Textes d`Isabelle Atelier d`écriture - pages-buissonnieres.com
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Textes d’Isabelle Atelier d’écriture J’aime – j’aime pas. J’aime la caresse du soleil. Je n’aime pas les drapeaux. J’aime m’asseoir à une terrasse de café et regarder les gens passer. Je n’aime pas la violence, les non-dits, le mensonge. J’aime le rire des enfants, tels des grelots qui s’agitent. Je n’aime pas la douleur qui prend toute la place. J’aime la lumière douce de fin de journée et le calme de l’aurore. Je n’aime pas les religions qui guerroient. J’aime le mystère de la nuit, la force du désir, la vague, l’élan. Je n’aime pas le creux, le vide, la peur. J’aime l’infini de la mer et du ciel. Je n’aime pas les pisse vinaigre, les aigris, ceux qui broient du gris à longueur de vie. J’aime manger et boire et rire et faire l’amour Je t’aime. CV mémoire sensible Je suis née il y a longtemps, non c’était hier… enfin je suis née. Je me rappelle… enfin on m’a raconté La petite fille sage que j’ai peut-être été. Une photo noir & blanc, mon frère Zorro, mon frère cet inconnu. Mes parents qui chantent « nous irons ensemble par les longs chemins et plus loin que l’horizon nous bâtirons notre maison et nous la peuplerons de mille et une chansons ». Ma mère cette enfant. Mon père force et tendresse. Tous ces êtres, ces visages, ces présents qui m’ont mis en forme. La vraie vie et toutes les autres. Toujours tendre vers la lumière. Apprendre, regarder, s’émerveiller… être. Ecrire une histoire ou l’on prend possession d’un lieu : sous un escalier Avec un objet offert en cadeau : un réchaud Aujourd’hui j’ai 7 ans et j’ai décidé de fêter l’âge de raison. En fait, je fête 12 fois par an mon anniversaire, j’ai gardé le jour et pas voulu retenir le mois… alors aujourd’hui je quitte la maison pour aller à l’école mais… à l’angle de la rue, je tourne dans l’impasse du roi – ça c’est du nom de rue ! Et je décide que mon royaume ce sera sous cet escalier du n°4. L’escalier colimaçonne. J’aime ses formes. Je m’installe dessous et je décide que c’est chez moi. Mon chez moi. Bon, il manque quelque chose…mon lapin magique ! Celui que j’ai volé à Alice et qui me suis partout où je vais. Je sors de mon cartable aussi mon goûter. Il y a un balai dans l’entrée. Personne en vue. Me vla qui fait le ménage de mon royaume. Pouah…. ça virevolte partout, j’y vois plus rien. Ça en avait bien besoin ! ça va réveiller mon rhube des foins ça ? Je sors la grande serviette que ma maman n’oublies jamais de me mettre et je l’étale par terre… une nappe, un fauteuil, un lit ? Je pose mon goûter, mon lapin et moi. C’est un peu dur mais moi je m’y sens comme un pacha, enfin une pachatte! Tiens il y a un truc qui traîne dans le coin… j’ai déjà vu ça quelque part… en camping… c’est un réchaud ! Allalah si j’avais des allumettes…un bon feu de cheminée…le comble du bonheur…ça me rappelle la petite fille aux allumettes et là d’un coup c’est l’ascenseur du bonheur qui dégringole – j’arrive au sous sol – c’est noir et triste…je me sens toute seule… Allez suffit ! Je vais inviter des amis chez moi. Tiens voilà quelqu’un.. quelqu’un de curieux qui vient me voir et …se frotte contre moi. Un chat de gouttière que je transforme illico presto, d’un regard, en chat persan aux milles pouvoirs fantastiques. Me voilà regonflée à bloc. Mais voilà que quelqu’un me regarde à travers la vitre…bouhh je vois pas son visage…j’imagine un monstre visqueux et mes mains deviennent moites. Au coin de la rue, une poubelle et quelques cartons. Je cours en chercher un que je pose en paravent contre les regards…voilà ça y est – me voilà chez moi ! A partir de tableaux d’Edouard Hopper et de Jack Vettriano – Un univers – une chambre avec un personnage. Elle est belle, à l’abandon, lassive, les yeux mi-clos. Il vient de la quitter. Chère, chère Victoria. La lettre qu’il t’a laissé. La liras-tu, la liras-tu ? Je te vois comme si mes yeux ne t’avaient pas quitté. Ton image tatouée au creux de ma mémoire. Je te vois, telle que tu es si souvent… Allongée, alanguie, ouverte, sans prise avec le réel, une cigarette aux bouts de tes doigts. Lui aussi fume maintenant. Là… en bas de chez toi – sur le trottoir, immobile, le chapeau enfoncé sur le front. Je ne vois pas ses traits mais j’imagine son expression – lointaine – fermée – ailleurs. Il ne te mérite pas. Cet homme que tu accueilles chez toi certains après-midi et qui s’en retourne ensuite vaquer à sa grise vie. Sans se retourner – jamais. Moi, je t’observe depuis des siècles. Moi, si vieux ; si fané, tout usé.. Moi, qui pourrait