent un objet de travail commun aux enseignants. On le voit, les discussions épineuses sur le sens à attribuer au terme « compétence transversale » témoignent d’un vif débat en cours sur les orientations à donner à l’école : s’agit-il de développer des démarches générales de pensée ? Dans ce cas, quel est le rôle des savoirs de chaque discipline ? Quelle place leur accorder ? S’il s’agit de former à des contenus, quel est alors leur sens et leur pertinence en regard de la formation générale des élèves ? ... Sans vouloir prolonger les discussions sans doute stériles de terminologie auxquelles on assiste actuellement à propos de ce terme, nous nous contenterons d’en proposer une définition provisoire, inspirée de Tardif (1994), Mettoudi et Yaïche (1993) et Paquay (1995). Elle a trait uniquement aux compétences transversales faisant l’objet de notre recherche, c’est-à-dire celles qui relèvent du domaine cognitif (voir la figure 1). Par compétence transversale cognitive, on entend un ensemble organisé de savoirs cognitifs et métacognitifs (savoirs, savoir-faire, savoir-être) qui permet à l’élève, à l’intérieur d’une famille de situations, de s’adapter, de résoudre des problèmes et de réaliser des projets. Le mérite de cette définition est double. D’une part, elle tente de dépasser l’opposition peu féconde entre connaissances et démarches. Elle postule qu’une compétence transversale est constituée tout à la fois de savoirs déclaratifs (savoirs) et de savoirs procéduraux (savoir-faire), sans établir de hiérarchie. Ainsi, la compétence transversale « résumer » fait tout autant intervenir des éléments de la base de connaissances de l’élève (sur le domaine du texte à résumer, sur les types de textes, sur les indices typographiques, etc.) que des stratégies de traitement de l’information (savoir isoler un mot-clé, distinguer l’exemple de la règle, etc.). Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 23 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre D’autre part, la définition suggère aussi qu’une compétence transversale est définie pour une classe de situations. Son degré de transversalité sera déterminé par l’étendue de cette classe. Certaines compétences seront donc plus transversales que d’autres et l’important sera de préciser, dans leur décomposition, les éléments qui semblent plus ou moins généralisables. Quelle classification des compétences transversales ? Deux difficultés apparaissent dès que l’on tente de classer les compétences transversales. Tout d’abord, la frontière entre les différentes catégories reste floue, ce qui amène parfois à classer l’une ou l’autre compétence transversale dans différentes catégories selon que l’on développe l’un ou l’autre de ses aspects. Par exemple, la compétence transversale « être attentif » peut être considérée soit comme préparatoire à l’apprentissage (savoir se concentrer, ne pas se laisser distraire, etc.), soit comme faisant partie de l’apprentissage (capter l’information donnée par le professeur, etc.). Ensuite, certaines compétences transversales sont plus englobantes que d’autres. « Prendre conscience de ses manières d’apprendre » est plus général qu’« utiliser des dictionnaires de langues ». La figure 1 propose une classification des compétences transversales. Nous y développons la catégorie des compétences transversales du domaine cognitif car elles constituent notre objet de recherche. Les différentes classes obtenues sont explicitées par la suite. Compétences transversales Développement socio-affectif Obj et de l a recherche Développem ent cognitif Ges ti o n de l ’apprenti ss ag e Gestion du temps, de l'espace, du matériel, ... Métacognition = prise de conscience de sa manière d'apprendre Trai tement de l 'i nfo rmati o n capter traiter stocker utiliser } l’information Figure 1. Classification des compétences transversales Selon notre conception, une compétence transversale peut être à dominante socio-affective (respecter l’autre, coopérer, ...), ou à dominante cognitive (mémoriser, structurer l’information, ...). Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 24 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre Les compétences transversales à dominante socio-affective ont une place capitale au niveau de la structuration de l’identité et de la personnalité des adolescents. « Ils doivent acquérir progressivement leur autonomie, donner sens à leur projets d’étude et de vie (et les construire). L’école doit leur permettre de franchir ce cap le mieux possible en leur offrant l’occasion d’acquérir et de développer des attitudes, des savoir-être et des savoir-devenir. Les compétences suivantes y contribuent : se respecter, s’affirmer de manière positive, prendre des responsabilités, décider, choisir, etc. » (Document « Socles de compétences », 1994, p. 98) Nonobstant, elles ne seront pas travaillées dans le cadre de cette recherche. Les raisons de ce choix sont multiples : d’abord, nos expériences antérieures de recherche nous amènent à émettre des hypothèses dans le domaine cognitif; ensuite, les compétences transversales cognitives nous paraissent plus observables; enfin, leur développement est plus directement du ressort de l’enseignant alors que les compétences socio-affectives appartiennent davantage au domaine privé de l’élève. Parmi les compétences transversales à dominante cognitive, nous distinguons celles qui concernent la gestion de l’apprentissage de celles qui ont trait au traitement de l'information proprement dit. La gestion de l’apprentissage regroupe les stratégies5 que l’élève met en oeuvre pour s’assurer d’apprendre dans des conditions optimales et pour contrôler son apprentissage. Ainsi, l’élève organise son temps de travail, choisit des documents de référence adéquats et s’assure de les avoir à sa disposition, etc. Par ailleurs, il se regarde aussi apprendre, évalue l’efficacité de ses résumés, ... Ces stratégies visent à placer l’élève dans de bonnes conditions pour apprendre. Le second volet des compétences transversales cognitives concerne le traitement de l'information proprement dit : il s’agit des démarches mentales mises en oeuvre pour capter (ex. prendre note), traiter (ex. retirer les idées principales d’un texte), stocker (ex. mémoriser) et utiliser l’information (ex. utiliser des connaissances dans une situation nouvelle). Quelle place donner aux compétences transversales ? « Le danger n'est-il pas dès lors de trop négliger l'apprentissage de connaissances, seul support possible à l'exercice d'un savoir-réfléchir ? Connaissances et démarches interagissent » (Romainville, 1995). Ces compétences transversales posent certaines questions : quel est leur poids, leur importance ? Le problème de l’équilibrage entre compétences et connaissances se pose. Les anciens programmes ont centré les enseignants sur les contenus et leur découpage. Le document « Socles de compétences » propose d’articuler ces contenus aux compétences. Certains enseignants, formés en tant que spécialistes 5 Nous utilisons le terme « stratégie » car il recouvre des actions, un ensemble de comportements structurés orientés vers un but. Elles sont conscientes ou, en tout cas, accessibles à la conscience, intentionnelles et donc plus susceptibles d’être soumises à un développement. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 25 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre d’une matière se retrouvent alors désorientés face à ces compétences. place leur donner ? Quelle priorité : les compétences ou les matières ? Quelle Il est sans doute impossible d’exercer une compétence transversale sans contenu et, par ailleurs, on ne peut travailler un contenu sans partiellement exercer des compétences transversales (Romainville, 1994). Il s'agit donc de ne pas de tomber dans l'excès : travailler les compétences transversales pour elles-mêmes, considérer les contenus comme des prétextes, des occasions, une sorte de mal nécessaire. Céder à ce travers reviendrait à faire resurgir le vieux paradigme des disciplines prétextes, pourtant critiquable à bien des égards : • « la quantité de connaissances que l'élève possède dans un domaine, détermine en partie la qualité de ses démarches d'apprentissage dans ce domaine; • l'étude du développement cognitif de l'enfant a sans doute sous-estimé le rôle des connaissances spécifiques; • il est parfois plus efficace de fournir aux élèves des connaissances préalables spécifiques que de les entraîner à des démarches; • des « capacités générales » exercées indépendamment de tout contenu ne se transfèrent pas nécessairement aux différentes disciplines; • les stratégies, les démarches d'apprentissage sont beaucoup plus spécifiques aux matières que ce que l'on a cru ». De même pour Crahay (1995), les compétences ne peuvent « se concevoir indépendamment de connaissances ou de contenus à maîtriser ». Il s’agit donc de ne pas dissocier de manière exagérée les connaissances disciplinaires et les compétences transversales sans toutefois les fusionner au point de ne pas en avoir conscience. Comme le signale Fourez (1994, p. 4) : « Notre société est à la recherche d’un équilibre entre les deux tendances, chacune nécessaire. ». Comment exercer les compétences transversales ? Comment les « enseigner » ? Comment enseigner, entraîner, faire apprendre des compétences transversales qui relèvent plutôt du domaine des manières que des matières ? Il s’agit en effet de démarches, de façons d’apprendre pour lesquelles une méthodologie spécifique doit être mise en