Les modèles d`affaires des prestataires en logiciels
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Les modèles d`affaires des prestataires en logiciels
[ ABE, Bruxelles – Mercredi 27 mars 2013 ] Les modèles d'affaires des prestataires en logiciels libres Auteur : Dr Ir Robert Viseur Qui suis-je ? • Robert Viseur • Ingénieur Civil, Mastère en Management de l'Innovation, Docteur en Sciences Appliquées. • Spécialisé dans les questions relatives à l'économie des logiciels libres et aux pratiques de co-création, ainsi que dans les technologies de recherche et de traitement de l'information (outils d'indexation, API,...). • Assistant à la Faculté Polytechnique de l'Université de Mons (www.umons.ac.be). • Conseiller technologique au CETIC (www.cetic.be). 2 Qu'est-ce que le CETIC ? • Centre d'Excellence en Technologies de l'Information et de la Communication basé à Charleroi (Belgique). • Trois départements (et types de services) : • Software & System Engineering : qualité logicielle (fiabilité, sécurité, respect des normes internationales, processus,...). • Software & Services Technologies : cloud computing, architectures orientées services et sémantique. • Embedded & Communication Systems : prototypage de systèmes embarqués communicants et nouvelles technologies électroniques. 3 Piqure de rappel de définitions... 4 Qu'est-ce qu'un logiciel libre ? • Défini sur base de quatre libertés par la Free Software Foundation (www.fsf.org, www.gnu.org): • • • • liberté liberté liberté liberté 3). d'exécution (liberté 0), d'étude (liberté 1), de redistribution (liberté 2), de distribution de versions modifiées (liberté • Condition nécessaire et non suffisante: accès au code source. 5 Qu'est-ce qu'un logiciel open source ? • Défini sur base de 10 critères par l'Open Source Initiative (opensource.org). • Dont la liberté de redistribution, l'accès au code source, la permission de créer des œuvres dérivées, la non-discrimination vis-à-vis de personnes, groupes de personnes ou secteurs d'activité,... • = Open Source Definition (OSD) 6 Y a-t-il une différence entre « logiciel open source » et « logiciel libre » ? • Approche idéologique de la FSF (logiciel libre). • Centré sur l'éthique et les valeurs de partage. • Approche pragmatique de l'OSI (logiciel open source). • Centré sur les modèles d'affaires et de développement coopératif. • Remarque : ce genre de distinction existe parfois aussi parmi les entreprises (« prestataires open source » vs « sociétés de services en logiciels libres »). • Point commun: les licences de logiciels libres sont open source, et réciproquement (à de rares exceptions près). • Les licences garantissent les propriétés des logiciels libres et open source. 7 « Attention » aux licences « Canada Dry » • « Ça ressemble à l'open source, c'est open comme de l'open source... mais ce n’est pas de l'open source » • Nouvelle famille de licences propriétaires s'inspirant des licences open source... • et autorisant certaines formes de collaboration autour du code source... • ou permettant d'organiser une transition vers d'authentiques licences libres et open source. • Voir les publications de Laure Muselli (« licences hybrides »). • Exemples actuels ou passés : Jahia, Sun Microsystems (SCSL), voire le programme Shared Source de Microsoft. 8 Quelles sont les grandes familles de licences libres et open source ? (1/2) • Deux grandes familles : • les licences permissives / académiques, • les licences copyleft / gauches d'auteurs / réciproques. • Trois sous-familles de licences réciproques : • les licences à réciprocité faible, • les licences à réciprocité forte, • les licences à réciprocité de réseau. 9 Quelles sont les grandes familles de licences libres et open source ? (2/2) 10 Les modèles d'affaires 11 Qu'est-ce qu'un modèle d'affaires ? • Un modèle d'affaires est « la nécessaire conjonction d'une création de valeur et d'une rémunération » (Muselli, 2008). 