Article Agence Education Emploi Formation

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Dépêche n°66262
Sylvain Marcelli
Lille, Lundi 19 juin 2006, 17:09:50
Domaine : École - Collège – Lycée
Rubriques : Collectivités territoriales / Technologies de l'information et de la
communication
Éducation populaire et TIC: les politiques volontaristes de la Ville de Brest et de la
communauté de communes Rhône-Sud
"Si la collectivité territoriale ne s'empare pas de la question des TIC (technologies de
l'information et de la communication) et de leur usage par les populations en difficulté,
elle sera confrontée dans quelques années à un problème identique à celui que pose
l'illettrisme", prédit Jacques Houdremont, directeur de la M@ison de la formation de la
communauté de communes Rhône-Sud, lors de la "ROUMICS" (rencontre ouverte du
multimédia et de l'internet citoyen et solidaire") qui s'est tenue à Lille le 15 juin 2006 sur
le thème de l'éducation populaire et des TIC (L'AEF du 01/06/06, 65617). "Nous avons
initié une démarche d'éducation populaire pour développer les TIC suite à une commande
publique très volontaire passée en 2004. Ce projet a très vite pris une dimension
militante: il fait appel à l'intelligence collective et au partage des connaissances, des
savoir-faire et des vécus", ajoute-t-il.
Cette initiative n'est pas isolée: de plus en plus de collectivités locales s'engagent dans le
champ des TIC, en finançant des équipements ou des actions de formation impliquant les
acteurs de l'éducation populaire. L'observatoire des territoires numériques a créé une
base de données recensant les projets numériques innovants menés par des régions
dans différents domaines, dont celui de l'éducation et de la formation (répertoire à
consulter sur iris.oten.fr/). Lors des ROUMICS, la démarche de la Ville de Brest,
privilégiant un usage actif du web par la production de contenus, a été très remarquée
par les participants.
ANIMATIONS EN APPARTEMENT
Selon son directeur, "la M@ison de la formation de Grigny est devenue un équipement
structurant dans un quartier classé 'politique de la ville' qui était très renfermé sur luimême". Le terme "M@ison" se décline sous forme d'un sigle, qui signifie "Mutualiser
l'information et le savoir par l'ouverture au numérique". Cet équipement assure
l'hébergement et l'accueil d'organismes de formation et de développement social, mais
aussi d'entreprises œuvrant dans le champ des TIC. Il participe aussi, en collaboration
avec le mouvement d'éducation populaire les Francas, à la constitution d'un "pôle
ressource pour les usages de l'internet et du multimédia" dans le cadre du contrat de
développement du pays Rhône-Alpes.
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Les quatre salariés de la M@ison de la formation s'investissent dans des actions de
proximité, en étant présents lors des fêtes de quartier et en se rendant directement chez
les habitants pour des "animations en appartements". "On va chez les gens, on
commence par discuter, on repère des attentes ou des besoins et on improvise une
animation: on va avec les gens sur internet pour rechercher de l'information sur les
impayés de loyer, sur la manière de rédiger un CV ou sur le jardinage", raconte Jacques
Houdremont. Ces actions permettent de faire comprendre l'intérêt d'utiliser les TIC dans
la vie quotidienne et de désacraliser l'outil informatique. La M@ison de la formation
s'implique aussi dans la démarche de budget participatif engagé par la Ville de Grigny:
"Nous utilisons notre savoir-faire pour permettre aux gens de s'exprimer et d'engager un
dialogue avec les élus via un site web."
La M@ison de la formation est financée par le FEDER et le Conseil régional; les quatre
postes salariés sont pris en charge par la communauté de communes Rhône-Sud.
