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Quadrat-Études
45 rue de Lyon, 75012 Paris
[email protected]
Portrait de quatre métiers de la branche de
l’hospitalisation privée sanitaire et médicosociale à caractère commercial
Le métier d’ergothérapeute
Observatoire prospectif des emplois, des métiers et des
qualifications de la branche professionnelle de l'hospitalisation
privée sanitaire et médico-sociale à statut commercial
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Table des matières
Portrait détaillé ....................................................................................................................................... 3
Note méthodologique : la définition du périmètre métier des ergothérapeutes dans les données
statistiques disponibles ....................................................................................................................... 3
Démographie générale de la profession ............................................................................................. 3
Place du métier dans la branche ......................................................................................................... 4
Profil des salariés de la branche .......................................................................................................... 5
Un métier très féminisé… ................................................................................................................ 5
…et particulièrement jeune ............................................................................................................. 5
Contrat et temps de travail : prépondérance du CDI et du temps partiel non choisi ..................... 6
Des niveaux de rémunération inférieurs à ceux des ergothérapeutes hors branche ..................... 7
Une augmentation continue des effectifs ........................................................................................... 8
Emploi-type et variabilités .................................................................................................................... 10
Mission et activités ............................................................................................................................ 10
Interlocuteurs principaux .................................................................................................................. 10
Compétences principales mobilisées ................................................................................................ 11
Eléments de variabilité ...................................................................................................................... 12
Variabilité des activités ................................................................................................................. 12
Variabilité des compétences ......................................................................................................... 13
Exemples d’annonces dans l’hospitalisation privée .......................................................................... 14
Formation initiale et formation continue.............................................................................................. 16
Voie d’accès au métier ...................................................................................................................... 16
Un appareil de formation en développement .............................................................................. 16
Un cursus revisité, des profils d’étudiants en évolution ............................................................... 16
Poursuites d’étude ........................................................................................................................ 17
Recours à la formation professionnelle continue ............................................................................. 18
Thèmes de formation .................................................................................................................... 18
Accès à la formation ...................................................................................................................... 19
Enjeux actuels du métier dans la branche ............................................................................................ 21
Des difficultés de recrutement fortes ............................................................................................... 21
Un enjeu de clarification des contours du métier ............................................................................. 23
L’accompagnement par la formation continue ................................................................................. 24
2
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Portrait détaillé
Note méthodologique : la définition du périmètre métier des ergothérapeutes dans les
données statistiques disponibles
Excepté dans les données de la Drees, le métier d’ergothérapeute n’est pas identifié dans les bases de données
de la statistique publique utilisées dans l’étude (INSEE et Dads). Les ergothérapeutes sont rattachés aux
« autres spécialistes de la rééducation », comportant également les orthophonistes, orthoptistes,
psychomotriciens, pédicures-podologues, diététiciens. Ces deux dernières sources sont les principales utilisées
car elles comportent de nombreuses variables, sont disponibles sur plusieurs années et permettent d’identifier
le périmètre de la branche de l’hospitalisation privée.
Périmètre métier retenu, selon la base de données
Drees
Ergothérapeute
Enquête emploi (INSEE)
DADS
Actalians
Autres spécialistes de la
Autres spécialistes de la
Ergothérapeute
rééducation*, libéraux
rééducation*
Autres spécialistes de la
rééducation*, salariés
*dont : orthophoniste, orthoptiste, psychomotricien, ergothérapeute, pédicure-podologue, diététicien
Sources : Drees, Enquête emploi, Dads, Actalians
Démographie générale de la profession
En France, d’après les données 2015 de la Drees, 9 700 ergothérapeutes sont en activité en France, ce qui en
fait une profession démographiquement minoritaire parmi les professionnels de la rééducation : ils
représentent 6% des effectifs, loin derrière les masseurs-kinésithérapeutes (plus de la moitié des effectifs). Ces
effectifs sont proches de ceux observés chez les diététiciens et les psychomotriciens.
Les ergothérapeutes exercent majoritairement en établissement ; le secteur sanitaire public constitue le
principal employeur (un tiers des effectifs). Le statut libéral est autorisé dans cette profession, mais reste très
peu fréquent : il concerne aujourd’hui 9% des professionnels en activité en France.
Répartition des ergothérapeutes en activité en France selon le lieu d’exercice
Source : Drees 2014
3
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Profession de la rééducation relativement récente (le diplôme a été
reconnu en 1970), le nombre d’ergothérapeutes en activité en France est
en progression : il a plus que doublé en une vingtaine d’années.
Évolution des effectifs
d’ergothérapeutes en activité
Place du métier dans la branche
1 332 ergothérapeutes exercent en établissement à statut commercial
(quasi-exclusivement sous un statut salarié). Ils travaillent pour près de
50% dans des établissements comptant entre 50 à 99 postes, et sont sousreprésentés dans les structures de plus grande taille.
La majorité des ergothérapeutes de la branche exercent en établissement
sanitaire (59%). Néanmoins, leur représentation dans le secteur médicosocial équivaut à celle de l’ensemble des salariés de la branche (41%). En
comparaison à la répartition des salariés de l’ensemble de la branche, on
observe une surreprésentation des ergothérapeutes :

dans les établissements sanitaires de moins de 100 salariés ;

