Commentaire ironique - CBC Ombudsman - Radio

Transcription

Commentaire ironique - CBC Ombudsman - Radio
1
Révision par l’ombudsman de Radio-Canada d’une plainte à propos d’un
commentaire de l’animatrice Geneviève Asselin en conclusion d’un
reportage en direct dans le Téléjournal RDI du 19 juin 2012.
LA PLAINTE
Le plaignant, M. Jean-Claude Bélanger, reproche à l’animatrice du Téléjournal RDI d’avoir eu,
dans l’édition du 19 juin 2012 de l’émission, un commentaire « ironique et mesquin » en
concluant un reportage en direct de la journaliste Alexandra Duval à propos d’une manifestation
qui se déroulait dans les rues de Québec.
« C'est avec étonnement, écrit-il, que j'ai entendu M
me
Asselin (…) émettre
un commentaire sur le fait que les policiers de Montréal étaient plus tolérants
que ceux de Québec lors du reportage sur le brasse camarade à l'Hôtel de
Ville de Québec (…) »
Je reproduis ici l’essentiel de la plainte de M. Bélanger :
me
«M
Asselin, lectrice professionnelle, devrait savoir que son auditoire est
assez intelligent pour constater par eux-mêmes si les comportements des
policiers qu'ils soient de Québec ou de Montréal sont tolérants ou non tout
dépendamment du contexte. Quelle comparaison ironique et mesquine de
sa part et pourquoi le petit sourire en prime?
On se passerait bien de ses perceptions personnelles.
(…)
Ce n'était pas drôle du tout à moins que madame Asselin veuille faire
carrière avec nos artistes humoristes ou règne la pensée unique. Où est
l’éthique? »
LA RÉPONSE DE LA DIRECTION DE L’INFORMATION
M. André Dallaire, directeur du Traitement des plaintes et Affaires générales au service de
l’Information, a répondu au plaignant en lui suggérant qu’il s’était sans doute « mépris sur l’àme
propos de la remarque » de M Asselin.
M. Dallaire estime que l’animatrice n’a fait que constater que les policiers de Québec sont moins
tolérants « à l’endroit des manifestants qui ne fournissent pas leur itinéraire ».
« À Montréal, poursuit-il, le corps policier a laissé la rue aux manifestants
sans itinéraires fournis, tant que des actes de violence n’étaient pas commis
ou que la sécurité publique ne semblait pas menacée. »
2
LA RÉVISION1
Cette réponse n’a pas convaincu M. Bélanger qui m’a demandé de réviser le dossier.
Pour bien comprendre le contexte, je rappelle que le 19 juin 2012, le conseil municipal de
Québec débattait d’un projet de règlement, soumis par le parti du maire Régis Labeaume, visant
à encadrer les manifestations sur le territoire de la ville.
Quelques dizaines de citoyens, qui s’y opposaient, assistaient aux débats du conseil municipal.
Après l’adoption du règlement, une bousculade s’est produite entre un manifestant et des gens
de l’entourage de M. Labeaume.
Ce sont ces événements qui ont occupé les trois-quarts d’un échange en direct de trois minutes
me
entre l’animatrice du Téléjournal RDI, M Geneviève Asselin, et la journaliste Alexandra Duval.
Celle-ci a d’abord décrit et commenté les images de l’incident, qui avait été filmé. Elle a ensuite
présenté les commentaires d’un des opposants. Puis, l’animatrice a relancé la journaliste sur
l’arrestation d’autres opposants qui manifestaient à l’extérieur.
me
M
Duval a alors expliqué qu’une cinquantaine de personnes n’avaient pu, faute de place,
assister à l’adoption du règlement et qu’une autre bousculade s’était produite, elle aussi montrée
me
à l’écran. M Duval a précisé que la police de Québec avait par la suite expulsé les opposants,
que ceux-ci ont alors poursuivi leur manifestation à l’extérieur, et qu’il y avait eu, en tout, 21
arrestations.
La journaliste enchaîne ensuite en indiquant qu’elle se trouvait à ce moment-là devant
l’Assemblée nationale pour couvrir la manifestation nocturne que les étudiants opposés à la
hausse des frais de scolarité tenaient quotidiennement depuis un certain temps. Elle précise que
les manifestants ont refusé d’indiquer le trajet de leur manifestation aux autorités, qu’ils venaient
de se mettre en marche et que les policiers les poursuivaient. La journaliste termine son
intervention en disant :
« (…) donc on peut s’attendre à ce qu’il y ait des arrestations ce soir, les
policiers qui ont encore été très clairs avec eux. »
Et l’animatrice Geneviève Asselin de conclure le reportage en ajoutant :
« Voilà. Les policiers de Québec qui sont moins tolérants que ceux de
Montréal à cet égard. Merci beaucoup Alexandra Duval. »
C’est cette remarque que le plaignant n’a pas du tout apprécié.
1
Mandat de l’ombudsman : http://blogues.radio-canada.ca/ombudsman/mandat
3
Malgré tous mes efforts, et après avoir réentendu et revu au moins une dizaine de fois, et même
me
au ralenti, la séquence où l’on entend et voit M Asselin prononcer cette phrase pour conclure
son entretien avec la journaliste Alexandra Duval, je n’arrive pas à y trouver les motifs que le
plaignant impute à l’animatrice. Pas plus d’ailleurs que l’ironie, la mesquinerie ou l’humour qu’il y
a vus. M. Bélanger dit aussi avoir observé un « petit sourire en prime » sur le visage de
me
M Asselin. Il est vrai que celle-ci a souri, mais seulement à la toute fin du reportage,
immédiatement après avoir remercié Alexandra Duval.
Le plaignant considère que la remarque de M
me
Asselin était sa « perception personnelle » et
c’est peut-être là que se trouve le malentendu. Car c’est un fait reconnu que les corps policiers
de Montréal et de Québec ont adopté une approche différente à l’endroit des manifestants qui
refusent de divulguer à l’avance le trajet qu’ils comptent emprunter. Plusieurs reporters,
chroniqueurs ou commentateurs avaient déjà, à l’époque, fait état de cette différence d’approche,
me
bien avant M Asselin. Le public avait pu s’en rendre compte lui-même depuis au moins un mois
lors des couvertures en direct de manifestations à Québec et à Montréal.
CONCLUSION
Le commentaire que Geneviève Asselin, l’animatrice du Téléjournal RDI, a fait le 19 juin 2012 en
conclusion d’un reportage en direct de la journaliste Alexandra Duval sur une manifestation qui
2
se déroulait dans les rues de Québec, n’a pas enfreint les Normes et pratiques journalistiques
de Radio-Canada.
Pierre Tourangeau
Ombudsman des Services français
Société Radio-Canada
Le 9 août 2012
2
http://cbc.radio-canada.ca/fr/rendre-des-comptes-aux-canadiens/lois-etpolitiques/programmation/journalistique/