atelier de lecture-écriture des textes littéraires narratifs
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atelier de lecture-écriture des textes littéraires narratifs
Pour une pratique de classe atelier de lecture-écriture des textes littéraires narratifs Etude présentée par Khaled Sadek Hussein, Docteur en sciences du langage, Faculté des lettres, départ. de français, Université el-Mustansiriya Octobre 2010 1 Table des matières I. Introduction………………………………………………………...…………………...3 1.1 Problématique…………………………………………………………………………4 1.2 Objectifs ……………………………………………………………………………....4 II. Déroulement du cours……………………………………..…………………...……...4 2.1 Initiation aux termes narratifs………………………………………….…………..….5 2.2 Le temps…………………………………………………………………….………....5 2.2.1 Le temps de la narration…………………………………………….……………5 2.2.2 Le temps de l’histoire …………………………………………………….………6 2.3 La terminologie du temps selon Genette…………………………………….……….6 2.4 L’espace…………………………………………………………………………….…7 2.4.1 Rôles de l’espace dans le roman……………………………………………….....7 2.4.2 Activité…………………………………………………………………………...7 2.5 L’action ou l’intrigue…………………………………………………………….……8 2.6 L’auteur et le narrateur………………………………………………………….….....9 2.7 Les points de vue narratifs…………………………………………………………...10 2.8 Les personnages……………………………………………………………………...11 III. Conclusion……………………………………………………………………………..13 IV. Références bibliographiques……………………………………………………….14 2 : : . - 3 I. Introduction Si le concept de lecture-écriture littéraire suscite aujourd’hui l’intérêt chez les didacticiens, il ne fait pas pourtant l’unanimité et, jusqu’à ce jour, l’interrogation à son propos s’est centrée surtout sur la mise au point des modèles théoriques, des programmes d’apprentissage ou des outils didactiques que sur l’étude des pratiques réelles des enseignants et de leurs effets chez les étudiants. La didactologie des langues-cultures est avant tout une discipline d’intervention, c’est-à-dire une pratique concrète en classes de langue. Nous avons tenu à intégrer dans cette étude des propositions pratiques qui ont pour objectif de montrer comment le texte littéraire peut être exploité d’une manière didactique dans les départements de français en Irak. Robert Galisson (1995 : p. 76) affirme que : « La DLC (didactique des langues-cultures) a pour caractéristiques immédiatement déclarées de se vouloir autonome et interventionniste….son ambition première est de combler le fossé du mépris qui sépare la théorie de l’action ». Notre projet est à présent de réfléchir en didactique sur une organisation de séquences qui viseraient à faire acquérir ou à améliorer des capacités narratives en français langue étrangère. C’est aussi de mieux cerner les savoir-faire que les étudiants parviennent à maîtriser. Ces données pourraient servir de base à l'élaboration de séquences didactiques susceptibles d'aider l'apprenant à comprendre le fonctionnement de ce genre narratif. Cet atelier de lecture et d’écriture sert à une récapitulation des techniques narratives des textes littéraires en prose. Il vise également à amener les étudiants à réaliser des travaux personnels aux niveaux oral et écrit. Nous ne prétendons pas dans ce présent travail que ces propositions sont exhaustives et uniques, mais c’est une réflexion que nous avons pendant notre modeste expérience dans l’enseignement du français en Irak en s’appuyant sur des théories dans ce domaine de la didactique du FLE. Dans cette perspective, nous interrogeons ici le statut de la lecture littéraire selon le double regard des pratiques effectives et des modèles théoriques, car les textes littéraires constituent des actes de langage d’une nature tout à fait particulière. Nous espérons ainsi contribuer à une meilleure prise en compte des techniques et des pratiques qui sont nécessaires pour l’enseignement du français dans les départements de français en Irak. 4 3.1 Problématique Nous voudrions situer des textes narratifs du point de vue de la pratique des langues étrangères pour des étudiants étrangers, à savoir des étudiants irakiens. C’est une centration sur le temps, l’espace, les personnages, entre autres, de quelques textes littéraires narratifs que nous avons proposés