dans les établissements médico-sociaux avec 50 à 100 salariés.
Source : Drees 2015
Répartition des « autres spécialistes de la rééducation » de la branche selon la taille de
l’établissement et le secteur d’activité
80%
70%
60%
50%
37%35%
40%
30%
20%
10%
25%
17%
18%
0% 1%
2% 1%
0 salarié au
31/12
1 à 9 postes
40%
18%
5%
0% 1%
0%
10 à 19 postes 20 à 49 postes 50 à 99 postes
Ergothérapeutes de la branche, secteur sanitaire
100 à 249
postes
250 postes et
plus
Ensemble du secteur sanitaire de la branche
78%
80%
70%
54%
60%
50%
39%
40%
30%
20%
20%
10%
0% 0%
0% 1%
0 salarié au
31/12
1 à 9 postes
2% 3%
0% 2%
0% 1%
100 à 249
postes
250 postes et
plus
0%
10 à 19 postes 20 à 49 postes 50 à 99 postes
Ergothérapeutes de la branche, secteur médico-social
Ensemble du secteur médico-social de la branche
Source : Traitement Quadrat-Etudes, Dads 2012
4
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Profil des salariés de la branche
Un métier très féminisé…
La part des femmes chez les ergothérapeutes atteint 87%, soit la valeur moyenne de la branche (86%). Bien
que très élevée, elle se situe même à un niveau inférieur que dans la plupart des autres métiers du soin (sagesfemmes, IDE, aides-soignants, psychologues…). Par ailleurs, elle reflète la proportion de femmes enregistrée au
niveau de l’ensemble des ergothérapeutes en activité, quelle que soit leur structure d’exercice.
Répartition hommes/femmes des « autres spécialistes de la rééducation » de la branche en 2012
et comparaison avec l’ensemble de la branche
Chez les « autres spécialistes de la rééducation » de la branche
Hommes
Dans l’ensemble de la branche
Femmes
Hommes
Femmes
13%
14%
87%
86%
Source : Traitements Quadrat-Etudes, Dads 2012
…et particulièrement jeune
Cette catégorie de rééducateurs se signale par un âge moyen peu élevé : 22% d’entre eux sont âgés de moins
de 25 ans, 67% de moins de 35 ans (soit plus de 1,5 fois la moyenne de branche). Cette spécificité ressort
encore plus nettement de la comparaison avec les ergothérapeutes exerçant hors branche : seulement 9% sont
âgés de moins de 25 ans. Les établissements sanitaires à statut commercial représentent ainsi le lieu d'exercice
employant les profils les plus jeunes.
Au sein de la branche, les établissements médico-sociaux emploient des profils en moyenne plus jeunes que
dans le sanitaire : 59% des salariés ont moins de 30 ans, contre 45% dans le sanitaire.
Les ergothérapeutes forment une profession récente qui a connu une forte expansion ces dernières années. De
fait, les moins de 30 ans constituent 50% des salariés en poste, 74% des entrants et 61% des sortants.
Cette part importante de salariés jeunes quittant un établissement du secteur au cours de l’année est à mettre
en parallèle avec la part plutôt faible d’embauches en CDI. Seuls 43% des jeunes entrants sont titulaires d’un
contrat à durée indéterminée contre 84% de l’ensemble des ergothérapeutes de la branche.
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Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Structure d’âge des « autres spécialistes de la rééducation » de la branche et hors branche
nombre de salariés de la branche
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
70
65
60
55
Age
50
ergothérapeutes hors branche
45
ergothérapeutes de la branche
40
35
30
25
20
15
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
nombre de salariés hors branche
Source : traitements Quadrat-Etudes, Dads 2008 à 2012
Contrat et temps de travail : prépondérance du CDI et du temps partiel non choisi
Les conditions d’emploi de la profession au sein de la branche sont stables : une grande majorité des salariés
(90%) bénéficie d’un CDI.
En revanche, le temps partiel y est répandu : environ 60% des ergothérapeutes de la branche travaillent à
temps partiel. Cette situation est plus fréquente dans le secteur médico-social : 51% des ergothérapeutes
travaillent à temps partiel, contre 45% dans le sanitaire. Dans la plupart des cas, elle ne traduit pas un choix du
salarié : si 30% des ergothérapeutes travailleurs à temps partiel le sont par choix, 70% disent l’être à défaut
d’occuper un temps plein (source : enquête Emploi de l’Insee).
On peut noter que les jeunes entrants bénéficient un peu plus souvent d’un temps complet : c’est le cas pour
65% d’entre eux, contre 53% de l’ensemble des ergothérapeutes de la branche.
6
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Caractéristiques des salariés entrants et sortants en 2012 au sein de la branche
100%
90%
84%
78%
80%
65%
70%
60%
50%
74%
72%
61%
59%
53%
61%
50%
44%
43%
40%
30%
20%
4% 6%
10%
11%
0%
part de CDI
part de temps
complet
entrants
part du secteur
sanitaire
sortants
part des moins de 30 part des plus de 50
ans
ans
ensemble
Source : Traitements Quadrat-Etudes, Dads 2012
Des niveaux de rémunération inférieurs à ceux des ergothérapeutes hors branche
Méthode utilisée
L’Enquête emploi de l’Insee fournit de nombreuses informations sur la rémunération des individus, de tous
statuts. Cette enquête est déclarative, c’est-à-dire que ce sont les individus eux-mêmes qui renseignent leur
propre situation. Elle est administrée par questionnaire à un échantillon d’individus au 150 ème. Etant donné le
faible nombre d’observations pour les 4 métiers étudiés au sein de la branche de l’hospitalisation privée, les
Enquêtes Emploi de 2008 à 2013 ont été compilées, de manière à accroître la robustesse des exploitations.
3 variables sont étudiées pour rendre compte de la rémunération : l’horaire hebdomadaire déclaré, le salaire
mensuel brut déclaré et le salaire horaire brut estimé. Les données sont redressées par l’Insee.
Pour le métier d’ergothérapeute, des comparaisons sont effectuées entre les salariés de la branche de
l’hospitalisation privée, les professionnels exerçant dans le secteur associatif et ceux exerçant dans le secteur
public. De manière à effectuer ces comparaisons « toutes choses égales par ailleurs », on ne s’intéresse ici qu’à
la rémunération des individus travaillant à temps plein.
Le périmètre métier étudié comporte plusieurs métiers de la rééducation, le métier d’ergothérapeute n’étant
pas isolé dans l’appareil statistique public : les ergothérapeutes sont rattachés à la PCS « autres spécialistes de
la rééducation », parmi lesquels on trouve également les orthophonistes, ortoptistes, psychomotriciens,
pédicures-podologues, diététiciens.
Le salaire mensuel brut déclaré par les « autres spécialistes de la rééducation », tous secteurs, activités et
statuts confondus, s’élève à 2 440 € en moyenne (sur la période de calcul 2008-2013), soit une valeur
supérieure au salaire moyen des professionnels de la branche de 2 055 €.
Le salaire mensuel déclaré par ces salariés de la branche est ainsi de 7% inférieur à celui des salariés du secteur
associatif et de 8% inférieur à celui des salariés du secteur public. L’écart avec la rémunération des libéraux est
plus important. Toutefois, ce statut recouvre plutôt d’autres catégories de professionnels qu’il n’est pas
possible d’isoler dans ces calculs.
Compte tenu des différentiels de temps travail, le salaire horaire perçu par les professionnels de la branche
apparaît légèrement inférieur à celui des intervenants des autres secteurs.
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Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Estimation de la rémunération des « autres spécialistes de la rééducation », dont les
ergothérapeutes, selon le secteur et le statut
Autres spécialistes de la
rééducation*
Effectif de
l'échantillon
Hospitalisation privée
49
49
n.s.
238
257
811
127
1 482
Sanitaire
Médico-social
Secteur associatif
Secteur public
Libéraux
Autres secteurs de santé (ESAT…)
Ensemble santé
Ensemble toutes activités
Horaire
hebdomadaire
déclaré
35,7
1 690
Salaire brut
mensuel
déclaré
2 055
Salaire brut
horaire estimé
13,4
35,7
n.s.
36,0
37,5
45,4
39,0
2 055
n.s.
2 217
2 237
2 722
2 406
13,4
n.s.
14,3
13,9
14,1
14,7
41,7
41,5
2 508
2 440
14,1
13,9
* dont : orthophoniste, orthoptiste, psychomotricien, ergothérapeute, pédicure-podologue, diététicien
Source : Traitements Quadrat-Etudes, Enquêtes-emploi 2008 à 2013
Une augmentation continue des effectifs
Les effectifs d’ergothérapeutes ont constamment augmenté dans la branche entre 2008 et 2012. Leur nombre
est passé de 816 à 1 332, soit une croissance de 12% chaque année. La croissance a été particuliérement
prononcée dans le médico-social, leur nombre y a été multiplié par plus de deux en l’espace de cinq années.
Avec le soutien par les pouvoirs publics des stratégies dites non médicamenteuses, les conventions tripartites