oeuvre. Pour une bonne part, nous retrouvons ici tous les problèmes liés à l’accompagnement méthodologique et donc aussi ses principaux écueils (Romainville, 1994). Le premier consisterait à affirmer qu’il existerait, dans un contexte donné, une seule « bonne » stratégie d’apprentissage. Or, l’apprentissage est un acte individuel et une « stratégie efficace pour un élève ne l’est pas nécessairement pour un autre ». Il existerait autant de profils d’apprenant que d’élèves. De plus, la diversité des contextes d’apprentissage est telle qu’une stratégie, pour être efficace, doit s’adapter aux différents éléments du contexte : le contenu, les conditions d’enseignement, l’évaluation, l’âge, la motivation, ... Une méthode efficace serait « celle qui, adaptée Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 26 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre aux caractéristiques cognitives et affectives de l’élève, lui permet de traiter l’information de manière à pouvoir réaliser la performance attendue dans une situation particulière de formation ». Le second écueil serait d’enseigner les méthodes sur un mode expositif. Les « cours » de méthodes, où l’on se contente de transmettre des démarches supposées être efficaces, risquent de ne pas provoquer chez l’élève la rupture nécessaire à un changement de méthode. De plus, les compétences s'acquièrent par l'expérience (Levy-Leboyer, 1993) et par l’analyse de celle-ci. Le développement chez l’élève de sa capacité à prendre conscience et à analyser ses propres stratégies et son contexte de travail semble être une voie prometteuse. C’est ce que l’on appelle le développement métacognitif. Dans cette optique, développer les compétences transversales des élèves exige que chaque enseignant leur propose des occasions disciplinaires de réfléchir sur leurs propres démarches mentales, de les analyser et de tenter d’y repérer les points forts et les points faibles. La régulation formative des compétences transversales Dans cette partie, nous aborderons trois questions principales sous-tendant notre travail : • L’évaluation des compétences transversales : certificative ou formative ? • Qu’est-ce que l’évaluation formative ? • Pourquoi remplacer l’expression « évaluation formative » par celle de « régulation formative » ? L’évaluation des compétences transversales : certificative ou formative ? Dans toutes les écoles s’est rapidement posé la question de l’évaluation de ces compétences. Parfois même, c’est par cette préoccupation que les compétences transversales ont fait leur entrée dans l’école. Comme si l’enseignement devait d’abord faire digérer une innovation par son système d’évaluation. Aider les élèves à développer des compétences transversales n’est déjà pas aisé, alors les évaluer ! Si tant est qu’il faille ou semble pertinent de les évaluer ... Faut-il toutes les évaluer ? Faut-il les noter ? Ou vaut-il mieux les apprécier ? Sur la base de quels critères ? Déterminés par qui ? On parle de les évaluer de manière formative mais, de quoi s’agit-il exactement ? Dispose-t-on d’outils pour le faire ? Faut-il en débattre en conseil de classe ? Toutes les disciplines sont-elles concernées ? Faut-il les faire figurer dans le bulletin ? Sous quelle forme ? A chaque période ? Etc. Les questions sont nombreuses, graves et complexes. Pour tenter d’y voir plus clair, examinons tout d’abord si le terme « évaluer » doit être compris dans son acception sommative et certificative ou formative et régulatrice. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 27 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre Le document « Socles de compétences » (1994, p. 102) aborde brièvement cette question, sans d’ailleurs la trancher : « Reste la question posée de l’évaluation des compétences transversales. Il est évident pour tous qu’elles feront l’objet de l’évaluation formative et que leur prise en compte ne pourra en aucun cas se traduire par un jugement moral ou normatif porté sur la personne de l’élève. Parmi les démarches mentales et les compétences méthodologiques, pourront faire l’objet d’une évaluation certificative celles que le professeur a exercées plus particulièrement dans sa discipline, celles que l’équipe éducative aura retenues en fonction du projet d’école, du contexte de la classe, des besoins constatés. C’est la réflexion de l’école qui permettra progressivement de définir des niveaux et d’identifier des critères de maîtrise de plus en plus pertinents et communicables. ». Quant aux possibilités de certifier les compétences transversales, les avis sont plus que partagés. « Compétences transversales et évaluation : un mariage impossible ! » d’après Romainville (1995). « Toute tentative d'utiliser ces compétences dans l'évaluation