ou qui sont étudiés dans le programme des départements enseignant le français. Des modèles d'enseignement sont proposés, en considérant l'apprenant comme partie agissante dans son apprentissage 3.2 Objectifs L’enseignement des textes littéraires narratifs peut constituer selon les objectifs de l'enseignant, un outil de mesure, un baromètre révélant en partie le cheminement du processus d'acquisition de la langue. Cela permet à l'enseignant d'orienter son action pédagogique, de modifier éventuellement ses plans de cours et de revenir sur quelques aspects du système de la langue en cours d'acquisition. Les productions narratives constituent ainsi un fil conducteur dans l'analyse des évolutions de la compétence communicative. Pour résumer les objectifs de ce travail, Il s'agit donc de : a) b) c) d) e) f) familiariser les étudiants avec les textes littéraires narratifs; les initier aux techniques narratives ; asseoir chez eux une base sur les temps verbaux et la morphologie ; leur faire pratiquer la littérature par l’écriture et l’oralité ; susciter chez eux une réflexion sur les thèmes traités par ces textes ; leur transmettre des références culturelles nécessaires leur permettant le décodage des allusions, des parodies, et le partage d’une culture et des valeurs communes ; II. Déroulement du cours Pour le déroulement du cours, nous recommandons que l’enseignant se serve des nouvelles technologies quand il prépare son cours. Ici, il peut travailler sur le Powerpoint. A l’aide d’un ordinateur portable et d’un projecteur, l’enseignant visualise le cours en diaporama sur un écran ou même sur un mur blanc dans la classe. Il va gagner du temps et ce sera un moyen attractif pour les étudiants. De toute façon, c’est une proposition et non pas une obligation. 5 2.1 Initiation aux termes narratifs Il semble intéressant à l’enseignant d’initier les étudiants aux termes et expressions techniques auxquels ils font face dès l’introduction des textes littéraires. L’enseignant les résume ainsi : La narration est l’acte de raconter ou d’écrire les événements, autrement dit de situer les événements dans un texte. L’histoire est l’ensemble des événements représentés qui se sont déroulés dans un lieu donné à une époque donnée, c’est-à-dire c’est ce que l’on raconte. Le récit est l’art de mettre ces événements dans un texte par un auteur selon un ordre d’évolution choisi par l’auteur. Un récit est « un message racontant une série d’événements intégrés dans l’unité d’une même action. L’histoire et la narration sont donc les principales composantes du récit : « L’histoire est le signifié ou le contenu narratif…..récit proprement dit le signifiant, énoncé, discours ou texte narratif lui-même, et narration l’acte narratif producteur et, par extension, l’ensemble de la situation réel ou fictif il prend place » (Genette G., 1972 : p. 72) 2.2 Le temps 2.2.1 Le temps de la narration. La principale détermination temporelle de l’instance narrative est évidemment sa position relative par rapport à l’histoire. Il existe quatre possibilités selon Gérard Genette (Figures III, p.229) : 1. La narration ultérieure : le moment de la narration vient après le moment de l’histoire. Le narrateur raconte une histoire qui s’est déroulée dans le passé par rapport à son récit. C’est ce qu’on trouve dans Madame Bovary1 de Flaubert. 2. La narration simultanée : s’accomplie en même temps que l’histoire, c’est-à-dire quand le narrateur semble raconter les faits au fur et à mesure qu’ils se déroulent, comme par exemple le cas du présentateur de télévision ou de radio lors d’un match de football transmis en direct. C’est aussi le cas dans le nouveau roman comme dans La Modification de Butor. 1 Les ouvrages cités ici ne sont pas exhaustifs, l’enseignant peut en choisir d’autres. 6 3. La narration antérieure : elle se situe avant l’histoire. Le récit précède les faits. C’est le cas exceptionnel d’une prédiction : « l’œil, d’abord, glisserait sur la moquette grise d’un long corridor, haut et étroit. Les murs servaient des placards de bois clair, dont les ferrures de cuivres luiraient » (Georges Pérec, Les Choses, éd. Julliard, 1965). 