Chronologie de l`Indochine 1940-1945

Transcription

Chronologie de l`Indochine 1940-1945
Mise en ligne : 10 novembre 2014.
Dernière modification : 22 août 2016.
www.entreprises-coloniales.fr
CHRONOLOGIE DE L’INDOCHINE 1940-1945
L’OCCUPATION JAPONAISE
Bibliographie [abréviations]
Biondi (Jean-Pierre), Les Anticolonialistes (1881-1962)[AC], Robert Laffont, 1992,
390 p.
Crémieux-Brilhac (Jean-Louis), La France libre [FL], Paris, Gallimard et Centre
national des lettres, 1996.
Dalloz (Jacques, La Guerre d’Indochine 1945-1954, Paris, Le Seuil, 1987.
Decoux (Amiral Jean), À la barre de l’Indochine, Paris, Plon, 1950, 510 p.
Devillers (Philippe), Histoire du Vietnam de 1940 à 1952 [HVN], Paris, Seuil, 1952,
479 p.
Devillers (Philippe), Paris-Saïgon-Hanoï [PSH], Paris, Seuil, 1952.
Doyon (Jacques), Les Soldats blancs d’Ho Chi Minh, Paris, Fayard, 1973, 522 p.
Franchini (Philippe), Les Guerres d’Indochine [GI], Paris, Éd. Pygmalion, 1988 , 2
t : 892 p.
Lacouture (Jean), De Gaulle [DG], Paris, Le Seuil, 3 tomes, 1990.
Meuleau (Marc), Des pionniers en Extrême-Orient. Histoire de la Banque de
l’Indochine 1875-1975 [PEO], Fayard, 1990
Pédroncini (dir.), Leclerc et l’Indochine [L&I ], Paris, Albin Michel, 1949.
Ruscio (Alain), Les communistes français et la guerre d’Indochine 1944-1954
[CFGI], Paris, L’Harmattan, 1985, 426 p.
Sheeham (Neil), L’Innocence perdue, un Américian au Vietnam, traduit de
l’américain, Paris, Seuil, 1991.
Valette (Jacques), Indochine 1940-1945,. SEDES, 1993, 510 p.
Etc.
——————————
1940
1er février 1940 : bombardement japonais du pont en dentelle dans la partie
chinoise du Chemin de fer de l’Indochine et du Yunnan.
www.entreprises-coloniales.fr/inde-indochine/Ch._fer_IC-Yunnan-docu.pdf
25 juin 1940 : l’amiral Decoux nommé en remplacement de Catroux.
Photo Gérard O’Connell
Tombe de l’amiral Decoux au cimetière de Loverchy à Annecy,
avec une erreur sur la date de sa nomination comme gougal…
« Les Français ont la mémoire courte », c’est connu.
De plus en plus désemparé, le gouverneur [de la Nouvelle-Calédonie, Pélicier]
demande à Vichy l'envoi d'un navire de guerre : le 23 août, l'aviso Dumont
d'Urville, dépêché de Saïgon, jette l'ancre devant Nouméa, canons braqués vers la
ville (Crémieux-Brilhac, FL, 109). Le 19 [septembre] au matin, Sautot entre en rade
de Nouméa à bord d'un pétrolier norvégien, bientôt suivi du croiseur australien
Adélaïde. Une foule de citadins afflue vers le port; septembre cents broussards
résolus se joignent à eux ; des croix de Lorraine apparaissent. Les artilleurs
calédoniens refusent de tirer sur l'Adélaïde ; les militaires de recrutement local
refusent de disperser la foule. Le « Dumont d'Urville » n'ose pas ouvrir le feu (Ibid.,
110).
18 septembre 1940 : « Les Japonais sont trop faibles pour désarmer les troupes
françaises en Indochine » (Londres) (Libre Poitou du lendemain).
————————
Le statut des Juifs est promulgué en Indochine
(L’Écho annamite, 13 novembre 1940)
Par arrêté du gouverneur général en date du 5 novembre, la loi du 3 octobre
1940 portant statut des Juifs est promulguée en Indochine.
Voici in extenso les dispositions contenues dans l'article 2 de cette loi :
Art 2 — L'accès et l’exercice des fonctions publiques et des mandats énumérés
et après sont interdits aux Juifs :
1 Chef de l'État, membre du gouvernement, du Conseil d’État, du Conseil de
l’ordre national de la Légion d’honneur, de la Cour de Cassation, de la Cour des
Comptes, du Corps des Mines, du Corps des Ponts et chaussées, de l'inspection
générale des Finances, des Cours d appel, des Tribunaux de première instance, des
Justices de Paix, de toutes juridictions d'ordre professionnel et de toutes assemblées
issues d'une élection ;
2° Agents relevant du département des Affaires étrangères, secrétaires généraux
des Départements ministériels, directeurs généraux et directeurs des administrations
centrales des ministres, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux des Services
administratifs du ministère de l'Intérieur, fonctionnaires de tous grades attachés à
tous services de police ;
3° Résidents généraux, gouverneurs généraux, gouverneurs et secrétaires
généraux des colonies, inspecteurs des colonies ;
4° Membres du corps enseignant ;
5° Officiers des armées de terre, de mer et de l'air ;
6 Administrateurs, directeurs, secrétaires généraux, dans les entreprises
bénéficiaires de concessions ou de subventions accordées par une collectivité
publique, postes à la nomination du gouvernement dans les entreprises d'intérêt
général.