organisant le financement des EHPAD tendent à prévoir des postes salariés d’ergothérapeutes, notamment
dans les structures spécialisées sur l’accueil de personnes avec maladies neurodégénératives (les PASA).
Les effectifs ont donc augmenté plus rapidement que les capacités d’accueil : en moyenne, on comptait dans le
secteur sanitaire de la branche 180 lits et places pour un ergothérapeute salarié en 2008, contre 150
aujourd’hui. Ainsi, la croissance de l’activité des établissements et l’essor de ces métiers dans les prises en
charge expliquent le trend clairement croissant que l’on observe dans le métier.
Evolution des effectifs des « autres spécialistes de la rééducation »
entre 2008 et 2012 dans la branche
Médico-social
Sanitaire
900
900
800
700
732
732
780
708
800
700
600
600
600
500
500
400
400
300
300
200
200
100
100
0
456
528
540
2011
2012
420
216
0
2008
2009
2010
2011
2012
2008
2009
2010
Source : Dads 2008 à 2012
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Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Le
nombre
moyen
par
établissement
« d’autres
spécialistes de la rééducation »
s’élève à 0,7 par établissement
sanitaire et 0,3 par EHPAD. Il
tend à augmenter entre 2008
et 2012, principalement dans le
médico-social.
Nombre moyen « d’autres spécialistes de la rééducation » par
établissement selon le secteur d’activité, en 2008 et 2012
1,0
0,9
0,7
0,8
0,7
0,6
0,6
0,4
0,5
0,4
0,3
0,3
0,3
0,1
0,2
0,1
0,0
Sanitaire
Médico-social
Ensemble de la
branche
Source : Traitements Quadrat-Etudes, Dads 2008 et 2012
L’analyse de la hausse des effectifs est à
rapprocher des flux d’emploi, significatifs sur
cette période.
Alors qu’elle atteignait 32% en 2008, la part des
nouveaux salariés au sein des ergothérapeutes
de la branche a progressivement diminué pour
s’établir à 21% en 2012, les sortants oscillant
entre 15% et 20% des effectifs sur la période.
Cela se traduit par une rapide augmentation des
effectifs d’ergothérapeutes sur la période.
Les établissements de la branche ont réalisé
environ 300 recrutements sur ce métier en
2012.
Flux d’emploi des « autres spécialistes de la
rééducation » en 2007 et 2012
1400
180
1200
72
1000
240
800
600
400
36
60
132
200
372
876
0
2007
2012
salariés partis au cours de l'année
salariés embauchés et partis au cours de l'année
salariés embauchés au cours de l'année
salariés présents toute l'année
Source : Traitement Quadrat-Etudes, Dads 2007 et 2012
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Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Emploi-type et variabilités
Mission et activités
Le métier d’ergothérapeute est un métier paramédical de la rééducation. Profession réglementée par le code
de la santé publique, son exercice est conditionné par la détention du diplôme d’Etat et son contenu défini en
grande partie par un décret (datant de 1986 et précisé en 2004 et 2010).
En tant que spécialiste du rapport entre l’activité et la santé, ses interventions visent à améliorer
l’indépendance, l’autonomie et le confort de la personne dans la réalisation des actes de sa vie quotidienne.
Elles prennent la forme de diverses actions de soins et de rééducation, de maintien et de prévention,
d’expertises et de conseils, sous prescription médicale ou non, se situant à différentes phases de la prise en
charge.
Dans un premier temps, l’ergothérapeute effectue un bilan ergothérapique de manière à évaluer le degré
d’autonomie, l’ampleur des handicaps moteurs et/ou cognitifs et leurs impacts sur les actes quotidiens, via des
mises en situation notamment.
A partir de cette analyse, il met en œuvre les activités individuelles ou collectives adaptées à la nature de la
limitation : il s’agira de restaurer les fonctions altérées, ou bien de compenser ces fonctions si l’altération est
définitive (dans le cas de la personne âgée dépendante par exemple). Les outils de rééducation et de
réadaptation mobilisés sont diverses : recours à des stimulations manuelles ou artistiques, apprentissage de
l'utilisation d'aides techniques...
En établissement, l’ergothérapeute commande et gère au quotidien le matériel adapté, aménage les espaces
de vie, dans l'objectif de faciliter l’autonomie (fauteuil, déambulateur, etc.). Il peut être amené à réaliser des
visites à domicile pour recommander les aménagements nécessaires et accompagner le retour à domicile.
L’ergothérapeute doit réaliser un suivi administratif de ses interventions auprès des patients / résidents (mise à
jour du dossier administratif).
Il joue un rôle important de prévention auprès des patients / résidents (prévention des chutes, des escarres...),
mais aussi auprès des personnels soignants (identification du matériel adapté en fonction de la situation des
patients / résidents, positionnement pour les manutentions de patients / résidents, animation de formation...).
Plus globalement, le métier d’ergothérapeute comporte une dimension de veille sur les nouvelles techniques
de prise en charge, les évolutions de la recherche en matière de neurologie, les innovations en matière d’aides
techniques, etc.
Interlocuteurs principaux
L’ergothérapeute intervient au sein d’une équipe pluridisciplinaire, l’idée étant de mettre en œuvre, autour du
patient ou du résident, des techniques de prise en charge complémentaires. Le professionnel intervient ainsi de
manière transversale, les ergothérapeutes étant au quotidien en contact avec de nombreux autres métiers de
la prise en charge (autre professionnels de la rééducation, médecins, psychologues, équipes soignantes). Cette
caractéristique du métier est soulignée quasi-systématiquement dans les offres d’emploi, comme dans les
fiches métier institutionnelles. La complémentarité des métiers de la prise en charge apparaît donc comme une
caractéristique clairement identifiée et partagée par les recruteurs, les titulaires de poste et les acteurs de
l’orientation.
A l’externe, les ergothérapeutes sont amenés à être en relation avec des fournisseurs de matériel
d’ergothérapie et de rééducation fonctionnelle.
10
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Compétences principales mobilisées
Les compétences mobilisées par les ergothérapeutes, indépendamment du type d’établissement, sont
présentées ci-dessous de manière synthétique :
Connaissances
Expertise des pathologies dans les différents champs de l’ergothérapie
Expertise des techniques de prise en charge ergothérapiques
Maîtrise des règles déontologiques et éthiques de la profession
Maîtrise des techniques de veille scientifique, des méthodologies de la recherche en
ergothérapie
Savoir-faire
Réaliser et formaliser un bilan ergothérapique :
 analyser le dossier médical du patient / résident (radiographies…) ;
 examiner, écouter et questionner le patient / résident pour recueillir les
informations nécessaires ;
 évaluer le degré de handicap et identifier les éléments facilitant ou freinant
l’indépendance et/ou l’autonomie en tenant compte de l’environnement du
patient / résident ;
 définir les objectifs de soins de manière claire et synthétique.
Définir et mettre en œuvre une prise en charge ergothérapique :
 déterminer le modèle d’intervention ergothérapique et les techniques
nécessaires à la prévention, rééducation et/ou la réadaptation des patients /
résidents ou au maintien de leurs capacités ;
 identifier les activités significatives pour élaborer un programme personnalisé
d’intervention ergothérapique, dans le respect du projet de vie du patient /
résident ;
 mettre en œuvre les techniques de prise en charge dans le respect des règles
d’hygiène et de sécurité, pour le patient / résident et pour soi-même.
Recourir aux équipements, matériels, orthèses et aides techniques adaptés
 déterminer les équipements, matériels et aides techniques nécessaires à la
prévention, rééducation et/ou la réadaptation des patients / résidents ou au
maintien de leurs capacités ;
 concevoir, réaliser et adapter des orthèses, aides techniques ou assistances
technologiques ;
 accompagner le patient / résident et les autres professionnels de soin pour
garantir leur correcte utilisation ;
 respecter ou veiller au respect des règles de maintenance ;
 concevoir et mettre en œuvre un projet d’aménagement de l’environnement du
patient / résident.
Adapter les techniques de prise en charge :
 analyser l’évolution du patient / résident au regard des objectifs de soin,
recueillir son avis, évaluer les résultats obtenus en impliquant le patient et les
autres professionnels de santé concernés par la prise en charge ;
11
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute


adapter le cas échéant l’activité, les méthodes et techniques de prise en charge,
réorienter le patient / résident vers d’autres professionnels de santé si
nécessaire ;
accompagner le patient / résident dans le transfert de ses acquis à son contexte
de vie.
Conseiller le patient / résident aux différents stades de la prise en charge, pour lui
permettre de gagner en autonomie.
Savoir-être
Qualités relationnelles :
 établir la juste distance avec le patient / résident et ses proches, créer et
entretenir une relation de confiance ;
 informer le patient / résident et son entourage de façon claire sur les objectifs et
l’avancée de la prise en charge, en s’adaptant à son interlocuteur et en faisant
preuve de disponibilité.
Capacité à travailler au sein d’une équipe pluridisciplinaire :
 dialoguer avec tous les professionnels intervenant dans la prise en charge du
patient / résident, faire preuve de disponibilité ;
 s’informer sur leurs métiers et leurs pratiques, de manière à comprendre leur
rôle et l’intérêt de leur intervention pour une prise en charge complète et de
qualité du patient / résident.
Eléments de variabilité
Variabilité des activités
Selon le secteur d’intervention et le type d’établissement
En établissement médico-social, les ergothérapeutes interviennent dans une visée de réadaptation plus que de
rééducation auprès de résidents dont les pathologies sont spécifiques au grand âge (polypathologie, pathologie
cardiaques, neurologiques, respiratoires, traumatologiques et rhumatologiques, psychiatriques…).
L’ergothérapeute mobilise des méthodes particulières, notamment pour la réalisation du bilan ergothérapique
(en particulier le BME, bilan modulaire en ergothérapie adapté à l’évaluation des handicaps liés au
vieillissement). Le positionnement et l'installation des résidents (avec pour objectifs le confort du résident et la
prévention des complications liées à la perte de mobilité), ainsi que la mise en place d'aides techniques et de
matériels adaptés constituent la part la plus importante de leurs interventions. En Ehpad, les ergothérapeutes
sont amenés à intervenir au sein des PASA (pôles d’activités et de soins adaptés), structures dont le
développement a été initié par le plan Alzheimer de 2008-2012. Leur objet est de permettre, au sein d’un
espace dédié et en journée, d’accueillir un nombre limité de résidents (entre 12 et 14) atteints de la maladie
d’Alzheimer ou de troubles apparentés et de mettre en place des activités visant à agir sur leurs capacités
fonctionnelles, cognitives et relationnelles. Ces activités prennent la forme d’ateliers (cuisine, relaxation,
gymnastique, mémoire, art…). Les ergothérapeutes encadrent alors une équipe constituée d’assistants de soins
en gérontologie (métier spécifiquement créé par le plan Alzheimer de 2008-2012), d’aides-soignants et d’aides
médico-psychologiques.
En établissement psychiatrique, les ergothérapeutes interviennent auprès d’un public spécifique, souffrant de
pathologies psychiatriques se traduisant en des troubles cognitifs et/ou fonctionnelles propres à ce type de
pathologies (isolement, forte souffrance psychique, perte de confiance…), pouvant complexifier l’établissement
12
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
d’une relation de confiance entre l’ergothérapeute et le patient. Dans ce type d’intervention, l’ergothérapeute
s’attache à rétablir les capacités fonctionnelles psychiques et/ou à accompagner l’adaptation aux limites
fonctionnelles. Le but est alors de permettre au patient d’établir à nouveau des relations satisfaisantes avec
autrui, de s’adapter à la vie en société, de développer ou restaurer son autonomie au quotidien. Les méthodes
mises en œuvre doivent faciliter l’expression des patients ; les activités manuelles et artistiques sont ainsi
fréquemment mobilisées.
En centre de rééducation fonctionnelle, l’intervention ergothérapique est centrée sur le rétablissement des
capacités fonctionnelles physiques et la préparation du retour à domicile. Les outils d’évaluation mobilisés sont
spécifiques : il s’agit d’évaluer à la fois les déficiences et les capacités, pour des patients souffrant
généralement de pathologies lourdes. Par exemple, dans le cas de patients cérébrolosés, l’ergothérapeute
s’attache à évaluer les déficiences sensitivo-motrices et cognitives et mobilise différents outils pour évaluer les
capacités (bilans de préhension, observations de mises en situation d’activités élémentaires et élaborées de la
vie quotidienne, outil de recueil d’info sur les capacités antérieures à la lésion…). Une fois le bilan effectué,
l’accompagnement à l’utilisation d’aides techniques adaptées occupe une place importante dans l’intervention
de l’ergothérapeute.
Selon la taille et les choix d’organisation des établissements
Selon l’organisation et le degré de spécialisation des services de l’établissement, les ergothérapeutes sont plus
ou moins spécialisés.
Certains ergothérapeutes peuvent être amenés à former le personnel soignant (formation gestes et postures,
manutention des patients et utilisation du matériel) et à accompagner leurs collègues dans l’utilisation de
certaines aides techniques.
Cela dépend :