4. La narration intercalée : la narration alterne avec l’histoire : roman par lettres ou journal intime, comme Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos. 2.2.2 Le temps de l’histoire : C’est le temps que vivent les personnages de la fiction. L’action de raconter se déploie dans un temps qui lui est propre : succession des événements par analepse ou prolepse, moment où se situe le narrateur, vitesse à laquelle il raconte, sommaire ou ellipse. D’une manière simplifiée l’enseignant pourrait expliquer le temps de l’histoire aux étudiants ainsi : Le temps de l’histoire est invariable ; alors que le temps de la lecture est variable car il dépend de la vélocité du rythme de chaque lecteur. Si nous prenons le temps de l’histoire du roman Le Grand Meaulnes de fournier nous trouvons qu’il est réparti sur trois ans, entre 1891 et 1894 ; donc la durée de l’histoire est stable. Ce petit roman peut être lu en deux heures ou en deux semaines ou même plus que cela. 2.3 La terminologie du temps selon Genette2. Un sommaire : les événements qui se déroulent durant des semaines, des mois ou même des années sont narrés brièvement en quelques lignes. « Dès le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d’octobre, pendant que le marquis d’Andervilliers, peut-être donnerait encore un bal à Vaubyessard. Mais tout septembre s’écoula sans lettres ni visites » (Flaubert, Madame Bovary) Une ellipse : le narrateur omet de raconter certains éléments du récit. Les événements qui se passent durant une certaine période ne sont donc pas racontés. « J’étais arrivé à une presque complète indifférence à l’égard de Gilberte, quand deux ans plus tard je partis avec ma grand-mère pour Balbec. » (Proust, A La recherche du temps perdu) 2 Pour plus de détails voir Genette Figures III surtout les chapitres de la durée et de la vitesse du récit. 7 Une analepse : le narrateur interrompt son récit pour raconter des événements qui ont eu lieu dans le passé. « Je quitte avec regret cette vielle cité du Caire, où j’ai retrouvé les dernières traces du génie arabe, et qui n’a pas menti aux idées que je m’en étais formées d’après les récits et les traditions de l’Orient, je l’avais vue tant de fois dans les rêves de la jeunesse, qu’il me semblait y avoir séjournée dans je ne sais quel temps » (Nerval, voyage en Orient). Une prolepse : le narrateur interrompt sont récit pour raconter des événements qui se passeront dans le futur du moment. « cette fille, dont le nom et la fortune pouvaient faire espérer à sa mère qu’elle épouserait un prince royal et couronnerait toute l’œuvre ascendante de Swann et de sa femme, choisit plus tard comme mari un homme de lettres obscur, et fit redescendre cette famille plus bas que le niveau où elle était partie » (Proust, A La recherche du temps perdu) 2.4 L’espace. Un roman peut présenter un espace ouvert et des lieux diversifiés, c’est ainsi le cas dans Candide de Voltaire, ou bien un espace restreint et un lieu unique, comme dans la Salle de bain de Jules Verne. 2.4.1 Rôles de l’espace dans le roman. L’espace donne un sens au roman. Nous pouvons chercher à définir la fonction de différents lieux dans un roman en établissant par exemple un réseau d’oppositions : dans Au bonheur de Dames de Zola, les petites boutiques s’opposent au grand magasin flamboyant situé de l’autre côté de la rue ; de même la portée symbolique de certains lieux dans La Peste de Camus, comme la mer qui représente le symbole de la pureté, reflète l’importance que joue l’espace. 2.4.2 Activité L’enseignant propose aux étudiants le texte suivant : « Alors je m’aperçus tout à coup que les becs de gaz éteint. Je sais qu’on les supprime de bonne heure, avant le jour, en cette saison, par économie, mais le jour était encore loin, si loin de paraître ! « Allons aux halles, pensais-je, là au moins je trouverai la vie » Je me mis en route, mais je n’y voyais même pas pour m’y conduire. J’avançais lentement, comme on fait dans un bois, reconnaissant les routes en les comptant. Devant le Crédit Lyonnais, un chien grogna. Je 8 tournai par la rue de Grammont, je me perdis, j’errai puis je reconnus la Bourse aux grilles de fer qui l’entourent. Paris entier dormait d’un