Les autres dispositions de la loi ont été présentées dans une dépêche Arip du 18
octobre dernier.
————————
22 novembre 1940 : insurrection communiste en Cochinchine. Révocation de
Veber, gouverneur de la Cochinchine.
2e sem. 1940 (?) : Levain fait sauter avec son collègue chinois le pont de chemin
de fer à la frontière (Valette, IC 1940-45, p. 277).
1941
16 janvier 1941 : déroute française dans la région de Sisophon au Cambodge
lors d’une contre-offensive face au Siam (Thaïlande).
17 janvier 1941 : en dépit de son infériorité, la flotte française réussit à couler
un des deux torpilleurs et deux des dix torpilleurs siamois.
21 janvier 1941 : nationalisation par la Thaïlande de la Société des mines d’or de
Litcho.
www.entreprises-coloniales.fr/inde-indochine/Mines_d'or_Litcho.pdf
9 mai 1941 : le Japon imose la paix avec le Siam qui annexe la rive droite du
Mékong au Laos et la région de Battambang au Cambodge.
16 mai 1941 : accords économiques Indochine-Japon.
10-19 mai 1941 : VIIIe plénum du PCI près de la frontière chinoise à Pac Bo en
pays nung, région de Cao Bang. Création du Front (ou Alliance ou Ligue) pour
l’indépendance du Viêt-Nam, en abrégé Viiêt-Minh. Brochure d’une quinzaine de
pages : la défaite du Japon est certaine dans la guerre mondiale qui s’annonce,
démocratie, égalité hommes-femmes, abolition de tous les impôts, réformes sociales
mais plus de collectivisation des terres.
27 juin 1941 : Decoux installe un Conseil fédéral de l’Indochine formé de 25
autochtones.
juillet 1941 : sous la menace d’un convoi de 50.000 hommes voguant vers
Saigon, ultimatum de l’ambassadeur du Japon à Vichy le 14 juillet débouchant sur
la signature le 23, à Hanoï, d’une convention militaire offrant aux Japonais 8
aérodromes dans la moitié sud de l’Indochine et les bases navales de Saigon et Cam
Ranh et le 29 à Vichy des accords Darlan-Kato sur la “défense commune” de
l’Indochine.
23 juillet 1941 : Hô propose une alliance aux gaullistes, patriotes et antifascistes
français contre le fascisme nippon (Doyon, Soldats blancs, p. 44).
——————
Recensement des Juifs
(L’Écho annamite, 18 août 1941)
La loi du 2 juin 1941 portant statut des Juifs, insérée au J.O.I.C. du 19 juillet
1941, est promulguée en Indochine, en même temps qu'une autre loi, également
en date du 9 juin 1941, prescrivant le recensement des Juifs,
Conformément à ce dernier texte, les Juifs doivent, dans le délai d'un mois,
remettre aux autorités du lieu de leur domicile ou résidence une déclaration écrite,
indiquant qu'ils sont Juifs au regard de la loi et mentionnant leurs état civil,
situation de famille, profession et l'état de leurs biens.
La déclaration est faite par le mari pour la femme et par le représentant légal
pour le mineur ou l'interdit.
Par application de ces dispositions, les personnes qui sont juives au regard de la
loi du 2 juin 1941 susvisée sont invitées à déposer d'urgence leur déclaration, entre
les mains de l'administrateur de la Région pour celles qui résident sur le territoire de
la Région de Saigon-Cholon, et entre les mains des administrateurs chefs de
province pour celles qui sont domiciliées dans l'intérieur.
Le délai d'un mois imparti pour le dépôt des déclarations en question ayant,
conformément aux instructions du Département, commencé à courir à compter du
11 août 1941, les intéressés sont tenus d'accomplir les formalités susvisées dans le
délai fixé, sous peine de sanction prévue (un mois) à un an clv emprisonnement et
une amende de 100 à 10.000 fr. ou l'une de ces deux peines seulement).
——————
Recensement des Juifs
(L’Écho annamite, 3 septembre 1941)
L’administrateur de la Région de Saïgon-Cholon croit devoir rappeler aux
personnes qui sont Juives, au regard de la Loi du 2 juin 1941 portant statut des
Juifs, que le délai au terme duquel leur déclaration doivent être présentées expire le
12 septembre prochain.
Les personnes intéressées, qui ont leur domicile ou leur résidence sur le territoire
régional, sont, en conséquence, invitées à adresser leurs déclarations à
l'Administrateur de la Région (Services administratifs), avant le 12 septembre 1941.
——————
Avis de concours
pour le recrutement de deux sous-chefs de bureau de 2e classe du service
central de la Direction des Finances de l’Indochine
(L’Écho annamite, 20 octobre 1941)
Hanoï, 18 octobre. —
…………………
Pièces à fournir. — Les candidats désireux de concourir devront faire parvenir à
la Direction des Finances (secrétariat), avant le 16 février 1942, leur demande
d'inscription, établie sur papier timbré et accompagnée : d'un extrait de leur acte
de naissance, établi également sur papier timbré et dûment légalisé d'une copie
certifiée conforme d'un des diplômes mentionnés ci-dessus ; d'un certificat médical
attestant qu'ils ne sont atteinte d'aucune affection les rendant impropre au service
colonial ; d'une autorisation de participer au concours délivrée par le chef de
service ou de l'administration où ils sont en service ; et enfin, s'ils ne les ont pas
encore fournies au Gouvernement général, des 3 déclarations prescrites par : la loi
du 13 août 1940, portant interdiction des associations secrètes ; la loi du 13
septembre 1940 concernant l'accès aux emplois dans les administrations
publiques ; la loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs.
