Du poème à la chanson :

Transcription

Du poème à la chanson :
Florent Pagny, Le Soldat
HDA 2015
Synthèse des travaux faits en cours.
La chanson a un triple intérêt :
-Un intérêt poétique
-Un intérêt historique : un lettre du front, témoignage des tranchées (épique).
-Une lettre intime : le soldat fait des adieux pathétiques à celle qu’il aime et s’en remet à dieu devant le
désespoir de la mort qui s‘empare de lui (lyrisme + pathétique).
I Du poème à la chanson :
1) Les indices du genre poétique : de la tradition à la modernité.
-La chanson est composée de 4 strophes de 8 vers sans système de rimes classiques.
-Chaque strophe débute par un alexandrin classique (6//6) qui est le vers dominant.
- Une rupture de la structure est introduite par la conjonction de coordination « mais » marquant une
opposition suivies de phrases négatives dans les 2 premières strophes. La rupture introduit un vers de 7
syllabes, impair : « mais surtout ne t’en fais pas ».
-A l’intérieur des strophes 1,2,4, 1 tercet, un distique puis deux heptasyllabes encadrent un hexasyllabe
isolé.
En effet, la strophe 3 se compose de 3 alexandrins et de 5 hexasyllabes : cette rupture interne donne une
place centrale à la mort qui devient sujet des actions et s’empare de la vie : « A l’heure où la mort
passe… »
- L’hétérométrie (plusieurs types de vers) montre que le texte se situe entre tradition et modernité. En
outre, elle traduit le malaise progressif du soldat qui dans la dernière strophe fait un dernier adieu à la
femme aimée et une prière à dieu se résigne avec désespoir à la mort.
2) Les indices de la chanson : des répétions aux sonorités
a) Les répétitions :
-Le nom « soldat » en référence au titre revient dans chaque strophe en guise de refrain : « Mais je suis
un soldat » « car je suis un soldat » « je n’étais qu’un soldat »
-La répétition et la structure des strophes : les trois types de vers rappellent le rythme d’une valse à
trois temps : 12, 6 ou 7 syllabes sauf le dernier vers qui comporte 4 syllabes (tétrasyllabe). La valse estelle symbole de folie ? Le soldat dit : « Je ne sens plus mes bras, tout tourne autour de moi » puisqu’il
vient d’apercevoir la mort.
-La répétition au vers 1, 9 17 : 3 compléments circonstanciels de temps / « A l’heure où… »
-La répétition des conjonctions de coordination à l’intérieur des vers : « mais » pour marquer
l’opposition, « car » pour exprimer la cause dans les 3 premières strophes. Le premier « mais » exprime
le courage du soldat, le second son espoir. La conjonction est remplacée par la négation restrictive « je
ne suis qu’un soldat / je n’étais qu’un soldat » dans les 2 dernières strophes. La répétition des
conjonctions de coordination montre donc le passage de l’espoir à la plus grande résignation du soldat
inconnu d’autant qu’elle est redoublée par la répétition de phrases à la forme négative : « je suis-je nenon je-je n’étais qu’un »
b) Les sonorités :
-L’assonance en -a : toi, soldat, pas, toi, bras, là, rats…
-L’allitération en -r : heure, guerre, par, garçons, fleur, mort…
-L’allitération en –s : suis, soldat, sera ; chasse, garçons, passe…
II De la lettre intime à la lettre d’adieu :
1) Les indices de l’épistolaire : une lettre intime
Même si les références grammaticales sont imprécises puisqu’on ne sait pas le nom du soldat «Le
soldat », « un soldat », la chanson présente les indices de la correspondance intime d’un poilu à la
femme aimée.
a) L’énonciateur : les indices de la première personne du singulier.
-L’emploi du pronom personnel sujet « Je » domine
-Le pronom COD « moi »
-L’article possessif « ma »
b ) Les destinataires :
-Il s’agit d’une femme comme le montre l’adresse du vers 2 : « Ma très chère Augustine », très chère
rappelle la formule initiale de la lettre intime.
- « Nos plus beaux souvenirs et nos enfants rêvés » : le possessif « nos » souligne la relation entre le
soldat et la femme aimée.
-Les pronoms de la 2 ème personne du singulier : « t’ » « toi »
-L’ article possessif : « tes »
-Dieu est apostrophé « Mon Dieu sors moi de là » : le désespoir est exprimé grâce à l’impératif et à
l’apostrophe. La chanson est donc une lettre d’adieu, une prière à dieu.
c ) Les autres indices :
-Le verbe écrire : « je t’écris sans tarder »
-Les adverbes (ancrage dans la situation d’énonciation) : « bientôt » « sans tarder »
-Le présent de l’indicatif / présent d’énonciation ou présent de l’écriture : « je t’écris » « J’ai peur » « je
crois pouvoir te dire »
-Le futur de l’indicatif / valeur prophétique = envisage l’avenir du présent comme certain : « Je serai
bientôt là et tu seras fière de moi », «j’aimerai te confier » « Non, je ne reviendrai pas ».
2 ) Une lettre du front :
Elle emprunte les procédés épiques du récit de guerre (Céline, Barbusse)
Le registre est épique :
-Le vocabulaire des tranchées : « tranchées », « hiver », « froid », « rats », « godasses », « boue »
-Les références à la guerre : « fleur au canon », « la guerre », des garçons par milliers » « tue »
-La personnification de la guerre : « la guerre passe »
-L’allégorie de la mort : « la mort passe », la mort est sujet de la phrase
-Le pronom indéfini « on » : soldat déshumanisé, universalité du témoignage.
-Hyperbole : « par milliers »
-Présent de narration : « chasse » « passe »

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