sommeil profond, effrayant. Au loin pourtant, un fiacre roulait, un seul fiacre, celui qui peut-être qui avait passé devant moi tout à l’heure. Je cherchais à le joindre, allant vers le bruit de ses roues, à travers les rues solitaires et noires comme la mort. Je me perdis encore. Où étais-je ? Quelle folie d’éteindre si tôt le gaz ! Pas un passant, pas un attardé, pas un rôdeur, pas un miaulement de chat amoureux. Rien. Où donc étaient les sergents de la ville ? Je me dis « je vais crier, ils viendront » Je criai. (Guy de Maupassant, La Nuit) - A partir de ce texte l’enseignant peut travailler le rôle de la description. Cela stimule la compétence orale chez les étudiants. - L’enseignant peut aussi proposer une fiche, un plan de Paris aujourd’hui et demande aux étudiants de composer un court récit où le personnage évolue dans les rues et les quartiers de Paris moderne. 2.5 L’action ou l’intrigue. Un des éléments constitutifs du texte romanesque conduisant d’un état initial à un état final. Le roman est une histoire logique qui doit suivre un cheminement cohérent qui a un début et une fin, selon une série d’événements ordonnés, appelé le schéma narratif. L’enseignant le met au tableau. Etat initial----------------------situation de départ Elément modificateur----------------------complication ou force perturbatrice Dynamique -------------------------------aventure du héros et recherche d’une solution Elément de résolution ----------------------------solution trouvée ou échec Etat final -------------------------------triomphe ou déclin Ce schéma peut être tracé simplement ainsi : Etat initial------------Transformation---------------Etat final Ce modèle, à l’origine de toute invention narrative, peut être plus ou moins modifié. Mais retrouver et analyser ce schéma permet d’enrichir l’étude du roman. Pour Todorov : « un récit idéal commence par une situation stable qu’une force quelconque vient perturber. Il en résulte un état de déséquilibre : par l’action d’une force dirigée en sens inverse, 9 l’équilibre est rétabli, le second équilibre est bien semblable au premier, mais les deux ne sont jamais identique » (1966, p. 50) Dans un roman, les forces transformatrices sont les différentes circonstances qui président à la naissance et à l’élimination du conflit. Le conflit peut être d’ordre intérieur : il s’agit d’une crise de conscience d’un personnage ou d’ordre extérieur : il s’agit d’un événement qui bouleverse l’équilibre d’une situation. Activité. - Par groupe, l’enseignant demande aux étudiants de produire un conte en suivant le schéma de Todorov. 2.6 L’auteur et le narrateur. On a déjà vue que le roman est une histoire racontée, mais qui raconte l’histoire ? Avant de répondre à cette interrogation, nous sommes obligés à faire la distinction entre auteur et narrateur. L’auteur est celui qui écrit le roman, il appartient au monde réel. Le narrateur est un être imaginaire créé par l’auteur lui-même pour raconter ou rapporter l’histoire. L’auteur et le narrateur peuvent se confondre avec même le personnage principal dans le domaine de l’autobiographie qui est un récit rétrospectif en prose écrit par une personne réelle, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité. On distingue deux types de narration : - Le narrateur externe : il n’appartient pas à l’histoire. Il domine et raconte de l’extérieur ce qui se passe. C’est un narrateur omniscient qui sait tout, il peut se trouver en même temps à plusieurs endroits, comme le narrateur du roman Le Rouge et le Noir de Stendhal. - Le narrateur interne : c’est un personnage présent dans l’histoire. Il n’a pas d’accès à toutes les informations du fait qu’il ne jouit pas comme le narrateur externe du don d’omniprésence. Par exemple le narrateur du dans Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier. La distinction entre auteur/narrateur nous amène à une autre distinction celle du lecteur/narrataire. Le lecteur appartient au monde réel, c’est la personne qui lit l’œuvre. Le 10 narrataire fait partie de la fiction et représente le destinataire du message émis par un personnage, qui est le narrateur. 