———————
22 octobre 1941 : vingt-sept otages fusillés à Châteaubriant, dont Huynh
Khuong An, dit Luisne, né en 1912 à Saïgon, licencié ès lettres, secrétaire à Lyon
des étudiants communistes, auditeur de Radio-Moscou pour le compte de son amie
Germaine Barjon, qui s’occupait de la parution illégale de Russie d'aujourd'hui,
l'organe des Amis de l'Union soviétique, ce qui lui valut d’être arrêtée et déportée à
Ravensbrück.
Novembre 1941 : Claude de Boisanger devient conseiller diplomatique de
l’amiral Decoux (Valette, IC 1940-45, p. 161-2).
8 décembre 1941 : Pearl Harbour.
9 décembre 1941 : La France libre déclare la guerre au Japon.
Décembre 1941 : le Pr Jean Escarra, ancien conseiller du gouvernement chinois,
arrive à Tchungking : il obtient difficilement l’implantation officieuse à Kunming
d’une mission militaire française (MMF) et d’un service de renseignement confiés
au cdt Tutenges. Les Chinois en espèrent des renseignements sur les Japonais.
En mai 1942, le groupe Tutenges ne comprend que six personnes dont trois
cadres des plantations d’hévéas en Malaisie : le baron François de Langlade, Pierre
Boulle (groupe Rivaud-Hallet) et Léonard (secrétaire général du groupement des
plantations françaises de caoutchouc en Malaisie)(Valette, IC 1940-45, pp. 193-4,
224, 236).
19 décembre 1941 : Decoux nommé par Vichy haut-commissaire pour le
Pacifique. L’Amiral met aussitôt à l’étude une intervention avec couverture
japonaise contre la Nouvelle-Calédonie tombée aux mains de « la triste légion
d’égarés qu’on nomme gaullistes ». Rejet du projet par Vichy le 23 janvier (Decoux,
BI, p. 190, L&I, p. 205), Valette, IC 1940-45, p. pp. 179-182).
————————
Fonctions publiques interdites aux Juifs
(L’Écho annamite, 19 décembre 1941)
Vichy, 19 décembre (émission de France). — À la liste des fonctions publiques
interdites aux Juifs, la loi ajoute ce matin celles d'intendant des affaires
économiques, d'intendant de police, de chef de cabinet du préfet et de chef de
division à la préfecture. Arip
1942
Janvier 1942 : raids sporadiques de l’aviation chinoise sur le Tonkin (Boisanger,
Dalloz, GI, p. 49 n).
4 février 1942 : exposition de l’artisanat japonais chez Pomone, à Saïgon.
www.entreprises-coloniales.fr/inde-indochine/Chez_Pomone-Saigon.pdf
8-12 février 1942 : chute de Singapour pris à revers.
————————————
A l'Officiel
[TRAQUE DES FRANCS-MAÇONS]
(Journal officiel de l’État français, 11 février 1942)
(L’Écho annamite, 11 février 1942)
Vichy, 11 février (émission de France). — Le Journal officiel publie la liste par
obédience des dignitaires, hauts gardés et officiers des loges franc-maçonniques,
parmi lesquels on relève les noms de Le Rohellec, rédacteur des P.T.T. à Hanoï,
« Les Écossais du Tonkin », Le Thuoc, professeur au Lycée du Protectorat à Hanoï,
« Les Écossais du Tonkin », Long (Samuel), directeur du Crédit foncier de
l'Indochine à Hanoï, « Les Écossais du Tonkin », Dép. sup. en 1934, Mai-Phaong.
professeur à l'École primaire supérieure des garçons de Hanoï, « Les Écossais du
Tonkin », secr. et archiviste en 1937, et Marcon, fonctionnaire du Trésor à Saïgon,
« La Ruche d’Orient ». (Arip)
———————
Février 1942 : Escarra quitte Tchunking pour Londres. Retour en juin (Valette, IC
1940-45, p. 225).
Février 1942 : le général Mordant, commandant supérieur en Indochine, fait
interrompre la liaison de Maupain avec l’Intelligence service via Saigon (Valette, IC
1940-45, p. 277).
Mars 1942 : agitation contre les réquisitions de riz dans le Quand Nam.
——————
A l'officiel
(L’Écho annamite, 17 avril 1942)
Vichy, 17 avril (Émission de France) — Le décret NR 1 126 du 12 avril 1942,
rendant applicables aux colonies les décrets du 16 juillet 1941 réglementant, en ce
qui concerne les Juifs, la profession d'avocat et les fonctions d'officier public ou
ministériel. Les attributions confiées dans la Mêtropole au gardes Sceaux, ministres
secrétaire d'Etat à la Justice, et au Commissaire génénal aux questions juives seront
exercées par le Haut Commissaire de France dans le Pacifique [Decoux].
