Intervention de Marc POTEL, Caisse d`Epargne Bretagne Pays de la

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Intervention de Marc POTEL, Caisse d`Epargne Bretagne Pays de la
Marc POTEL, Responsable responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) et
innovation, Caisse d’Epargne Bretagne Pays de la Loire
Cette présentation est une illustration concrète des éléments de réflexion apportés par Gérard
CHEVALIER. Le contexte est la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire, une entreprise qui emploie
3000 personnes réparties sur 9 départements, 420 sites ( un nombre moyen de salariés par site de 3
avec deux sites centraux) et une distance moyenne de trajets domicile-travail de 30 kms.
La Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire, a une démarche de responsabilité sociétale d’entreprise
et d’innovation basée de manière systématique sur l’expérimentation. Elle dispose d’un très grand
nombre de données, de 5 plans de déplacement d’entreprise, 2 plans de déplacement interentreprises, de bilans carbone de l’article 75 du Grenelle de l’environnement.
La démarche
Quels sont les moteurs du changement et par quelles actions peut-on commencer sur la question de
la mobilité et de l’activité bancaire ?
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le premier principe, est la co-construction par l’expérimentation en vue de l’appropriation.
Si on ne co-construit pas et qu’on n’expérimente pas, les chances de réussite sont faibles ;
c’est par le faire qu’on arrive à innover.
Le second est qu’il faut aider les utilisateurs à découvrir par eux-mêmes leurs propres
motivations de façon à s’obliger, pour eux-mêmes, à construire et à poursuivre
l’expérimentation. C’est donc ouvrir la voie de l’acceptabilité par l’expérimentation.
On essaye ensuite d’identifier un certain nombre de freins et d’incitatifs pour imaginer et
permettre le changement d’échelle et conduire à une phase de déploiement et de
massification.
Modifier les mobilités
On a cherché comment cela peut être possible. En changeant le taux d’utilisation des véhicules, par
les offres multimodales, par l’optimisation des motorisations avec les véhicules électriques, par les
mobilités actives. Et, sur ce dernier point, il a été décidé de lancer un expérimentateur utilisant le
vélo à assistance électrique (VAE) sur des trajets domicile-travail qui correspondent à plusieurs
millions de kilomètres par an.
La première étape a été une étape de communication pour faire connaître l’existence du projet, puis
les candidats à l’expérimentation ont été invités à s’engager dans le cadre de conventions parce que
l’engagement est une des clés du succès. Les collaborateurs de la Caisse d’Epargne volontaires pour
participer à l’expérimentation du premier démonstrateur de vélos à assistance électrique se sont
engagés à utiliser le VAE au moins un jour sur deux et à noter, le cas échéant, les raisons pour
lesquelles ils décidaient de ne pas l’utiliser. L’enseignement qui ressort de cette façon de faire est le
constat de la force de la contrainte symbolique, celle que les personnes se donnent pour eux-mêmes
et par eux-mêmes.
Ces engagements correspondent également à l’objectif de co-construction poursuivi. L’entreprise a
retenu un distributeur, les expérimentateurs ont pu choisir leur VAE, son équipement ; il leur a été
fourni gratuitement.
On a essayé d’identifier par anticipation les freins qui pouvaient limiter l’usage du vélo et mis en
évidence les « motivations intrinsèques » : bien-être, praticité.
La pratique change les
représentations de l’usage du VAE. La norme sociale évolue par rapport à la pratique du vélo y
compris dans une entreprise comme la banque. Il n’y a pas de report modal à 100%. Le VAE est
utilisé en alternance avec la voiture ou les TC en fonction des activités à mener à bien et de la météo.
Quels résultats ?
L’expérimentation avait été démarrée avec 6 VAE. En année 2 le nombre de VAE a été porté à 36 et
on est en train de passer à 90 VAE dont 10 vélos en libre-service .
La première année 9000 kms ont été parcourus. Aujourd’hui 44 000 kms ont été parcourus en deux
ans par 36 vélocistes.
La crédibilité de la démarche vis-à-vis de l’ensemble des acteurs de l’entreprise a permis de lancer
deux autres démonstrateurs et de relier ces démonstrateurs à une véritable stratégie de mobilité en
lien direct avec les métiers de la banque et une vision régionale inter modale et inter opérable.
Les démonstrateurs et la vision régionale
Cette question de la mobilité, vue par la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire, était directement
reliée avec la perception de l’entreprise d’un autre chantier conduit par les collectivités territoriales,
le projet KORRIGO visant, à terme, à utiliser un même système d’information pour acheter et valider
les titres de tous les opérateurs de transport du territoire régional.
Le monde de la banque dispose de moyens qui peuvent répondre à cette vision politique de
l’organisation de la mobilité. La Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire travaille ainsi, dans le cadre
d’un plan de déplacements inter-entreprises, avec une startup et d’autres acteurs, sur une étude de
préfiguration qui vise à transformer les véhicules de service en véhicules auto-partagés. Le projet
repose sur l’idée que la plupart des véhicules de service restent sur des stationnements, ne sont
utilisés qu’environ 30% du temps et que, si on permet l’usage de ces véhicules non seulement pour
les trajets professionnels, mais aussi pour les trajets domicile-travail et les trajets domestiques et de
loisirs, il est probable que cela conduise à réduire le parc de manière significative.
La Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire dispose de plus de 700 véhicules de service. Il serait
possible de relier cette application aux transports en commun par le biais de la plateforme régionale
et au moyen du NFC qui est devenu un outil familier pour les banques.
Comme les véhicules sont, en général, des voitures en location de moyenne et longue durée, il serait
envisageable de confier la gestion du service d’autopartage à des garagistes locaux et, par ce biais, de
favoriser l’emploi.
Sur l’activité propre bancaire, la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire est en train de mettre en
place un chanter important d’acculturation au numérique sur les métiers de gestion de clientèles
professionnelles. Des expérimentations sont en cours avec des tablettes et des ordinateurs
portables : un conseiller pourra être en relation avec son client professionnel et organiser des
visioconférences avec des experts distants. Une entreprise qui a un besoin de conseil en
financement peut également avoir besoin d’une expertise sur une solution particulière, ira chercher
cette expertise à travers ces outils-là. De plus, Il est probable que, demain, les chargés de clientèle
recevront des clients en sessions collectives pour analyser un certain nombre de solutions.
On essaie de lier ces questions-là aux questions de mobilité et aux outils sur la diversité. Par exemple,
on relève que 80% des femmes travaillant en agence font du vélo. Donc le VAE n’est pas qu’une
réponse aux situations de mobilité urbaine. Sur la question de la diversité il vaut mieux ne pas
utiliser le terme télétravail beaucoup trop galvaudé, et lui préférer celui de « travail dans
l’immobilité » .
Comment peut-on aider les territoires à se réapproprier leurs propres solutions de mobilité et
d’organisation du travail ? Les banquiers y ont tout-à-fait intérêt puisque dans les territoires qui
deviennent de plus en plus désintermédiés des flux monétaires et économiques entiers peuvent leur
échapper et profiter à des acteurs supranationaux qui ne paient ni impôts ni charges en France.
Donc, à partir de cette approche de la mobilité, de l’analyse fine de l’activité, la Caisse d’Epargne
tente de trouver des réponses pour des mobilités trajets domicile travail et pour des mobilités
professionnelles y compris dans la relation client. Elle est partie de la micro-mobilité avec le vélo
pour finalement amener l’entreprise à s’interroger sur son cœur de métier.