Porte continentale et corridor de commerce Ontario

Transcription

Porte continentale et corridor de commerce Ontario
870, avenue De Salaberry, bureau 207 ● Québec (Québec) G1R 2T9
Québec, le 16 janvier 2009
PAR COURRIEL
Madame Geneviève DeBlois
Transports Canada
Politiques sur l’intégration du transport des
marchandises et sur les transporteurs routiers
Tour C – 27e étage
Place de Ville, 330 rue Sparks
Ottawa (Ontario) K1A 0N5
[email protected]
Objet : Porte continentale et corridor de commerce Ontario/Québec
Madame,
Nature Québec reconnaît la qualité du travail exécuté dans ce rapport afin de préparer l’avenir
de l’industrie maritime et de ses partenaires. Le sujet qui attire notre attention concerne la
possibilité de travaux de dragage de capitalisation dans la voie navigable du Saint-Laurent.
Après toutes les années de travail de concertation au sujet du développement harmonieux de la
navigation commerciale sur le territoire québécois, Nature Québec aurait pensé que les
représentants de l’industrie maritime en seraient venus à réaliser l’importance absolument
majeure que revêt pour la société en générale le maintien du statu quo en terme des
dimensions actuelles de la voie navigable. En ce qui nous concerne, le rôle des différents paliers
de gouvernement dans ce projet, particulièrement celui de Transports Canada à Ottawa,
consiste actuellement à confirmer rapidement qu’il y aura tenue d’audiences publiques avant
toute forme de dragage permettant à de plus gros navires de transiter sur le fleuve. Nous
savons que cette responsabilité relève du ministère de l’Environnement, mais Transports
Canada doit démontrer son leadership, sa vision. Déjà, en 1959, les travaux de creusage dans le
lit du fleuve ont détruit à tout jamais de nombreux habitats, le régime hydrologique naturel et
fait disparaître différentes espèces de poissons. À cette époque, l’industrie et les
gouvernements ont bénéficié de l’ignorance de la société qui ne connaissait pas la notion de
protection de l’environnement et l’importance de ce dernier en regard de leur qualité de vie.
Tél. : (418) 648-2104
Téléc. : (418) 648-0991
www.naturequebec.org
[email protected]
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Madame Geneviève Deblois
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Le 16 janvier 2009
Aujourd’hui, le contexte est bien différent. Malgré les efforts du gouvernement Harper afin de
faciliter les processus d’autorisation de projets majeurs, que ce soit pour le développement ou
l’expansion des mines, l’exploration gazière ou pétrolière, etc., il existe plusieurs catégories d’usagers
du fleuve Saint-Laurent, des gens conscients et soucieux de justice, qui veulent préserver ce qui reste
de résilience à ce grand cours d’eau, lequel appartient à tous et pas uniquement à l’industrie. Ces
usagers veulent que cette résilience, sur laquelle ils ne détiennent aucun droit et qui les soutiens
depuis des décennies, serve aussi au maintien de la vie aquatique et des milieux humides fragiles,
ainsi qu’à d’autres secteurs d’activités économiques vibrants et essentiels aux collectivités riveraines
et aux nombreux visiteurs qui viennent en bénéficier année après année. S’ajoute à cela que la
société moderne est au fait des impacts potentiels qu’auront les changements climatiques sur les
ressources en eau du Bassin laurentien. L’industrie maritime, à la lecture de ces documents, trouve le
moyen de les occulter, voire d’oser agrandir cet immense tuyau de drainage caché sous la surface du
fleuve, faisant fi des besoins essentiels à la vie des espèces aquatiques qui font partie intégrante du
bassin, faisant fi des milieux fragiles et des autres usagers du fleuve.
Soyez assuré que même si les lois sur la protection de l’environnement n’existaient pas ou étaient
manipulées pour permettre ou faciliter la réalisation de tels travaux de dragage destructeurs, le public
entier aura son mot à dire bien avant. Aucun moyen ne sera écarté pour forcer, si le besoin était, la
tenue d’audiences publiques dans la plus grande transparence, afin que toute la population dise ce
qu’elle pense de ces projets futurs. À défaut de quoi, aucun moyen ne sera écarté afin d’empêcher
leur réalisation ou de faire prendre conscience au public des intentions de l’industrie maritime.
Depuis 1997, nous avons collaboré conjointement avec l’industrie maritime et les ministères
concernés, ainsi qu’avec d’autres acteurs et utilisateurs du fleuve Saint-Laurent à développer une
stratégie de navigation durable. La vision que nous souhaitons voir émerger en est une qui doit
absolument obliger l’industrie à comprendre que la notion de « bigger is better » peut s’appliquer sur
les océans, mais que lorsque l’on parle de faire avancer ces mêmes géants des mers vers l’intérieur du
continent, en l’occurrence dans le Saint-Laurent, alors ils doivent mettre à profit les ports naturels en
eau profonde et faire du transbordement sur des navires plus petits (un euphémisme alors que nous
avons laissé entrer des post-Panamax, mais ça n’ira pas plus loin, et si ces navires post-Panamax
mettent en cause la sécurité, alors ils devront être retirés du fleuve Saint-Laurent), lesquels ne
causeront pas de torts à cet écosystème vivant.
Veuillez accepter, Madame, nos plus sincères salutations et veuillez considérer notre ferme désir de
ne collaborer que dans le droit chemin.
Christian Simard
Directeur général

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