——————
Juin 1942 : Arnoux nommé intendant général de la Sûreté.
Juillet 1942 : le général Chiang Fa Kwei, gouverneur militaire du Kwang-Si,
regroupe 500 émigrés viêts dans un camp d’entraînement à la guérilla et une
centaine à l’école militaire de Nanning (Dev., HVN, p. 104).
——————
L’administration des biens des Juifs en Indochine
(L’Écho annamite, 22 juillet 1942)
Vichy, 15 juillet (OFI). — Le Journal officiel publie un décret du 4 juillet 1942
étendant aux territoires relevant du secrétariat d’État aux colonies la loi du 22 juillet
1941 sur les entreprises, les biens et les valeurs appartenant aux Juifs.
Le Haut Commissaire de la France dans le Pacifique peut nommer un
administrateur provisoire à toute entreprise industrielle, commerciale; immobilière
ou artisanale, tout immeuble de droit immobilier ou de droit à bail quelconque,
toute concession rurale ou forestière ou urbaine à titre provisoire ou ç titre définitif,
tout permis de recherche ou d’exploitation et toute concession accordée en matière
minière, lorsqu'ils ont été vendus ou cédés par des Juifs depuis le 23 mai 1940
dans des conditions qui n'assurent pas l'élimination de toute influence juive mais,
dans ces derniers cas, à condition que la nomination d'un administrateur provisoire
intervienne au plus tard un an à dater de la publication du présent décret.
L'Administration des Domaines est de plein droit administrateur provisoire des
actions et parts bénéficiaires que le Chef de la Colonie décide de placer
spécialement sous une administration provisoire.
Tout Juif qui se sera soustrait ou aura tenté de se soustraire aux mesures prises
en vertu du présent décret sa moyen de déclarations mensongères ou de
manœuvres frauduleuses sera puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une
amende de 10.000 à 200.000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Les mêmes peines seront encourues par toute personne, même non juive, qui se
sera interposée pour éluder aux dispositions du présent décret.
——————
29 août 1942 : Hô Chi Minh est incarcéré par les Chinois, frappés du caractère
communiste de la propagande Viêt Minh auprès des émigrés viêts en Chine.
4-10 octobre 1942 : regroupement des partis annamites à la demande des
Chinois au sein du Dong Minh Hoi (congrès de Lieu-Tchéou).
10 octobre 1942 : le PCI appelle au refus d’obéissance et à la désertion les
camarades soldats français et légionnaires : “Refusez de tirer sur les détachements
de guerilleros qui résistent au prix de mille souffrances” (Doyon, SB, p. 44).
——————
Les Juifs en Indochine
(L’Écho annamite, 27 novembre 1942)
La question est posée de savoir si les personnes qui déclarant être issues de deux
grands-parents juifs et n'appartenir à aucune religion doivent être considérées
comme juives, en application du 2e paragraphe de l'article de la loi du 9 juin 1941.
Le Département, consulté, a communiqué au gouverneur général l’interprétation
suivante donnée à ce sujet par le Commissariat aux questions juives :
Est regardé comme non juif, à la condition de prouver son appartenance à une
religion autre que la religion juive : 1° celui qui a deux grands-parents juifs et est
célibataire ; 2° celui qui a deux grands-parents juifs et dont la conjointe a moins de
deux grands-parents juifs.
Sont considérés comme insuffisantes : a) la déclaration par l'intéressé de
n'appartenir à aucune religion : b) la preuve qu'il a suivi certaines pratiques
religieuses autres que les pratiques juives.
Il est nécessaire que l'intéressé établisse qu'il a véritablement adhéré à une
religion autre que la religion juive.
——————
1943
Janvier 1943 : Decoux débaptise et baptise des rues de Saïgon : lord Kitchener,
ministre de la guerre britannique en 1914-1915, perd la sienne au profit du général
Marchand, qu’il avait délogé à Fachoda. Et Charles Thomson, gouverneur de la
Cochinchine (1883-1885), qui s’était montré maladroit avec le Cambodge, perd la
sienne au profit de Paulin Vial, un annamitophile du début de la conquête, ce qui
n’était pas immérité. Le doc-phu-su Cua et le pastorien Albert Calmette, ancien
administrateur des Distilleries de l’Indochine, gagnent la leur.
www.entreprises-coloniales.fr/inde-indochine/Baudrit-Rues_Saigon.pdf
Février 1943 : la France libre à Londres : création d’une section Indochine
confiée au général Catroux (Valette, IC 1940-45, p. 241) et création par le
commissariat aux Colonies d’un bureau de l’Indochine confié à Lauret, ancien
professeur d’anglais au lycée de Saigon (Valette, IC 1940-45, p. 311).
Mars 1943 : Alger : le général Blaizot, ancien d’Indochine, lance l’idée d’un
corps expéditionnaire (Valette, IC 1940-45, p. 241).
31 mai 1943 : Decoux installe le Grand Conseil de l’Indochine formé de 30
autochtones et 23 Français.
3 juin 1943 : Alger : création du Comité français de libération nationale (futur
GPRF). Commissaire aux colonies : René Pléven. Commissaire à l’Intérieur, puis à la
Guerre : André Diethelm, lié par sa famille à l’une des plus importantes maisons
d’import-export de l’Indochine (selon Despuech, TP, et Lacouture, DG, 2-155),
ancien directeur des Finances de l’Indochine (1929-33) et chef de cabinet de
Mandel aux Colonies (1938-40). Décédé en janvier 1954.