des choix de la direction d’établissement en matière de formation (recours à des formateurs externes
ou mobilisation des ressources internes) ;

du nombre de rééducateurs présents dans l’établissement (cet aspect du métier peut également être
effectué par les masseurs-kinésithérapeutes) et de leur charge de travail, certains ergothérapeutes
déclarant ne pas avoir suffisamment de temps à dégager pour accompagner le personnel soignant de
l’établissement.
Variabilité des compétences
Les compétences mobilisées varient selon les pathologies prises en charge, et les limitations associées. En
Ehpad, les ergothérapeutes doivent maîtriser les techniques de prise en charge spécifiques aux personnes
âgées dépendantes, notamment les personnes atteintes de troubles du comportement. Les professionnels
exerçant dans les centres de rééducation fonctionnelle ou en établissement psychiatrique doivent quant à eux
connaître les techniques de prise en charge spécifiques aux patients accueillis.
L’analyse des offres d’emploi montre qu’une expérience dans le domaine de spécialité de la structure est
appréciée, sans être toutefois exigée. Néanmoins, cela souligne que chaque type et spécialité d’établissements
nécessite de mobiliser certaines compétences spécifiques, tant en termes de savoirs que de savoir-être. Les
annonces ne font pas mention d’attentes en termes de spécialisation.
13
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Exemples d’annonces dans l’hospitalisation privée
Type d'étab.
Clinique psychiatrique (PSY)
Clinique (MCO)
Intitulé du poste
Ergothérapeute
Ergothérapeute
Votre rôle sera de participer à l'évaluation
initiale en réalisant des bilans des troubles
sensori-moteurs, des troubles de l'orientation
et des troubles cognitifs.
Vous proposerez des activités visant la
Contenu de l'annonce réappropriation et le maintien des
compétences motrices, de l'autonomie, des
relations sociales et de la qualité de vie,
notamment au travers d'activités de
réentrainement à des activités de la vie
quotidienne et à des activités artistiques.
Dans le cadre du projet médical d’établissement
ou sur la base d’une prescription médicale, vous
contribuez à la rééducation et/ou la
compensation des aptitudes perdues ou
diminuées afin de permettre le maximum
d’autonomie fonctionnelle.
Vous contribuez à l’amélioration continue de la
prise en charge de nos patients et résidents en
participant à la coordination des soins et à la
démarche qualité de l’établissement. Vous avez
en charge la gestion, l’entretien et la bonne
utilisation du matériel médical et thérapeutique.
Prérequis / Profil
Débutants acceptés
Vous êtes titulaire du Diplôme d’Etat
d’Ergothérapie et vous bénéficiez idéalement
d’une première expérience dans un
établissement de santé. Vos compétences
techniques, votre disponibilité à l’égard des
patients et votre esprit d’équipe seront vos
atouts pour réussir.
Contrat
CDI
CDD
Temps de travail
Rémunération
Lieu de travail
Temps partiel (18h), avec complément de
poste sur une autre résidence qui créée
également un poste en CDI à temps partiel
[Ehpad].
Salaire horaire indicatif : de 12,59 Euros à
16,36 Euros sur 12 mois.
Alpes-Maritimes
Temps plein
Ain
14
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Type d'étab.
Clinique (SSR)
Ehpad
Intitulé du poste
Ergothérapeute
Ergothérapeute
Missions principales du poste et finalité de la
fonction :
Mettre en œuvre des soins et des interventions
de rééducation, de réadaptation, de
réinsertion, de réhabilitation psychosociale et
de psychothérapie visant à réduire et
compenser les altérations et les limitations
d'activité.
Située à 12 min de Nice, notre Ehpad vous
offrira la possibilité de mettre en place et
développer la fonction d'ergothérapeute au
sein de notre structure
Vos Missions :
'- contribuer à la rééducation et/ou la
compensation des aptitudes perdues ou
diminuées afin de permettre le maximum
d'autonomie fonctionnelle,
Principales activités :
- améliorer la prise en charge de nos patients
- Evaluer les déficiences, les capacités et les
et résidents en participant à la coordination
performances motrices, sensitives, sensorielles, des soins et à la démarche qualité de
cognitives, mentales, psychiques de la
l'établissement,
personne,
- réadaptation et réinsertion dans le but de
- Effectuer le bilan clinique du patient,
stimuler et favoriser l'autonomie ainsi que
spécifique au domaine (entretien / examen,
l'intégration du résident dans son
recueil d'information, travail de synthèse,
environnement,
- Analyser les besoins, les habitudes de vie, les - prévention : dépistage, éducation
facteurs environnementaux, les situations de
thérapeutique, diagnostic ergothérapeute et
handicaps et poser un diagnostic
traitement du résidents.
ergothérapique et faire des préconisations,
Composition de l'équipe de prise en charge
Contenu de l'annonce - Réaliser des soins et des interventions de
rééducation, de réadaptation, de réinsertion,
médicale : 1 Médecin coordonnateur, 1
de réhabilitation psychosociale et de
Infirmière coordonnatrice, 2 IDE jour, 6
psychothérapie,
ASD/AMP jour, Psychologue, Masseur- Développer, restaurer et maintenir
kinésithérapeute, Animatrice.
l'indépendance, l'autonomie et la participation
sociale de la personne,
- Préconiser les aides techniques, aides
humaines, aides animalières et modifications
de l'environnement matériel,
- Concevoir et appliquer des appareillages pour
la mise en œuvre de ces traitements,
- Utiliser des matériels, des outils de diagnostic,
de travail ou/et de contrôle spécifiques à son
métier,
- Rédiger les comptes rendus relatifs aux
observations / aux interventions, dans son
domaine d'activité
- Animer, développer et pérenniser la
démarche qualité, garantir le respect des règles
sanitaires et la conformité déontologique de la
prise en charge du patient.
Prérequis / Profil
Expérience dans l'activité SSR
Débutant acceptés
Contrat
CDD (6 mois)
Temps de travail
Temps plein
CDI
Temps partiel (17,5h).
Un second poste en cdi à temps partiel est à
pourvoir sur un autre établissement.
Salaire horaire indicatif : de 13,06 Euros à
16,99 Euros sur 12 mois.
Rémunération
Lieu de travail
Seine-Maritime
Alpes-Maritimes
Pour les candidats extérieurs au département
une prime à l'installation sera prévue durant 3
mois.
Sources : site de Pôle emploi et de l’ANFE
15
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Formation initiale et formation continue
Voie d’accès au métier
Un appareil de formation en développement
Le métier d’ergothérapeute, réglementé, est accessible avec le diplôme d'État d’ergothérapie. Ce diplôme se
prépare en trois ans dans un institut d’ergothérapie. L’entrée en formation se fait, selon les instituts, sur
concours directement après le Bac, ou après avoir validé une année de PACES. Certains instituts sont
également accessibles à des étudiants ayant validé une première année de licence STAPS ou de licence d’autres
disciplines scientifiques (sciences de la vie et de la terre…).
Le nombre de places en formation est soumis à quotas décidés par région. Pour l’année 2014-2015, un peu plus
de 800 personnes se trouvaient en première année de préparation du DE au niveau national. Environ 500
personnes en sont sorties diplômées.
On note que le nombre de places ouvertes en institut et par conséquent les effectifs de diplômés ont connu
d’importantes fluctuations depuis dix ans : après une augmentation entre 2006 et 2009, l’effectif annuel de
diplômés est revenu en 2010 à son niveau d’avant 2006 pour ensuite remonter sensiblement.
Evolution du nombre annuel de diplômés
dans les principales professions de la rééducation entre 2000 et 2012
Source : Drees 2015
L’augmentation du nombre de places autorisées en institut de formation s’est accompagnée d’ouvertures
d’instituts. Aujourd’hui, toutes les régions (hors Martinique et Guyane) sont dotées d’un institut. On recense en
France une vingtaine d’instituts de formation d’ergothérapie. La moitié dispose d’un statut public, l’autre privé.
Un cursus revisité, des profils d’étudiants en évolution
La réforme du cursus
Le cursus a été revisité dans le cadre de la réforme LMD à partir de 2010. Cette réforme instaure la
reconnaissance du diplôme d’Etat à un niveau Bac+3 (au lieu de Bac+2 précédemment), ce qui lui confère le
grade de licence, conditionné à la mise en place d’une convention entre l’institut d’ergothérapie, une université
disposant d’une section santé, la région et l’ARS. Cette reconnaissance ouvre la voie à des poursuites d’études
de niveau master, y compris à l’étranger (spécialisations ou évolution vers d’autres professions du soin). Les
16
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
modalités d’évaluation sont désormais davantage orientées sur l’évaluation des compétences plutôt que
l’évaluation des connaissances théoriques, dans une optique de professionnalisation et d’autonomisation des
étudiants. Cette évaluation se fait sur la base des compétences détaillées dans l’arrêté du 5 juillet 2010.
La mise en œuvre de cette réforme est aujourd’hui largement opérée, les responsables rencontrés estimant
qu’elle est globalement positive. Certaines difficultés persistent néanmoins : conventionnement parfois
complexe auprès des universités, manque de mutualisation entre les différentes formations paramédicales sur
les enseignements fondamentaux et les savoirs transverses.
Le contenu de la formation d’ergothérapie a connu quelques évolutions avec la réforme de 2010, parmi
lesquelles figurent le développement de l’analyse des pratiques professionnelles, l’introduction des sciences de
l’activité humaine, ou encore la mise en place d’un temps dédié au suivi pédagogique individualisé.
Dorénavant, le temps d’enseignement se veut plus en lien avec la pratique professionnelle, avec une
augmentation du temps passé en stage (aujourd’hui 36 semaines). Les stages doivent couvrir trois domaines :
le SSR, la santé mentale et le lieu de vie (intervention à domicile).
Le profil des étudiants
La plupart des étudiants en institut d’ergothérapie sont issus de la formation initiale, une minorité (3%) était
déjà titulaire d’un autre diplôme paramédical, notamment IDE et aide-soignant. Les profils entrant en
formation commencent toutefois à évoluer en raison d’une diversification dans les modalités de recrutement.
L’unique accès par le concours n’existe plus aujourd’hui et les autres modalités se développent (PACES, licence
STAPS…). La diversité d’âge et de parcours des étudiants permet de constituer des promotions plus riches et
plus matures, en même temps qu’elle demande aux formateurs un accompagnement individuel important. De
plus, les parcours de formation étant moins linéaires, la formation en ergothérapie constitue de plus en plus
souvent une étape dans un parcours qui n’aboutira pas forcément à l’exercice du métier (il pourra se
poursuivre vers d’autres professions du soin).
La problématique des terrains de stage
Avec l’augmentation des effectifs en formation, les organismes de formation se heurtent à la difficulté de
trouver des terrains de stage. Les formateurs rencontrés soulignent en particulier la faible ouverture des
établissements de l’hospitalisation privée à l’accueil de stagiaires. Celui-ci est conditionné par la présence et la
disponibilité d’un encadrant bénéficiant d’au moins trois ans d’expérience.
Les possibilités d’apprentissage existent, mais peinent à trouver des entreprises volontaires. L’apprentissage
reste donc marginal : en 2014-2015, seuls 0,3% des étudiants ont suivi la formation en apprentissage.
Poursuites d’étude
25% des ergothérapeutes détiendraient aujourd’hui un diplôme universitaire ou un master. De nombreuses
formations universitaires (DU, masters professionnels, masters recherche ouvrant la voie aux doctorats) sont
en effet accessibles aux ergothérapeutes dans divers domaines : psychologie, neuropsychologie, gérontologie,
ergonomie, sciences de l’éducation, management, économie de la santé, éthique et soins palliatifs… Pour
donner quelques exemples, on peut citer le Master d’ergonomie proposé par le Cnam, le Master 2
« Vieillissement et handicap : mouvement et adaptation » de l’université Paris 11 (également accessible aux
masseurs-kinésithérapeutes et psychomotriciens), le Master « Management des organisations soignantes » de
l’université Paris 12, ou encore le Master « Education et formation, parcours formateurs de professionnels de
santé » de l’Université Paris 5.
Cela permet aux professionnels de se spécialiser ou de diversifier leurs champs d’intervention au cours de leur
carrière.
17
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Recours à la formation professionnelle continue
Thèmes de formation
Les données Actalians disponibles et exploitables pour les années 2010, 2012 et 2014 permettent d’analyser de
manière précise les thèmes principaux des formations financées et leurs évolutions, ainsi que les profils des
salariés formés.
Les multiples formations suivies ont été regroupées par grandes thématiques :