12 Comment crée-t-on de la valeur ? (1/2) • Investissement dans le développement du logiciel. • Création ex nihilo (éditeurs open source) ou... • Contributions sous forme de « patches ». • Mise en place de communautés, d'écosystèmes d'affaires. • Collaboration avec les concurrents (« coopétition »). • Extension possible par recrutement de développeurs clefs. • Exemples: Linux, OpenOffice.org et LibreOffice.org, Eclipse,... 13 Comment crée-t-on de la valeur ? (2/2) • Cas particulier des marchés concentrés (oligopoles). • Création d'un écosystème alternatif et ouvert. • Conséquences : • Dynamique susceptible d'attirer de nombreux partenaires. • Affaiblissement du concurrent par l'érosion de la profitabilité de ses produits phares. • Exemples : OpenOffice.org vs Microsoft Office, OpenERP vs SAP,... 14 Comment capte-t-on de la valeur ? • Diversité des sources de rémunération... • Et fréquents panachages pour une même entreprise. • Principales sources de revenus : • • • • • • Prestation de services. Mise à disposition de plates-formes. Systèmes de double licence. Open core. Cloud computing (IaaS, PaaS, SaaS). Vente de matériel. 15 Source de revenus: prestation de services • Offre de service classique : installation sur site, intégration de logiciels, développements sur mesure, garantie de performance, formation, hébergement,... • Approche la plus courante. • Valable aussi pour les éditeurs (principe du « best knowledge here »). 16 Source de revenus: mise à disposition de plates-formes • Projets de logiciels libres souvent nombreux et gérés de manière distincte. • Apparition de « plaform providers ». • Évolution d'une approche B2C vers le B2B (cas des distributions GNU/Linux). • Offres souvent associées à un système d'abonnement. • Exemples : Red Hat, SuSE,... mais aussi Adacore (www.adacore.com). 17 Source de revenus: systèmes de double licence (1/2) • Trois pratiques: • Licences chronodégradables (rare), • Exemple : Ghostscript (anciennement : GNU Ghostscript vs Aladdin Ghostscript). • Différenciation fonctionnelle, • Exemples : Compiere, Alfresco,... • payer pour ne pas devoir divulguer son code source (GPL vs licence propriétaire). • Exemple : Trolltech QT (avant l'acquisition par Nokia). 18 Source de revenus: systèmes de double licence (2/2) • Quatre clefs: • Être capable de maintenir un équilibre avec la communauté. • Attention aux forks. • Disposer des droits patrimoniaux. • Moyens : ré-implémentation des contributions, accords de contributeurs, incitants financiers. • Savoir convertir en clients une partie des utilisateurs de la version libre. • Exemple : ~0,1% pour MySQL. • Protéger la marque (et la diffuser au maximum). 19 Source de revenus: modèle « open core » • Architecture noyau-extension caractérisée par... • un noyau générique libre ou sous double licence et... • quelques extensions standards. • Mise en place de magasins d'extensions. • Possibilité de prise de commissions sur les ventes d'extensions. • Proche du principe de la double licence (dual licensing) avec différenciation fonctionnelle. 20 Source de revenus: Cloud computing (IaaS, PaaS, SaaS) • Mise en place de services de « cloud computing » avec paiement à la consommation. • Nouvelle source de revenus pour les éditeurs (OpenERP) et les prestataires ICT en général. • Omniprésence des logiciels libres dans les offres IaaS et PaaS (Amazon, Windows Azure,...). 21 Source de revenus: vente de matériel • Mise à disposition de logiciels en support à la vente de matériels. • Cas particulier des pilotes. • Exemple : imprimantes. • Exemple : Digium et IPBX Asterisk (www.digium.com, www.asterisk.org). • Nouvelles opportunités liées à l'open hardware. • Exemple : Smart Projects et Arduino (www.smartprj.com, www.arduino.cc). 22 Exemple : la société Magento • Éditeur d'une plate-forme ecommerce éponyme (magentocommerce.com). • Base : édition communautaire Magento Community Edition. • Accès aux sources (sous licence OSL) via SVN, bug tracker,... • Services : conseil en architecture, développement de modules sur mesure, analyse de performances, formation,... • Deux versions commerciales : Magento Professional et Magento Enterprise (support et plus de fonctionnalités). • Version hébergée Magento Go (150.000 clients). • Extensions gratuites ou payantes via son magasin en ligne Magento Connect. 