8 juin 1943 : atterrissage à Alger du capitaine Milon, envoyé via Kunming par le
capitaine Levain, correspondant à Hanoi du S.R. de la MMF. Retour à Kunming en
août.
Général Zinovi Pechkoff, fils naturel de Gorki, nommé chef de la MMF et délégué
du CFLN (plus tard ambassadeur de France) en Chine.
Juillet 1943 : séjour “privé” en Indochine du général Matsui qui avait présidé à
la prise de Nankin [140.000 morts, le double selon les Chinois, France-Culture, 11
février 1997] : violente propagande anti-française (Decoux, BI, Valette, IC 1940-45,
p. 459).
Viêt-Minh : « Écoutez l’appel frénétique du Comité de libération d’Alger.
Sabotez systématiquement la politique de lèche-bottes de Pétain, Decoux et
consorts » (Doyon, SB, pp. 49-50).
Août 1943 : arrivée à Tchunking de la mission giraudiste Meynier soutenue par
les Américains, Blaizot, Georges-Picot… Dissenssions permanentes avec les gaullistes
jusqu’à son rappel en juin 1944.
Conférence de Québec : délimitation des opérations en Asie du Sud-Est entre les
Britanniques (Mountbatten à Ceylan) et les Américains (Stilwell, puis Wedemeyer à
Chongqing). Thaïlande et Indochine dans l’orbite américaine avec droit de regard
britannique.
Rupture de Tchang Kai Chek avec Vichy.
23 août 1943 : premier conseil interministériel du Pacifique (L&I, 83). Lecture par
Pleven d’une note en partie inspirée par de Langlade : nous manquerions à notre
devoir envers les indigènes si nous ne reconquérions pas nous-mêmes notre
colonie. Blaizot nommé cdt des futures FFEO (Valette, IC 1940-45, pp. 303-4).
10 ou 16 septembre 1943 : les Chinois libérèrent Hô Chi Minh (Ruscio, CFGI,
65, Hémery, HCM, 84).
12 septembre 1943 : Levain (MMF) informe Mordant qu’il est nommé che f de
la résistance ne Indochine (Valette, IC 1940-45, p. 280).
18 septembre 1943 : mémorandum de Gaulle-Giraud aux Alliés revendiquant la
participation des forces françaises à la libération de l’Indochine (Franchini, les GI, 1174).
1er octobre 1943 : avec l’autorisation de l’amiral Decoux (BI, pp. 256-7, 369),
Boisanger rencontre à Longtchéou (Velette 165, 228) et non à Caobang (Dev.,
HVN, p. 106) un représentant de la MMF : Hô Chi Minh n’est autre Nguyen Ai
Quoc.
Fin octobre 1943 : Alfred François, directeur de la Banque franco-chinoise,
envoyé en mission auprès du CFLN par Decoux et Boisanger, quitte l’Indochine
(Valette, IC 1940-45, pp. 164-5). Il signe un rapport à Alger le 6 décembre (Valette
188-193). Ce qui infirme les allégations de Decoux suivant lesquelles il serait arrivé
au point culminant de la rivalité de Gaulle-Giraud et se serait trompé de porte (BI,
370-1, repris par Fr., 1-170) puisque de Gaulle a éliminé Giraud de la co-présidence
du CFLN fin octobre. Alfred François obtient d’ailleurs un poste d’adjoint chargé de
mission au bureau de l’Indochine dépendant de la direction des Affaires politiques
au commissariat aux Colonies (Valette, IC 1940-45, pp. 311, 340).
10 novembre 1943 : arrivée aux Indes d’un service action sous les ordres du Cdt
de crévecœur (futur participant au putsch des généraux en avril 1961) : 21
Français et 15 Annamites intégrés dans la Force 136. Environ 150 hommes en
octrobre 1944 (Valette, IC 1940-45, pp. 320-1, L&I, p. 84).
? : conférence du Caire : Tchang décline l’offre de Roosevelt d’un trusteeship
(tutelle internationale) sur l’Indochine (Franchini, les GI, 1-172, L&I, p. 175).
Le Viêt Minh accentue sa pression en Haute-Région.
8 décembre 1943 : déclaration du général de Gaulle sur l’Indochine : « La
France saura se souvenir de l’attitude fière et loyale des peuples indochinois, de la
fidélité de leur attachement à la communauté française… Les libertés des divers
pays de l’Union seront étendues… accès à tous les postes et fonctions de l’État…
autonomie douanière et fiscale » (Dev., PSH, pp. 22-23).
1944
10 mars 1944 : intégration de l’Indochine dans la “sphère de co-prospérité
asiatique” (Valette, IC 1940-45, p. 460).
25-28 mars 1944 : les Chinois donnent au Viêt-Minh le contrôle du Dong Minh
Hoï.
Printemps 1944 : comportement anti-français du SR japonaise à la frontière
chinoise (Dev., HVN, p. 113, Valette, IC 1940-45, p. 263).
29 avril 1944 : rencontre entre Jean Royère, consul de france à Kunming, et
Pham Viet Tu, secrétaire général du Viêt-Minh (Dev., PSH, pp. 39-42).