Formations « cœur de métier » relatives à la prise en charge des patients / résidents :
o
techniques de prise en charge : accompagnement à la fin de vie, démarche Snoezelen,
adaptation du cadre bâti, installation des patients au fauteuil et au lit, utilisation de la
domotique…
o
gestion de la relation avec les patients / résidents : gestion de l’agressivité et des violences,
gestion des conflits, développement de démarches de bientraitance…
o
connaissance et traitement des pathologies, en particulier dans les pathologies du
vieillissement (approches non médicamenteuses de la maladie d’Alzheimer, la désadaptation
posturale et motrice de la personne âgée, prise en charge des personnes âgées
polypathologiques…) et neurologiques (traitement des syndromes douloureux
neuropathiques, prise en charge des patients paraplégiques/trétraplégiques…).
Formations relative à la sécurité et vigilance professionnelle :
o
gestes et soins d’urgence : principalement les formations délivrant l’AGFSU (attestation de
formation aux gestes et soins d’urgence, de niveau 1 ou 2), formations dédiées aux
personnels intervenant dans des établissements de soin sur la prise en charge d’urgences
médicales ;
o
hygiène et sécurité : évaluation et prévention des risques professionnels, gestion du stress et
des risques psychosociaux, recyclage des déchets médicaux…
Formations liées à la réalisation d’activités support, non « cœur de métier » :
o
informatique et administratif : formations aux logiciels généraux ou spécifiques au secteur
sanitaire / médical ;
o
management : management multigénérationnel, mener une évaluation…
Entre 2010 et 2014, trois tendances nettes se dessinent dans l’évolution des thèmes de formations financées
pour les ergothérapeutes :

De manière générale, les formations portant sur le traitement de pathologies ont diminué de façon
importante. Il s’agit de formations portant par exemple sur les conduites addictives, la prise en charge
de la douleur, les troubles psychiques, etc. Dans le même temps, le traitement des pathologies
spécifiques aux personnes âgées et, à l’instar des masseurs-kinésithérapeutes, aux troubles
neurologiques ont augmenté (augmentation de 6 points pour ces deux thèmes).

Une augmentation significative de 11 points des formations relatives aux techniques de prises en
charge des patients et résidents.

Une évolution constante des autres thèmes de formation, notamment les formations transverses
portant sur la gestion de la relation patient ou résidents, les gestes et soins d’urgence et le
management.
18
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Thèmes des formations suivies en 2014 par les ergothérapeutes (financements Actalians)
Source : Actalians 2014 – Traitements Quadrat-Etudes
Evolution des thèmes de formations suivies par les ergothérapeutes entre 2010 et 2014
Source : Traitements Quadrat-Etudes, Actalians 2010, 2012, 2014.
Accès à la formation
De manière générale et en concordance avec la tendance observée pour les masseurs-kinésithérapeutes, le
nombre d’actions de formation financées s’accroit entre 2010 et 2014, passant de 330 à 600, soit une
augmentation de plus 80%. Le taux de recours à la formation s’élève en 2014 à 36,3%, soit près de 9 points de
plus qu’en 2010.
19
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Deux éléments influent sur le recours à la formation :

Le secteur : les ergothérapeutes du secteur sanitaire ont davantage recours à la formation
professionnelle que leurs collègues du secteur médico-social, bien que la différence est moins
flagrante que pour les masseurs-kinésithérapeutes.