23 Cartographie du marché belge 24 Quelle est la méthodologie ? • Exploitation des données de l'annuaire « logiciellibre.be » (données 2009 et 2011). • Détermination de l'activité des entreprises sur base de leur communication Web (site). 25 Quels sont les types d'activités supportées ? 26 Quelle est la distribution géographique ? 27 Quels sont les produits et services offerts ? (1/3) 28 Quels sont les produits et services offerts ? (2/3) 29 Quels sont les produits et services offerts ? (3/3) 30 A-t-on des champions nationaux ? (1/2) • OpenERP (www.openerp.com). • ERP développé en Python par la société OpenERP (Tiny). • 3 millions d'euros investis par Sofinnova Partners, Xavier Niel et Olivier Rosenfeld (Iliad/Free) en 2010 (shrl.be/00009q). • Drupal (drupal.org). • CMS modulaire développé en PHP par Dries Buytaert (UAnvers). • Développement soutenu par Acquia (Dries Buytaert ; UK, USA). • CommunesPlone (www.imio.be). • CMS et outils métiers dédiés au secteur public (centré initialement sur les communes) et développés sur Plone. • Développement soutenu par diverses PME belges (Gednius, Geezteem,...). 31 A-t-on des champions nationaux ? (2/2) • Dokeos (www.dokeos.com). • Outil d'elearning. • Fork de Claroline (origine: UCL). • Lui-même « forké » en 2010 (Chamilo). • Ekiga (ekiga.org). • Client SIP et H323. • Anciennement GnomeMeeting. • Créé par Damien Sandras (co-organisateur du FOSDEM) sur base d'un mémoire de fin d'études (shrl.be/00009r). 32 Conclusion 33 Conclusion • Forte interdépendance entre les licences appliquées et les modèles d'affaires praticables. • Diversité de modèles d'affaires et fréquent panachage de sources de revenus. • La couverture de services en matière de formation ou de mise en œuvre de technologies open source est globalement assez large... • Mais l'offre en matière de développement Web est très fortement représentée, et l'offre paraît encore limitée en matière de SIG et de technologies embarquées open source. • Aucune offre en matière d'open data ou d'open hardware n'a été identifiée. 34 Merci pour votre attention. Des questions ? 35 Quelques références • CNLL (2013), « Panorama de l'Open Source en France », Conseil National du Logiciel Libre, 24 janvier 2013. • Elie, F. (2009). Économie du logiciel libre. Eyrolles. • Gayler, M. (2012), « Microsoft, Open Source and the Cloud », Keynote at the Eighth International Conference on Open Source Systems (OSS 2012), Hammamet (Tunisie), September 10-13, 2012. URL: http://www.oss2012.org/uploads/talks/Mark_talk.pdf (consulté le 22 mars 2013). • Lerner, J., Tirole, J. (2005), « The Scope of Open Source Licensing », Journal of Law, Economics, and Organization, vol. 21, issue 1, 2005, pp. 20-56. • Montero E., Cool Y., de Patoul F., De Roy D., Haouideg H., Laurent P., « Les logiciels libres face au droit », Cahier du CRID, n°25, Bruylant, 2005. • Muselli, L., « Le rôle des licences dans les modèles économiques des éditeurs de logiciels open source », Revue Française de Gestion, Vol. 34 n°181, 2008, pp. 199-214. • Viseur, R. (2011), « Cartographie des marchés Open Source belges et français », Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (RMLL), Strasbourg, juillet 2011. • Viseur, R. (2011), « La valorisation des logiciels libres en entreprise », Jeudis du Libre, Université de Mons, 15 septembre 2011. • Viseur R. (2012), « Gérer la propriété intellectuelle dans les projets à base de logiciels libres », Colloque 2012 de l'Association Information et Management, mai 2012. • Viseur, R. (2013), « Mozilla : histoire d'une libération ». In Camille Paloque-Berges et Christophe Masutti (sous la direction de), Histoires et Cultures du Libre. Des logiciels partagés aux licences échangée, Framasoft (sous presse). 36 Contact Dr Ir Robert Viseur Email (@CETIC) : Email (@UMONS) : [email protected] [email protected] Téléphone : Internet : 0032 (0) 479 66 08 76 www.robertviseur.be Cette présentation est diffusée sous licence « CC-BY-ND ». 37