certificative est vouée à l'échec par manque de validité. Comment "coter" la manière dont un élève gère son temps, mémorise, résume ? Avec quels critères ? Ce que l'on mesurera, c'est la distance entre les manières d'apprendre de l'élève et celles de son évaluateur ! Tout ceci ne signifie évidemment pas qu'il ne faut pas se préoccuper des manières d'apprendre de nos élèves. Tout au contraire, nous sommes pleinement responsables de cette phase d'appropriation personnelle, c'est même notre raison sociale première : faire apprendre. Cela signifie simplement qu'il ne faut pas le faire sur le mode prescriptif, normatif, en édictant des règles, des modèles mais bien sur le mode de l'accompagnement à la prise de conscience, à l'analyse et à l'amélioration, par les élèves eux-mêmes, de leurs propres manières d'apprendre. ». L’esprit général de la réforme tendrait plutôt à faire pencher la balance du côté de l’évaluation formative : le rôle de l’enseignant est défini surtout comme un médiateur entre l’élève et la tâche. L’essentiel est de faire apprendre ces compétences, pas de les certifier ! Mais en quoi consisterait une évaluation formative des compétences transversales ? Qu’est-ce que l’évaluation formative ? Les définitions de l'évaluation formative sont nombreuses et on peut se référer à différents auteurs (Abernot, Abrecht, Allal, Cardinet, De Ketele, Perrenoud, Scallon) afin d'en cerner les principaux « pivots » (Donnay, 1994). Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 28 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre Ainsi, l'évaluation formative • s'adresse à l'élève; • implique l'élève dans son apprentissage par la conscience qu'il doit en prendre; • fait partie de l'apprentissage plutôt que de l'entrecouper; • cherche l'adaptation à une situation individuelle; • s'intéresse aussi bien aux processus qu'aux résultats; • ne se limite pas à l'observation mais débouche sur une action (sur l'enseignement et/ou l'apprentissage); • relève, situe les difficultés pour les pallier, en cherchant à remonter aux causes et non les sanctionner comme une évaluation de type « épreuve » ou « examen »; • sert également à l'enseignant en lui permettant, par retour d'informations multiples, d'orienter efficacement et souplement son enseignement; • tient compte du fait que le temps d'apprentissage n'est pas le même pour tous; • intègre le droit à l'erreur; • ... On le sent, l’évaluation formative, bien plus qu’une méthode, est avant tout une attitude. En effet, la pratique de l’évaluation formative est sous-tendue par une conception particulière de l’apprentissage qui implique avant tout de se centrer sur l’apprenant et non plus sur l’enseignant6. Concrètement, la pratique de l’évaluation formative nécessite, de la part de l’enseignant, un changement de conceptions à différents niveaux : son rôle, la situation d’apprentissage elle-même, les objectifs, les rythmes d’apprentissage, les activités de formation, l’individualisation, la participation des élèves, l’évaluation et la régulation, les contrôles, l’interprétation des résultats des contrôles, la maîtrise des objectifs, la réussite du cours, ... (Allal, 1991). Il ne s’agit donc pas d’une évaluation qui fasse le bilan des apprentissages réalisés par l'élève suite à une séquence d'enseignement et qui se traduise par une note. Ce qui est visé ici, ce sont des moments d'évaluation en cours d'apprentissage qui permettent à l'enseignant et à l'élève de situer la progression de celui-ci par rapport à une compétence transversale donnée, afin qu'ils puissent réagir, réguler en conséquence. L'erreur est alors source d'apprentissage. De plus, la priorité est donnée à l'évaluation des processus d'apprentissage plutôt que de ses résultats. Dans l'évaluation formative, l'accent est mis sur la démarche utilisée afin d'arriver au résultat. Notons que procéder de cette manière est bien plus simple à dire qu'à faire ! Dans ce domaine, les outils concrets et directement utilisables dans les pratiques manquent et les enseignants se trouvent face à un vide à combler et à une tâche bien difficile à entreprendre. On le voit, les principes de l’évaluation formative (aide à l’apprentissage, centration sur l’élève, intérêt pour le processus, prise de conscience par l’élève luimême de ses processus, etc.) sont en parfaite concordance avec la préoccupation 6 L'élève est donc au centre de l'évaluation tout comme de l'apprentissage (Cf. p. 1). Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 29 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre des compétences transversales. Ainsi, prétendre qu’il s’agit d’analyser l’erreur plutôt que de la juger ne revient-il pas à dire qu’il nous faut mieux comprendre les démarches mentales des élèves ? Pourquoi remplacer l’expression « évaluation formative » par celle de « régulation formative » ? Le concept de « régulation » nous apparaît comme central dans la réflexion au sujet de l’évaluation des compétences transversales dans une optique formative. Concrètement, recourir à la régulation signifie que l’enseignant va mettre en oeuvre des stratégies pour ajuster son enseignement aux élèves qu’il a en face de lui. Cette régulation peut être intégrée à la situation d'apprentissage tout au long de son déroulement et être une conséquence immédiate des interactions de l'élève avec l'enseignant, ses pairs, le matériel didactique, etc. L’enseignant peut, par exemple, prévoir une régulation sous forme de prise d’informations in vivo, auprès des élèves, qui vont lui permettre d’adapter son enseignement en cours de processus. Il peut également placer les élèves en position de se réguler entre eux (via des travaux de groupes, des interactions constructives, des confrontations d’idées et de méthodes, etc.) ou leur offrir la possibilité d’interagir avec un matériel proposant une correction ou des pistes leur permettant de progresser dans leur apprentissage (fiches autocorrectives, enseignement assisté par ordinateur, par exemple). La régulation peut également être différée et intervenir suite à une évaluation (sommative ou formative). Elle consistera alors en un retour à des objectifs non maîtrisés ou à des tâches non réussies et prévoira des activités de remédiation (révisions de parties de matière, travaux complémentaires, révisions de prérequis, nouvelles démarches de formation et d’apprentissage : découpage plus fin de la matière, situation plus fonctionnelle, plus concrète, ...). La régulation peut aussi avoir pour objectif la prévision d'activités de formation, orientées davantage vers la consolidation et l'approfondissement des compétences transversales des élèves (rappel et vérification des prérequis, constitution de groupes selon les besoins des élèves, ...). Quoiqu’il en soit, les buts de la régulation sont de différents ordres : • réguler l’apprentissage (proposer d'autres démarches d'apprentissage, des remédiations, des activités d'approfondissement ou d'enrichissement); • augmenter la confiance en soi des élèves (les progrès réalisés sont facteurs de motivation et il s’agit d’une évaluation « non répressive »); • apprendre à apprendre (objectifs et critères clairs : les élèves savent où aller, auto-évaluation : les élèves apprennent à apprendre). Notre double expérience en formation continuée à l’évaluation formative et en recherche-action au premier degré nous a amenés à placer ce concept de régulation formative au centre de nos préoccupations voire à remplacer l’expression d’« évaluation formative » par celle de régulation formative. Quatre raisons majeures justifient, à nos yeux, ce choix. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 30 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre a. Tout d’abord, le terme « évaluation » est fortement connoté dans le monde scolaire et bien souvent associé à une notation, un contrôle même si le qualificatif « formative » y est attaché. On y relie en effet tout un vécu scolaire à forte tradition et culture d’évaluation sommative, certificative, normative, ... duquel il paraît difficile de se détacher tant pour des raisons institutionnelles que personnelles. Les résistances au changement apparaissent à ce sujet fortes et nombreuses. b. Ensuite, le fait de pratiquer l’évaluation formative implique, comme nous l’avons dit plus haut, de recourir à des changements d’attitudes et de pratiques se traduisant notamment par la mise en oeuvre de stratégies de régulation de l’enseignement et de l’apprentissage. On peut donc dire concrètement que l’évaluation formative se traduit dans les faits par le recours à la régulation. c. Les professeurs associent aussi l’évaluation formative à la nécessité d’une construction d’outils d’évaluation lourds, principalement sous la forme de grilles critériées plutôt qu’à un changement d’attitudes. Le risque est alors de négliger le recours à d’autres outils beaucoup plus légers à construire et à utiliser, pouvant permettre la pratique d’une évaluation formative. Parmi ceuxci, essentiellement des stratégies de régulation sous forme, par exemple, de renvoi immédiat d’une réponse à l’élève, de travaux de groupes, d’autoévaluation, de co-évaluation, de confrontations, de travaux complémentaires, ... (voir les exemples cités p. 11), stratégies au bénéfice de l’apprentissage souvent considérées comme moins lourdes à construire, à mettre en oeuvre et à exploiter. d. Enfin, dans le cas des compétences transversales, il nous semble capital de privilégier une démarche au service de leur apprentissage. Le terme « évaluation » charrie avec lui trop de connotations de mesure et de jugement que pour être utilisé dans un domaine aussi privé. « ... si l’enseignant est en droit d’avoir des exigences de résultats vis-à-vis de ses élèves, ceux-ci doivent disposer d’une totale liberté quant aux modes d’apprentissage à mettre en oeuvre pour y arriver. Ainsi, si l’enseignant peut exiger qu’une synthèse en étude du milieu soit mémorisée pour tel jour, comment pourrait-il imposer, en plus, des modalités d’apprentissage spécifiques, compte tenu de la diversité importante des manières d’apprendre de ses élèves ? Les recherches sur les stratégies d’apprentissage ont en effet montré qu’il existait autant de profils d’apprenant que d’élèves. Même les élèves les plus performants, dans un système scolaire donné, n’utilisent pas tous les mêmes méthodes, loin de là. On a aussi observé une certaine cohérence entre les manières d’apprendre de l’élève et ses caractéristiques individuelles. Ainsi, la prise de notes par mots-clés est associée à une certaine conception de la fonction de la prise de notes, à une estimation positive de ses capacités de reformulation, à une confiance en soi en tant qu’apprenant, etc. Vouloir imposer à tous l’utilisation de mots-clés en prise de notes risque d’aboutir à ce que les élèves ne correspondant pas à ce profil se montrent encore moins performants qu’avant. Il est donc vain, inefficace et peu fondé de tenter de prescrire un modèle unique de méthodes d’apprentissage. Les méthodes (résumer, gérer son temps, etc.) sont, en définitive, du ressort de l’élève. » (Romainville, 1995) Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 31 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre Perspectives La suite de notre recherche consistera à construire et mettre à l'épreuve dans les classes, différents outils de développement des compétences transversales. Un autre aspect, qui ne pourra être poursuivi que dans les années à venir, consistera en un accompagnement des enseignants à l’utilisation des outils construits. Cet accompagnement permettra de mettre en lumière différentes facettes liées à l’intégration des outils dans les pratiques. Ainsi, pour les outils construits, nous prévoirons leur intégration dans un dispositif pédagogique plus large : élaboration de différents scénarios d'utilisation possibles afin d'aider à leur intégration dans la classe. Nous décrirons également les différents modes d'appropriation par les enseignants des outils construits. Nous tenterons aussi de décrire et de déterminer les changements d'attitudes des enseignants et des élèves de par l'introduction de ces nouveaux outils en classe. Par exemple, les changements dans la relation au savoir, à la discipline, au droit à l'erreur, à l'autre, ... Enfin, nous identifierons les différents éléments organisationnels que va modifier l'introduction en classe de ces nouvelles pratiques. v Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 v v 32 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre Bibliographie ABERNOT Y., Les méthodes d'évaluation scolaire, Bordas, Paris, 1988. ABRECHT R., L'évaluation formative, une analyse critique, De Boeck, Bruxelles, 1991. ALLAL L., Vers une pratique de l'évaluation formative. Matériel de formation continue des enseignants, De Boeck, Bruxelles, 1991. ALLAL L., CARDINET J., PERRENOUD P., L'évaluation formative dans un enseignement différencié, Peter Lang, Berne, 1990, 6° édition. Cabinet du Ministre de l’Education, Socles de compétences dans l’enseignement fondamental et au premier degré de l’enseignement secondaire, Document officiel, Bruxelles, 1994. CARDINET J., Evaluation scolaire et pratique, De Boeck, Bruxelles, 1986. Conseil Central de l’Enseignement Fondamental Catholique (C.C.E.F.C.), Programme intégré. Plans de référence, Liège, 1993-94. CRAHAY M., La définition de socles de compétences. Pour un recadrage constructiviste, Document interne, Université de Liège, 1995. DE KETELE J.M., Le passage l’enseignement de l’enseignement supérieur : les secondaire facteurs de à réussite, Humanités Chrétiennes, juin-août 1982-1983, pp. 294-306. DE KETELE J.M., L'évaluation : approche descriptive ou prescriptive ?, De Boeck, Bruxelles, 1986. DONNAY J., Sous l’évaluation formative... des relations, Conférence, Colloque de l’ADMEE, Genève, 1994. F.E.Se.C., Communication spéciale - 1° degré, n°3, 28/2/95. FOUREZ G., Les socles de compétences, Revue nouvelle, mars 1994. LEVY-LEBOYER C., Le bilan des compétences, Editions d’Organisation, Paris, 1993. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 33 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre LIEMANS M., RENSONS P., Pédagogie de la comparaison au 1er degré, Document de travail, C.A.F., Tihange, 1994. METTOUDI CH., YAÏCHE A., Travailler par cycles en mathématiques, Hachette, Paris, 1993. NOËL B., ROMAINVILLE M., WOLFS J.L., La métacognition : facettes et pertinence du concept en éducation, Revue française de Pédagogie, n° 112, 1995, pp. 47-56. PAQUAY L., Transmettre des connaissances ou développer des compétences ? D’un faux dilemme à de vraies priorités !, Document de travail, Groupe interuniversitaire sur les socles de compétences, mai 1995. ROGIER J.M. (Ed.), Le latin et les compétences transversales. Cette réforme dont vous êtes le héraut, F.E.Se.C., Bruxelles, 1994. ROMAINVILLE M., Faire apprendre des méthodes : le cas de la prise de notes, Recherche en éducation, théorie et pratique, 2ème trimestre 1994, pp. 37-55. ROMAINVILLE M., A la recherche des compétences transversales, Forum Pédagogies, novembre 1994, pp. 18-22. ROMAINVILLE M., Compétences transversales et évaluation : un mariage impossible !, Echec à l’échec, 107, juin 1995, p. 6. ROMAINVILLE M., L’irrésistible ascension des « compétences »..., Document provisoire, F.U.N.D.P.- Département Education et Technologie, Namur, à paraître. SCALLON G., L'évaluation formative des apprentissages : la réflexion, Presses de l'Université Laval, Québec, 1988. TARDIF J., L’évaluation du savoir-lire : une question de compétence plutôt que de performance, Evaluer le savoir lire, Ed. Logiques, Montréal, pp. 69-101. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 34 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre ANNEXE 1 : exemple de questionnaire distribué auprès d’élèves du premier degré Questionnaire « A propos de ta mémoire... » Athénée Royal de Marchienne - Rue des Remparts, 35 - 6030 MARCHIENNE-AU-PONT - 071/51 60 78 1. Pour moi, mémoriser c'est ... ................................................................................................. 2. Mémoriser, c'est utile pour ... .................................................................................................. 3. Pour chacune des phrases du tableau, entoure “Oui ”si tu es d’accord avec la proposition ou entoure “Non ” si tu n’es pas d’accord. 4. Pour pouvoir mémoriser quelque chose, je dois le comprendre. Oui - Non Je peux améliorer ma mémoire. Oui - Non J'utilise ma mémoire uniquement à l'école. Oui - Non Si je mémorise quelque chose, je le réutilise plus facilement. Oui - Non Quand j'explique quelque chose à un élève de ma classe, cela m'aide à le mémoriser. Oui - Non Tout ce que je mémorise reste dans ma mémoire. Oui - Non Si je comprends quelque chose, je ne dois plus le mémoriser. Oui - Non Cela vaut la peine de faire des exercices pour améliorer ma mémoire. Oui - Non Y a-t-il des cours qui sont plus faciles à mémoriser ? Oui - Non Le(s ) cours de ... .................................................................................................. Parce que... .................................................................................................. 5. Y a-t-il des activités que fait le professeur pour t'aider à mémoriser ? Lesquelles ? Pourquoi ? Les activités ... .................................................................................................. Parce que ... .................................................................................................. Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 35 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre 6. Pour mémoriser, il est indispensable de ... (Choisis la ou les proposition(s) qui te convien(nen)t, en noircissant la (les) case(s)) o o o o 7. réciter plusieurs fois comprendre structurer - faire un plan autre(s) : ..................................... o o o aimer ce que je dois mémoriser pouvoir utiliser ce que j’ai mémorisé trouver un intérêt personnel Je mémorise pour la première fois, une nouvelle matière ... (Choisis la ou les proposition(s) qui te convien(nen)t en noircissant la (les) case(s)) o o o 8. le jour même avant le cours suivant la veille de l'interrogation o o un jour avant l'examen une semaine avant l'examen Quand je mémorise, ... (Noircis la ou les cases devant les phrases qui correspondent à ce que tu fais pour mémoriser) o o o o o o o 9. je souligne en couleurs les éléments importants je recopie je fais des résumés je recopie les points essentiels je structure, je fais un plan je fais des schémas je regarde (je photographie la page, la disposition des notes) o je récite à haute voix o o o o o o je lis plusieurs fois de suite je retiens les mots clés je ............................................. je ............................................. je ............................................. je ............................................. Est-ce que ce questionnaire t'a aidé à mieux connaître ta façon de mémoriser ? Pourquoi ? Parce que ... ................................................................................................... Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 36 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre ANNEXE 2 : exemple de modélisation réalisée à partir de résultats de questionnaires Liste de variables liées à la mémoire Athénée Royal de Marchienne - Rue des Remparts, 35 - 6030 MARCHIENNE-AU-PONT - 071/51 60 78 Cet inventaire est établi sur la base des informations contenues dans les questionnaires remplis par les élèves. Nous disposons également pour enrichir cet inventaire des représentations des professeurs sur ce qu’est mémoriser, ce qui influence la mémorisation chez l’élève et dans l’enseignement. 1. ♦ Elève Conception de la mémoire • Représentations de la mémoire (fixe, évolutive; visuelle, auditive, multiforme; à court et long terme) • Représentations de l’utilité de la mémoire (cadre scolaire ou extra-scolaire) ♦ Métacognition • • • • ♦ Prise de conscience de sa manière de faire Prise de conscience de ses capacités Découverte d’autres manières de faire Auto-évaluation de sa mémorisation Motivation INTERNE • Intérêt • « Amour » du cours • Se fixer le but de réussir • Plaisir d’apprendre • Volonté • Perception de l’utilité du contenu à mémoriser EXTERNE • Évaluation • Utilisation des notions dans la vie quotidienne; projets d’utilisation ♦ Disposition personnelle • • • • • • • • • Attention Concentration Écoute Estime de soi, se sentir bien dans sa peau, être en confiance avec soi-même Disponibilité mentale Autosatisfaction Stress Conception de l’apprentissage Intention personnelle de la mémorisation (stockage à court/long terme) Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 37 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre ♦ ♦ 2. ♦ 3. ♦ Capacités cognitives • • • • • • • • Prendre conscience qu’il y a une matière à mémoriser, à restituer Compréhension Ordre et logique Précision Prérequis Faculté d’anticipation Facilité dans la branche Maîtrise de la langue Passé scolaire • Acquis de l’école primaire • Influence des instituteurs sur la façon de mémoriser Cours, matière Caractéristiques du cours, de la matière et de l’information • • • • • • Type d’information : image, son, mouvement, symbole, chiffre, odeur, saveur, ... Diversité des cours Densité du cours Quantité de matière Structure du cours Difficulté Elève-cours, matière Traitement de l’information • • • • • • Représentations des contenus à apprendre Regard, photographie des éléments à mémoriser Tri, classement l’information Faculté de distinguer l’essentiel de l’accessoire Traitement actif, passif (recherche d’informations) Profondeur du traitement de l'information et structuration de l'information (recopier, répéter, relire, enregistre « par coeur », reformuler, souligner, résumer, faire un plan, schématiser, retenir les mots-clés, chanter, organiser les informations en mémoire, créer des liens, ...) • Établir le « fil rouge » qui relie les informations entre elles • Vérification des éléments mémorisés, auto-évaluation 4. ♦ Enseignant Conception de la mémoire • Représentations de la mémoire (fixe, évolutive; visuelle, auditive, multiforme; à court et long terme) • Représentations de l’utilité de la mémoire (cadre scolaire ou extra-scolaire) ♦ Dispositions personnelles • Personnalité • Conception de l’enseignement • Conception de l’apprentissage, idée que se fait l’enseignant de son cours : tête bien faite ou bien pleine ? Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 38 Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre 5. Enseignant-matière • • • • Niveau d’exigence Méthodologies utilisées Adaptation de la méthodologie Aide apportée aux élèves sur des méthodes de travail, des manières de mémoriser, don d’outils • Type de questions d’évaluation (restitution -> synthèse) 6. Enseignant-élève(s) • • • • • Attitude, écoute devant les difficultés des élèves Relation à l’élève Aide à l’élève Niveau d’exigence Aide apportée aux élèves sur des méthodes de travail, des manières de mémoriser, don d’outils • Intérêt qu’il parvient à susciter chez l’élève 7. ♦ Environnement Global • Contexte familial, aide familiale • Sollicitations extérieures (musique, sorties, médias, émissions télévisées : ex. « Il était une fois la vie » dans le cadre du cours de sciences) • La mode (époques qui insistent ± sur la mémorisation) • Programmes ♦ Lié à la situation de mémorisation • • • • • Bonnes conditions d’apprentissage, pour recevoir et retenir (en classe et à domicile) Ambiance de la classe Etre au calme Activités d’aide, de remédiation (exercices, rattrapages, ateliers) Moment de la première mémorisation d’une matière • Temps v Informations Pédagogiques n°24 - mars 1996 v v 39