L’âge : le recours à la formation diminue fortement à partir de 50 ans. Comme pour les masseurskinésithérapeutes, les salariés en milieu de carrière sont ceux qui ont le plus recours à la formation
professionnelle.
Evolution du taux de recours à la formation des ergothérapeutes entre 2010 et 2014, selon le
genre, le secteur et l’âge
Taux de recours à la
formation en 2010
Genre
Hommes
Femmes
Secteur
Sanitaire
Médico-social
Âge
Moins de 30 ans
30 à 49 ans
50 ans et plus
Ensemble
Taux de recours à la
formation en 2012
Taux de recours à la
formation en 2014
Effectif formé en
2014
15,4%
24,8%
20,2%
25,3%
34,8%
34,2%
58
421
26,8%
17,9%
28,7%
19,3%
36,3%
31,5%
295
184
23,2%
22,2%
30,9%
218
28,8%
29,8%
40,0%
217
9,6%
17,4%
29,6%
45
23,5%
24,6%
34,3%
479
Sources : Traitements Quadrat-Etudes, Dads de 2007 à 2012, Actalians 2010, 2012, 2014.
20
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
Enjeux actuels du métier dans la branche
Des difficultés de recrutement fortes
Les établissements voient leurs besoins d’emploi augmenter sur ce métier, notamment dans le secteur médicosocial. En effet, le plan Alzheimer 2008-2012 a vu la création de 2 000 postes d’ergothérapeutes et de
psychomotriciens dans les unités spécialisées en Ehpad.
Le métier d’ergothérapeute constitue donc un métier en développement dans la branche : les effectifs ont
constamment augmenté, passant ainsi d’environ 800 en 2008 à plus de 1 400 aujourd’hui. De plus, le turn over
rencontré chez ces professionnels est important, autour de 20% des effectifs. Cela se traduit par un nombre
élevé de recrutements : chaque année, les établissements de l’hospitalisation privée recrutent plus de 300
ergothérapeutes.
Pour faire face à des besoins d’emploi importants et en augmentation, les employeurs se situent sur un marché
de l’emploi tendu : ce métier, réglementé, étant conditionné à l’obtention d’un diplôme d’Etat avec un nombre
limitatif de places en formation, l’offre d’emploi se trouve limitée.
Sur le terrain, les directions d’établissement expriment leurs difficultés à pourvoir les postes d’ergothérapeutes
proposés, même si la difficulté semble légèrement moindre que pour les masseurs-kinésithérapeutes. En 2015,
d’après l’enquête BMO, 60% des projets de recrutements dans cette famille de métiers (les autres
professionnels paramédicaux, dont les MK et les autres professionnels de la rééducation) seraient jugés
difficiles par les employeurs.
Les recrutements par région concernant les autres professionnels paramédicaux
Nombre de projets de recrutements
Part des recrutements jugés difficiles
Source : BMO 2015
L’ajustement qualitatif entre l’offre et la demande de travail ne soulève quant à lui pas de difficultés majeures,
dans la mesure où, la profession était réglementée, les compétences sont garanties par la formation initiale et
les contenus d’emploi, même s’ils varient en fonction de la spécialité de l’établissement et de son organisation,
sont globalement délimités par le décret d’acte.
21
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
« On ne recherche pas de profils particuliers, juste des personnes qui ont leur diplôme… »
(Responsable RH siège, groupe du secteur médico-social).
La problématique de recrutement rencontrée chez les employeurs pour ces métiers apparaît donc
principalement quantitative : comment attirer les professionnels dans les établissements, face à l’importance
de la demande qui leur est adressée par ailleurs ? Les établissements rencontrent en effet des difficultés à
attirer, mais aussi à fidéliser les professionnels. Plusieurs explications sont avancées par les acteurs rencontrés
(qu’ils soient ergothérapeutes salariés, représentants de la direction, organismes de formation…).

Pour les établissements de l’hospitalisation privée comme pour l’ensemble des employeurs, le marché
du travail n’est pas favorable : le nombre de diplômés est resté pendant longtemps inférieur aux
besoins. On assiste aujourd’hui à une augmentation récente des quotas et une multiplication des
écoles.
« On a de plus en plus de postes d’ergo [à pourvoir], il y a des postes vacants un peu partout
en France. Il n'y a pas assez de professionnels formés. Avec les nouveaux quotas, plusieurs
écoles viennent d’ouvrir, les diplômés vont sortir cette année » (ergothérapeute, CRF).

Les établissements de la branche, par leur spécialité et par leur taille, ne sont pas considérés chez les
professionnels comme des contextes d’exercice attractifs.
En effet, les ergothérapeutes expriment des attentes fortes en termes de variété et d’intérêt trouvé
dans le travail. Ils cherchent donc à se diriger vers des lieux d’exercice qui leur permettent de
mobiliser les aspects les plus techniques et/ou analytiques de leur métier (la rééducation et l’entretien
de capacités altérées, les activités de recherche…), qui leur offriront une palette large d’activités ou de
pathologies, ou encore orientés vers des prises en charge fortement individualisés.
Ce qui rend un emploi attractif pour les sortants d’école : « une affinité avec le public pris en
charge : les enfants, les personnes en situation de handicap… » ; « la réputation de la
structure et les moyens et équipement dont elle dispose » ; « le lieu de stage : on aura
tendance à postuler dans une structure où le stage s’est bien passé, qu’on connaît déjà » ; «
la situation géographique de la structure et la proximité avec le lieu d’habitation de sa
famille » (étudiants en institut d’ergothérapie).
C’est généralement vers le secteur du handicap (où les prises en charge, longues, sont très centrées
vers les besoins de la personne) ou vers la neurologie (qui propose des prises en charge techniques)
que les jeunes diplômés souhaitent évoluer ; l’intervention au domicile en libéral, si elle paraît
attractive (elle permet de traiter des pathologies plus diverses et moins lourdes), reste peu répandue
principalement pour des raisons de solvabilité (absence de prise en charge par la Sécurité Sociale).
« Ces profils ont traditionnellement tendance à aller vers le domicile (le handicap, les
enfants), ou bien à l’hôpital » (responsable RH siège, groupe du secteur médico-social).
« Je voulais travailler en rééducation, c'est très varié en tant qu’ergo. On touche à tous les
domaines de compétences d’un ergo : on fait de la rééducation, de la réadaptation, des
visites à domicile, de l’appareillage… et on travaille sur plusieurs pathologies »
(ergothérapeute, CRF).
Inversement, la gériatrie apparaît comme un secteur d’intervention peu attractif. Les établissements
médico-sociaux accueillent des publics moins divers (personnes âgées dépendantes) et proposent des
prises en charge à faible contenu technique. Ce secteur est de fait peu présent dans les cursus de
formations initiales et donc peu connu par les jeunes sortants sur le marché du travail.
« Au début la gériatrie ça n’était pas du tout une vocation, comme pour la plupart des jeunes
diplômés. En sortant d’école, peu de personne cherchent à travailler en gériatrie »
(ergothérapeute, Ehpad).
22
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute

De plus, bénéficiant d’une position favorable sur le marché du travail, les ergothérapeutes auront
tendance à changer fréquemment d’employeur surtout en début de carrière (la profession affiche une
pyramide des âges particulièrement jeune). Ces changements de structure sont un moyen d’évoluer
professionnellement et d’accumuler une diversité d’expérience professionnelle.
« Les jeunes refusent la routine » (formateur).
« On a eu trois ergos en 18 mois. A chaque fois, c’était de jeunes diplômées, elles ont besoin
de changer de secteur en début de carrière pour voir différentes choses » (directeur
d’établissement, Ehpad).
« Il n’y a pas de perspective d’évolution directement au sein de l’Ehpad, il faut conserver un
intérêt à travailler auprès du même type de public. Les ergos restent peu de temps à leur
poste dans les Ehpad » (direction, Ehpad).
« En termes d’évolution professionnelle, il y a quelques cadres de santé ergo, mais très peu.
Sinon il n’y a pas d’évolution possible excepté le changement d’établissement, de public »
(ergothérapeute, Ehpad).
Les contrats de travail proposés dans les établissements de la branche sont majoritairement à temps
partiel réduit. Cela s'explique notamment, dans le sanitaire, par la taille des établissements souvent
moins importante que dans le public (d’où des besoins d’emploi réduits) et, dans le médico-social, par
les conventions tripartites organisant le financement des Ehpad (qui prévoient souvent des temps
partiels ; de plus, ces conventions identifient les ergothérapeutes et les psychomotriciens comme une
même famille de métier : si un ETP est budgété pour cette catégorie de professionnel, les
établissements pourront avoir tendance à chercher à recruter les deux professionnels sur un mitemps). Ainsi, une forte proportion de salariés de la branche occupe des temps partiels non choisis :
60% des ergothérapeutes salariés de la branche travaillent à temps partiel et, pour 70% d'entre eux, le
contrat a été accepté à défaut d’avoir trouvé un temps plein.
Un enjeu de clarification des contours du métier
Le métier d'ergothérapeute est relativement jeune et son développement récent, une forte accélération ayant
été observée depuis 2008 dans le secteur médico-social, avec la mise en œuvre du plan Alzheimer qui impose
la présence d’un ergothérapeute ou d’un psychomotricien dans les unités fermées.
De ce fait, les interventions des ergothérapeutes sont encore assez méconnues des résidents mais aussi des
autres soignants et des directions. Au quotidien, ils doivent donc clarifier la nature, l’objet et le périmètre de
leurs interventions.
« Il y a des confusions de la part des équipes soignantes sur les contours des métiers ; c’est
très fréquent d’avoir la question (par les directeurs, infirmiers, AS…). Il y a encore une grande
confusion entre les différents métiers même si ça s’améliore » (ergothérapeute, Ehpad).
« A chaque fois qu’un nouveau métier arrive, il faut qu’il trouve sa place. Les autres pensent
qu’ils vont être dépossédés d’une partie de leur travail » (direction, CRF).
Des recoupements existent entre les activités des ergothérapeutes et les activités d'autres professionnels de la
rééducation, en particulier avec :

les masseurs-kinésithérapeutes. Comme les ergothérapeutes, ils interviennent en prévention via
l'animation de formations auprès des professionnels du soin (manutention, gestes et postures...) et
l'animation d'ateliers collectifs auprès des patients ou résidents (en Ehpad, ceux-ci peuvent porter sur
l'équilibre, la marche...).
« Ca dépend de ce qui est fait dans l’établissement, parfois le kiné a déjà pris ce rôle »
(ergothérapeute, Ehpad).
23
Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute

les psychomotriciens : ils peuvent intervenir sur les mêmes champs de rééducation et utiliser des
méthodes similaires.
« Sur la rééducation de la motricité fine (travail avec les mains, les doigts), les ergo et les
psychomot sont complètement à cheval. Ils peuvent tous les deux passer les mêmes
médiations (la peinture, le sport…), mais avec des objectifs différents : pour l’ergo, l’objectif
est de permettre l’adaptation à la vie quotidienne ; le psychomot, lui, cherche à agir sur le
psychique » (psychomotricienne, en libéral).
En Ehpad, le positionnement n’est pas facilité par le fait que le professionnel intervient généralement seul
(l’établissement n’emploie qu’un seul ergothérapeute), et souvent sur des temps partiels. De plus, si un
établissement ne peut recruter les deux professionnels, soit du fait d'un manque de financement de l'ARS, soit
du fait de difficultés de recrutement, des pratiques de substitution voient le jour, ce qui ne contribue pas à
donner aux autres soignants une vision claire des spécificités de l’un et de l’autre des métiers.
« On passe à côté de certains aspects du métier sur un mi-temps (…). Quelle est la qualité
réelle du travail quand ce sont des postes à 20% ou 30% ? » (ergothérapeute, Ehpad).
« Dans les établissements où il n’y a pas de psychomotricien, l’ergo peut être sollicité sur
missions de psychomotricien – comprendre les troubles du comportement, intervenir sur la
gestion de l’anxiété… Si la personne s’en sent, pourquoi pas, mais moi je ne suis pas du tout
formée pour ça, j’en serais incapable » (ergothérapeute, Ehpad).
« Quand dans un établissement, on recrute un psychomotricien car on ne trouve pas d’ergo,
le psychomotricien va intervenir sur des champs d’activité de l’ergo (sur le matériel par
exemple). Les gens [de l’équipe] se disent que c’est le travail du psychomotricien… Ensuite,
quand un ergo arrive dans l’établissement, la répartition du travail entre ergo et psychot
n’est plus claire » (ergothérapeute, Ehpad).
Par conséquent, l’intervention de ces différents spécialistes de la rééducation (ergothérapeute,
psychomotricien, masseur-kinésithérapeute) au sein d’un même collectif de travail peut susciter des questions
et nécessiter des clarifications.
« Il faut que chacun reconnaisse les compétences et les limites de chaque métier et accepte
que l’autre peut avoir une autre vision » (ergothérapeute, Ehpad).
« Avec la loi de 2008 et la mise en place des conventions tripartites, les psychomot et les
ergos sont entrés vraiment en tant que tel dans les Ehpad. Jusqu’à présent, ils étaient
embauchés comme animateurs. Ça a été difficile pour les kinés, qui avaient l’impression
qu’on leur volait leur travail. Il y a encore des établissements où c’est compliqué, chacun doit
trouver sa place » (ergothérapeute, Ehpad).
Les ergothérapeutes expriment souvent le sentiment d’être trop sollicités sur la gestion du matériel médical
par les autres membres de l’équipe.
« Quand on ne sait pas à qui demander, on va demander à l’ergo » (ergothérapeute, CRF).
« On est le professionnel qui travaille le plus en lien avec le matériel, mais parfois on est
réduit au matériel. (…) Au niveau du matériel, il y a une sur-sollicitation, ça peut dévier sur la
maintenance du matériel, la matériovigilance... ça n’est pas le cœur de notre
métier » (ergothérapeute, Ehpad).
L’accompagnement par la formation continue
La rééducation est un champ professionnel connaissant des évolutions rapides, notamment avec l’avancée de
la recherche en neurosciences et les innovations techniques, par exemple dans la domotique et la réalité
virtuelle. Les professionnels de la rééducation doivent adapter en permanence leurs pratiques aux nouvelles
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Etude portant sur quatre métiers de la branche de l’hospitalisation privée sanitaire et médico-sociale à caractère commerciale
Ergothérapeute
connaissances et techniques de prise en charge, ce qui crée des besoins et des demandes de formation
nombreux sur leur cœur de métier.
En cohérence avec ces besoins de formation, les formations aux techniques de prise en charge se développent
fortement et prennent une place croissante dans les formations financées par l’Opca pour ces professionnels.
En effet, chez les ergothérapeutes comme chez les MK, le développement des formations se trouve tiré par les
thématiques cœur de métier (les formations transverses sur le management ou l’informatique restant stables).
Les thèmes en développement correspondent aux techniques de prise en charge, la neurologie et (dans une
moindre mesure et surtout chez les ergothérapeutes), les pathologies du vieillissement. Encore marginales il y
a cinq ans, les formations sur ces deux types de pathologies se développent en effet rapidement (passant de
5% à 17% chez les ergothérapeutes), tandis que le poids des formations portant sur les autres pathologies
diminue corrélativement.
Par ailleurs, les professionnels de la rééducation en établissement sont appelés à renforcer leurs compétences
dans l’accompagnement des pathologies neurologiques et du vieillissement : le nombre d’actions de
formations financées par l’Opca sur ces thèmes s’est nettement accru en l’espace de quelques années, pour les
MK comme pour les ergothérapeutes. Toutefois, ces thèmes ne se traduisent pas par l’obtention d’une
certification : les diplômes universitaires suivis par les salariés de la branche sont très rares (moins de cinq pour
les ergothérapeutes).
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