être ton père. Moi ton voisin d’en face. Je rêve souvent de prendre place dans le tableau qui domine ton canapé. Quelle place de choix… vue plongeante où je pourrais à loisirs me rassasier les yeux, désaltérer mon cœur, arroser ma mémoire. Ça y est, tu as lu la lettre… des mots, des promesses, une ivresse… tu as un sourire doux, las… la cendre de ta cigarette s’éternise au bout de tes doigts puis, abruptement tombe sur le plancher. Je te sens seule, je voudrais te prendre dans mes bras, mes mains en tremblent, tout mon corps frémis. Je te vois comme si mes yeux ne t’avaient pas quitté. Tiens on sonne. Déjà l’heure de la promenade quotidienne ? Je sens que le jour décline…ou je l’imagine. J’ouvre la porte et salue Maryline, un surnom, elle n’a vraiment rien de Monroe. Je lui prend la bras… mais elle me sermonne ! Ah non, n’oubliez pas votre canne, malheureux ! Je te vois comme si mes yeux ne t’avaient pas quittés. Je repasse et repasse encore toutes les images de toi, emprisonnées, volées, capturées… inventées… Inventer un nom de personnage : Raphaël Ludwig : Un musicien – contrebassiste qui vient de perdre son père. Jeune – parti en retraite – besoin de silence – de se retrouver seul – au monastère de Cadaquès – bien qu’agnostique. Consigne : lettre évoquant un voyage + raconte un événement insolite. Très Tendre toi, Et dire qu’il n’est plus… Je me suis retiré au monastère de Cadaquès… lloin de l’agitation parisienne pour me retrouver avec moi-même et avec lui… Chacun essaie de se faire à l’idée de la perte. Mais là… je ne peux le croire, ne peux l’admettre. Ici, dans ce lieu de silence d’où j’entends la mer respirer… j’essaie de me retrouver. Hier, j’ai croisé un chat…enfin était-ce un chat ? Il était assis sur le chemin de terre ocre, noir sur rouge. Assis tel une fière statue, les yeux mi-clos. Je me suis approché. Je me suis assis à quelques enjambées de lui. Et j’ai senti une chaleur extraordinaire m’envahir. Je fermais les yeux. Il est venu à moi… j’ai senti qu’il faisait le tour…le tour de moi…le tour de la question… Et, crois-moi, ma sœur, je me suis mis à pleurer. A pleurer ce père qui, pourtant, nous a abandonné. La vie est bien étrange chère toi… et me voilà libéré. Il fallait qLudwig. ue je te le dise. Raphael la lettre Il est treize heure, c’est mardi, je viens de terminer un match de squash – je suis en nage – je me sens bien – détendu – fort. Je m’assois sur un banc, une serviette à la main. Je bois une longue gorgée d’eau, m’essuie le front et les aisselles et je sors de mon sac de sport la lettre d’Anaïs arrivée hier déjà de Gaza et que je n’ai pas voulu – oser – pu - ouvrir. Je sais combien les temps sont durs par là-bas et le travail de journaliste toujours risqué… « je profite des derniers rayons du soleil pour te donner quelques nouvelles de mon déplacement en terre de Palestine »… les derniers rayons de soleil… je tends mon visage vers la baie vitrée et regarde le ciel… si gris, si noir, si bas… que le soleil a délaissé ici… trop au nord. « les derniers jours que je viens de passer furent violents, tristes, sanglants » mon regard erre sur les murs rouges vifs du club, s’arrête sur le short bordeau profond à petits pois de Mathias – ahlala il restera veiux garçon celui-là !. Je me lève et rejoins le vestiaire, la lettre à la main, les yeux perdus, tendus vers toi… l’âme mélancolique « nous devions tenter de nous abriter pour survivre et témoigner ». Le froid m’envahit. J’enlève mon tee-shirt mouillé dans le brouhaha ambiant… les rires de mes partenaires me traversent… Hé Chris…encore une conquête ? Je souris mécaniquement et poursuis « au milieu de cette tuerie… ». Chris cette fois, tu m’as achevé ! me crie Ryan de la douche. « dans l’offensive, une femme a mis au monde un bébé »… un bébé… toi et ton amour immodéré pour le enfants… et moi et ma peur de m’engager… mais si tu ne revenais pas… jamais ce rêve là… je sens mon cœur qui s’énerve et son écho désagréable dans les veines de mes tempes. Je suis à mille lieux de cette pièce…happé par les mots de ta lettre… Quand reviens-tu ?? Mon amour, ah pourquoi faut-il que tu sois si loin… quelle idée d’être partie là-bas ! « il me tarde de revenir dans trois jours ». Mon cœur semble ne plus battre…le soulagement doit se lire sur mon visage…vite vite terminer la lettre… « plaisir….revenir…dîner avec toi… » Elle revient, dans quelques jours elle sera là…fini la peur au ventre, l’attente, le cauchemar. Je termine de me déshabiller, entre sous la douche et me met à chanter… mes partenaires entonnent avec moi le refrain « Ah tu verras tu verras… ».