2.7 Les points de vue narratifs. Nous distinguons trois types de vue ou de focalisation, à savoir la focalisation externe où les faits sont rapportés par un observateur extérieur qui ne connaît pas la pensée des personnages ni leur passé ; la focalisation interne où les événements sont racontés selon le point de vue ou le regard d’un personnage ; la focalisation zéro où les points de vue et la pensée de tous les personnages sont rapportés par un narrateur omniscient, c’est-à-dire un narrateur qui a le pouvoir de connaître ce qui se passe partout et à tout moment ainsi que la pensée intime de tous les personnages. Le professeur propose aux étudiants le texte suivant : « ils se déshabillèrent, Rieux plongea le premier. Froides d’abord, les eaux parurent tièdes quand il remonta. Au bout de quelques brasses, il savait que la mer, ce soir-là, était tièdes, de la tiédeur des mers d’automne qui reprennent à la terre la chaleur emmagasinée pendant de longs mois. Il nageait régulièrement. Le battement de ses pieds laissait derrière lui un bouillonnement d’écume. L’eau fuyait le long de ses bras pour se coller à ses jambes. Un lourd clapotement lui apprit que Tarrou avait plongé. Rieux se mit sur le dos et se tint immobile, face au ciel renversé, plein de lune et d’étoiles. Il respira longuement. Puis il aperçut de plus en plus distinctement un bruit d’eau battue étrangement clair dans le silence et la solitude de la nuit. Tarrou se rapprochait …………..Rieux se retourna, se mit au niveau de son ami et nagea dans le même rythme. Tarrou avança avec plus de puissance que lui et il dut précipiter son allure. Pendant quelques minutes, ils avancèrent avec la même cadence et la même vigueur, solitaires, loin du monde, libres enfin de la ville et de la peste. » (Camus, La Peste) - L’enseignant demande aux étudiants de relever les sensations éprouvées par Rieux au cours de sa baignade et de les classer en trois groupes : tactiles, auditives et visuelles ; - L’enseignant demande aux étudiants de relever le type de la narration ; - Il demande ensuite aux étudiants de réécrire le texte en faisant de Rieux le narrateur. 11 2.8 Les personnages. Dans tout récit, les personnages jouent un rôle essentiel qui est d’accomplir ou de subir les actions qui constituent l’histoire. Le romancier fait croire à l’existence des personnages en les caractérisant au moyen d’un certain nombre de traits. Un personnage de roman n’est pas une personne. Il n’existe que dans les mots du texte. Pourtant le lecteur prend souvent le personnage pour une personne. Le lecteur tente de le juger, et il éprouve pour lui sympathie et antipathie. Le romancier parvient à provoquer cette illusion grâce aux procédés suivants : - Désignation : le personnage existe par son nom. Le nom peut par lui-même signaler une origine, une catégorie sociale. Il contient parfois un jeu de mots qui fait sens. Chez Balzac, l’avare Gobseck peut se traduire par gobe sec. - Qualification : le romancier donne au personnage une identité physique, un corps avec ses traits (couleur des yeux, des cheveux….), en plus des détails particuliers qui « font vrai ». Il lui donne aussi une identité psychologique, le texte s’attache à l’expression des sentiments, s’intéresse à leurs manifestations extérieures (larmes, sourires….), et enfin une identité morale, le personnage appartient à un groupe social. De ce fait, il reflète un milieu, par son langage, son idéologie et sa façon de s’habiller…. - Présentation : les informations sur le personnage peuvent parvenir par le narrateur qui présente directement son personnage (dévoiler son passé, révéler ses pensées. Exemple, dans le début de Madame Bovary, le narrateur raconte l’enfance de Charles Bovary), ou à travers le point de vue d’un autre personnage (dans l’Education Sentimentale de Flaubert, Madame Arnoux est présentée par le regard de Frédéric Moreau). Le personnage nous révèle des informations qui le concernent. A titre d’exemple, le narrateur/ personnage proustien de A la Recherche du temps perdu nous livre au fur et à mesure des informations qui nous permettent de connaître ses pensées, ses souvenirs ou même ses états d’âme. Le lecteur construit lui-même le personnage à partir des indices de sa