Mamadou Hady Bah dit « Addi Bâ - Addi Ba
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Mamadou Hady Bah dit « Addi Bâ - Addi Ba
Mamadou Hady Bah dit « Addi Bâ » 1916-1943 Un chef de maquis africain au cœur des Vosges, en pleine « zone interdite »... L’occupant allemand ne l’aurait jamais imaginé et nombre d’historiens français l’ignorent encore. Telle est pourtant l’histoire du jeune Guinéen Mamadou Hady Bah, plus connu dans notre région sous le nom d’Addi Bâ. 25 décembre 1916. Naissance d’Addi Bâ à Pelli Foullayabé, commune de Bomboli, en Guinée Française, dans la région du Fouta Djalon, au sein d’une famille d’éleveurs peuls. Il a trois frères et une sœur. Années 1930. Addi Bâ embarque à Conakry avec la famille Maurice, destination la France. Après un séjour en Guinée, Ernest Maurice, percepteur, et son épouse, Yvonne, rentrent à Langeais (Indreet-Loire) avec le jeune Peul. Pendant plusieurs années, il s’acclimate à la métropole au sein de la notabilité de Langeais et parfait sa maîtrise du français. 15 mai-19 juin 1940. Après un baptême du feu à Beaumont, dans les Ardennes, Addi Bâ participe à de violents combats à Brillon-en-Barrois, où le 12e RTS perd près de la moitié de ses effectifs. Il est fait prisonnier à Harréville-les-Chanteur et emmené à la caserne Rébéval de Neufchâteau. Le 14 novembre 1939. Addi Bâ s’engage pour la durée de la guerre. Il rejoint le dépôt 188 de Rochefort, puis son unité d’affectation, le 12e Régiment de tirailleurs sénégalais (12e RTS) stationné dans le Var. Été 1940. Addi Bâ s’évade et se réfugie avec un de ses compagnons dans la forêt de Saint-Ouen-les Parey. Ils survivent plusieurs semaines dans les bois, malgré la chasse menée par les Allemands. Fin 1940. Addi Bâ est accueilli quelques jours à Rocourt, puis à Romain-aux-Bois, où il s’installe dans une maison forestière proche du village. Il parvient à se faire démobiliser et n’a bientôt plus besoin de se cacher. Janvier 1941. Avec les réseaux de résistance naissant, Addi Bâ participe à l’évacuation vers la Suisse d’un groupe de tirailleurs errants. Il fait le choix de rester en zone occupée et s’installe finalement à Tollaincourt, dans une maison mise à sa disposition par le maire, Louis Dormois. Année 1941. Addi Bâ s’intègre dans la vie locale. Connu comme « le Noir de Tollaincourt », il multiplie les contacts dans les villages voisins et noue de nombreuses amitiés dans la région. Avril 1940. Addi Bâ et le 12e RTS sont cantonnés dans la Meuse, à Varennes-en-Argonne Septembre 1940. Addi Bâ rencontre la famille Mallière qui lui vient en aide. Pauline Mallière, institutrice à Saint-Ouen, lui fournit du ravitaillement et l’héberge parfois clandestinement dans son logement de fonction. Accueilli début 1941 par le maire de Tollaincourt, Louis Dormois, qui l’installe dans une maison, en haut du village, Addi Bâ y séjourne pendant plus de 30 mois. Officiellement, il est commis agricole. En réalité, la Résistance le conduit très vite à mener une double-vie : il circule beaucoup la nuit et disparaît souvent pendant plusieurs jours pour des missions dont nul ne connaît alors la teneur. C’est dans sa maison qu’il est arrêté, le 15 juillet 1943. Les Allemands n’ont aucune difficulté pour identifier et retrouver le « Noir de Tollaincourt ». © Textes et conception : E. Guillermond - Photos © Coll. J. Mallière/Coll. E. Guillermond Trois années de clandestinité à Tollaincourt Vers 1938. Addi Bâ s’installe à Paris. Il vit rue Geoffroy-SaintHilaire, à côté de la Mosquée qu’il fréquente assidûment. Mars 1943. Arrivée des premiers réfractaires au maquis de la Délivrance, situé dans la forêt entre Villotte et Martigny-les-Bains. Addi Bâ, qui s’est octroyé le grade d’adjudant, organise la vie du camp. 15 juillet 1943. Prévenu d’une attaque imminente, le maquis estdispersé, mais Addi Bâ est arrêté à Tollaincourt, après avoir été blessé aux jambes par une rafale de pistolet-mitrailleur. Il est emmené à la prison de la Vierge à Épinal et torturé pendant 6 mois par la Gestapo. Septembre 1942. Addi Bâ réussit à passer la frontière de la zone interdite pour se rendre à Paris, où il fête le ramadan à la Grande Mosquée ! Celle-ci abrite un réseau de Résistance avec lequel il restera en contact. Juin 1943. Les effectifs du maquis augmentent rapidement à la faveur des réquisitions pour le Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne. Les jeunes réfractaires arrivent de la région, mais aussi de Haute-Marne, de Meurtheet-Moselle, de Franche-Comté. Le maquis accueille bientôt près de 180 hommes. Pour minimiser les risques, deux annexes sont créées à Romain-au-Bois et à Soulaucourt-sur-Mouzon. Novembre 1942. Addi Bâ aide le lieutenant britannique Lawrence W. Horne, dont l’avion a été abattu, à passer en Suisse. Fin 1942-début 1943. Marcel Arburger confie à Addi Bâ la responsabilité du futur maquis de la Délivrance. Il s’emploie à établir des relais de ravitaillement à une trentaine de kilomètres à la ronde. 3 décembre 1943. Le tribunal militaire de la Feldkommandantur 622 d’Épinal le condamne à mort avec son camarade Marcel Arburger, pour acte de franc-tireur. Les neuf autres co-accusés sont condamnés à la déportation. 17 décembre 1943. Le Commandant militaire allemand pour la France, Von Stülpnagel, confirme la condamnation à mort d’Addi Bâ et de Marcel Arburger. 18 décembre 1943. Addi Bâ et Marcel Arburger sont fusillés à 11 heures du matin sur le champ de tir du plateau de la Vierge. Pour en savoir plus sur la vie d’Addi Bâ : http://addiba.free.fr © Textes et conception : E. Guillermond - Photos : Coll. J. Mallière/Coll. E. Guillermond Début juillet 1943. Deux Allemands se présentent au maquis comme déserteurs. L’accueil est assez fraiss de la part des réfractaires, qui craignent d’être infiltrés par des espions. Après quelques jours, les deux hommes disparaissent. La tension monte au maquis. Année 1941 (suite). En contact avec Marcel Arburger, de Lamarche, il participe vraisemblablement à des missions de recrutement, de renseignement et d’évacuation de prisonniers évadés, de réfractaires alsaciens-lorrains, de Juifs, principales activités de la Résistance lorraine à cette époque. 13 juillet 2003. Deux neveux d’Addi Bâ, venus de Guinée, Ibrahima et Hady Bah, se voient remettre officiellement la Médaille de la Résistance Française à Épinal au nom de leur oncle disparu. ■