2 juin 1944 : le CFLN devient le GPRF (Gouvernement provisoire de la
République française).
4 juin 1944 : tract viêt-minh “Pour l’indépendance complète de l’Indochine” :
“Le Comité de libération d’Alger a tort de croire que les peuples indochinois se
contenteront des flatteries, des assurances, des promesses” (Dev., HVN, p. 110, PSH,
pp. 43-44, Doyon, SB, p. 51).
? : les Chinois bloqient la MMF en exigeant à la suite des intrigues du
commandant Meynier, le départ du ltt-cel Emblanc, responsable gaulliste du SR de
la MMF (Valette, IC 1940-45, p. 231).
5-22 juilet 1944 : François de Langlade, dirigeant du groupe caoutchoutier
Rivaud en Malaisie, rallié de la première heure à la France libre, est parachuté en
Indochine. Rencontre du colonel Robert, commandant du territoire militaire de
Langson, et du général Mordant, qui traîne les pieds (Valette, IC 1940-45, pp. 222
s).
22 juillet 1944 : Henri Laurentie, rallié de la première heure à la France libre,
secrétaire général du gouvernement de l’AEF sous Éboué (1940-43), puis directeur
des Affaires politiques au ministère des Colonies, réunit une conférence pour
préparer l’épuration en Indochine (Valette, IC 1940-45, p. 311).
23 juillet 1944 : le général Aymé succède à son ami Mordant, atteint par la
retraite, comme génésuper (Dev., HVN, p. 118).
6 août 1944 : circulaire du Viêt-Minh : “L’heure H est proche… L’Allemagne est
presque battue et sa défaite va provoquer celle du Japon. Alors les Américains et les
Chinois pénètreront en Indochine, tandis que les gaullistes se léveront contre les
Japs. Ceux-ci renverseront peut-être avant les fascistes français afin de former un
gouvernement militaire… Nous n’aurons pas besoin de nous emparer du pouvoir
puisqu’il n’y aura plus de pouvoir” (Dev., HVN, pp. 110-1).
16 août 1944 : Alger : première réunion du Comité d’action pour l’Indochine :
Pleven, Laurentie, Soustelle, Chauvel, Juin, Blaizot (Valette, IC 1940-45, p. 308).
19 août 1944 : de Langlade impose Mordant à la tête de la résistance
indochinoise (Valette, IC 1940-45, p. 309).
25 août 1944 : le Japon qualifie l’Indochine de « province autonome de l’empire
nippon » (Marc & Cony, p. 158).
31 août 1944 : message à trois signé Decoux, Cosme (ambassadeur au Japon) et
Roland de Margerie (chargé d’affaires en Chine)(Decoux, BI, p. 497-9).
4 septembre 1944 : Mordant s’empare des pleins pouvoirs à l’insu de Decoux.
9 septembre 1944 : formation à Paris d’un gouvernement d’unanimité nationale.
Paul Giaccobi, radical pro-gaulliste qui décèdera en 1951, remplace Pleven à la
France d’outre-mer.
Septembre 1944 : foudroyante offensive japonaise sur nanning et Lieu Tchéou
(Dev., HVN, pp. 112, 119).
octobre 1944 : rencontre de Langlade-Boisanger (Valette, pp. 168-9).
octobre 1944 : entrée d’une division japonaise fraîche au Tonkin (Dev., HVN, p.
119).
24 octobre 1944 : le général Blaizot arrive à Kandy (Ceylan) avec quelques
officiers (L & I, 84).
27 octobre : le général Aymé informe Decoux que la véritable autorité appartient
désormais à Mordant (Valette, IC 1940-45, p. 328).
Hô établit son PC vers Thaï-Nguyen (Dev., HVN, p. 112).
6 novembre 1944 : Paris confirme à Decoux le pouvoir de Mordant qui organise
un conseil de l’Indochine. Langlade lui adjoint l’ingénieur des TP Louis Longeaux
(futur chef de cabinet de d’Argenlieu) et le colonel Robert (Langson).
6 novembre 1944 : abolition discrète des lois d’exception contre les juifs, les
francs-maçons, etc. (Sébastien Verney, L’Indochine sous Vichy, pp. 388, 451).
Novembre 1944 : le Japon décide le principe d’un coup de force en Indochine
(Valette, IC 1940-45, p. 184).
15 novembre-9 décembre 1944 : de Langlade à nouveau parachuté pour
rencontrer Decoux sur l’ordre de De Gaulle (Dev., HVN, p. 119, Valette, IC 1940-45,
pp. 326-330).
Nombreuses attaques du Viêt-Minh en Haute-Région (Dev., HVN, pp. 112-3).
Automne 1944-mi 1945 : un million de morts du fait des inondations et de la
famine (Dev., HVN, p. 131).
1945
Jan. 1945 : Hoàng Xuân Han, agrégé de mathématique et polytechnicien, futur
ministre de l’Éducation de Bao Dai (avril-août 1945), soumet un essai de solution
des problèmes franco-viêtnamiens au Comité politique de résistance présidé par
Mordant qui le rejette à la quasi-unanimité (selon Marcel Ner, Temps modernes, 8/91953, p. 339). [HXH est retiré en France depuis la fin des années 1960].