personnalité dans ses comportements, ou encore dans le décor (l’espace décrit, informe sur l’état d’âme du 12 personnage qui l’habite : la pension Vauquer, triste et vétuste annonce la médiocrité de ses pensionnaires dans Le Père Goriot de Balzac). D’autres moyens existent également pour faire vivre ce personnage en « papier ». Les romanciers ont recours à des truchements divers, comme le monologue intérieur, qui nous plonge dans l’intimité de leur conscience, ainsi que la forme de discours indirecte libre ; l’analyse psychologique ; l’indication d’un geste ou d’un comportement, etc. Il semble essentiel à l’enseignant, pour une étude des personnages, de souligner l’importance, de distinguer les personnages principaux des personnages secondaires. Le personnage peut être étudié sur plusieurs plans : - Son être à travers son identité, son apparence physique. - Sa fonction ou le rôle qu’il joue dans le roman. 13 III.Conclusion A la fin de ce travail, nous voudrions rappeler nos principaux résultats, notamment ceux relatifs à l'acquisition de capacités narratives en français langue étrangère (F.L.E.) Nous sommes partis des recherches en linguistique textuelle sur les textes proposés afin de caractériser le genre narratif de ces textes littéraires, ensuite, de cerner les capacités langagières et temporelles qui y sont impliquées. Ce travail nous a permis de mieux appréhender les productions narratives chez les étudiants apprenant le français en milieu institutionnel, à travers l’analyse textuelle. Cette manière de donner un cours nous a aidés à caractériser le cheminement du processus d'acquisition des conduites narratives dans une classe de langue. Cet atelier de lecture et d’écriture permet aux étudiants de : analyser et écrire des portraits des personnages ; capturer la structure des genres narratifs ; reconnaitre les références spatio-temporels dans les textes littéraires narratifs; rapporter éventuellement des paroles, des sentiments, des opinions, des descriptions, etc. en acquérant la technique et l’art d’écrire un texte narratif. L'examen de ce scénario pratique nous a permis de choisir les dimensions à travailler en classe et de réfléchir à des types d'activités pédagogiques qui peuvent être proposées dans le cadre de l'enseignement/apprentissage des textes littéraires narratifs. Nous avons réfléchi au processus de didactisation des activités narratives qui offre en effet à l'enseignant des outils pour présenter les types de discours que l'apprenant doit acquérir. Il reste à dire que des capacités langagières sont requises pour conduire un récit ou un roman. Donc, ces propositions didactiques sont convenables pour les étudiants de troisième ou quatrième année de licence. L'action pédagogique de l’enseignant doit donc sensibiliser les apprenants à cet aspect de la narration en développant notamment des activités centrées sur les procédés de la lecture et de l’écriture, tout en travaillant en classe les différents termes et techniques de cet art littéraire. 14 IV. Références bibliographiques ADAM, J-M. (1992): Les textes: types et prototypes. Paris, Nathan Université. BEACCO, J-C. (1992) « Les genres textuels dans l’analyse du discours. » Langages n. 105, « Ethnolinguistique de l’écrit ». BESSE, H. & PORQUIER, R. (1984). Grammaire et didactique des Crédif-Hatier/Didier, coll. LAL (Langues et apprentissage des langues, Paris, langues). BRES, J. (1993): Récit oral et production d'identité sociale, Langue et Praxis, Université Paul Valéry, Montpellier III. COURTILLON, J. (1980): « Que devient la notion de progression ? » in Le Français dans le Monde, n°153, pp.89-97. GALISSON, R. (1995). « A enseignant nouveau, outils nouveaux », Le français dans le monde (recherches et applications), Numéro spécial, janvier, 70-78. GENETE. G. (1991) : Fiction et diction. Paris. Le Seuil. GENETTE, G. (1972) : Figures Ill, collection «Poétique», Éditions du Seuil. PEREC, G. (1965). Les choses: une histoire des années soixante. [Paris], Julliard. RAIMOND, M. (1976). Le roman contemporain, le signe des temps. Paris, Société d'Etudes d'Enseignement Supérieure. TODOROV T., (1966) « Les catégories du récit littéraire », Communication. 15