PRODUIRE DE L'INFORMATION
"L'outil internet est un excellent outil pour recréer du lien social et revaloriser les
personnes", estime pour sa part Michel Briand, adjoint (Vert) au maire de Brest (par
ailleurs directeur adjoint à la formation à l'École nationale supérieure des
télécommunications de Bretagne). La Ville de Brest a créé un service "Démocratie locale,
citoyenneté et nouvelles technologies", dont est chargé Michel Briand. Un effort
important a été consenti en terme d'équipement puisque la ville compte 77 P@PI (points
d'accès public à internet). "Chaque année, huit nouveaux P@PI ouvrent, dans des
immeubles HLM, des maisons de quartier, des maisons de retraite, dans les locaux
d'associations d'handicapés…" précise Michel Briand.
La Ville met l'accent sur les logiciels libres: un CD a été réalisé pour diffuser ces outils
(Firefox, Thunderbird, Openoffice etc.) auprès du grand public. D'abord tiré à 3 000
exemplaires, il a été repris par la Région Auvergne et par des universités. Le tirage était
monté à 130 000 exemplaires en mars. La Ville de Brest prépare une version 2 pour juin,
qui sortira à 70 000 exemplaires et sera distribuée à tous les étudiants bretons.
Afin de démultiplier la pratique des TIC, la Ville de Brest a pris le parti de favoriser les
petits projets: chaque année, elle finance une trentaine d'actions, avec des enveloppes
de 2 000 euros environ. "Ce n'est pas une pratique habituelle dans une collectivité", note
Michel Briand. "Mais nous voulons laisser émerger des idées que nous n'aurions pas
nous-mêmes." Une association a par exemple créé une photothèque coopérative: 500
photos représentant le pays de Brest sont publiées sous licence Creative Commons, qui
permet leur reprise dans un cadre gratuit, sous certaines conditions.
À partir de cette initiative est né le projet Wiki-balades: chaque internaute peut participer
en décrivant une promenade dans le pays de Brest ou au bord de mer, l'idée étant de
soutenir un partage libre des connaissances. Une autre action a été montée avec des
enfants qui ont donné des cours d'initiation à l'internet dans des maisons de retraite:
"Ces enfants, turbulents d'ordinaire, étaient fiers d'apprendre aux autres", remarque
Michel Briand. Avec tous ces projets, "il ne s'agit plus de permettre d'accéder à
l'information mais de produire de l'information", ajoute-t-il. "Cela permet de relier les
générations, les gens en formation et les gens formés."
CHANTIER ÉCOLE
D'autres expériences ont été présentées lors de ces ROUMICS, témoignant de la vitalité
de ces démarches inspirées de l'éducation populaire. L'association @promoTIC, basée à
Antony (Hauts-de-Seine), utilise des dispositions de formation ouverte et à distance pour
initier le public aux TIC dans les espaces publics numériques et dans les missions locales.
Elle participe aussi à une expérience de chantier d'insertion par l'informatique: soutenue
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par le FSE (Fonds social européen), cette action est portée par l'association Réseau 2000.
Réseau 2000, "structure solidaire contribuant à l'accès à l'emploi par la formation", pilote
aussi des "chantiers écoles", qui s'adressent à des jeunes adultes en difficulté. L'un d'eux
a pour fil conducteur la réalisation du site internet de la Maison de la justice et du droit
de Gennevilliers: il est financé par la Région Île-de-France. Ce chantier vise à
transmettre des compétences informatiques mais aussi à initier ces jeunes à un travail
collaboratif et participatif.
Contacts:
- ANIS, Julie Bailleul, 03 20 28 48 68, [email protected]
www.roumics.com
- M@ison de la formation, Jacques Houdremont, directeur, 04 37 20 20 69,
[email protected]
www.maison-tic.org
- Ville de Brest, Michel Briand, service Démocratie locale, Citoyenneté et Nouvelles
Technologies, 02 98 00 82 12, [email protected]
www.a-brest.net
- @promoTIC, Philippe Béranger, [email protected]
www.tic-en-foad.com
- Réseau 2000, Emmanuel Saunier, [email protected]
www.reseau2000.net
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