5 janvier : Roosevelt informe l'ambassadeur de GB qu'il ne s'opposera pas à la
réinstallation de la France en Indochine par les Anglais (Sheeham, IP, p. 191).
6 et 12 janvier 1945 : bombardements américains massifs sur le Viêt-Nam.
Coulage du croiseur Lamotte-Picquet (Valette, IC 1940-45, p. 381).
Février 1945 : I'administration demande au directeur du camp des Alliers
d’Angoulême, Verneiges, de faire pression sur ses résidents pour qu'ils s'engagent
dans « le corps expéditionnaire d'Extrême-Orient » « dont le déficit sera impossible
à combler si l'on se borne à faire appel aux engagements par les voies ordinaires ».
5 février 1945 : libération de Manille (Philippines).
9 février 1945 : à Yalta, Roosevelt abandonne à contrecœur son projet de
trusteeship sur l’Indochine (L&I, p. 57).
26 février 1945 : l'intendant général de police Arnoux remet un dossier très
complet sur le Viêt Minh et Ho Chi Minh. Transmis quelques jours plus tard à la
MMF de Kunming par l’inspecteur de police Yolle. Arrive au Quai d’Orsay le 20
mai. Sera noyé dans une masse de mauvais documents (Devillers, PSH, p. 60.
Ruscio, CFGI, pp. 57-61, L&I, p. 142).
28 février 1945 (21 selon L&I, 391) : remplacement du Comité d’action pour
l’Indochine par un Comité interministériel pour l’Indochine (Cominindo) présidé par
de Gaulle. Secr. général : de Langlade (Dalloz, GI, p. 77).
9 mars 1945 : coup de force japonais. Les Japonais exécutent, après la reddition,
460 prisonniers dont le général Lemonnier et le résident Auphelle [ces deux
derniers à Langson] (perso.wanadoo.fr/sdonac32/indo.htm). 2.651 victimes civiles et
militaires (Centre Presse, 22 février 1994). Massacre des 1.200 hommes de la
garnison de Langson (Pierre Sergent, Je ne regrette rien, 35). Repli d’une colonne de
5.700 hommes, dont les 3/5 de locaux, dite colonne Alessandri (Franchini, les GI, 1218). Ordre de se maintenir au Laos mais doit se replier vers la Chine sous la
pression japonaise.
11 mars 1945 : proclamation de l'indépendance par Bao Dai.
12 mars 1945 : projet français d’intervention contre le Viêt-Minh en Haute
Région abandonné par la force des choses.
Giacobbi devant l’Assemblée consultative : “Mais bientôt notre drapeau floterra
sur Hanoi, Hué et Saigon, libre comme Strasbourg et Metz” (Dalloz, GI, p. 75 n).
15 mars 1945 à Diên Biên Phu : Passy et le cdt de Langlade transmettent l’ordre
de continuer le combat au général Sabattier (Franchini, Les GI, I-187, Valette, IC
1940-45, p. 413).
17 mars 1945 : première rencontre entre Hô et un agent de l’OSS, Ch. Fenn
(Ruscio, CFGI, p. 64).
24 mars 1945 : décl. GPRF inspirée par Laurentie et faite par Giaccobi sur
fédération des cinq pays d'Indochine dans le cadre de l'Union française. Promet
gouvernement avec ministres indochinois présidé par le gouverneur général et
responsable devant lui seul, promotion de fonctionnaires locaux, autonomie
économique (Dev., PSH, pp. 53-4, Lacouture, DG, 2-162). Aurait été rédigée avant
le 9 mars (L&I, p. 333).
29 mars 1945 : Hô rencontre le général Chennault, cdt de l’aviation américaine
en Chine du Sud (Dev., PSH, p. 59n).
11 avril 1945: le ministère de la Guerre demande au directeur de camp de
Tziganes de faire pression sur leurs pensionnaires en faveur d’un engagement dans
le CEFEO (circulaire reproduite in Étude tzigane, n° sur la déportation, p. 53).
12 avril 1945 : mort de Roosevelt.
13 avril 1945 : le major de l’OSS Patti, très hostile au colonialisme français, arrive
en Chine.
15 avril 1945 : Sainteny succède à Kunming au Cne Milon comme chef de la
Mission 5 (M5) regroupant sous les ordres directs de la DGER (ex-DGESS) de
Calcutta, nouvellement commandée par le colonel Roos en remplacement de De
Langlade, le SR et le SA de la MMF. Le général Pechkoff ne joue plus qu’un rôle
diplomatique assez effacé.
Dans la mesure où Sainteny va devenir pour longtemps l’interlocuteur privilégié
du Viêt-Minh et l’artisan de la fameuse convention préliminaire dite Accords du 6
mars 46, attardons-nous un peu sur sa personnalité et son équipe.
Jean Roger dit Sainteny est né en 1907 et a épousé en 1933 Lydie Sarraut,
petite-fille d’Omer, fille d’Albert, ancien gouverneur général de l’Indochine (191114 et 18-19), puis ministre des Colonies (19-21) et nièce de Maurice (directeur de
La Dépêche du Midi abattu par la Milice).
Sainteny est entré dès 1940 dans la Résistance qu’il a faite dans le réseau
Alliance. Au cours d’une mission à Londres en mars 1944, le colonel Passy, chef
des services sociaux de la france libre (DGSS, puis DGER), a proposé son envoi en
Indochine où il avait passé trois ans avant guerre (Dev., HVN, p. 134, L&I, p. 202). Il
ne reviendra en France qu’en juin 1946 pour accompagner Hô Chi Minh et ne
repartira en Indochine qu’à contre-cœur après le bombardement d’Haïphong. Il ne
réussira d’ailleurs pas à rétablir la confiance avec l’Oncle Hô et durcira
considérablement ses positions. Il est sérieusement blessé peu après après le
déclenchement du coup d’Hanoï le 19 décembre 1946. Après la nomination de
Bollaert comme haut commissaire en mars 1947, il rentrera en France où on ira
jusqu’à l’interroger et l’inculper pour “détention de documents secrets intéressant
la sûreté extérieure de l’État” (Biondi, AC, p. 260).
Le 22 août 1945, Sainteny emmène avec lui à Hanoi trois collaborateurs : Paul
Casnat, l’agent de change Louis Fauchier-Magnan et François Missoffe, petit-fils
par sa mère de Marguerite de Wendel.
Le 15 septembre, il est rejoint par un jeune résistant, volontaire pour la
campagne contre le Japon après avoir fait celle d’Allemagne, Roland Sadoun dit
Roland Sauvagnac, venu clandestinement de Kunming. Peu après, Sainteny envoie
Sadoun en mission auprès de d’Argenlieu à Chandernagor (L&I, pp. 198-200).
Sainteny prend alors pour chef de cabinet Jacques Compain, administrateur
adjoint en Indochine depuis 1935.
À la même époque, il reçoit le “concours très précieux” (dixit Sadoun in L&I, p.
201) du gouverneur Charles-Henri Bonfils (cf.).
À la fin de l’automne 1945, Sainteny fait appel à un directeur de la Banque
d’Indochine, Jean Laurent, ami de longue date (selon Sadoun, L&I, p. 203),
camarade de Résistance (selon Meuleau, PEO, p. 452), lequel accepte de se rendre
à Hanoï (Cf.).
Le staff de Sainteny comprend encore d’autres anciens de la MMF dont trois
colonels :
— Levain, correspond du SR à Hanoï depuis 1940 ;
— Vicaire qui était chargé au Tonkinn de la résistance à un coup de force
japonais, réussit à passer en Chine et recevra en 1949 le commandement civil et
militaire de la région de la RC 4 avec mission impossible de faire barrage entre les
forces maoïstes et le Viêt-Minh ;
— et Le Porz, chargé de reprendre en main les militaires bloqués dans la citadelle
d’Hanoï.
Parmi les autres collaborateurs « non dépourvus d’expérience indochinoise »
(Dev., HVN, p. 214) :
— Faugère, métis et ancien directeur de la Sûreté d’Hanoï sous Decoux… (Cf.) ;
— Varet qui déclara un jour de 1946 en montrant l’ancienne résidence de Nam
Dinh : “Vous voyez Giap, dans six mois j’y serai de nouveau installé” (L&I, p.
253) ;
— Valéani, volontaire de la Révolution nationale, qui s’était signalé par de
violents discours antigaullistes (Bourdet, p. 419) ;
— et Monthéard qui, en décembre 1946, négociait avec les nationalsites de
droite à Hanoï en vue de la formation d’un gouvernement fantoche (Dev., PSH, p.
289).
17 avril 1945 : formation premier gouvernement viêtnamien présidé par Tran
Trong Kim (Dev., PSH, p. 58).
20 avril 1945 : Georges Sabattier nommé en remplacement de Mordant chef des
troupes françaises en Indochine : rattachement (hors S.A.) au théâtre Chine du
commandement allié.
21 avril 1945 : la DGER prend en main les services paramilitaires français en
Chine du Sud pour empêcher leur subordination aux Alliés (L&I, p. 58, 142, Valette,
IC 1940-45, p. 447).
25 avril 1945 : le commissaire de la République de la région d’Orléans ordonne
(sans résultat connu) d’obtenir l’engagement des nomades et des traficants du
marché noir pour le CEFEO en échange de leur libération (voir Jacques Sigot,
Études Tziganes, février 1995, p. 53).
27 avril 1945 : rencontre Hô-Patti (Dev., PSH, p. 59 n, Valette, IC 1940-45, p.
485).
30 avril 1945 : la Grande-Bretagne déconseille à Paris l’envoi de troupes au
Levant pour réprimer les manifestations nationalistes.
3 mai 1945 : Truman fait dire à Bidault qu'il reconnaît la souveraineté française
sur l'Indochine (Sheeham, IP, p. 192. L & I, 192).
7 mai 1945 : Afin de hâter la libération de certains détenus et alléger la tâche de
la justice, le gouvernement autorise le 7 mai 1945 les engagements dans la 1re
division du corps expéditionnaire d'Extrême-Orient, pour "les internés administratifs
de nationalités française âgés de 17 à 36 ans". Les internés du marché noir comme
les politiques peuvent y souscrire. Cet engagement est prévu pour une durée de
trois ans ou plus, jusqu'à la fin de la guerre en Extrême-Orient (Paul Lévy, Un camp
de concentration français : Poitiers 1939-1945, Sedes, octobre 1995, pp. 272-273).

Documents pareils